Je pouvais parfois me montrer naïve. Souvent, à vrai dire. Au point de croire que je venais de gagner un magnifique séjour ? Sans même avoir participé au moindre concours que ce soit ? Non, quand même pas. En recevant donc cette lettre, j’avais failli la jeter immédiatement. De toute façon, c’était des conneries, non ? J’avais malgré tout un léger doute. Et si c’était vrai ? Ce serait sacrément dommage de passer à côté de ça, non ? Surtout qu’il s’agissait d’un voyage à Paris… Paris ! J’avais eu l’occasion d’y passer quelques jours avec Vitaly… Et j’avais vraiment apprécié cette ville. Au point de brûler d’envie d’y retourner… Alors, si cette lettre me le permettait, pourquoi ne pas en profiter ? Et puis, je n’avais rien à perdre… Au pire, c’était du bidon et je retournais aussitôt à New York… Ainsi, après en avoir longuement discuté avec mes parents – et les avoir convaincu que c’était une belle récompense pour avoir brillamment réussi mon année d’études – il a été décidé que j’y allais. Je n’avais plus qu’à espérer que tout ça soit vrai… Cependant, tout semblait bien parti. Une fois à l’hôtel, une chambre à mon nom semblait bien avoir été réservée… Etrange. Enfin, tant mieux ! Je rejoins donc la chambre qui m’était destinée, songeant que l’hôtel était vraiment très luxueux et que ce séjour commençait plutôt bien ! J’entrais donc dans la chambre et sursautai aussitôt en y apercevant un homme. Je fis immédiatement un pas en arrière, prenant soin de garder la porte ouverte. Sait-on jamais… Qu’est-ce qui me disait que tout cela n’était pas un coup monté pour que je me retrouve en compagnie d’un fou furieux, psychopathe, prêt à abuser de moi ? « Heu… Bonjour ? » Bon, il n’avait pas l’air bien méchant… Mais, par prudence, je restais à proximité de la porte, prête à déguerpir si les choses tournaient mal. « J’ai du me tromper de chambre… Pourtant, c’est bien la 426 ? » demandais-je, réellement intriguée par cela.

J’avais finalement décidé de tenter le coup. Sait-on jamais, si c’était vrai… Et puis, dans le pire des cas, c’était l’occasion de passer quelques heures – voire une nuit, si je ne repartais pas tout de suite – sur Paris. Et si, durant quelques minutes, j’eus l’impression d’un rêve éveillé, je déchantais bien vite en découvrant un homme dans la chambre qui devait être la mienne. Et même si j’évoquais une erreur, je n’y croyais pas vraiment. Sinon, les clés de la chambre n’auraient pas pu m’ouvrir celle-ci… Et je n’étais pas folle. Je venais bien d’entrer dans la 426. « C'est la 426. Mais c'est ma chambre. » Si c’était bien SA chambre, pourquoi m’avait-on renvoyé vers celle-ci, en me disant que c’était la mienne ? Tout cela commençait à prendre une drôle de tournure et je n’aimais pas vraiment cela. « heu... bonjour ? » Je me tournais et observais en fronçant les sourcils la jeune femme qui venait de nous rejoindre. Bon, vraiment, il y avait un problème. « C'est quoi ce bordel au juste ? C'était pas prévu que je doive me coltiner deux nanas dans cette chambre. » Mon regard passa de l’un à l’autre. Il y avait forcément une erreur, non ? Non… C’était bien sûr trop beau pour être vrai. Sauf que nous ne pouvions vraiment pas rester trois dans cette maudite chambre ! J’eus bien envie d’évoquer ce fameux concours, mais j’avais surtout peur de paraître ridicule. « Il doit y avoir une erreur… Faudrait retourner à l’accueil pour se renseigner… » proposais-je calmement, réfléchissant à ce que j’allais bien pouvoir faire si cette chambre ne m’était pas destinée. L’hôtel était bien trop luxueux pour que je puisse me payer une chambre au sein de ce dernier. Il faudrait donc que j’aille ailleurs, en espérant qu’il resterait de la place dans les hôtels à proximité… Enfin, nous n’y étions pas encore. Peut-être que la chance allait enfin venir…

« Euh .. Ok.. » J’adressais à la jeune femme une moue désolée, bien que je ne sois pour rien responsable de tout cela… Elle paraissait tout aussi perdue que moi. Je mentionnais ensuite une probable erreur, suggérant de retourner à l’accueil pour régler cela. Et le regard que m’adressa aussitôt l’homme, plutôt agacé, ne me plu pas vraiment… Mais soit. Ce n’était pas le moment de faire un scandale… Surtout qu’il ne semble pas commode. « Effectivement, doit y avoir une erreur dans les réservations. Pourtant l’accueil n’a pas tilté quand je suis arrivée » C’était bizarre quand même… Ou alors, ils étaient sacrément stupides pour diriger trois personnes vers la même chambre à peu d’intervalle ! Ou alors, c’était nous les stupides… « Trois crétins qui s'imaginent avoir remporté un séjour parisien, tout gratuitement et sans avoir fait quoi que ce soit. » Je soupirais légèrement en hochant la tête. Oui, franchement, quelle connerie ! Comme si un tel séjour pouvait tomber du ciel, sans que nous n’ayons rien fait pour ! « C’était stupide… » répondis-je, le regard dans le vide. Merde… Si nous étions vraiment tous trois censés rester dans cette chambre, cela n’allait pas être possible ! Certes, elle semblait suffisamment grande mais… cohabiter, quelques jours, avec deux parfaits inconnus ? Bof. « On y va ? Que tout ça soit réglé au plus vite… » lançais-je en posant le regard sur la jeune femme, puis rapidement sur le type. Il valait mieux qu’on y aille ensemble, si jamais on nous laissait la possibilité d’avoir d’autres chambres, ou s’il fallait faire des vérifications d’identité, etc. Et puis, plus vite c’était fait, mieux c’était ! Si je devais envisager de repartir ou de prendre une autre chambre, il était préférable que je m’y prenne dans les temps.

Tout cela n'avait ni queue ni tête ! Et je ne voyais vraiment pas comment j'avais pu être aussi stupide pour croire que j'avais gagné à un jeu... auquel je n'avais jamais participé ! C'était absurde et pourtant, j'étais là. Dans ce foutu hôtel parisien, avec deux inconnus qui eux aussi, étaient censés avoir gagné. Mais soit. Nous n'allions pas rester planté là. « C’était bien trop beau pour être vrai, mais maintenant qu’on est là, on devrait aller voir l’accueil pour trouver une solution au lieu de gamberger ici, non? » Nous n'avions pas vraiment d'autres choix, de toute façon... J'acquiesçai doucement en suivant la jeune femme hors de la chambre en attrapant mon portable avant de me mettre à pianoter. Il fallait bien que je prévienne ma famille que les choses ne se passaient finalement pas comme prévu. « Très bien, allons-y ! » Une fois tous les trois dehors, je les suivi dans les couloirs de l'hôtel, tout en me demandant comment tout cela allait se terminer. Parce que, au final, si nous n'avions pas de chambre, nous devrions en louer. Et, n'ayant pas beaucoup d'argent, j'espérais bien qu'il en restait encore quelques unes abordables. Quoi que, vu l'hôtel, ce n'était même pas certain que les moins chères me soient accessibles. Et dans ce cas là, je serai mal. Très mal. Bonne à dormir dans la rue à vrai dire... Enfin, n'y pensons pas ! Peut-être qu'il y aurait une solution... Mouais. Une fois dans le hall de l'hôtel, je ne pu retenir une légère moue en voyant le monde qui faisait la queue devant le bureau d'accueil. Visiblement, nous n'étions pas seuls. Et comme si notre situation n'était pas déjà assez désagréable, il semblait que nous ayons encore de longues minutes d'attente avant d'avoir enfin quelqu'un à qui exposer notre problème.

Je ne pu retenir un vague soupir et une légère moue, en arrivant dans le hall de l’hôtel, lorsque je constatais que nous étions assez nombreux a attendre pour des requêtes. Décidemment, ce n’était pas notre jour de chance ! A croire que tout cela était fait exprès, juste pour nous faire péter les plombs… Ou que quelqu’un s’amusait de nous. Si je n’avais pas été inquiète à l’idée de n’avoir aucun endroit où dormir, j’aurais très certainement entreprit de chercher la caméra cachée. Car oui, il devait bien y en avoir une, non ? Cela expliquerait toute cette pagaille ! "À croire que l'on est tous dans la merde...." J’acquiesçai vaguement, cherchant du regard un employé prêt à nous venir en aide. Mais peu étaient actuellement présents et tous semblaient déjà occupés. "Sans doute qu'on a tous eut droit à la même super plaisanterie ..." Et quelle plaisanterie ! Mon regard se porta sur des clients qui semblaient avoir eu les renseignements qu’ils désiraient, et s’apprêtaient donc à partir. Parfait, cela signifiait que quelqu’un allait enfin pouvoir s’occuper de nous ! « A qui le tour ? » demanda l’un des réceptionnistes. Je jetai un rapide coup d’œil autour de nous. Il y avait bien une autre famille, ne parlant à priori pas un mot de français et semblant totalement perdue. Sans leur laisser le temps de rejoindre le réceptionniste, je m’avançais rapidement vers lui, ne cherchant pas à savoir qui était là avant. « C’est à nous. En fait, il semblerait que nous ayons un petit problème avec notre chambre… » annonçais-je en me retournant afin de vérifier que les deux autres « gagnants » étaient bien là et afin de les laisser tout expliquer. C’était sans doute préférable que ce soit l’un d’entre eux qui prenne les choses en main… Après tout, j’étais la plus jeune, tout juste majeure, et je craignais de ne pas être prise au sérieux par le personnel de l’hôtel.

J’espérais désormais que les choses allaient enfin s’arranger. Mais j’avais l’impression que c’était perdu d’avance ! Après tout, il y avait peu de chance que l’hôtel admette que l’erreur venait d’eux. Enfin, si toutefois, c’était le cas. La véritable erreur était surtout d’avoir cru que l’on avait réellement gagné ce foutu concours. Franchement…  Et quand bien même ce serait le cas, il était peu probable qu’ils puissent nous trouver d’autres chambres à une heure si tardive, non ? « Effectivement, il semble qu’il y ait eu une erreur de distribution des chambres puisque l’on est trois à être dans la même chambre alors que c’est censé être une chambre individuelle. » J’acquiesçais aux propos de la jeune femme tout en observant l’employée qui s’occupait de nous. J’espérais voir sur son visage une expression, quelque chose qui nous laisserait comprendre qu’il s’agissait d’une simple erreur et que tout allait s’arranger d’ici peu. « Vous êtes bien Mesdemoiselles Livingston et O'Leary et Monsieur Hemingway, non ? Si c'est le cas, l'erreur ne vient pas de nous. Vos trois noms sont notés pour cette chambre. » Je soupirais, redoutant dès le départ cette réponse. Et le pire était sans doute l’air hautain avec lequel elle nous répondait… Non mais elle se prenait pour qui celle-là ?! « Peu importe qui a fait quoi. Il nous faut deux chambres de plus. » Ca, au moins, c’était clair. Et surtout, c’était vrai. Il nous fallait vraiment deux chambres de plus.  « Malheureusement, aucune n'est libre. » Je fermais les yeux en soupirant, cherchant immédiatement une autre solution. Il devait bien il y en avoir une, non ? « C’est pas vrai… » soupirais-je doucement. Bon, nous n’avions pas trop d’autres choix. Soit, nous envisagions de trouver un autre hotel pour les deux chambres manquantes… Soit nous partagions la seule que nous avions. « Est-ce qu’il y a d’autres hotels, dans le coin, susceptibles d’avoir encore des chambres de libre ? » demandais-je en redoutant déjà la réponse.