Codage fait par .Jenaa

Edwin n'était pas le genre de personne qui s'énervait facilement. Doté d'une grande faculté à tempérer son côté parfois impulsif, il parvenait en général à garder son calme fasse aux situations qui l'énervaient. Mais ce n'était valable que pour les sujets ne touchant pas sa famille, car, lorsqu'une de ses soeurs ou un de ses frères était impliqué, c'était une toute autre paire de manches. Il n'y avait qu'à voir comment il avait perdu son sang-froid et avait pété les plombs face à Timothy, le détestant à cause de la souffrance qu'il avait pu faire ressentir à sa petite soeur, Olivia. Cela dit, celle qui détenait la palme d'or était Zoé. Elle avait le don de le mettre dans tous ses états pour la moindre petite chose. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle était sa jumelle et qu'il l'aimait plus que tout au monde et était prêt à vraiment tout pour elle, pour son bonheur. Et ces derniers temps, la fraternité Edwin-Zoé était soumise à rude épreuve compte tenu du fait que la jeune femme se montrait très absente, absorbée par son travail et son amour pour un prénommé Aaron. Tiens, encore un mec qu'Edwin ne pouvait pas encadrer. Et c'était lui le problème : le jeune homme reprochait à sa jumelle d'abord de s'en éprendre, car de son côté, il s'en méfiait, mais également de passer trop de temps avec lui, délaissant par conséquent son frère. Alors quand il avait envoyé un sms ironique à sa soeur pour lui dire qu'il avait à lui parler mais qu'elle devait être occupée avec son Aaron et qu'elle lui avait répondu souffrir à cause de ce type, Edwin avait senti la moutarde lui monter au nez.

From : Zoé
« Je suis dans un café là, à Central Park, si tu veux tu peux m'y rejoindre je suis seule ... et j'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un ... »

L'anglais fulminait. Il mourrait d'envie d'envoyer sa soeur sur les roses en lui disant de se débrouiller sans lui et de trouver un autre "quelqu'un" avec qui parler de ses malheurs. Mais, bien qu'il soit énervé contre Zoé, il l'aimait trop pour la laisser seule dans son chagrin. Alors il répondit un simple « Ouais ok. J'arrive. » détaché qui prouverait à la blonde qu'il n'était pas d'humeur et se mit en marche pour Central Park.

Arrivé vers le café dont parlait sa jumelle, Edwin scruta au travers de la vitre et ne peina pas à reconnaître Zoé qui fixait l'extérieur, visiblement pensive. Inspirant un bon coup, le jeune homme garda un visage renfermé, montrant ainsi son énervement, et entra dans les lieux pour aller s'installer sur la chaise en face de sa soeur. « Bon voilà, je suis là. Mais avant que tu ne parles, je te préviens, je t'interdis de pleurer, parce que je t'avais prévenue. » lui lança-t-il d'un ton froid, sans prendre le temps de la saluer. Il était dur, mais comment pouvait-il agir autrement ? Zoé était têtue et écoutait rarement ses conseils et ça avait le don de l'agacer fortement. Le regard planté dans le sien, il constata sans peine qu'elle avait mal ou peu dormi, notant les cernes bordant ses yeux, et le fait qu'elle ne soit pas maquillée montrait bien qu'elle allait mal. Alors il tenta de se calmer et, tout en ôtant sa jaquette -temps pourri de New York oblige- pour la mettre sur le dossier de sa chaise, il reprit la parole. « Je t'écoute. » Autant qu'elle vide son sac, ça lui fera certainement du bien, même si Edwin risquait de la sermonner par derrière.

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Sans détacher son regard de sa soeur, Edwin croisa ses bras, appuyant ses coudes contre la table. Il ne laissait transparaître aucune émotion, ne serait-ce même pas qu'une légère teinte de compassion. Il lui en voulait et il n'allait pas certainement se montrer tout tendre avec elle à la seconde même où il arrivait. Il avait l'intention de la réconforter comme il l'avait toujours fait, mais avant, il tenait à bien lui faire comprendre qu'il avait été blessé par sa façon d'agir et qu'elle tire enfin leçon de son erreur : la prochaine fois, elle l'écouterait peut-être un peu plus quand il la mettrait en garde. « On s’est vu l’autre jour, dans un bar, il était gentil et doux, mais toujours distant. Je … Moi je ne faisais rien, je restais de mon côté, sans rien dire, et puis il est parti, sans rien dire. J’ai attendu, des jours entiers, rien, pas d’appels, pas de sms, rien … Au bout d’une semaine, il m'a envoyé un sms, un tout bête sms … "Je ne veux plus te voir, ni te parler, ce fut une erreur, désolé". » Edwin bouillait de l'intérieur. Si Aaron avait été présent en ce moment même, il lui aurait assené un immense coup de poing pour bien lui faire comprendre que personne n'avait le droit de faire du mal à sa jumelle. Mais il se contint, ravalant la rage qu'il éprouvait pour le jeune homme, et resta toujours autant impassible. Zoé semblait perdre pied, il en fut touché mais resta de marbre, la laissant prendre sur ses émotions. En attendant, il héla un serveur pour lui commander un café. Il avait besoin de caféine, immédiatement. Certains disaient que cela rendait irritable, mais lui, ça le calmait. Puis, il reporta son attention sur sa soeur au moment où elle parvint à reprendre la parole. « Et voilà, depuis je n’ai plus de nouvelles, je n’ai pas essayé de lui reparler, voilà c’est fini… Et je n’ai pas besoin de tes sermons, je sais bien que tu as raison et bla bla bla, oui mais moi j’y ai cru. Trop bonne trop conne … » Légèrement agacé, le jeune anglais la fixa d'un regard sombre. Elle n'avait pas besoin de ses sermons ? Pourtant, elle ne l'avait pas écouté et se retrouvait avec le coeur lourd. Alors oui, il avait tous les droits. Il s'empressa d'ailleurs de le lui faire remarquer froidement, sourcils froncés. « Bon alors, premièrement, je te sermonne si je veux. Oui, tu as été conne. Je t'ai mise en garde une centaine de fois, tu m'as toujours envoyé bouler. Alors tu récoltes ce que tu sèmes... » Oui, il était dur. Mais en ce moment, il ne se sentait pas de faire autrement, car il était trop en colère. Contre Aaron et contre Zoé. Parce que, sans qu'elle ne s'en rende compte, elle était tombée sous le charme d'un enfoiré et avait délaissé son frère par la même occasion. « Et deuxièmement, si je croise cet enfoiré, je le défonce, que tu le veuille ou non. » ajouta-t-il sans la lâcher du regard. Là, qu'elle lui ordonne de ne pas l'approcher ne l'atteindrait pas. Il se jurait intérieurement que, s'il croisait le chemin d'Aaron, ce dernier aurait le droit de goûter à la violence dont il pouvait faire preuve quand on s'attaquait à sa famille. Puis finalement, il arriva à se calmer. Percevant sans mal les larmes qui scintillaient dans les yeux de sa soeur, il finit par ranger sa rancune de côté et tendit ses avants-bras contre la table pour l'inciter à lui prendre les mains. Quand elle le fit, il le serra gentiment et, plongeant son regard dans le sien, adoucissant l'expression de son visage. « Ça va aller. » lui glissa-t-il en caressant ses mains avec ses pouces. Zoé était forte, il le savait, et elle allait s'en remettre. Elle allait juste avoir besoin de temps, comme pour tous les chagrins d'amour.

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La mine déconfite de Zoé voulait tout dire : les paroles de son jumeau avaient eu leur effet, elle encaissait à sa manière, sans parler. Mais l'essentiel était qu'Edwin n'avait pas parlé pour faire du vent. Plutôt fier de lui, il resta coi sans la lâcher du regard et laissa le serveur lui déposer son café en face de lui. Il y mit une légère dose de sucre et se mit à remuer la cuillère dans la tasse, le regard fixant à présent le café qui tournoyait. Il avait beau constater que sa soeur avait appris la leçon, il ne se sentait pas pour autant plus calme. En réalité, qu'elle ne l'ait pas écouté et ait souffert était une chose qui le décevait, certes. Mais le pire dans l'histoire, ce n'était pas qu'elle n'en ait fait qu'à sa tête, ça, il en avait l'habitude compte tenu du fait qu'elle était têtue comme une mule depuis leur tendre enfance. Non, ce qui le dérangeait vraiment, c'était que le comportement de la blondinette l'avait profondément blessé. Parce qu'elle l'avait délaissé pour filer ce qu'elle croyait être le parfait amour avec son Aaron et, que de son côté, son jumeau avait fait son bout de chemin seul. Combien de fois avait-il voulu la voir, passer du temps avec elle pour discuter de choses et d'autres, comme ils l'avaient toujours fait ? Mais non, soit elle travaillait, soit elle était avec son prince pas si charmant que ça. Et c'était précisément ce comportement là qui avait brisé quelque chose au fond de lui. C'était simple de faire la morale à sa soeur, Edwin le faisait presque constamment. Mais lui dire qu'elle lui avait réellement fait du mal, c'était une autre paire de manches. La seule fois de leur vie où Zoé l'avait blessé, c'était lorsqu'elle lui avait tourné le dos par jalousie envers Olivia. Là, il le lui avait fait remarqué, et la seule vraie conversation calme, sans dispute, qu'ils avaient eu à ce sujet avait été quand il s'était retrouvé à l'hôpital après sa tentative de suicide et qu'elle était venue à son chevet en pleurant pour se faire pardonner son comportement des précédents mois. Cette scène avait profondément marqué le jeune homme, et le fait de ressentir à nouveau de la peine au fond de lui à cause du comportement de sa soeur le rendait réticent contre une éventuelle conversation. Ce pourquoi il se tut, pour l'instant, et se contenta de prendre les mains de sa soeur en tâchant cette fois ci de la rassurer et non de la sermonner.

Tenir les mains de sa jumelle dans les siennes lui mit du baume au coeur et semblait calmer la demoiselle. Les tensions s'étaient éteintes, de toute manière, il était devenu impossible pour eux de se montrer hostiles l'un envers l'autre pour plus de quelques minutes. Cela dit, Zoé finit par lui lâcher les mains afin de s'aventurer sur un autre terrain, sujet de discussion que le brun n'avait pas pensé aborder en venant la retrouver dans ce café de Central Park. L'écoutant attentivement, il but une gorgée de sa boisson, prenant garde de ne pas se brûler les lèvres. « Bon et toi hein, c’est quoi ce statut « en couple » sur Facebook, sérieux je dois l’apprendre de là-bas ? T’inquiètes quand je serais enceinte, je posterais une échographie sur ton mur. » Edwin avala de travers et reposa subitement sa tasse avant de se mettre à tousser, une main devant la bouche. Qu'elle mette sur le tapis le sujet de sa nouvelle petite amie, il l'acceptait. Mais qu'elle l'accuse de ne pas lui en avoir parler, là, ça ne passait pas. Reprenant son souffle après s'être calmé, Edwin fronça les sourcils. Fortement agacé par le reproche qu'elle lui faisait pourtant de manière ironique, pour le taquiner, il se sentit à nouveau blessé par l'absence qu'il avait dû combler ces dernières semaines. Il avait voulu en parler à Zoé, plus d'une fois, au moment même où il avait rencontré Capucine. Mais sa soeur n'avait pas répondu présente, trop occupée entre son travail et Aaron. « Tu te fous de moi j'espère ? » lâcha-t-il, dents serrées. Intérieurement, il sentait la colère augmenter au fil des secondes et, pour se calmer, il passa ses mains sur son visage, coudes appuyé sur la table. Finissant par fixer sa soeur, son regard montrait à quel point il avait été blessé. « Tu te rends au moins compte que tu m'as complètement délaissé ces derniers temps ? Tu crois sincèrement que j'ai voulu te cacher ça ? Bordel Zoé, j'ai pas arrêté de t'appeler pour qu'on se voit, mais tu étais tout le temps occupée. Je voulais t'en parler, mais tu n'as pas été là pour moi... » La vérité était sortie et, se sentant brisé intérieurement, il finit par détourner son regard en expirant lentement.

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