Cette maudite semaine avait passé à une lenteur mortelle, si bien que Quinn eut l’impression de n’être que l’ombre d’elle-même. Le lit lui paraissait vide, froid, et il lui fallait faire un effort surhumain pour paraître aussi joyeuse que d’habitude face au fils de son capitaine, qui était parti à Chicago et dont l’absence creusait littéralement son cœur. Hélas, l’absence ne fut pas ce qu’elle eut à redouter le plus pendant ces sept pénibles jours… car au deuxième, alors qu’elle sortait juste du commissariat pour aller chercher Quinn à l’hôpital dont il devait sortir après ses soins, une voiture la renversa en pleine rue, la heurtant de plein fouet même si elle eut le temps de voir le conducteur, qui n’était autre qu’Eloïse. Par chance, on accepta que le fils de Leonard ne partage sa chambre d’hôpital ce soir là, car sa blessure au dos n’était pas des moindres. La douleur lui sciait littéralement les membres, et les maux de tête provoqués par sa légère commotion de la lâchaient pas. Et pourtant, au terme de la semaine, Quinn fit signer son autorisation de sortie et fonça à l’aéroport malgré sa faiblesse physique, la douleur qu’elle ressentait face à sa plaie n’étant pas encore soignée ainsi que la pâleur de son visage. Elle dû d’ailleurs se retenir de toutes ses forces pour ne pas foncer littéralement sur Leonard dès lors qu’elle le vit apparaître à l’entrée du terminal, et ses yeux s’humidifièrent d’autant qu’il s’approchait d’elle. La jeune femme ne put cependant se retenir lorsqu’il ne fut qu’à quelques centimètres d’elle, lui sautant au cou pour l’embrasser qu’importe le public… elle en avait besoin, et il ne savait pas à quel point. « Si tu savais comme tu m’as manqué… » murmura-t-elle tandis qu’elle l’entourait de ses bras mais dès lors qu’il fut de même, Quinn se cambra en gémissant violemment de douleur, s’écartant de leur étreinte tout en secouant la tête. « Je me suis fait un tout petit peu mal au dos pendant une intervention, rien de grave. »

« Ah, je suis pâle ? Oh ce n’est rien ! Tu sais dès que tu n’es pas là c’est toujours un peu l’anarchie alors je suppose que ç’a joué… puis tu n’étais pas là alors mes nuits étaient bien moins calmes. » A ceci près que Quinn allait avoir du mal à expliquer, si d’aventure il l’apprenait, pourquoi elle avait été absente cinq jours pour cause d’hôpital, ou pourquoi un immense bandage occupait l’intégralité de son dos ainsi que sa poitrine… bref, la brunette n’était pas sortie de l’auberge. Mais dans l’aventure, elle avait fait promettre à Quinn junior de ne surtout rien dire de ce qui s’était passé pour ne pas inquiéter Leonard… c’était bien la dernière chose qu’elle voulait, surtout pour son retour. « Et nous avons toujours ton divorce à fêter ! » s’exclama-t-elle avec un réel enthousiasme alors qu’elle ne le quittait pas d’une semelle. « Raté ? Le train-train à la brigade par contre Quinn a fait d’énormes progrès en piano. Il m’a promis qu’il te ferait tout une démo dès qu’il reviendrait, puisque sa mère est venue le chercher. » Quinn n’avait pas dit un mot à Eloïse quand celle-ci était venue et s’était retenue de lui cracher à la figure… mais autant dire que la donne avait été aussi peu aisée que la montée de la jeune femme dans un taxi, en compagnie de son capitaine, tant son dos la faisait souffrir et qu’elle ne pouvait pas s’adosser. Feindre dans ces conditions risquait d’être corsé. « Raconte-moi comment s’est déroulé Chicago ! Je veux tout savoir ! »

Quinn écarquilla deux grands yeux surpris face à l’aveu de Leonard, surprise qui se transforma bientôt en sourire face au compliment qu’il lui faisait. Sa fille était déjà adolescente et certes, la brunette redoutait quelque peu le contact étant donné le comportement de sa mère mais elle avait bon espoir que Meganh en vienne au moins à l’apprécier au fil du temps. Quinn savait s’armer de patience, elle l’avait prouvé à plus d’un titre et surtout lorsqu’il s’agissait du capitaine de son cœur. « Je ne l’ai pas encore rencontrée mais je suis sûre que je vais l’adorer. Et puis si elle est un peu sauvage avec moi… je saurais m’armer de patience, je crois que tu peux me faire confiance ! En tout cas je serai la plus heureuse du monde si jamais tu obtenais satisfaction. Cela me fait d’ailleurs penser à quelque chose… tu sais que je n’aime pas spécialement m’imposer et je n’ai pas forcément osé amener le sujet sur le tapis jusqu’ici, mais tu accepterais que mon fils vienne vivre… chez nous ? Je serais moins inquiète et puis je ne veux pas qu’il soit sans arrêt chez la nounou, c’est moi sa mère et j’ai l’impression de tout rater. » Mais Quinn n’était pas au bout de ses peines. « Mais je vais bien, je t’assure ! » s’exclama-t-elle un peu trop brusquement car il ne fallait surtout pas qu’il s’inquiète et cherche à voir justement ce qu’elle avait de plus près. Cela lui faisait craindre le pire lorsqu’il lui faudrait changer ses bandages le soir, du reste. « Tu vas partir ? » énonça-t-elle d’une voix affolée alors qu’il venait comme de lui planter un poignard en plein cœur. « Mais… tu ne peux pas partir !! La brigade a besoin de toi, tu es le meilleur chef de toute la NYPD et tout le monde le dit !! Tu es indispensable ! Leonard… ne m’abandonne pas j’t’en prie. T’as as le droit de me laisser… »

Un sourire éclatant éclaira bientôt son visage alors qu’il accepta aussitôt qu’elle ne fasse venir Léo dans la maison où il l’avait premièrement accueillie et il ne pouvait pas savoir à quel point cela la touchait. Son fils était devenu toute sa vie à partir du moment où elle s’était sue enceinte et cela n’avait fait se renforcer au moment où il avait ouvert les yeux et posé son regard sur elle. « Je suis très touchée. Bon cela va impliquer un petit peu d’organisation vu qu’il ne fait pas encore ses nuits mais au pire pendant quelques temps je peux dormir avec lui dans la chambre d’ami. Je ne veux pas le perturber encore davantage déjà que j’ai été obligée d’arrêter de l’allaiter trop tôt ! » Quinn déglutit aussitôt avec difficulté alors qu’il parla d’inquiétude, mais si l’aveu était au bord de ses lèvres… les mots ne voulaient pas les dépasser. Elle ne pouvait pas faire ça. « Je vais bien Leo. Je vais bien mieux depuis que tu es là avec moi. » Même si elle avait une crainte folle de l’abandon et de sentir son cœur s’abandonner à la nouvelle perte d’un être cher. Quinn savait par avance qu’elle ne pourrait pas le supporter. De longues larmes s’écoulèrent bientôt contre ses joues, la fatigue et la douleur ayant définitivement eu raison du peu de contrôle dont elle savait tout de même faire preuve habituellement. « Je suis désolée d’être aussi égoïste mais je sais que sans toi, je n’y arriverais pas… mais tu voudrais que je parte avec toi ? Ce n’est pas du tout étonnant qu’ils nous acceptent tous les deux, même si je n’ai pas un mauvais état de service, je suis encore jeune lieutenant… » Mais cela n’empêcha pas Quinn de se lover doucement contre son capitaine alors qu’ils arrivaient justement devant leur maison. Et son mensonge continuait… diable, elle espérait que personne de la brigade n’appellerait pour lui relater les absences de Pierre, Paul et Jacques, à commencer par la sienne !

Oh dear. A peine Leonard eut-il hurlé son nom de famille que Quinn sut qu’il était très en colère. Plus qu’il ne l’avait sûrement jamais été envers elle puisque dans l’intimité, il l’appelait uniquement par son prénom. Elle sursauta vivement et n’eut pas le temps de se rhabiller que déjà, il pénétrait dans la salle de bain où son dos nu laissait clairement entrevoir sa blessure qui s’était rouverte au passage. Le fait d’avoir couru histoire d’être à l’heure à l’aéroport n’avait pas été l’idée du siècle semble-t-il… aussitôt elle se mit à trembler, sachant pertinemment que si elle ne vidait pas son sac immédiatement, il risquait de l’étriper sur place. « Comment l’as-tu su ? » s’étonna-t-elle dans un premier temps avant de ne gémir légèrement de douleur, retenant ses larmes d’inquiétude, de souffrance et de honte. « J’ai été renversée par une voiture. Ce sont des choses qui arrivent, je ne voulais pas t’inquiéter !! Et encore moins gâcher nos retrouvailles… ça va aller, je risque d’avoir une petite cicatrice il faut juste que j’arrive à désinfecter parce que ça c’est rouvert… j’ai dû courir pour réussir à être à l’heure à l’aéroport. » Pour l’instant, elle crut intelligent de taire le fait qu’évidemment, Eloïse était derrière tout ça. Quinn paniquait tellement à l’idée qu’il ne lui en veuille que rajouter de l’huile sur le feu comme ça était probablement la pire idée du siècle… « Je ne voulais pas te mentir, pardon… mais après une semaine à me languir de toi, à l’hôpital en plus, je voulais penser à autre chose ! Mais je viens Leonard je t’assure !! »

Quinn n’éprouva même pas le besoin de protester tant elle avait effectivement mal et qu’elle n’était pas bien. Pas bien parce qu’elle lui avait menti et qu’en retour, il la traitait avec froideur, mais ce qui lui faisait plus mal, encore, c’est qu’il ait dit qu’il n’en n’avait rien à foutre de leurs retrouvailles. Cette simple phrase suffit à lui faire baisser brusquement le regard, comme si elle n’était rien d’autre qu’une enfant que l’on gronde. Comment pouvait-elle l’aimer autant et vouloir le protéger avec autant de force alors qu’il savait très bien se protéger seul ? Et pourtant, Quinn n’était pas au bout de ses peines. « Avant aujourd’hui je ne t’ai jamais menti et je ne te tromperai jamais Leonard !! Je t’aime bien trop pour ça, pourquoi tu refuses de le comprendre ?! » La brunette avait eu une excellente raison de lui mentir, parce qu’elle ne savait que trop bien à quel point les conséquences pourraient devenir bibliques s’il connaissait l’identité de son agresseur. « Je ne suis pas elle… ne me compare pas à cette femme, pitié… mais c’est bien elle qui m’a renversée et qui a fuit. » Quinn cacha subitement son visage dans ses mains, celles-ci étant pleines de son sang tandis qu’elle n’arrivait pas à se calmer. Entre l’idée potentielle que Leonard puisse partir à Chicago et cet épisode navrant, ses nerfs étaient définitivement tendus et à vif. « Moi je n’avais pas rien à faire de nos retrouvailles, je voulais juste une soirée de paix, de paix !! Quand avons-nous eu un vrai moment à nous sans jamais être interrompus, hein ? »

Quinn ne releva le regard vers son capitaine qu’une fois qu’il eut commencé à s’exprimer avec plus de douceur, lui expliquant par la même occasion ses intentions et le fait que le mensonge soit une chose qu’il ne pouvait tolérer. « Je ne voulais pas te mentir mais tu étais loin, alors si je t’avais appelé, tu te serais inquiété en plus de ne rien pouvoir faire ! Cela dit il n’empêche que j’aurais dû te le dire quand tu es arrivé. Je n’ai pas eu le courage et je t’en demande pardon » avoua-t-elle, penaude tandis qu’il lui nettoyait le visage et les mains et qu’elle tâchait de reprendre contenance malgré sa douleur, son inquiétude et son chagrin. « Je crois que c’est beaucoup me demander en effet parce que tu ne sais pas à quel point j’ai du mal à croire que je suis ici, devant toi, et que tu partages les mêmes sentiments que moi à ton égard. J’ai l’impression de nager en pleine rêve et que bientôt, je vais m’éveiller et m’apercevoir que tout ceci n’a rien de réel. Ca me fait peur, je crois… je crois aussi que beaucoup de gens se sont acharnés à détruire totalement ma confiance et qu’au fil du temps, ils ont réussi. Je vais avoir besoin d’un peu de temps pour changer tout ça… tu veux bien me l’accorder ? » demanda-t-elle avant de ne froncer les sourcils à la simple idée de devoir porter plainte contre Eloïse. Au final, cette affreuse femme finissait par lui faire peur, au moins autant qu’Andrew, et ce bien que Quinn soit tout de même lieutenant de police. Ce qui se passait dans la sphère intime n’avait rien à voir avec l’assurance qu’elle dévoilait pourtant sur le terrain. « Je crois qu’elle me fait peur et que je n’ai pas envie que ça empire… imagine qu’elle s’en prenne à Léo ? » La brunette ferma un instant les yeux avant qu’un sourire à la fois tendre et triste ne prenne part contre ses traits de porcelaine. « Je t’avoue qu’en prime je n’avais pas les moyens de me payer les services d’un excellent médecin alors je suis à moitié sûre que j’ai été mal soignée à l’hôpital… j’abdique je verrai ton médecin si tu… m’accordes un dîner au restaurant quand j’irai mieux. »

Durant tout le temps où Quinn fut soignée par le fameux médecin de la famille Weatherfield, elle dû rassembler tout son courage pour ne pas se mettre à hurler de douleur. Les points qu’il avait dû lui refaire lui donnèrent l’impression que des milliers de poignards transperçaient son corps tant la douleur était vive… mais bientôt, il lui donna un calmant pour apaiser le feu s’échappant de sa peau et elle le remercia du regard, non sans grimacer face au discours qu’il énonça au capitaine de son cœur. Loin du terrain ?! Mais elle allait mourir loin de son précieux terrain ! Quinn avait beau paraître sensible, douce et même fragile à bien des égards, elle était un excellent lieutenant. « J’ai l’impression que tu vas me faire crouler sous la paperasse, je me trompe ? » tenta-t-elle de plaisanter même si le cœur peinait à y être à vrai dire. Ce fut sans doute la raison pour laquelle elle s’abandonna littéralement à l’étreinte qu’il lui offrit pour la consoler de cet incident pour lequel elle se surprit à maudire littéralement Eloïse. « C’est terrible, j’avais acheté un sublime ensemble pour que notre deuxième fois soit ultra romantique… » se lamenta-t-elle avant de n’éclater de rire face à son propre ridicule : heureusement que Leonard n’avait pas encore mis un vrai pied dans la chambre parce qu’elle l’avait ornée de petit lampions en forme de cœur, elle avait changé les draps et effectivement acheté un magnifique ensemble en lingerie pour être aussi désirable que possible… mais une fois encore à cause d’Eloïse, le magnifique plan de Quinn tombait à l’eau… « Tant que tu es avec moi je sais que rien ne peut m’arriver Léo… »

Juste pour cette fois, Quinn accepta docilement de s’allonger aux côtés de Leonard, contre lequel elle se lova non sans un plaisir infini tandis qu’une vive frustration naissait tout de même à l’intérieur de son cœur. Elle espérait qu’ils parviendraient à un moment donné à se donner l’un à l’autre sans que l’intégralité de la brigade risque d’être au courant mais la donne ne serait sûrement pas aisée. La preuve, pendant les jours suivants, la blessure de la brunette guérissait à force de soins prodigués matin et soir par le capitaine de son cœur ainsi qu’à force de raison – Quinn s’étant décidée à être docile et à ne pas insister pour aller sur le terrain – mais il n’empêche qu’elle n’osait pas recréer à nouveau un cadre romantique pour eux une fois le soir venu. Ils s’étaient ancrés dans une sorte de petite routine et une semaine et demie plus tard, plus par réflexe qu’autre chose, la brunette mis son ensemble de lingerie sous son uniforme, espérant que cela lui porterait chance et qu’une fois leur travail à la brigade terminé, Leonard serait tenté par le fait de l’effeuiller lui-même… hélas, la jeune femme n’imaginait pas une seule seconde que, devant toute la brigade, le sergent suicidaire n’ayant manifestement pas abusé que d’eau de Vichy, s’accrocha à la chemise de Quinn avant de trébucher et d’en faire sauter tous les boutons, dévoilant ainsi le magnifique haut de l’ensemble de lingerie rouge et pourpre qu’elle avait acheté pour plaire à Leonard… « Meingott ! J’avais imaginé avec des vêtements mais en sous-vêtements c’est encore mieux… tu sais que tu as du goût, Quinny ? » Horrifiée, la jeune femme tentait de le repousser mais même alcoolisé jusqu’aux ongles, il avait bien plus de force qu’elle. Il la maintenait devant tout le commissariat sans même qu’elle ait ne serait-ce que la possibilité de le gifler ! « MAIS LACHEZ-MOI !! »

Et une nouvelle humiliation, une ! A croire que Quinn avait définitivement décidé de les accumuler surtout qu’elle se retrouvait désormais sans chemise qui ne soit pas ouverte des deux côtés pour cause de boutons détruits. Ce foutu sergent lui avait littéralement massacré son vêtement et résultat, elle s’était planquée aux archives où elle avait allumé des petites lumières sans même trop y penser, juste parce qu’elle avait espéré que Leonard ait plutôt ce genre de réflexe plutôt que le sergent. « Je suis là… je ne pouvais pas rester dans mon bureau alors que ma chemise a pris si cher ! » énonça-t-elle alors qu’elle était assise sur un tabouret, chemise ouverte dévoilant effectivement le haut de son magnifique ensemble qui décidément ne lui portait guère chance. Le pire, c’est qu’à peine son capitaine fut-il en face d’elle que la jeune femme se releva pour l’embrasser avec passion, entourant son cou de ses bras pour le garder un peu plus longtemps à son contact. « C’est criminel que de penser que j’aurais préféré que ce soit toi qui massacre ma chemise ? » tenta-t-elle de plaisanter même si une large part de ses paroles restait on ne peut plus sérieuse. Le désir de Leonard était si fort qu’elle n’avait pas pu se concentrer sur le moindre petit classement dans cette maudite pièce exigüe. Rien que l’idée que l’intégralité de la brigade l’ait vue et pas le capitaine lui arracha une légère grimace, tandis qu’elle se voyait très bien rester dans la salle des archives jusqu’au soir. « Léo… Léo j’ai envie de toi. »

Quinn accepta volontiers le t-shirt qu’il lui offrait mais recula d’un pas face à son refus. Ils ne faisaient rien une fois à la maison, ne pouvaient manifestement pas plus le faire au commissariat… « Je ne suis pas désirable ?! » s’exclama-t-elle avant de ne lui tourner le dos pour ôter son maudit haut sexy ne lui servant manifestement à rien d’autre qu’à lui porter malheur et pour mieux enfiler avec rapidité le t-shirt qu’il lui avait si gentiment apporté tandis qu’il lui énonçait un état de fait qui lui faisait à la fois plaisir et ne parvenait pas à apaiser sa haute frustration. Elle demeura d’ailleurs dos tourné un bon moment, en silence, blessée par le fait qu’il ne la repousse et ayant subitement l’impression d’être aussi désirable qu’une vieille paire de chaussettes usagées laissées à moisir au soleil. Elle déglutit avec difficulté à cette pensée. « Merci de t’être donné tant de peine… je ferais bien de retourner à mon bureau, les enquêtes que j’ai en cours ne vont pas se faire toutes seules. » Quinn plaça son soutien-gorge dans sa poche et s’enferma dans son bureau pour le restant de la journée, refusant de faire autre chose ou d’aller au contact de tous ceux l’ayant vue en si bref appareil. Mais une fois de retour à la maison, elle ôta virulemment le bas de son ensemble avant de ne le planquer tout en bas de l’armoire et de s’allonger aussitôt, sans manger ni adresser la parole à Léo. C’était ridicule comme comportement, et tandis qu’elle plaçait sa tête sous l’oreiller pour cacher ses sanglots de panique, elle se maudissait de ne pas pouvoir faire cesser son manque de confiance. Mais et s’il ne la désirait déjà plus ?!

Quinn avait beau tout tenter, elle ne parvenait pas à s’endormir. Toutes ses pensées tournaient sans arrêt autour de ce refus dont il l’avait gratifiée et pour lequel elle se sentait presque humiliée… sans doute était-ce stupide mais la brunette avait tellement été dégradée dans son existence qu’elle peinait à trouver un peu de confiance en elle. Leonard n’était évidemment pas responsable de son tempérament mais elle avait réellement été piquée au vif par son refus : cela n’avait fait qu’accentuer son désir de lui, désir qui risquait d’être inassouvi pour encore longtemps malheureusement. Hélas, ce fut pire encore lorsque le capitaine l’honora enfin de sa présence et l’incita à rétablir le dialogue. « Il n’y a pas grand-chose à en dire » énonça-t-elle sans violence, avec d’autant plus de lassitude dans la voix tandis qu’elle refusait de sortir la tête de sous son oreiller. Cela la protégeait d’éventuelles paroles qu’elle pourrait à nouveau prendre au drame et ce n’était pas plus mal. « J’ai été ridicule de mettre ce maudit ensemble ce matin, il ne m’a apporté aucune bonne chance. Je suppose qu’après que toute la brigade m’aie vue en soutien gorge j’avais envie que tu sois le dernier à pouvoir me laver de tous leurs regards lubriques… mais c’était stupide. Il n’y a rien d’autre à en dire et… tu devrais dormir, tu avais l’air fatigué tout à l’heure. » Quinn avança juste sa main pour serrer doucement celle de Leonard dans la sienne avant de ne se recroqueviller en mode fœtus, les larmes aux yeux sans pouvoir les fermer. Diable, elle allait sûrement vivre la plus longue nuit de sa vie.

« Léo… il n’y a rien de respectueux à m’éviter, je finis par douter… je comprenais lorsque tu étais marié mais là en l’occurrence, que suis-je maintenant que tu es divorcé ? Juste un passe temps ou quelque chose de plus sérieux ? Dans le premier cas effectivement je comprends mais dans le deuxième… oublie tes douches froides. Regarde-moi, touche-moi et ne t’éloigne plus… » Rien que la caresse qu’il lui avait prodiguée contre son ventre avait suffit à la faire frissonner et ça ne fut que plus véridique encore lorsqu’il l’incita à s’allonger sur le dos, la poussant à le regarder dans les yeux tandis qu’il ôtait son coussin de devant ses yeux. Quinn ne voulait plus qu’il y ait cette sorte de Muraille de Chine entre eux, ce n’était plus utile maintenant qu’ils pouvaient laisser libre court à leurs sentiments respectifs. « Alors ne calme pas tes ardeurs… je n’ai pas envie que tu le fasses » reprit-elle avant de ne s’abandonner littéralement à son baiser, gémissant alors qu’il frôlait à peine la rondeur de l’un de ses seins. Diable, comment se faisait-il qu’en la frôlant à peine il puisse lui faire tant d’effet ? La frustration y était certainement pour beaucoup et Quinn ne voulait plus cacher la sienne… elle voulait l’effacer plutôt. « Prouve-le-moi… je suis toute à toi » murmura-t-elle avant de ne mordiller légèrement le lobe de son oreille, son rythme cardiaque augmentant d’autant que cette fois, il n’y aurait rien ni personne pour les déranger. Meg était certes à l’étage inférieure mais elle était tellement concentrée sur sa conversation avec Sera qu’il n’y avait aucun risque pour qu’elle ne les entende ou même ne cherche à les déranger… « Ne réponds plus de toi » conclut-elle avant de n’entourer ses hanches puissantes de ses cuisses ne l’étant pas moins tandis que ses doigts et ses lèvres partaient à nouveau à la découverte de ce corps qu’elles n’avaient cesser de désirer.