Dire qu’il avait rêvé de ce jour de congé, qu’il l’attendait depuis un moment et qu’à présent il se retrouvait à faire les cent pas chez lui, incapable de trouver quelque chose d’intéressant à faire. Dieu ce qu’il avait attendu ce moment avec une grande impatience, ce jour où enfin il allait pouvoir dormir plus longtemps que les trois quarts du temps, qu’il allait pouvoir flemmarder toute la journée et faire quelque chose qui n’avait rien à voir avec son travail. Leroy avait attendu ce jour où il allait pouvoir redécouvrir les pièces de l’endroit où il habitait à défaut de ne connaitre que la cuisine, la salle de bain et son adorable et parfait lit. Il y avait tellement de choses à faire chez lui, comme s’occuper de la chambre d’amis qu’il voulait repeindre, mais où s’entassaient les cartons qu’il ne s’était pas encore décidé à ouvrir depuis trois ans qu’il était là. Toutefois, il fut incapable de trouver le courage, à croire que la fatigue venait l’assaillir spécialement ce jour-ci alors que tous les autres il s’était mis à penser à sa chambre d’amis, assis devant l’écran de son ordinateur, dans son bureau, la tête en appui sur sa main. Il s’était réveillé aux alentours de midi, sa main s’abattant lourdement sur son radioréveil avant de se traîner jusqu’à sa cuisine, les cheveux en pétard et les paupières à moitié closes. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas autant dormi et Leroy savait pertinemment que s’il n’avait pas mis son réveil, il aurait passé sa journée à dormir au point de dérégler son horloge interne … si ce n’était pas déjà le cas avec les horaires qu’il avait fait dernièrement. Sa douche avait beau l’avoir un tant soit peu réveillé, il n’avait tout de même pas trouvé le courage d’ouvrir la porte de cette chambre qu’il devait refaire et au final, il s’était contenté de redécouvrir son petit salon, son canapé et sa télévision devant laquelle il s’était mis à somnoler. Sortir aurait peut-être été une bonne idée. S’aérer un petit peu et redécouvrir également New York autrement qu’en courant à travers la rue pour arrêter un suspect ou assis en voiture à côté de son partenaire qui se transformait en un vrai fou une fois au volant.

Oui, il y avait beaucoup de choses que Leroy aurait pu faire pour sa journée de congé, mais rien ne semblait le motiver hormis être la personne la plus fainéante de la planète. En un sens, il eut l’impression de se retrouver plusieurs années en arrière, lorsqu’il avait appris pour la soit disant mort d’Emilie-Jane et qu’il s’était transformé en une véritable loque tandis que son ex-femme ne savait plus quoi faire de lui. Durant toute cette période, Leroy n’avait été que l’ombre de lui-même, une véritable loque et personne n’avait semblé être en mesure de le faire sortir de sa léthargie. Il avait été au fond du trou à cette époque et rien ne semblait lui donner la moindre envie d’en sortir, il ne voyait plus la lumière au bout du tunnel et à vrai dire, il n’avait pas même cherché à la trouver. Leroy avait préféré se renfermer sur lui-même et resté muet. Il ne bougeait que très rarement du fauteuil de cet appartement à Norfolk, lorsqu’il le faisait c’était soit pour manger, soit pour se doucher, puis il prenait la même position et repartait dans ses pensées. Ce fut une période particulièrement sombre de son existence dont le jeune homme préférait ne pas parler et à laquelle il évitait de penser, mais être ainsi, assis sur son canapé, face à sa télévision sans rien faire ne pouvait que lui rappeler ces années sombres qu’il voulait penser derrière lui. Ce fut donc comme un électrochoc pour l’agent de la CIA. Il était hors de question qu’il reste là à rien faire. Il se devait de sortir, de prendre l’air et de se changer les idées, à vrai dire de faire tout et n’importe quoi tant que ça lui permettait de chasser ses sombres pensées de son esprit. Il devait trouver quelque chose à faire et de préférence loin de chez lui, loin de cet endroit où il vivait seul, dans une maison bien trop grande pour lui au final. Ces congés n’étaient pas la meilleure chose pour lui, son travail et ses collègues lui permettaient de tenir le coup et de ne pas trop penser au passé.

Leroy en vint très rapidement à regretter cette impatience qui l’avait gagné à l’idée qu’il serait bientôt tranquille chez lui et voilà qu’à présent il espérait même que son portable se mette à sonner pour qu’on lui dise qu’on avait besoin de lui quelque part, mais malheureusement ce ne fut pas le cas et ce même s’il fixa le téléphone dans l’espoir que rien que par la pensée il se mette à sonner. Non, c’était à lui de sortir, à lui de trouver ce qu’il devait faire et Leroy ne tarda pas à quitter son logement, prenant sa voiture pour rouler dans les rues new-yorkaises sans but précis, de toute manière tout était bon pour lui changer les idées et l’éloigner le plus possible de sa solitude. Il aurait pu se rendre chez sa sœur, discuter encore avec elle car après tout ils avaient beaucoup à rattraper. Il aurait pu aller aider Emilie-Jane chez elle, ce qui ne devait pas être de trop vu le stade de sa grossesse et le fait que sa petite fille – et donc la nièce de Leroy – pouvait être très turbulente de ce qu’il avait déjà pu remarquer. Néanmoins, il savait que sa sœur était en train de travailler, que sa nièce était à l’école et que donc, il allait faire face à une porte qui n’était pas prête de s’ouvrir. L’agent n’eut pas à fouiller bien longtemps dans sa tête pour savoir à qui il voulait rendre visite et à en croire la direction qu’il avait prise, il y pensait depuis le moment où il était parti de chez lui. C’était Elisa qu’il voulait voir. Cette demoiselle qu’il considérait comme sa petite sœur et dont il n’avait pas de nouvelles depuis un petit moment. Les affaires sur lesquelles il avait travaillé l’avaient empêché de lui rendre visite plus tôt, mais à présent qu’il avait du temps libre, l’agent comptait bien se rattraper et tâcher de savoir pour quelles raisons Elisa ne donnait plus aucuns signes de vie.

Garé non loin de l’endroit où la jeune femme vivait en colocation avec sa meilleure amie, Leroy atteignit rapidement la porte et sonna en attendant que quelqu’un lui ouvre et de préférence la jeune femme à qui il rendait visite. Leroy ne sut dire lequel des deux étaient le plus surpris, mais son regard s’attarda un long moment sur la toute petite tête blonde qu’Elisa tenait contre elle et l’agent fut à cours de mots pour exprimer ce qu’il pensait. « Salut toi ! Comment ça va ? Vas y entre, tu connais la maison ! ». Tel un automate il s’exécuta, entra à l’intérieur et se laissa tomber sur le canapé en tentant encore de réaliser ce qu’il venait de voir. Il lui fallut regarder de nouveau la petite fille qu’Elisa posa délicatement sur son transat pour réaliser la chose. Il aurait pu penser qu’il s’agissait d’une enfant qu’elle gardait, mais ça ne lui ressemblait pas vraiment et cette petite fille avait de trop nombreux traits en commun avec elle pour ne pas être sa fille. « Tu veux boire quelque chose ? Jus de fruit, soda ? Une bière peut être ? ». Redescendant enfin sur Terre, Leroy posa les yeux sur la jeune femme qui se trouvait devant le réfrigérateur et secoua brièvement la tête de gauche à droite pour se reprendre. « Hm … n’importe quel soda m’ira, merci. ». Ses yeux se posèrent de nouveau sur le petit bébé non loin de lui qui jouait tranquillement avec ses pieds sans même lui prêter la moindre attention. « Tu comptais me le dire un jour ou j’allais devoir me contenter de l’apprendre lors de sa majorité si je n’étais venu de te voir ? ». Son ton n’était pas mauvais, juste … surpris, c’était le mot qui convenait le plus pour cette situation pour le moins inattendue.

Je sais pas ce que c'est que cette horreur que je t'ai pondu là o.O Un pavé pour rien dire en plus, désolée t______t

Elisa … cette demoiselle était devenue l’égale d’une petite sœur aux yeux du jeune homme. Il avait doucement appris à la connaitre même si leur première rencontre lui avait permis d’en savoir tout de même beaucoup sur elle. En réalité, il avait surtout appris à l’apprécier, à mieux la connaitre et surtout à ne pas se fier aux apparences, un adage qu’il connaissait bien depuis tout ce temps. C’était une demoiselle qui avait pris de l’importance pour lui, une personne pour qui il s’inquiétait assez facilement et qu’il avait pris sous son aile comme il l’avait fait lorsque sa véritable petite sœur était entrée dans sa vie plusieurs années auparavant. Avoir Elisa dans sa vie – même si ça n’était que depuis trois ans – lui avait permis de souffler et d’avoir de nouveau l’impression de revivre et d’être important pour quelqu’un. Bien sûr, il y avait également son meilleur ami, mais en ce qui concernait Matthew, la relation qu’il entretenait avec ce dernier était bien au-dessus de n’importe lesquelles même si ça pouvait sembler peu sympathique pour des personnes comme Emilie-Jane et Elisa, mais il était tellement difficile de définir son lien avec Matthew tant son coéquipier avait de l’importance pour lui. Toutefois, Elisa comptait également beaucoup pour Leroy et l’agent était presque certain d’avoir parfaitement su le lui prouver et le lui dire au cours des trois années qui s’étaient écoulées. Il faisait de son mieux pour être là en cas de besoin et ce malgré son travail. Il faisait toujours en sorte de décrocher son portable lorsqu’elle l’appelait alors qu’il était au bureau et ce uniquement parce qu’il voulait s’assurer qu’elle allait bien comme il l’aurait fait avec sa propre sœur si elle n’avait pas disparu de sa vie si longtemps. Ne pas avoir de nouvelles de la jeune femme pendant si longtemps l’avait bien évidemment inquiété, mais entre les fois où il s’était dit qu’elle avait sûrement pas mal à faire de son côté avec son travail et les fois où il était trop sérieusement impliqué dans une affaire, Leroy n’avait pas réellement eu le temps de l’appeler et à présent il s’en voulait quelque peu. Après tout il était son ami, un ami proche car il savait qu’elle tenait également beaucoup à lui et pourtant il n’avait pas composé son numéro alors qu’il n’y avait rien de bien difficile à faire dans cette action.

Il fallait qu’il se rattrape, qu’il vienne la voir afin de savoir comment elle allait, si tout se passait bien pour elle et étant donné qu’il avait sérieusement besoin de prendre l’air et de se changer les idées, se rendre directement chez la jeune femme lui avait semblé être la meilleure idée. Toutefois, l’agent ne s’était pas attendu à une telle surprise lorsque la porte de l’appartement où vivait Elisa s’ouvrit. La voir tenir un petit bout dans ses bras qui lui ressemblait fut un choc qui le laissa sans voix. Comment avait-il pu ne pas s’apercevoir de sa grossesse ? Certes, ils ne s’étaient pas vu très souvent dernièrement, mais tout de même neuf mois de grossesse ne passaient pas inaperçu. Avait-il si peu fait attention à Elisa au point de ne pas remarquer le fait qu’elle allait avoir un enfant ? Leroy avait dû être vraiment trop concentré sur les enquêtes de la CIA, il ne voyait pas d’autres explications et il fallait avouer que la surprise l’empêchait de réfléchir correctement. Même assis sur le canapé du salon, le regard passant d’Elisa au bébé, du bébé à Elisa et ainsi de suite, le jeune homme fut incapable d’aligner des mots dans un sens correct pour donner une phrase sensée. Jamais il ne se serait attendu à une telle chose en venant ici, non vraiment pas et la jeune femme semblait quelque peu aussi gênée que lui qu’il le découvre aussi brutalement. C’était comme apprendre qu’il était père … bon peut-être pas non plus, mais le choc était tout de même quelque peu similaire. C’était comme lorsqu’il avait revu Emilie-Jane pour la première fois et qu’il avait appris qu’il était tonton et qu’il le serait bientôt pour la seconde fois, c’était exactement le même choc que ce jour-là et le ton qu’il avait employé pour s’adresser à Elisa le laissait parfaitement sous-entendre. N’ajoutant rien d’autre, il laissa la jeune demoiselle – et mère donc – le rejoindre sur le canapé et la laissa lui servir son verre de soda avant de lui donner une explication qui pourrait sans doute faire disparaitre sa surprise. « Tu aurais connu la petite avant sa majorité hein ça c’est sûr parce que je pense bien être remise avant sa majorité mais j’ai eu quelques soucis on va dire et surtout ne t’énerves pas avant que je t’explique ! Je sais je n’ai pas d’excuse mais laisse-moi parler ! ».

Oui, aucun problème pour qu’il la laisse parler, de toute manière Leroy était encore trop sous le choc pour être capable de reformuler une nouvelle phrase correcte. Son regard posé sur Elisa, son verre à la main, il n’osa pas en boire une seule gorgée sans avoir eu au préalable une explication. « J’ai fait un déni de grossesse, je suis passée de mon bureau de travail à la salle d’accouchement en un rien de temps alors que je ne savais même pas que j’étais enceinte… Tu vois un peu le choc dans ma vie surtout que ma vie d’avant me plaisait vraiment… Bref, j’ai mis au monde ce petit cœur et depuis ma vie est un désastre, c’est tellement un champ de mine que je n’ai pas mis les pieds dehors depuis un mois à peu près parce que je suis épuisée et que je ne sais pas m’occuper de ma fille, je ne sais pas la calmer, bref j’ai honte alors je n’allais pas aller me pavaner dans la rue avec ma fille dans les bras comme si j’étais la reine du monde. ». Ses yeux s’ouvrirent tels deux soucoupes. Un déni de grossesse … pourquoi n’y avait-il pas pensé lui-même ? Peut-être parce que tout ce qui touchait aux grossesses n’était pas vraiment un domaine très familier pour lui qui n’avait pas le moindre enfant et qui n’avait pas encore pensé à en avoir. « Maintenant tu peux me faire tous les reproches que tu veux ! ». Leroy posa son verre sur la table basse devant lui et passa sa main sur son visage pour se reprendre. Le jeune homme se racla la gorge avant de s’assurer d’être capable de parler de nouveau. « Wouah … je comprends mieux pourquoi je n’avais rien remarqué, je ne suis pas très familier à tout … ça, mais quand même. Enfin tu aurais dû m’appeler Eli’ ! Je sais que je suis souvent pris par mon travail dernièrement, mais passer chez toi pour t’aider n’aurait pas été un problème tu devrais le savoir. ». Leroy était incapable de ne pas utiliser un ton plein de reproches en s’adressant à elle. Ce n’était pas vraiment qu’il lui en voulait, après tout elle-même ne s’était pas du tout attendue à mettre au monde sa fille, mais tout de même, elle aurait pu l’appeler par la suite pour qu’il la soutienne si tout était aussi catastrophique que ça. « Tu sais que j’aurais pu t’aider, j’ai pris le coup de main avec les enfants de mon collègue les quelques fois où je les vois, je pourrais très bien être à même de m’occuper d’elle tu sais … d’ailleurs … hm … elle a un prénom ? Je suppose qu’elle ne s’appelle pas « bébé » ? ».

Chaque journée possédait son petit lot de surprises et Leroy n’y échappait pas. Malgré son désir d’avoir une journée simple et pas trop fatigante lorsqu’il ouvrait les yeux le matin, ce n’était jamais le cas. Il n’était pas né pour avoir la vie simple, la sienne devait forcément être compliquée et même si le jeune homme s’était parfois convaincu de s’être fait à cette idée, ce n’était jamais le cas. Il y avait toujours une petite chose qui faisait que sa journée prenait une tournure fatigante et loin d’être banale. Peut-être était-ce simplement le métier qu’il faisait qui permettait une telle chose de se produire ? Il était agent de la CIA et vivait tous les jours sous la couverture d’un policier – ce qui ne faisait pas de grand changement en soit – si bien que, finalement, pour la simplicité de sa vie ce n’était pas gagné. Toutefois, il y avait également toute l’histoire qui tournait autour de sa sœur et qui était digne d’un bon épisode d’une série quelconque centrée sur une équipe policière. Parfois, lorsque Leroy se laissait à réfléchir à toute sa vie, lui-même en venait à se demander s’il n’était pas tout simplement en train de rêver et si tout ceci était bien réel, quoi qu’à côté de la vie de son coéquipier, la sienne était bien paisible. Il n’avait pas vraiment de problème de famille étant donné que sa dernière famille n’était autre qu’Emilie-Jane et que cette dernière venait tout juste de revenir dans sa vie, mais leur histoire était tout de même ahurissante. Même son identité changée, sa cadette continuait de savoir sa vie en danger et ce uniquement à cause d’un père aux grandes tendances psychopathes qui faisait de sa vie un enfer et qui avait détruit celle de ses parents et accessoirement la sienne. Emilie-Jane n’était jamais en sécurité, pas plus que son mari, sa fille et son enfant à naitre et bien souvent Leroy regrettait d’être trop touché par l’affaire car il aurait bien vite fait le choix d’être l’agent chargé de sa protection. Donc, au fond, les perpétuelles surprises de chaque jour ne devaient plus être tant surprenantes que ça, mais ça continuait tout de même d’être le cas pour lui et cette journée-ci méritait largement la palme d’or. Il avait surtout voulu s’assurer que sa petite sœur de cœur allait bien, qu’il ne lui était rien arrivé de grave qui pourrait expliquer le peu de nouvelles auxquelles il avait eu le droit ce mois-ci.

Leroy avait juste souhaité venir la voir pour faire taire son inquiétude et sans doute aussi pour lui remonter les bretelles en la voyant en forme, mais c’était à une Elisa mère qu’il avait fait face et c’était quelque chose de bien plus surprenant que tout ce qui avait pu le toucher récemment et l’agent avait encore bien du mal à encaisser la nouvelle. Toutefois, il était si heureux de rencontrer le petit ange qu’était Ivy-Blue – et donc sa filleule – qu’il laissa la surprise de côté pour se focaliser sur les deux demoiselles en sa présence dont l’une plus fatiguée que l’autre et l’autre étant à la source de cette fatigue. Bien qu’il n’ait aucune expérience avec les enfants – à part la courte avec Toyiah et Mason, voire sa nièce – Leroy savait néanmoins qu’un nouveau-né ne faisait pas tout de suite ses nuits et qu’il s’agissait également de la période la plus difficile pour les jeunes parents, d’autant plus s’il n’y avait qu’un parent pour s’occuper de l’enfant. Il comprenait ainsi parfaitement pour quelles raison Elisa semblait si exténuée et compatissait bien que sa fatigue à lui était due à son travail et uniquement à ce dernier. « Oh oui ce petit ange se transforme en petit diable quand la nuit tombe et elle ne me laisse pas fermer l’œil de la nuit ! Depuis que l'on est rentré elle n'a pas du dormir plus de deux heures de suite alors vois dans l'état dans lequel je suis, je ne ressemble plus à grand chose ! Mais bon, maintenant parrain va pouvoir suppléer la maman quand la maman sera trop fatiguée hein... ». La jeune Anglaise confirma donc ce qu’il pensait déjà et Leroy pouffa légèrement quant aux dernières paroles de la demoiselle avant de lever les yeux vers elle pour s’assurer qu’elle n’était pas sérieuse. En réalité, s’occuper d’Ivy-Blue pour aider Elisa n’était pas quelque chose qui l’effrayait, c’était de savoir s’il aurait le temps dans les jours à venir pour le faire avec son travail car il ne savait jamais véritablement à quoi s’attendre. « Pour tout dire, elle me laisse tellement peu de temps pour moi que je suis au bout du roulot, ça ne doit pas être un bébé comme les autres, comme sa mère je crois, elle ne dort presque jamais ! ». Une moue compatissant apparue sur le visage de Leroy ainsi qu’un léger sourire qu’il voulait réconfortant. Ses yeux se posèrent de nouveau sur le petit ange qu’il tenait contre lui et qui semblait être vraiment bien contre son parrain ce qui le poussa à sourire de nouveau et à se sentir d’autant plus touché d’avoir été choisi comme parrain par sa mère.

« Écoute, si tu veux je reste pour la nuit. Je m’occuperais de vous deux ou de vous quatre si Emma et sa fille sont là, comme ça vous serez toutes tranquilles et les deux mamans pourront se reposer pendant que j’améliorerais mon contact avec les enfants et … les bébés. ». Concernant les bébés il s’agissait surtout de développer ce contact plutôt que de l’améliorer vu qu’il n’avait pas du tout l’habitude de ces tout petits êtres fragiles. Cependant, Leroy était sincère et il voulait réellement lui apporter un peu d’aide et de soutien même si ce n’était que pour une soirée, mais c’était toujours mieux que rien. Et puis, malgré le fait qu’il n’était pas souvent chez lui, l’agent savait cuisiner, bien mieux que ce qu’il voulait bien laisser sous-entendre pour avoir appris lors de son adolescence lorsqu’il devait s’occuper de sa sœur et de lui-même étant donné les absences répétées de ses parents. « Roooh je voulais pas t'émouvoir à ce point moi hein ! Mais je suis contente que cela te touche si tu avais accepté en t'en foutant je me serais demandée si j'avais fait le bon choix mais maintenant je n'ai plus aucun doute... Par contre pour l'officialisation de ton statut, il faudra attendre qu'elle soit un peu plus grande parce que pour le moment j'aurais bien trop peur qu'elle fasse une crise au beau milieu de la cérémonie civile... Parce que oui l'église ce n'est pas pour moi comme tu le sais ! ». Il n’était pas surpris du tout que l’église soit loin d’être pour elle. Il connaissait un tant soit peu son passé grâce à ce qu’Elisa lui avait raconté. Il connaissait les croyances de ses parents, de sa famille et les difficultés qui en avaient découlé si bien qu’il aurait peut-être été assez surpris de l‘entendre parler d’une cérémonie religieuse. Lui-même croyant – en bon Américain, comme le disait sa mère – il n’était pourtant pas pratiquant et n’allait que très rarement à l’église, voire même jamais bien que ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait même si les cérémonies finissaient bien vite par l’endormir. « Le principal c’est que je le sache, pour l’instant que ça soit officiel ou non, ça ne change pas grand-chose pour elle. ». Leroy doutait même qu’elle se souvienne de lui la prochaine qu’il allait venir voir sa mère. Peut-être allait-elle se souvenir de son odeur, mais même ça ce n’était pas sûr si bien que savoir qu’il était son parrain était impossible, mais pour lui c’était un rôle qu’il n’était pas prêt d’oublier car il se donnait toujours corps et âme dans ses engagements, d’autant plus dans ceux qui touchaient de près ou de loin la famille.

Le jeune homme n’avait jamais eu de vrais rôles à responsabilités depuis toutes ces années, du moins il ne s’agissait pas de rôles qui seraient une nouveauté pour lui. Il avait été un frère aîné et avait eu la sensation d’avoir failli à sa tâche pendant plusieurs années alors qu’il en était rien et qu’il avait simplement vécu dans un mensonge. Il n’avait été en rien fautif de quoi que ce soit et Leroy regrettait amèrement que ses parents soient décédés, à la fois parce qu’il aurait souhaité qu’ils sachent qu’il avait toujours pleinement rempli son rôle, mais aussi pour qu’ils puissent repartir sur de bonnes bases en sachant que leur fille – bien qu’adoptive – n’était pas décédée comme on avait bien voulu leur faire croire. Leroy savait que s’il en avait été ainsi beaucoup de choses auraient changé dans sa vie à commencer par les relations qu’il entretenait avec ses parents et qui, après le « décès » d’Emilie-Jane n’avaient fait que se dégrader. Toutefois, l’agent savait également que s’il n’avait pas eu à passer par tout cela il serait encore à Norfolk aujourd’hui, qu’il serait toujours marié à Jillian et que, sans aucun doute, il n’aurait jamais rencontré Matthew, Lulani – leurs enfants – Lennie-Jane et Elisa. Bien qu’il pouvait parfois regretter de ne pas avoir appris la vérité plus tôt, il était bien là où il en était et finalement sa vie n’était pas plus mal ainsi. Malgré les quelques périodes où il se laissait aller à vagabonder dans ses sombres pensées, il était tout de même heureux de sa vie actuelle et des personnes qui l’entouraient. Pour rien au monde il n’aurait échangé tout cela. Leroy tenait à son amitié envers son partenaire, il tenait à sa complicité avec Elisa qu’il considérait comme sa petite sœur, il tenait aux sentiments qu’il pouvait éprouver pour Lennie-Jane et ce même s’il devenait gaffeur et maladroit en sa présence. Toutes les petites choses de sa vie actuelle avaient à présent son importance aux yeux du jeune homme et malgré les regrets il était bien heureux d’en être arrivé là … Leroy avait également été un mari et jusqu’à preuve du contraire il s’en était tout de même bien sorti, du moins jusqu’à la fin.

Il avait pris à cœur ses responsabilités, avait apprécié son mariage jusqu’à ce que ce dernier se détériore lorsqu’il avait quitté Norfolk sans laisser le moindre mot. Là encore il assumait les conséquences de ses actes, il restait responsable et ne niait pas l’être bien qu’il passait chaque conversation avec son ex-femme à se disputer avec cette dernière pour un oui ou pour un non. Cependant, même s’il avait rempli son rôle aussi bien qu’il l’avait pu – et qu’il l’aurait dû – au cours de toutes ces années qui s’étaient écoulées, il avait la sensation que toutes ces responsabilités n’étaient rien comparées à celles qu’il allait avoir concernant Ivy-Blue. C’était bien la première fois qu’on lui demandait de se porter garant d’un enfant et au fond c’était quelque peu effrayant même si Leroy se savait parfaitement capable d’y arriver, non pas qu’il aimait se jeter des fleurs, mais il se connaissait tout de même assez bien pour savoir ce qu’il pouvait faire ou non. Être le parrain de la petite n’était pas comme être son père, certes si jamais il devait arriver quoi que ce soit à Elisa – ce qu’il n’espérait pas du tout – Emma et lui seraient en charge de l’enfant, mais c’était tout de même moins de travail que ce qui allait être demandé à la jeune mère. C’était un peu comme être un grand frère avec quelques obligations de plus sans doute, à vrai dire Leroy ne savait pas bien quoi en penser tant tout ceci restait tout de même assez nouveau pour lui. Néanmoins, il restait heureux que la jeune femme lui ait fait cet honneur, heureux et touché. L’agent savait déjà qu’Elisa tenait à lui, mais cette demande était une preuve en plus de l’affection et de la confiance que la jeune Anglaise pouvait avoir en lui et c’était également pour cela qu’il était ému … ça et le fait que lorsque ses émotions entraient en scène il avait tendance à être maladroit. « La maman, au moins une des deux, accepte ton offre ! Mais ce n’est pas que pour t’occuper de la petite ou des petites si Emma rentre, c’est surtout pour t’occuper de la femme déprimée que je suis hein ! J’ai besoin des bras de mon grand frère de cœur pour me soutenir et me réconforter parce que la petite n’est plus un problème puisque quand tu l’as dans les bras elle ne dit plus rien ! ».

Un sourire amusé étira ses lèvres avant de détourner pour la énième fois le regard vers Ivy-Blue qui, comme venait de le souligner sa mère, ne disait plus rien depuis que Leroy l’avait dans ses bras ce qui semblait être un miracle au ton qu’Elisa venait d’employer. « Oh … je t’avais caché mes supers pouvoirs ? Je suis né pour être un super tonton et aussi un super parrain, mais si jamais tu le répètes je vais être dans l’obligation de te tuer … ». La fatigue était sans doute en train de le gagner pour qu’il laisse échapper une telle réplique dotée d’un humour douteux qui lui était propre. Toutefois, Leroy ne put s’empêcher de sourire, s’amusant lui-même bien que cela pouvait légèrement faire pitié tant ce qu’il venait de dire était loin d’être drôle, mais le ridicule ne tuait pas aux dernières nouvelles. « Ta proposition tient toujours où la mère est trop pénible pour que tu veuilles bien t’en occuper ? ». Son regard croisa celui de la petite Ivy-Blue et il lui adressa un large sourire totalement idiot tandis qu’Elisa s’adressait à lui. Il était fou de voir à quel point les enfants avaient tendance à le rendre gaga, après tout pour qu’il ait été capable de jouer à la dinette avec sa nièce la dernière fois qu’il l’avait vu c’était vraiment que les enfants pouvaient le faire céder à leur moindre caprice, autant dire que lorsqu’il allait devenir père, ses enfants allaient être rois. « Si tu me laisses m’occuper d’elle malgré tout ma proposition tient toujours et il me semble que si je suis là à la base c’était pour te voir toi et m’assurer que tu étais toujours en vie aussi … ». Son regard posé sur Elisa quelques fractions de secondes, il reparti aussitôt à l’assaut des sourires de sa filleule, oui il était vraiment complètement gaga avec les enfants. Cependant, il ne comptait pas changer d’avis. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas passé du temps avec Elisa, il s’était inquiété et à la voir autant au bout du roulot, l’agent tenait sincèrement à l’aider ne serait-ce qu’une soirée pour qu’elle reprenne un tant soit peu de forces.

« Pour ce qui est de l’officialisation tu as raison, elle elle s’en fiche tant que tu t’occupes d’elle parce qu’elle n’a pas l’air de vouloir de te laisser partir maintenant ! Elle adore déjà son parrain c’est trop mignon cette scène. ». Et Leroy non plus ne semblait pas vouloir la lâcher la petite. Le jeune homme était tellement absorbé par sa filleule qu’il ne prit conscience de l’aller-retour d’Elisa que lorsque cette dernière revint dans le salon munie d’un appareil photo et bien qu’il n’aimait guère les photos, il se prêta au jeu ne serait-ce que pour faire plaisir à la demoiselle. « Sinon toi comment ça va mon grand frère de cœur adoré ? Tu croyais que tu allais sauter ton tour, que je serais la seule à me mettre à table ? Et bien non ! Maintenant j’attends de savoir tout ce qui s’est passé dans ta vie ce dernier mois ! ». Ce qui s’était passé dans sa vie ce dernier mois … très bonne question … à vrai dire tout un tas de choses au point qu’il ne savait même pas par où commencé exactement. Leroy s’enfonça un peu plus dans le canapé en maintenant Ivy-Blue contre lui et porta son attention vers Elisa. « Hm … excellente question. J’ai retrouvé ma sœur grâce à une personne qui m’est très proche et on essaye de rattraper tout ce temps qu’on a perdu tous les deux, mais elle a bien refait sa vie alors c’est assez difficile par moment. Sinon, je ne sais pas si tu te souviens de Lennie-Jane, elle avait travaillé avec moi et mon partenaire pour une enquête … et bien on essaye de faire avancer les choses doucement. ». A vrai dire, il y a tellement de choses que Leroy était certain d’en oublier les trois quarts et surtout il résumait vraiment beaucoup le tout tant il pourrait y avoir une bonne heure de discussion sur chaque chose lui étant arrivée dernièrement.

La petite Ivy-Blue sur ses genoux et il en oubliait presque le reste du monde. Même s’il n’avait pas pour habitude d’être souvent en présence d’enfants, l’agent avait tout de même un bon feeling avec ces derniers. C’était naturel. Il n’avait jamais eu à se forcer pour faire rire ou sourire un bébé ou un enfant. Peut-être avait-il une tête de clown – mais un clown loin d’être effrayant, évidemment – pour parvenir à être apprécié d’eux si rapidement ? Il ne savait pas trop, toutefois il aimait les enfants et c’était sans doute pour cette raison qu’il parvenait aussi facilement à les mettre dans sa poche. Ils n’avaient pas peur de lui et venaient parfois lui parler assez naturellement, comme s’il était un bon ami qu’ils connaissaient alors que ce n’était pas le cas. Par moment, c’était même à croire que Leroy parlait le langage bébé et il avait cessé de compter le nombre de mamans qui avaient eu le sourire en voyant leur progéniture s’amuser autant avec l’homme qu’il était. Il n’avait pas d’entraînements, c’était juste instinctif ou peut-être en avait-il un peu … Lorsque sa sœur était entrée dans sa vie il était assez jeune et sans doute était-ce de cette époque qu’il tirait sa facilité à être apprécié des enfants … à vrai dire ce n’était pas spécialement le genre de chose à laquelle il pensait régulièrement, il avait tellement mieux à faire que de comprendre pourquoi les enfants l‘appréciaient autant. Sa sœur lui avait même fait remarqué que pour un homme célibataire – et accessoirement divorcé – il avait plutôt une bonne fibre paternelle et Leroy avait pris cela comme un compliment même s’il n’avait pas la moindre idée de quand il pourrait à son tour avoir des enfants. Oui, il souhaitait être père, c’était l’une de choses de la vie qu’il refusait de manquer et pourtant avec Jillian il n’avait jamais été question d’enfants. Leur vie à tous les deux étaient bien trop compliquées, bien trop dangereuses pour se risquer à mettre un enfant au milieu de tout cela et il avait été d’accord. Cependant, plus le temps passait et plus il regrettait ce choix qui avait été le sien. Certes, le divorce n’aurait pas été facile pour l’enfant, surtout lorsqu’on voyait à quel point Jillian et lui pouvaient se hurler dessus rien qu’à travers le téléphone, mais il aurait tant aimé être père.

Voir Matthew réussir dans ce rôle lui donnait d’autant plus l’envie d’avoir le droit à ce bonheur à son tour, mais seul ça n’était pas ce qu’il y avait de plus simple. Bien sûr, sa relation avec Lennie-Jane avançait doucement, pour son plus grand bonheur, seulement il se voyait assez mal lui parler d’enfants alors que tous les deux n‘étaient pas encore ensemble et qu’ils n’étaient qu’au début de leur histoire. Du coup, l’agent compensait avec les enfants de ses proches, avec ceux d’Emilie-Jane ainsi que ceux de Matthew et Lulani … à présent il pouvait également ajouter Ivy-Blue auprès de qui il avait un rôle important grâce au choix de sa mère de le prendre comme parrain. « Oula me tuer carrément tu vas me faire peur super man hein ! Les héros c’est des gentils d’abord ils tuent personne ! Non mais sans rire, tu crois vraiment que j’irais le dire partout au risque que ma fille n’est plus l’exclusivité de tes supers pouvoirs ? Non non ne t’inquiètes pas, je ne suis pas devenue encore assez folle pour cela ! ». Souriant, Leroy leva les yeux juste quelques instants vers Elisa et les reposa sur sa filleule comme si ces derniers étaient tout bonnement aimantés par la petite fille d’un mois. Il n’aurait pas été capable de tuer la jeune femme, pas sans une bonne raison et puisque ça n’était pas prêt d’arriver elle avait toutes les raisons de rester envie pour s’occuper de cette petite princesse qu’il avait près de lui. Pour ce qui était de l’exclusivité de ses « pouvoirs », Ivy-Blue l’aurait sans aucun problème même s’il répondait toujours présent pour les autres enfants de son entourage en cas de besoin. Cependant, c’était auprès de cette petite demoiselle qu’il aurait le plus de responsabilités à présent et Leroy refusait de se défiler. Il était un homme d’honneur et puisqu’il tenait beaucoup à Elisa il ne comptait pas lui faire faux bond, sûrement pas ! « Oui oui oui ne t’inquiètes pas tu vas t’occuper de ta filleule chérie! Aller tiens commence donc maintenant et surveille là moi pendant ce temps je vais faire un besoin vital ce qui montra bien que je suis toujours en vie et que mon corps fonctionne encore bien ! Enfin bien c’est une façon de dire parce que je ne vais pas te faire un dessin mais l’accouchement a déréglé quelques petites choses qui ne sont pas encore totalement remises, il ne faut donc pas trop tarder ! ».

Leroy ne put s’empêcher de grimacer. Il n’avait que très peu envie de connaitre les détails de ce qui pouvait bien se passer dans le corps d’une femme après l’accouchement. Par moment, il était vraiment heureux d’être un homme et plaignait sincèrement le sexe opposé pour tout ce qu’elles avaient à subir chaque mois et plus encore. « Epargne-moi les détails, pitié … File, de toute manière on ne va pas s’envoler. J’ai beau avoir de supers pouvoirs, je n’ai pas la super cape et heureusement pour moi je peux aussi me passer des collants ! ». Un large sourire dessiné sur ses lèvres, une fois qu’il l’eut rassuré, Elisa prit donc la direction des toilettes et laissa Ivy-Blue et Leroy en tête-à-tête. Le jeune homme en profita pour jouer avec la petite demoiselle dont le large sourire lui donna du baume au cœur. Elle avait vraiment un visage d’ange et ses cheveux blonds qui bouclaient légèrement sur le sommet de sa tête appuyaient d’autant plus cette impression. Vu ainsi, il était difficile de croire qu’elle donnait autant de travail à sa pauvre mère, mais Leroy n’était pas dupe et surtout à en croire les récits d’Emilie-Jane sur les premiers mois de sa nièce, la plupart des bébés étaient de véritables petits monstres. « Super héros j’ai besoin de tes pouvoirs !!!! Youhou Leroy !!! Ce n’est pas très sexy ce que je vais te dire là, il faut me promettre de ne pas le répéter mais je suis coincée dans les chiottes alors viens m’aider parce que ce n’est pas ma pièce préférée hein ! ». L’agent fronça légèrement les sourcils tâchant de saisir au mieux les paroles que la jeune Anglaise qui lui parvenaient avec difficulté. Il lui fallut quelques instants pour comprendre qu’elle était en train de l’informer du fait qu’elle s’était enfermée dans les toilettes et qu’elle était dans l’incapacité d’en sortir. Leroy déposa alors délicatement Ivy-Blue dans son cosy et tourna un peu dans la maison sans pour autant apercevoir un tournevis … tant pis il allait se débrouiller avec un couteau pointu. Le jeune homme prit donc la direction de la cuisine et ouvrit les différents tiroirs jusqu’à trouver l’objet qu’il cherchait et après une vérification en direction d’Ivy-Blue pour s’assurer qu’elle allait bien, il alla se poster devant la porte des toilettes et plus précisément devant la serrure de cette dernière.

« Tu vas pouvoir également remarqué à quel point McGyver fait pâle figure devant moi ! ». Ces chevilles allaient très bien. Leroy enfonça la pointe du couteau dans la serrure et chercha rapidement le loquet qui allait lui permettre de déverrouiller la porte, du moins s’il ne cassait pas la pointe du couteau en forçant un peu trop … « Oh c’est génial tout ça dis donc ! Tout va pour le mieux pour toi alors !! Je suis vraiment contente et j’espère que tu seras heureux en amour et que tu pourras rattraper tout le temps perdu avec ta sœur ! Je sais que ce n’est pas facile mais ma foi on essaye toujours ! Moi personnellement je ne dois pas être vraiment faite pour la famille car même si mes relations avec mes frères et sœurs s’améliorent elles ne sont pas au beau fixe tout de même ! ». Toujours concentré sur sa mission de la délivrer de cette pièce, Leroy l’écouta tout de même d’une oreille attentive. Savoir que ses relations avec ses frères et sœurs s’arrangeaient était tout de même une bonne nouvelle. Il savait qu’Elisa avait souffert du manque d’intérêt que sa famille avait pu avoir à son sujet, le fait qu’ils essayent de se rattraper aujourd’hui était quand même une bonne chose bien qu’apparemment, selon ses dires, ce n’était pas encore parfait. « Avec le temps ça ira sans doute de mieux en mieux avec eux, tu verras … Pour ce qui est de moi, on peut dire que ça va mieux, enfin je n’avais pas spécialement à me plaindre en fait, enfin sauf de mon ex-femme parce que le jour où on aura une conversation civilisée je pense que nous serons à l’aube de la fin du monde. ». Il exagérait peut-être un peu sur les bords, mais puisqu’elle passait son temps à lui hurler dessus alors que c’était elle qui appelait pour une question d’argent, ces propos lui semblaient être tout ce qu’il y avait de plus cohérents. D’autant plus concentré sur sa tâche, lorsque Leroy trouva le loquet, il força légèrement sur la pointe du couteau et se senti soulagé d’entendre le bruit qui signifiait que la porte était déverrouillée et non pas qu’il avait cassé le couvert. Fier de lui, il ouvrit la porte avec un grand sourire aux lèvres et dû se faire violence pour ne pas rire en voyant Elisa tranquillement assise sur les toilettes. « Sincèrement … tu as de la chance que je ne sache pas me service de cette chose qui me sert de téléphone et qui a des touches vraiment minuscules, parce que prendre une photo me démange là. ». Il se moquait, mais ça n’était pas méchant c’était juste … trop tentant surtout de la voir assise comme ça sur les toilettes après s’y être enfermée.

Il avait plus d’un tour dans son sac et même s’il n’était pas doué pour bien des choses, cette fichue serrure n’allait pas lui résister longtemps, c’était une promesse qu’il se faisait. En tant qu’agent de la CIA – même si sa couverture le faisait passer pour un simple policier – le jeune homme avait appris bien des choses et ce n’était pas uniquement grâce à cette agence. Il avait fait bien des métiers par le passé et chacun d’entre eux lui avait apporté un petit quelque chose qu’il pouvait souvent mettre en application dans son métier actuel et parfois même dans la vie de tous les jours. Crocheter des serrures avec tout ce qui lui tombait sous la main, il n’avait pas attendu de rejoindre la CIA pour savoir le faire, ça non. A vrai dire, lorsqu’il était entré au sein du NCIS il se souvenait en avoir déjà été capable même si, à l’époque, les serrures n’avaient pas autant de résistance qu’aujourd’hui, non pas qu’il soit un vieux de la vieille, mais presque par moment. L’agent avait toujours aimé effectuer son travail avec les bonnes vieilles méthodes même s’il n’avait aucun problème avec la nouvelle technologie, hormis avec les portables, surtout les tactiles. Cependant, il fallait bien dire qu’avec un collègue comme le sien, faire son métier dans les règles de l’art – ou dans les règles tout court d’ailleurs – ce n’était pas gagné, mais il aimait bien trop Matthew pour l’en blâmer … Bon d’accord, ce n’était pas vrai et il se faisait toujours un malin plaisir à s’énerver contre lui et à lui donner de joli petit nom d’oiseau – ce qu’il préférait était de le comparer à un animal néanderthalien – mais c’était toujours affectif. En tout cas, pour ce qui était de crocheter les serrures avec l’art et la manière d’un agent bien entraîné, et non pas d’un boucher ou d’un fou qui s’amuserait à défoncer la porte d’un coup de pied bien placé, il était très doué. Cependant, pour une simple serrure de toilettes, il devait bien avouer que cette dernière lui donnait bien du fil à retordre, à croire que même pour cet endroit très privé d’un logement il fallait également une serrure dernier cri, comme si un voleur allait se risquer à aller s’aventurer dans cette pièce très intime.

Bref, tandis que Leroy continuait de ruminer intérieur en bidouillant la serrure de cette petit pièce dans laquelle s’était enfermée Elisa, il jeta quelques coups d’œil en direction d’Ivy-Blue pour s’assurer qu’elle allait bien tout en écoutant la mère de cette dernière s’adresser à lui. « Ah oui tant que ça? La fin du monde même pas la première guerre mondiale ! Je vais donc prier pour que cela n’arrive pas hein parce que même si je suis au bout de ma vie et de mes forces à cause de ma fille, je n’ai pas envie de mourir, j’aime bien trop la vie ! Mais bon, je suis sûr que même si tu dis cela, vous parviendrez à vous expliquer comme des adultes, je te connais assez pour savoir que tu en es capable. ». Oui, oui tant que ça et pour ce qui était de parvenir à s’expliquer comme des adultes, l’agent en doutait sincèrement. Entre lui et Jillian c’était la guerre froide depuis des années. Leur relation était tendue et encore le jeune homme trouvait ce terme relativement agréable pour qualifier cette relation. Ils ne se haïssaient pas puisqu’ils avaient été mariés – même si ça ne voulait rien dire et qu’ils auraient pu se détester – mais ça n’était pas loin. L’un comme l’autre évitaient au maximum de s’appeler et ça devait véritablement être important pour que l’un ou l’autre se risque à se téléphoner bien que concernant Jillian, dès lors qu’il s’agissait d’argent tout avait une importance primordiale. Leroy soupira à cette pensée et préféra ne pas s’étaler plus longtemps sur le sujet de son divorce et de sa relation avec son ex-femme même si de l’autre côté de la porte se trouvait Elisa et non pas une inconnue qu’il aurait pu tenter de calmer. Enfin la serrure se décida à céder et entendant le petit cliquetis significatif, un large sourire satisfait étira ses lèvres tandis qu’il ouvrait la porte et dû se faire violence pour retenir le fou rire qui voulait éclater.

« Moi je remercie le seigneur de t’avoir fait des gros doigts et un cerveau intelligent pour tout sauf pour le téléphone ! Et note bien que c’est la seule fois de ma vie où j’ai remercié le seigneur ! Merci mon adorable super héros ! ». Fier de l’avoir délivrer de l’emprise des toilettes et d’avoir su prouver à quel point il était véritablement un super héros, Leroy lui adressa un énième sourire avant de la laisser passer et surtout sortir. Quant à son fou rire, il continuait d’être présent et le jeune homme était bien incapable d’ôter de son esprit l’image de la jeune Anglaise assise sur les toilettes avec une position d’une personne en train de bouder … vraiment il regrettait de ne pas savoir utiliser son portable autrement que pour appeler ou envoyer des messages – et recevoir le tout, évidemment. « Le seigneur en est témoin, c’est tellement surprenant qu’il a même dû arrêter ses petites affaires juste pour s’assurer que ce remerciement provenait bien de toi et puis ce fut un plaisir ma jeune demoiselle en détresse. ». Toujours aussi amusé, Leroy emboita le pas de la jeune mère et regagna le salon où sa filleule s’était paisiblement endormie, à croire que la présence de son parrain avait quelque chose de bénéfique et lui avait permis de s’endormir s’en piquer de crise ou réclamer à manger. « Qu’as-tu envie de manger cher parrain ? Parce que je commencé à avoir vraiment la dalle mais je n’ai aucune idée pour faire manger alors j’ai besoin, encore une fois de tes services ! ». Son regard dévia en direction d’Elisa juste le temps que ses paroles parviennent à la case « cerveau ». Leroy se mit à réfléchir brièvement avant de rejoindre une nouvelle fois la cuisine et de fouiller un peu partout pour se donner une idée de ce qu’il pouvait bien faire à manger, puis il se tourna vers la jeune femme. « Alors … étant donné que je cuisine pour que tu puisses souffler et admirer mes talents de cuisiner, je peux te proposer des tagliatelles à la carbonara et une crème au chocolat en dessert, mais pour ça faut remercier Danette et pas moi. ». Leroy croisa les bras contre son torse, le regard toujours posé sur Elisa en attente de sa réponse. Pour tout ce qui touchait à la cuisine italienne, l’agent avait toujours su s’en sortir haut la main même s’il était loin de s’en vanter et pourtant il n’était pas capable de faire cuire un steak correctement, mais depuis bien longtemps il avait cessé de chercher une explication à ce mystère.

« Tu sais que tu peux être drôle en plus d'être bricoleur parfois toi ? Enfin s’il a vraiment arrêté tout pour moi, il peut se remettre au boulot parce que ça ne se reproduira pas de sitôt ! ». Leroy n’en avait pas le moindre doute. S’il y avait bien une chose que l’agent avait fini par comprendre chez Elisa – et ce avec le temps – c’était que la jeune femme était loin d’être une bonne chrétienne comme pouvaient l’être ses parents. Elle avait bien trop souffert à cause d’eux et à cause de cette religion pour remercier un quelconque seigneur si bien sûr seigneur il y avait. Pour sa part, il ne savait pas quoi trop penser, à vrai dire il ne se prenait pas la tête avec tout ce qui était religion ayant déjà bien assez à faire avec sa propre vie. Toutefois, à bien y réfléchir par moment il se plaisait à croire qu’il y avait une force supérieure quelque part qui guidait les hommes, c’était toujours plus rassurant que de se dire qu’il n’y avait absolument rien et que l’homme était voué à redevenir uniquement poussières et simplement ceci. Lui préférait se dire qu’il y avait quelque chose après même s’il ignorait quoi, ça le réconfortait et lui assurait que les hommes qui ne méritaient aucun pardon finissaient puni après la mort, c’était sa façon de voir et Leroy se moquait bien de savoir si cette dernière dérangeait ou non, de toute manière il n’en parlait pas.

Le jeune homme cessa finalement de penser à tout ceci pour se focaliser sur le futur repas du soir et il tint à rappeler que pour ce soir, il était l’homme à tout faire de la maison et qu’Elisa n’avait plus qu’à se reposer auprès de sa fille, après tout il pouvait bien faire ça pour elle et pour s’assurer qu’elle se repose un petit peu, surtout avec la fatigue qui se lisait largement sur son visage. « J'adore le plat, le dessert un peu moins, j'avais envie de fraise avec de la chantilly mais rassures toi, je ne suis pas enceinte à nouveau hein, c'est le désert le plus complet dans ma vie depuis la naissance de cette petite terreur. Mais bon va pour le chocolat, c'est pas ça qui va m'aider à perdre les deux trois kilos que j'avais pris ces derniers temps ! ». Leroy leva les yeux au ciel et préféra ne faire aucun commentaire. Il n’était pas un chef cuisinier non plus et il ne pouvait pas être parfait. Il se contenta donc de regarder Elisa s’éloigner pour rejoindre le salon et s’installer sur le canapé en prenant Ivy-Blue contre elle et se détourna pour se lancer dans la cuisine. Les pâtes à la carbonara n’étaient pas ce qu’il y avait de plus difficile à faire, mais Leroy s’appliqua malgré tout en cherchant un peu partout dans la cuisine de la jeune femme les différents ingrédients dont il aurait besoin pour sa recette et au bout d’une petite heure de travail soigné, Leroy posa la casserole sur la table qu’il avait dressé tandis que les pâtes étaient en train de cuire et après une dernière vérification pour s’assurer qu’il ne manquait rien il gagna le salon.

Voir Elisa dormir avec sa fille contre elle le fit sourire, il trouvait la scène à la fois touchante et amusante, mais il la fit cesser en réveillant aussi doucement que possible la jeune mère pour lui faire comprendre qu’il était temps de passer à table. « Ne me prends pas pour la folle de service, c'est la première fois que je m'endors de la sorte avec ma fille... Je devrais plutôt dire c'est la première fois qu'elle me laisse fermer l’œil plus d'une minute ! ». Un petit sourire étira ses lèvres tandis qu’il regagnait déjà la cuisine pour servir la jeune femme alors que cette dernière prenait tout juste place après s’être occupée d’amener sa fille avec eux. « Mademoiselle est servi ! Et ne t’inquiète pas, je ne te prends pas pour une folle même si je n’ai pas la moindre idée de ce que peut être ta vie avec ta fille … faut bien dire que jusque-là elle m’a plus l’air d’être un ange qu’un démon. ». Leroy se pencha sur le côté pour regarder en direction d’Ivy-Blue et voir cette dernière dormir toujours paisiblement ne faisait que confirmer ce qu’il venait de dire. Depuis qu’il était venu ici afin de s’assurer qu’Elisa était toujours en vie et qu’il avait appris l’existence de sa fille, il n’avait pas vu le jeune bébé être désagréable une seule fois.

La cuisine n’était pas l’endroit où il se sentait le plus à son aise n’étant pas l’homme le plus doué de la planète pour s’occuper des repas, mais il parvenait tout de même à s’en sortir un tant soit peu. Il n’aimait que très peu les plats déjà tout prêts qui n’attendaient que d’être réchauffés au micro-ondes et n’étant pas particulièrement doué dès qu’il s’agissait de faire cuire un steak, Leroy avait doucement appris avec le temps à faire des plats un peu plus long et qu’il trouvait étrangement plus simples à faire. Il vivait seul depuis son divorce et si pendant son mariage Jillian était celle qui s’occupait des repas, en arrivant à New York il n’avait pas eu d’autres choix que de s’y mettre malgré le fait que bien souvent le temps venait à lui manquer. En réalité, ce que l’agent évitait d’avouer était qu’il lui arrivait souvent de passer ses quelques jours de congés le nez dans les livres de cuisine à la recherche des bons plats à préparer qu’il ne risquerait pas de faire brûler bien que ça soit déjà arrivé plus d’une fois. Il ne voulait pas être parfait, de toute manière il aurait bien du mal à l’être, mais Leroy s’évertuait tout de même à être vivable, d’autant plus s’il devait se remettre avec quelqu’un dans les années à venir – même s’il espérait bien que ça soit plus tôt. Cuisiner pour Elisa était une nouvelle fois un moyen de s’entraîner même si les pâtes italiennes n’étaient plus un problème pour l’hawaïen qui n’y avait jamais rien vu de bien compliqué.

La jeune mère lui semblait être totalement exténuée et il savait que sa fille n’y était pas pour rien dans cet état de fatigue et puisqu’il était là, le jeune homme tenait réellement à lui être d’une aide quelconque avant de regagner son logement pour dormir avant une nouvelle journée dans les bureaux de la CIA. Elisa était comme une petite sœur pour lui depuis que tous les deux se connaissaient et même s’il n’avait pas été un frère de cœur très exemplaire ces derniers mois, l’aider comme il le faisait aujourd’hui était un moyen de se rattraper un tant soit peu pour ne pas s’être inquiété pour elle plus tôt. Toutefois, Leroy savait que ce n’était pas totalement de sa faute. Certes, la jeune anglaise ignorait son véritable métier puisqu’à ses yeux il n’était qu’un policier parmi tant d’autre dans cette grande ville, mais les dernières enquêtes qu’il avait eu à effectuer avec Matthew avaient été bien plus mouvementées que celles qu’ils avaient pu avoir jusque-là. L’agent chassa ses pensées de son esprit une fois certain de n’avoir rien oublié et après avoir réveillé Elisa, ils ne tardèrent pas de passer à table, Leroy continuant d’être aussi exemplaire que possible en servant la jeune femme. « Un petit ange plutôt qu’un démon moui… C’est vrai qu’aujourd’hui c’est le cas mais je vais te la laisser une semaine tu verras qu’elle va te fatiguer plus que si tu avais couru un marathon, elle n’a jamais été aussi calme qu’aujourd’hui… Soit elle t’aime vraiment bien et veut faire bonne impression, soit elle commence à changer, soit tu tombes sur la bonne journée où elle a tellement crié avant qu’elle veut dormir un long moment ! ».

Un sourire vint étirer les lèvres du jeune homme qui prit à son tour place à table après avoir tendu l’assiette d’Elisa bien rempli et après s’être servi à son tour. A vrai dire, il ignorait ce qu’Ivy-Blue pouvait avoir ne s’y connaissant pas tellement avec les enfants. Cependant, il avait déjà pu remarquer avec sa nièce qu’il semblait être apprécié des petits assez naturellement et à bien y réfléchir il était vrai qu’il n’avait jamais rencontré le moindre problème avec Toyiah et Mason, les enfants de Matthew et Lulani. « Ça sent horriblement bon ! J’espère que t’en as fait une bonne plâtrée car j’ai une faim de loup ! Merci d’avance pour ce repas cher parrain de ma fille ! Tu me confortes dans l’idée que j’ai fait le bon choix, ma fille mangera toujours bien avec toi ! ». Leroy pouffa légèrement. Il était toujours aussi touché par le choix d’Elisa de l’avoir choisi pour être le parrain de sa fille, mais pour ce qui était d’être certaine qu’elle mangerait toujours bien avec lui, le jeune homme avait quelques doutes qu’il préféra ne pas émettre, se contentant simplement d’un geste de la tête avant d’amener sa fourchette à sa bouche pour faire taire son estomac. Si la petite avait été calme jusque-là, lorsqu’elle commença à pleurer Leroy en vint à se rappeler qu’il fallait toujours se méfier de ces petites choses, d’autant plus lorsqu’elles commençaient à avoir faim.

« Oh oui je t’avais oublié toi dis donc, c’est l’heure du biberon ! Allez parrain au boulot ! ». Forcé de reposer sa fourchette à côté de son assiette, Leroy attrapa Ivy-Blue si surpris qu’il la garda quelques instants à quelques centimètres de lui avant de la poser sur ses genoux et de suivre Elisa du regard, sourcils froncés en se demandant ce qu’elle comptait lui faire faire cette fois. La voyant préparer le biberon de la petite, il s’efforça de se rappeler les conseils que sa sœur avait tenu à lui donner pour le jour où il aurait des enfants – même s’il ignorait pourquoi Emilie-Jane avait tant tenu à lui donner ces informations lors de leurs retrouvailles. « Premier biberon ! Un conseil, si tu ne veux pas qu’elle recrache tout, fais une petite pause au milieu ! ». Leroy prit le biberon dans l’une des mains, cala sa filleule au mieux contre lui et recula un petit peu sa chaise de la table pour poser ensuite les yeux sur Elisa en arquant un sourcil. « Je sais … et je vais éviter de passer à la vitesse trois pour pas qu’elle s’étouffe dans mes bras … surprenant que j’en sache autant, n’est-ce pas ? ». Un sourire amusé étira ses lèvres et Leroy baissa les yeux vers Ivy-Blue s’assurant d’être sur la première vitesse avant de lui donner le biberon. Le jeune homme la releva du mieux qu’il le put pour lui permettre de boire correctement et tourna quelque peu le biberon lorsqu’il remarqua que l’enfant ne semblait pas satisfaite de la lenteur avec laquelle le contenu du biberon mettait à venir dans sa bouche.