Etre jeune sénateur pour la Fédération Galactique avait du bon et du mauvais, selon Neige. Oh il est clair qu’elle possédait des tonnes de serviteurs, des robes toutes plus magnifiques les unes que les autres mais cela ne faisait pas une vie ni ne donnait une politique à mener au Sénat Galactique. Sans doute était-ce pour cela qu’elle recevait aujourd’hui même la visite d’un autre Sénateur d’une lointaine contrée, Blaine O’Neil. Une tenue cérémoniale et simple à la fois lui avait été choisie pour l’occasion, et elle attendait l’arrivée du vaisseau de l’intéressé accompagnée de toute sa suite. Neige n’était ni nerveuse ni particulièrement ravie de faire face à un homme qu’elle ne connaissait que de nom et qui s’avérait si discret que personne ne le connaissait véritablement. « Voilà donc le politicien par exemple venant de la planète Naboo » fit Neige en s’inclinant à la fois respectueusement et avec amusement, dans le but sans nul doute que son semblable ne lui donne la véritable raison de sa venue. « Je dois admettre que votre venue, si plaisante soit-elle, est assez obscure à mes yeux… pardonnez ma franchise, Sénateur O’Neil. »

« Mais c’est tout naturel » avoua Neige sans forcément mettre énormément de chaleur dans sa voix, se méfiant au-delà des mots de la présence de ce nouveau sénateur sur sa planète. Les derniers s’étant échoués par ici avaient été de vils manipulateurs et ses prédécesseurs en avaient diablement subit les connaissances. Il avait fallut que la jeune femme œuvre des mois durant pour restaurer le traité de paix en plaidant la cause de sa planète au Sénat Galactique. Une emprise lourde pour une demoiselle aussi jeune, mais que Neige n’avait pas manqué de relever haut la main. « Effectivement j’ai eu ouïe dire de cette obligation imposée par le Sénat et pardonnez sans doute ma froideur et ma méfiance… de nombreux traités de paix ont manqué d’être signés par le passé et tous se sont finis en des échecs cuisants, il est donc normal que je sache raison garder cette fois-ci. Ma planète ne supportera pas un nouvel échec et je pense que la vôtre pas davantage. Combien resterez-vous parmi nous, Sénateur ? Que je vous fasse préparer des appartements confortables où vous pourrez vous reposer après nos longues tractations. »

« Oh je ne peux être plus d’accord avec vous ! Le traité doit être revu, discuté et signé en dernier point. Je suis tout à fait prête à me mettre au travail le plus tôt possible, il va sans dire. » Tout en recommençant à marcher afin de faire visiter le palais du Sénateur à ce cher Sénateur O’Neil, elle l’écoutait avec attention tout en hochant la tête à plusieurs reprises. Inutile de faire dans la fioriture et les sourires qu’elle serait très loin d’esquisser sincèrement, elle conservait donc une expression résolument impassible et sérieuse, afin que son interlocuteur n’ait pas à se demander si ses paroles étaient du lard ou du cochon. Il pourrait sans aucun problème s’y raccrocher comme étant des paroles fiables et sincères. « Le fait de rester et d’être installé confortablement ne nous fera pas manquer notre mission. Je cherche au contraire à faire valoir le côté accueillant de notre planète et de ses habitants de façon plus précise. Quant à la durée de votre séjour, elle sera sûrement en rapport avec la durée de la mise en place du traité. » Neige fronça cependant subitement les sourcils. « Qu’entendez-vous par « opposition » exactement ? »

« C’est déjà le début de quelque chose ! » fit Neige d’un ton encourageant sans pour autant cesser de marcher, conduisant doucement mais sûrement le Sénateur O’Neil jusqu’aux appartements qu’elle avait fait aménager pour sa venue. « Vous avez une épouse ? Je ne l’aurais pas deviné, pourquoi ne vous a-t-elle pas accompagné ? » Après tout, même la signature d’un traité n’excluait pas que sa femme vienne et visite la planète accueillante dont Neige avait la responsabilité depuis de nombreux mois maintenant. Jeune sénatrice peut-être, mais pas moins accueillante pour autant, surtout envers la gente féminine. Elle n’avait que plus d’intérêt à nouer de nouvelles amitiés désormais. « Quoi qu’il en soit le moment dont vous parlez pour vous exprimez avec votre épouse vous est tout accordé, il va de soi » reprit-elle avant que la conversation ne tourne bientôt vers le groupe d’opposants au traité, dont Neige avait également entendu parler. « Je n’avais pas fait le rapprochement avec la conversation précédente pardonnez-moi mais j’en ai eu vent également. Ils ont effectivement un poids puisque le leader dudit mouvement possède un siège de conseiller mais je n’en suis pas excessivement inquiète pour autant. Ils ne sont pas majoritaires loin de là et ne possèdent pas de mercenaires à leur botte d’après mes sources récentes. »

« Je suis sincèrement navrée de l’apprendre » rétorqua-t-elle aussitôt avec sincérité. Neige n’avait perdu que ses parents, n’ayant ni mari ni enfants pouvant être la cible de sa politique de quelque manière que ce soit… elle connaissait la tristesse de perdre un être cher, bien évidemment, mais ne pouvait pas se prétendre capable de comprendre ce que cela faisait que de perdre un fils. La chair de sa chair, comme une continuité de soi. « Je suis prête à faire ce qu’il faut pour que notre traité soit revu et signé dans de bonnes conditions, vous pouvez me faire confiance là-dessus. Je serai intransigeante sur tous ceux qui ne seront pas d’accord pour l’avancée de ce projet que nous comptons vous et moi mettre à bien. Jeune ne veut pas dire inexpérimenté, surtout en matière de traitrise, que je n’ai vue que de trop près depuis ma prise de poste. » Neige avait aussitôt changé de sujet, ne souhaitant ni être lourde ni même intrusive vis-à-vis de la vie privée du Sénateur O’Neil, ne la regardant en aucune manière. « Mon service d’espions est effectivement sur le coup et j’ai un compte rendu toutes les heures des faits et gestes de nos opposants. J’ai tâché de prendre les choses en main mais de l’aide n’est jamais superflue vous savez. »