Le temps était radieux, et Autumn regrettait d'avoir pris sa veste par une journée pareille. Elle l'avait d'ailleurs posée à côté d'elle sur le banc dès son arrivée au Central Park. La jeune femme priait pour qu'Orson ai envie d'une glace, parce qu'elle n'allait pas résister longtemps à ce camion garé quelques mètres plus loin. Cela lui rappelait étrangement leur première rencontre. Ce jour là était particulièrement ressemblant à aujourd'hui. Autumn était vêtue alors d'une petite robe blanche, et il faisait une chaleur telle que la brunette avait décidé de se prendre une glace, cette idée fût la pire. A peine quelques pas et celle-ci s'était retrouvée étalé sur le livre d'un jeune homme. Autumn était réputée pour être quelques fois maladroite et cet acte en fût la plus grande preuve. Son teint avait viré du blanc au rouge en une seconde et demi, elle n'osait même pas regarder l'homme qu'elle avait percuté dans les yeux. Heureusement pour elle, il s'agissait d'un garçon sympathique qui à la vue de son visage gênée s’était immédiatement calmé.

Après mille excuses, ils s'étaient rendu compte que le courant passait assez bien entre eux. C'était comme cela que leur relation amicale commençai , et depuis lors, Orson était devenu son meilleur ami et elle ne pouvait plus se passer de lui. Malheureusement, lui étant sénateur, et elle médecin, ils avaient de moins en moins de temps à passer ensemble. Même si Autumn essayait de cacher le fait que ça lui manquait énormément, elle avait réussi à persuader le beau blond de la rejoindre pour passer l'après-midi ensemble.

D'habitude, les seules sorties qu'ils faisaient se déroulaient dans un bar ou dans un restaurant, de nombreuses personnes pensaient d'ailleurs que les deux amis étaient en couple. Il fallait avouer que cela ne les dérangeait ni l'un, ni l'autre. Autumn s'était même amusée plusieurs fois à faire croire à des restaurateurs qu'ils venaient de se marier pour obtenir une bouteille de champagne gratuitement.

Son téléphone vibra soudainement ce qui signifiait qu'Orson était tout près mais qu'il ne l'apercevait pas, la jolie brune se leva et observa la population, avant de réussir à tomber sur lui. Elle agita la main tout en décrochant:

- Tu es en beau gosse, mais tu n'as jamais eu les yeux en face des trous, comme quoi on peut pas tout avoir !

Il la vit enfin et se dirigea vers elle de sa démarche robuste. Autumn se rapprocha, un énorme sourire au visage, sa présence lui faisait déjà du bien.

Putain de soleil. Le sénateur détestait le soleil, c'était toujours synonyme de mauvaises nouvelles, et New-York qui avait le climat le plus spécial au monde se voyait toujours en pleine période d'effusion au moment du beau et grand soleil. Cette brise agréable, fraiche semblait pousser les gens à mettre un pied dehors, les rues étaient bondées d'un monde pressé, de gens qui se marchaient dessus pour profiter des dernières tendances au moins cher possible, les abrutis en herbe sortaient de chez eux simplement pour aller flâner dans les boutiques, ils prenaient tous leurs voitures, ce qui causait de magnifiques bouchons pour les pauvres gens, qui comme Orson allaient se saigner dans un métier crevant. Entre les voyages qu'il se tapait au Congrès des Etats-Unis d'Amérique pour aller voter des lois à la con, ses rendez-vous plus privés avec certains entrepreneurs de la ville et ses réunions qui en cette période de grands troubles s'enchainaient, il n'avait plus de vie. Tel un joueur addict à World Of Warcraft, il cassait du H2 à longueur de temps, sauf que les joueurs de la Horde étaient souvent des brochettes de politiciens surexcités, un chef de la police geignard, qui pensait que la situation ne pouvait plus durer, que le crime était trop présent pour les effectifs de police présents dans les rues de New-York. Après tout, était-ce de la faute d'Orson si les jeunes n'avaient plus envie de devenir flic et si la magnifique République fédérale ne se décidait pas à allouer plus de fonds aux forces de police ?

Il y avait des choses bien plus graves pour Washington, il y avait l'environnement. Ouais, le crime pouvait attendre, alors que les usines qui polluaient, elles devaient mettre la clé sous la porte. Il avait eu ce cas plusieurs fois dans sa carrière d'homme politique respectable et respecté. Il devait sans cesse ordonner des fermetures, mais les condamnations aux lourdes peines réduisaient de plus en plus. Le crime était le cadet des soucis du Gouvernement, on devait gérer des choses plus graves, le "Sauvons tous la planète" était sur toutes les bouches, mais "halte aux meurtres, aux viols" on s'en cognait profondément. Orson baignait dans tous genres de trucs pas nets, des pots de vins par exemple, mais jamais il n'avait baigné dans une affaire de viol. De meurtre, pas directement, il avait ordonné à des hommes de mettre hors d'état de nuire des hommes aux millions qui n'avaient pas dans l'idée que monsieur Westerfield reste sénateur longtemps. Cela aurait été fâcheux pour ses arrangements et il voulait éviter la prison tant que possible.

Il tenait à son membre postérieur ainsi qu'à sa vie. Un type qui condamnait les frères, les oncles, les soeurs, les pères des taulards à se faire exécuter n'avait pas vraiment de chances d'en sortir vivant quelques cinquante ans plus tard pour abus de pouvoir, abus de bien sociaux, détournements de fonds et autres conneries immorales dans le genre. Il avait même consommé de la drogue une fois, bien plus jeune, et ne s'était jamais fait pincer grâce à papa the sénateur de l'époque. Ce dernier avait supplié le chef de la police de laisser couler et ce dernier, en l'échange d'une tarte aux citrons dont l'emballage était en billets de cinquante dollars avait laissé couler. On s'arrangeait bien dans la profession...


Aujourd'hui, il avait pris son après-midi, pour se ressourcer, il devait rejoindre sa meilleure amie, sa seule amie, en fait. Autumn. Il marchait dans le parc, lieu d'une rencontre, d'une histoire. Elle avait été maladroite et il s'était emporté avant de se rendre compte qu'on ne pouvait pas gueuler sur une beauté pareille. Il lui avait alors présenté des excuses, monde à l'envers. Il lui avait payé la glace qu'elle avait accidentellement sacrifiée avant d'en enfiler une à la pistache et au citron dans sa bouche de titan. Il se décida à l'appeler, introuvable comme à son habitude. Elle lui répondit tout en lui faisant signe. Il fit un sourire et raccrocha, tout en s'approchant, il répondit en riant déjà à pleines narines.

-Toi, c'est l'inverse !

Il rit à sa propre blague, et la prit dans ses bras, serrant aussi fort qu'il le put.

-Alors docteur House, comment ça va ?

C'était fou, cette façon dont le monde s'arrêtait de tourner dès qu'il était près d'elle. Orson la serra si fort dans ses bras, qu'elle en avait du mal à respirer, mais elle se contenta d'entourer la taille du jeune homme avec ses petits bras frêles. Autumn était tellement heureuse de le voir qu'elle se sentait capable de pleurer de joie sur le champ ! La sensibilité de la jolie brune en étonnait certains, mais c'était en partie grâce à cela que ses patients l'adorait. Après tout, qui ne reverrait pas d'être écouté et compris par son médecin ? Orson était le seul qu'elle autorisait à se moquer d'elle, et il ne s'en lassait jamais. La jeune femme savait pertinemment qu'il ne pensait que très rarement ce qu'il disait. D'ailleurs en y repensant, elle ne savait pas exactement ce qu'il pensait de son caractère ou même de ce physique.

- Dois-je en conclure que tu n'aimes pas ma nouvelle robe ?

Elle fit un tour sur elle-même en terminant par une révérence des plus gracieuses. Autumn ne faisait pas particulièrement attention à ses tenues, même si elle avait un penchant pour les robes en tout genre et était une maniaque de l'assortiment des couleurs. Celle qu'elle avait achetée hier qu'elle portait aujourd'hui, était bleu, arrivant juste au-dessus du genou et mise en valeur grâce à des talons d'un blanc éclatant.

- Et bien, moi ça va ! Après je ne suis pas prisée par tous les politiciens chieurs MOI !

Elle rit, elle aussi, puis se décida à l'emmener s'assoir sur un des bancs. Il était difficile d'en trouver un libre par un temps pareil, mais pas impossible ! Ils marchèrent un peu, elle trouva ensuite l'endroit parfait, un coin à l'ombre, pour Orson et un au soleil pour elle. Elle s'assit en prenant soin de ne pas plisser sa jupe.

- Et toi comment vas tu ? Tu m'as l'air exténué.

Leurs boulots respectifs étaient plus que fatiguant. Autumn passait des journées entières à voir des gens malades, à les soigner et elle devait ensuite se déplacer à domicile. Il lui arrivait également d'être de garde, c'est ce qu'elle détestait le plus dans son métier. Elle avait besoin de se ressourcer chez elle, et cela lui était parfois interdit. Heureusement cette après-midi avec son meilleur ami lui ferait le plus grand bien ! Elle pouvait enfin se plaindre à quelqu’un et délirer sur tout et n'importe quoi. Elle avait très peu de "bons" amis, et cela la contentait énormément. Autumn n'accordait pas facilement sa confiance, et le seul à qui elle osait dire absolument tout était en ce moment même assis à côté d'elle.

Elle lui lança un de ses plus beaux sourires, ça n'était pas difficile, à chaque fois qu'elle croisait ses yeux d'un merveilleux bleu elle ne pouvait s'empêcher de lui sourire. C'était marrant car Orson était le seul garçon qu'elle était quasiment certaine de côtoyer encore dans vingt ans. C'était complètement dingue d'être autant attaché à une personne, Autumn savait que s'il ne faisait pas partie de sa vie, elle serait différente.

La jeune femme se faisait beaucoup de soucis à son sujet, son travail lui demandait beaucoup d'efforts, de voyages et cela se marquait de plus en plus sur son visage. Il n'en était pas moins beau, bien au contraire, mais elle ne voulait pas que sa joie perpétuelle disparaisse de son visage. Elle adorait tellement quand elle pouvait apercevoir son sourire éclatant, il ne fallait pas que ça s'arrête !

Elle était belle avec sa tenue et la voir ainsi faire un tour sur elle même, les bras tendus, elle l'excitait "grave" comme dirait une bande de petits jeunes complètement décadents qui trainaient les rues à longueur de journée. C'était les mêmes qui commettaient toujours des tas de crimes complètement fous, c'était les jeunes qui brûlaient les voitures et qui s'amusaient à tuer parce qu'ils en éprouvent un plaisir fou.
Orson regardait autour de lui, tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il sentait n'était qu'un terrain de jeu immense pour lui même, sa ville, comme il adorait appeler la Grosse Pomme n'était qu'un terrain de construction, et en l'échange de permis, en l'échange de soutenance, il touchait de l'argent, cela servait à rien d'autre qu'à s'acheter des costumes sur mesure et autres folies vestimentaires. Le jeune politicien n'aimait pas forcément la médiatisation, bien au contraire, il passait son temps à fuir les caméras et les micros, même si son poste lui faisait souvent prendre la parole en public, il haïssait complètement cette société hypocrite où les souries, où les couples se faisaient et se cassaient comme des modes, puisque ici tout était aléatoire, rien ne servait de s'amuser, de faire semblant de prendre un malin plaisir à faire croire aux autres que notre petite vie rangée était convenable.

Il déclina un petit sourire à la jeune femme, elle était véritablement belle, ses cheveux noirs qui tombaient sur ses épaules avec grâce, cette robe lui allait à merveille, et il n'avait qu'une envie, là, sur le moment, c'était de l'embrasser, de la couvrir de baiser de coucher avec elle, ça faisait depuis qu'ils s'étaient rencontrés qu'il crevait d'envie qu'elle soit sa compagne, qu'elle laisse tomber le chapeau de meilleure amie pour enfin devenir sa PETITE amie. Ce n'était malheureusement simple, et il ne savait rien sur les sentiments qu'elle éprouvait à son égard, il savait juste qu'elle tenait à lui, après tout, ils ne juraient que l'un par l'autre, et ils s'entendaient à merveille. Toutes les femmes qu'il voyait depuis qu'il avait été élu sénateur étaient toutes du même genre, elles étaient froides, bourgeoises et surtout, elles n'avaient rien d'autre en tête que de visiter une ou deux galeries d'arts aux motifs dégueulasses et vraiment peu agréables. Orson n'aimait vraiment pas ce temps, il y avait trop de soleil et grâce à Dieu, la jeune Autumn lui laissa une place à l'ombre, c'était déjà ça. Il fouilla dans ses poches et avala un chewing-gum, puis il en tendit un à la jeune brunette.

-Je suis crevé, tu peux pas t'imaginer comme il est horrible de passer sa journée à lire des projets de lois et à devoir matter des films explicatifs sur la beauté d'investissements.

Autrefois, il adorait son métier, mais depuis quelques mois, cela était en déclin presque constant, il était barbé par tous les blabla de politiciens coincés, il ne supportait même plus de croupir dans un bureau toute la journée, et il s'échappait donc quand il le pouvait. Cet après-midi, il avait du ruser, s'exfiltrer de son domaine. Il avait du échapper à ses secrétaires, à son conseiller et surtout, il avait du fuir les caméras traitres qui aurait pu trahir sa fuite décontenancée vers des horizons meilleurs. Il était un "boss" quand il s'agissait de devoir échapper à ses obligations personnelles. Il avait réussit avec grâce d'ailleurs.

-Et toi aussi, t'as pas l'air en pleine forme... Faut dire que cette chaleur, ça crève.

Aussi loin qu'elle pouvait remonter dans sa mémoire, elle ne se souvenait pas avoir eu un ami aussi proche qu'Orson. Il était le seul à qui elle osait tout dire, elle avait entièrement confiance en lui et était certaine que cela était réciproque. Elle était assise là, sur un petit banc blanc du Central Park en train de boire chacune des paroles du jeune homme comme s'il s'agissait d'or. Il avait ce pouvoir, il l'hypnotisait à chaque mot. La brunette accepta son chewing-gum tout en esquissant un petit sourire.

Apparemment, elle avait bien devinée, Orson était fatigué par son travail. En même temps qui ne le serait pas ? Sénateur était probablement un des métiers qu'Autumn n'aurait jamais choisi. Toutes ces responsabilités, ces réunions, ces textes, ça n'était définitivement pas pour elle.

- Ca veut dire que j'ai une sale tête c'est ça ? Je crois que j'en ai aussi marre que toi. Pas pour les mêmes raisons, c'est sûr ! Mon boss commence sérieusement à m'énerver, il me rajoute des heures supplémentaires de semaines en semaines.

La jeune femme avait d'ailleurs eu beaucoup de mal à obtenir son après-midi. Ces derniers temps, elle ressentait vraiment l'envie de partir loin pendant quelques temps histoire d'oublier sa morne existence. Malheureusement pour elle, la jeune femme n'en avait ni les moyens ni l'autorisation.

- Je serais bien partie en vacances là tout de suite ! Mais mon patron n'acceptera jamais de me donner congé. Puis les vacances en solo c'est pas trop mon truc.

Autumn avait pourtant quasiment toujours été seule, cela commençait d'ailleurs à lui peser. Elle était de nature très solitaire, mais quelques fois, la jeune femme avait envie de partager des moments avec une personne. La seule personne qu'elle cotoyait plus ou moins souvent, c'était Orson. Et encore, avec son travail elle n'avait plus eu trop le loisir de le voir. Elle s'était d'ailleurs très vite rendue compte qu'il lui manquait, c'était étrange, mais elle ressentait le besoin constant d'être près de lui. Peut-être était ce seulement une question d'habitude, ou bien alors, c'était plus. Autumn ne pouvait pas nier qu'il lui arrivait de se voir avec lui, autrement que en tant que simple amie, de se voir en train de l'embrasser, de lui tenir la main... Le problème qui se posait alors, était d'abord : comment lui dire ? Et ensuite, si cela ne fonctionnait pas entre eux, elle ne pourrait jamais retrouver leur amitié incomparable. Et cette pensée, elle ne pouvait la supporter.

Alors cela faisait déjà quelques années, qu'elle se taisait, ne sachant pas clairement ce que lui pouvait ressentir pour elle. Et elle ne le serait peut-être jamais.