Merwan venait littéralement de se faire dégager de l'hopital. Les horaires avaient changés fin de la semaine passée et il n'y avait pas prêté attention. Résultat, pas de soirée de saint valentin dans la chambre de repos au champagne avec les collègues mais lui, seul chez lui. L'envie d'appeler Lyla lui avait bien sur traverser l'esprit, mais elle le détestait toute l'année alors s'il pouvait éviter de lui gâcher sa soirée au moins aujourd'hui, c'était bien. Sans même être inscrit, il arrivait donc à la soirée du speed dating. Il n’espérait pas y trouver l'amour de sa vie mais bien s'amuser. Après tout faire de nouvelles rencontres, c'était toujours sympa et puis ça l'avait toujours intrigué, ces gens qui tombaient amoureux en quelques minutes. Mains dans les poches, il balayait la salle du regard avant poser son regard sur une jeune femme. Il s'approchait directement d'elle, après tout s'il avait fait une erreur, c'était facile de faire "next" dans ce genre de soirée. Du moins de changer de table. Un sourire aux lèvres, il n'en oubliait pas ses bonnes manières.

« Je peux m'asseoir? »

En son fort intérieur, Alexis avait espéré que personne ne ferait attention à elle. Ça ne l'aurait pas vexé de rester toute la soirée à observer les gens défiler de table en table sans avoir quelqu'un avec qui discuter. Pourtant, elle était venue jusqu'ici et ses amis ne la laisseraient pas tranquille si elle ne leur rapportait pas quelques détails croustillants. Alexis ne releva les yeux qu'au moment où une voix d'homme s'adressa à elle. Elle prit quelques secondes pour le détailler. Grand, assez bel homme, qui dégageait un certain charme, aussi. Il lui présentait un sourire poli en lui demandait s'il pouvait s'asseoir. La jeune femme lui offrit plutôt un sourire gêné en hocha la tête. « Oui, bien sûr. » dit-elle, son ton de voix laissant paraître sa nervosité. La Philippine inspira pour se donner confiance. Après tout, elle ne mourrait pas si elle parlait à un inconnu, juste une fois. Cela parut la détendre un peu puisqu'elle tendit une main un peu plus confiance à l'homme en face d'elle. « Je m'appelle Alexis. Et vous êtes? »

Merwan ne savait pas vraiment s'il allait se prêter au jeu de passer de table en table ou s'il se contenterait de cette rencontre pour ensuite aller s'accouder au bar et observer les autres. Pour lui, ce speed dating était quelque chose d'assez amusant, peut-être, mais pas de sérieux. Quoi qu'il en soit, il était satisfait que la jeune femme soit seule, car il devait l'admettre, elle était plus que charmante et quitte à se prêter au jeu de la soirée, autant que ce soit avec quelqu'un de plaisant. Un hochement de tête pour la remercier, il lui tendait sa main à son tour. « Enchanté Alexis. Moi c'est Merwan. » Au fond, venir juste pour voir ce que cela donnait n'était pas très sérieux vis à vis des gens qui étaient ici et qui, peut-être prenait cela très au sérieux. Il ne savait pas si c'était le cas d'Alexis mais une chose était certaine, c'était qu'elle n'était pas du tout à l'aise avec la situation. « Je ne mords pas promis. C'est votre première fois? » Il avait toujours eut le contact facile et préférait la mettre à l'aise tout de suite. Surtout que pour lui speed dating se résumait à de vieux pervers qui n'avait aucune autre solution pour trouver l'amour. Ce n'était pas vraiment son cas...

Elle n'aurait su dire si c'était parce qu'il dégageait quelque chose de rassurant ou s'il avait un pouvoir surnaturel quelconque, mais parler avec cet homme calma légèrement sa timidité. Le contact de sa main fit prendre une teinte rosée à ses joues et elle ne se sentit pas trop à l'aise de le toucher plus longtemps. La jeune femme reprit sa main et l'écouta plutôt se présenter à son tour. Merwan... ce devait être un prénom assez rare puisqu'elle ne l'avait jamais entendu jusqu'ici, contrairement au sien qui était très commun. « Vous n'êtes pas Américain, je me trompe? » demanda-t-elle avant de réaliser que c'était tout à fait impoli de poser une telle question à un inconnu. Enfin, si elle avait osé demander ça à un inconnu à la table de son père, il ne lui aurait jamais pardonné. Mais elle était en Amérique, maintenant, et il ne s'offusquerait probablement pas. « Encore heureuse que vous ne mordiez pas... euhm... oui, c'est la première fois que je participe à ce genre de... soirée. Ça doit être assez évident, non? » rigola-t-elle en lui adressant un mince sourire. Habituellement, sa timidité la rendait charmante aux yeux des gens qu'elle rencontrait. Mais ce n'était peut-être pas le cas de tout le monde. « Il semblerait que ce soit le seul moyen que mes amies aient trouvé pour me forcer à parler à des hommes. Pourquoi êtes-vous ici? » l'interrogea-t-elle finalement. Merwan semblait être un homme assez confiant et sociable, il n'avait sans aucune doute pas besoin de faire du Speed Dating pour aborder des femmes.

« Irlandais mais le prénom est plutôt français » Il n'avait d'ailleurs jamais su pourquoi ses parents, irlandais de pure souches, lui avait donné un nom breton mais il n'allait pas s'en plaindre. On le l'avait jamais confondu avec une autre personne en classe, ni même dans sa carrière. « Hum, disons que vous n'avez pas l'air très sure de vous mais vous ne deviez pas douter de vos charmes... » Et bien oui, il pouvait profiter de ses questions pour la complimenter, surtout qu'il était tout à fait sincère. « Si vous n'en avez pas envie, personne ne devrait vous y forcez... » En même temps il ne comprendrait jamais les filles, leurs manières de faire et de toujours agir en bande. Si par malheur elles agissaient seule, elles se retrouvaient accrochées au téléphone la seconde d'après pour partager le tout avec leurs amies. « Sincèrement? J'étais supposé travailler et l'horaire à changer. Je voulais voir à quoi ça ressemblait ce genre de soirée. J'avoue que je pensais n'y trouver que quelques pervers de la quarantaine qui n'ont que ça... Je suis surpris. Agréablement. » A la base, aussi pitoyable que ce soit, il pensait plutôt s'amuser à imaginer la pauvre vie d'un tel ou d'un tel, peut-être s'amuser un peu à de faux rencards avec des personnes qui étaient en âge de l'avoir mis au monde. Mais pas de tombe sur une aussi jolies jeunes femmes et à y regarder, plusieurs jeunes étaient en fait là. « Ça vous dérange si on se tutoie? Que ce soit un peu moins.... formel? » Le vouvoiement c'était bon pour un entretient d'embauche, pour ses patients mais avec des personnes de son âge, il aimait autant être tutoyé et inversement.

« L'Irlande! Ça l'air d'un pays vraiment magnifique. » s'extasia Alexis en songeant à toutes les photos des merveilleux paysages qu'elle avait déjà vues dans des bouquins. Si elle n'avait pas été coincée à New-York, la jeune femme aurait sans doute passé son temps à voyager avec son fils. « Il est vrai que je ne suis pas très douée pour aborder les gens. » confia-t-elle en laissant échapper un petit rire cristallin. Puis lorsqu'il la complimenta, elle rougit. « Je... merci! Oui, je sais bien que je n'étais pas forcée de venir, je crois que c'est surtout la curiosité qui m'a amené jusqu'ici. » Elle l'écouta ensuite expliquer les raisons de sa venue, légèrement penchée vers l'avant. Merwan parlait avec assurance et n'hésitait pas à glisser quelques allusions sur le fait qu'il ne regrettait pas d'avoir choisi cette table. Ce qui surpris beaucoup la jeune femme qui n'était pas habituée de recevoir ce genre d'attention. Quoi que c'était normal puisqu'elle ne sortait pas beaucoup. « On avait à peu près le même genre de préjugés à propos de cet endroit, à ce que je vois. Mais du coup, je suis plutôt contente d'être venue. » Il était rare qu'elle rencontre des hommes, et dans le quartier où elle habitait ils n'étaient pas aussi distingués et... poli que celui qui était assis à sa table. Lorsqu'il parla de tutoiement, Alexis ne répondit pas à sa question, mais essaya plutôt de trouver un sujet de conversation pour qu'il ne s'enfuit pas après deux minutes. « Vous... euhm... tu parlais de travail tout à l'heure. Tu es dans quel domaine? » Alexis ignorait complètement qu'est-ce qu'il fallait dire ou faire lors d'un Speed dating, alors autant apprendre un peu à le connaître.

« Beaucoup moins pollué que New York, et ses paysages sont fantastiques... » Un air presque rêveur au visage, on pouvait dire que sa terre natale lui manquait bien souvent et pourtant, il ne tenait pas à y remettre les pieds. Il était partit il y a 7 ans et n'était toujours pas prêt à y retourner, ce moment ne viendrait surement plus jamais. « Et toi, tu viens d'ou? » Contrairement à Alexis, Merwan n'avait aucun mal à la tutoyer, même s'il ne voulait pas y aller trop vite et qu'elle pense qui prenait ses aises après quelques secondes. Mais bon, entre "jeunes" c'était mine de rien beaucoup mieux. « Je suppose qu'au final on est pas mal à être ici par simple curiosité. » Vu le nombres de jeunes gens, tous aussi charmants l'un que l'autre, Merwan doutait qu'ils soient tous là pour trouver désespérément l'amour. Il reportait à nouveau son attention sur Alexis, faisant abstraction des tables qui les entouraient à présent. « Je suis chirurgien. En chirurgie générale pour l'instant mais je me dirige de plus en plus vers la chirurgie plastique. Et toi ? » Plastique mais pas pour permettre à toutes les barbies qu'il croisait de devenir des Pamela Anderson. Lui, il aimait la chirurgie plastique pour rendre un visage à quelqu'un après une grosse brûlure, pour les choses importantes en fait. Il lui arrivait parfois de mentir sur son métier, à se faire passer pour un barman ou autre parce que plusieurs femmes lui avaient déjà tourner autour juste parce qu'être chirurgien était soit disant égal à riche et sexy. Sans se plaindre, il n'avait pas le salaire de Brad Pitt non plus.

« Oui, ça doit être un endroit génial à découvrir. » avoua-t-elle sincèrement en souriant lorsqu'elle remarqua que l'homme semblait soudainement perdu dans ses pensées. Peut-être que comme elle, il s'ennuyait de son pays natal, mais n'avait tout simplement pas le courage d'y retourner. Quoi que dans son cas, ce n'était pas seulement le courage qui lui manquait, mais également le budget. « Je viens des Philippines. Moins connu que beaucoup de pays d'Asie, mais il vaut vraiment la peine d'être visité. » Alexis replaça une mèche rebelle et planta ses yeux dans ceux de Merwan. C'était la première fois qu'elle soutenait son regard sans se mettre à rougir. Ce qui signifiait que la conversation se déroulait beaucoup mieux qu'elle l'avait cru au départ. « Disons que ce sera une expérience de plus à cocher de notre liste. » rigola-t-elle. La jeune femme jeta un coup d'oeil aux tables voisines et elle se rangea du côté de l'homme assis avec elle. Certains discutaient avec en train, un peu comme eux, sans vraiment flirter. D'autres présentaient de petits sourires coquins à leur partenaire et jouaient de leurs attributs. Cette vision mis Alexis très mal à l'aise, car c'était une coutume des Américains qu'elle ne saisissait pas très bien encore. Ce désir de plaire en utilisant le physique n'était pas quelque chose qui se faisait couramment chez-elle. Enfin, ce n'était pas non plus tout le monde à New-York qui le faisait. « La chirurgie plastique! C'est une branche assez inusitée, qu'est-ce qui t'attire dans ce métier? » Sa question ne se voulait pas offusquée, Alexis était simplement curieuse. C'était un monde qu'elle ne connaissait pas du tout, et jamais elle n'avait songé à recourir à la chirurgie. « Je suis coiffeuse, c'est mon rêve depuis que je suis toute petite. C'est surtout pour ça que je suis à New-York, parce qu'aux Philippines mes parents n'auraient jamais accepté que j'exerce un métier aussi... » Elle s'arrêta là, ne voulant pas insulter elle-même le métier qu'elle pratiquait et qu'elle adorait. C'était sa passion, et même si New-York lui menait souvent la vie dure, c'était toujours mieux que d'être prisonnière dans son pays natal. Et aux Philippines, elle n'aurait jamais pu avoir Yoonho. « Si ce n'est pas indiscret... pourquoi es-tu venu à New-York? »

« Si tu as un jour l'occasion d'y aller, n'hésite pas. » Office de promotion du tourisme de l'Irlande, bonjour. Il était tout de même fier de son pays, de ses racines et même si lui n'y retournerait peut-être jamais, ça ne l'empêchait pas d'encourager les autres à y aller. Quoi qu'un jour, il aurait peut-être l'envie de faire découvrir le pays à Anton, son fils, si Lyla le lui permettait, ce qui était compromis pour l'instant. « Ça doit aussi être un pays magnifique. » Pas super doué en géographie, Merwan n'avait pas d'image du pays qu'il lui venait à l'esprit mais il se renseignerait surement sur internet, juste parce qu'il aimait beaucoup en apprendre chaque jour. A la question d'Alexis, il eut un sourire qui laissait ses fossettes se dévoiler, pratiquement certain qu'elle voyait en la chirurgie plastique de faux seins et des liftings. C'était la première image que tout un chacun se faisait de cette branche, lui même en étudiant la médecine avait eut ce préjugé et s'était décidé il y a peu de temps, en constatant les miracles que cela pouvait faire. « Je ne suis pas chirurgien plastique pour bimbos qui veulent prendre une taille de poitrine en plus ou se faire un lifting, certains chirurgiens plastiques ne s'occupent que de ce genre de cas, ils sont spécialisés. Pour moi, c'est plus un centre de beauté que de la chirurgie... Je ne les juge pas, mais ça ne m'attire pas du tout. Ce que j'aime, c'est permettre à certaines personnes de retrouver un visage après un accident grave, une brûlure...» Il avait précisé qu'il ne les jugeait pas, bien que ce soit faux, parce qu'il ne connaissait pas Alexis et personne ne lui disait que la jeune femme assise en face de lui n'était pas attirée par ce genre de chirurgie, il préférait donc être prudent. Si elle y pensait, elle avait tord sur toute la ligne, il espérait que ça ne soit pas le cas. « Aussi...? Attirant? Le principal, ce n'est pas le prestige du métier, mais bien que tu fasses ce qui te plaises. Si c'était ton rêve, c'est parfait, non? » Oui, il allait arreter de se la jouer philosophe ou elle allait vraiment pensé qu'il jouait sur le prestige de son métier justement, hors il était généralement quelqu'un de très simple, il avait juste du mal à trouver le comportement idéal avec une inconnue. A sa question suivante, son visage se fermait pourtant complètement, serrant les mâchoires. La plupart de ses amis ne savaient même pas la raison de son arrivée et bien qu'il appréciait jusqu'ici Alexis, il ne parlait pas de sa soeur, jamais. Essayant de reprendre son air le plus naturel et surtout le plus souriant, il entreprit de lui répondre. « Disons que ça n'allait pas trop avec mes parents, j'avais besoin de changer d'air. Et toi, pourquoi New York, mis à part pour exerser ton métier? »