Qu’est-ce que je faisais ici ? Je n’arrivais pas à croire que je venais de nous nouveau de craquer. Même si je n’avais encore rien acheté pour le moment, je savais que je finirais par le faire et que ce ne serait pas une petite somme que je dépenserais, mais plutôt plusieurs centaines de milliers de dollars. J’essayais de déculpabiliser. Après tout, c’était les soldes non ? Qui pouvait ne pas en profiter ? Je pourrais acheter le double de d’habitude, avec le même budget. Puis je secouais la tête, tout en faisant une petite grimace, en me rappelant qu’à chaque soldes c’était la même chose, je n’achetais que la nouvelle collection, et les articles soldés ne finissaient jamais dans mon panier. Je sentis mon téléphone vibrer, m’indiquant que j’avais reçu un sms. Je le pris lentement dans mes mains pour voir de qui il était. Xander ! Un immense sourire éclaira mon visage, tandis que je lisais son sms, avant de lui répondre. Je sortais avec Xander depuis un peu plus d’un mois maintenant, et autant dire que je me sentais très bien avec lui. Bon, nous ne pouvions pas nous voir autant que nous le souhaitions, ayant tous deux un emploi du temps assez chargé. Entre mes cours de cuisine et mon association, je ne savais plus vraiment où donner de la tête, et rares devenaient les instants comme aujourd’hui, où je pouvais faire les boutiques. Quand les avais-je faites pour la dernière fois d’ailleurs ? Il y a environ un mois, peu de temps après que Xander et moi commencions à sortir ensemble – oui, ces achats avaient principalement été de la lingerie fine, je ne le cache pas. « Hey ! Monsieur vous avez la braguette ouverte ! Vous allez attraper froid si vous ne la fermez pas ! » entendais-je un homme dire non loin de moi, me faisant sursauter. Puis je voyais un autre homme partir en courant. Qu’est-ce qui s’était passé ? « Regardez dans votre sac, il allait vous voler, mais je ne sais pas s’il a déjà volé ou pas… » marmonna le jeune homme. On avait tenté de me voler ? Je regardais dans mon sac. C’est bon, rien ne semblait manquer. Je soupirais doucement. « S’il manque quoi que ce soit, dite le moi je vais lui courir après et vous le chercher, je suis un bon sportif, ça ne me dérangera pas, il est juste dans la ruelle là-bas au fond. » reprenait-t-il aimablement. Je lui fis un petit sourire, avant de lui répondre. « C’est bon, rien ne manque. Je n’arrive pas à croire qu’on ait pu tenter de me voler ! Qu’est-ce que les gens ont dans leur tête ? Merci beaucoup pour votre intervention en tout cas. C’est rare de nos jours … »

« Il n’y a pas de quoi, mais vous savez, il ne vaut mieux pas le haïr… Il avait surement une raison… Peut-être une famille à nourrir, peut-être qu’il a des dettes, on ne sait jamais réellement pourquoi les gens font ça et on les juges tellement mal… » marmonna-t-il dans un petit sourire. Même si j’étais toujours un peu choquée que l’on ait pu me voler, je pensais la même chose que mon « sauveur ». Surtout que je côtoyais tous les jours des personnes dans le besoin. « Je le sais bien, et je ne le hais pas. Vous savez, j’ai créée une association justement pour les personnes dans le besoin, donc je sais bien qu’il a une raison de faire ce qu’il fait. Mais je ne pensais pas qu’on me le ferait. » répondais-je dans un petit sourire. C’était étrange, après tout, j’étais comme n’importe qui d’autre, donc pourquoi on ne tenterait pas me voler ? Peut-être était-ce justement parce que j’aidais ce type de personne, que je le prenais ainsi. Parce que je me rendais compte que j’avais beau tenter d’améliorer leur situation, ils devaient quand même en arriver à voler quelqu’un. « Vous faites les boutiques ? Faites quand même attention… Si vous voulez je peux vous escorter ! Je fais aussi les boutiques et je me sentirai vraiment mal, s’il vous arrivait quoi que ce soit… » me proposa-t-il, ce qui me fit lâcher un rire franc. « Ce serait avec plaisir ! » acceptais-je dans un grand sourire, avant de reprendre. « Surtout que je ne sais absolument pas me défendre, donc un garde du corps ne serait vraiment pas de refus ! » reprenais-je avant d’éclater de rire.   « Allez, je reste avec vous ! Et puis je pourrais vous conseiller pour les fringues ! Je suis genre un acheteur compulsif alors la mode, et tout ça me connait ! » souffla-t-il avant de m’agripper le bras. J’enroulais mon bras autour du sien, posant ma main sur son avant-bras. « i en plus vous me prenez par les sentiments ! Et je ferais de même pour vous alors ! Je suis moi aussi une très grande acheteuse, et je connais la mode sur le bout des doigts, donc je pourrais totalement vous conseiller pour vos propres achats ! »

« Quelle est cette association ? J’y ferai un don ! » me demanda-t-il après que j’aie parlé de mon association, me tirant un immense sourire par la même occasion. J’aimais énormément que des personnes s’intéressent à des associations d’aides aux autres. C’était rare dans notre société hypercapitaliste, où chacun pensait à soi-même bien avant de penser aux autres. « C’est l’association de la Cathédrale St John The Divine. » lui répondais-je dans un grand sourire, avant de reprendre. « Pas que je sois particulièrement religieuse ou du style, mais il fallait bien commencer quelque part ! » reprenais-je dans un rire franc. Et c’était la pure vérité, j’étais même contre les religions que je trouvais endoctrinantes. Bien sûr, le Pasteur Douglas n’était pas ainsi mais bon, il y avait des exceptions à tout comme on dit. Il me proposa ensuite de « m’escorter » pour mon shopping – ou notre plutôt, puisqu’il était bien parti pour en faire aussi ! je ne lui en laisserais pas le choix de toute façon ! – proposition que j’acceptais avec grand plaisir, ne sachant en plus absolument pas me défendre. « Je sais me battre en plus ! J’ai fait tellement de sport de combat. Vous êtes en sécurité avec moi ! » me dit-il dans un clin d’œil. « Merci ! Je suis bien trop pacifiste pour mon bien ! » répondais-je dans un rire. Et lorsqu’il me proposa de me conseiller sur mes achats, ce fût le summum de mon enthousiaste, et je lui renvoyais rapidement la proposition, étant moi-même passionnée de shopping, il me prenait vraiment par les sentiments. « Je suis content d’être tombé sur vous alors ! C’est rare que je croise une femme comme moi, pourtant les femmes ça aime le shopping, mais avec autant d’engouement ? Je n’en avais encore jamais vu ! » me dit-il dans un sourire amusé. « Le shopping, c’est une de mes plus grandes passions ! » répondais-je presque sautillante. « Ça vous dérange si on va là cinq minutes ? Je dois acheter un cadeau pour mon copain. » me demanda-t-il alors en se mordillant les lèvres. « Ça me dérange absolument pas. C’est pour quelque chose fêter quelque chose de particulier ? Son anniversaire ? » répondais-je dans un grand sourire. Quoi de mieux que du shopping pour faire plaisir à quelqu’un, sérieusement ? « Au fait, je m’appelle Xiaolu, et vous ? » se présenta-t-il. « Calliopée. Vraiment enchantée ! »

« Je prends note alors ! » me dit le jeune homme après que je lui ai annoncé où se trouvait mon association. Je n’étais pas vraiment religieuse. J’étais même plutôt contre les religions, et surtout contre les contradictions que les religions faisaient. Mais déjà, lorsqu’il s’agissait d’aider les autres, elles étaient généralement mieux placées. Et puis, le pasteur Douglas avait été là pour moi dès que je m’étais retrouvée à New York. Sans lui, je ne sais pas comment je m’en serais sortie. Donc bon, si lui était un saint, je ne vois pas pourquoi mon association serait entre de mauvaises mains. « Je suis pacifiste aussi, mais j’aime beaucoup le sport, alors… » m’informa-t-il à propos des sports de combats. «  Ah non, pas moi ! » commençais-je dans un grand rire, avant de reprendre. « Je suis tellement mieux devant mon canapé. » continuais-je sans perdre mon rire. Puis nous parlâmes de notre passion commune : le shopping. Pour moi, c’était plus qu’une passion en fait. C’était carrément une addiction. Dès que je m’approchais d’une boutique de vêtements, je ne pouvais pas m’empêcher de dépenser, même si je culpabilisais ensuite. « Ça tombe bien que l’on se soit rencontrés alors ! Surement le destin. » souffla-t-il alors, me tirant un grand sourire. « Oui, ça tombe vraiment bien !  » m’exclamais-je dans un sourire. Il me demanda alors si cela me dérangeait qu’on passe par une boutique pour qu’il puisse acheter quelque chose à un ami. Je lui demandais alors si c’était pour son anniversaire ou du style. « Du tout, c’est juste pour faire plaisir, j’aime bien lui faire des cadeaux, toujours. » S’il y avait une chose que j’aimais encore plus que le shopping – à part la cuisine – c’était bien de faire plaisir aux autres, donc cela m’enchantait. «  Alors allons-y ! » m’enthousiasmais-je. Nous échangeâmes alors nos prénoms, avant de rentrer dans la boutique en question. « Joli prénom. » « Merci ! » le remerciais-je dans un sourire. Il commença alors à regarder les vêtements proposés par la marque. « Vous croyez que si je lui achète l’ensemble il ne va pas me faire un scandale que ça soit  super cher ? Il est… Pauvre… J’ai peur qu’il le prenne mal… » Je me mordis doucement la lèvre inférieure, tentant de réfléchir. « Je ne pense pas que le prix soit un problème. Enfin je ne sais pas, mais l’important c’est l’intention non ? »

Ma rencontre avec Xiaolu avait vraiment été une très bonne surprise. Je n’aurais jamais cru rencontrer quelqu’un, comme ça, juste dans la rue. Les New Yorkais étaient tellement … centrés sur eux-mêmes. Enfin, ce n’était pas bien différent des Français en même temps. Mais je ne comprenais pas, c’était tellement mieux de parler avec des inconnus, d’apprendre à les connaître, de lier des liens juste comme ça, par hasard. « Telle une femme. Je peux comprendre. » se moqua le jeune homme après que je lui ai avoué largement préférer rester dans mon canapé, devant la télévision, plutôt que de faire du sport. « C’est quoi ce cliché machiste ? Je connais des femmes très sportives ! » m’exclamais-je de façon outrée, la main sur la poitrine, avant d’éclater de rire. Bon, en effet, je connaissais bien des femmes très sportives, mais il était vrai qu’elles étaient rares. Je ne me formalisais donc pas vraiment. « Le destin parfois, fait les choses très bien. » dit alors le jeune homme. Je lui rendis un grand sourire, avant de lui répondre. « Oui. Le destin a du bon des fois. » répondais-je dans un grand sourire. Puis nous entrâmes dans une boutique pour qu’il puisse acheter un ensemble à son ami. « Ça va ensemble ? Je pense prendre ça… Rah, on dirait que j’achète une maison ou je ne sais pas quoi tellement je ne veux pas me rater… » commença-t-il à marmonner dans sa barbe inexistante. « Oui, ça va très bien ensemble ! Je suis sûre qu’il aimera ! » affirmais-je dans un grand sourire. Et il osait faire des commentaires tout droits sortis de clichés sur les femmes, alors qu’il agissait comme telle devant des vêtements ! « Je suis pire qu’une femme, avoue tu es en train de te dire ça… » annonça-t-il dans un rire. Rire que je lui rendais.« Moi ? Non … » commençais-je en prenant mon air le plus innocent, avant de reprendre dans un rire. « Oui, en effet, c’était ce que je pensais. »

« Humm, j’admets qu’il y a des femmes sportive sur terre oui, je l’admets. » dit-il après que j’ai traité son affirmation de machiste. Après tout, les femmes sportives devaient bien exister ! Ce n’était pas parce que je n’en connaissais pas personnellement qu’elles n’existaient pas. Bon, je lui avais dit que j’en connaissais, mais à la télévision quoi … Il y avait des femmes qui étaient sportives professionnelles et faisaient toute sorte de sport comme le basket ou bien encore du football. Elles étaient donc sportives ! « Tu ne regardes pas assez la télévision. » affirmais-je en hochant doucement la tête. J’étais personnellement le vraie cliché de la femme j’imagine. Adorant le shopping, n’aimant pas le sport, … Quoique non, j’aime la cuisine et la vraie cuisine ! Pas de salade pour moi, non merci ! En ça, je différais donc d’une bonne partie des filles, qui étaient obsédée par leur poids et par le régime. Mais bon, c’était notre société portée sur le culte de la performance qui voulait ça, et je ne pourrais malheureusement rien y changer. « Je confirme oui. » dit-il à propos du destin. Nous trouvâmes enfin une tenue parfaite pour l’ami de Xiolu. Bon, peut-être qu’en effet, c’était un peu cher, surtout si le jeune ami en question n’avait que peu de moyens. Mais c’était l’intention qui comptait non ? Je ne voyais pas pourquoi on mettait cette « intention » en premier plan lorsque le cadeau ne coutait pas cher, et qu’on ne pouvait pas le faire lorsqu’il était cher. « Tu as bien raison de toute façon, je suis réellement pire qu’une femme. » dit-il à la caisse, pendant que la vendeuse emballait ses achats. Je lâchais un rire pour seule réponse. Nous sortîmes enfin du magasin pour regagner le froid hivernal de la grande pomme. « Tu veux aller où ? » me demanda-t-il. Je soufflais sur mes mains pour les réchauffer, avant de répondre. « Barneys ? » proposais-je dans un grand sourire.

« Tu marques un point. C’est juste un attrape poussière en plus dans ma chambre, je suppose. » m’informa-t-il, me faisant lâcher un grand rire franc. J’aimais beaucoup la télévision. Attention, pas les émissions de télé réalité sans aucun intérêt qui étaient diffusées, mais les émissions culturelles, politiques, les informations, … et même le sport à la télévision aussi, rendaient la télévision assez addictive. Enfin, pas autant que le shopping ou la cuisine, c’est certain, mais passer une soirée devant la télévision signifiait souvent passer une bonne soirée. « Il y a tellement de choses diffusées à la télévision pourtant ! Il faut que tu la regardes un peu plus, il y en a vraiment pour tous les goûts. » rétorquais-je dans un grand sourire, avant de quitter le magasin. Cela allait être à mon tour de faire mon shopping, avec un « assistant personnel » en plus. Bon, certaines personnes – dont mon frère jumeau d’ailleurs – me traiteraient de folle si elles me voyaient. Après tout, j’avais rencontré Xiaolu même pas une heure auparavant, et pourtant, nous étions presque inséparables maintenant. Mais j’étais ainsi. Je n’avais pas envie de me poser de questions sur l’honnêteté des gens, étant bien trop souvent déçue par les réponses. Donc profiter de l’instant présent était bien plus à mon goût. Surtout lorsque l’instant présent nous amenait à … BARNEY’S ! « Barneys ? Allons conquérir Barneys alors ! » Comment dire … Barney’s, c’était tout simplement mon magasin de vêtements préféré. J’y allais plus particulièrement pendant les soldes – moins 50% quand même ! – pouvant ainsi acheter deux fois plus de vêtements avec le même budget. Mais il m’arrivait tout de même assez fréquemment de briser ma règle, et d’y aller hors soldes. J’étais trop faible, c’est tout. Pour seule réponse, je sautillais d’impatience, avant de rentrer dans le magasin, rapidement accueillie par ma vendeuse préférée – et c’était apparemment réciproque, puisque c’était toujours elle qui s’occupait de moi. « Tu as une idée de ce que tu veux ? » me demanda mon accompagnant. « Absolument pas. Généralement, je flâne un peu dans les rayons, et prends tout ce qui me plaît. »