Quinze jours. Cela peut sembler peu comme cela peut sembler énorme. Et dans le second cas, Timothy était pleinement concerné. Cela faisait déjà deux semaines qu'Olivia était plongée dans le comas, allongée paisiblement dans son lit d'hôpital. Les médecins n'avaient aucune idée de quand elle se réveillerait, quelques jours, quelques mois, tout dépendrait du corps de la jeune femme, quand il sera d'aplomb pour la laisser se réveiller. Et Timothy était resté impuissant, à son chevet, à lui tenir la main, à lui parler et à s'occuper de sa fille. Car, si dans les premières heures ayant suivi l'accouchement, il n'avait pas eu le courage d'aller prendre Jade dans ses bras, Conrad l'avait accompagné pour aller voir le bébé et tout s'était finalement très bien passé. Le jeune père ne pouvait pas blâmer la petite, elle n'y était pour rien dans cette histoire. Alors il avait assumer son rôle de père seul, passant le plus de temps possible avec sa fille tout en encourageant Olivia à ouvrir les yeux. Les premiers jours, cela s'était montré compliqué dans le sens où le bébé était encore en couveuse. Mais dés qu'il fut transféré dans la chambre de la maman, tout se simplifia et Timothy pouvait veiller sur ses deux princesses sans faire des allers-retours incessants. Ce ne fut pas pour autant que sa douleur s'éteignit. C'était toujours aussi dur pour lui de se retrouver face à une Olivia endormie, sans savoir quand est-ce qu'il pourrait voir à nouveau la nuance verte de ses iris, entendre le son doux de sa voix. Il fallait le dire : sans le soutien sans faille de son frère, de ses parents qui avaient fait le déplacement jusqu'à New York et de ses amis les plus proches, jamais il n'aurait retrouvé confiance, abattu par le mal qui frappait Olivia. Mais il avait tenu bon, s'était accroché à l'espoir de la voir rouvrir les yeux. Et en attendant, il s'occupait de sa petite fille avec tout l'amour qu'il pouvait lui porter.

Depuis la naissance de Jade et le comas soudain de sa compagne, l'animateur radio avait pris congé, son équipe comprenant tout à fait qu'il avait d'autres responsabilités plus importantes à remplir. Ce jour là -comme tous les précédents-, Timothy était donc arrivé à l'hôpital dés la première minute autorisée pour les visite. Il avait pris son petit-déjeuner au chevet d'Olivia, lui lisant le journal pour la tenir au courant de ce qu'il se passait dans le monde. Cela pouvait sembler étrange, mais Conrad lui avait répété que les personnes plongées dans le comas semblait entendre les voix de leurs proches lorsque ceux-ci s'adressaient à eux. C'est donc pour ça que Timothy parlait beaucoup à sa petite amie, espérant que cela l'aiderait à soulever ses paupières. Il était ensuite resté un certain temps avec elle, à lui parler de lui, de leur fille et de la famille Hanwell qui attendait impatiemment le réveil de la jeune femme. Car oui, les parents d'Olivia étaient venu à New York en apprenant l'heureuse nouvelle de la naissance et le triste malheur du comas de leur fille. Ses frères et soeurs présents dans la Big Apple -c'est à dire Elisabeth, Edwin, Zoé et Daphné- étaient tous venus à son chevet, la suppliant d'ouvrir les yeux. Bref, les personnes présentes s'étaient enchaînées, mais aujourd'hui était un jour de calme où chacun étaient occupés. Seuls les parents d'Olivia étaient censés passer dans l'après-midi. Timothy avait donc profité de ce calme pour rester auprès d'elle, passant toute la matinée à ses côtés, puis il partit déjeuner avec son frère, Conrad, vers les alentours de midi. L'après-midi, il la consacra à sa fille. Allant la chercher dans la chambre, il décida de profiter du beau temps pour aller se balader dans le parc bordant l'établissement et qui appartenait d'ailleurs au Lennox Hill. Mais, alors qu'il bordait tendrement sa fille en marchant le long du chemin traversant le parc, une infirmière vint le trouver, visiblement radieuse. « Monsieur McDouglas, vous feriez bien d'aller trouver votre compagne. Il semblerait qu'elle soit en train de se réveiller. » À cette nouvelle, le coeur de Timothy chavira et des larmes lui montèrent directement aux yeux alors que, le palpitant battant la chamade et serrant doucement sa fille contre lui, il suivit l'infirmière jusqu'à la chambre. Là, il rencontra le médecin qui lui annonça, radieux, qu'Olivia était en phase de réveil, que son état était stable et qu'il pouvait la voir, mais sans la brusquer. Ému, le jeune père acquiesça et entra dans la pièce. La jolie blonde était toujours allongée, les paupières fermées, alors il s'avança vers elle, bordant Jade en tentant de rester le plus serein possible. « Olivia... » murmura-t-il à l'égard de sa dulcinée, sentant que son coeur risquait d'exploser tellement il battait fort.

Dans ses souvenirs, la dernière fois que Timothy s'était retrouvé dans un tel état d'émotion remontait au jour où il était venu trouver Olivia pour lui annoncer qu'il l'aimait définitivement et qu'il avait envie de fonder une famille avec elle. Moment magnifique qui s'était ensuivi par la révélation de la leucémie de la jeune fille. Une soirée gravée dans sa mémoire qui avait eu le don de lui tirer plusieurs larmes et de faire bondir son coeur avant de le déchirer. Mais aujourd'hui, c'était tout à fait autre chose, c'était l'émotion de la savoir en vie, de se dire que tout finirait par s'arranger, le soulagement et l'amour qui lui traversait soudainement le coeur. Il sentait soudainement le poids qui avait pesé sur ses épaules les quinze derniers jours s'envoler, lui promettant que les jours à venir allaient être meilleurs. Et le jeune père était confiant : Olivia allait gentiment se remettre de son comas et elle pourrait bientôt rentrer chez eux. Ils allaient enfin former la famille dont ils avaient toujours rêvé.

À peine avait-il appelé le prénom de sa dulcinée que le médecin entra. Timothy chercha le regard de la belle blonde, mais elle semblait peiner à ouvrir ses paupières. Le coeur tambourinant à mille à l'heure, il se contenta donc de serrer un peu plus Jade contre lui, la berçant doucement. Le bébé couinait, comme s'il sentait que sa mère n'était pas loin, enfin réveillée. « Chut ma puce, ta maman est là, ça va aller. » chuchota-t-il à sa fille tellement doucement que seuls les petites oreilles du poupons purent percevoir ses mots. Les yeux larmoyants, Timothy scruta le médecin qui vérifiait les diverses machines transmettant l'état de santé de la malade. Puis il finit par prendre la parole, n'énonçant que des paroles rassurantes. Quand il se tourna vers l'animateur radio pour lui demander s'il avait des questions, celui-ci hocha négativement la tête. « Tout est clair docteur. Merci beaucoup. » répondit-il, un léger sourire contrastant avec ses yeux brillants. Avant de sortir, le médecin lui rappela de ne pas brusquer la jeune femme, de lui laisser le temps d'émerger et de se remettre et surtout vérifier qu'elle reste calme et allongée dans son lit. Timothy acquiesça et le regarda quitter la chambre. Il s'humidifia ensuite les lèvres, puis regarda à nouveau Olivia. S'avançant finalement vers elle, il sentit son coeur s'étourdir dans sa cage thoracique, ses battements semblaient plaire au bébé qui tournait la tête en sa direction en émettant des petits couinements gratifiants. « Olivia, tu m'entends ? » demanda le jeune père, ému, alors qu'il se retrouvait près du lit. Les paupières de la maman se soulevèrent et Timothy put enfin voir la couleur verte de ses yeux. Son coeur s'emballa, il baissa la tête en souriant, sentant l'émotion le traverser plus fortement. Elle était réveillée, ça y est. Le calvaire prenait fin, il ne souffrirait plus, Jade non plus, plus personne ne souffrirait. « Ça va aller, tu verras. Tout ira bien maintenant. » susurra-t-il d'abord au bébé, puis à Olivia, relevant la tête pour plonger ses yeux larmoyants dans les siens. Ayant peur de se montrer trop brutal pour son réveil, il se contenta de s'asseoir au bord du lit et, tenant toujours son bébé contre lui, il passa tendrement une main sur le front de la femme qu'il aimait. « Tu m'as tellement manqué. » déclara-t-il en souriant, une larme finissant par rouler sur sa joue. Trop plein d'émotions, quand tu nous tiens.