Elizaveta était adossée à sa voiture et pianotait sur son téléphone. Elle ne devrait même pas être là, surveiller ce genre de travaux était bien au dessous de son rang, mais Karina avait ‘autre chose de plus important à faire’, donc elle n’avait pas eu le choix. Elle espérait que sa tante soit punie. Depuis qu’ils étaient arrivés elle se faufilait et essayait toujours de s’enfuir de ses ‘tâches’, elle agissait en salle gosse égoïste et c’était insupportable. Ils avaient tous des choses à faire de leurs côtés, mais il suffisait d’avoir un sens des priorités après tout. Cette gamine n’était pas nette. « On a bientôt fini madame. » Elle fit un signe de la main comme quoi elle s’en foutait. Ils auraient du finir il y a une demi-heure déjà. « Installer les biens, je veux en choisir une pour moi avant de partir. » L’homme hocha la tête et retourna dans son camion vidé la marchandise. De la fourrure rare, d’animaux plus ou moins en voix d’extinction. C’était la seule raison, pourquoi elle avait accepté, de s’abaisser de la sorte et de se déplacer, parce qu’elle voulait le premier choix avant que tout ça soit revendu au couturier américain. C’était son péché mignon, sa faiblesse et l’hiver approchait. Elle méritait bien ça. Elle entendit la porte du camion se fermer une fois pour toutes et se redressa, les hommes traversants avec les derniers voyages, elle pourrait enfin partir. Enfin, c’était sans compter les imprévues. Sans que personne l’ait vue venir, un homme debout sur un objet roulant non identifié descendit la petite côte à toute vitesse et rentra dans l’un des porteurs. Misha vue le ballot de fourure qu’il portait voler dans le ciel et attérir dans le caniveau. Elle ne bougea pas d’un poil, son téléphone toujours à la main, elle était figée en pleins milieux du message qu’elle était en train d’envoyer. Elle pouvait voir d’ici que la fourrure était tâchée de boue, trempée et dégoutante et personne n’eut le temps de réagir avant qu’elle suivre son chemin, portée par le courant des eaux et alla tomber avec tout le reste dans l’égout souterrain. C’est seulement à ce moment-là qu’elle tourna la tête vers le jeune homme qui avait causé tout ça. Ses hommes avaient dû prendre ça comme un signal, car ils l’agrippèrent de tous les côtés, le forçant sur ses genoux, la tête relevée. Elizaveta leva la main pour les empêcher d’aller plus loin. « Stop. C’est qu’un gamin. » Elle pouvait voir la panique dans son visage, il n’avait pas fait exprès, c’était certain. Il n’était pas non plus question qu’ils règlent tout ça dehors, comme des sauvages, sous le regard de tous. Elle fit un signe vers l’entrepôt et le gamin se fit bardasser jusqu’à l’intérieur, tandis que Misha fermait la marche. À l’intérieur, il se fit immobiliser sur une chaise. Il n’était pas attaché, mais les colosses de chaque côté de son corps devaient être suffisants pour qu’il reste immobile pendant un temps. Elle s’approcha doucement et lui passa une main dans le cheveu et sur la joue, et essaya de lui donner un sourire rassurant. « Petit homme, dis-moi, tu sais ce que tu viens de faire ? Et ne me mens pas, je ne supporte pas le mensonge. »

Lorsqu’il ne travaillait pas et qu’il n’était pas forcé de faire les quatre volontés de son petit frère (ou de n’importe qui d’autres, les gens avaient souvent tendance à abuser de sa gentillesse), Karim aimait bien faire du skate. Il n’en faisait que lorsqu’il avait l’occasion ce qui n’arrivait pas assez souvent à son goût et sûrement trop souvent au reste du monde. Parce qu’il avait en effet déjà remarqué que les gens prenaient un malin plaisir a toujours se mettre sur son chemin quand il faisait du skate. Les gens, les animaux et même les lampadaires en fait. Néanmoins, il ne se laissait pas freiner par ce petit détail et continuait quand même à se déplacer de cette manière de temps en temps. Il allait bientôt reprendre la route de chez lui. Il avait promis à sa mère de garder Ismaël ce soir et s’il continuait comme ça, il allait finir par être en retard.

Le jeune homme prit donc le chemin du retour sans trop faire attention à ce qui se passait devant lui. Cruelle erreur puisqu’il fonça droit dans une personne. Karim le vit bien mais… trop tard. Il allait trop vite, il était en plein descente et il ne réussit pas à s’arrêter à temps. Le type aurait put se décaler quand même. Lorsqu’il lui rentra dedans, ce que l’autre tenait tomba au sol avant de rejoindre le caniveau puis l’égout. Et merde. Enfin, aux yeux de Karim, ça n’avait encore rien de bien dramatique à ce moment-là. C’était un accident, le genre de choses qui arrivaient à tout le monde et très souvent. Et puis, quelle idée de se trouver en plein dans son passage aussi ! Oui, c’était tout à fait ce qu’il pensait… au début. Après, il se trouva encadré par deux types qui faisait deux fois sa taille qui l’agrippèrent sans qu’il comprenne vraiment ce qui lui arrivait. « Stop. C’est qu’un gamin. » C’était une jeune femme non loin qui avait parlé et que Karim n’avait pas vraiment remarqué avant ça. Elle fit alors un signe et Karim se retrouva entraîner à l’intérieur d’un entrepôt dans lequel il se fit immobiliser sur une chaise. Il n’osait plus bouger maintenant, il n’osait même pas respirer en fait. Il ne comprenait pas ce qui s’était passé, il avait juste heurté par mégarde quelqu’un, cela ne justifiait pas ça. La fille s’approcha de lui et se mit à sourire. Un sourire qui lui était loin d’être rassurant en fait, il avait encore plus peur que juste avant. « Petit homme, dis-moi, tu sais ce que tu viens de faire ? Et ne me mens pas, je ne supporte pas le mensonge. » Karim cligna des yeux. « Je… oui ? » dit-il pas très sûr de lui. En fait, non, il ne savait vraiment pas ce qu’il avait fait et qui avait l’air d’être si grave. Il savait juste une chose, il n’était vraiment pas tombé sur les bonnes personnes aujourd’hui.

Elizaveta savait qu’elle n’avait pas trop le choix à présent. Les choses étaient déjà risquées en général. Tout ce que sa famille faisait requérait le plus grand secret. Les intrus étaient des ennemies et les mettaient tous en danger. C’était encore plus vrai maintenant qu’ils étaient à New York. Elle savait que plusieurs familles ne les laisseraient pas s’installer aussi facilement. Elle savait que sa propre famille essayerait sans doute de leurs mètres des bâtons dans les roues. Elle ne pouvait pas faire confiance à personne. Elle était surveillée. Ce contre temps pouvait sembler léger pour plusieurs, mais elle y risquait beaucoup. Personne ne serait content d’apprendre qu’un ballot de fourrure entier venait d’être perdu et qu’un petit garçon en savait sans doute trop. Elle l’étudia du regard. Il n’avait pas l’air d’un espion. Elle était douée pour savoir quand les gens mentaient ou pas. Si cet homme venait d’une famille quelcontre, il était très bon acteur et méritait presque de gagner. Le regard de ses hommes dans la pièce était tout posé sur elle. Ils attendaient sa décision. Certains qui était ici depuis un moment la jugeait, cherchait ses faiblesses et essayait de la déchiffrer, peut-être même qu’ils essayaient de trouver comment ils pourraient tourner cette scène en leurs faveurs. Ses gardes du corps la guettaient, cherchaient le moindre signe, attendaient ses ordres. Mais son regard à elle ne quittait pas le gamin des yeux. Elle surveillait chaque battement de cils et chaque respiration. Et attendait qu’il trahisse quoi que se soit.

Dans son style habituel, elle se mit à – presque – câliner le nouveau venu et se montrer très douce avec lui. Elle aimait bien s’amuser avec ses proies avant de les achever. Un peu comme une panthère. Elle lui demanda le plus naturellement du monde s’il savait ce qu’il venait de faire. « Je… oui ? » La tension dans la pièce monta d’un cran et les hommes se rapprochèrent de lui, encerclant sa chaise de manière menaçante. Elle leva la main encore et se tourna vers ses gardes personnelles. « Sortez-les d’ici. Leur travail est fini de toute façon. » Un à un, les hommes de main commencèrent à protester, mais l’un d’eux s’avança vers elle plus particulièrement. Il fit vite bloquer par Mikhail, qui l’envoya au sol d’un seul coup de genou. « La petite pute va nous faire perde tout notre argent ! C’est ce qui se passe quand on laisse un groupe d’adolescentes gérer des affaires d’hommes ! Leurs hormones prennent le dessus. Quand Sergeï apprendra… » Misha posa la main sur son garde le plus fidèle pour l’empêcher de faire quoi que ce soit. Elle se mit à genoux pour être à la hauteur du traite. « Je doute que mon grand-père ait le temps d’écouter les plaintes d’un simple Shestyorka. Tu es fatigué et tu ne sais plus ce que tu dis. Tu devrais aller te reposer. Vraiment. » Elle se pencha vers l’avant et l’embrassa sur la joue. Le silence retomba immédiatement dans la pièce et Misha se releva. « Un autre d’entre vous à quelques choses à dire ? À moi ou bien mon grand-père ? » Les hommes restèrent silencieux et la Russe put retourner vers son nouveau jouet. Sans qu’elle ait eu besoin de dire quoi que se soit, les hommes de main quittèrent l’entrepôt un à un et Mikhail, partie avec le rebelle sous le bras. Il ne restait qu’elle, Sacha et le petit homme. « Je vais te reposer la question petite homme. Est-ce que tu sais, vraiment, ce que tu viens de faire avec ton skate board ? Est-ce que tout ça était prémédité? »

Karim ne savait vraiment pas ce qu’il faisait là. Il n’avait rien demandé à personne, il s’efforçait juste de rentrer au plus vite chez lui avant d’aller retrouver son petit-frère. Et puis, il y avait eu ce déplorable accident. Mais ce n’était qu’un accident, un accident qui ne serait même pas arrivé si l’autre avait consenti à bouger de son passage (il évita de faire remarquer ça) et dans ces cas-là, une personne normale se serait simplement contenter de lui râler dessus un peu. Sauf qu’il n’avait définitivement pas le chic pour tomber sur des personnes normales, c’était plus fort que lui. Et si d’habitude ça allait à peu près malgré tout, aujourd’hui, il en serait autrement. Ces gens-là, ils étaient pires que pas normaux… ils étaient dangereux. Il ne fallait pas être devin pour voir ça et Karim avait peur. Il avait peur quand il fut conduit de force de l’entrepôt et il en était toujours de même lorsqu’il se trouva immobilisé sur la chaise à devoir répondre à la question de la fille. Il ne l’aimait pas sa question, il ne savait pas quoi dire ça. Il essayait de chercher la réponse qui lui attirerait le moins d’ennui possible mais faute de savoir quoi dire, il finit par lâcher un oui hésitant. Oui, il savait ce qu’il avait fait. La vrai réponse aurait été non en fait, il ne voyait pas ce qu’il avait pu faire qui puisse déclencher une réaction aussi dramatique mais soit. Après sa réponse, la tension semblait être à son comble et les hommes autour d’eux s’étaient rapprochés. Il n’avait sûrement pas du dire ce qu’il fallait… « Sortez-les d’ici. Leur travail est fini de toute façon. » C’était la fille qui avait dit ça. C’était étonnant de voir comment tout le monde obéissait au moindre des ordres. Elle devait être quelqu’un d’important. Ca ne devait pas être une bonne chose pour Karim d’avoir froissé quelqu’un d’important comme ça. « La petite pute va nous faire perde tout notre argent ! C’est ce qui se passe quand on laisse un groupe d’adolescentes gérer des affaires d’hommes ! Leurs hormones prennent le dessus. Quand Sergeï apprendra…. » « Je doute que mon grand-père ait le temps d’écouter les plaintes d’un simple Shestyorka. Tu es fatigué et tu ne sais plus ce que tu dis. Tu devrais aller te reposer. Vraiment. » La fille embrassa alors sur la joue l’homme qui avait parlé juste avant. « Un autre d’entre vous à quelques choses à dire ? À moi ou bien mon grand-père ? » Karim avait assisté à la scène sans trop savoir quoi en penser. Il souhait juste une chose maintenant, disparaître d’ici, comme par magie. Il regrettait qu’il ne soit pas possible de se téléporter encore. « Je vais te reposer la question petite homme. Est-ce que tu sais, vraiment, ce que tu viens de faire avec ton skate board ? Est-ce que tout ça était prémédité? » « Bien sûr que non ! » protesta alors Karim d’un ton un peu plus sûr. Comme si il avait pu préméditer un truc comme ça, il n’en avait rien à faire d’eux là et de ce qu’ils pouvaient bien faire. « C’était un accident, juste un accident. Je n’ai jamais voulu renverser personne.»

Les hommes de main avaient épuisé toute sa patience. Mais Elizaveta connaissait mieux que de le montrer. Elle devait gérer cette situation comme tout le reste. Et donner toute son attention à l’inconnue. Il y avait encore une chance que ce soit un espion, ou pire, et Misha ne serait pas celle qui laisserait cette ‘mission’ finir en catastrophe. Elle se massa l’os du nez avec ses deux doigts. Ça devait être qu’une livraison, qu’une toute petite histoire. En Russie, des hommes sans nom s’en occupaient. Aucun Mikhailov ne se souciait de ce genre de détail d’ordinaire. Pourquoi est-ce que tout ça devait tomber sur elle. Elle était certaine que les dieux la testaient, que sa famille la testait. Elle se sentait toujours observer alors que la pièce était complètement vidée. Elle demanda de nouveau au gamin s’il savait ce qu’il était en train de faire quand il fonça dans son homme et gâcha sa journée au complet. « Bien sûr que non ! C’était un accident, juste un accident. Je n’ai jamais voulu renverser personne.» La blonde sourie doucement et lui repassa un doigt sur la joue. C’était toujours des accidents évidemment. Personne n’avouait jamais. Un accident, une erreur, un mal attendu, il ne comprenait pas, c’était impossible, quelqu’un avait dû mentir quelque part, personne n’avait jamais rien eu à se reprocher. Mais les faits étaient toujours là. Elle avait tout de même envie de croire le petit garçon. Il avait l’air tellement naïf, presque innocent devant elle, elle en serait touchée si elle avait un cœur. « Je vais t’expliquer alors. Toi et ton petit truc à roulette, m’avez fait perde, avez fait perde à ma famille entière au moins… Hm combien est-ce que celle-là valait déjà ? » Elle se tourna vers Sacha. Elle n’avait rien vu venir, elle savait juste que tout était blanc. « C’était les ours. » Elizaveta hocha la tête et se retourna vers l’autre petit. Elle calcula le tout dans sa tête. Connaitre les prix du marché était le B.A.-BA de sa famille. « Vous nous avez fait perde pour 88 000$, minimum en vente… » Elle s’éloigna de quelques pas pour mieux le juger du regard. « Maintenant, je suppose que ce n’est pas le genre de somme qu’on va retrouver dans votre compte en banque, n'est-ce pas? » Elle fit le tour de sa chaise, passant sa main sur le dossier. « Et comme ça je dirais que vous valez à peu près dans le un million sur le marché. C’est bon Sacha un million ? On pourrait trouver preneur, tu crois ? Dans nos contacts… » « Sans doute. » Elle s’arrêta une fois de plus en face du gamin. « Bien. » Elle passa sa main sous le menton de l’homme et leva sa tête vers elle. « Mais vendre un humain demande beaucoup de paperasse et franchement, c’est lourd. Je suis sure qu’on peut trouver un autre arrangement. Tu en penses quoi petit homme ? Une idée ? » Elle était toujours à la recherche de suggestion.

La fille semblait croire qu’il l’avait fait exprès. C’est vrai que Karim n’avait que ça à faire de renverser des gens comme ça pour… pour quoi déjà ? Il n’avait rien à gagner à faire ça, strictement rien mais cette femme était dingues. Tous les gens ici étaient dingues en fait. Dingues mais très dangereux. Karim jura alors qu’il n’avait rien fait, que ce n’était qu’un accident. Il ne pouvait rien dire de mieux que ça mais il savait que si la jeune femme avait décidé de ne pas le croire, ce qu’il pouvait bien dire ne changerait strictement rien. « Je vais t’expliquer alors. Toi et ton petit truc à roulette, m’avez fait perde, avez fait perde à ma famille entière au moins… Hm combien est-ce que celle-là valait déjà ? » « C’était les ours. » Karim fronça les sourcils tandis que la fille était visiblement en train de calculer. « Vous nous avez fait perde pour 88 000$, minimum en vente… » Karim ouvrit de grands yeux. 88 000 dollars… Comment quelque chose pouvait vraiment coûter aussi cher ? C’était impensable. Enfin pour lui en tout cas, ça l’était. Pour lui, ce que l’homme tenait dans la main n’était rien d’autres qu’un ou deux chiffons… mais 88 000 dollars, c’était vraiment cher pour des chiffons. « Maintenant, je suppose que ce n’est pas le genre de somme qu’on va retrouver dans votre compte en banque, n'est-ce pas? » Karim secoua la tête. Oh non, il était très loin d’avoir une somme pareille et il était même sûr qu’il n’aurait jamais une somme pareil, ce n’était pas avec son job de marchand de glace qu’il pouvait gagner autant. Loin de là. « Et comme ça je dirais que vous valez à peu près dans le un million sur le marché. C’est bon Sacha un million ? On pourrait trouver preneur, tu crois ? Dans nos contacts… » L’Egyptien se sentait de plus en plus inquiet et tendu. Elle n’était pas sérieuse là quand même ? Elle ne comptait pas vraiment faire ça. C’était… Karim déglutit. Il ne trouvait pas de mot pour dire ce que c’est tout. « Mais vendre un humain demande beaucoup de paperasse et franchement, c’est lourd. Je suis sure qu’on peut trouver un autre arrangement. Tu en penses quoi petit homme ? Une idée ? » Karim secoua d’abord la tête et puis, sans vraiment qu’il comprenne pourquoi, ni comment il en était capable, il prit la parole. « Je peux trouver l’argent. » Bah oui, bien sûr. Il était tout à fait en mesure de trouver 88 000 dollars comme ça. Il racontait vraiment n’importe quoi.

Elizaveta aimait tué, elle aimait jouée avec la tête de quelqu’un, elle aimait torturée, voir le corps se torde et convulsé, voir les réactions naturelles des gens, elle aimait transpercer la peau, l’odeur du sang frais et du sang sec, elle aimait faire peur, elle aimait entendre crier et supplier, récolter les larmes sur les joues de ses victimes, elle aimait être la dernière chose qu’ils voient et maudisse avant de mourir. Elle prenait toujours son temps, elle ne faisait jamais rien à la vas-vite, elle pensait à chacune des meutes. Elle faisait attention à tous les détails. Mais elle avait besoin de ressentir quelque chose. Elle n’aimait pas tuée pour le plaisir de tuée, elle aimait se venger, elle aimait détruire et ruiner, faire peur et menacer. Elle pourrait tout simplement ordonner qu’on tire une balle dans la tempe du gamin, mais elle n’y voyait pas le but. Pas encore. Sa serais trop simple et elle ne trouvait rien de drôle dans le geste, du gâchis. « Je peux trouver l’argent. » Elle pencha la tête sur le côté. C’était intéressant ça tient. Enfin, elle était certaine que le pauvre allait finir par échouer, mais c’était tout de même quelque chose ce qu’il offrait. « Vraiment ? Et des idées comment vous allez vous y prendre ? » Ce n’était pas le genre de dette qu’on effaçait en faisant du porte-à-porte et en vendant du chocolat. « Vous devez savoir qu’on prend les dettes et les promesses très* au sérieux dans ma famille. » C’était un euphémisme. C’était Koschei qui s’occupait des dettes ici et peu importe tous ses principes et ce qui avait à lui reprocher, son frère n’était pas plus tendre. « Tu as un métier, petit homme ? » Elle était curieuse, mais c’était normal après tout. Ils venaient tout juste d’arriver en ville, ils avaient besoin d’yeux et d’oreilles un peu partout. Un homme infiltré ici et là, ça leur manquait. Mais elle ne se faisait pas trop de film, c’était évident au premier coup d’œil que le gamin n’était personne de vraiment très important. « Pourquoi je devrais te faire confiance ? Donne-moi une bonne raison de ne pas te vendre comme esclaves ou bien par morceau. » Son ton avait perdue tout le côté innocent et devenait plus dur et sérieux. Elle avait fini de jouer.

88 000 dollars. Depuis que la jeune femme avait annoncé la somme d’argent que Karim lui avait fait perdre, il n’avait que ce montant en tête. 88 000 dollars. C’était… beaucoup. Enfin plus beaucoup, pour lui en tout cas. Il était bien conscient qu’il y avait certaines personnes pour qui ça aurait eut l’air d’être une somme tout à fait anodine mais ce n’était malheureusement pas son cas. Il aurait bien aimé pourtant, juste pour aujourd’hui quoi. La fille commença alors à parler de le vendre au marché noir et demanda ensuite s’il avait de meilleures idées. En désespoir de cause, le jeune homme déclara alors qu’il pouvait trouver l’argent. Il ne savait pas comment, il n’était même pas sûr de pouvoir y arriver mais il n’avait pas trouvé autre chose à dire. « Vraiment ? Et des idées comment vous allez vous y prendre ? » Karim ne répondit pas. Il essayait de réfléchir à comment effectivement il pourrait s’y prendre pour réussir à réunir une telle somme mais rien ne lui venait. A moins de gagner au loto ou de braquer une banque, il ne pourrait pas trouver autant d’argents. « Je ne sais pas encore. » répondit-il mollement, pas convaincu. « Vous devez savoir qu’on prend les dettes et les promesses très* au sérieux dans ma famille. » L’Egyptien déglutit. Et dire que tout ça, c’était juste la faute de son foutu skate. S’il sortait de là un jour, Karim se jura qu’il ne monterait plus jamais sur une planche à roulette. « Tu as un métier, petit homme ? » Un métier… il supposait que la réponse était oui même si sa mère ne cessait de lui répéter que ce qu’il faisait n’avait rien à voir avec un vrai métier. Non en fait, elle avait plus l’air de croire que c’était comme un passe-temps. « Euh oui mais… » Le jeune homme marqua une pause de quelques secondes avant de reprendre. « Je vends des glaces. » C’était vraiment du métier ça. « Pourquoi je devrais te faire confiance ? Donne-moi une bonne raison de ne pas te vendre comme esclaves ou bien par morceau. » Là encore, Karim n’avait aucune réponse à apporter à ça. Il avait trop peur en fait, son cerveau ne semblait pas vouloir fonctionner correctement du coup. « Je… je ne sais pas. » Il ne savait vraiment pas quoi dire d’autres. Il aurait bien vu des bonnes raisons à ça mais il était certain qu’elle ne verrait pas ça comme de bonnes raisons. Cette fille était tellement un monstre. Quant à lui dire pourquoi elle devrait lui faire confiance, il ne pouvait pas non plus. De toute manière, ça ne servait à rien.

La Russe commençait à devenir lasse de son petit jeu. Elle perdait son temps ici, elle avait perdu son temps toute la journée. Elle soupira longuement et alla s’assoir sur une des tables, prenant une fourrure de fauve dans ses mains, pour l’examiner. Elle continuait de poser des questions au petit homme, mais malheureusement pour lui, il n’avait pas l’air très doué. Soit il n’avait pas compris les règles du jeu, soit il n’était pas prêt de se sauver la vie. Dommage pour lui, dans tous les cas. « Je vends des glaces. » La blonde éclata de son rire typiquement innocent. Elle s’attendait à tout, mais pas à ça. « Adorable. » Mais malheureux, vraiment. Qu’est-ce qu’elle était sensée faire avec un marchand de glace. Enfin… Elle pencha la tête. Les produits comptaient peu au final n’est-ce pas ? « Bon vendeur ou pas ? » Ils avaient toujours des trucs a vendre, ici ou là … Des armes, de la drogue, de la fourrure, des filles, des organes, peu importe. Sufisait de connaitre son client et son produit. Enfin, elle supposait. Jamais une personne de sa famille c’était abaissée à ce genre de tâches. C’était pour les ouvriers, les nouveaux, le bas de l’échelle. C’était parfait pour petit homme, enfin, s’il se montrait à la hauteur. Ils n’engagent pas non plus n’importe qui, surtout si elle avait son mot à dire. Finalement au bout de sa patience, elle lui demanda une bonne raison pour l’empêcher de le revendre comme un tas de muscles. « Je… je ne sais pas. » La Russe revient devant lui et le regarda sévèrement. « Tu ne sais pas grand-chose en fait petit homme. » Elle n’aimait pas les gens qui s’amusaient à lui faire perdre son temps. Elle se tourna vers son garde du corps et tendit une main vers sa ceinture pour sortir un de ses poignards. Elle aimait le poids de l’arme dans sa main. Il lui avait été offert à ses 5 par son grand-père, pour la ‘consoler ’ du drame qu’avait subit sa famille. Elle n’avait rien eu à faire de la ‘disparition’ de sa mère, mais c’était beaucoup amusé avec sa lame. Elle posa le bout de métal sur la joue de l’homme et souris doucement. Sans prévenir, elle changea l’arme de place et rentra la pointe juste un tout petit peu dans le torse de l’inconnue. « Avec un rein, je pourrais effacer ta dette. Avec les deux, je pourrais m’assurer qu’on me livre une autre peau d’ours… Tu sais combien vaut un cœur en Corée du Sud ? Moi je sais…. » Elle planta son couteau un peu plus profondément. « Alors. Une idée de ce que tu pourrais faire pour moi petit homme ? »