« Tiens ! Attrape ça, ça, ça et ça ! » lâcha Maria en entrant dans son appartement. Elle lança sur le canapé où se trouvait Kaliska de multitudes de peluches à l’effigie des mascottes des Jeux Olympiques. C’était en quelques sortes des cadeaux. Oui, c’était bien cela. Maria venait d’offrir des cadeaux à Kaliska, certes à sa façon. De manière un peu maladroite, comme toujours. Sa colocataire s’écria d’un « aïe ! » pendant l’assaut terrible des peluches. Maria arbora un sourire rieur en entrant dans la pièce. Elle avait abandonné sa grosse valise dans l’entrée. « Ne me remercie surtout pas ! » répliqua alors en s’essayant au côté de Kaliska dans son canapé. Cela faisait déjà un peu plus de deux semaines qu’elles ne s’étaient pas vues. Sûrement à cause d’un agenda bien trop chargé pour Maria, entre son long séjour à Londres et son court voyage au Pérou. Pendant cette période, elle lui avait donné des nouvelles, des messages via un téléphone portable, des mails, une ou deux cartes postales d’envoyés. Après quelques minutes, Kaliska se leva, sans rien dire, et vint apporter une canette de soda à la péruvienne. La conversation allait de bon train entre les deux jeunes femmes. Le temps de quelques minutes, fini les disputes et l’amour vache. Maria conta, un brin rêveuse, sa grande aventure à Londres. Kaliska écouta sans interrompre son amie, elle lui posa des questions de temps en temps. Sûrement quelque peu curieuse de savoir ce que Maria avait bien pu faire là-bas, loin d’elle. Leur conversation fut interrompue par la sonnerie criarde du cellulaire de la jeune femme. La bouche mi-ouverte, elle lut furtivement le message qui s’affichait sur l’écran. Elle arqua un petit sourcil de surprise avant de se lever précipitamment. « Euh… je dois y aller ! » lâcha alors Maria. Sans un argument complémentaire, elle chipa sa veste qu’elle enfila et partit.

Ce message en question était envoyé d’une dénommée Hortensia. Jamais dans son quotidien newyorkais, elle ne sortait ou parlait avec cette dite Hortensia. Tout simplement pour la simple raison qu’elle n’y habitait pas. C’était en Europe chez-elle, tout du moins, c’était ce que Maria pensait. C’était là-bas qu’elles s’étaient rencontrées, quelques années auparavant. Sûrement avaient-elles changé l’une comme l’autre. Et Maria était encore sous l’émotion de retrouver la jeune femme. Comme convenu, la péruvienne se rendit au lieu où Hortensia se trouvait. Dans son message, elle lui avait mentionné une plage du côté de Coney Island. Maria arriva sur les lieux après avoir traversé la ville. Elle regarda tout autour d’elle à la recherche de son amie. Une brune, un peu métis, ça ne devait pas être si difficile à trouver en cette période de l’année… Non, pas du tout. Elle fit quelques pas sur la longue promenade avant de tomber nez à nez avec la fameuse Hortensia. « Salut ! » lâcha alors Maria, un large sourire se dessinant naturellement sur ses lèvres.

Venir à new-York n'était pas un choix à proprement parler. Hortensia avait suivi, une fois de plus, les conseils de son oncle Horacio qui venait d'ouvrir une succursale de son cabinet d'avocat installé à Buenos Aires. La jeune femme était alors à la tête de toute cette nouvelle organisation qui commençait à se mettre en place, petit à petit. Elle supervisait l'installation, les nouveaux clients, les anciens pendant qu'elle assurait quelques procès. Malgré tout, ce qu'elle considérait comme son vrai métier était un choix, celui d'aider les soldats américains de retour de guerres sanglantes.Cette proposition n'avait fait que renforcer sa volonté de s'installer dans la Grosse Pomme. Elle avait posé pied à terre il y a quelques jours à peine qu'elle avait déjà envoyé un message à la seule personne qu'elle connaissait à New-York à savoir Maria. Elles se connaissaient depuis ses études en Europe et restaient régulièrement en contact. La revoir la mettait en joie mais redoutait de débarquer dans sa vie. Après tout, en Europe c'était quelque chose mais aux Etats-Unis, c'en était une autre.

Hortensia venait de débusquer un petit appartement dans Manhattan qui lui coutait les yeux de la tête et elle se demanda une fois de plus comment des gens pouvait aimer cette ville où tout se paye et au prix fort. Un soupir et la jeune femme se décida à aller du côté de Coney Island. Qui aurait pu imaginer qu'il y avait des plages à New York ? Pressée de voir à quoi elle ressemblait et si elle était de la classe argentine, bien qu'elle en doute énormément, la jeune femme monta sur sa moto qu'elle avait fait venir de San Rafael, sa région natale. Arrivée au pied de la plage, elle descendit et enleva son casque. Tout en passant une main dans ses cheveux pour leur redonner un peu de forme, elle laissa courir son regard sur l'étendue de sable et l'océan. Déçue mais en même temps rassurée de voir que la beauté des plages argentines n'avaient pas de quoi s'en faire, elle marcha un petit peu sur la promenade avant d'apercevoir maria. Un sourire naquit sur ses lèvres, assez rare ces derniers temps. « Salut ! » lui lança Maria pendant qu'Hortensia lui répondait de même « Salut ! » tout en lui faisant la bise. Ensuite, elle engloba de la main ce qui les entourait avant de déclarer, sourire en coin « T'aurais pu me dire qu'on ne trouvait pas de dauphins et le sable blanc argentin ici ! » Elle rit un peu avant de poser la question fatidique qui lui brûlait les lèvres depuis un moment « Je veux tout savoir, comment c'était Londres de l'intérieur ? Je t'ai pas vue ! »

Combien de temps ne s’étaient pas vues ? Des semaines, des mois, peut-être une ou deux années, voire plus. Le monde n’était pas aussi grand qu’il ne le paraissait. A un moment donné, on retrouvé toujours ces personnes que l’on avait chéri à un moment donné de notre vie. Le monde était si petit que nos chemins se retrouvaient toujours, qu’on le veuille ou non. C’était le hasard, le destin ou toutes ces conneries là que les rêveurs avaient imaginés. Le hasard, le destin, ça n’existait pas en soi, ce n’était pas des choses palpables, ils faisaient partis de la fiction. De cette fiction que l’on se créait pour se rassurer. Les joues des deux jeunes femmes entrèrent en contact, ce qui fit redescendre les pieds sur terre de Maria. Elle avait toujours ce même sourire au bout de lèvres, comme si elle était heureuse. Heureuse de la revoir, de la retrouver. Maria appréciait beaucoup Hortensia. Cette dernière était l’une des rares rencontres qu’elle avait pu faire lors de ses longs séjours en Europe. « T'aurais pu me dire qu'on ne trouvait pas de dauphins et le sable blanc argentin ici ! » lui fit remarquer Hortensia. Et sa réplique fut accompagnée d’un petit rire cristallin, qui amusa Maria. A son tour, elle se mit à rire. La candeur des paroles de son amie l’attendrissait presque. Elle regarda un long instant le panorama qui s’offrait à elles. Du sable et une grande étendue d’eau, le tout épris par de nombreux newyorkais venus se changer les idées, ou tout simplement se promener. « Je suis désolée ! » lâcha-t-elle, un sourire en coin, regardant du coin de l’œil le visage d’Hortensia. « Si j’avais su que tu étais là, je t’aurais prévenu. ». Ce fut ce que Maria lui fit remarquer. Il n’y avait pas une pointe de remords, ni d’amertume dans sa voix. Juste un peu d’amusement. Elle se tut, laissant un bref silence s’installer entre elles avant de le briser. « Alors, comme ça, tu es venue t’installer à New-York ? » lui demanda-t-elle.

Curieuse, elle l’était. Tout comme Hortensia qui lui demanda comment était-ce Londres de l’intérieur. « Je veux tout savoir, comment c'était Londres de l'intérieur ? Je t'ai pas vue ! », c’était mot pour mot, ce qu’elle venait de lui dire. Le regard qui s’était perdue sur la large étendue d’eau se reporta, une nouvelle fois, sur le visage de l’argentine. L’émerveillement se peint sur le visage de Maria. Des étoiles plein les yeux, un large sourire sur ses lèvres et… « C’était magique ! Tu ne peux t’imaginer à quel point ! » lâcha-t-elle d’un air rêveuse. « A la télé… c’est déjà magique, mais alors quand tu te retrouves là-bas, t’as juste l’impression d’être petite, toute petite. Un rien là-bas peut t’émerveiller… j’avais juste la sensation d’être redevenue une gamine…. ».

[pfeeuh c’est tout riquiqui enfin… on avait pas dit court ? ]