LULANI & LOAN ❝ this means war ❞

Un grognement lui échappa tandis qu’elle cherchait à tâtons son portable qui ne cessait de vibrer sur sa table de chevet. Sortir sa tête de son oreiller l’aurait peut-être aidé à le trouver plus rapidement, mais Loan refusait de bouger autre chose que sa main jusqu’à sentir les vibrations sous cette dernière. Amenant le téléphone à son oreille, la jeune femme redressa la tête en soufflant sur sa mèche de cheveux blonds qui retomba exactement au même endroit et décrocha en amenant son iPhone à son oreille. « Mademoiselle Duke-Whiteland ? ». Loan se contenta d’un grognement sourd pour toute réponse et ce fut que très peu réveillée qu’elle écouta la jeune femme qui venait de l’appeler lui expliquer la raison cet appel. Les seuls mots qu’elle fut capable de comprendre furent Matthew et hôpital, le reste elle s’en moquait éperdument. La jeune Lieutenant se redressa d’un coup dans son lit assurant à son interlocutrice qu’elle arrivait dans les plus brefs délais et ceci dit elle bondit hors de son lit et attrapa les vêtements qui traînaient par terre afin de les enfiler à toute vitesse pour ensuite quitter son appartement. Tandis qu’elle descendait les escaliers au pas de course – se moquant de réveiller les voisins au passage – elle attacha sa chevelure blonde négligemment ne prenant pas même le temps de regarder la tête qu’elle pouvait avoir, tout ce qui importait était d’arriver à l’hôpital.

Le code de la route elle l’oublia et Loan fut uniquement capable de se concentrer sur les questions qui bouillonnaient dans sa tête, sur le pourquoi du comment Matthew était arrivé à l’hôpital et vint la question sur la raison de l’appel. Elle était la personne à prévenir en cas d’urgence, pourquoi ? Elle se serait attendue à tout sauf à ça et ce même si … Loan chassa cette pensée de son esprit et se focalisa sur la route jusqu’à arriver à l’hôpital où venait d’être amené son ami et la jeune femme se gara aussi rapidement que possible sur le parking pour ensuite piquer un sprint en direction de l’accueil des urgences. Elle devait vraiment faire peur à voir. Elle était loin d’être totalement réveillée et ses cheveux partaient dans tous les sens malgré son essai de les dompter grâce à un élastique. Les vêtements qu’elle portait étaient de travers tant elle avait pu les enfiler à la va vite et ses joues étaient toutes rouges dû à sa course, mais elle ne fit pas attention aux regards qui se posèrent sur elle et rejoignit directement l’infirmière à l’accueil. « Bonsoir, je cherche Ma ... ». Le reste des mots restèrent coincés dans sa gorge lorsque du coin de l’œil elle remarqua Lulani un peu plus loin. Remerciant malgré tout la jeune femme d’un sourire, elle traversa le couloir en interpelant son amie plus essoufflée que jamais. « Qu’est-ce … qu’est-ce qui s’est passé ? », parvint-elle à formuler entre deux respirations sans faire disparaître la panique qui s’emparait d’elle et sans même pensé ô combien il était étrange qu’elle soit là sans avoir de lien particulier avec Matthew hormis … hormis un détail qu’elle préférait garder pour elle.

« Loan ? ». La jeune femme n’avait pas même réfléchi au fait que toutes les deux ne s’étaient pas vues depuis des années et que Lulani ignorait jusqu’à sa présence à New York. Elle avait même était bien incapable de dire quoi que ce soit, la seule chose qui lui était venue à l’esprit était de lui demander ce qui s’était passé afin de savoir pour quelle raison Matthew se retrouvait hospitalisé. Étrangement, le reste ne semblait pas avoir la moindre importance pour la Philippine et elle sentait encore la panique faire battre son cœur plus rapidement que la normale. « Il… il s’est battu avec Francis et ça s’est aggravé. ». La simple évocation de ce prénom eu comme effet de provoquer une décharge dans tout son corps et Loan resta sans voix tandis que son regard ne quittait pas son amie d’enfance. Matthew et Elijah s’étaient battus. Elle savait que leur relation n’était pas au beau fixe, mais elle ne comprenait pas pourquoi tous les deux en étaient venus aux mains au point que l’un des deux avaient fini à l’hôpital … ou peut-être les deux. Loan avait conscience de ne pas connaitre tous les détails et à en croire l’expression qui se dessinait sur le visage de Lulani, cette dernière n’avait que très peu envie de s’étaler sur le sujet et elle ne comptait pas l’y forcer. Pourtant, elle ne cessait de se poser des questions, bien plus que lorsqu’elle avait conduit jusqu’ici en tentant de savoir pour quelle raison elle était l’une des personnes à appeler en cas d’urgence. Elle ignorait également où se placer et la sensation de se trouver à la frontière de deux camps ennemis était particulièrement désagréable.

D’un côté elle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour Matthew et d’avoir craint le pire le concernant tandis que de l’autre Loan se demandait ce qu’il en était d’Elijah bien qu’il aurait été mal placé de sa part de l’appeler maintenant. La jeune femme passa une main dans ses cheveux en bataille et lâcha un soupire comme pour se débarrasser un peu de la pression qui pesait sur elle. « Il se repose, maintenant. ». Loan se contenta d’agiter la tête d’avant en arrière, soulagée de l’entendre. Ça signifiait qu’il allait s’en sortir, que ce n’était pas aussi grave que tous les scénarios qu’elle s’était imaginée en un si court laps de temps et qu’elle pouvait se détendre un peu plus même si à présent c’était pour l’autre frère qu’elle commençait à s’inquiéter. « Et… Comment est-ce que tu as su ? J’ignorais même que tu étais à New York… ». Son regard se posa sur Lulani. Loan ouvrit la bouche mais fut bien incapable de dire quoi que ce soit. Elle-même ignorait que la Philippine se trouvait à New York et elle ignorait toujours la raison qui avait poussé l’ex-mari de cette dernière à la considérée comme une personne à prévenir au cas où. Nerveusement, la main qui se trouvait toujours dans ses cheveux alla se perdre au niveau de sa nuque tandis qu’elle tâchait d’être aussi neutre que possible. « A vrai dire … je suis à New York depuis un bout de temps maintenant et … pour ma présence l’hôpital m’a appelé et, hm … il semblerait que je sois une des personnes à appeler en cas d’urgence. ». Comment ne pas se sentir mal à l’aise après ça ? Loan était supposée n’être qu’une amie d’enfance et encore … elle avait toujours été plus proche du cadet Vryzakis que de Matthew et maintenant qu’elle y pensait la raison de ce choix lui semblait évidente et particulièrement dérangeante d’autant plus en face de Lulani.

Etait-il vraiment surprenant de savoir que la jeune femme n’avait que très peu envie de se trouver dans cet hôpital ? Ce n’était pas simplement le fait de ne pas aimer ce lieu qui lui rappelait un peu trop les épreuves par lesquelles elle était passée ou parce que c’était Matthew qui s’y trouvait, mais c’était bien pour une toute autre raison. Ca ne s’était produit qu’une seule fois et aux yeux de Loan c’était la fois de trop, un écart dont elle n’avait parlé à personne et dont elle préférait ne parler à personne même s’ils étaient deux à savoir. Être face à Lulani en pensant à tout ça ne la mettait que plus mal à l’aise encore et la jeune Philippine avait bien du mal à regarder son amie d’enfance dans les yeux. Le mensonge faisait certes partie d’elle depuis des années, néanmoins elle n’avait jamais aimé cacher quoi que ce soit aux personnes qui lui étaient le plus proches, à ceux qui la connaissaient depuis des années comme Lulani. Ce qu’elle avait à présent sur la conscience et qui revenait s’attaquer à elle était si gros que supporter le fait de lui cacher en devenait douloureux. Pourtant, Loan resta silencieuse, tout du moins sur ce sujet. Blessée la jeune femme n’était pas dans ses intentions mais elle ne cessait de se répéter que tôt ou tard elle finirait par savoir qu’il valait sans doute mieux que ça vienne d’elle.

Au point où elle en était, qu’une personne de plus ou de moins la haïsse ne changeait pas grand-chose seulement elle en était incapable, pas maintenant et pas ici alors qu’elle semblait vraiment retournée par l’hospitalisation de son ex-mari. « Oh… Oh… ». Visiblement, Lulani ne comprenait pas plus que Loan la raison qui aurait bien pousser le Grec à la designer comme personne à prévenir en cas d’urgences ce qui n’était pas si surprenant du point de vue de Loan qui, elle-même, ne voyait pas vraiment à quoi elle aurait pu servir si … refusant de penser au pire, la jeune femme secoua la tête pour chasser cette pensée et posa les yeux sur Lulani. « C’est Matthew, il est plein de surprises parfois et je sais de quoi je parle puisqu’on a été mariés. ». Loan tenta à son tour un sourire, mais eu bien du mal à le faire apparaître sur ses lèvres. Elle était épuisée et sa respiration commençait tout juste à se calmer à présent qu’elle savait son ami hors de danger, mais la gêne en revanche restait plus que présente. « Enfin, c’est logique que ce soit toi qu'il ait choisi, tu aurais fait bon intermédiaire s’il... ». L’intermédiaire … elle se voyait vraiment mal jouer un tel rôle.

Annoncer à qui que ce soit la mort d’un proche n’était pas dans ses cordes, aller trouver le frère de Matthew pour lui dire était impossible à envisager, surtout venant d’elle, mais Loan préféra taire cette pensée et posa brièvement sa main sur le bras de Lulani pour tenter de la soutenir au mieux et faire disparaitre quelque peu son désarroi. « L'important c'est que tu n'aies pas à faire ce sale boulot, les médecins sont confiants. ». Au moins il y avait une bonne nouvelle dans tout ça, une nouvelle qui les soulageait l’une comme l’autre. Loan parvint enfin à se détendre un peu plus, chassant de son esprit ce à quoi elle s’était risquée à penser un peu plus tôt sans quitter son amie du regard. « C’est une bonne chose … je me serais très mal vue dans le rôle de celle qui annonce la mauvaise nouvelle surtout à son … non, rien en fait. ». Se taire … c’était ce qu’elle ferait mieux de faire parfois ce qui lui éviterait de prononcer un peu trop vite le fond de sa pensée. « Tu devrais aller te reposer un peu Lula. Si tu veux, je peux rester ici et t’appeler s’il se réveil ? ». Même si avant de le faire elle comptait bien lui demander ce qui lui était passé par la tête en la nommant comme personne à prévenir. Un sourire qu’elle voulait sincère étira ses lèvres pour appuyer ses paroles et prouver sa bonne volonté et le désir de vouloir l’aider et la soutenir.

Elle devait se maîtriser, mais avec la fatigue qui retombait lourdement sur ses épaules c’était difficile. En quelques instants elle était passée du sommeil, au réveil puis à la panique et autant dire que ces changements brutaux une fois dissipés l’achevaient bien plus qu’elle ne pouvait déjà l’être. Les entraînements qu’elle suivait depuis son retour à Fort Hamilton puisaient dans les dernières forces qu’elle avait en elle et autant dire que Loan avait bien du mal à se remettre dans le bain alors qu’elle n’avait attendu que ça. Ainsi, son langage corporel risquait de la trahir à tout instant tout comme son cerveau qui serait capable de la pousser à prononcer des paroles qu’elle ne tarderait pas à regretter. Pour tenter de mieux se contrôler, la Philippine se concentra sur son amie tâchant d’être un soutien plutôt qu’un fardeau en plus – ce qu’elle avait l’habitude d’être pour les autres. Son ex-mari et le père de ses enfants se trouvait dans cet hôpital après une altercation avec le frère de ce dernier, elle ne pouvait que comprendre l’angoisse qui devait probablement retourner l’estomac de Lulani et l’empêcher de dormir. « Son frère ? ». Une fois de plus, Loan avait perdu l’occasion de se taire et releva les yeux vers la jeune femme. Parler d’Elijah alors qu’il était visiblement à la source même de l’état dans lequel se trouvait Matthew n’était pas très malin de sa part, cependant elle ne pouvait faire taire son inquiétude vis-à-vis de son état a lui aussi, après tout il était son ami depuis quasiment toujours. « Eh bien, comme c’est à cause de lui s’il est dans ce lit d’hôpital, il est déjà au courant. D’après ce que je sais, il est dans un sale état lui aussi, mais je ne sais pas où se trouve sa chambre. ». Loan dû mordre l’intérieur de sa joue jusqu’à sentir un goût de fer sur sa langue pour se taire cette fois.

Annoncer à Lulani qu’elle irait peut-être faire un tour pour voir comment il allait n’était pas une très bonne idée, loin de là et connaissant la bête elle doutait même que son arrivée soit très bien prise. Dans tous les cas, il valait mieux pour la jeune femme de rester auprès de son amie et de focaliser son esprit sur un seul des deux frères même si ça éveillait d’autant plus sa gêne. « Je viens de lui rendre visite avec les enfants, mais il avait besoin de repos. J’en profite pour prendre des nouvelles de son collègue qui a été blessé durant l’assaut. ». Un frisson secoua la jeune femme qui posa un regard à la fois inquiet et surpris sur Lulani. Un assaut ? Mais que c’était-il passé au juste pour qu’ils se retrouvent presque au beau milieu d’une intrigue digne d’un film ou d’une série américaine ? De quel assaut Lulani était en train de parler ? Visiblement, il s’agissait de quelque chose d’éprouvant pour que deux – voire trois – personnes aient terminé à l’hôpital et que Loan soit capable de remarquer que ce n’était pas la question à lui poser tant elle semblait encore secouée rien qu’à l’évocation de ce qui avait dû être une épreuve difficile. « Et puis, j’ai encore plein de choses à faire. ». Loan aurait préféré l’entendre dire qu’elle acceptait ce qui lui aurait grandement facilité les choses pour aller voir Matthew et l’assommer de paroles bien plus que les médicaments qu’il pouvait recevoir devaient déjà être en train de le faire. Néanmoins, elle n’en laissa rien voir et se contenta d’un petit sourire à l’adresse de son amie. « Je vais rester avec toi. De toute manière maintenant que je suis réveillée et que je sais qu’il est là je vais avoir du mal à fermer l’œil et je préfère ne pas te savoir seule. ». Certes, elle continuait de ne pas se sentir à sa place et particulièrement mal à l’aise, mais Lulani était avant tout son amie, elle ne pouvait pas la laisser toute seule, pas maintenant et pas dans cet hôpital.

« Fine… Tu n’as qu’à me suivre. ». Loan adressa un léger sourire à la jeune femme et accepta de la suivre en silence jusque dans la chambre de celui qui était l’un des collègues de Matthew sans même s’attendre à découvrir que ce fameux Walter elle l’avait déjà rencontré quelques années plus tôt. Tête baissée afin de regarder où elle mettait les pieds n’étant encore que très peu réveillée, la jeune femme ne la releva qu’une fois que Lulani eut disparu dans la chambre, lui ouvrant la porte avant de se mettre sur le côté pour la laisser entrer. Curieuse – bien que toutes les chambres d’hôpital se ressemblaient à ses yeux – elle regarda autour d’elle et son regard s’attarda sur les deux enfants également présents dans la pièce tandis qu’un petit sourire étira ses lèvres. Si Loan connaissait depuis toujours l’existence des deux enfants Vryzakis, elle n’avait connu que l’un des deux et doutait sincèrement que la petite Toyiah s’en souvienne tant elle pouvait être petite à l’époque. « Maman, c’est qui ? ». Alors que le petit garçon posait cette question, la philippine tourna doucement la tête vers Lulani, légèrement amusée par la curiosité de Mason qui n’était pas plus surprenante que ça puisque Loan ne l’avait jamais vu hormis peut-être sur une photo que Matthew aurait pu lui montrer, mais pour l’instant son cerveau semblait refuser de lui donner une réponse.

« Toyiah, Mason, je vous présente Loan. C’est une amie d’enfance. ». Son attention de nouveau portée en direction de Toyiah et Mason, la jeune femme leur fit un bref signe de la main tandis qu’un petit sourire étirait légèrement ses lèvres. « … De Palapag ? ». Palapag … cet endroit lui semblait appartenir à une toute autre époque et pourtant la jeune femme continuait d’avoir de la famille là-bas. Ses grands-parents maternels continuaient d’y vivre et d’attendre que leur petite-fille vienne leur rendre visite, mais jusqu’à présent Loan n’avait pas trouvé vraiment le temps de quitter New York hormis pour ses déploiements, toutefois elle s’était promis de changer ça au plus vite afin de pouvoir aller souffler auprès de personnes qui l’aimaient telle qu’elle pouvait être. « De Palapag, elle t’as connu lorsque tu n’étais qu’un bébé. ». Comme si elle sentait que c’était nécessaire, Loan appuya les paroles de Lulani d’un mouvement de la tête. Toyiah était vraiment toute petite à l’époque où elle l’avait connu et rien que pour cette raison elle aurait bien été incapable de la reconnaitre si elle l’avait croisé dans la rue malgré les airs de ressemblances qu’elle pouvait avoir que ses deux parents. « Et moi ? ». Son regard dévia de Toyiah pour aller se poser sur Mason, de nouveau légèrement amusé par le petit garçon que jusque-là elle n’avait jamais eu la chance de rencontrer.

« Toi tu n’étais pas encore né. ». Le geste affectueux qu’eut Lulani envers son fils eut comme effet de serrer son cœur dans sa poitrine. Ça lui manquait tout ça … ses embrassades, le regard bienveillant de sa mère, ses conseils et cette attention qu’elle lui portait sans cesse même en se trouvant loin de Palapag. Loan pinça légèrement ses lèvres et chassa ces souvenirs de son esprit pour se concentrer sur l’instant présent. Voyant Lulani se diriger vers l’homme qui était dans le lit, l’estomac de la jeune femme se retourna lorsqu’il posa les yeux sur elle. A peine leurs regards échangés et elle se sentit plus mal que jamais. Si elle avait pensé que Matthew et elle étaient les deux seules personnes à savoir – étant les premières concernées – à présent elle était bien obligée de se souvenir que cet homme-là aussi savait. « On s’est déjà croisés. Bonjour, miss. ». Loan tenta tout de même de lui adresser un sourire poli pour le saluer, mais elle était bien trop stressée pour parvenir à paraitre un tant soit peu naturelle. Walter les avait surpris au lendemain. La philippine ne se souvenait plus de la raison qui avait poussé l’agent à venir chez Matthew, mais elle se souvenait parfaitement de la gêne qui l’avait envahi lorsqu’il avait débarqué à l’improviste. Certes, Matthew et Lulani étaient divorcés à l’époque et elle n’aurait pas dû avoir à s’en faire, mais la jeune femme était son amie depuis toujours et malgré leur séparation, coucher avec son ex-mari lui donnait l’étrange sensation de l’avoir trahi, une sensation qui revenait bien vite l’assaillir maintenant qu’elle se trouvait en présence du seul témoin de ce moment.

« D’ailleurs, je n’ai pas eu l’occasion de m’excuser, mais j’ignorais que Mr recevait de la visite et je ne m’attendais pas à vous voir si… dans votre plus simple appareil... à une heure pareille. ». Et tout cessa brusquement de tourner autour d’elle. Loan manqua subitement d’air et fut incapable de penser et encore moins de réfléchir à ce qu’elle pouvait dire ou faire pour faire comprendre que ce que Walter venait de dévoiler n’était que le fruit de son imagination. Il venait d’avouer ce que la jeune femme avait sur la conscience depuis qu’elle était arrivée à l’hôpital et avait appris qu’elle était une personne à appeler au cas où quelque chose arrivait à Matthew. La philippine avait la sensation que la fin du monde venait tout juste de commencer et que son monde venait de s’écrouler. Si elle avait conscience de s’attirer des ennuis depuis toujours, de se détruire elle-même et d’être incapable de savoir où elle devait se mettre dans ce monde auquel elle appartenait, c’était encore pire maintenant. La sensation d’avoir trahi Lulani lui retournait l’estomac et lui donnait la nausée. Ce qu’elle avait pu craindre que son amie d’enfance apprenne la vérité de la bouche de quelqu’un d’autre et voilà que c’était le cas.

Pourquoi n’avait-elle pas trouvé le courage de lui avouer plus tôt même si ça signifiait perdre à tout jamais sa confiance voire même son amitié ? Loan était incapable de réagir. Son regard s’était posé sur Walter sans qu’elle parvienne à s’en décrocher, la bouche entrouverte sans qu’elle soit pour autant capable de prononcer le moindre mot. Elle aurait dû préférer rester chez elle plutôt que de venir ici … ou alors faire le choix de rentrer une fois qu’elle eut remarqué que Lulani était là pour son ex-mari mais elle ne l’avait pas fait. Il s’agissait tout de même de Matthew, c’était également son ami et son inquiétude concernant son état la forçait à rester là même si à présent elle aurait aimé être aussi petite qu’une souris bien qu’elle craignait que Lulani n’en profite pour l’écraser. Loan n’osa même pas se tourner vers cette dernière, pas même lorsqu’elle entendit le gobelet tomber sur le sol aussi discret que fut le bruit, elle était juste pétrifiée, horrifiée qu’elle l’apprenne ainsi et par quelqu’un d’autre qu’elle-même. « Maman ? Maman où est-ce que tu vas ?! ». Ce fut en voyant Toyiah se précipiter vers la porte de la chambre que la philippine sembla enfin revenir à elle. Loan se pinça les lèvres comme si elle allait trouver dans ce geste du courage et tourna lentement sur elle-même pour suivre le même chemin que Lulani. Il fallait qu’elle la rattrape et qu’elle s’explique.

Pressant donc le pas dans le couloir, la jeune femme n’eut aucun mal à la doubler puis à lui barrer la route pour enfin parler. « Je suis désolée Lula … je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça même si ça ne change rien. ». Loan enchaîna si vite qu’elle en perdit sa respiration et tâcha de se reprendre tout aussi vite avant de continuer. « Je sais que le fait que vous étiez divorcés à l’époque n’exclut rien, mais on a fait une erreur … c’est arrivé comme ça, une seule fois. Ça n’avait et n’a aucune signification particulière c’était juste … une erreur. », soupira-t-elle en baissant les yeux. De toute manière que pouvait-elle lui dire d’autre pour le lui faire comprendre ? Elle avait couché avec Matthew et aucun des deux n’en avaient parlé à Lulani parce qu’ils avaient jugé mieux qu’elle n’en sache rien et maintenant ça allait leur retomber dessus et Loan allait y avoir le droit la première.