coming home but not as i hoped

Aileas & William

Quand elle avait eu l’hôpital au téléphone, elle avait totalement été paralysée. Plus aucun son n'avait accepté de sortir de sa bouche, qui pourtant avait dû prononcer plus de mots que n'importe qui d'autre. Son petit monde s'était tout à fait effondré. Déjà que depuis quelques mois les relations entre William et Aileas n'était pas des meilleures et malgré tous ses efforts, son frère restait néanmoins plus distant d'elle, ce qui lui brisait le cœur. Elle n'avait pas abandonné pour autant, multipliant les tactiques pour pouvoir les réconcilier et les rapprocher comme avant mais elles ne marchaient pas réellement, au grand désespoir de la jeune femme. Aileas ne perdait que rarement espoir et l'idée que son frère ne soit plus le même l'effrayait totalement. S'il y avait bien une chose qui faisait le plus peur à la jeune femme – mis à par le sang – c'était bien que son William se sépare d'elle. Bien évidemment elle avait pleinement conscience que William ne restera jamais indéfiniment près d'elle et qu'il ira certainement vivre avec Lexie ou une autre personne qui pourra le satisfaire. Vraiment, tant que cela pourra faire le bonheur de son tendre frère, elle cessera d'être son mur comme jusqu'à présent. Mais bon, aujourd'hui Aileas était assez anxieuse, car après un petit moment passé à l’hôpital, William revenait enfin à la maison et malheureusement elle ne savait pas si il allait mieux. En effet, elle n'avait pas eu énormément de temps pour elle et n'avait pas pu passer régulièrement voir son frère mais elle s'arrangeait pour venir le voir deux fois par semaine. En temps normal, elle serait venue tous les jours mais elle avait préféré être raisonnable et ne pas trop passer pour une sur-protectrice comme à son habitude. Mais au fond d'elle elle serait venue tous les jours rien que pour voir son William. A vrai dire, Aileas n'avait pas bien comprit pourquoi il était dans cet état mais elle ne tarderait de le questionner à son retour, enfin s'il avait l'humeur à la conversation. Même s'il ne l'avait pas, rien que le fait d'être près de lui réconfortera la tanzanienne.

Nouant encore une fois ses doigts, le visage d'Aileas était crispé. Contre la fenêtre menant sur la rue elle scrutait la forme de William pour se rassurer elle même. Ses sourcils étaient froncés et ses lèvres se tortillaient dans tous les sens. Son regard se posait sur chaque personne traversant Midwood à cet instant précis. L’anxiété était à son maximum... Mais encore ! La demoiselle avait prit un cachet pour se calmer. Il était rare qu'elle en arrive à ce point mais il le fallait ; William était assez faible et elle désirait le préserver en ne lui sautant pas au cou et sans le brusquer quand elle l'aurait fait en temps normal. La brune avala sa salive quand son regard se posa sur un carrure qui ressemblait à celle de son frère. Un sourire fendit son visage alors qu'elle se mettait près de la porte pour l'attendre. Après quelques minutes le jeune homme franchit enfin le seuil de la porte et Aileas le serra dans ses bras avec une douceur infinie : elle savait qu'il souffrait encore mais il pouvait marcher, c'était déjà ça. « Oh mon Dieu William tu m'as tant manquée ! » Souffla-t-elle, toujours dans ses bras. Elle s'écarta de son étreinte. « Bon sang, mais qu'as tu fait pour te mettre dans un état pareil ? » Demanda-t-elle comme une mère demandant à son fils pourquoi il avait de la boue plein les chaussures.

William avait toujours mal mais il savait dire si elle était plus profonde en tant que blessure physique ou psychologique. Ces derniers jours avaient été particulièrement compliqués à vivre et il n’était pas sûr de pouvoir s’en sortir indemne. Bien sûr, d’un point de vue purement médical, il était sur la bonne voie et ces deux semaines passées à l’hôpital lui avait rendu la presque totale capacité de ses moyens physiques. Il avait eu de nombreuses commotions, des blessures importantes, quelques fractures mais tout cela n’avait pas vraiment de sens. Il y a avait une bonne et une mauvaise nouvelle : la bonne, c’est qu’il était encore en vie ; la mauvaise c’était que Jim l’avait laissé en vie et qu’il avait sans doute quelque chose en tête. Il ne faisait jamais rien au hasard, surtout dans ce genre de cas. Il ne laissait que très rarement la vie aux personnes à qui il commençait un duel. Enfin, un duel était une douce utopie puisque ses sbires combattaient pour lui en face d’un seul homme, pratiquement désarmé. Will détestait se battre et les armes à feu par-dessus tout. Il s’était alors présenté avec ses seuls poings et l’espoir, vain, que Jim l’écouterait un tant soit peu et qu’il aurait le temps de le distraire si jamais ça venait à se corser, ainsi il pourrait s’enfuir sans trop de casse. Malgré tout, ça ne s’était pas passé comme ça. Peu à peu, ses souvenirs lui étaient revenus. Car, au début, quand il s’était réveillé dans sa chambre d’hôpital, il ne se souvenait de rien. Il n’avait aucune mémoire de ce qui avait pu lui arriver, comment il avait pu arriver dans cet état à l’hôpital alors qu’il n’y allait pratiquement jamais. C’est alors que Karina était venue et il ne l’avait pas reconnue non plus. Sa mémoire avait eu un instant d’amnésie mais il avait ensuite parfaitement récupéré. Bien qu’il ne sache pas si c’était une bonne idée ou non. En effet, Lexie était ensuite venue le voir et il avait été obligé, contre son gré, de lui dire qu’il fallait qu’ils se voient moins. Il avait rompu, ou figé le lien entre eux, il ne savait plus bien. Cette rupture était une vraie torture pour lui et il ne pouvait pas imaginer ce qu’elle pouvait ressentir. Bien sûr, il lui avait expliqué que c’était pour « son bien » et que c’était pour que Jim et ses sbires ne la retrouve pas, toute princesse de Russie qu’elle est, et ne lui fasse du mal. Mais Lexie n’était pas connue pour sa qualité de patience et de tempérance. Il avait, par la suite, entendu dire qu’elle était partie à l’étranger et, dans un sens, c’était pour le mieux.

Quoi qu’il en soit, il devait rentrer chez lui dans la matinée et il s’était préparé à une Aileas bondissante et heureuse de le revoir chez eux. Ces deux semaines lui avaient paru bien calme sans Lexie et Aileas, les deux tornades de sa vie. Puisqu’il n’y avait plus qu’une dorénavant, et laquelle n’est pas sans importance (!), il comptait en profiter. Il était un peu en froid ces derniers temps avec sa sœur et c’était quelque chose qui le rendait très malheureux. Mais, puisque Lexie ne viendrait plus, du moins, pour l’instant l’espérait William, il n’y avait pas de raison pour qu’il y ait un quelconque malaise entre eux deux, eux qui avaient toujours été très proches. Il se dirigea alors vers la porte de son appartement, un simple sac à la main, vestige des vêtements que lui avait apporté à l’hôpital Aileas. Il avait également une canne pour l’aider à marcher alors qu’il avait quelques problèmes de ce type. Il savait pertinemment que sa sœur allait se moquer de lui mais il était sage et écoutait les conseils des médecins. Il souffla un grand coup pour enlever toute pensée négative de son esprit et ouvrit la porte. C’est alors que sa sœur lui sauta dessus et lui tomba dans les bras. « Mon dieu William, tu m’as manquée ! » C’était grave, elle l’avait appelé William, soit son prénom en entier et non son surnom, ce qu’elle faisait habituellement. Malgré tout, un sourire fendit son visage et il resserra son étreinte et déclara « Je ne m’en doutais absolument pas, dis-moi ! » Puis il embrassa légèrement le haut de son crâne en ajoutant « Toi aussi petite sœur… » Alors qu’elle relâchait son étreinte, Will en profita pour jeter un coup d’œil autour de lui, rapidement. Il allait commencer à devenir paranoïaque mais il se rassura en voyant que rien n’avait changé autour de lui. Ils n’avaient pas été jusqu’à entrer chez lui. Il faut dire que les policiers s’étaient présentés dans sa chambre d’hôpital et lui avaient demandé le nom de ceux qui lui avait fait cela. Contraint et forcé, en partie par les somnifères et les médicaments qu’on lui faisait ingérer, il avait cédé. Il convenait maintenant d’espérer que ça ne ferait pas qu’amplifier la colère de Jim et ses sbires. « Bon sang, mais qu’as-tu fait pour te mettre dans un état pareil ? » Will ne put laisser échapper un petit rire. Il attrapa par les épaules Aileas et s’exclama en riant « Tu es au courant que c’est moi l’aîné et que tu n’es pas obligée d’être si maternelle avec moi ? » Puis, progressivement, son sourire s’effaça et il lui dit tranquillement et posément « Il faudrait que l’on parle » Il y avait beaucoup songé et il pensait que la meilleure des solutions était de lui dire la vérité, tout simplement. Il était de toute manière impossible à imaginer qu’il puisse jamais lui mentir.