This is a fight to the death.

Abigail & Jefferson

Il était assit sur le canapé en cuir blanc de son salon. Le dos droit, les pieds parfaitement implantés dans le sol, la tête redressée. Il était vêtu d'une chemise blanche et d'un costume gris à la coupe classique.  De quoi passer pleinement inaperçu au cours de la soirée à venir. Et c'était là tout ce qu'il souhaitait d'ailleurs. Passer le plus inaperçu possible ... Parce qu'il ne s'y rendait absolument pas pour se pavaner contrairement aux personnes qui seraient là ce soir là. Il s'y rendait pour repérer sa dernière cible en date et débuter sa nouvelle chasse. La somme astronomique qu'il recevrait pour cette élimination, était non négligeable. Elle ne l'était d'ailleurs jamais. Même s'il fallait reconnaître que l'argent n'était que secondaire sur la liste des raisons pour lesquelles il acceptait de commettre des meurtres parfois injustifiés. La première étant un besoin beaucoup trop violent, d'ôter la vie. De façon plus ou moins barbare, plus ou moins sanglante, plus ou moins violente.  Ce n'était pas vraiment lui qui choisissait dans tout ça ! C'était son passager noir et uniquement lui. Certes, il suivait sans l'ombre d'une hésitation.  Mais il ne se sentait pas entièrement responsable de tous les ordres que pouvait lui dicter son autre lui. Mais il était parfaitement conscient de ses actes. C'était déjà ça. C'était même parfait puisqu'il appréciait cette sensation qu'il ressentait quand il ôtait la vie. C'était au delà d'une sensation de toute puissance. Ca lui provoquait ... Un intense soulagement. Et plus que ça encore. Bref, une chose dont il n'était plus capable de se passer désormais. Et c'était d'autant plus vrai maintenant que sa famille était morte et qu'il n'avait plus aucune raison de faire attention, aucun besoin de prendre garde à ne pas se faire tuer, aucune inquiétude réelle à avoir ...  Alors ce soir là il devait participer à une soirée qui réunissait les grands Noms de tout New-York. Et parce qu'il se devait de passer inaperçu parmi les gens qui seraient présents, il avait fait appel à une escort girl.

Contrairement à ce que bon nombre de personnes pourraient penser à ce sujet, ça n'avait absolument rien de sexuel. Dans le cas de Jefferson de toute façon, il ne pensait plus à ça depuis longtemps maintenant. Un an pour être plus précis. Depuis la mort de sa femme qu'il aimait depuis plus de vingt ans. Comment passer à autre chose ? Lui qui s'était longtemps cru totalement insensible et incapable du moindre sentiment, il avait bien du se rendre à l'évidence quand il l'avait rencontré elle.  S'il l'avait rapidement épousé, ce n'était pas sans raison. Mais bel et bien parce qu'elle était la femme de sa vie.  Bref ... la femme de sa vie n'était plus désormais. Il devait donc apprendre à vivre sans elle, aussi compliqué que cela puisse être. Mais ce n'était pas comme s'il avait changé beaucoup de choses dans ses habitudes, depuis sa mort. Il exerçait toujours le même emploi de tueur à gages. Et comme avant, il devait faire appel à des escort pour se rendre à ces soirées. A l'époque, il aurait pu demander à sa femme. Mais c'était trop risqué. Et malgré cette tentative de la garder à l'écart, elle était morte quand même ... Quel résultat pour le moins accablant. Mais soit ... Ce qui était fait était fait. Et même s'il l'aurait souhaité de tout son corps, Jefferson ne pouvait faire marche arrière. Et tuer lui permettait de penser un peu à autre chose. Mais pour tuer ce soir là, il allait avoir besoin de sa couverture. Couverture qui n'était autre que Charlotte. Une jeune escort à laquelle il faisait de temps en temps appel. Et comme ils avaient convenus, il se rendit au point de rendez-vous où ils devaient se retrouver, pour ensuite partir ensemble à bord de sa voiture. Arriver ensemble ça faisait tout de suite mieux. Une fois arrivé, par pure galanterie -ou habitude-, Jefferson descendit de voiture pour l'attendre.

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Depuis longtemps déjà, il ne vivait plus. Il survivait même plus que toute autre chose. Il tournait en rond, se sentait devenir chaque jour un peu plus fou, perdait toujours plus l'esprit, se perdait lui même entièrement. Il ne se rappelait même pas de l'époque à laquelle il se pensait encore normal. Non pas qu'il l'ait déjà été ... Mais il l'était tout de même plus que maintenant. A un point où les gens se rendaient tous plus ou moins compte qu'il n'était pas tout à fait normal et surtout pas comme eux. Du coup, ça ne le forçait que plus encore à demeurer tranquillement dans son coin et à évoluer d'une façon toujours plus mauvaise et dangereuse. Il évitait les gens, les gens l'évitait. Tout n'était-il pas pour le mieux au final ? En tout cas ça lui allait très bien à lui. La seule chose qu'il désirait finalement, c'était pouvoir continuer sa petite vie (du moins ce qui lui en restait) tranquillement dans son coin. Il ne vivait d'ailleurs plus que pour son métier. Chacun de ses actes, chacune de ses fréquentations, avait pour raison d'être, son emploi. Ni plus ni moins. Même Charlotte, cette jeune femme qu'il devait récupérer à un point précédemment décidé entre eux, il la voyait dans le cadre de son métier. Parce que pour pouvoir passer tout à fait inaperçu dans les soirées où il devait trouver ses nouvelles cibles, il avait décidé qu'y aller avec une jeune femme serait vraiment un détail qui rendrait sa petite mise en scène parfaite. Et Charlotte s'était avérée très efficace dans ce rôle là. Sans doute parce qu'elle avait rapidement comprit qu'il ne cherchait pas une jeune femme pour bien paraître aux yeux de la haute société. Mais bien d'une personne pour se fondre dans la masse. Il n'avait pas choisit une blonde siliconée de tout juste vingt ans. Mais une femme d'âge déjà mûr, jolie sans être vulgaire ou trop provocante. Et il ne regrettait pas son choix. Parce que soirée après soirée, il songeait qu'elle était vraiment très bien pour ça.

« Bonsoir... » Il tourna le regard vers elle et parcourut sa tenue des yeux, de façon très brève. C'était parfait. Elle n'entrait pas dans l'excès et était chic et sexy malgré tout. Oui, vraiment, elle était parfaite. Ceci dit, il ne répondit pas à son sourire. Non pas par besoin de se donner un genre quelconque. Mais uniquement parce qu'il avait oublié le principe du sourire depuis bien trop longtemps maintenant. Ainsi se contenta-t-il d'un bref hochement de tête. « Bonsoir Charlotte. » Répondit-il d'une voix calme, avant de se détacher de la voiture pour aller lui ouvrir la portière côté passager. Parce que le fait de s'être totalement détaché du monde depuis bien longtemps maintenant, ne lui avait pas ôté les bonnes manières quand même. Ainsi invita-t-il la jeune femme à monter à bord de la voiture, avant de claquer la portière derrière elle. Une fois derrière le volant, il ne pu s'empêcher de se demander pour la énième fois, comme elle faisait pour ne pas avoir peur de lui. Ou du moins, pour ne pas le montrer. Parce que la plupart des gens ne se gênaient pas pour le montrer. Non pas que ça le dérangeait vraiment non plus. A vrai dire, il s'en fichait un peu. Ce n'était comme si l'avis des gens sur son compte l'intéressait. Une fois sa ceinture sagement attachée, il commença à rouler en silence, en direction du lieu où devait se dérouler la soirée. « Nous nous rendons à un gala de charité auquel se trouveront de grands chefs d'entreprise et sans doute quelques personnalités du show business. » Lui indiqua-t-il toujours aussi calme et imperturbable. « Vous connaissez votre rôle ... » Conclut-il finalement. Toujours rester près de lui, garder le sourire, ne pas hésiter à saluer les personnes qu'elle avait déjà eut l'occasion de rencontrer lors de leurs précédentes soirées de ce genre. Ne pas s'épancher, ne pas plus parler qu'il ne le fallait, garder son mystère. Elle était maintenant habituée à tout cela -ne serait-ce parce qu'il semblait évident qu'il n'était pas son seul client- et saurait donc faire face sans aucun souci. Il n'en doutait pas un seul instant.

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Jefferson n'avait jamais été quelqu'un de très bavard ni même du genre à beaucoup parler de lui. Ne serait-ce que parce que sa vie devait demeurer secrète. Même à sa propre femme, il avait eut du mal à lui avouer le métier qu'il exerçait après avoir du quitter la police. En même temps, il était vraiment difficile, sans aucun doute, de dire à sa bien aimée depuis toujours ou presque, que l'on tuait des gens pour de l'argent. De grosses sommes d'argent pour être plus précis. Certes, il n'avait pas eut de nombreux autres choix que celui ci. Mais tout de même ... En acceptant de faire une chose pareille, il avait rapidement été persuadé qu'elle le laisserait tomber, demanderait le divorce et disparaîtrait dans la nature avec leurs enfants. Mais contre toute attente, elle n'avait rien fait de tout cela. Elle l'avait même grandement surprit de par son manque de réaction. Pas un manque complet de réaction non plus. Mais presque tout de même. Elle s'était contentée de le regarder un long moment, semblant hésiter quant à la façon dont elle devait réagir. Et quand enfin elle avait reprit la parole, ça avait été pour lâcher un vague "soit..." avant d'hocher positivement la tête et reprendre ses activités. Par la suite, jamais plus ils n'avaient vraiment reparlé de ce métier pour le moins atypique. Tout juste avaient-ils prit la peine d'en discuter à mots couverts. Parce qu'elle n'était pas assez idiote pour ignorer le fait que c'était là un métier qui pouvait tout à fait s'avérer dangereux pour toute la famille au grand complet. Mais jusqu'à ce jour crucial, le dernier de l'ancienne vie de Jefferson, jamais ils n'avaient été confrontés à un quelconque souci du à son "emploi" de tueur à gage. Ainsi avaient-ils simplement coulés des jours heureux, comme au premier jour. Sans jamais se demander si, oui ou non, tout ça finirait par se retourner contre eux un jour ou l'autre. Ce qui avait, malheureusement, été le cas. Et depuis un an qu'il était seul, Jefferson se mordait les doigts. Difficile -pour ne pas dire carrément impossible- de passer outre ces tragiques pertes. Il doutait fortement de pouvoir se les pardonner un jour. De toute façon, il ne méritait aucun pardon, de qui que ce soit. Et surtout pas de lui même.

Mais bref, là n'était pas la question. Ce n'était pas le moment pour lui de se demander s'il méritait de se pardonner à lui même et s'il en trouverait la force un jour. Il avait mieux à faire. Comme ... Repérer la personne dont la tête était mise à prix, ce soir là, dans un gala de charité. Il fallait qu'il repère l'homme dont il était question et parvienne à en apprendre assez sur lui, pour pouvoir le retrouver dès le lendemain, le filer, prendre connaissance de toutes ses petites habitudes même les plus minimes et enfin, le retrouver dans un moment où il se trouverait seul. Mais pour ce faire, il avait besoin de l'aide de Charlotte qui, bien entendu, ignorait absolument tout de son existence. Tout comme lui même ignorait absolument tout de son existence à elle, bien entendu. Voilà qui était on ne peut plus logique. Elle était escort girl ... Aucun doute qu'elle voulait garder sa vraie vie, loin de tout ça. Peut-être qu'elle était mariée et mère. Peut-être qu'elle avait un emploi à mille lieux de celui qu'elle exerçait la nuit ... Peut-être qu'elle venait d'un milieu défavorisé ... Bref, Jefferson ne savait rien sur elle et faisait en sorte qu'elle même ne sache rien de lui. Elle n'avait pas à le connaître de toute façon. « Oui, il n’y a aucun soucis… Je sais ce que j’ai à faire… » Il hocha simplement la tête sans répondre quoi que ce soit. Bien sûr qu'elle savait ce qu'elle avait à faire. Dans le fond, ce n'était pas sans raison qu'il faisait appel à elle à chaque fois qu'il avait besoin d'une présence féminine pour se fondre dans la masse, parmi les couples de la haute société. « Et, si ce n’est pas indiscret… vous êtes à la tête d’une entreprise ? Ou dans le show-business ? C’est pour éviter de gaffer… » Cette fois ci, un lent sourire -vraiment à peine perceptible, étira les lèvres de Jefferson. Mais il ne demeura pas bien longtemps en place. Parce qu'il ne savait plus réellement sourire depuis le temps et que ça lui demandait des efforts qu'il n'était pas certain de pouvoir faire. « Et à votre avis ... ? Que fais-je de ma vie ? » Demanda-t-il sur un ton neutre, sans jamais quitter la route du regard. Il était curieux de savoir ce qu'elle pouvait bien s'être imaginé à son sujet. De toute façon, il était évident qu'elle ne connaîtrait jamais la vérité sur son compte. C'était ... Préférable pour elle.

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De sa vie, jamais Jefferson n'avait été un grand bavard. Mais ce n'était encore rien en comparaison de ce qu'il était depuis la mort de son épouse et de leurs enfants. Depuis un an qu'il était seul, le mutisme était au moins autant son ami que le passager noir qui continuait de lui rendre régulièrement visite. Et à son sujet, il ne savait même pas si, oui ou non, il avait envie de s'en débarrasser. Etait-il mieux avec ou sans lui ? Saurait-il seulement continuer son emploi de tueur à gage, si son "double" n'était plus là pour l'encourager à le faire et à, surtout, tuer sans la moindre pitié ? C'était bien, en grande partie, parce qu'il ignorait la réponse à cette question, qu'il continuait de l'accepter à ses côtés. Ca plus le fait qu'il n'avait pas franchement le choix de toute façon. S'il avait toujours été là, c'était bien le signe qu'il ne comptait pas partir de sitôt. Alors il ne tentait même pas de se mettre en tête que tôt ou tard il le laisserait tranquille. Autant ne pas se faire de vains espoirs et affronter les choses telles qu'elles étaient et resteraient. Il ne servait à rien de refuser d'affronter les choses. Désormais, Jefferson en savait bien quelque chose. Il suffisait de voir l'état dans lequel se trouvait sa vie, pour le comprendre sans aucun mal. Mais de toute façon, là n'était pas la question. Il n'y avait pas de raison pour que son passager noir vienne lui rendre une petite visite ce soir là. Quoi qu'en apercevant l'homme qu'il était supposé éliminer, ça le titillerait un tant soit peu. C'était toujours ainsi que ça se passait. Devait forcément arriver le moment où son besoin de mort se faisait plus fort que tous les autres besoins chez lui. Et dans ces moments là, mieux valait qu'il soit seul en présence de sa cible. Sans quoi, il n'éprouverait absolument aucun remord à s'en prendre à quelqu'un d'autre. Enfin ... Jamais de véritable innocent non plus. Par exemple, il ne s'en prendrait jamais à Charlotte. Pour quelle raison le ferait-il ?

Ainsi, elle ne courait pas le moindre danger en sa présence, contrairement à ce que les apparences pouvaient laisser à penser. A vrai dire, elle était même très en sécurité avec lui à ses côtés. Même quand elle se permettait de se montrer curieuse en le questionnant de façon détournée. Si elle souhaitait savoir ce qu'il faisait dans la vie, pourquoi ne pas lui demander directement, plutôt que de prétexter les invités du gala auxquels ils se rendaient ? Très certainement parce qu'elle devait sentir que quelque chose clochait sacrément chez lui. En un sens, c'était bien le cas. Mais ça, elle n'en n'avait encore jamais eut la preuve bien claire pour pouvoir le confirmer. Rien que des doutes dans le fond. Mais des doutes, c'était presque déjà trop à son humble avis. Pour autant, il demeurerait sagement à sa place et la laisserait tirer toutes les conclusions qu'elle aurait envie de tirer sur son compte. « Si je vous demande, c’est que je n’en sais rien… Et à vrai dire, j’ai beaucoup de mal à me faire un avis sur vous… enfin, sur ce que vous pourriez faire dans la vie. » Voilà qui était bon à savoir. Il pouvait ainsi en conclure qu'il jouait bien la comédie et qu'il ne devait pas trop faire peur à voir. Tant qu'elle demeurait dans le brouillard complet à son sujet, il pouvait continuer de faire appel à elle pour ce genre de soirée. « J’ai juste… du mal à imaginer que vous fassiez vraiment partie de ce milieu là… » Si c'était là son seul doute, ça allait parfaitement au brun. Le plus important était qu'elle ne sache pas ce qu'il devait faire pour gagner sa vie. Et qu'elle ne se doute pas un seul instant du fait qu'il n'était jamais tout à fait seul. « Parce que je n'en fais pas vraiment parti. » Daigna-t-il quand même l'informer, avant de hausser les épaules. « Disons ... Que je suis un homme d'affaire européen qui ne parle pas un traite mot d'anglais. Parlez-vous une seconde langue ? Pour jouer à la fausse traductrice, si jamais. Mais généralement, il n'y a pas de problème à se faire à ce sujet. »

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En temps normal déjà, Jefferson n'aimait vraiment pas parler de lui. Mais ce n'était encore rien en comparaison de cette non envie depuis la mort de ses proches. Comment avoir la moindre motivation à raconter sa vie à qui que ce soit ? C'était tout bonnement impossible. En tout cas, ça l'était pour lui. Alors il ne parlait à personne. Et de toute façon, il n'avait absolument personne à qui parler. Ca résolvait le problème à sa base ainsi. Mais du coup, quand quelqu'un en arrivait à s'interroger sur son compte, il faisait trois pas en arrière et se planquait derrière ses retranchements, retrouvant le silence sans le moindre mal. Moins on en savait à son sujet, mieux il se portait. C'était aussi simple que cela. Et c'était bien pour ça qu'il était aussi peu enclin à entamer une quelconque discussion avec la jeune femme assise à ses côtés. Sans doute éprouvait-elle le besoin d'en savoir plus à son sujet, avec l'espoir d'être un tant soit peu rassurée.  Mais le fait était que ce qu'il pourrait éventuellement lui raconter, n'aurait tout simplement rien de rassurant pour elle. Pour la simple et bonne raison qu'il était beaucoup trop dangereux, instable et dans un milieu difficile, pour qu'elle se sente encore à l'aise en sa compagnie une fois qu'elle l'apprendrait. Et de toute façon, il n'avait pas le droit de répandre son principal secret : le fait qu'il était un tueur un gages. Seule sa femme avait été au courant de ce "détail" de la plus haute importance. Et c'était uniquement parce qu'il la connaissait depuis toujours ou presque. Elle était finalement la seule personne en laquelle il avait été capable d'accorder sa confiance au cours de sa vie. C'était dire combien il avait pu l'aimer. Et combien il l'aimait encore aujourd'hui, un an après sa tragique disparition. Jefferson ne sentait bien incapable d'aimer à nouveau un jour. En tout cas, pas ainsi. Lui qui se savait déjà bien incapable de s'attacher à qui que ce soit. Comment pourrait-il à nouveau tomber amoureux ? A son humble avis, Elle était la femme de sa vie. Mais Elle était morte ... Elle lui avait été arrachée. Et il n'attendait maintenant plus que son tour pour pouvoir enfin la rejoindre. Sans être pourtant certain de le mériter.

Quand Charlotte tenta d'en savoir plus à son sujet, de façon plus ou moins détournée, il hésita quant à la réponse qu'il était censée lui apporter. Et finalement, il décida de ne rien lui dire. Mais de ne pas mentir non plus. Elle se doutait qu'un truc clochait chez lui, selon ses propres dires. Il ne servirait donc à rien de lui mentir totalement non plus. Juste ... Se taire ... Ca semblait être la meilleure à faire dans un cas tel que celui ci. Ainsi eut-il l'idée d'émettre l'idée qu'il soit un homme d'affaire étranger, qui ne parlerait pas un traite mot d'anglais. Les participants à cette soirée éviteraient ainsi d'autant plus de lui parler à propos de quoi que ce soit. Et de toute façon, au premier coup d'oeil, ils n'avaient pas franchement l'envie de lui adresser la parole. Parce qu'il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il n'était pas bien commode et clairement pas du même monde qu'eux. « Je parle anglais et français couramment, un peu l’espagnol aussi… Cela vous va ? » Est-ce que ça lui allait ? Est-ce qu'il avait un autre choix de toute façon ? Il semblait évident que non. Et qu'il lui faudrait s’accommoder à toute situation. « Je ne parle aucune de ces deux langues. Mais ça devrait faire l'affaire. On dira que je suis français. Et si une personne bilingue tente de s'adresser à moi ... Vous direz que je ne parle qu'à vous. » Oui, c'était tiré par les cheveux. Mais soit, il ne voyait pas d'autre solution. Et de toute façon, il doutait toujours beaucoup que qui que ce soit ait envie de discuter avec lui. Il n'était pas le genre de personne qui mettait les autres vraiment à l'aise. Quand Jefferson gara sa voiture, il ne perdit pas de temps avant d'en descendre et d'en faire le tour pour aller ouvrir la portière côté passager. Et une fois la jeune femme descendu et la voiture fermée, il posa une main dans le milieu de son dos et l'entraîna avec lui jusque dans la salle où était organisée le gala. La chasse était lancée.

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« Pas de soucis, on fait comme ça. » Certes ... Ce n'était pas non plus comme si Jefferson lui laissait le choix. Quel étrange métier qu'elle exerçait tout de même. Devoir sourire et feindre le bonheur ou au moins la joie, alors que son bras était accroché à celui de parfaits inconnus. Si en ce qui concernait le brun, rien d'autre ne l'intéressait vraiment chez elle que sa présence à ses côtés pour donner le change, il ne doutait pas que bon nombre de ses clients avaient déjà tentés d'obtenir plus de sa part. Et à ce sujet, l'ancien flic ignorait totalement si elle était du genre à aller plus loin ou non. Et il ne voulait pas le savoir. Parce qu'il ne se sentait pas concerné par ça. Il voulait juste qu'elle joue la comédie et accepte le peu de choses qu'il lui demandait. Faire mine de lui traduire les conversations si jamais quelqu'un venait à vouloir lui adresser la parole, à lui. Mais aucun doute que personne lors de cette soirée, ne cherchait à lui parler. Parce qu'il n'était pas de ce monde là et qu'il ne fallait pas être devin pour s'en rendre soit même compte. Voilà une chose qu'il vivait d'ailleurs très bien. Il ne comptait pas faire parti de cette univers. Ni maintenant ni jamais. Non seulement ça ne l'intéressait pas le moins du monde ... Mais en plus, il n'exerçait même pas un métier qui pourrait le lui permettre si jamais un beau jour il décidait d'en faire parti. Bref, la conclusion s'imposait : il n'était pas fait pour ça. Et quand il entra dans la salle où se déroulait la soirée, en compagnie de la jeune femme qui l'accompagnait, la conclusion ne fit que s'imposer avec davantage de force encore.

« On ne devrait pas rester trop longtemps ... » Remarqua-t-il doucement à l'adresse de Charlotte, tout en commençant à scruter méthodiquement la foule de gens, pour tenter d'y apercevoir celui qu'il était venu épier ce soir là. Difficile de faire une différence parmi tous les hommes qui, malheureusement pour Jefferson, portaient tous -ou presque- des costumes sombres et une chemise pâle. « Mais dans tous les cas, je vous paierai la soirée complète, comme c'était prévu. » Ajouta-t-il sans la regarder. Pour le cas où elle s'inquiéterait à ce sujet. Ce qui serait tout à fait légitime d'ailleurs. Mais un contrat restait un contrat. Jefferson avait demandé davantage de temps à Charlotte, justement pour être certain d'avoir ce qu'il fallait pour pouvoir trouver ce pour quoi il était venu ce soir là. Et s'il obtenait ce pourquoi il était là, plus tôt que prévu, alors c'était parfait. Il ne doutait pas que c'était une chose que la jeune femme apprécierait d'ailleurs. Être payée une soirée complète alors qu'au final, ça ne durerait qu'une ou deux petites heures. Elle pourrait ensuite vaquer à ses occupations, sans plus se poser de question à propos de quoi que ce soit. Des occupations que Jefferson ne connaissait pas du tout. Elle pouvait bien être mariée et mère de famille, pour ce qu'il en savait. Ou elle rentrerait chez elle, aux côtés de ses cinquante chats. Bref, peu importait. Parce que dans tous les cas, ça ne le regardait absolument pas. Et il n'aurait jamais le culot de la questionner au sujet de sa vraie vie en dehors du fait qu'elle était escort girl, alors que lui même ne comptait rien lui révéler sur son compte. Il faudrait être complètement crétin pour foutre sa couverture en l'air aussi facilement. Or, Jefferson avait oublié d'être crétin.

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Parce qu'il ne faisait clairement pas parti de cet univers là, Jefferson faisait un peu tâche dans ce genre de soirée. Enfin, pas tout à fait ... Disons surtout qu'il passait royalement inaperçu. Et c'était le but qu'il visait d'ailleurs. Alors oui, ça l'arrangeait bien. Et c'était pour ça qu'il faisait régulièrement appel à Charlotte. Pour se fondre dans la masse, au mieux. Et jusqu'à présent, ça avait toujours fonctionné à merveille ! Ainsi, ce soir-là, se trouvaient-ils ensemble à cette soirée sans intérêt durant laquelle Jefferson n'aurait pas le temps de s'ennuyer. Puisqu'il était là avec un but bien précis. Et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour mener à bien sa mission. Comme c'était le cas à tous les coups d'ailleurs. Or, ce jour là, il cherchait un type particulier. Raison pour laquelle il était déjà en train de scruter la foule avec grande attention. « C’est parfait. » Il hocha vaguement la tête en guise de réponse pour la jeune femme à ses côtés. Pour sûr que c'était parfait. Il lui offrait quand même le prix d'une soirée complète, alors qu'il n'en n'aurait sans doute que pour une heure ou deux. Comment cracher sur une telle offre ? En plus, elle devait avoir de très bonnes raisons de faire un tel métier. C'était sans doute qu'elle manquait d'argent. Ou que, pour une raison ou pour une autre, il lui fallait rapidement une grande somme. Dettes de jeu ? Enfant en bas âge à charge ? Tout était possible et envisageable. Mais dans tous les cas, Jefferson ne saurait sans doute jamais le fin mot de l'histoire. Ne serait-ce que parce qu'il n'allait pas la questionner sur sa petite vie, alors que lui même ne comptait pas lui raconter quoi que ce soit à son sujet à lui.

« Vous cherchez quelqu’un ? Je peux vous aider ? » Merde ! A trop vouloir trouver l'homme qu'il était venu débusquer à ce gala, ce soir là, il en avait royalement oublié de se montrer discret. Ce qui était très bête. Surtout en sachant qu'il était quand même accompagné et que, du coup, la personne à ses côtés pouvaient parfaitement voir qu'il était bien en train de chercher quelqu'un parmi toutes les personnes présentes. Ainsi se redressa-t-il et posa-t-il un regard surpris et perturbé sur la jeune femme. Devait-il vraiment prendre le risque de le lui dire ? Pas sûr non. Parce que si le lendemain les journaux mentionnaient la mort de l'homme dont il mentionnait le nom ce soir là, ce serait bien trop facile de remonter jusqu'à lui. Si Charlotte était droite et honnête jusqu'au bout, elle n'hésiterait pas à prévenir la police du fait que Jefferson Greenwald cherchait l'homme en question, la veille au soir à peine. Bref, mieux valait-il se montrer prudent. « Non ! Personne en particulier. » Répondit-il calmement, en détournant une nouvelle fois le regard. Changer de sujet. Et vite. « Vous voulez boire quelque chose, peut-être ? » Demanda-t-il finalement. Non, ce n'était pas vraiment changer de sujet. Mais au moins détourner l'attention de la jeune femme, du fait qu'il était bien en train de chercher quelqu'un du regard. Mais de façon bien plus discrète ce coup ci. Il ne fallait pas qu'elle réalise ce qu'il faisait. Ce serait idiot de se faire percer à jour aussi bêtement. Surtout en sachant que jusqu'à maintenant, jamais personne n'avait réalisé ce lourd secret. Parce qu'il savait se montrer discret au possible. Ni plus ni moins.

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Raconter les raisons de sa présence ici ce soir là, ne serait clairement pas une bonne idée pour Jefferson. Ne serait-ce que parce qu'au bout du compte ... Il lui faudrait sans doute éliminer la jeune femme pour être certain qu'elle ne mettrait pas son gros secret en danger. S'il lui donnait le nom de celui qu'il cherchait et qu'elle apprenait par la suite, qu'il avait été tué, elle risquait fortement d'avoir quelques soupçons à l'encontre de l'homme pour lequel il lui arrivait de bosser et qui souhaitait seulement passer inaperçu dans une foule de gens de la haute société. Donc, il ne pouvait prendre le risque. C'était l'évidence même. Et puis de toute façon, il n'était plus à un mensonge près, n'est-ce pas ? Tout comme elle qui continuait de cacher sa véritable identité. Jefferson était persuadé qu'elle ne se faisait pas appeler par son véritable prénom et que, à côté de son rôle d'escort girl, elle avait un emploi un peu plus officiel. Peut-être un truc qu'elle adorait démesurément, au point d'accepter un rôle plus contraignant et moins plaisant, juste pour avoir l'argent nécessaire pour pouvoir vivre tranquillement et sans s'inquiéter de demain. C'était, en somme, de l'argent facile. Sans pour autant qu'elle doive prêter son corps pour ça. A moins qu'elle n'accepte de coucher avec certains de ses clients ? Jefferson n'en savait absolument rien. Et en toute honnêteté, il ne voulait même pas le savoir. Parce que ça ne l'intéressait pas. Elle était certes très belle et sans doute très intéressante ...

Mais un an après le décès de son épouse, il lui était toujours aussi fidèle. Aussi étrange que ça puisse sembler. Une fois qu'elle lui eut demandé s'il cherchait quelqu'un en particulier dans la salle imposante et luxueuse, il affirma donc que non. Avant de changer radicalement de sujet en lui demandant si elle souhaitait boire. Bien sûr qu'il tentait seulement de noyer le poisson. Et si elle était assez maligne pour ça, elle s'en rendrait elle même compte. Mais en attendant, il la regarda attraper une coupe de champagne au vol. « Ca ira pour moi ! Vous en voulez une ? » Il hocha négativement la tête, son regard partant à nouveau à la recherche de l'homme qui expliquait sa présence là, ce soir là. « Non, je préfère garder les idées claires. » Répondit-il, sans préciser pourquoi. Et il ne le préciserait évidemment pas. « Libre à vous de boire comme vous le souhaitez. Si vraiment vous allez trop loin, je m'assurerais qu'il ne vous arrive rien de grave. » Ajouta-t-il, tout à fait sérieusement, sans même la regarder. Et aussi étrange que ça puisse sembler, il était tout à fait sincère. Même s'il doutait qu'elle ait assez confiance ne lui pour, en effet, en profiter. Et lui qui ne faisait confiance à personne, il ne pouvait que comprendre. Il valait mieux se méfier de tout et de tout le monde. Surtout d'une personne qui se livrait si peu -pour ne pas dire du tout- sur elle. Et c'était bel et bien le cas de Jefferson, qui préférait ne pas parler de lui plus que de raison. Ce serait donner beaucoup trop d'indices. Bref, il valait mieux éviter ça. Il exerçait un métier qui exigeait largement ça de lui !

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Abigail & Jefferson

Jefferson n'avait pas le moindre doute quant au fait que Charlotte n'avait pas du tout confiance en lui. Et honnêtement, il le vivait très bien. Parce qu'il n'était, de toute façon, pas le genre d'homme auquel on faisait confiance bien rapidement. Il n'inspirait pas grand chose d'autre qu'une certaine crainte. Une peur irraisonnée. Et ça lui convenait fort bien de son côté. Parce qu'il ne tenait pas à attirer qui que ce soit, pour quoi que ce soit. Il voulait désormais se jeter corps et âme dans son emploi de tueur à gages. Il voulait tuer sans risquer de voir l'un de ses proches perdre la vie par sa faute. Il voulait continuer ainsi, sans la moindre attache. Maintenir les gens à distance de par sa folie qui semblait des plus évidentes ... Ca lui convenait très bien. Bien sûr, à côté de ça personne ne savait qu'il n'avait pas seulement l'air fou, mais qu'il l'était également pour de vrai. C'était un secret plus ou moins bien gardé encore. Et il faisait en sorte qu'il le reste. Le dévoiler représenterait un bien trop grand danger pour lui. Il doutait d'avoir encore longtemps droit à sa liberté si qui que ce soit réalisé qu'il n'était ni plus ni moins qu'un schizophrène purement et simplement incontrôlable. Chacun de ses meurtres était maintenant dicté par la folie, l'envie, le besoin de tuer ... Parce qu'à chaque fois, c'était une véritable extase qui s'emparait de lui. Et il devenait vite ... Incontrôlable.

Pour autant, il n'avait pas totalement oublié comment se comporter avec autrui. Pas même avec une femme qui l'accompagnait à une soirée à laquelle il n'avait pourtant pas vraiment sa place. Ainsi était-il sincère quand il fit remarquer à Charlotte qu'elle n'avait pas à s'inquiéter, si jamais elle en arrivait à boire un peu trop. Il serait là et prêt à s'assurer que rien de fâcheux ne lui arriverait. Même si ce n'était pas dans ce genre de soirée qu'un truc grave pourrait lui arriver. Que des types bons sous tous rapports. Enfin ... C'était là ce qu'ils aimaient à faire croire. Mais Jefferson n'était pas dupe. Il était toujours sur ses gardes. Surtout en compagnie de tels personnages. « Merci mais ça devrait aller. J’ai l’habitude de ce type de soirées. Je sais me tenir. » Oh, ça il n'en doutait pas. C'était juste par mesure préventive. Sait-on jamais si, pour une fois, elle s'ennuyait tant qu'elle déciderait de profiter un peu plus de l'alcool à volonté qui coulait à flot. « As you want. At least, you know you're safe with me. » Oui, enfin ... Plus ou moins. Mais le fait était qu'il n'avait pas la moindre raison de lui faire du mal de toute façon. Sauf si, un beau jour, on lui demandait de l'éliminer. Mais qui pourrait en avoir après une simple escort girl ? Regard soudainement attiré dans une direction bien précise, Jefferson posa une main dans le dos de la jeune femme, avec une étrange délicatesse venant de lui, pour l'entraîner avec lui parmi la foule de gens au sein de laquelle il évolua avec habileté.

This is a fight to the death.

Abigail & Jefferson

L'un des avantages que Jefferson retirait à faire appel à une escort girl pour ce genre de soirée, c'était le fait qu'elle ne pouvait clairement pas l'interroger sur ce qu'il était et représentait. En tout cas, se serait sacrément culotté de se permettre ça alors qu'en retour, lui même n'aurait droit à aucune information sur son compte. Finalement, c'était logique et normal. Enfin même si, à côté de ça, la pauvre devait vraiment s'inquiéter de savoir quel genre de type il pouvait bien être. Parce qu'elle ne savait vraiment rien sur son compte et pouvait donc tout à fait se monter un tas de films. Elle était au moins consciente du fait qu'il n'était pas de ce monde là. Quoi que ça ne pouvait pas l'aider à avoir un peu moins peur de lui. Au contraire. La crainte ne devait qu'être plus présente encore, si tant est que ce fut possible. Mais tant pis. Il ne se voyait pas lui parler et raconter tout sur son compte, juste pour la rassurer. En un sens, c'était peut être même mieux qu'elle continue à le craindre d'une certaine façon. Elle n'aurait donc jamais le culot de se faire plus insistante pour comprendre ce qui clochait avec lui et le pourquoi de sa présence au cours de ces soirées ennuyeuses où il n'avait pas du tout sa place. Evidemment, il n'était pas dit qu'elle cesserait de s'interroger. Ce serait peut être trop demander. Et Jefferson n'était pas assez naïf pour croire cela possible.

Et il ne lui en voulait même pas pour ça. Elle était en droit de se poser toutes les questions qu'elle souhaitait et même s'inventer des scénarios tous plus effrayants les uns que les autres. Dans le fond, ça ne le concernait en rien ce qu'elle pensait et il s'en fichait bien. Jefferson n'était pas en grande conversation avec la jeune femme mais au moins lui parlait-il, quand son regard fut soudainement attiré dans une direction bien précise. Il s'agissait bel et bien de sa cible qui se trouvait au bout de la sale. Et sans vraiment prendre le temps de réfléchir, il posa une main dans son dos pour l'entraîner avec lui tandis qu'il évoluait sereinement dans la foule. « Où va-t-on ? » Il pinça les lèvres à cette question. L'inconvénient de tout ça était là. Il n'était pas là pour discuter avec telle ou telle personne. Alors expliquer où il allait et pourquoi, relevait presque du domaine de l'impossible. Pour la simple et bonne raison qu'il ne pouvait pas lui dire la vérité. Il continua néanmoins d'avancer en silence, jusqu'à être assez proche pour voir l'homme et pouvoir surveiller, discrètement, le moindre de ses faits et gestes. « Nulle part. Je pensais avoir reconnu quelqu'un. Je me suis trompé. » Et pourtant, c'était bien lui là bas. L'homme qu'il était chargé d'éliminer. Jeff détourna néanmoins le regard pour faire mine de rien. Il ne tenait pas à ce que la jeune femme puisse se rendre compte de quoi que ce soit.

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Jefferson était prêt à tous les mensonges de la terre, si seulement ça pouvait lui permettre de continuer sa petite mission de tueur à gages sans trop de souci et sans avoir à s'interroger plus encore à ce sujet. Il n'éprouvait ainsi aucune gêne à faire mine d'être de ce monde dans lequel ils baignaient ce soir là, tant que personne ne venait à lui poser plus de question que ça à propos de quoi que ce soit. A vrai dire, personne n'avait la moindre envie de l'interroger au sujet de quoi que ce soit. Le simple fait de le regarder, pouvait rendre mal à l'aise n'importe qui. Il ne fallait pas être devin pour se douter que ce type là ... N'était pas commode du tout. Il était même tout sauf ça. Mais soit, il ne cherchait aucunement à se faire des amis alors il s'en foutait bien dans le fond. Il se foutait d'à peu près tout au bout du compte. Il était ce qu'il était, vivait ce qu'il vivait, point. Et à vrai dire, à chaque fois qu'il devait donner l'illusion d'être juste un être humain tout à fait normal, ça lui coûtait énormément. Parce que, contre toute attente, il avait perdu cette incroyable habitude, depuis des lustres maintenant. Depuis que sa petite famille avait quitté ce monde plus précisément. Ils étaient la seule chose qui lui permettait de garder tant bien que mal les deux pieds sur terre et son masque de normalité.

Maintenant qu'ils n'étaient plus là, il perdait vite tout ça. Il se perdait lui même, ne savait plus qui il était ni comment il était censé se comporter en société. Preuve en était la crainte évidente de Charlotte elle même. Il ne voulait pourtant pas du tout lui faire peur. C'était une évidence somme toute assez logique. Fut un temps où il était de ceux qui avaient pour mission de policer ceux qui aimaient à aller trop loin. Il était maintenant passé de l'autre côté de la barrière et c'était presque étrange pour lui. Il était incapable de se voir d'un regard extérieur pour savoir de quoi il avait l'air et l'impression qu'il pouvait bien laisser à autrui. Il était à peine conscient du fait que Charlotte devait s'interroger sur sa façon d'agir, soirée après soirée. « Ah, d’accord. » Après un dernier regard très bref, en direction de l'homme qu'il avait pour mission de tuer, il regarda à nouveau la jeune femme qui l'accompagnait, en fronçant faiblement les sourcils. « Est-ce que je peux vous poser une question Charlotte ? » Demanda-t-il doucement, avant de finalement l'interroger sans vraiment attendre qu'elle lui réponde. « Est-ce que je vous fais peur ? » Il saurait au moins un minimum de quoi il avait l'air. S'il était vraiment effrayant ou juste un peu dérangeant. Totalement perturbant ou à peine. C'était bien la première fois depuis très longtemps, qu'il se posait une question de ce genre. Et il n'était pas certain d'être prêt à entendre la réponse.

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De plus en plus, Jefferson était conscient du fait que Charlotte était mal à l'aise en sa présence. Evidemment, il ne m'en surprenait pas le moins du monde. A vrai dire, il savait bien que c'était parfaitement logique. Il fallait être sacrément courageux pour se sentir on ne peut plus à l'aise avec lui dans les parages. Et surtout aussi physiquement proche. Il ne dégageait pas grand chose de vraiment bon ni même de plaisant. C'était limite s'il ne s'était pas fait tatouer sa véritable nature, sur son front. C'était dire comme sa présence pouvait s'avérer assez dérangeante. Pourtant, s'il y avait bien une personne ce soir là qui n'avait foutrement rien à craindre de lui, c'était bien Charlotte elle même. Et ce, pour plusieurs raisons. Il avait besoin d'elle, pour commencer. Ensuite, il ne fallait pas oublier qu'il ne tuait que sur contrat. Or, personne ne semblait avoir une dent contre elle. Pas au point de demander à ce qu'elle se fasse éliminer tout du moins. C'était sans doute qu'elle ne trempait pas dans de louches affaires. Même si en tant qu'escort girl, ça demeurait quand même assez tendu et sans doute un poil dangereux. Pour un peu qu'elle tombait sur un sale type et quelle assistait à un truc qu'elle n'était pas supposé voir ... Oui, malheureusement pour elle, tout pouvait arriver. Et dans un tel cas de figure, quelqu'un pourrait demander service à Jeff, pour s'assurer qu'elle ne parlerait jamais à qui que ce soit, de ce qu'elle avait bien pu voir. Mais soit, ce n'était pas le cas le moins du monde. Alors inutile de s'inquiéter pour quoi que ce soit de ce genre.

Et parce qu'il était bien conscient d'être un homme auquel on pouvait difficilement faire confiance, il ne pu s'empêcher de demander à la jeune femme s'il lui faisait peur. Simple curiosité de sa part. Parce qu'il se demandait parfois ce qu'il dégageait véritablement. Au delà de ce qu'il pensait dégager tout du moins. « Si j'avais vraiment peur, je ne serais pas là mais... disons que j'ai un peu de mal à me sentir totalement à l'aise.... Sans vouloir vous blesser, vous n'inspirez pas vraiment la confiance... » Le blesser ? Pour sûr, il en faudrait vraiment plus pour le blesser. Donc non, elle ne le blessait pas. En fait, sa réponse lui faisait même ni chaud ni froid. Pour la simple et bonne raison qu'il s'attendait bel et bien à un truc de ce genre et que, du coup, il ne pouvait même que comprendre son point de vu. Il était intriguant et même complètement effrayant de par son calme à toute épreuve et sa froideur légendaire. Donc oui, c'était normal qu'elle éprouve de quelconques craintes le concernant. « Aurais-je des raisons d'avoir peur ? » Heureusement, ou non d'ailleurs, Jeff n'était pas menteur de nature. Oui, il jouait la comédie pour se fondre dans la masse et pour intégrer au mieux les rôles qu'il devait assumer pour mener à bien ses missions. Mais non, il ne mentait pas simplement par plaisir en dehors de ça. « Oui et non. Disons que vous ne risquez rien avec moi. » Une réponse sans en être vraiment une. Au moins, il ne niait pas être pour le moins dangereux et ne niait pas non plus être une personne peu recommandable. Mais il disait vrai, pour l'instant, en affirmant qu'elle ne courait aucun danger avec lui.

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Abigail & Jefferson

Jefferson savait parfaitement qu'il dégageait quelque chose de négativement troublant. Il en était parfaitement conscient parce qu'il savait qu'il n'était pas vraiment ...Comme tout le monde. En grande partie à cause de ce qu'il appelait si joyeusement, son passager noir. Mais malgré cedit passager noir dont personne ne connaissait l'existence, il pensait être capable de contrôler ses pulsions meurtrières. Et c'était le cas, surtout grâce à son emploi de tueur à gages; Il savait que sans celui ci et sans son passé de flic, il aurait sans doute commit tout un tas d'actes abominables, par le passé. Il ne pouvait se mentir à lui même sur ce point là. Parce qu'il se connaissait trop bien pour penser autrement. Et depuis le temps, il avait largement apprit à vivre avec. Malgré tout, il s'interrogeait sur ce qu'autrui pouvait penser de lui au premier abord. Charlotte elle même, qu'il voyait de façon presque régulière, semblait éprouver un semblant de crainte à son égard. Il comprenait et acceptait totalement ça, bien entendu. Mais ça ne l'empêchait pas de s'interroger à ce sujet et de se demander ce qu'elle pensait véritablement sur son compte et à quel point il pouvait la mettre mal à l'aise. Est-ce que c'était au point où elle pouvait en arriver à hésiter de travailler pour lui, quand bien même il ne lui demandait rien de plus que de l'accompagner à quelques galas de temps à autres ? Ou est-ce que, tout au contraire, elle était parfaitement à l'aise avec lui et c'était juste lui qui se trompait lourdement ? C'était justement pour tenter de savoir et comprendre ça, qu'il venait de la questionner là dessus. Et sa réponse eut au moins le mérite d'être des plus claires. Même si la question qu'elle lui posa ensuite, le fit hésiter un tant soit peu.

Il n'était pas supposé parler de son emploi à tout bout de champ et surtout pas à une femme dont il ne connaissait absolument rien. Mais il pensait qu'elle méritait au moins un minimum d'honnêteté de sa part, à défaut de pouvoir obtenir toute la vérité sur son compte. Tout savoir de lui, pourrait s'avérer beaucoup trop dangereux pour elle. Alors il allait continuer de taire ses activités qui représentaient l'unique raison de sa présence lors de certains galas comme celui de ce soir là. « C'est déjà ça... Si moi je ne risques rien, d'autres personnes disons 'innocentes' ne risquent rien non plus, hein ? » Jefferson commença à songer qu'il aurait mieux fait de la fermer. C'était comme s'il avait ouvert une valve qui libérait tout un tas de questions de la part de l'escort girl. Certes, elle ne posait pas de question trop direct et qui risquait de le mettre dans l'embarras. Mais ça commençait déjà à être trop. Parce qu'il mentirait s'il affirmait ne jamais tuer d'innocents. Son métier le poussait finalement à tuer un peu à tort et à travers. Parfois des personnes quand même trop jeunes pour avoir déjà eut le temps de commettre des choses impardonnables. Pas des enfants toutefois. Il se refusait à faire des choses aussi abominables qu'éliminer des gosses. « Vous n'avez pas à vous inquiéter Charlotte. Je suis un ancien flic. Et je l'ai été pendant de nombreuses années. » Au moins pouvait-il tenter de la rassurer un tant soit peu, en lui disant ni plus ni moins que la vérité. Même s'il n'irait quand même pas jusqu'à lui avouer pour quelle raison il n'était plus flic, depuis quand et tout le tralala. Ca par contre, ça ne le concernait en rien. Comme ce qu'il pouvait bien faire depuis ...