Fermant la porte de l'appartement, je regarda ma montre. Quatorze heures. J'avais donc quatre heures devant moi avant de retourner au travail. Tourner en soirée ne me plaisait guère puisque je rentrais toujours à deux heures pas possible mais je n'avais plus le choix. Le film que je tournais touchait à sa fin et nous n'avions plus que deux ou trois scènes à refaire, ce qui n'était plus grand chose. Cela signifiait que dans une semaine tout au plus, j'allais me retrouver 'au chômage'. Bien entendu, ce n'était pas le même chômage que tout le monde mais tout de même. Je n'aimais pas être inactive mais il fallait dire qu'avec tout ce que m'avait annoncé Arizona il y a peu, j'allais pouvoir occuper ce 'temps libre' à retrouver cette Théodora mais aussi – voire surtout – à trouver une solution au problème 'bébé' qui allait se présenter à nous dans moins de six mois. Ma jumelle était enceinte de jumeaux et autant dire que, même si devant elle je n'avais rien dit, j'avais peur de devoir m'occuper de deux bébés. Déjà un c'était un supplice mais alors deux... Je n'étais pas faite pour pouponner, il fallait le dire, je ne m'étais pas fait avorter il y a huit ans pour rien. Un enfant dans ma vie, non merci. Ce n'était pas les miens donc la pilule passait bien même si j'avais bien du mal à m'y faire. Nous allions nous retrouver à cinq dans un appartement plutôt grand mais tout de même. Indianna était à l'école mais elle allait bientôt se faire des amis, vouloir les inviter à la maison pour réviser, faire des petites soirées et ce n'est pas moi qui allait l'en empêcher. Après tout, j'étais la sœur cool sans trop de limites et j'aimais bien cette relation avec ma cadette. Je n'étais pas une seconde mère, loin de là, plutôt la bonne copine et tout irait comme sur des roulettes tant que la jeune Thompson ne poussait pas le bouchon trop loin. Pas de garçons quand il n'y avait ni Arizona, ni moi, c'était tout ce que je demandais. Il ne manquerait plus qu'elle aussi tombe enceinte, ce serait vraiment le comble, ou l'horreur. Trop de bébés tue le bébé, autant être claire. Montant dans un taxi, j'attrapai mon portable et demandais à ma sœur, Toscane, si elle voulait me retrouver en ville dans une petite demi heure. Elle avait deux ans de moins que moi et nous nous entendions bien même si nos relations étaient plutôt chaotiques depuis toujours. J'avais du caractère, elle aussi et il y avait une chance sur deux que cela parte en dispute et crise de nerfs. Je grimaça lorsqu'elle me dit qu'elle ne pouvait pas venir puisque sa pré-rentrée était aujourd'hui et je souffla légèrement. Seule au monde, voilà ce que j'étais. Et il était tout bonnement impossible que Loris daigne enfin répondre à mes appels. Nous nous entendions si bien et du jour au lendemain, plus rien, c'était à ne plus rien y comprendre et cela avait le don de m'agacer. Je n'avais pas tué son chaton non plus. Soufflant, le conducteur me regarda dans le rétroviseur et je lança « La route est devant vous, pas derrière » Simple et efficace puisque ce dernier regard la route et m'emmena rapidement à destination. Les rues de New York, qu'est-ce que j'aimais ça. Je n'avais pas peur de la foule et j'avais un faible pour faire les magasins lorsqu'il faisait chaud. Pourquoi ? Tout simplement parce que toute la population new yorkaise était aglutinée dans les cafés, les boutiques étaient donc libres comme l'air et la climatisation était plus qu'agréable, il n'y avait pas à dire. Marchant quelques mètres, je souris en trouvant mon bonheur. Une boutique de bébé. Je n'aimais pas vraiment ces petites crapules mais tout de même, je refusais que mes neveux et nièces soient mis dans des layettes bas prix lors de leur naissance. Passant la porte, je souris à la vendeuse et commença rapidement à faire le tour du magasin. Il y avait vraiment de jolies choses ici et de très drôles. Qui pouvait acheter un habit de mère noël à son enfant ? C'était tout ce qu'il y avait de plus kitsch. Mignon à la télévision ou sur des affiches mais loin d'être mignon pour un repas de famille. J'attendais noël avec impatience, gâter ma famille était une de mes meilleure thérapie pour oublier le froid et la neige. Fouinant dans les rayons, je regarda vers la porte d'entrée lorsque j'entendis et reconnus Enorah, une de mes amie. Je lui fis un sourire et me dirigea vers elle, deux bodys en main. « comment vas-tu ? Tu viens acheter des petites nouveautés pour Thaïs ? » La jeune néo-zélandaise avait une petite fille et je me demandais comment elle faisait mais elle semblait si heureuse avec sa princesse alors après tout... Pourquoi pas ! La maternité ne me bottait pas mais alors pas du tout mais peut être que dans quelques années cela serait totalement différent. Who knows ?

« Aaaaah ! Mon dieu tu m’as foutu la trouille de ma vie ! » Arquant un sourcil, je me demandais bien comme la femme que je considérais comme le calme et la sagesse incarnée pouvait avoir peur aussi vite. Enorah et moi nous connaissions depuis un bon bout de temps et ce qui me venait en tête dès que je pensais à elle était son calme olympien face à des situations plus tordues les unes que les autres. La belle blonde était mère et elle devait donc gérer son emploi du temps plutôt chargé avec sa fille. Un enfant avait besoin d'affection et tout ce qui allait avec, je n'avais pas avorté pour rien il y a près de huit ans. Cette femme était géniale et j'étais vraiment fière et heureuse de connaître une femme si forte. Je devrais peut être dire à Arizona de la contacter pour lui montrer que tout était possible quand on le voulait. Ce que dis la jeune femme me fis sortir les yeux de la tête. Moi avec un enfant ? Absolument pas, jamais. Je n'étais pas prête, je n'avais pas changé depuis huit ans et n'étais pas prêt de changer. Pour qu'il y ait un changement, je devais déjà trouver un homme stable et ça, c'était presque mission impossible. Les deux hommes à qui je tenais étaient pour l'une, mon meilleur ami, et pour l'autre, un ami qui ne donnait plus de nouvelles. Autant dire que cela ne m'avantageais pas vraiment en ce qui concernait une possibilité d'avenir stable avec un homme « Pour mes neveux et nièces. Une de mes sœurs vient bientôt avec ses jumeaux et ma jumelle attend deux bouts de choux. La famille s'agrandit encore un peu mais pas avec moi et ce n'est pas près d'arriver ! » lançais-je, sourire aux lèvres. Il fallait d'abord que je gère ma vie avant d'y faire entrer une nouvelle personne et ça, c'était tout bonnement impossible. J'aimais ma vie comme elle était et je pourrais très bien adopter au moment où je me sentirais enfin prête à agrandir la famille encore un peu plus. Il y avait bien trop de monde dans cette famille pour en ajouter tout de suite, simple avis. Je continuais de regarder autour de moi pour les vêtements d'enfant mais je n'y connaissais rien. C'était à peine si je connaissais l'âge et la taille des enfants de mon aînée. J'étais une piètre tante et ça, les enfants le savaient. Ils ne m'appelaient pas tata fiesta pour rien. Au moins, ils savaient à quoi s'attendre avec moi, ils savaient que ce n'était pas chez moi qu'il fallait venir chouiner lorsqu'ils étaient là. Tata fiesta, tata cadeau et puis c'est tout. Je les aimais beaucoup mais j'avais l'impression que mes sœurs utilisaient les jumeaux pour me faire comprendre que si je voulais deux jolis bambins comme ces deux là, je devrais commencer maintenant. Pour ce qui est de la pratique, aucun problème mais la fertilité, c'était tout autre chose. Je ne me voyais tellement pas changer une couche en pleine nuit, donner le sein et tout ce qui allait avec. Souriant à la belle blonde, je dis « Effectivement, il y a un sacré choix de vêtements ici. Arizona est enceinte de cinq mois dans d'ici trois petits mois, ils seront là si tout se passe bien. Avec son accident et le stress, on ne sait jamais ce qui peut arriver... Enfin, on ne pense pas au pire et on achète » Sourire aux lèvres en essayant de ne pas penser au pire. Je savais bien qu'un choc pouvait couter la vie aux jumeaux, même au bout de sept mois de grossesse. Elle avait une grossesse difficile et étais constamment en danger. Attrapant deux trois ensembles, je continuais ma discussion avec Enorah « Ca va le boulot ? Alors qu'elle est ta prochaine destination ? Paris, Tokyo ou bien Singapour ? » La jeune blonde voyageait beaucoup, je le savais et c'était un aspect que j'enviais beaucoup dans son métier. Bien entendu, je voyageais aussi mais rien d'exceptionnels comparés à elle. Si je ne trouvais pas mon bonheur en Amérique, pourquoi pas chercher ailleurs ? « Tu n'as pas une idée de destination vacances pour trouver un compagnon par hasard ? » lançais-je, sourire aux lèvres. Après tout, elle pouvait mettre d'une grande aide...

Voyager était l'un de mes passe temps favoris. J'aimais découvrir de nouvelles villes, de nouveaux horizons et bien que la Grèce restait mon pays préféré, je n'étais pas pour autant fermée à de nouvelles découvertes. Paris, Tokyo, Singapour ou même Moscou devait être des villes plus que magnifiques mais je n'avais jamais eu la chance de les visiter. Peut être que la promotion de mon nouveau film passerait par ses pays et que je pourrais enfin y aller. J'espérais fortement pouvoir remonter dans un avion pour des heures et des heures, ce n'était absolument pas un supplice pour moi. Je prenais ce temps pour réfléchir, penser aux diverses manières d'occuper mon temps une fois dans le pays étranger et, cette fois-ci, je pourrais penser à une façon digne de ce nom d'enquiquiner mon partenaire à l'écran. Nous étions comme chien et chat et même si cela était drôle cinq minutes, je commençais réellement à en avoir marre de son comportement enfantin. Il aimait jouer avec mes nerfs et il savait comment me pousser à bout, chose que personne ne savait faire. Souriant à la jeune blonde, je dis « Paris est une destination que je garde dans un côté de ma tête ! Oh oui, les croissants, ça doit être tellement bon... J'en baverai presque d'avance ! » Je plaide coupable, je suis belle et bien une gourmande. La nourriture occupe une place plutôt importante dans ma vie mais j'avais la chance de ne pas prendre de poids en mangeant des cochonneries et heureusement, sinon je pèserais près de cent kilo aujourd'hui. La dernière fois où je me suis retrouvée derrière les fourneaux remonte à tellement longtemps que je ne pourrais même pas dire ce que j'ai cuisiné. Arizona s'occupait de cela et lorsque ce n'était pas elle, ma cadette Indianna s'occupait de nous faire à manger. J'étais servie comme une princesse chez moi et je n'allais pas m'en plaindre. J'offrais un toit à mes sœurs, elles m'aidaient de toute sorte de façon, ce qui était plus qu'appréciable, je devais bien l'admettre. Souriant à Enorah suite à sa question, je dis, d'un ton las et plus que plat « Je ne fais déjà pas confiance aux hommes et lorsque je m'attache à l'un d'entre eux, il me glisse entre les doigts. » J'aimais bien l'appeler ainsi le petit Loris, un partenaire particulier puisque c'était ce qu'il était. Nous nous entendions à merveilles, il n'y avait pas à dire seulement maintenant que je me retrouvais seule, je regrettais sa présente. Je n'avais pas l'habitude de ruminer ainsi sur les hommes mais j'avais l'impression d'enchaîner les échecs et cela n'était vraiment pas pour me faire plaisir et tout ce qui allait avec. J'aimais être accompagnée, ce n'était un secret pour personne et c'était cela – et seulement pour cela – que lors de sorties officielles, j'avais toujours un homme à mon bras. Ces derniers temps, cette place était occupée par ce crétin de collègues et je commençais à regretter amèrement l'époque où Loris m'accompagnait dès qu'il le pouvait. Je me demandais bien qui avait pu lui mettre le grapin dessus et même si je tentais de trouver une réponse à mes questions, c'était perdu d'avance. Le jeune homme m'évitait comme pas possible et ne répondait jamais au téléphone. Autant dire que chercher une aiguille dans une botte de foin serait plus facile et efficace. Sourire aux lèvres, je dis « Ah ça pour être impartial, tu peux me faire confiance. » Reposant un body, je souffla légèrement avant de lancer « Franchement, j'ai l'impression d'être une gamine pré pubère en ce moment. Je ne sais pas si c'est les hormones de ma sœur qui me déteignent dessus mais ça en devient pitoyable. J'étais plutôt proche d'un homme, ce qui ne me ressemble guère et depuis quelque temps, silence radio. Du jour au lendemain, il a disparu de la surface de la planète et je suis persuadée qu'il y a une pétasse en jeu. Je ne sais pas qui est cette femme mais une chose est sûre, elle risque d'avoir à faire à moi si je finis par savoir qui s'est » Je n'étais pas violente pour un sous mais il fallait admettre que je n'aimais pas que l'on m'éclipse aussi facilement. Regardant Enorah, je dis « Je suis ennuyante comme pas possible, excuse moi... De quoi voudrais-tu me parler alors ma belle ? » Changeons de place les projecteurs parce que là, j'en devenais presque ridicule et un problème de garçons à mon âge, c'était vraiment banal et ridicule !

Si j'avais une idée de la personne qui sortait avec Loris en ce moment même ? Absolument aucune. J'aimerais tellement savoir à qui j'avais affaire, histoire de savoir comment préparer mon attaque mais c'était peine perdue. Il ne donnait plus signe de vie et autant dire que le suivre pour en savoir plus ne me bottait guère. Certes je tenais à lui mais il y avait des limites, je ne voulais pas mais alors pas du tout passer pour une folle furieuse. Ne jamais faire aux autres les choses que l'on ne voulait pas que l'on nous fasse. Inspirant légèrement, je ria à la façon dont elle l'appela et fis un signe de la tête. Je n'avais jamais voulu révéler son existence à la face du monde et nous décrivais comme des amis et ce n'allait pas changer aujourd'hui. Et puis, si Enorah connaissait la fille qui était avec, cela serait plutôt étrange comme situation.. Sourire sur les lèvres, je cherchais un petit mensonge. Loris serait donc le nombre 'lloyd' de ma vie. J'étais une vraie gamine quand on y pensait mais ce petit jeu me plaisait bien « Je pense que lorsqu'il comprendra que je suis une femme parfaite, il reviendra de lui même ! Il s'appelle... Lloyd, Lionel, Alphonse. Non, tu me connais, pour me faire cracher le morceau, il va falloir me travailler au corps. Donner un prénom, ça fait trop réel » J'avais trouvé un subterfuge plus que ridicule qui pouvait soit faire rire la belle brune soit me prendre pour une imbécile heureuse, ce que j'étais en quelque sorte. Cette histoire ne me plaisait guère, j'étais totalement déboussolée et je n'aimais pas cela. L'influence qu'avait les hommes sur moi me filait le bourdon, et pas qu'un peu. J'étais attachée à eux comme pas possible, je voulais trouver l'homme de ma vie – intimement, vraiment très loin – et dès que je trouvais quelqu'un qui me convenait, il partait sans rien dire. J'avais l'impression de répéter mon histoire avec Elijah un peu plus à chaque fois. Il m'avait aimé, il m'avait fait me sentir spéciale et à la première difficulté – et occasion – il avait pris la poudre d'escampette. Je le détestais encore tellement et cela faisait huit longues – très longues – années que je n'avais plus entendu parler de lui. Il était peut être mort, à l'autre bout du pays ou habitait à l'autre bout de mon couloir, je n'en savais rien. Chassant ses images et pensées douloureuses, j'écoutais la belle blonde et me sentais bête. Mon problème était d'un ridicule à côté de sa situation. Elle était enceinte d'un ex avec qui elle avait couché une nouvelle fois, ça c'était la poisse mais alors la poisse internationale. Je me demandais comment elle faisait pour rester aussi calme en en parlant. À sa place, j'aurai déjà éclater en sanglots ou je ne sais quoi. Non, à sa place, j'aurai sûrement avorter. Une grossesse avec sa carrière était vraiment une chose qu'il valait mieux éviter et elle en était consciente, je le savais. « Bordel, j'ai l'air bien ridicule avec mon histoire de garçon... » Je laissa un petit rire nerveux s'échapper et l'écouta continuer de m'exposer les faits. Elle savait très bien que cela n'était pas facile, qu'elle aurait bien du mal à protéger un nouveau bébé et à supporter la pression. J'avais l'impression de me voir il y a huit ans de tout cela, c'était tellement... horrible. Inspirant profondément pour ne pas perdre mon calme imparable, je dis « Je ne vais pas t'être d'une grande aide mais tu devrais voir avec lui... Avorter derrière son dos et ne rien lui dire serait un sacré défi et tu t'en voudrais mais après... Tu te vois, pleine à exploser en plein concert ? T'arriverais même plus à voir le clavier du piano. » Je n'étais vraiment pas la meilleure pour remonter le moral, il n'y avait pas à dire mais c'était tout ce qui me venait en tête. Soupirant légèrement, je dis « Après, c'est ta décision et il faut voir s'il en vaut la peine... Ca se trouve, au premier obstacle il va foutre le camp et te laisser avec un bébé sur les bras. Tu te sens prête à mettre ta carrière entre parenthèse pour un temps indéfini ? » Simple question mais j'avais avorté pour cette simple et bonne raison, je ne voulais pas d'un frein dans ma carrière. Personne ne connaissait cet événement de ma petite vie mais il me marquait encore et me retrouver ici, face aux questions d'Enorah me faisait tellement de mal, j'avais l'impression que tout me revenait en plein visage, tel un boomerang que j'avais jeté il y a huit ans de cela.

Enorah pouvait me dire tout ce qu'elle voulait, je ne cracherais pas le morceau. Il était totalement impossible de me faire dire quelque chose dont je n'avais pas envie, même sous la torture. J'étais une vraie tombe et ça, la néo-zélandaise devait bien le savoir vu ce qu'elle venait de me confier. Quelques secondes, l'éventualité que Loris ait pu me mettre de côté pour elle me traversa l'esprit mais je balaya cette pensée plutôt rapidement. Là, ce serait vraiment la poisse mais à un point que j'aurais du mal à y croire. Je venais juste de traiter la nouvelle conquête du brun de pétasse et s'il s'agissait d'Enorah... Non, ce n'était tout bonnement pas possible et je continuais ma quête de body pour ne pas laisser voir mes doutes et questionnements. J'étais une actrice, pas réalisatrice et ça, ce serait un bien mauvais film. Me concentrant sur les bodys, je cherchais mon bonheur. Pour les garçons, il n'y avait pas grand choix et c'était exaspérant. Ma prochaine mission ? Trouver un designeur pour bébé qui pourrait faire des tonnes de vêtements pour garçonnets. La jeune femme me faisait rire à parler de vie de merde mais mon sourire disparut rapidement lorsque j'entendis un prénom sortir de sa bouche « Loris est quelqu’un de bien, mais j’ai beaucoup de mal à oublier que c’est également lui qui a cessé brusquement de me faire confiance il y a trois ans et qui m’a foutue dehors… » Mon cerveau s'arrêta instantanément sur le prénom qu'elle venait de prononcer. Loris. Ex petit ami. C'était donc elle la belle blonde qui lui avait brisé le cœur il y a quelques temps. Mes mains devinrent moites et tous les habits pour nouveaux nés que j'avais en main me glissèrent des mains, finissant leur course sur le sol propre de la boutique. J'étais toujours bouche bée et n'arrivais plus à bouger. Ce n'était pas possible, non. Ma vie était donc réellement un cauchemar ambulant, il n'y avait pas à dire. M'abaissant pour ramasser tout ce qui venait de tomber, j'essayais toujours d'emmagasiner la nouvelle. Pourquoi moi ? Bonne question. J'avais donc totalement la poisse avec les hommes et si ça continuais ainsi, j'allais finir avec Joshua, mon meilleur ami, au moins, aucune raison d'être déçue ou le cul entre deux chaises comme c'était le cas en ce moment même. Enorah continuait de parler et j'étais toujours aussi muette. Comment lui dire 'eh tu vois, la fille que j'ai traité de pétasse il y a dix minutes et bien c'est toi ! Viens on se fait un câlin'. Je souriais bêtement pour prouver que j'étais encore là et que je l'écoutais bien que ce n'était pas vraiment le cas. Je n'entendais que quelques petits mots, des bruits de fond. Je n'aimais pas être perdue comme cela, absolument pas mais je devais faire avec. La regardant, je dis « Ce que j'en pense ? Oh pas grand chose... C'est ta carrière, ta vie et il t'a déjà plaqué une fois, il pourrait très bien le refaire, sans prévenir rien, juste partir en claquant la porte » Quelle piètre amie je faisais donc là. La colère et la jalousie étaient entrain de m'animer et ça, ce n'était vraiment pas bon signe. Reposant quelques bodys que j'avais en main, je n'avais plus vraiment envie d'acheter quelque chose pour les jumeaux. Après tout, il y avait encore du temps devant nous et vu les choses sans grand goût qui se vendaient ici... C'est fou comme je pouvais changer d'humeur en si peu de temps. Inspirant une grande bouffée d'air, je dis « Dis moi, par hasard, ce Loris n'est pas Loris Hermès-Stanford ? » Il fallait que j'en sois sûre ou alors justement que tous mes doutes s'envolent. Intérieurement, je priais ma bonne étoile. Elle avait été absente plutôt souvent ces six derniers mois et j'avais vraiment besoin d'elle en ce moment. Soufflant, je dis « Parce que si c'est le cas, il semblerait qu'il m'évite puisqu'il est avec toi et qu'accessoirement, je passe pour la petite brune jalouse qui traite sa rivale de pétasse. Enfin, je n'ai rien à rivaliser avec une femme enceinte » Je levais les yeux au ciel tout en attendant la réponse de la jeune blonde. Il fallait s'y faire, j'étais partie pour ne jamais pouvoir retrouver ma relation d’antan avec le jeune homme. Qu'est-ce que je m'en voulais d'avoir dis tout ça, j'aurai mieux fait de me taire, une fois encore.

Comme à mon habitude, dès qu'un homme me plaisait, il y avait quelque chose qui clochait. Pris, déprimé, brutal, j'avais déjà vu pas mal de choses mais celle là, je ne m'y attendais pas. Je n'aimais pas provoquer la colère chez les gens, ni la haine mais là, c'était plus fort que moi. De toutes les personnes qui existent sur terre, il fallait que je me confie à Enorah et que, bien entendu, la blondinette soit la cause de ma colère. Mes mots dépassaient ma pensée mais je n'allais pas m'excuser pour autant. Loris ne lui avait sûrement jamais rien dit de notre petite 'histoire' et je ne pouvais pas lui en vouloir. Il y avait mieux comme sujet de discussion que 'oh, au fait, je couche avec une autre femme'. Je sentais mon sang ne faire qu'un tour dans mon corps lorsque je l'entendais parler. C'était une Enorah que je ne connaissais pas et elle allait sûrement voir une Ella qu'elle n'avait jamais vu. Se laisser marcher dessus n'avait jamais été mon activité favorite et j'allais rapidement lui faire comprendre. Cependant, il semblerait qu'elle ne faisait attention qu'à certain morceau de ma phrase – et à certain mot – et cela me désespérait. Bien entendu, j'avais parlé de rival mais j'avais une once de moral tout de même. Je savais que le jeune homme était majeur et vacciné mais cela n'empêchait pas que j'en étais vexée. Remettre le couvert avec son ex petite amie était la pire erreur de Loris et il allait rapidement le comprendre. Levant les yeux au ciel une nouvelle fois, je dis « Oh excuse moi Enorah, je devrais sortir le dictionnaire toutes les deux minutes ? Ce n'est ni mon envie ni mon passe temps favori. Je sais très bien que Loris est majeur et vacciné, je ne fais pas dans le détournement de mineur et jusque preuve de contraire, il fait ses choix et je m'adapte. Seulement, je pense que tu pourrais tenter de comprendre que j'ai cherché à comprendre pourquoi il avait changé de comportement, non ? » Elle ne m'avait pas dis que du bien du jeune homme puisque la chose sur laquelle elle avait plus ou moins appuyé était le fait qu'il l'avait mis à la porte de chez lui quelques années auparavant. Reposant un à un les bodys, je n'avais pas vraiment envie de continuer mes achats. La regardant, je dis « Tu peux penser ce que tu veux de moi Eno mais sache une seule chose, ce n'est pas parce que je n'ai pas énormément de mœurs que je suis une vraie traînée. Perdre l'homme auquel on tient, je sais ce que ça fait et franchement, je ne le souhaite à personne, absolument personne. J'ai du mal à croire que tu relèves certains de mes mots dis sur la colère. On se demande si tu me connais » La preuve que non puisque si elle croyait que j'allais tenter de faire quelque chose pour séduire à nouveau Loris, elle se trompait bien. Bien entendu, s'il avait été avec une autre jeune femme, je ne me serais pas gênée mais là, c'était tout autre chose. « J'ai peut être les mœurs légères mais je m'étais toujours promis une seule et unique chose à respecter toute ma vie : ne pas m'intéresser consciemment avec les petits amis ou ex des personnes à qui je tiens. Si j'avais su plutôt, il n'y aurait jamais rien eu entre lui et moi » C'était une des seule chose que je respectais encore dans ma petite vie. On ne couche pas avec les ex de ses copines. J'avais toujours respecter cette petite phrase que les adolescentes se juraient de faire, sauf avec Loris. Soufflant, je posa le dernier ensemble pour garçon sur le portant et dis « Je ne m'excuserais pas pour ce que j'ai dis plus tôt parce que si ce n'était pas toi, je ne le ferais pas mais ne t'inquiète pas Eno, j'ai pas envie de te faire du mal et encore moins au bébé qu'il y a dans ton ventre » Si elle trouvait quelque chose à redire de mes quelques paroles, c'est qu'elle ne connaissait pas mon point de vue sur la vie et les couples. Bien entendu, il m'arrivait de briser des couples boiteux, bien entendu, j'avais failli coucher avec le meilleur ami de ma sœur mais je n'étais pas mauvaise pour autant. Ce bébé avait besoin d'un papa et d'une maman et elle ferait mieux de ne pas compter sur moi pour briser la future petite famille...

Alors que je pensais, dur comme fer, qu'Enorah allait me sauter à la gorge, je la vis se calmer rapidement et cela me rassura. Je connaissais assez bien la jeune blonde pour savoir que tout cela n'était qu'un moyen de défense mais une chose était sûre, je ne serais pas capable de me défendre bien longtemps. Après tout, qui serait capable de le faire ? Elle était la jeune femme forte qui répondait plus que glacialement à qui l'offensait et j'étais la jeune femme qui tournait tout en dérision pour faire croire tout et n'importe quoi aux personnes autour de moi. Bien entendu, ici, j'étais plus que sincère mais si j'étais face à des paparazzis, je leur aurais sûrement débité un nom d'homme par lettre d'alphabet pour leur montrer à quel point je n'étais pas sérieuse en amour et que rien, absolument ne m'atteignait. Seulement là, c'était bien plus difficile de mentir et de construire un mur entre elle et moi. Nous n'étions pas si différente que cela, nous voulions les même choses ; un mariage blanc à l'église, une famille composée et aimante. Nous étions deux jeunes femmes qui voulaient, elles aussi, leur conte de fée. « Des rêves de gamines ? Franchement Eno, qui ne rêve pas d'un mariage de princesse avec une longue robe blanche, une famille unie et tout ce qui va avec ? T'es pas la seule à vouloir tout ça mais il semblerait que tu puisses l'avoir alors ne laisse pas ma petite personne se mettre en travers de ton chemin. J'aurai ma discussion avec Loris un jour ou l'autre parce que tu me connais, j'ai besoin de réponses mais c'est tout. Tu as aussi le droit à ton bonheur et il semblerait que ce soit maintenant » Léger sourire aux lèvres, je regarda le ventre de mon amie. Bon, il n'était pas assez rond pour savoir qu'elle allait bientôt mettre deux crapules au monde mais maintenant que je le savais, je ne voulais pas lui faire du mal. Après tout, descendre mes amis n'était vraiment pas mon genre. J'avais un cercle très restreint d'amis et je comptais bien le garder ainsi. La suivant quelques mètres pour que la jeune femme se mette assise, je l'écoutais. Bien entendu que, vu comme ça, la situation était plutôt ironique et m'arracha même un sourire. Était-ce la solution à adapter ? Sûrement pas mais bon, ce n'était pas très grave après tout. M'abaissant à son niveau, je dis « De toute façon, j'aurai refusé. Avec un bébé dans le ventre, hors de question que tu partes à la chasse à l'homme. En tout cas, maintenant que j'en sais pas mal, je te conseille d'aller lui en parler le plus vite possible. Pourquoi ne pas faire comme dans ce vieux film français avec Sophie Marceau. La mère dépose un dessin devant la porte du mari pour lui avouer qu'elle est enceinte. Toi, tu le fais à ta façon, en déposant une cassette d'une berceuse ou en déposant un body dans sa boite aux lettres » Je lui fis un léger sourire. Je trouvais mon idée plutôt géniale et ce serait une bonne façon d'annoncer au père de mon futur – très futur – enfant que j'étais enceinte. J'étais imaginative quand je le voulais après tout. Perdue dans mes pensées, je ne vis pas tout de suite la teinte plutôt pale que pris la jeune femme. Que se passait-il ? Était-elle entrain de faire un malaise ? Je n'en avais aucune idée, n'étant pas une experte en bébé. Prenant sa main, je dis « Eno ça va ? Tu veux qu'on sorte prendre l'air ? » Pas de malaise ni de haut le cœur, par pitié... Prenant les quelques habits qu'elle avait dans les mains, je les posa sur la table pour enfants juste à côté et lui tendis la main « Si tu fais un malaise, c'est moi qui vais devoir prévenir Loris de cet incident et je n'ai pas franchement envie de le confronter dans une telle situation... Viens on sort, je vais te payer une boisson et un muffin. Tu as mangé à midi ? » Je n'étais pas une pro des bébés ni des malaises mais j'avais demandé quelques conseils aux médecins d'Arizona juste au cas où elle se sente mal et ressemble à un linge immaculé en moins de deux minutes, juste comme venait de le faire la jeune néo-zélandaise à vrai dire... Je m'inquiétais vraiment pour elle et espérais fortement qu'il y avait plus de peur que de mal. Pourvu que toutes ces émotions ne lui fassent pas faire une fausse couche, il ne manquerait plus que ça !

La conversation avait beau avoir été électrique il y a quelques minutes, je tentais de reprendre mon calme. Faire un scandale dans un magasin n'était pas vraiment ce que je souhaitais et encore moins avec une femme enceinte. Je regardais Enorah, me demandant si tout allait bien pour elle. Elle était pâle et je connaissais les signaux qui indiquaient un futur malaise. Avec Arizona, j'en avais appris pas mal et cela allait enfin me servir. Reposant tous les possibles achats, je suivis la jeune femme vers le premier starbucks sur le chemin. Là haut, il y avait de tout et l'entendre parler de muffin me donnait envie à un point... Avec un bon frappuccino. J'en bavais d'avance mais je tentais de ne trop rien dire ni montrer. La tension était redescendue mais j'avais toujours un léger goût amer dans la bouche. C'était tellement difficile d'accepter que le seul homme qui me plaisait réellement – sans compter mon meilleur ami Joshua – était pris par une amie, très bonne amie. Je ne lui souhaitais que du bonheur même si c'était difficile. Sourire aux lèvres, je posa mon sac à main sur la table et attrapa mon porte feuille. Je me sentais coupable pour la baisse de tension de la belle blonde même s'il semblait qu'elle soit à moitié inconsciente. Petit repas et décalage horaire ne faisaient pas la paire mais alors pas du tout. « T'es folle ma fille. Tu as deux personnes à nourrir, évite de faire la diét maintenant. Qu'est-ce que tu veux ? » Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que la future maman se leva et m'invita à la suivre à l'intérieure de l'enseigne. Sac à main sur le bras, j'écoutais la commande de la blonde et souris légèrement. Alors là, c'était plus que manger pour deux ! Tentée par les cookies au chocolat blanc, j'en pris deux ainsi qu'un frappuccino sans caféine aux fruits rouges. J'avais tellement envie d'un muffin aux fruits rouges mais je devais penser à mon poids. Une chose était primordiale pour une actrice, son physique, et je ne voulais pas prendre un gramme. Si c'était pour entendre mon manager me dire que j'avais grossi, ce n'était pas la peine. J'aurai très bien pu prendre plus et faire du sport mais depuis quelques temps j'évitais la salle de sport où j'étais inscrite puisque je ne voulais pas y croiser Noah. J'avais tellement fais de pas de travers avec lui qu'il valait mieux éviter de se montrer pour un petit bout de temps. Lui acheter une montre à plusieurs centaines de dollars n'avait franchement pas aidé dans notre amitié, loin de là même, il avait presque cru que je le payais pour avoir couché ensemble. J'étais d'un pathétique, cela faisait peur à voir. « Ce n'est pas trois gaufres et un bout de gâteaux qui vont me ruiner Eno. Et tu n'as pas à t'excuser, c'est plutôt à moi de le faire pour ma réaction excessive. Les hommes ça m'a jamais réussi et ne réussira jamais, j'en suis presque sûre de ça. Loris ou un autre, je suis maudite alors partant de là... » Sans compter que j'étais une vraie peste, aimais faire al fête et surtout pas que l'on m'interdise de la faire. Ça c'était genre impensable. Cassant un bout de mon cookie avec les doigts, je dis « Le seul qui arriverait à me supporter serait mon meilleur ami mais j'ai pas envie d'être le genre de femme qui bousille son amitié pour un couple. » Je porta le bout de mon met à la bouche et souris légèrement. Par là, je lui montrais que même si Loris m'avait énormément plus, je savais retomber sur mes jambes, tel un petit chat. J'avais toujours des deuxièmes plans même si je ne voulais pas toujours les prendre et les appliquer. J'écoutais toujours Enorah parler, lui faisant part de cette idée un peu loufoque d'annoncer une grossesse avec un body dans la boite aux lettres. C'était bien mon style et je gardais cette idée de côté. « Mais non tu ne me saoules pas Eno ! Si ça te tracasse, on en parle et c'est tout. Je suis anesthésiée avec Arizona et ses histoires de femme enceinte alors ne t'inquiète pas, je commence à devenir une professionnelle alors que je ne l'ai jamais vécu. Je vais être un peu indiscrète mais... lorsque tu es tombée enceinte de Thaïs, tu hésitais comme aujourd'hui ou pas ? Un bébé n'est pas forcément synonyme de contrainte et de tout ce qui va avec. Regarde Angelina Jolie ou Madonna ou même Celion Dion... Elles ont limites le double de ton âge et s'en sortent bien. Elles ont de l'aide à leur côté c'est clair mais qui dit que tu n'en auras pas ? » Sa famille serait là pour elle, il y aurait Loris et puis, j'étais persuadée que Thaïs serait heureuse d'avoir un petit frère ou une petite sœur. Doucement, je dis « Et si tu veux, je vais faire le tour des nourrices de l'upper east side pour les jumeaux de ma sœur donc dès que j'en vois une bonne, je te l'envoie » Je lui fis un clin d'oeil avant de manger un autre bout de mon cookie. Si je pouvais l'aider d'une façon ou d'une autre, cela était parfait pour moi.