Je ne sais pas comment j'ai réussi à rentrer chez moi. C'est une de ces journées où, en poussant la porte de chez vous, vous avez juste envie de tomber par terre. Bon, je me doute que je ne suis pas la plus à plaindre à ce niveau mais ... voilà. J'ai enfoncé ma clef dans la serrure de l'immeuble en soupirant un bon coup. Les cours ont été longs ce matin, mais du genre très longs vu qu'on a du tout faire en quatrième vitesse entre nos projets, nos exposés et le compte rendu de notre visite au MOMA de la semaine dernière. Notre prof de pratique n'a pas arrêté de nous hurler après vu qu'elle déteste quand on est obligés de tracer, sauf qu'elle n'arrive pas à comprendre que c'est la faute de l'administration et pas la notre. De toute façon, je préfère laisser couler. Surtout que pendant les deux premières heures de l'après-midi : examens, haha ! Sur lequel je ne préfère pas du tout m'avancer ou avoir un quelconque avis, juste que je suis heureuse qu'il soit passé. Ensuite boulot à la garderie, puis baby-sitting et pour terminer cette journée de fous, j'avais complètement oublié que j'avais boxe ce soir ! Résultat je suis cassée de partout et là je suis en train de bénir le type qui a inventé l’ascenseur. Je dois avoir la tête d'un zombie, si les filles me voyaient, ça serait très drôle. Enfin, après quelques minutes qui m'ont parue être une éternité qui me sépare de mon chez moi, j'ai atteint la porte d'entrée et ... bah je suis rentrée. Ouais je sais, je pense à des trucs stupides quand je suis crevée. Après avoir refermé derrière moi, j'ai étiré mes bras longuement en grimaçant. Pourquoi j'ai été à la boxe ... Maintenant le moindre centimètre de mes muscles me fait un mal de chien. Je jette les clefs sur le meuble de l'entrée, laisse mon sac dans le couloir et même si ma volonté de départ est de me préparer à manger, mes pieds me conduisent directement au salon, ou plus précisément, vers mon canapé. Canapé où je me suis écroulée. Au début, j'ai pensé m'asseoir deux minutes pour ensuite me relever et repartir en pleine forme mais ... avec le silence ... et puis la lumière tamisée ... et puis le silence ... et mes muscles endoloris ... un massage ... trop ... fatiguée ...

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La première chose a été cet étrange chemin de dalles jaunes que j'ai commencé à suivre. Ouah, c'est bizarre ici a été la seconde chose que je me suis dit. Pourtant, mes pieds m'ont menée jusqu'à la fin de ce chemin jaune. Le Magicien d'Oz, j'ai dû trop le regarder quand j'étais petite. Pour l'instant il n'y a que le chemin jaune que je remarque mais soudain, en relevant les yeux, je comprends qu'il mène au sommet d'une tour que je reconnais être la tour de Pise. Me demandez pas comment un chemin à la base au sol, peut mener au sommet d'une tour en un claquement de doigt. Tout ce que je sais, c'est que c'est vachement beau. La première chose qui attire mon regard est le paysage alentour. Noyé dans des nuages étranges, ressemblant à du coton mais ils diffusent une douce lumière teintée de rose, d'orangés et autres couleurs chaudes. Mais le détail qui a son importance, c'est qu'il y a la Tour Eiffel dans ce paysage. La Tour Eiffel. Alors que je suis au sommet de la tour de Pise. Je n'ai jamais été bonne en géographie mais je pense pouvoir dire qu'il y a un léger problème. Puis, j'ai mieux regardé et des formes ont commencé à se distinguer entre les nuages. La Statue de la Liberté, Big Ben, la Sagrada Familia, ... Okay. Mais je ne me suis pas affolée du tout parce qu'au fond, même si quelque chose me dit que c'est étrange, ça me paraît totalement normal. L'air est doux, enfin je crois parce qu'il n'y a pas de vent, même pas une brise ... On dirait qu'il n'y en a pas. Après avoir regardé le paysage, j'ai remarqué la robe noire que j'ai sur le dos. Une robe noire ? Et quand je me suis retournée, surprise. Je ne suis pas seule ici. « Pe-Peter ?» ai-je hoqueté. J'ignore ce qui me surprend le plus, le fait que la Tour Eiffel et la Statue de la Liberté soient toutes les deux dans mon champ de vision sans trucages ou alors, que Peter soit là. Après tout, on s'est quittés un peu précipitamment la dernière fois ... ou plutôt c'est moi qui l'ait quitté précipitamment.

Okay ... Okay. Depuis quand la Tour Eiffel et la Statue de la Liberté sont copines au point d'être au même endroit ? Grand mystère qui malgré tout, ne m'affole pas le moins du monde. Faudra que je prenne tout ça en photo pour l'envoyer aux filles et à mes prof. Cet endroit est tellement irréel ! Et encore, je trouve le mot trop faible. J'ai l'impression de déambuler dans du coton ou de la barbe à papa. Oui ça fait très gnangnan ce que je viens de dire. C'est tellement beau et puis cette vue que l'on voit depuis le sommet de la Tour de Pise ... je suis sans voix. Ça m'étonnerait que je m'en lasse un jour. Le silence règne en maître. Pas de klaxons, de bruits de circulations ou de travaux. Je dois dire que le silence à New-York, ça manque. Bref, tout était hyper beau, jusqu'à ce que je me retourne et que je le vois. Enfin pas que tout est devenu moche ensuite, bien sûr que non mais ... euh ... le voir ici m'a surprise et euh ... enfin je m'y attendais pas parce que ... Je crois que je suis restée la bouche ouverte en fait. Bravo Mia, ça c'est sexy. Bon je dirais bien qu'autre chose ou plutôt quelqu'un d'autre est beaucoup plus sexy, là tout de suite mais ... hum. Han merde, je viens de me trahir en beauté. Il est là, avec sa chemise noir et son jean ... et ses yeux et ... On se calme, on se calme ! Seulement faut croire qu'à chaque fois que je me dis ça, ça ne marche jamais. Mon coeur, à la vision de Peter à un mètre de moi, menace de sortir de ma poitrine pour ensuite s'envoler style ballon de baudruche pour finir accroché au sommet de la Tour Eiffel. Il s'approche de moi, tranquillement. A croire vraiment qu'il ignore l'effet qu'il a sur moi. Attendez ... pourquoi il s'approche autant ? Je ... Okay. Il vient de m'embrasser sur la joue. Il vient de m'embrasser sur la joue. Un frisson m'a parcourue de la tête aux pieds au moment où ses lèvres se sont posées sur ma peau. Pendant un instant, j'ai tout oublié. Les nuages comme du coton. La Tour Eiffel et les autres monuments qui sont là où ils ne devraient pas être. J'ai absolument tout oublié du monde autour, comme si c'était devenu un gigantesque trou noir dans ma tête. « Tu es très belle ce soir… » D'accord, là va vraiment falloir se calmer ma grande. Et surtout va falloir refermer la bouche. Qui l'a fait venir, hein ? Bon là j'ai refermé la bouche. Cesse de te comporter comme si t'étais Mara. Et surtout, n'oublie pas de respirer.

« Merci ... t-toi aussi ... » ai-je enfin réussi à dire. Les mots sont sortis de ma bouche sans que je m'en rende vraiment compte en fait. « Eh bah ! C'est pas trop tôt ! Je croyais que t'étais devenue muette ma vieille ! » Là par contre, cette voix je ne l'ai pas rêvée. En tournant la tête, je remarque un petit diable perché sur mon épaule. C'est quoi ça encore ? J'ai jeté un coup d'oeil à Peter au cas où il aurait remarqué quelque chose mais il regarde au lointain, ou en bas de la Tour je ne sais pas trop. Ses cheveux voltigent ... Du coup mon coup d'oeil s'est un peu éternisé. « Taratata ! Il a une copine, tu te souviens ? » Ma tête s'est tournée dans l'autre sens. Cette fois, c'est un petit ange avec une auréole qui a parlé. Honnêtement, j'ai essayé de me souvenir de quoi l'ange parlait. Une copine, une copine ... Coleen ? « La ferme Sainte-Vierge ! Mia, franchement qu'est ce que t'en as à foutre de sa copine ? Tu peux pas nier, il est quand même super-canon ... hein ? » a poursuivi le diable avec un air coquin. J'ai piqué un fard. Horrifiée, je l'ai regardé avec des yeux ronds. Okay, ça suffit ce cirque ! J'ai viré l'ange et le diablotin d'un coup de main. Ils sont partis en fumée. En relevant la tête, je m'aperçois que Peter n'a rien vu de ce qu'il vient de se passer. Et moi, je m'oblige à oublier ce que l'ange et le diable viennent de dire. Surtout l'ange je dois avouer, en particulier quand j'ai vu la table que Peter avait préparé. « Est-ce que cet endroit te plait ? J’espère qu’il est à la hauteur, je voulais te faire plaisir… » Un large sourire apparaît sur mon visage en voyant la nappe rouge, les bougies. Ouah. C'est vachement beau. « C'est vraiment ... parfait. » ai-je soufflé en continuant de regarder l'endroit où nous sommes et puis le paysage. Parfait est exactement le mot qui convient à la situation. Lui et moi, absolument seuls au monde au sommet de la Tour de Pise avec un dîner et les plus grands monuments du monde en arrière-plan ... Pourquoi j'ai l'impression que c'est trop beau pour être vrai ? Mais étrangement à ce moment, je ne pense à rien d'autre et surtout pas à la façon dont on s'est quittés la dernière fois. Y a juste Peter et l'instant présent. « Ouais parfait. Je savais même pas que tu cuisinais. » Plus romantique, tu meurs franchement. J'ai vraiment regardé trop de comédie romantique dans ma vie. Soudain, mes yeux ont été attirés par quelque chose qui bougeait en bas. « Des gondoles ... On pourra y faire un tour après ton fabuleux dîner ? » Coleen qui déjà ?

Toute cette situation me perturbe, ou devrait me perturber. Je ne sais plus trop à vrai dire. Dans cet endroit, tout semble hors du temps et de l'espace. Je dirais bien que c'est surréaliste mais avec mes études, j'ai du mal à utiliser un tel mot de cette façon. Tout ce que je sais, c'est qu'à ce moment, je ne réalise pas vraiment les choses, c'est-à-dire qu'une telle scène ne devrait normalement pas exister, qu'il y a normalement un problème. Mais je suis à des kilomètres de la réalité, autant physiquement que mentalement. C'est agréable de ne se soucier que de l'instant présent, surtout quand l'instant présent est avec Peter. C'est comme si j'avais un trou de mémoire sur le reste. Vous savez cette petite voix qui vous rappelle tous les mauvais côtés et que vous arrivez enfin à faire taire. Enfin bon ... ça a été de courte durée avec l'apparition sur mon épaule du petit diable et de l'ange. Foutage de gueule. Heureusement que Peter n'a pas vu ça. Qu'est-ce qui va pas chez moi ? Même si je me suis empressée de les faire disparaître tous les deux, leurs paroles me sont restées en tête quelques instants. Super-canon. Copine. Le regard rempli de sous-entendus du diablotin ... qui avait des airs de Mara quand j'y repense. Mais tout a fini par sortir de ma tête quelques secondes plus tard, surtout le mot "copine" qui m'a rappelée l'existence de Coleen. Normalement je ne fais pas ça, je ne fais pas comme si de rien était alors qu'il a une copine, aussi compliquée la situation entre eux soit-elle, mais là ... Tout semble différent. Un autre monde où tout est beau, où tout est parfait. Parfait est décidément le mot qui convient. Et au moment où il m'a souri, malgré ma bonne volonté qui a duré deux secondes grand maximum, j'ai refait une rechute monumentale. Tout me semble tellement naturel et normal en fait que je ne peux juste pas résister. Et Pete ... et son dîner ... et la Tour Eiffel ... Que puis-je vouloir de plus ?

« Ça m’arrive… En fait, j’adore ça. Mais ça va être à toi de juger si ça vaut le coup ! » répond-il quand je lui parle de la cuisine. C'est à mon tour de sourire, même si je viens de remarquer qu'il s'est vraiment rapproché. Cette fois, je réussis à maintenir un rythme cardiaque plutôt correct, preuve que je progresse peut-être. « J'en doute pas ! Tu sais, je me débrouille aussi dans le domaine. » ai-je souri. Ça nous fait un bon point commun. C'est vrai qu'on n'a pas encore bien eu le temps de discuter lui et moi, l'autre soir, avec tout ce qui est arrivé. Mais c'est vraiment perturbant quand j'y repense. Mais il sait cuisiner ... je trouve ça bien. Bref, peu importe. Ce qu'il a préparé me paraît vraiment délicieux, et l'optique d'aller faire une promenade en gondole ensuite semble être le programme idéal ... aaaah. Okay, je retire ce que j'ai dit tout à l'heure. Je ne progresse pas du tout. Je dois même régresser dans un sens. Il vient de poser sa main sur ma hanche. Ça m'a rappelée l'incident des cocktails au bar. Un long frisson a parcouru mon corps de A à Z. C'est très agréable. Même si mon coeur est à nouveau hors-contrôle, je le laisse totalement faire. Mon visage se retrouve à quelques centimètres du sien quand il m'attire à lui. Ralentis maudit coeur, où il va t'entendre. Quand j'y repense, ce qui se passe entre nous est assez perturbant. Oui je sais, j'ai un vocabulaire très limité aujourd'hui. Preuve que je dois arrêter définitivement de penser et plutôt agir, me laisser aller. Et là tout de suite, je voudrais que ce moment ne s'arrête jamais tellement il est indescriptible et beau. Trop beau peut-être.

« On pourra aussi aller au sommet de la Tour Eiffel si tu veux… et visiter le Taj Mahal ! » Je ne me suis pas écartée de lui, au contraire, je suis vraiment trop bien. Mon coeur s'habitue peu à peu à sa proximité et à la chaleur que dégage son corps, et à son odeur ... Ohlala, en m'écoutant penser, j'ai vraiment l'impression d'être très mal barrée. Mais aller visiter tous ces monuments qui sont à notre disposition et en gondole bien sûr, serait juste magique. Oui, j'ai aussi l'impression d'être une véritable bisounours depuis mon arrivée ici. J'ai relevé la tête vers Peter. « Ça me paraît être un très bon programme tout ça monsieur Brown ... Ce sont deux monument que j'aime beaucoup ... » lui ai-je soufflé. La Tour Eiffel parce que ... la Tour Eiffel, parce que Paris et le Taj Mahal pour son architecture et tout le reste. Qu'est ce que j'aimerais aller là-bas un jour. Et en fait maintenant je peux. Nous sommes restés quelques instants ainsi, à regarder le panorama, sans vraiment s'éloigner l'un de l'autre, jusqu'à ce que Peter reprenne la parole. « Mais d’abord… il faut que tu goutes tout ce que j’ai préparé pour toi. »En guise de réponse, mes lèvres s'étirent en un grand sourire. Aussitôt, il me prend par la main et m'entraîne avec lui pour rejoindre la table du dîner. Je prends place tandis qu'il s'assoit en face de moi. Tiens, j'aperçois le Taj Mahal juste derrière lui, au loin mais avant que je n'ai pu l'observer correctement, des plats se mettent à descendre du ciel vers la table. Mes yeux brillants se lèvent vers eux et leur danse aérienne tandis qu'ils se posent tous délicatement sur la table. Il y a toujours ce sourire scotché sur mon visage. Tout ça rajoute de la magie à l'instant présent. Une fois tous les plats disposés, je mets quelques secondes à revenir sur terre après cet étrange instant où des plats sont descendus progressivement du ciel pour se poser juste devant nous. « Bon appétit… » a-t-il lancé avec un étrange regard ... auquel j'ai répondu d'ailleurs, même si ce n'était pas vraiment prévu.« A toi aussi. » Ma main a saisi doucement la fourchette à côté de mon assiette pour pouvoir commencer à manger. Alors bien sûr, j'ai trouvé ça bon, très bon même, mais ça, vous vous en êtes forcément doutés. « Chadore, ché vraiment très bon ... » Ouais, faut croire que sur ma lancée, j'ai oublié les bonnes manières. Me traitant intérieurement de tous les noms possibles, j'ai rapidement fini ma bouche pour pouvoir essayer de rattraper le truc. Pourquoi ? Non mais pourquoi j'ai parlé la bouche pleine ? « Désolée ... On aurait dit une gamine de quatre ans ... La honte ! » ai-je dit en mettant quelques secondes mon visage entre mes mains tout en rigolant de ma stupidité. En retrouvant un minimum de sérieux j'ai préféré le redire. « Je disais donc que c'est vraiment très bon et qu'il faudra que tu me dises la recette. »

Être aussi à l'aise est assez surprenant, surtout quand on pense à notre rencontre sur le trottoir ... sauf que pour une raison obscure, ce souvenir me semble de plus en de plus lointain, comme si quelqu'un s'amusait à effacer les choses progressivement, comme s'il n'y a plus aucun problème. Résultat, en commençant à goûter au dîner de Peter qui m'a fait saliver rien qu'en le regardant, j'ai cette impression étrange qu'on se connaît depuis toujours et que ce qui se passe entre nous est totalement naturel. Plus rien ne semble pouvoirs nous atteindre. Faut croire qu'on est vraiment bien tous les deux, ici, sans personne au sommet de la Tour de Pise, tous ces monuments, ce dîner ... Tout est parfait. Ca semblerait presque trop parfait mais je n'ai aucune réaction par rapport à ça. Je me contente d'observer Peter, enfin de lui jeter quelques coups d'oeil pendant qu'on mange, histoire de ne pas avoir l'air d'une psychopathe. C'est juste que de le regarder c'est ... enfin voilà quoi. Pas besoin de vous faire un dessin. Dans ce paysage, le moment actuel me paraît juste magique. Je n'aurais pas pu imaginer mieux. Oui je sais, je me répète. « Bien… J’attends de voir ça… » répondit-il avec un grand sourire qui en dit long ... Auquel je me suis surpris à répondre de la même façon, sans la moindre gêne. Tout simplement parce que ça me paraît naturel. Bon d'accord je me tais. Mais c'est tellement étrange. Mon ventre joue au grand-huit mais c'est agréable. Le mot agréable pour qualifier la situation est d'ailleurs un euphémisme. Pour en revenir à notre discussion, je serais vraiment fière de lui montrer mes talents de cuisinière, même s'ils n'ont en soit rien d'extraordinnaires, rien avoir avec ce qui nous attend sur la table actuellement.

Par contre, si je pouvais effacer ce qui s'est passé ensuite ... ça me rendrait service. Trop enthousiaste, j'ai carrément oublié d'avaler ce que j'avais dans la bouche avant de parler. D'accord, en soi, ça n'a rien d'exceptionnel mais ce genre d'incident dans ce genre de moment ... La honte. C'est le genre de truc que je répète aux enfants que je garde, c'est devenu une habitude à force et me voilà en train de faire la même chose ? Heureusement qu'aucun petit n'est là. Promis la prochaine fois que j'ai envie de faire la remarque à un enfant, je me tais. J'ai ri pour essayer de masquer ma honte mais elle reste tout de même sincère. Néanmoins, à mon grand soulagement Peter s'est mis à rire aussi. « Au moins c’était sincère, je suis fixé maintenant ! »J'enlève mon visage de mes mains, souriante malgré tout, mais un de ces sourires qui s'excusent quand même. Sincère, c'est sûr mais quand même ... Devant Peter quoi ... « Oui, mais je crois que je me suis laissée dépasser par mon enthousiasme, parce que quand même ... Mais je te rassure je me tiens mieux que ça à table normalement. C'est quand quelque chose me trouble ... » ai-je dit d'un air innocent en haussant les épaules, comme si j'étais inconsciente du sous-entendu que je viens de faire. Quelque chose ou quelqu'un. J'ignore pourquoi j'ai sorti un truc pareil. Réalisant la portée de ce que je viens de dire, je fais au maximum pour ne pas faire les gros yeux ou quoique ce soit et me concentre sur mon assiette quelques instants, jouant sur la carte de l'innocence. « Pas question ! Si tu sais comment faire, tu n’auras plus aucune excuse pour venir diner avec moi… » Je ne peux m'empêcher de rire doucement devant sa façon de voir les choses. « Ne t'inquiètes, pas je trouverai bien une autre raison pour venir dîner avec toi ... Le paysage par exemple. » l'ai-je taquiné avec toujours ce même sourire. Je l'ai fixé quelques secondes incapables de détacher mes yeux de son visage si ... si ... enfin là encore vous voyez quoi. Mon coeur a accéléré le rythme de façon régulière et vraiment très agréable. Puis j'ai quand même fini par détourner mes yeux.

Le dîner s'est poursuivit, gardant toujours cette allure de Paradis à mes yeux. Honnêtement, j'aurais aimé que ça ne s'arrête jamais et d'ailleurs, je n'ai pas pensé une seule fois au fait que ce moment pouvait se terminer. C'est comme si le temps a disparu. J'ai continué de manger les préparations de Peter avec autant d'enthousiasme mais plus modéré. J'ai passé la moitié de mon temps à l'observer, le sourire aux lèvres puis ... Dans l'éternité qui a semblé être notre, la situation a changé. Tout s'est mis à trembler autour de nous. Mes yeux effrayés observent la vaisselle et les flammes des bougies danser. Okay, qu'est ce qui se passe là ? Je jette un coup d'oeil circulaire à la pièce et reste assise, espérant que les choses se calment. Mais non, au contraire même. Soudain, mon compagnon, tout aussi paniqué que moi se lève de sa chaise en la voyant valser sans ménagement. « Peter... » ai-je murmuré, sentant mon coeur accélérer mais cette fois, à cause de la peur. Un tremblement de terre. Un tremblement de terre pendant notre dîner. Tout bouge, j'ai l'impression que tout va s'effondrer. J'ai fini par me lever aussi de ma chaise, assez effrayée, sentant tout de suite l'équilibre précaire dans lequel nous sommes. Définitivement, je n'aime pas les tremblements de terre. Oui je n'en ai jamais vécu de tel mais quand même. En plus avec mes chaussures, tenir debout n'est pas évident mais c'est pas vraiment ce à quoi je pense. Je me suis mise à trembler aussi sous le coup de la peur, imaginant déjà le pire nous arriver. Mes jambes me mènent vers Peter mais au même moment, la plus grosse secousse se faire sentir et le monde a semblé basculé. Ou plutôt la tour. Tout s'est passé très vite. En quelques secondes, je me suis retrouvée projetée contre Peter et nous sommes tombés tous les deux au sol. On a commencé a glissé mais un mur a arrêté notre route. Nous nous sommes donc trouvés par terre tous les deux, moi sur lui, allongée de tout mon long, la tête posée contre son torse tandis que la fin du monde semble avoir été programmé pour maintenant. Tant pis. J'ai niché mon visage dans son cou et ai fermé les yeux, rassurée par son étreinte et son odeur. Je me suis dit, autant attendre, Peter est là donc ça va. Donc j'ai respiré à fond, je l'ai respiré lui alors que tout semble s'écrouler autour de nous. Les plats, toute la vaisselle ont glissé de la table dans un fracas étourdissant au moment où la tour s'est penchée. Les débris ont glissé vers nous, je les ai sentis. Mais en attendant ... en attendant je ne sais pas quoi, je suis restée blottie contre Peter, la tête nichée dans son cou ... Mais par miracle, ça a fini par se calmer. Progressivement, tout est redevenu silencieux et le sol a fini par arrêté de trembler, mais je n'ai pas bougé d'un millimètre, crispée. Puis tout est redevenu normal, à mon grand étonnement, mais j'ai attendu quelques secondes avant de me remettre à ... respirer. Silence. Calme. Peter. J'ai ouvert un oeil, prudemment, puis voyant qu'en effet, le tremblement de terre s'est arrêté, j'ai ouvert le deuxième. Mon coeur bat toujours aussi vite sous le choc de ce qui vient d'arriver. Je relève doucement la tête et me rappelle soudain, que je suis sur Peter. Mon visage s'est arrêté à deux ou trois centimètres du sien. En fait, j'ai l'impression d'être bloquée à le regarder, allongée sur lui. Le temps s'est figé, littéralement. J'ai senti son souffle sur ma joue. Au début, ça n'a pas arrangé mon rythme cardiaque mais les secondes sont passées. Mes battements de coeur se sont calés sur les siens. Mes yeux font des allers-retours entre ses lèvres et ses yeux. Presque aussitôt, une douce musique a commencé à retentir. Du violon, de la guitare ... enfin quelque chose de très doux. Comme si c'était fait exprès en fait. D'ailleurs c'est fait exprès . Toujours par terre, j'ai relevé la tête pour voir trois types habillés en mexicain en train de jouer la musique en question. C'est ce genre de musicien qui vient vous faire chier dans un restaurant au moment où vous mangez tranquillement sans avoir rien demandé à personne. Mais étrangement, ça ne m'a pas dérangée plus que ça, je suis beaucoup trop absorbée par Peter. Et par le fait que nos visages se trouvent vraiment très près l'un de l'autre. Mais vraiment très près, comme nos lèvres d'ailleurs ... Et je suis toujours figée au-dessus de lui parce que j'ai cette envie de franchir la distance qu'il entre nous, et cette envie me broie le ventre ... parce que j'en ai vraiment très envie ... et son odeur ... « Qu'est ce que t'attends ? Embrasse-le ! Faut vraiment tout de suite à toi ! » Oh non, pas eux ! Le diablotin est réapparu sur mon épaule et l'ange a pas tardé à suivre. « Non Mia, ce n'est pas bien, il a ... » Je n'ai pas entendu la suite parce qu'il n'y a pas eu de suite. Il n'y a pas eu de suite parce que je l'ai franchi la distance. Au contact des lèvres de Peter, un long frisson m'a parcourue de la tête aux pieds. J'ai entendu le cri de victoire du petit diable avant que lui et son comparse ne disparaissent. Les musiciens jouent toujours leur musique pseudo romantique. J'aimerais leur dire de dégager mais je suis un peu occupée, et puis je m'en fous. Je suis en train d'embrasser Peter. Mes yeux se sont clos, pour profiter au maximum et puis je me suis simplement laissée aller ... Au moment d'arrêter, de rompre le contact à regret même si je voulais voir sa réaction, mon visage est resté tout près du sien et je suis restée allongée sur lui. « Tu sais que t'es plutôt confortable ... ? » ai-je susurré avec un sourire avant me souvenir de ce qui est arrivé. « Ca va toi ? Je t'ai pas fait mal en tombant ? »

C'est comme si, soudainement, les enfers venaient se déchaîner sous nos pieds. A un moment, tout va parfaitement bien, tout est beau, calme ... Comme le pays des bisounours en fait, ou un film de Disney, au choix. Sauf que le Disney a vraiment pris une drôle de tournure. Donc tout allait bien jusqu'à e que tout autour de nous se mette à trembler. A partir de cet instant, tout est devenu ... je trouve pas le mot exact en fait. C'est comme un tourbillon, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive mais vous êtes obligé de laisser faire. En ce qui me concerne, je vous dirais bien que j'ai réagi d'instinct mais ça serait mentir ... très légèrement. Le coeur battant, j'ai regardé Peter, comme s'il pouvait m'expliquer ce qui est en train de se passer mais comment il pourrait savoir quoique ce soit. La terre tremble encore et toujours. C'est la tour toute entière qui menace de s'écrouler. Un vrai film catastrophe en fait. Tout se passe trop rapidement pour pouvoir réagir. En même temps que pouvons nous faire, ici, au sommet ? J'imagine déjà le pire, à croire que c'est réellement dans ma nature d'imaginer le pire des scénarios à chaque fois. L'instinct ne m'a pas aidée. Je me suis juste levée, parce qu'il n'y avait pas grand chose à faire doute. Peut-être même que j'ai voulu me rapprocher de Peter parce que ... enfin j'en avais besoin. Pourtant j'essaie de me maîtriser, de ne pas céder à une panique totale mais ce n'est pas facile. Un tremblement de terre franchement ... et puis c'est à ce moment qu'en effet, je me suis rapprochée de Peter comme je l'ai souhaité, même si ç'a été contre ma volonté. Car la tour s'est carrément mise à pencher en plus des tremblements. Il n'y a pas de secrets sur la pesanteur. Je me suis retrouvée projetée contre lui, comme un ballon de soccer qu'un gardien doit récupérer avant qu'il entre dans les filets. Peter et moi sommes donc tombés par terre, lui pour amortir ma chute. Et nous n'avons plus bougé jusqu'à ce que tout se calme, comme si on attendait la fin du monde ensemble. Je sens les bras protecteurs de Peter autour de moi tandis que ma tête est nichée dans son cou. Je ferme les yeux, très fort, très fort en me disant que la fin du monde avec Peter, ça a quelque chose de bien ... Oui je sais, je suis vraiment à fond dans mon truc de fin du monde.

Le coeur battant, j'ai attendu, tout comme lui. L'oreille collée sur sa poitrine, j'entends sont coeur battre sous le mien. On a attendu un moment qui m'a parue être une véritable éternité. Et puis soudain, les secousses ont diminué. progressivement mais elles ont bien diminué. Je n'ai pas osé y croire tout de suite mais c'est pourtant bien le cas. Pourtant, je reste crispée et ne me décolle pas d'un millimètre de Peter. La peur me tiraille toujours et malgré tout, mon coeur est toujours aussi affolé. Mais tout a fini par se calmer, réellement. Le silence est revenu. Et nous sommes toujours là. Au bout de longues minutes, mes muscles semblent retrouver leur capacité à bouger et je relève la tête. Je relève la tête. Et forcément, ce qui devait se passer arrive, parce que j'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on se retient. Enfin en tout cas, que moi je me retiens. Quand nos lèvres se sont touchées, plus rien n'a existé. Il y a que nous. Le souvenir de la panique du tremblement de terre m'a soudain semblé très lointaine. Très lointaine comme la musique que joue ces saletés de musiciens. A force ça finit quand même par se remarquer. D'où ils viennent d'ailleurs ? Qui les a fait venir ? Au bout d'un moment j'ai donc rompu le contact pour freiner un peu la chose, pour voir ... comment il réagit, même notre baiser a répondu largement à ce question. Je l'ai regardé, la tête toujours posé sur sa poitrine, sourire aux lèvres. Mon coeur fait des bonds mais cette fois, ils sont beaucoup plus agréables que ceux provoqués par la peur des secousses. « Ah oui ? Bien… c’est bon à savoir ! » dit-il en riant. Totalement détendue malgré ce qu'il vient de se passer et la présence des musiciens, un large sourire ne quitte plus mon visage. « A ton service. Si je peux faire autre chose ... » lui ai-je soufflé. Des sous-entendus ? Naaaaaan, jamais.

« Toi ?! Non ça va, j’ai survécu… » répond-il avec un air provocateur qui me fait sourire de plus belle. J'aurais voulu lui dire que je m'en serais voulue de "l'abimer" mais je me suis retenue, allez savoir pourquoi Je suis une fille qui se retient pas mal de dire des choses parfois Oh et puis merde, pourquoi je me retiendrais ? « Tant mieux ... J'aurais culpabilisé sinon. » ai-je fait en un sourire plus léger. Ce qui est quand même vrai malgré mon ton taquin. Il m'a presque voire totalement servi de bouclier humain pendant le tremblement de terre tellement j'ai été incapable de faire quoique ce soit. Je le regarde m'analyser durant quelques secondes.. Mon coeur se remet à battre plus fort face à son regard. Je ne bouge toujours pas, être allongée sur lui semble être le meilleur endroit du monde, il est vraiment trop confortable. « Je te promet que tout ça n’était pas prévu… » dit-il désolé en jetant un coup d'oeil au chaos de porcelaines, de verres et de nourritures qui nous entourent. J'ai haussé les épaules. « Je ... » ai-je commencé pour répondre mais Peter m'a devancée. Et de quelle manière ... Se laisser aller. Je me perds totalement dans ce baiser, plus intense que le premier. Mon souffle devient saccadé. Des vagues de chaleur m'envahissent. Mes yeux se ferment à nouveau. C'est tellement bon. Il s'arrête un instant, à ma plus grande surprise mais je comprends rapidement en le voyant faire disparaître ces saletés de musiciens. Il me sourit, je lui souris. Nos lèvres se rejoignent à nouveau. Tout est parfait cette fois. Je hais ma condition d'humaine en me disant qu'à un moment, je vais manquer de souffle. Ses caresses sur mon dos me font frissonner. Tout ceci est en train de me faire un effet monstre. Mais je n'ai pas peur, pourquoi aurais-je peur ? Une de mes mains se glisse sur sa nuque pour intensifier ce baiser qui l'est déjà trop mais je suis tellement grisée qu'il en faut plus. Mon autre main est posée vers le bas de son ventre et j'agrippe sa chemise comme on agrippe une bouée de sauvetage ... et aussi parce que le désir est en train de me monter à la tête. Chaud, il fait trop chaud ... Malheureusement ce que j'ai craint a fini par arriver. Je dois reprendre mon souffle, l'air manque. A nouveau, je romps le contact, cette fois par nécessité même si faut croire que c'est toujours moi qui le fait en premier. Essoufflée mais c'est agréable. Je lui vole un léger baiser puis un deuxième. « C'est très malpoli d'interrompre les gens quand ils veulent parler monsieur Brown. » ai-je susurré doucement. Peu importe si ça ne s'est pas exactement passé comme prévu ... ce qui est sûre c'est que je vais m'en souvenir pendant très, très longtemps de ce dîner. J'ai jeté un coup d'oeil aux dégâts alentours. « J'espère que tu as engagé une bonne femme de ménage. » ai-je continué en l'embrassant de nouveau.

Comme au Paradis, si on oublie le tremblement de terre qui a eu lui bien sûr. Et de toute façon, même ça n'est pas parvenu à gâcher quoique ce soit dans un notre rendez-vous. Un tremblement de terre, vous vous rendez compte ? Ça veut tout dire. Enfin c'est l'impression que ça me donne. Le tremblement de terre m'est déjà complètement sorti de la tête, comme un lointain souvenir insignifiant. Le plus important à mes yeux c'est Peter, c'est nous deux. C'est comme si on était seuls au monde, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je ne pense même plus aux débris qui nous entourent, j'ai même oublié tous les plus beaux monuments du monde qui sont à quelques mètres de nous. Et je me sens hyper bien, encore mieux qu'hyper bien. Sentiment difficile à exprimer, comme si je planais en fait. Planer de bonheur, ça doit exister comme expression. En tous les cas c'est celle qui correspond le mieux à ce que je peux ressentir actuellement. Je repense à notre rencontre, non sans un léger sourire amusé en me rappelant à quel point on y est allés ... disons lentement. Là, faut croire qu'on a passé un cap intéressant, qu'on s'est un peu libérés. Aucun regret. Tout oublier du reste du monde. Je reste allongée sur Peter, parce que là tout de suite, ça me semble être la meilleure du monde. Du coup je ne bouge pas, je le regarde. Après tout, on a tout notre temps, personne pour nous presser. Quand je lui ai sorti ma phrase, sa seule réponse a été un sourire tout aussi rempli de sous-entendus que mes mots l'ont été. Faut croire qu'on est sur la même longueur d'onde sur un certain point ... Oouuh, je commence à me libérer un peu trop là, c'est étrange, ça me ressemble pas vraiment quand on y pense. Enfin oui et non. Bref, faut pas chercher. Ce n'est plus vraiment le moment de se poser des questions. Se lâcher de plus en plus. Mes gestes se font de plus en plus entreprenants, les siens aussi. Totalement grisée parce qui se passe, par ses baisers, par ses caresses je perds toute notion du temps. Mais ma condition fragile d'humaine m'oblige à rompre le contact avec ses lèvres régulièrement, à mon plus grand regret bien sûr. Tout va bien dans le meilleur des mondes, ça fait presque peur d'ailleurs, toute cette harmonie, ce sentiment de flotter ...

Quand je lui fais la remarque pour la vaisselle qui jonche le sol, réduites en mille morceaux, il jette un regard aux alentours et me réponde, de façon énigmatique. « Oh ça, on s’en fiche, on ne va pas rester ici de toute façon… » Mes sourcils se froncent devant le mystère qu'il met dans sa réponse. Que veut-il dire ? A-t-il prévu autre chose ? Mais toute en confiance, je me laisse faire, je me laisse guider. Il commence à se relever doucement et du coup, je fais de même. Quand il me tend la main, un léger sourire apparaît sur mes lèvres, avant que je ne pose la mienne dans la sienne. « Viens… Suis-moi. » dit-il d'une voix plutôt enjouée. Décidément intriguée car il a visiblement un truc en tête. Du coup je me pose pas mal de questions, à savoir qu'est ce qu'il peut avoir fait de mieux que ce fabuleux dîner ? En fait, je me sens comme une gamine qui est à deux doigts d'ouvrir ses cadeaux à Noël. J'aime bien les surprises, quand je n'ai pas trop longtemps à attendre pour savoir. Main dans la main, je le suis dans dans ce couloir qui est soudain apparu. Ça ne m'a même pas choquée en fait. Comme les les bougies qui voltigent autour de nous, telles des lucioles. Nous montons les marches, dans un léger silence. Je regarde, comme émerveillée toutes ces bougies, toutes ces lumières autour de nous qui font que tout ça a l'air encore plus irréel qu'auparavant. Il faudra que je pense en rentrant, à faire un dessin de cette scène, au fusain ou à la craie sèche, histoire de ne jamais l'oublier. Garder une trace de tout ça. Les marches se succèdent l'une après l'autre, à tel point que nous croyons ne jamais à en voir la fin. Mais peu à peu, une gigantesque porte en bois fait son apparition. Je ralentis, de plus en plus intriguée. Peter pose sa main sur mes yeux, ce qui me rend encore plus impatiente de découvrir ce qu'il a préparé. Toujours en confiance, je me laisse faire et avance doucement quand il ouvre la porte. Toujours dans le noir. Mon coeur bat de plus en plus fort. La chaleur du corps de Peter contre le mien. Soudain la lumière revient. « C’est toi qui décide mais… peut-être que le tour en gondole peut attendre un peu… » a-t-il soufflé à mon oreille d'un ton pas très innocent. En même temps, je regarde les yeux brillants, la bouche entrouverte cette pièce merveilleusement aménagée. Le lit, les fleurs, les bougies ... le lit. Pas difficile de faire le rapport entre ce que vient de dire Peter et ce meuble ... très beau meuble ce lit à baldaquin d'ailleurs ... Mmm ... Un sourire. Je me mords la lèvre inférieur et me tourne vers lui, gardant notre proximité. « Je suis d'accord avec toi ... » ai-je murmuré en enroulant mes bras autour de son cou. Mes lèvres sont toujours étirées en un léger sourire. Envie de l'essayer ce lit. A partir de ce moment tout devient un peu flou. Nos lèvres se retrouvent rapidement, comme si elles étaient liées par un fil invisible, au-cas-où certaines se perdraient en route. Le désir se fait plus violent, plus passionné. Mes mains se perdent dans ses cheveux. Soudain, j'enroule mes jambes autour de son bassin et lui me porte, me tenant fermement. Plus proches que jamais. Nos lèvres sont toujours soudées, mon coeur bat toujours aussi fort et je manque d'air, seulement c'est trop bond comme sentiment. Je sens Peter avancer doucement vers le lit et une fois atteint, il me fait basculer délicatement dessus et ...

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Le retour à la réalité se fait brutal, au sens propre comme au sens figuré. Je rouvre les yeux après un choc. Qu'est ce que ... La moquette de ma chambre, ma table de nuit et ... mon lit mais ... Au bout de quelques secondes, juste le temps d'atterrir, je comprends rapidement ce qui s'est passé. Je suis lamentablement étalée sur le sol de ma chambre en compagnie de mon oreiller, en shorty et en débardeur blanc. Dans le brouillard, un peu hébétée ... Oh mon dieu ! Un rêve ! C'était un rêve ! Un rêve où Peter et moi ... Et j'étais tellement dedans que j'en suis tombée de mon lit ! J'ai posé mes mains sur mon visage par désespoir. J'en reviens pas ! Je suis sure que je suis en train de rougir comme une conne maintenant, mais faut dire que j'ai très chaud là, c'est pas ma faute. Honnêtement il y a qu'une pauvre fille comme moi pour faire un truc pareil et en plus ne pas aller jusqu'au bout et .... aaaaah ! Heureusement que j'habite toute seule n'empêche, heureusement que j'habite toute seule. Ooh et il fait chaud c'est pas possible. Je me redresse, hésitant entre la honte et le rire. J'ai secoué la tête en me souvenant du rêve que je viens de faire ... Peter ... Oulala, enfin je pensais pas que ça serait à ce point quand même. Gênée, je passe ma main dans ma chevelure avec un léger sourire en repensant à tout ça. Putain, j'ai l'impression d'être une adolescente là, faut que je m'en remette merde. Mais déjà je sais que la prochaine fois que je vais croiser la route de Peter, ça va me perturber. Disons que les rêves comme ça, ce n'est pas vraiment habituel chez moi, alors ...

FINI