Pablo n’était pas spécialement rassuré à l’idée de revoir sa fille, mais il s’était tout de même fait une priorité d’accompagner Bonnie dans cette aventure. Au fond, il savait qu’elle avait besoin de lui, et que lui seul pourrait prétendre la soutenir quand les choses le nécessiteraient. Ils étaient tous les deux les parents biologiques de cet enfant, et le fait qu’ils viennent lui rendre visite ensemble paraissait donc on ne peut plus logique. Quelques semaines s’étaient passées depuis qu’on avait retiré son fauteuil roulant au latino, et il n’avait pas cessé de progresser. Désormais, et même s’il ne pouvait pas marcher trop longtemps, Pablo se déplaçait sans béquilles. Certes il boitait encore un peu, mais aucun autre détail ne pouvait maintenant attester de son terrible accident. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il était parvenu à faire mentir les médecins, grâce à l’aide et au soutien sans faille de ses proches. Mais même si cet accident avait entièrement occupé ses pensées durant ces derniers mois, le jeune homme songeait à présent à tout autre chose. Désormais il n’y avait plus que sa fille, et le fait qu’il faisait route aux cotés de Bonnie pour aller la retrouver sans savoir s’il s’agissait là d’une bonne idée ou du début d’une énième épreuve des plus douloureuses à surmonter.

Bonnie et Pablo avaient donc fait route vers le New-Jersey, et avaient décidé de prendre une chambre d’hôtel pour y attendre une heure plus décente pour se rendre dans la maison qui abritait leur fille. Ils passeraient donc la nuit à l’hôtel, mais Pablo savait d’ores et déjà que cette dernière serait courte. Ou terriblement longue, tout dépendait du point de vue. Il savait qu’il lui serait extrêmement difficile de trouver le sommeil  et que, tout comme ce fut le cas ces derniers jours, l’image de leur enfant allait le hanter jusqu’à ce qu’il tombe littéralement de fatigue. Bonnie entra la première dans la chambre qu’elle avait elle-même réservée, mais très vite un détail sembla retenir son attention. Et en avançant un peu dans la pièce, Pablo comprit instantanément de quoi il s’agissait. Un seul et même lit trônait en face d’eux, et cela n’était franchement pas prévu au programme. « Je vais aller demander à ce qu’ils nous donnent une autre chambre. Enfin… si tu veux ? » proposa alors la jeune femme en devinant que la situation deviendrait un brin étrange s’ils en venaient à partager de nouveau le même lit. « Euh oui je… c’est rien mais, je vais aller demander à la réception, il doit y avoir une erreur ! Attends-moi là, je reviens. » Sans laisser le temps à Bonnie de réagir, il tourna les talons et se dirigea vers la réception pour éclaircir cette affaire.

Quelques minutes plus tard, Pablo refit son apparition à hauteur de la chambre qui leur avait été proposée en affichant une petite grimace. « Bon… effectivement il y a eu une erreur dans les réservation mais… toutes les chambres sont occupées, ils ne peuvent rien nous proposer d’autre… Je… on va devoir faire avec ! Mais euh, ça va aller n’est-ce pas ? C’est juste pour une nuit… » déclara Pablo en faisant comme si tout allait bien, comme si ce détail ne le tracassait pas el moins du monde alors qu’il se passait précisément l’inverse dans son esprit.

Pablo était pour le moins perturbé par la tournure que prenaient les évènements mais comme toujours, il allait devoir s’en accommoder. Avait-il vraiment le choix d’ailleurs ? Après tout, ce n’était pas la mort ! Il connaissait Bonnie depuis des années, et ils étaient là pour la bonne cause. Alors il allait mettre cette espèce de pudeur de côté, et faire comme si tout cela ne l’atteignait pas, comme si tout était normal. Ce n’était pas la première fois qu’ils allaient partager le même lit, loin de là, et même s’ils l’avaient toujours fait dans des circonstances bien différentes, Pablo devait être capable de supporter cette proximité une fois de plus. Bonnie, elle aussi semblait quelque peu perturbée par l’annonce qu’il venait de lui faire et pourtant, elle tentait de le cacher par tous les moyens. Mais le latino la connaissait par cœur et quelque part, même si c’était stupide, le fait qu’elle soit aussi mal à l’aise que lui le rassura. « Oui… oui, ça va aller. » conclut-il en acquiesçant d’un air faussement assuré.

« Je vais aller prendre une douche et après on peut aller manger ? » reprit alors la jeune femme en ouvrant sa valise, avant de préciser qu’ils pouvaient aussi commander un repas qu’on leur livrerait directement dans leur chambre. A vrai dire, le jeune homme avait la gorge tellement nouée qu’il n’avait aucune envie d’avaler quoi que ce soit. Mais par fierté, ou pour paraître bien plus fort qu’il ne l’était en réalité, il acquiesça en déclarant : « On va plutôt se faire monter quelque chose… Tu peux aller te doucher, je m’occupe de tout. » Bonnie n’avait aucune crainte à avoir sur ce point-là puisque le latino connaissait parfaitement ses goûts. Affichant un petit sourire, il l’incita donc à entrer dans la salle de bain alors que lui-même se saisissait du téléphone et du prospectus présentant les services offerts par l’hôtel. Après avoir fait son choix, Pablo se laissa tomber à la renverse sur le lit en poussant un interminable soupir qui traduisait à la fois toute son impatience et la peur qui le tiraillait depuis qu’il était arrivé en ville. Remarquant finalement que la chambre disposait d’un petit balcon, il se redressa et fila ouvrir la porte fenêtre pour prendre un peu d’air, ce qui lui ferait certainement le plus grand bien. Le latino s’accouda à la balustrade, laissant son regard divaguer sur les reflets de la piscine en contrebas. Autour de lui, le silence était quasi-total et l’atmosphère des plus oppressantes, si bien qu’il n’avait absolument aucun moyen de se changer les idées. Sa fille peuplait ses pensées encore et toujours, et ce même s’il était incapable d’imaginer à quoi pouvait bien ressembler cette enfant et la vie que Bonnie et lui lui avaient imposée en l’abandonnant à la naissance. Une nouvelle fois, sa gorge se noua et son cœur s’emballa, si bien qu’il ne remarqua même pas que Bonnie avait refait son apparition dans la chambre.

Don’t forget where you belong

Bonnie & Pablo

Pablo était au plus mal mais il devait s’efforcer de sauver les apparences. Pour lui comme pour Bonnie il devait se montrer fort, et faire comme si rien de tout cela ne l’atteignait. Mais sous les airs de gros dur qu’il cherchait parfois à se donner, le latino restait quelqu’un de relativement fragile. Pas tout à fait remis de son accident et de tout ce qui s’en était suivi ces derniers mois, Pablo en était d’autant plus affecté. Il profita alors de l’absence de Bonnie pour filer sur le balcon de leur chambre et prendre un peu l’air, dans l’espoir d’y trouver le courage nécessaire pour patienter jusqu’au lendemain, jusqu’à cette « rencontre » qu’il redoutait tant. Mais la jeune femme ne tarda pas à le rejoindre une fois sortie de la douche, et vint s’accouder au balcon tout près de lui en demandant : « Tout va bien ? » Bien évidemment, le jeune homme acquiesça d’un air incertain et offrit à Bonnie un petit sourire qui se voulait rassurant : « Ca va  oui… » accorda-t-il d’un ton qui ne laissait aucun doute quant à l’état d’esprit dans lequel il se trouvait. D’ailleurs, Bonnie sembla comprendre précisément ce qu’il ressentait puisqu’elle reprit : « J’ai cru que tu étais parti » Alors qu’elle retournait la tête vers la ville environnante, Pablo tenta de la rassurer une nouvelle fois en affirmant : « Une promesse est une promesse… Je ne partirai pas. »

L’ambiance était toujours aussi pesante et le latino fut presque reconnaissant à Bonnie d’oser relancer la conversation en lui demandant ce qu’il avait choisi pour leur repas. Cette fois, un petit sourire prit place sur le visage du jeune homme. Connaissant parfaitement les goûts de Bonnie, il avait passé leur commande en conséquence même si lui-même n’avait aucune envie de se mettre à table. « Je te laisse la surprise… mais je suis sûr que ça te plaira ! » Comme si la jeune femme l’avait senti, la sonnette de leur chambre se mit à retentir et le latino fila vers la porte pour réceptionner leur repas. Après avoir remercié l’employé, il attrapa les deux sachets en papier et referma la porte pour aller retrouver Bonnie et lui tendre un des deux plats. « Tiens… Bon appétit…»

Pendant toute la durée du repas, Pablo s’efforça d’éviter les silences trop longs en parlant de tout et de rien, et en évinçant par tous les moyens les sujets qui pourraient les ramener à leur fille.  Tant bien que mal, il réussit à engloutir quelques bouchées de son plat mais en laissa tout de même la moitié dans son assiette, incapable de la terminer tant l’appétit lui manquait. Pablo débarrassa rapidement la petite table sur laquelle ils avaient mangé, puis se retourna vers Bonnie d’un air un peu hésitant. « Bon… tu… tu veux qu’on aille dormir ? Enfin… essayer… » corrigea-t-il, bien conscient que ce ne serait pas une tâche aisée.

Don’t forget where you belong

Bonnie & Pablo

En proposant à Bonnie d’aller dormir, le latino espérer pouvoir trouver un peu de repos, même s’il savait au fond qu’il ne fermerait probablement pas l’œil de la nuit. Il n’avait déjà pas beaucoup dormi la veille, bien trop tracassé par leur petite virée et le projet qu’ils avaient de revoir leur fille. Alors Pablo se disait que le simple fait de s’étaler sur un lit ne pourrait que lui faire du bien.  Seulement voilà, il y avait Bonnie et cette satanée réception d’hôtel qui avait fait erreur dans leur réservation. Ce ne serait pas la première fois que la jeune femme partagerait son lit et pourtant, Pablo était loin d’être à l’aise avec cette situation. Mais qu’importe, il devait bien s’en accommoder ! Et puis ce n’était pas si terrible après tout. Il la connaissait par cœur, il savait qu’il en était de même dans l’autre sens, alors pourquoi faire une montagne de cette simple nuit qu’ils allaient passer côte à côte ? Tant bien que mal, le latino tenta d’oublier toutes ses réserves et fila prendre une douche avant de s’installer dans le lit et de souhaiter une bonne nuit à son amie.

Immobile sous la couette, le jeune pilote n’osait pas esquisser le moindre mouvement. C’était à peine s’il osait respirer tant il ne se sentait pas à sa place. Son esprit tout entier était occupé par l’image de sa fille, la première et la dernière qu’il avait eue d’elle et qui s’effacerait bientôt au profit du visage d’une jolie petite fille. Bonnie, de son côté, n’avait de cesse de remuer dans tous les sens. Elle était si proche que Pablo pouvait sentir son souffle par moments, ce qui le rendait d’autant plus mal à l’aise. Mais il se contenait, et cachait son malaise en restant indéniablement immobile et silencieux. Après quelques dizaines de minutes, peut-être même quelques heures, Bonnie se redressa et s’extirpa doucement du lit. Le jeune homme la surveilla d’un œil et constata ainsi que, comme lui, elle allait trouver refuge sur le petit balcon de leur chambre d’hôtel. Il l’observa pendant un long moment, laissant échapper de long soupir emplis de tristesse et de compassion, sans pour autant oser la rejoindre. Peut-être avait-elle simplement besoin de se retrouver seule ? Cependant, le fait de la voir dans cet état insupportait Pablo au plus haut point, et ce même s’il était lui aussi au plus mal. Aussi, le jeune homme se leva à son tour et se dirigea vers le balcon, avançant lentement vers Bonnie pour venir poser une main sur son épaule. « Bonnie…» murmura-t-il en se postant à ses côtés.  « Ca… ça va bien se passer, d’accord ? Ca va aller. » Pablo n’était lui-même sûr de rien mais il avait à cœur de rassurer la jeune femme et pour cela, il était capable de tirer un trait sur ses propres doutes. Le latino passa d’ailleurs plusieurs minutes à tenter de trouver les mots justes et de convaincre Bonnie que tout irait bien. Puis, en sentant la fraicheur de la nuit le faire frissonner, Pablo reprit : « Viens… tu vas attraper froid si tu restes ici. Il vaudrait mieux qu’on rentre… » Sans lui demander son avis, le latino l’entraina de nouveau vers la chambre avant de s’installer sur le lit dans l’espoir de pouvoir trouver le sommeil avant que le soleil ne se lève.

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Bonnie & Pablo

La nuit du latino avait été d’une durée extrêmement courte, et il n’avait du dormir en tout et pour tout que quelques dizaines de minutes. Après avoir rassuré Bonnie et l’avoir convaincue de regagner la chambre, Pablo s’était de nouveau lancé dans une interminable contemplation du plafond, tout en cogitant une majeure partie de la nuit sur la journée éprouvante qui les attendait le lendemain. Pour la première fois depuis qu’elle était née, ils allaient revoir leur fille. Pablo allait devoir faire face à ce qui l’avait tant bouleversé et avait changé le cours de sa vie, sans qu’il n’en laisse rien paraître devant Bonnie. Et sincèrement, il ne savait absolument pas comment il allait réagir en apercevant son enfant.

Après avoir avalé un petit déjeuner plus que light à cause de son angoisse et de la boule qui se formait dans son ventre depuis la veille, Pablo quitta l’hôtel en compagnie de Bonnie, direction la maison dans laquelle vivait leur fille. Bien trop stressé pour cela, le jeune homme se sentait incapable de décrocher le moindre mot, et il dut attendre que la jeune femme fasse le premier pas en tentant de se rassurer : « Ca va aller hein ? » Pablo aurait voulu lui répondre, mais le nœud qui obstruait sa gorge l’en dissuada assez rapidement, lui faisant simplement hocher la tête en guise d’approbation alors que le deux jeunes gens s’installaient tour à tour dans la voiture. L’ambiance était on ne peut plus tendue dans l’habitacle, et la situation ne fit qu’empirer lorsque le véhicule passa devant la maison en question. Le jeune pilote retint sa respiration quelques instants, avant de garer la voiture quelques centaines de mètres plus loin. Cette fois, ils y étaient comme le constata Bonnie lorsque leur véhicule s’immobilisa. Instinctivement, Pablo chercha un peu de réconfort en plongeant son regard dans celui de la jeune femme, et s’y perdit quelques secondes comme pour se redonner un peu de courage et pouvoir affronter ce qui les attendait. Puis, son regard dévia vers la maison avec une certaine appréhension, alors que Bonnie demandait d’une voix fébrile : « Tu penses qu’on va attendre longtemps avant de la voir ? » Au même moment, la porte d’entrée s’ouvrit, laissant apparaître une femme qui tenait une petite fille dans ses bras… leur fille. « Non… » souffla alors Pablo en se figeant.

Pablo aurait voulu capter le regard de Bonnie, mais il fut incapable de détourner les yeux de la scène qui se déroulait devant lui. Elle était là, toute proche d’eux, dans les bras d’une femme qui n’était pourtant pas sa mère adoptive et que le jeune homme identifia plutôt comme une nourrice. Un silence extrêmement pesant régnait dans la voiture, et perdura lorsque la nourrice accompagnée de leur fille passa à quelques mètres seulement de la voiture. Le latino la regarda s’éloigner puis, sans vraiment réfléchir, ouvrit la portière pour sortir du véhicule et commencer à les suivre de loin sans même se soucier de savoir si Bonnie le suivait, ni même si elle était d’accord avec cette technique d’approche un peu particulière.

Ils y étaient. Pablo et Bonnie étaient dans la rue où vivait leur fille. La nuit avait été tout aussi difficile que la jeune femme l’avait imaginée, le réveil également, et le trajet jusqu’ici avait été à la fois trop long et trop court. Elle avait hâte et n’avait pas hâte en même temps. Mais il était trop pour reculer maintenant et c’était encore plus réel que lorsqu’ils étaient arrivés à l’hôtel la veille, ou quand ils étaient entrés dans le quartier. Ce le serait encore plus lorsqu’ils verraient leur fille. Si elle sortait. Parce qu’il était bien possible qu’ils attendent un long moment ici, dans la voiture du jeune homme. Peut-être n’y avait-il pas de sortie de prévue aujourd’hui ? Il faisait beau mais ils ne connaissaient pas leur emploi du temps, à ses parents. La jeune femme refusait de penser au fait qu’ils pourraient ne même pas la voir. C’était une possibilité qu’elle avait volontairement occultée mais elle existait. Ils auraient fait tout ce chemin, tous ces efforts pour rien. Elle le refusait. Elle était déjà en plein désarroi, elle s’était fait violence et elle serait encore plus anéantie si elle ne pouvait pas la voir. Elle l’avait tellement rêvée, cette rencontre ! Depuis qu’elle avait proposé l’idée à Pablo, celle-ci ne quittait pas ses pensées. Elle s’en rendait malade.

Elle n’arrivait pas à regarder autre chose que la maison. Son regard y restait fixer, s’y accrochait désespérément dans l’espoir de voir la petite en sortir. Elle sentait déjà son cœur se soulever, il battait à cent à l’heure, tellement fort qu’elle avait l’impression qu’il allait sortir de sa cage thoracique. Juste quand elle demanda à Pablo s’il pensait qu’ils allaient attendre longtemps, elle vit une jeune femme sortir avec un enfant dans les bras. C’était elle. Elle était là, à quelques mètres d’elle et elle était… tétanisée. Son souffle était coupé et elle n’arriva toujours pas à dévier le regard. Instinctivement, sa main alla se poser sur celle de Pablo et ils regardèrent ensemble la petite avancer. La jeune femme ne réussit pas à prononcer le moindre mot. La femme qui tenait leur fille commença à s’éloigner et Bonnie vit Pablo sortir de la voiture. Ce n’est que là qu’elle sentit la vie revenir en elle et qu’elle se mit à bouger à son tour, sortant de la voiture. Il ne semblait plus prêter attention à rien et commença à suivre leur fille et sa nounou. Bonnie se mit donc à la suivre et du accélérer le pas pour le rejoindre. « Qu’est-ce que tu fais ? » Au moins il agissait, mais… étaient-ils prêts ? Bonnie sentait son cœur battre la chamade encore et elle se plaça devant le brun pour l’arrêter. « Pablo » Elle le regarda dans les yeux, le questionnant silencieusement. « Est-ce que tu y as réfléchi ? On va juste la suive comme ça et après ? » Elle ne savait même pas ce qu’elle allait lui dire, ou si elle allait pouvoir lui dire quoi que ce soit. Elle paniquait clairement.

Don’t forget where you belong

Bonnie & Pablo

Le fait de voir sa fille évoluer à quelques mètres seulement de lui avait été un veritable électrochoc pour Pablo. Instantanément, la douleur qu’il avait ressentie après qu’ils aient abandonné leur enfant s’était ravivée, et le latino avait l’impression qu’elle était encore plus forte qu’avant. La petite n’avait a priori pas l’air malheureuse, elle avait l’air en bonne santé, mais malgré cela Pablo se sentait de nouveau terriblement coupable. Pourtant, il n’avait pas pris la décision de l’abandonner, et n’avait fait que suivre les choix de Bonnie sans chercher à interférer là-dedans. Chose qu’il avait très vite regrettée après la naissance de leur fille, sans que personne n’en sache rien. Mais la vision de ce petit être juste devant lui venait brusquement tout remettre en question. En un éclair, Pablo eu l’impression de revivre le jour où Bonnie lui avait annoncée sa grossesse, le moment où il lui avait promis d’être toujours là pour elle quoi qu’il arrive, puis ces longs mois d’attente et enfin, le jour où il avait fait connaissance avec son enfant et où tout avait basculé. Car avant la naissance, le jeune homme ne s’était jamais vraiment rendu compte de ce qui l’attendait. La chose n’était devenue réelle qu’au moment de l’accouchement, qu’au moment où l’infirmière était venue leur enlever leur fille pour la confier à d’autres parents, mieux disposés à s’occuper d’elle.

Sans réfléchir, et se laissant totalement porter par une force dont il ne connaissait même pas la source, Pablo quitta la voiture pour se lancer à la poursuite de cette femme qui tenait sa fille dans ses bras. Il resta tout de même à bonne distance d’elle pour ne pas être repéré, mais marchait d’n pas on ne peut plus sûr… jusqu’à ce que Bonnie ne vienne entraver son chemin. Là, Pablo posa son regard un peu perdu dans celui de la jeune femme en tentant d’y chercher une quelconque réponse, ou plutôt une once de soutien. Mais en retour, il ne discerna que des questions, et les mêmes doutes dans le regard de Bonnie qui ne tarda pas à demander : « Est-ce que tu y as réfléchi ? On va juste la suivre comme ça et après ? » Non. Bien sûr qu’il n’y avait pas réfléchi. D’ailleurs, il ne se sentait pas du tout en état de le faire. Et comme pour le prouver à Bonnie, il attrapa sa main et l’entraina avec lui pour ne pas perdre de vue sa cible. Ce faisant, il tenta tout de même de lui répondre malgré le fait qu’il ne sache absolument pas comment s’y prendre. « J’en sais rien. Je sais pas ce qu’il peut se passer après, mais je vais pas rester planté dans la voiture alors qu’elle vient de passer devant nous, je… on verra bien. » conclut-il pour couper court à la discussion tout en poursuivant son chemin qui les menèrent aux abords d’un petit parc visiblement très fréquenté. En se tenant toujours à bonne distance, Pablo s’y engagea et au moment où la supposée nourrice de sa fille s’installa sur un banc, ce dernier profita de la présence d’un buisson pour se cacher derrière. Sans quitter des yeux son enfant une seule seconde, le jeune homme se prit à esquisser un mince sourire en constatant à voix basse : « Elle est belle… »

Bonnie n’était plus aussi convaincue que voir sa fille était une bonne idée. Elle n’était surtout plus aussi convaincue d’être prête, parce que c’était de plus en plus difficile pour elle de garder son calme. C’était maintenant, alors qu’elle ne pouvait vraiment plus faire demi-tour qu’elle paniquait. Elle ne réussit d’ailleurs pas à bouger le moindre cil lorsque la petite et sa baby-sitter passèrent devant eux. Elle sentit tout un tas de sentiments l’envahir et l’étouffer. Elle se sentait mal, elle se sentait coupable, elle se sentait stupide. Elle avait envie d’aller prendre la petite, de la serrer dans ses bras et de s’enfuir avec. Elle avait envie de remonter le temps et de ne pas la faire adopter. Ou bien ne pas avoir cette idée de revenir la voir, parce qu’en même temps, elle avait envie de fuir le plus loin possible. Elle avait tout de suite regretté bien. Mais une fois que le processus d’adoption était déclenché, il avait été impossible de faire demi-tour. Puis à l’époque elle n’était pas exactement dans de bonnes dispositions pour prendre des décisions censées. Elle était tellement convaincue qu’elle n’y arriverait pas, que sa fille serait mieux loin d’elle, dans une famille qui saurait s’occuper d’elle et qui ne la délaisserait pas pour des journées de travail à rallonge, ou des galas de charité, ou encore des voyages à l’autre bout du monde. Mais la vérité était qu’elle aurait pu y arriver. Elle aurait voulu réussir, se prouver à elle-même qu’elle pouvait le faire. C’était juste trop tard. Bonnie fut ramenée à la réalité par Pablo qui sortait de la voiture. Elle n’attendit pas une seconde pour le rejoindre. Il était tout bonnement en train de suivre leur fille ! Il la suivait et la jeune femme n’était pas très sûre d’aimer cette idée. Elle ne voyait pas à quoi tout cela allait les mener… Elle lui barra donc la route et le força à s’arrêter. Elle devait s’assurer qu’il savait ce qu’il était en train de faire. « J’en sais rien. Je sais pas ce qu’il peut se passer après, mais je vais pas rester planté dans la voiture alors qu’elle vient de passer devant nous, je… on verra bien. » Bonnie le regarda d’un air un peu désespéré et soupira. « On verra bien ? T’es sérieux ou pas ? » Il avait l’air de l’être à son grand désespoir. Et ça ne lui allait pas du tout. Elle ne pouvait pas y aller à l’aveuglette, elle ne pouvait pas y aller tout court… Mais Pablo décida pour elle puisqu’il lui attrapa la main et l’entraina à sa suite et elle ne put faire autrement que de se laisser faire. Et elle ne put ajouter un mot non plus, elle n’arrivait pas à quitter des yeux la baby-sitter son cœur battait à cent à l’heure et elle ne savait pas ce qui l’entendait. Elle avait l’impression de se jeter la tête la première dans la gueule du loup. Ils arrivèrent alors dans un part et, sans quitter des yeux la nounou, Bonnie suivit Pablo jusque derrière le banc où elle prit place. Il y avait en effet un buisson qui leur offrait un poste d’observation privilégié et idéal. « Elle est belle… » souffla alors Pablo tandis que Bonnie avait détourné le regard. Elle n’avait pas pu regarder sa fille trop longtemps sans que les larmes ne lui montent aux yeux et elle s’efforçait de les faire disparaitre sans beaucoup de succès. « Est-ce qu’on peut y aller ? Je ne vais pas y arriver Pablo, j’avais tort… » Elle posa à nouveau son regard sur la petite et elle dut reconnaitre qu’effectivement, sa fille était magnifique.

15000e pour toi

Don’t forget where you belong

Bonnie & Pablo

Pablo avait cette désagréable impression de ne plus être maître de ce qu’il faisait. Contre la volonté de Bonnie, il avait suivi leur fille et sa nourrice sans même savoir où cela les mènerait. Il ne savait absolument pas comment agir, ni même s’il devait agir ou non d’ailleurs… Tout un tas d’options et de questions se bousculaient dans sa tête, son cœur battait à tout rompre, et même en tentant de trouver une solution rationnelle à tout ça, le latino avait bien du mal à se concentrer. Sa fille était là, à quelques mètres seulement de lui, et l’occasion ne se représenterait certainement pas deux fois. Alors sa priorité était de ne pas la laisser s’éloigner. Pour la suite, il aviserait.

Caché derrière l’un des buissons du parc, à quelques pas seulement du banc où étaient installées la fillette et sa nourrice, Pablo les observaient avec obstination, un peu comme s’il voulait graver à jamais le visage de sa fille dans son esprit. « Est-ce qu’on peut y aller ? Je ne vais pas y arriver Pablo, j’avais tort… » murmura alors Bonnie, d’une voix qui interpella le latino, si bien qu’il se tourna vers elle pour découvrir ses yeux embués de larmes. Immédiatement, il ressentit un vif pincement au cœur, et serra un peu plus la main de la jeune femme qu’il n’avait toujours pas lâchée. Cette dernière s’empressa de détourner les yeux pour les reposer sur leur fille, faisant soupirer Pablo qui détacha finalement leurs mains, préférant passer son bras autour des épaules de la jeune femme. Son souhait était de la réconforter alors que lui-même ne parvenait pas à se calmer ni à y voir clair dans cette situation. Caressant légèrement son épaule d’un geste rassurant, le latino se redressa finalement en entrainant une nouvelle fois Bonnie avec lui. Une fois de plus, il ne savait absolument pas ce qui le poussait à faire ça, mais d’un pas étonnamment sûr, il se dirigea vers le banc sans se détacher un seul instant de Bonnie. Formant ainsi un faux couple, les deux jeunes gens ne tardèrent pas à s’installer sur le banc où se trouvait la nourrice, profitant du fait que celui-ci soit un des derniers bancs libres. Timidement, Pablo tourna alors la tête vers sa fille et au moment où leurs regards se croisèrent, il se figea littéralement. Est-ce qu’elle pouvait le reconnaître ? Est-ce que quelque part, elle pouvait savoir qui il était ? Toutes ces questions étaient stupides et Pablo le savait, mais il ne pouvait pourtant pas s’empêcher de se les poser. Puis, sans prévenir, la fillette lâcha le doudou qu’elle tenait dans sa petite main. Et en voyant ce-dernier atterrir par terre, le latino se précipita pour s’en saisir et le secouer un peu avant de le tendre vers la nourrice qui lui adressa un large sourire. « Oh merci ! Désolée, elle n’arrête pas… C’est son jeu préféré du moment ! Si vous lui rendez, elle va recommencer d’ici trente secondes… » constata la nourrice avec une pointe de désarroi dans la voix. « Je… euh… c’est rien. Elle est tellement… mignonne, on ne peut pas lui en vouloir… » répliqua Pablo, non sans quelques difficultés, tout en rendant son doudou à sa fille. Curieusement, la nourrice afficha alors un sourire des plus amers que Pablo se refusa à essayer d’interpréter, mais qui l’inquiéta au plus haut point. Puis, comme si elle avait discerné son malaise, elle soupira avant de continuer : « Oui… elle est vraiment adorable… Si je pouvais, je passerai toutes mes journées avec elle ! D’autant que… ses parents ne s’en occupent pas vraiment comme elle le mériterait… »

Aww Je suis toujours aussi flattée

Bonnie se sentait affreusement mal. Elle avait imaginé que ce serait difficile et douloureux, mais à ce point ? Certainement pas. Peut-être pour qu’elle ne se défile pas au dernier moment comme elle avait failli le faire. Peut-être parce que malgré tout, elle ne supportait pas d’être faible. Peut-être parce qu’elle préférait que tout cela ne l’atteigne pas. Mais non elle s’était trompée sur toutes la ligne, elle se trompait toujours. Elle voulait partir. Elle ne voulait pas être cachée dans ce buisson, derrière sa fille et sa baby-sitter. Elle avait le plus grand mal à lutter contre les larmes et elle restait cachée ici simplement parce qu’elle n’avait pas la force de bouger et que Pablo lui tenait fermement la main. Oui, si ça n’avait pas été pour lui, elle serait sans doute partie depuis longtemps. Elle ne comprenait pas comment il pouvait rester là, comment il pouvait supporter de regarder leur fille. Puis elle posa son regard sur la petite à son tour et elle fut comme hypnotisée. C’était difficile et douloureux, certes, mais c’était également… Elle ne savait pas tellement comment le définir mais sa fille était magnifique et elle sentit son cœur se serrer. Oh oui, elle l’aimait énormément. Elle le savait rien qu’à la regarder et elle se demandait comment elle avait pu penser ne serait-ce qu’une seconde que ce ne serait pas le cas. Elle se sentit peut-être un peu mieux lorsque Pablo passa son bras autour de ses épaules. Elle avait tendance à oublier qu’elle n’était pas seule et que la présence du jeune homme l’apaisait. La jeune femme commençait enfin à se sentir un peu mieux lorsqu’elle vit Pablo se lever, l’entrainant avec elle vers le banc où se trouvaient sa fille et sa nourrice. Encore une fois, il agissait d’une manière que Bonnie ne comprenait pas et n’acceptait surtout pas. Les suivre était une chose, mais aller leur parler… Non, elle n’était clairement pas prête. Mais elle ne put pas opposer beaucoup de résistance et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, ils se retrouvèrent assis sur ce fameux banc. Bonnie n’osait pas regarder vers le bébé, contrairement à Pablo. Elle ne comprenait pas comment il faisait, elle aurait voulu avoir son courage pour le coup… « Oh merci ! Désolée, elle n’arrête pas… C’est son jeu préféré du moment ! Si vous lui rendez, elle va recommencer d’ici trente secondes… » « Je… euh… c’est rien. Elle est tellement… mignonne, on ne peut pas lui en vouloir… » Il osait même engager la conversation avec la nourrice, le plus naturellement du monde. Il était définitivement plus fort qu’elle sur ce coup-là. Elle n’était pas sûre d’apprécier ça, elle voyait où ça allait les mener et il ne voudrait plus partir. « Oui… elle est vraiment adorable… Si je pouvais, je passerai toutes mes journées avec elle ! D’autant que… ses parents ne s’en occupent pas vraiment comme elle le mériterait… » Bonnie tourna vivement la tête vers la femme. Son ton ne lui disait rien qui vaille et elle ne put s’empêcher de s’inquiéter. « Comment ça ? » Sa question lui avait échappé mais elle devait savoir de quoi il en retournait. Elle voulait savoir si elle avait une raison de s’inquiéter ou non, et si oui, comment faire pour y remédier. Puis si ça se passait mal pour sa fille, c’était avant tout de sa faute. C’était elle qui l’avait confié à ces gens. « Qu’est-ce vous que vous entendez par là ? » La nourrice se tourna vers Bonnie et soupira avant de secouer la tête. Elle devait regretter d’en avoir trop dit et c’est précisément ce qui fit dire à la jeune femme que ses doutes étaient fondés. « Disons qu’ils ne réalisent pas à quel point elle est merveilleuse et qu’ils ne sont pas vraiment patients… » Elle secoua ensuite la tête et s’efforça de sourire. Elle avait instinctivement approché la petite d’elle et la serrait un peu plus fort. « Enfin, je ne devrais pas vous embêter avec ça… Vous avez des enfants ? » demanda-t-elle histoire de changer de sujet sans doute, sans connaitre la portée de ce qu’elle venait de dire.

BON ANNIVERSAIRE je savais pas trop quoi faire avec la nounou ou jusqu'où aller alors j'espère que ça ira

Don’t forget where you belong

Bonnie & Pablo

Il savait que ce qu’il faisait était totalement stupide, et ne les mènerait à rien mais pourtant, Pablo n’avait pas hésité une seule seconde avant d’aller s’installer sur le banc choisi par la nourrice. Fasciné par sa fille, le latino tentait de paraitre le plus naturel possible, même si l’émotion était bien présente et le troublait de plus en plus. Mais alors que Pablo osait engager la conversation par il ne savait quel miracle, il eut soudain la désagréable impression d’avoir mis le doigt sur quelque chose qu’il n’allait pas aimer. L’expression de la nourrice avait subitement changé et presque instantanément, Bonnie sembla retrouver l’usage de la parole. « Comment ça ? » lâcha-t-elle d’un ton qui traduisait parfaitement son inquiétude. A vrai dire, une tonne de question brûlait également les lèvres du jeune pilote, si bien qu’il avait totalement détourné son attention de la fillette pour la porter sur la nourrice. Il était comme suspendu à ses lèvres, au moindre mot qu’elle pourrait prononcer et qui pourrait lui donner ne serait-ce qu’une bribe d’indice. « Qu’est-ce vous que vous entendez par là ? » insista alors Bonnie, comme pour obliger la nourrice à aller plus loin, chose qu’elle semblait d’ores et déjà regretter.

« Disons qu’ils ne réalisent pas à quel point elle est merveilleuse et qu’ils ne sont pas vraiment patients… » abdiqua finalement la nourrice, éveillant sans le savoir une extrême inquiétude chez Pablo. Mais alors qu’il s’apprêtait à lui en demander plus, elle coupa court à la conversation en reprenant : « Enfin, je ne devrais pas vous embêter avec ça… Vous avez des enfants ? » Aussitôt, le visage du latino se ferma et sa main se resserra autour de celle de Bonnie. « Non. » cracha-t-il simplement d’un ton sec et amer à la fois, laissant ensuite un long silence s’installer. Le regard dans le vide et la mâchoire serrée, Pablo luttait contre lui-même pour ne pas reposer les yeux sur sa fille. Mais trop de questions se bousculaient dans son esprit et bien vite, il craqua en se retournant vers la nourrice : « Elle est maltraitée c’est ça ? C’est ce que vous insinuez ? » questionna-t-il en perdant son calme, ce qui n’eut pour effet que d’effrayer la jeune femme qui lui jeta un regard méfiant. « Je… Ecoutez, je vous en ai déjà beaucoup trop dit, je… je ne vous connais pas. Je dois y aller. » lâcha-t-elle avant de quitter le banc en compagnie de la fillette, sous le regard impuissant de Pablo qui prit conscience bien trop tard d’être allé trop loin. Déglutissant en silence, le latino ferma les yeux avant de soupirer, sans même oser croiser le regard de Bonnie dont il tenait toujours la main. Finalement, ses craintes venaient tout juste de se confirmer : cette visite improvisée avait été une très, très mauvaise idée.

MERCIIIIIIIII c’était parfait t’en fais pas ! Du coup j’ai avancé un peu j’espère que ça te va