« Oui, je peux passer outre son métier, mais si en plus ça se rajoute à religieux et raciste, qu’est-ce que tu veux que je te dise. S’il n’est que militaire, pourquoi pas … Et encore, je sais pas, vraiment. Parce que quand tu es militaire, c’est quand même que tu crois en des choses auxquelles je ne crois pas du tout. Pour moi, on ne tue pas pour du pétrole. C’est tout. Point. Je sais qu’il y a d’autres guerres que celles pour le pétrole, mais la majorité des guerres sont quand même pour des raisons financières. Après, il y a toujours l’exception à la règle. Regarde la Syrie par exemple. On n’aurait rien à y gagner à faire la guerre là-bas. Donc là c’est juste pour aider le peuple syrien quoi. Là ça me va … Tu vois ce que je veux dire ?» J’étais toujours un peu confuse lorsque je parlais de la guerre, tout simplement parce que je savais que beaucoup – aux Etats Unis tout du moins – ne pensaient pas du tout comme moi. Et même si je me moquais de ce que les gens pouvaient bien penser de moi, c’était avec ma meilleure amie que je parlais, donc c’était différent. Ce qu’elle pensait de moi était important pour moi. « Oui, bien sûr. On peut y aller quand tu veux. Tu m’appelles et me donnes une date, et je serais là. » répondais-je dans un petit sourire, ne reprenant pas son monologue sur le manque de courage qu’elle pensait avoir. Déjà parce que je ne pensais pas pareil, mais surtout parce que ça ne servirait à rien de le lui dire, tout simplement parce qu’elle ne changerait pas d’avis à ce sujet et continuerait de culpabiliser.

« Oh, tu penses quoi de cette robe ? » lui demandais-je dans un sourire, changer de sujet exprès. Après tout, pourquoi continuer de parler de ce sujet épineux avec ma meilleure amie ? Surtout que ce n’était pas comme si son idée sur la question était tranchée et je préférais me concentrer – pour le moment tout du moins – sur notre séance de shopping plutôt que de partir dans un débat sans fin. Mon attention allait donc vers cette très jolie robe blanche, toute simple, centrée sur le haut et évasive en bas. Bref, elle irait parfaitement à la jeune brunette. « C’est normal voyons ! » répondais-je en accompagnant mes paroles d’un geste balayant de la main, comme pour accentuer le fait que cela me semblait parfaitement naturel de l’accompagner et surtout de la soutenir pendant ce moment douloureux. Après tout, je comprenais parfaitement qu’elle n’ait pas envie d’aller seule à l’hôpital. Y aller signifiait accepter la réalité et donc le fait qu’il risquait de mourir subitement. Et dire que ce n’était pas une vérité facile à accepter était plus qu’un euphémisme. Pour moi, il n’y avait donc aucune raison que ma meilleure amie ne culpabilise, et j’étais persuadée que son frère en pensait de même. « Avec plaisir ! Tu vas voir, on va te trouver de véritables petites merveilles, j’en suis sûre ! »