Premier septembre, minuit trente. Aujourd'hui, cela faisait un long mois que je travaillais dans un bar de la ville, un long mois que je supportais tant bien que mal les comportements des clients ainsi que leur remarque désobligeantes. J'étais conne, idiote, trop lente et même invisible pour certains. Depuis quelques jours, mon moral commençait à flécher vers le bas. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne me sentais plus bien dans cet environnement de fou, je ne supportais plus les remarques des clients qui buvaient tous autant que les autres, je devenais folle. Ce job était mon premier job et je me demandais vraiment comment les serveurs et serveuses faisaient pour supporter ce flot d'insultes et de remarques incessants. N'y avait-il pas de repos pour les serveurs ? Bonne question. Ce soir, j'étais particulièrement fatiguée et perturbée par l'école qui recommençait bientôt. J'étais inscrite en première année de droit à la faculté et c'était ma première année dans un établissement public et donc non religieux. J'allais mettre bien du temps à m'adapter, à réussir à me faire des amis mais surtout, à trouver ma place. Seulement aujourd'hui, j'avais bien d'autres problèmes. Un groupe de jeune homme était entré dans le bar pour fêter un enterrement de vie de garçon et il semblerait qu'il n'y avait pas que dans les films que l'alcool coulait à flot. Pourquoi boire autant et se rendre malade pour si peu ? À croire que le mariage voulait dire fin des soirées entre hommes, fin de l'alcool et des plaisirs. J'étais totalement choquée devant ce spectacle mais je ne montrais rien. Toujours sourire et apporter au client ce qu'il avait commandé. J'exécutais mon job à merveilles, tel un robot sans vie jusqu'aux alentours de minuit trente. La fatigue commençait à se faire ressentir et il ne me restait plus que vingt minutes de service avant que quelqu'un d'autre prenne ma relève. Edwin n'aimait pas vraiment que je rentre seule le soir mais j'avais vécu tellement de situation lors de mon séjour dans la rue que je pouvais affronter bien des choses, du moins c'est ce que je pensais. Le patron venait de s'absenter pour une dizaine de minutes lorsque je sentis la main de l'un des jeune homme se poser sur mon jeans, au niveau de mes fesses. Je me stoppa nette dans l'allée et inspira une grande bouffée d'air avant de me retourner et d'incendier le jeune homme en question. S'il croyait que ça allait se passer comme ça, il allait se mettre le doigt dans l'oeil et pas qu'un peu ! Je n'étais pas de ces serveurs qui se laissaient tripoter pour avoir plus de pour boire, je n'avais pas besoin de ça pour vivre et ne manquais pas de leur rappeler seulement cela ne les calma pas. Je commençais à bouillonner, à devenir complètement folle lorsqu'un second jeune homme se permis de me toucher le postérieur. Dans une colère noire, je me tourna et gifla l'homme en question. Qui cherche me trouve, il fallait le savoir seulement je ne m'attendais pas à une réaction du jeune homme. Dans ma tête, il allait s'excuser et se calmer mais c'était tout autrement. Lorsqu'il m'attrapa le bras, je sentis mon sang ne faire qu'un tour dans mon corps et le regarda droit dans les yeux « Lâchez moi ou je... » Ou quoi ? Bonne question. La rue était vide, personne dans le bar et le patron n'était pas dans le coin. L'homme se mit à rire et dit « Sinon quoi ? » Les autres se mirent à rire et je compris rapidement que si je ne me défendais pas, c'était peine perdue et dieu seul sait ce qu'il allait m'arriver dans les heures et minutes à venir. Faisant craquer mes doigts rapidement, je forma un poing et ne mis pas longtemps à lui donner un coup en plein dans le nez. J'avais vu cette prise dans un film et l'avais déjà exécuté dans la rue, ce qui n'était pas négligable. Il lâcha son emprise sur moi, ses amis subjugués devant ce que je venais de faire et je me mis à courir dans mes ballerines. Les baskets étaient bien plus confortables, il y avait pas à dire. Tout en courant, j'hurlais à tue tête « Au secours ! À l'aide ! Au secouuuurs ! » Je sortis du bar à toute allure suivie par le jeune homme à qui je venais sûrement de casser le nez. Regardant derrière moi, je fonça dans quelqu'un, un homme plutôt musclé qui me tenait par les bras. Sanglottant, je criais « A L'AIIIIIIIIIIIIIIDE !!! Non, pas moi par pitié » J'étais terrorisée et une chose était claire et nette, dès que ma période d'essai était terminée, je quitterai ce lieu de travail. Plutôt me priver de vêtements que de supporter cela une nouvelle fois...

]Je savais que ce moment allait arriver tôt ou tard et pourtant, j'avais continué de travailler ici. Si j'avais eu le temps d'appeler Edwin, je l'aurai fais seulement le temps qu'il décroche et arrive, je pouvais déjà être découpée en dix morceaux. Un long frisson parcourut mon échine alors que je courrais et fonça dans un jeune homme, bien plus grand et plus musclé que moi. Il n'avait pas bougé d'un centimètre alors que je m'étais légèrement fais mal à la main en lui fonçant dedans, de plein fouet. « Je ne vais pas vous faire de mal. » Ne jamais faire confiance à qui que ce soit, jamais. C'était bien une des seule chose que mes parents m'avaient appris et que je respectais encore alors que j'étais à des milliers de kilomètres d'eux. Mon corps tremblait et j'hurlai une nouvelle fois lorsque je sentis le bras d'un des hommes du bar m'attraper. Non, pitié. Je commençais légèrement à pleurer et étais tétanisée, je ne pouvais plus bouger. Dans ma tête, je priais la vierge Marie de m'épargner pendant que l'homme dans lequel j'étais entrée de plein fouet parlait à mes 'agresseurs'. Ne jamais tenter de moyenner avec les méchants, ça ne servait vraiment à rien. Me déplaçant derrière le jeune homme, je l'écoutais parler et l'entendit me complimenter sur ce que j'avais fais au nez du futur marié. J'avais appris à me défendre dans la rue et en regardant quelques films. Je fis un léger sourire et dis « Merci » J'avais fais un bon boulot pour une jeune femme d'un mètre soixante cinq, je le savais, seulement maintenant, j'étais incapable de faire quelque chose. Edwin m'avait prévu, j'aurai du acheter une bombe lacrymogène et m'en servir. Posant ma main sur l'épaule de mon sauveur, je dis « Il n'en vaut pas la peine, vraiment. Mon patron va arriver dans deux minutes et les mettre dehors » Seulement cette réponse ne semblait pas plaire au futur marié qui renchérit et s'avança près du jeune homme derrière lequel j'étais cachée. Faisant un pas en arrière, je regarda tout le monde avec de gros yeux avant d'hurler une nouvelle fois « Stooop !!! dégagez d'ici, barrez vous de ce bar avant que j'appelle la police ! » Seulement, si j'appelais la police, ce pourri très bien porter plainte pour coups et blessures et c'est moi qui finirait au poste. Maëlle, ferme ta bouche et laisse le prendre la raclée de sa vie. Le groupe de jeune homme se mit à rire et encourageait le futur marié qui ne mit pas bien longtemps à recevoir une droite du jeune homme devant moi. Lorsque je vis le sang gicler de sa lèvre, je sentis tout mon repas remonter et je partis en direction d'une poubelle. Trop brute pour moi, j'avais l'estomac retourné et ne mis pas bien longtemps avant de rendre mon repas à 15$ dans la poubelle. Ma tête tournait légèrement et en relevant la tête, je vis cette bande d'abruti partir en courant, veste sous le bras, coursé de près par mon patron qui leur lançait ses chaussures dessus. Je ria légèrement avant de vulgairement m'essuyer la bouche et retourner devant le bar. Soufflant, je me dirigea vers le jeune homme qui n'avait aucun égratignure dans le visage et dis « Merci c'est gentil... Vous voulez entrer, je vous offre un verre » Je ne voulais pas m'étaler sur le pourquoi du comment j'en étais arrivée à sortir à cette vitesse du bar et à vomir mais s'il me le demandait, je lui expliquais. Regardant mon patron, je dis « Plus jamais vous ne me laissez seule ou je tue quelqu'un » Je vomissais à la première goutte de sang que je voyais alors tuer quelqu'un, autant dire que c'était mission impossible. Me postant à ma place de barmaid, je fis un sourire au jeune homme et dis « Vous prendrez ? Je m'appelle Maëlle et vous ? » J'étais peut être un peu directe et curieuse mais c'était toujours mieux de savoir comment s'appelait mon sauveur... Je lui servis sa boisson et pris un coca pour moi. J'allais enfin pouvoir me poser cinq minutes et respirer pour reprendre mes esprits car je tremblais encore un peu...

« Joshua et je prendrais un whisky » Léger sourire aux lèvres, je prépara la boisson du jeune homme et m'essaya à ses côtés. Je lui devais beaucoup et je n'osais pas imaginer ce qui se serait passé s'il n'avait pas été là. Ma bonne étoile n'était donc totalement foutue et ce n'était pas plus mal pour moi. J'écoutais ce qu'il me disait et acquiesça lorsqu'il me demanda si ça allait. Maintenant beaucoup mieux puisque j'étais en sécurité et ça, ce n'était pas négligeable. Croisant les jambes, je dis « Ca va mieux... Merci en tout cas parce que je ne sais pas combien de temps j'aurai pu courir pour les éviter... » J'étais une flèche mais tout de même... Vivre dans la rue m'avait servi pour fuir mais je n'avais jamais été contre des hommes plein d'alcool et d'adrénalines, c'était surtout les policiers que j'avais essayé de semer et aucune n'avait réussi à me rattraper, voilà ma fierté personnelle. Ma petite taille et mon poids plutôt léger m'avait permis de me cacher dans des endroits où seuls des enfants de dix ans pouvaient se glisser. Grimaçant en l'entendant poser cette question, je souffla légèrement avant de croiser mes bras sur le bar et d'y poser ma tête. J'avais littéralement démarré au quart de tour et je n'avais plus qu'à espérer une seule et unique chose : que ces malotruts ne portent pas plainte pour coups et blessures, Edwin allait me tuer sur place et je ne connaissais pas d'avocats pour me représenter à un faible coup. J'étais vraiment dans de beaux draps. Relevant la tête, je dis « Vous promettez de ne pas vous moquer ? » J'étais plus que sincère et je commençais à avoir honte de ce que j'avais fais. J'avais réussi au quart de tour, comme à mon habitude et cela risquait de me coûter cher. Soufflant, je dis « J'ai de drôles de mœurs, élevée avec Dieu pendant dix huit ans et le futur marié s'est permis de me toucher les fesses, à deux reprises. La première fois, je lui ai dis d'arrêter et il a recommencé. Par conséquence, je me suis retournée et lui ai cassé le nez sans aucun scrupule. Je sais bien que c'est exagéré mais bon, c'est tout ce que j'ai trouvé pour me défendre » Et j'avais bien réussi, jusqu'à ce que je me fasse courser sur le parking. Je lui fis une petite moue avant de reposer mon front sur le bar en bois tout frais. Je voyais déjà mon frère me disputait quand il apprendrait ce que j'avais fais. J'avais toujours été élevée dans l'amour et je savais que la violence n'était pas la réponse et pourtant... Pourtant j'avais cassé bien des nez depuis mon arrivée aux Etats-Unis. Dès que je me sentais menacer, je partais en courant et n'hésitais pas à faire mal pour être sûre de prendre une certaine avance. Tournant légèrement la tête vers Joshua, je souris légèrement avant de dire « J'ai un peu exagéré, je l'avoue mais je ne sais pas me défendre alors partant de là.. » Et puis merde à la fin, on ne laissa pas une gamine de dix huit ans seule dans un bar avec plusieurs hommes pleins comme pas possible. C'était de l'inconscience pure et simple... J'avais beau me répéter cela, j'avais bien du mal à y croire. J'avais merdé, tout simplement. Dans un souffle, je dis « Je n'ai plus qu'à espérer qu'il ne porte pas plainte pour coups et blessures sinon mon frère va m'étriper et je n'aurais même pas de quoi me payer un avocat. J'ai déjà du mal à me payer une robe à vingt dollars... » Misère, j'étais misérable, voilà tout. Soufflant, je passa une main dans mes cheveux et dis « Vous n'êtes pas là pour entendre les lamentations de ma piètre vie. Excusez moi » Vie de merde, certes, mais l'étaler n'était pas dans mes habitudes, absolument pas...

D'entendre le jeune homme me dire que j'avais bien fait de me défendre ainsi fit naître un léger sourire sur mon visage. Je n'étais donc pas folle et j'étais bien heureuse de l'apprendre. Je savais bien que réagir ainsi n'était pas forcément la meilleure des choses et qu'il faudrait impérativement que je trouve un atelier de gestion du stress mais ça, c'était pour plus tard. Pour le moment, je devais surtout me calmer, retrouver un calme olympien et faire bonne mine devant le jeune homme, mon patron ainsi que mon frère une fois que je rentrerais à la maison. Edwin allait me questionner de mille questions s'il me voyait stressée ou préoccupée. À l'époque, mes parents calmaient ma colère avec une prière mais cela ne marchait plus, il fallait donc que je trouve une solution aléatoire. « Premièrement, je peux vous aider pour des leçons de self défense ou simplement pour vous protéger. Je suis pompier, on nous apprend ces techniques, donc si vous voulez on peut voir ça ensemble. Deuxièmement, il ne portera pas plainte. Il va se marier et je pense que sa future femme n’apprécie pas de savoir qu’il vous a touché les fesses plusieurs fois. Mais s’il le faut, mettez moi sur la liste des témoins, je me ferais une joie de l’enterrer. » J'écoutais le jeune homme parler et souris légèrement en l'entendant dire qu'il était près à m'aider en cas de besoin mais aussi qu'il pouvait m'apprendre quelques techniques de défense, ce qui ne serait pas négligeable. J'avais vécu six semaines dans la rue et je ne savais même pas me défendre, chose plutôt lamentable lorsque l'on savait ce qui se passait dehors. Le jeune pompier était vraiment un homme agréable et j'appréciais sa compagnie, chose plutôt rare puisque j'étais quelque peu... sauvage. « C'est très gentil, merci beaucoup... Je penserais à vous si jamais cet homme ose venir me voir pour porter plainte. Et ce ne serait pas de refus d'avoir quelques petites techniques de défense parce que, comme vous l'avez vu, je ne suis pas la plus douée pour tout ce qui est défense... Enfin, on m'a élevé dans l'idée qu'il ne faut pas se battre, ni rien et la vue du sang me dégoûte littéralement... » une chose était claire et nette, jamais, ô grand jamais je ne pourrais être médecin. Souriant légèrement, je me posta un peu mieux sur ma chaise. Autant éviter de ressembler à un calamar échoué sur le bar. Surtout que si le patron refusait surface, il s'en prendrait sûrement à moi pour cette attitude. Pour lui, tout devait être clean pour l'image de son bar, image dont je n'en avais rien à faire à vrai dire. Écoutant le jeune homme, je souris et dis « Et en plus d'être pompier vous êtes devin ? Je suis bel et bien étudiante, en première année de droit. Enfin, ça commence bientôt » Et qu'est-ce que je pouvais appréhender ce moment, se retrouver dans une époque laïque, être totalement lâchée dans la nature tel un animal. J'avais bien du mal à l'accepter et à me faire à cette idée mais bon, je n'avais pas vraiment le choix... Il fallait aller à l'école pour avoir un métier potable et vu que j'avais dans l'idée d'aider les gens par mon métier, devenir avocate était une des première – et meilleure – solution qui m'était passé par la tête. Buvant une nouvelle gorgée de ma boisson, je dis « Et par hasard, en plus d'être pompier et devin, vous n'avez pas un troisième métier ? » Je ris légèrement avant de lui faire un léger sourire et de me pencher sur le bar pour attraper le bol de cacahuètes qui se trouvait juste à cet endroit là, de l'autre côté du bout de bois. Le posant entre nous deux, j'attrapais quelques cacahuètes – pleines de graisses bouuuh – et les porta à ma bouche. Après tout, je n'avais plus rien dans le ventre.. Sourire collée sur les lèvres, je dis « Vous auriez vraiment le temps de m'apprendre à me défendre un tantinet mieux que ce que vous venez de voir ? Vous devez être plutôt occupé et je n'ai pas envie de vous gêner... Je n'oserais pas demander d'aide à mon frère et il flipperait totalement s'il savait ne serait-ce que le tiers de ce qui s'est passé ici ce soir... S'il faut, je vous paierais, comme un véritable professeur mais avec le salaire que je me fais ici, ce n'est pas avec moi que vous allez devenir riche comme Georges Clooney » Je laissa échapper un petit rire. Il commençait vraiment à se faire tard, mes paroles n'avaient plus vraiment de cohérence mais ce n'était pas grave, j'étais de service encore un petit bout de temps...

Plus les jours avançaient et plus je voyais en quoi le mode de vie de mes parents étaient mauvais pour tout le monde. J'étais naïve et découvrais le monde à dix neuf ans, c'était pitoyable. Je me sentais mal et coupable, j'avais l'impression d'être une enfant, un petit bébé à qui on apprenait tout. Vivre dans la rue m'avait largement ouvert les yeux mais, dès mon arrivée dans la rue, j'avais été sous la coupole d'un homme plus âgé et il m'avait toujours défendu. C'était comme ça que l'on se faisait respecter dans la rue. On s'attachait à quelqu'un qui nous aidait et j'étais plus que bien tomber. Seulement, maintenant je n'avais plus personne pour me défendre et je commençais à croire que ce petit incident n'était rien comparé à ce qui m'attendait ici. À Londres, j'avais été mise de côté et pouponnée trop longtemps, il fallait que je grandisse et plus vite que cela. Bien entendu, tout ce qui était alcool, drogue et sexe ne serait pas de la partie, du moins pas pour le moment. Chaque chose en son temps et pour le moment, je voulais juste apprendre à me défendre. C'était primordial à mes yeux, surtout dans ce métier de pourri. J'étais consciente que ce n'était pas le pire job de la planète mais tout de même, mon côté bon enfant m'handicapait quelque peu. « Oui, c'est vrai. Tous mes frères et sœurs, enfin presque, ne continuent pas sur le chemin prédestiné par nos parents... » Mon avenir selon eux ? Vierge jusqu'au mariage, mariée à un chrétien catholique pratiquant, une grande famille et tout ce qui allait avec. À l'opposé, je me voyais avocate, seule bien des années – pour éviter d'avoir une distraction – et surtout profiter. Je voulais profiter de ma vie, de ma nouvelle vie loin de toutes les contraintes catholiques. Seulement, je n'étais pas folle et n'allais pas faire n'importe quoi avec n'importe qui pour autant. J'allais profiter mais dans la mesure. Souriant, je lâcha un léger « Merci » lorsqu'il me souhaita bon courage. Je me demandais ce que j'allais bien pouvoir vivre comme expérience à la faculté. C'était ma première année dans un établissement public et cela me changerait bien de ma vie londonienne avec mes professeures vêtues comme des nones et tout ce qui allait avec. Fini la prière avant de manger. Doucement, j'engageais un peu mieux la conversation avec le jeune homme, j'étais un peu plus à l'aise ce qui relevait de l'exploit ! Souriant, je secoua légèrement la tête de gauche à droite « Oh non, je ne sais rien du tout mais vu que l'on dit souvent jamais deux sans trois je me suis dis que peut être que vous remplierez cette petite règle » En tout cas, une chose était sûre, sa petite réflexion cachait bien quelque chose... Seulement, je n'avais pas le temps d'aller plus au fond des choses et d'égayer ma curiosité que le beau brun parlait des possibles cours de défenses que nous pourrions avoir ensemble. Il ne voulait pas être payé, je n'allais pas m'en plaindre même si j'avais la drôle d'impression de me servir de lui. Qui pouvait refuser de payer quelqu'un alors que la personne empiétait sur le temps libre de l'autre ? Ma morale me revenait en pleine figure dès que j'essayais d'agir 'normalement'. Attrapant son portable, je lui tendis le mien – qui avait l'air d'une antiquité à côté de celui du jeune homme – et nota mon numéro. C'était plus facile pour communiquer. L'entendant parler d'emploi du temps, je souffla légèrement « A mon avis, je ne vais pas avoir beaucoup cours. Si j'ai tout compris, j'ai six matières à raison de trois heures par semaine chaque matière... Autant dire que je vais avoir beaucoup de temps libre ! » Et comment allais-je m'occuper ? Bien entendu, j'avais un travail, il faudrait que j'apprenne mes cours et tout ce qui va avec mais après ? J'allais m'ennuyer comme pas possible et je ferais mieux de me trouver une activité extrascolaire ou deux avant de déprimer seule dans mon coin. « Comme vous voulez ! Entre deux consultations divines et un incendie chez les pompiers... Je suis plutôt matinale donc dès que vous avez du temps de libre, il ne faut pas hésiter » J'étais prête à tout pour arrêter de flipper au moindre pas de travers des gens autour de moi. Me levant, je posa ma bouteille de verre dans la poubelle et dis « Autre chose ? C'est la maison qui offre » Enfin, plutôt moi...

« Je suppose que pendant ce temps libre votre petit ami se fera un plaisir de répondre présent. » Souriant légèrement, je me sentis rougir. Un petit quoi ? Je n'étais pas assez bien pour avoir un petit ami et puis, qui voudrait d'une jeune femme aussi peu féminine ? Je n'avais franchement rien d'attirant et je comprenais aisément la gente masculine de ne pas m'approcher. Il fallait avouer que mon caractère n'arrangeait rien. Je pouvais être une vraie emmerdeuse quand je le voulais et je ne connaissais pas grand monde ici. Seul Mattie m'intéressait mais il ne semblait pas que cela soit réciproque. « Je n'ai pas de... Enfin, soyez certains que je serais libre très souvent » Je ne voulais pas m'étaler sur ma vie sentimentale ni avouer que le seul homme qu'il y avait dans ma vie en ce moment était mon frère et tuteur Edwin. C'était à ce moment précis que je me rendais réellement compte que je ne connaissais absolument personne. La seule personne de mon âge que je connaissais de New York était Omischa. J'espérais que la rentrée scolaire me permettrait de connaître de nouvelles personnes, bien que j'en doutais quelques peu. Ils allaient tous être en bande, se connaître et s'amuser entre eux pendant que je continuerais mon chemin, seule. C'était peut être ça la clé du bonheur, avancer à son rythme, sans personne pour nous retenir. Je tentais d'y croire dur comme fer même si c'était de plus en plus difficile. Pourquoi tout le monde se mettait en couple si la vie seule était mieux ? Il fallait que j'arrête de penser à cela avant de commencer à déprimer. Je ne voulais pas offrir cette scène plus que pitoyable au jeune homme et changea donc de sujet de conversation après avoir noté mon numéro dans son portable. Doucement, je me dirigeais derrière le bar et exécuta la commande. J'avais l'habitude maintenant de faire toutes ces bières aux noms étranges. Les seules que je n'aimais réellement pas faire étaient lorsqu'il fallait chauffer légèrement le verre. J'avais toujours peur de me brûler et il n'était pas rare de me voir lâcher le verre alors que la chaleur était totalement supportable. Posant le verre sur un sous-verre, je le glissa devant le jeune homme et dis « Un mois mais j'apprends vite donc il m'a vite laissé assurer le service seule. Je ne suis pas franchement sûre que ce soit légale de laisser une jeune femme mineure seule dans un bar le soir mais bon... Je ne compte pas rester ici longtemps. Je vais tenter de me trouver un boulot d'étudiante comme servir des cafés dans une grande chaîne » Je ne voulais pas de se travail, autant être claire tout de suite. Je n'aimais pas ce que je faisais et avec ce qui venait de se passer, j'hésitais encore plus à rester longtemps ici. Il était clair que je ne pourrais jamais continuer à bosser à de tels horaires lorsque j'aurais commencé la faculté et arrêter serait peut être la bonne chose à faire. Je me laissais une marge de dix jours pour commencer et puis c'est tout. Après tout, je n'avais pas pour obligation de travailler, Edwin était là pour m'aider, la bourse que j'allais recevoir aussi et je ne vivais plus sous les ponts, c'était déjà ça. La précarité, je savais ce que c'était et les quelques dollars que je rapportais avec ce job ne changeait pas grand chose après tout. Soufflant légèrement, je dis « Je vais me chercher autre chose parce que sérieusement, c'est craignoss ici. J'aurai pu me faire violer trois fois ce soir et il n'aurait rien vu... Il ne prend pas vraiment soin de ses employés... Gentil mais un peu trop près de ses sous, du coup, on est toujours toutes seules. Oui, aucun homme ne travaille ici, ça rapporte moins d'argent » Je levai les yeux au ciel. Comment pouvait-on être aussi négligent que cet homme ? Bonne question.