« Tu sais, le bébé n’est pas plus gros que le bout de mon petit doigt pour l’instant… ça mettra bien deux mois à deux mois et demi avant de se voir. » La regardant j'haussa légèrement les épaules. En quoi cette 'révélation' devait-elle me rassurer dans la suite des choses ? Qu'il fasse la taille d'un citron ou d'un éléphant ne m'importait que très peu. Le bébé était là et il fallait faire attention. Je ne voulais pas être étouffant avec la jeune femme au risque de me prendre une droite mais j'avais réellement peur que tout dérape et qu'elle le perde. Elle avait plus bien réagis à sa première fausse couche parce qu'elle ne voulait pas du bébé mais là, c'était tout autre chose. Il fallait que je respire avant de finir par m'évanouir sous toutes ces frayeurs qui me passaient par la tête. Pour le moment, elle était en face de moi et en bonne santé, il fallait que cela reste ainsi le plus longtemps possible. Tant qu'elle ne partait pas à l'autre bout du monde sans me prévenir, tout irait bien. « Je vais faire mon possible, tu as ma parole. Tu sais bien que je n’en n’ai qu’une… » La regardant, je lui fis un léger sourire. Je savais que je pouvais compter sur Neige mais cela ne m'empêcherait pas de faire attention à elle, quitte à l'entendre hurler parce que j'étais trop présent. Je préférais encore me disputer parce que je la collais plutôt parce que je brillais par mon absence, comme elle me l'avait fait remarquer un peu plus tôt. Aux grandes décisions, grandes responsabilités. « Je veux qu’on soit tout le temps ensemble toi et moi. Je veux dire… Alejandro est très sympa, mais je veux t’avoir pour moi. On va avoir besoin de toi tous les deux, tu ne penses pas ? » La regardant, je grimaça légèrement. Alejandro n'allait vraiment pas être content de la nouvelle mais elle avait raison. Maintenant, j'allais avoir une famille à m'occuper et ce n'était pas en mangeant du pop corn devant de nombreux films que j'allais m'en sortir, autant le dire. J'adorais Alejandro mais il allait falloir que je me sépare de lui, quelques temps puis définitivement. « Alejandro va pas être content mais ça me semble être la meilleure des choses... Il va juste falloir que je lui en parle ; il comprendra, il n'est pas bête » Du moins je le croyais. Seulement, même si l'idée d'emménager avec la belle blonde me botter plus que tout, je devais admettre que l'idée d'avoir une 'garçonnière' me plaisait énormément. Avoir un endroit où je pourrais vivre dans le bordel, manger des pattes dans la casserole et autre. Vivre ensemble était une bonne idée mais avoir du temps pour nous, chacun de notre côté n'était pas mauvais non plus. Sans compter qu'elle allait parcourir la ville, voir le pays, avec ses nombreux contrats... Enfin, j'avais le temps de penser à tout cela. « Et puis… tu n’as qu’à m’épouser si tu veux être sûr que je me tienne tranquille. » La regardant, je cligna des yeux à plusieurs reprises. Venait-elle, implicitement, de me demander de l'épouser ou plutôt de la demander en mariage ? Mes yeux commençaient à devenir flou à force de battre des cils comme une jeune femme. « Je.. Tu... Nous... Que... Quoi ? » Je la regarda quelques secondes avant de continuer « Un mariage te tiendrait tranquille ? Enfin, que ça te tienne en place ou non, je suis pour mais j'avais imaginé un truc plus romantique, je suis triste » Je fis une petite moue avant de laisser un rire nerveux s'échapper de mes lèvres. « C'est pas romantique pour deux sous. Tu me permets de faire les choses en bonnes et dues formes ? » Demain peut être, ou plus tard mais là, j'étais pris au dépourvu et même si Neige était nature et que je savais que cela lui irait très bien, je voulais quelque chose d'un peu mieux. « Si tu n’étais pas là, tout ce que je fais, tout ce que je suis n’aurais aucune valeur. Ca ne vaudrait pas la peine… » Lui souriant, je déposa un baiser sur ses lèvres. Bien sûr que tout en vaudrait la peine. Elle aurait sûrement trouvé un autre homme, un peu plus compétent que je ne l'étais. Réfléchissant quelques secondes, un sourire se dessina sur mes lèvres. « Bien sûr que si ça vaudrait la peine Neige. Tout vaut la peine d'être vécu tu sais... Tu aurais juste un peu moins la classe » Je lui fis un large sourire avant de laisser un petit rire s'échapper. Prenant sa main dans la mienne je dis « T'es sûre que tu serais prête à m'épouser Neige ? Tu sais que je suis pas toujours très facile à vivre » Elle non plus à vrai dire mais ça, je me gardais bien de lui dire.

« C’est plutôt à moi de te demander si un jour tu veux être suffisamment fou pour me dire oui devant témoins ! » Souriant légèrement, j'hocha rapidement la tête de haut en bas. Bien sûr que j'étais prêt à la 'supporter' jour et nuit. Cela coulait de source à mes yeux. J'étais amoureux de Neige et rien ni personne ne pourrait me faire changer d'avis sur ce point. Je pouvais être très influençable mais lorsqu'il s'agissait de sentiments et tout ce qui allait avec, j'étais un vrai tête de mule. Cela fait plus de vingt ans que mon père essaye de me faire changer d'avis sur ma mère et il n'y est toujours pas parvenu alors autant dire que j'étais prêt à tout pour la belle allemande. Pour moi, il n'existe qu'un seul vrai amour et cet amour est la belle blonde. Sentant les lèvres de la blondinette contre moi, mon cœur rata un battement. Bordel, j'allais finir par faire un arrêt cardiaque si elle m'embrassait de la sorte à chaque fois ! Dieu que je l'aimais, dieu qu'elle me plaisait... Je me voyais déjà, père d'une petite crevette, une femme à mon bras, une carrière dans le showbizz à portée de main. C'était tout ce que j'avais toujours voulu... « Quand tu parles de mon manque de classe, j’espère que tu ne parles pas de moi, dans plusieurs mois, en mode baleine ? » La regardant, je leva les yeux au ciel ! Bien sûr que non je ne parlais pas de ce moment où elle serait plus que belle. Je l'imaginais déjà, ventre rond à ne plus voir ses pieds, elle allait devenir folle mais j'étais impatient. Rien ne me faisiat peur avec la jeune allemande, absolument rien ; la preuve, je n'avais pas pris la poudre d'escampette lorsqu'elle m'avait parlé de son plan contre le père de Laura. Je n'étais pas heureux de sa décision mais je n'avais pas peur, du moins pas tant que cela. Il fallait que je lui fasse confiance et tout irait bien, j'en étais presque persuadé. « Tu seras magnifique Neige. Tu es déjà magnifique maintenant mais quand tu seras toute rondelette du ventre, tu seras encore plus belle. C'est beau une femme enceinte, tu le sais ça ? » Non, elle devait sûrement prendre la grossesse comme un fardeau mais ce n'était pas grave. Il y avait beaucoup de femmes qui ne veulent pas tomber enceinte pour ne pas casser leur ligne. Comment Neige allait courir après les méchants avec son ventre ? Elle ne pourrait pas et ça, ça me réjouissait comme jamais. Souriant légèrement, je dis « Je préfère les éléphants mais je me contenterais de la baleine, promis » Je lui fis un large sourire avant d'entendre son portable vibrer. Les ondes, c'est mauvais pour les bébés ! Levant les yeux vers la salle de danse, je vis le collègue de ma petite amie/fiancée nous regarder. Je ronchonna quelques secondes avant de l'écouter. « Dis-moi… pour éviter d’attiser les jalousies, tu serais prêt à t’entraîner avec moi au Paso Doble ? Je vais en avoir besoin pour une soirée prochaine. » J'arquais un sourcil avant de comprendre. Elle devait encore avoir une soirée. Oh non, pas avec Laura dans le champ de mire, par pitié... « Avec papa Szadowski ? » Je fis une petite moue avant de me reculer légèrement et de lui tendre la main. La tirant vers moi en la faisant 'tourner', je lui fis mon plus beau sourire. « Ce sera avec plaisir » D'une légère impulsion, la blondinette retourna à sa place, bras tendus. Je m'approcha d'elle légèrement et dis « J'espère juste que tu n'auras pas de nausées » Sinon ça risque d'être plutôt moche à voir, autant le dire, surtout pour son estomac. Bien que le Paso Doble est plutôt une danse de défi de matador avec sa cape, c'est une danse qui bouge et ce n'était peut être pas la meilleure des choses pour Neige... Enfin ça, je me gardais bien de lui dire...

« Je suis sûre qu’en pleine nuit tu seras capable d’écouter ce qui se passera là dedans quand je dormirai ! » La regardant, je leva légèrement les yeux au ciel, léger sourire sur les lèvres comme pour lui montrer que je ne savais pas du tout de quoi elle parlait ! Quelle question, comme si j'allais si gaga... En y repensant, c'était totalement mon style ! J'étais bien plus surexcité qu'elle à cette nouvelle. J'avais déjà été plutôt enthousiaste lors de sa première grossesse – qui avait mal fini – et là, c'était pire. Lequel de nous deux allait pété un plomb en premier, je n'en savais rien. « Tss, c'est pas mon style voyons ! » Je lui fis un large sourire avant de légèrement battre des cils. Tout ça allait être très mignon, vraiment trèèès mignon ! Neige risquerait de râler – surtout si je la réveillais pendant mes écoutes nocturnes – mais ce n'était pas grave. J'étais né avec des nerfs d'acier alors autant qu'ils servent ! Bon, il fallait admettre qu'avec ce que m'avait annoncé la belle allemande il y a une vingtaine de minutes, mes jolies petits nerfs avaient été mis à rude épreuve. Seulement, je ne baissais pas les bras, loin de là même. J'étais prêt à lui apprendre le paso doble en un temps éclair s'il le fallait, mais je ne voulais pas qu'elle se mette en danger pour autant. Le petit schtroumpf qui grandissait en elle ne devrait pas être trop secoué. Enfin, je disais ça maintenant mais dès qu'elle me demanderait quelque chose en danse – ou autre sport plus 'physique' – je ne pourrais pas dire non ! À ce moment même, je me serais presque mis une baffe mais je préféra écouter ce que la jeune Hengel avait à me dire. « Ne grimace pas, si tu veux que je conclus l’affaire vite… il va falloir que je redouble d’efforts pendant quelques jours. » La regardant, je ronchonna légèrement. Il fallait que je me plis à ses volontés si je voulais que l'histoire avance vite. Bien entendu que je voulais finir ce merdier le plus rapidement possible mais je ne voulais pas que la jeune femme se mette en danger. Qu'allait-elle faire pour l'éliminer ? Lui mettre une balle dans le crâne ? L'idée me fit presque pâlir et c'était moi qui allait avoir besoin de cachets contre les nausées et les vomissements ! « Je vais prendre rendez-vous avec un doc, de toute façon. Les médocs pour les nausées, ça existe non ? Il faudra bien, je ne peux pas me permettre de louper ce coup là… » La regardant, je tenta – tant bien que mal – de cacher ma peur et dis « D'accord. On ira ensemble alors, je lui demanderais des cachets pour dormir parce qu'avec tout ce qui se passe, je sens que je vais cogiter pendant des nuits entières ! » Je parlais aussi bien de l'envie de Neige de jouer au super justicier, que du bébé qui arrivait ou bien de la crise monumentale qu'allait me pondre Laura quand elle allait apprendre touts les petits – voire grands – projets que j'avais avec Neige. Je l'entendais déjà me traiter d'inconscient, de fou et me répéter que je ferais mieux de vivre ma vie plutôt que d'être avec quelqu'un comme l'allemande. C'était de la jalousie, je commençais doucement à le voir. « Tu comptes t'y prendre comment pour couic l'autre ? Tu sais que ces gens là, c'est comme Laura, ils se déplacent toujours en bande » bien sûr qu'elle devait le savoir mais je préférais lui préciser qu'il y avait bien des chances qu'elle se fasse zigouiller avant qu'elle ait pu presser sur la détente. Les somnifères ne seraient vraiment pas de refus ! La prenant dans mes bras, je la serra tout fort. « Je veux pas que tu fasses de bêtises Neige » lui dis-je, la serrant un peu plus fort. Dans trente secondes, elle allait mourir étouffée !

« Tu oses demander des cachetons à un toubib alors que je peux tout aussi bien te bercer moi avec mes grands bras super efficaces ? Tu sous-estimes mon pouvoir calmant, je suis vexée ! » La regardant, je fis une petite moue. Je ne sous estimais pas son pouvoir calmant mais je n'avais pas franchement confiance en mon petit cerveau. Stressé de nature, j'allais finir par devenir un zombie à retourner la maison de la belle blonde pour savoir où elle allait et ce qu'elle comptait faire. Je doutais franchement qu'elle garde quoi que ce soit chez elle mais sait on jamais... « Mais non, je ne doute pas de ton pouvoir calmant mais je suis un angoissé de nature alors tu sais... » J'allais définitivement devenir fou à lier si je n'arrivais pas à la raisonner sous peu. Raisonner Neige reviendrait à de l'exploit mais je comptais tout de même tenter. Si je n'y arrivais pas, peut être qu'elle arrêterait d'elle même, comprenant que je n'allais pas briller par mon absence morale mais bien physique parce que mon petit cœur m'aurait lâché. Les émotions fortes n'étaient vraiment pas mon truc, autant le dire. L'entendre parler de notre famille me faisait penser que la jolie blonde avait quand même dans l'idée de se ménager. C'était tout ce que je lui demandais ; de faire attention pour elle mais aussi pour le bébé. « mais tu préfèrerais avoir une famille comme la tienne ? Je ne peux pas dire comme la mienne vu que je n’en n’ai pas. » La regardant, je grimaça légèrement. Ma famille était un vrai merdier. Mon père était une loque, ma mère ne donnait plus de nouvelles depuis un mois et ma sœur, n'en parlons pas. J'avais peur de perdre ma mère, j'avais peur que la vie de Neige devienne la mienne. Enfin, je n'étais pas seule, elle ne l'était plus et ça, ça changeait bien les choses ! « On va faire notre famille à notre façon parce que, ni toi ni moi, n'avons une famille exemplaire... On a plus de nouvelles de ma mère au passage. Je crois qu'elle est morte » Je disais cela avec une telle froideur que ça en ferait pâlir un mort. Je ne savais même pas quoi dire à ce sujet. Étais-je triste et apeuré qu'elle soit réellement morte ? Bien entendu mais j'essayais de grandir et d'avancer. Elle n'avait jamais porté un petit intérêt à ma vie alors pourquoi devrais-je en porter à la sienne ? J'avais envie de me battre pour sa reconnaissance, encore un peu plus, mais j'avais tellement peur que mes efforts soient vains. J'aimais la reconnaissance d'autrui – je n'était pas à Broadway pour rien – et tout ce que ma mère me procurait était de la tristesse et de la douleur. Lorsque j'entendais Neige parler de son plan, je fronçais dangereusement les sourcils. Elle m'avait perdu à sa première phrase et je n'avais guère envie de la faire répéter. Si je comprenais tout son petit plan, j'allais devenir dingue, fou et bien plus encore. Celui qui allait être rongé par Alzheimer ce serait moi et pas eux. « Tu vas le dire bientôt à Laura pour tout ce que l’on a prévu ? Je n’ai aucune envie qu’elle me harcèle. » La regardant, je leva légèrement les yeux au ciel. Prévenir Laura serait du suicide pure et simple. Elle allait péter les plombs – et pas qu'un peu – et me faire la misère. J'étais prêt à supporter pour protéger Neige mais tout de même... Passant une main dans mes cheveux, je dis « Je lui dirais tout mais elle ne se gênera pas pour t'enquiquiner parce qu'on va se dire oui devant monsieur le curé et parce que tu portes notre enfant... Justement, je crois que les blagues de mauvais goûts ne feront qu'augmenter si tu vois ce que je veux dire.. Mais je ne lui cacherais pas ça. Je te promets de lui dire bientôt, très bientôt » Pas maintenant, je ne voulais pas gâcher notre journée de répétition parce qu'elle allait péter un plomb, autant le dire. « Et toi, tu vas le dire à Danny ? » Simple question pourtant plus que légitime quand on y pensait...