where have the times gone ?

max & loan

Une légère moue se dessina sur le visage de la Philippine, comme lorsqu'elle était enfant ... exactement comme lorsqu'elle était enfant. L'effet était toujours le même en présence de ses grands-parents, des rares seules personnes à l'avoir sans cesse soutenu malgré les erreurs que leur petite fille avait pu faire au cours de ces dernières années. Kiem et Lan étaient à présent les deux seules personnes avec qui la jeune femme souhaitait être ayant conscience de son grand besoin de souffler, de retourner aux sources et quel meilleur endroit que le pays qui l'avait vu naître ? Elle avait rêvé d'un retour à Palapag depuis des mois et même si la jeune femme aurait préféré avoir une meilleure raison pour revenir au pays, elle restait néanmoins heureuse d'avoir l'occasion de retrouver cet endroit si familier et riche en souvenirs qu'elle continuait de chérir encore aujourd'hui. C'était ici-même qu'elle avait fait les plus grandes rencontres de son existence. C'était ici qu'elle avait grandi, ici que ses racines se trouvaient et dès que le pédiatre lui avait donné le feu vert, Loan avait pris la décision de quitter New York quelque temps avec Elian pour retrouver les paysages de son enfance. Ses grands-parents l'avaient bien évidemment accueilli avec le plus grand plaisir - surtout son grand-père qui voyait là l'occasion de ne plus aller pêcher seul - même si voir l'état déplorable de leur petite fille les avait inquiété, ce qui n'avait pas échappé à cette dernière.

Loan soupçonnait même sa grand-mère de tenter de lui faire avaler une tonne de nourriture dans l'espoir de lui permettre de retrouver sa bonne humeur même si la Philippine se sentait plus ballonnée qu'autre chose à la fin de chaque repas tandis que Lan ne se dérangeait pas pour lui faire quelques commentaires sur son poids trop faible à son goût tandis que Kiem riait aussi discrètement que possible non loin. Oui, Loan avait véritablement l'impression d'être à nouveau enfant et de vivre toutes ces fois où elle était venue ici avec sa mère et sa sœur, des moments inoubliables ancrés profondément dans sa mémoire et qui la faisaient toujours sourire. « Tu vas finir par me faire exploser, bà ... » Souffla la jeune femme en reculant sa chaise de devant la table tandis que sa grand-mère levait les yeux au ciel. « Je vais aller me promener, Elian dort encore et je serais rentrée pour son réveil. » Assura-t-elle en se levant avant d'aller embrasser sa grand-mère après quoi elle quitta la maison de ses grands-parents pour rejoindre la plage en contre-bas. Elle avait foulé le sable chaud de si nombreuses fois, la dernière remontant au décès de sa mère et la fois d'avant encore à sa rupture définitive avec Enzo, rien de bien joyeux en soit mais Loan parvenait à faire disparaître les échecs et les mauvais souvenirs qui pouvaient s'accrocher à cet endroit d'un simple regard vers l'océan.

Après une bonne dizaine de minutes de marche, la Philippine décida de faire une pause prenant place sur le sable dans un coin à l'ombre, commençant à observer les personnes présentent autour d'elle. Le vent marin renvoyait ses cheveux bruns en arrière et fouettait doucement son visage sur lequel se dessina un sourire presque imperceptible tandis qu'elle regardait une petite fille jouer dans l'eau dont le rire lui parvint et la fit d'autant sourire sans qu'elle ne s'aperçoive de la présence d'une tierce personne auprès d'elle. Ce ne fut que lorsque le « Salut » de Tayla lui parvint que Loan prit conscience de sa présence, levant brièvement la tête vers elle avant qu'un soupire ne lui échappe alors que son regard retourna se poser en direction de l'eau. « J'ai beau essayé de fuir les problèmes il faut croire qu'ils me suivent partout. » Lâcha-t-elle avec une pointe d'agacement perceptible dans le ton de sa voix. Si elle était énervée contre son amie d'enfance, sa sœur de sang ? Pas qu'un peu et Max savait pertinemment la raison, Loan en était persuadée. Ramenant ses jambes contre elle, la Philippine les entoura de ses bras et ne lança pas même un regard en direction de son amie. « Qu'est-ce que tu me veux ? » Demanda-t-elle sans vraiment être certaine de vouloir connaître la réponse et son regard continuant de suivre les mouvements de la petite fille non loin d'elles, cette scène parvenant à canaliser la colère qui grondait en elle.

En quittant New York pour une durée qu'elle considérait indéterminée avec sa fille, Loan avait espéré pouvoir fuir toute les personnes de son entourage sans la moindre exception. Elle avait besoin de temps et d'espace afin de pouvoir respirer, afin de pouvoir se ressourcer et revenir plus forte que jamais même si, pour le moment, elle ignorait de quelle manière accomplir cet exploit. Tout ce qu'elle souhaitait c'était du temps pour elle afin d'oublier tout ce qui lui était tombé dessus ces derniers mois car si elle était capable d'encaisser un maximum de choses, la Philippine - comme tout être humain - possédait ses limites et la perte de l'une de ses filles faisait qu'elle avait largement dépassé cette ligne. Loan n'était plus que l'ombre d'elle-même désormais, persuadée que tout ce par quoi elle passait n'était qu'une punition divine pour toutes les erreurs qu'elle avait pu commettre et pourtant la jeune femme était loin d'être croyante. Elle ne savait plus à quoi se raccrocher ni même à qui ayant sans cesse l'impression que les personnes en qui elle avait le plus confiance finissait forcément par la trahir tôt ou tard. Elle qui avait pensé pouvoir compter sur Caleb était tombée de très haut lorsqu'elle avait appris qu'il avait couché avec sa meilleure amie, sa sœur de sang et la rage était telle qu'elle était incapable de passer à autre chose et que, bien malgré elle, des images venaient envahir son esprit. Désormais, elle n'avait plus qu'elle et sa fille voire ses grands-parents qui, comme toujours, l'avaient accueilli les bras grands ouverts. Il n'y avait qu'à Palapag que la jeune femme pouvait pleinement se ressourcer et espérer trouver un tant soit peu de tranquillité ou tout du moins c'était ce dont la jeune femme s'était convaincue depuis qu'elle avait posé le pied sur le sol philippin et désormais elle ne pouvait s'empêcher de constater qu'elle était réellement un aimant à problèmes.

Loan n'avait pas la moindre envie d'affronter Max, pas la moindre envie de lui adresser la parole aussi puérile que cela puisse être. Elle voulait juste un peu de tranquillité avant de gagner la maison où elle séjournait pour s'occuper de sa fille qui était à présent la seule chose de vraie dans sa vie. Cependant, elle connaissait son amie, elle connaissait son entêtement alors autant affronter la tempête tout de suite plutôt que de l'attendre venir lentement. « M'excuser. » Ce simple mot parvenu à ses oreilles fit froncer les sourcils de la Philippine qui redressa la tête en direction de Max pour s'assurer qu'elle ne se payait pas sa tête, ce qu'elle n'aurait su supporter. « Et tu me connais assez pour savoir que ça arrive pas souvent. » C'était peu dire, mais Loan resta silencieuse et détourna immédiatement son regard en direction de l'océan, n'ayant pas la moindre envie de dire quoi que ce soit pour le moment. Elle resta dans la même position, ses jambes toujours ramenées contre elle et entourées de ses bras. « Et te présenter mes condoléances, aussi. » Son estomac se noua douloureusement et la Philippine avala sa salive avec difficulté, mordillant sa lèvre inférieure de sorte à ravaler la peine qui venait brusquement de la submerger. « Merci » Murmura-t-elle malgré tout sans un regard pour son amie. « Dis-moi exactement pour quelle raison tu as fait ça ? S'il y a bien une personne à laquelle je reste très attachée depuis tout ce temps hormis toi, c'est Caleb. » Demanda-t-elle en acceptant de la regarder une nouvelle fois, le visage aussi neutre que possible pour cacher son désarroi. « Tu sais que je t'aime comme tu es et que je ne te demanderais jamais de changer, j'ai été capable de te pardonner pour le massacre, mais ça ... je comprends pas ! » Le simple fait que Caleb soit le père de son fils en disait long sur les sentiments qu'elle avait eu pour l'Américain et qu'elle avait enfoui en elle lorsqu'elle avait pris la fuite lorsque la vérité avait éclaté. Max était l'une des personnes dont elle était le plus proche et elle était persuadée qu'elle avait connaissance de ce point alors elle ne saisissait pas ce qui avait pu la pousser à coucher avec lui, à la trahir en quelque sorte.

Il était fort probable qu'elle soit en colère pour rien. Il était même possible qu'elle n'ait rien à dire étant donné son passé avec les hommes, étant donné ce qui s'était passé entre elle et Elijah, quelque chose qui était à la source même de l'existence de la petite fille qui dormait paisiblement à plusieurs mètres de l'endroit où elle se trouvait. Pourtant, Loan n'arrivait pas à faire taire cette pointe d'agacement qui la titillait un peu plus à chaque fois qu'elle pensait à Caleb ou à Max. Elle leur en voulait sans doute pour rien, après tout ça n'avait pas vraiment d'intérêt aux yeux des deux jeunes gens - et surtout de Tayla, elle en était persuadée - mais la Philippine était tellement attachée au militaire qu'elle était tout bonnement incapable de laisser couler. Elle l'aimait, c'était désormais indéniable. Une partie d'elle l'avait toujours su et si elle avait commencé à être une croqueuse d'hommes dès sa rupture avec l'Américain ce n'était pas pour rien, mais elle éprouvait aussi cet attachement envers Elijah qu'elle n'arrivait pas à faire totalement disparaitre au point de se trouver particulièrement hypocrite d'en vouloir autant aux deux personnes qui comptaient le plus pour elle - en dehors de ses enfants - mais elle était ainsi. Pourtant, Loan sentait déjà sa colère se calmer malgré la présence de Max tout près d'elle. Peut-être était-ce l'endroit qui la calmait ? Après tout cette plage avait toujours réussi à l'apaiser lorsqu'elle allait au plus mal.

C'était ici qu'elle était venue après avoir découvert qu'Enzo l'avait trompé et c'était ici qu'elle se rendait tous les jours depuis qu'elle avait remis les pieds à Palapag. Peut-être était-ce aussi la scène qui était en train de se dérouler sous ses yeux ? Cette petite fille qui courait vers les vagues et se mettait à rire à chaque fois que ces dernières la poussaient un peu plus vers le sable ? Loan n'en savait trop rien, toujours est-il qu'elle n'arrivait pas à être véritablement en colère envers la jeune femme. « Y'a pas grand-chose à comprendre. » Ou sans doute était-ce le fait qu'elle connaissait Tayla depuis si longtemps qu'elle savait au fond d'elle qu'il n'y avait pas de signification particulière à ce qu'elle avait fait. Il avait probablement été uniquement question d'une attirance à laquelle tous les deux avaient cédé et à bien y réfléchir, c'était à Caleb que la Philippine en voulait le plus. « C'est juste arrivé, les circonstances étaient là, l'envie était là... c'est tout. Et ça voulait absolument rien dire. » Et voilà ! Comme quoi Loan la connaissait plutôt bien ou plus exactement : elle avait appris à mieux la cerner avec le temps car Max continuait d'être un mystère pour elle, un mystère qu'elle préférait ne pas résoudre puisque si la jeune femme tenait à ce qu'elle sache qu'elle chose Loan savait qu'elle le lui dirait, dans le cas contraire c'est qu'il valait mieux pour elle de ne pas savoir.

« puis, en attendant, j'ai appris 2 mois plus tard qu'Elijah t'avais fait des gosses, aux dernières nouvelles j'en ai pas fait une montagne. » Les sourcils de la jeune se froncèrent alors qu'elle tournait de nouveau la tête vers Tayla. Relâchant ses jambes, ces dernières s'étendirent sur le sable chaud malgré l'ombre alors qu'elle se laissait tomber en arrière, uniquement soutenue à l'aide de ses mains posées dans le sable. « Y a quand même une légère différence entre les deux ... à moins qu'il y est eu quelque chose entre vous deux auquel cas je n'étais pas au courant. » Répondit-elle d'un ton parfaitement calme. Elle ne pouvait pas dire que ce qui s'était passé entre elle et Elijah était une erreur, elle ne le pensait pas et pourtant elle aurait préféré que ça soit le cas voire même ne jamais avoir été jusque-là, mais ce qui était fait était fait et elle ne regrettait pas un seul instant la naissance de sa fille. « Bon laisse tomber ça ! Je suis venue ici pour éviter d'avoir à y penser justement. » Lâcha-t-elle dans un soupire avant de se redresser sur le sable. « Qu'est-ce que tu fais à Palapag ? Tu n'as pas fait tout ce trajet uniquement pour t'excuser, j'en suis sûre. » Elle ne la connaissait peut-être pas par cœur, mais elle était au moins sûre de ça. Il en coûtait souvent à Tayla de s'excuser - si bien qu'elle appréciait le geste - mais elle savait pertinemment que ce n'était pas la raison principale de sa venue aux Philippines et puisque Loan avait besoin de se changer les idées, elle lisait libre court à sa curiosité.

Il y avait peu de choses que la jeune femme ne désirait pas car comme bien des personnes elle aurait aimé avoir tout ce qu’elle souhaitait aussi facilement que l’on claque des doigts mais parmi les choses qu’elle ne voulait pas se trouvait le fait de finir par être en froid avec les personnes qu’elle aimait, les rares personnes qu’elle pouvait considérer comme une famille. Parmi ces personnes se trouvaient Tayla quoi que cette dernière ait pu faire. Malgré la complexité que cette dernière pouvait être, malgré les secrets qu’elle pouvait avoir – comme des squelettes dans son placard, un tas de squelettes – elle restait aux yeux de la Philippine l’une des personnes les plus importantes pour elle. Petites elles s’étaient faites une promesse à laquelle Loan tenait toujours malgré les années. Max était sa sœur de sang, quoi qu’elle puisse dire ou faire, rien ne changerait ça. Elle avait toujours été là pour elle, à sa manière mais tout de même et c’était probablement la raison pour laquelle la trahison était aussi douloureuse. Pourtant, une partie d’elle refusait de lui en vouloir parce qu’elle refusait de la perdre elle aussi. Par le passé Loan avait choisi sa propre famille. Bien sûr à bien y regarder c’était loin d’être la meilleure, ses plus proches amies – la personne à ses côtés ainsi que le père d’Elian – étaient loin d’être des personnes fréquentables, il n’y avait qu’à voir tout ce par quoi elle était passée en leur présence, mais quand bien même.

La Philippine tenait à elle et c’était cette partie d’elle qui était parvenue à l’aider à contenir sa colère et à tenter de rester calme en sa présence puisqu’en réalité la personne à qui elle en voulait le plus était Caleb. Max était ce qu’elle était et il y avait bien longtemps que Loan avait cessé d’espérer qu’elle changerait. Elle l’appréciait pour ce qu’elle était même si elle était loin d’être la personne la plus fréquentable qu’il soit, mais elle s’en moquait et la couvrir comme elle l’avait fait par le passé – au point que sa relation avec son père était devenue pire qu’avant – le prouvait. Alors, finalement elle ne s’étonnait même pas de la facilité avec laquelle elle était parvenue à se calmer. Elle avait à faire à Max, elle savait comment cette dernière fonctionnait, elle savait que le plus souvent lorsqu’elle couchait avec un homme il n’y avait pas la moindre place pour les sentiments et elle savait que ça avait été le cas pour Caleb, aussi douloureux que ça soit mais Loan passerait sa colère sur lui au final. Chassant alors ces pensées de son esprit, Loan passa aussitôt à autre chose, à la raison de la présence de Tayla à Palapag, la véritable raison s’entend. Elle appréciait son geste puisqu’elle savait que s’excuser n’était pas monnaie courante chez la jeune femme toutefois elle savait qu’il n’y avait pas que ça alors tant qu’à être en sa présence alors qu’elle cherchait du calme autant assouvir sa curiosité. « Que ce soit clair, j'étais bien venue en partie pour m'excuser. » La Philippine posa son regard sur son amie et ses sourcils se froncèrent mais elle opina du bonnet sans dire quoi que ce soit cependant. « Tu vois cette gamine, là-bas ? » Sa curiosité à nouveau titillée, le regard de Loan alla se poser sur la petite fille qu’elle regardait jouer avec les vagues depuis qu’elle était venue s’asseoir sur ce coin de la plage.

Elle acquiesça donc en reposant son regard sur Tayla. « Disons que je suis... son ange gardien, pour les temps à venir. » Les iris de la Philippine voyagèrent de la petite fille à son amie et vice versa. Elle effectua ce geste pendant quelques secondes avant que l’incompréhension ne s’empare d’elle tandis que son cerveau tournait à toute vitesse afin de saisir les paroles de Max. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Finit-elle par demander alors que déjà son attention se reportait sur l’enfant. Loan tenta de forcer sur ses yeux afin de mieux discerner les traits de la petite mais à cette distance ça ne servait à rien, même avec une vue aussi excellente que la sienne. « Pourquoi est-ce que tu t’intéresses à cette enfant ? » Son cerveau tournait bien trop vite pour qu’elle parvienne à trouver une réponse par elle-même. Max avait tellement de secrets dans lesquelles Loan ne voulait pas réellement se plonger et elle savait que ce qu’elle était en train de lui confier faisait partie de l’un de ces nombreux secrets qu’elle pouvait avoir. La jeune femme se redressa pour se tenir aussi droite que son amie sur le sable. Elle se débarrassa de ce dernier présent sur ses mains et posa son regard sur sa voisine. « Qu’est-ce tu essayes de me dire ? » La patience n’était pas l’une de ses qualités et pourtant Loan était très calme. Elle ne lâcha pas Max des yeux et ce même si elle mourait d’envie de regarder à nouveau l’enfant comme si de cette manière elle trouverait elle-même la réponse à ses questions. Peut-être aurait-elle dû s’occuper un peu plus de l’homme qui se tenait avec la petite, peut-être que lui aussi aurait les réponses à ses questions mais pour le moment c’était à son amie qu’elle s’intéressait et les réponses qu’elle souhaitait, elle voulait les entendre de sa bouche à elle.