Katerina A. Viscenti Ҩ A. Eliott D-Hamilton

« I just want to spend an amazing night »

Eliott lissa sa chemise pour se donner contenance tout en saluant le videur qui le connaissait bien maintenant. Eliott n'était pas à New-York depuis longtemps, quelques semaines tout au plus, mais il savait se faire les amis où il fallait, les bons, ceux qui vous ouvrent les bonnes portes. Eliott avait des tonnes d'amis et ce videur en faisait parti. Il n'eut même pas besoin de dire son nom pour que le videur vérifie sur sa liste s'il pouvait entrer ou non. Eliott ne se faisait jamais refuser l'entrée d'une soirée. Il était toujours invité partout, s'il ne l'était pas, il entrait quand même. Avec son physique de rêve et sa bouille d'ange, on ne pouvait décemment pas le laisser dehors, tout seul, à attendre dans le froid. Quoique, attendre la nuit à Saint-Tropez n'était pas plus agréable non plus. Eliott était le roi des soirées, aimait s'amuser et tout bon fêtard le connaissait, au moins de réputation. Sans doute que peu d'entre eux savaient qu'il était lord et qu'une partie de l'Ecosse lui appartenait. Mais peu importe. Il voulait être apprécié pour lui et ensuite, il les mettait au courant. Se faire des "amis" qui restaient avec lui juste pour son pedigree, ça n'était pas pour lui.

Le jeune écossais entra alors dans l'Awesome, regardant autour de lui, afin de vérifier l'ambiance et voir s'il connaissait des gens. Bien sûr, c'était le cas. Il les salua d'un geste de la main en souriant mais ne se dirigea pas vers eux. Il leur préféra le bar pour bien commencer la soirée. Un bon cocktail et tout irait mieux ensuite. Eliott s'assit sur un tabouret et réprima un sourire quand il s'aperçut de la serveuse de ce soir. Katerina. La soirée commençait bien avec une de ses nombreuses amies, mais de celles qu'il appréciait vraiment. En plus, elle était plutôt jolie fille et ça ne gâcherai pour tout dire. D'ailleurs, la première fois qu'ils s'étaient vus, il l'avait dragué mais elle avait tout repoussé en bloc. Son ego en avait pris un coup mais il avait décidé de ne pas en rajouter. Si elle ne voulait pas, il n'allait pas la forcer. Il n'était pas de ces gars-là, ceux qu'Eliott détestait par dessus tout. Ceux qui se croient tout permis, tout puissants et qui pensaient que les femmes ne valaient rien. Chose qu'Eliott n'approuvait pas du tout. Il respectait les femmes et Kat y compris.

Eliott fit un signe à Kat pour lui commander quelque chose, tout en souriant. « Ce que tu veux Kat, mais pas trop fort pour commencer. » Il la détailla de la tête aux pieds avant de demander, sourire malicieux en coin des lèvres « T'es en beauté ce soir ! C'est pour moi ? Fallait pas tu sais, je te trouve très bien au naturel aussi... »

Pour aller bosser, je n’avais malheureusement pas le choix : je devais troquer mes fidèles jean et tee-shirt pour quelque chose de plus féminin, disait-on. Et cela se passait ainsi dans la quasi-totalité des boîtes de nuit dans lesquelles j’avais travaillé. Je m’y étais faite à la longue, même si je faisais toujours en sorte de ne pas trop me faire remarquer. Ce n’était pas du tout mon truc. Pour tout dire, je détestais carrément cela. Ce soir, je m’était contentée de mettre une robe noire qui arrivait juste au-dessus des genoux, des collants, des ballerines et le tout s’arrêtait là. Quoi de plus discret que des vêtements noirs ? Je ne voyait vraiment pas ce que j’aurais pu faire de plus. Au niveau du maquillage et de la coiffure, je ne m’étais pas trop cassé la tête non plus : une légère touche de mascara, et une queue de cheval. Seule une mèche de cheveux jouait les rebelles en se logeant sur mon front même quand j’essayais de la retirer en arrière. Rien ne pourrait la faire rester derrière mon oreille, apparemment. Je laissai tomber et débutai mon service. Ce soir n’avait rien d’exceptionnel. C’était une soirée comme les autres durant laquelle je ne changerais rien à mes habitudes. J’allais servir les clients, rester le plus possible en retrait de la fête et de tout le reste tout en conservant un sourire plus qu’hypocrite, et j’allais prendre autant de pauses que possible pour fumer. C’était bien assez et l’on ne me demandait rien de plus, tant mieux. Je n’étais pas, ou plus maintenant en tout cas, du genre à me faire des amis, ni même à parler à qui que ce soit juste par plaisir. Même quand je parlais à quelqu’un que j’appréciais, je restais en retrait autant que possible. A part avec mon frère et une ou deux exceptions, je n’étais pas le moins du monde pour les contacts physique. Pour tout dire, je détestais cela et les évitait autant que possible. Mais en tant que barmaid, ce n’était pas toujours tâche aisée. Souriant aux différents clients qui se présentaient à moi, je les servais sans broncher, me contentant de faire mon boulot plus qu’autre chose. Pour tout dire, je les regardai sans les voir, ne m’intéressant guère à leurs visages ou à quoi que ce soit d’autre. Je préférai me concentrer sur le service. J’avais vraiment envie de garder ce boulot.

Cependant, et contrairement à ce que j’avais pensé en quittant mon appartement, une heure auparavant, la soirée n’allait pas être exactement semblable à toutes les autres. En effet, elle ne le serait pas et ce, grâce à la présence d’un ami à moi. Pas n’importe lequel puisqu’il s’agissait d’Eliott. Notre relation n’avait pas forcément bien commencé. Oh, rien de catastrophique, mais nous n’étions pas franchement partis sur de bonnes bases, il faut bien le dire. Au départ, Eliott avait tenté de me draguer. J’avais beau être naïve, j’avais tout de suite compris son but initial et je lui avais gentiment fait comprendre que je ne cherchais rien de tout cela. J’avais eu beaucoup de chance ce soir là, de ne pas tomber sur un gros macho. Eliott avait plutôt bien pris la chose et Dieu merci, n’avait pas insisté. Au final, nous étions devenus bons amis, même s’il semblait prendre un malin plaisir à me rappeler la soirée de notre rencontre par des petites remarques amusées. Rien de bien méchant, même si j’étais parfois un peu mal à l’aise. Enfin, Eliott restait Eliott, et d’après ce que j’avais cru comprendre, cela faisait un bout de temps qu’il était comme ça. Je lui fis un large sourire quand il s’installa face à moi. « Ce que tu veux Kat, mais pas trop fort pour commencer. » me dit-il, assez fort pour que je l’entende. Je sortis donc un verre de sous le bar, ainsi qu’une bouteille du premier alcool qui me tomba sous la main. « Je te fais ça. » lui répondis-je en versant le liquide dans le verre. « T'es en beauté ce soir ! C'est pour moi ? Fallait pas tu sais, je te trouve très bien au naturel aussi... » demanda-t-il, ce qui m’amusa immédiatement. C’était tout à fait le genre de réflexion qu’Eliott sortait constamment. D’après ce que j’avais pu constater, en tout cas. J’en avais pris l’habitude, ce n’était plus une très grande surprise, mais cela ne m’empêcha pas de lever les yeux au ciel à sa réflexion, tout en gardant un léger sourire. « Evidemment que c’est pour toi. Pour qui voudrais-tu que je me fasse belle, sinon ? » le taquinai-je, amusée par le début de cette conversation. Ce n’était pourtant bel et bien que le début. Je savais très bien que nos taquineries ne s’arrêteraient pas là…

Eliott esquissa un sourire tout en détaillant de la tête aux pieds Katerina. Elle était vraiment très jolie et il se demandait quel était celui qui réussissait à la garder pour lui seul. Car pour lui, il n'existait que cette réponse possible au fait qu'elle ait refusé toutes ses avances. Comment expliquer sinon qu'elle refuse ce que tant de filles se damerait pour passer une nuit avec lui ? Inexplicable mais Eliott avait abandonné relativement facilement. Il n'était pas du genre à la harceler pour avoir finalement gain de cause, il savait où étaient les limites et il n'en avait franchi aucune. Il était toujours respectueux des femmes qu'il croisait et respectait toujours leurs choix, qu'ils allaient dans son sens ou non. Malgré tout, il regrettait d'autant plus maintenant de ne pas en avoir vu plus de ce que cachait sous sa tenue Katerina... Mais ne s'avouait pas néanmoins vaincu totalement. Si elle changeait d'avis, il serait là, il fallait compter sur lui pour cela. Mais visiblement, il ne l'ennuyait pas tant que ça, elle lui aurait sans doute fait comprendre sinon. La preuve était qu'elle lui avait adressé un rayonnant sourire quand il s'était installé et le même quand il lui avait dit qu'elle était particulièrement en beauté ce soir. « Evidemment que c’est pour toi. Pour qui voudrais-tu que je me fasse belle, sinon ? » Le sourire se transmit jusqu'aux lèvres d'Eliott qui but une gorgée de son verre avant de répondre à la question de la jeune femme, malicieux. « J'espère bien... Mais si quelqu'un te dit la même chose que moi... dis-moi, que j'aille lui régler son compte... » Il réfléchit quelques instants avant de répliquer, très pince sans rire « Autant parce qu'il s'adresse à toi et parce qu'il me doit des droits pour ma fabuleuse réplique. Dont je suis très fier, il faut l'avouer. »

Il but une nouvelle gorgée avant de soulever son verre comme pour trinquer avec elle alors qu'elle n'avait rien à boire. D'ailleurs, il fit la moue avant de se pencher vers elle et de demander, d'une voix séductrice « Je bois tout le temps tout seul... Tu veux pas m'accompagner ? » Il laissa traîner sa voix avant de reprendre, sourire en coin « A moins que tu n'aies peur de ne pas savoir te contrôler avec l'alcool et de te jeter sur moi... » Il lui fit un clin d'oeil, lui signifiant par la même occasion qu'il était à moitié sérieux et à moitié rieur.
La soirée avait bien commencé dès qu'il l'avait aperçu au bar mais elle continuait bien avec ce début de phrases taquines qui n'allaient pas s'arrêter de sitôt, du moins il l'espérait. Au moins, il était sûr qu'avec Katerina, il ne s’ennuierait pas... Puis, il sentit une main sur son épaule. Il se retourna et sourit à une merveilleuse créature blonde qui s'assit à ses côtés. Certes, il était ravi d'avoir été remarqué -ce qui n'était pas rare il devait l'avouer- mais il n'avait pas fini la conversation avec Katerina et ça l'ennuyait bizarrement d'arrêter tout ça là. En signe de désespoir, il se tourna vers Kat et lui lança un regard.

Je ne fis guère attention au regard d’Eliott qui me détailla de la tête aux pieds. C’était bien lui, j’avais pris l’habitude à force de passer du temps avec lui. Et puis, je ne pouvais pas lui reprocher d’être normal, tout le contraire de ce que j’étais. C’était avec le sourire que j’avais accueilli le jeune homme, j’étais toujours ravie de retrouver une connaissance. Et tout particulièrement quand je travaillais, cela m’occupait, et m’empêchait de trop me concentrer sur les pervers qui m’entouraient. C’était mieux ainsi, je n’avais carrément pas envie de péter un câble en plein milieu de mon service et me connaissant, je pourrais bien faire une crise de panique si je ne faisais pas trop attention à la tournure que prenaient mes pensées. Il fallait que je reste sur mes gardes à tout prix, Rafaello n’était pas là et je n’avais réellement pas envie de me ridiculiser sur mon lieu de travail. Cela ne m’était encore jamais arrivé, mais je préférais rester méfiante, de peur que quelque chose dans le genre ne se produise. Enfin bref, j’entrai immédiatement dans le jeu d’Eliott. Dès le début, il avait compris que je ne ferais absolument rien avec lui. Je ne lui avais pas donné de raison, et il avait à présent, dû se faire sa propre opinion sur le sujet mais qu’importe. J’étais bien en sa compagnie et puisqu’il avait compris que je ne passerais pas une seule nuit avec lui, je pouvais me relâcher un peu, me détendre, en quelque sorte. C’est pourquoi, j’avais prétendu que c’était, en effet, pour lui que je m’étais faite belle. Rien de bien méchant, en somme. « J'espère bien... Mais si quelqu'un te dit la même chose que moi... dis-moi, que j'aille lui régler son compte... » dit-il après avoir bu une gorgée du verre que je lui avais servi. Amusée, je levai les yeux au ciel, un sourire aux coins des lèvres. Eliott était vraiment un séducteur né, et il n’était apparemment pas près de changer. Enfin, il était comme ça, et cela ne me dérangeait pas, tant qu’il ne franchissait pas les limites que j’avais imposées, dès le départ. « Autant parce qu'il s'adresse à toi et parce qu'il me doit des droits pour ma fabuleuse réplique. Dont je suis très fier, il faut l'avouer. » rajouta-t-il rapidement, avant que je n’ai pu répondre quoi que ce soit. Sa remarque ne fit que renforcer mon amusement. Les mains posées sur le comptoir, toujours debout face à lui, je réfléchis un instant à ce que j’allais lui répondre. « Je penserai à prévenir cette mystérieuse personne, ne t’inquiète pas. Ta phrase était absolument fantastique, et il n’a aucun droit dessus, tu as parfaitement raison. », me lançai-je finalement, en omettant volontairement la première partie de sa réplique.

Les minutes s’écoulèrent. je servis un client supplémentaire, mais la plupart des personnes étaient en train de danser, ou se servait sur les plateaux que les serveuses portaient. Bien évidemment, la discussion entre Eliott et moi ne s’arrêta pas là. D’ailleurs, après un bref instant de silence, Eliott lança un nouveau sujet, quoi que pas si différent que les précédents, finalement. « Je bois tout le temps tout seul... Tu veux pas m'accompagner ? » me proposa-t-il avec une petite moue qui devait sans doute en faire craquer plus d’une. Je ne faisais pas partie de celles-ci, mais pouvais-je lui en vouloir de tenter une nouvelle fois sa chance ? Après tout, c’était d’Eliott dont il s’agissait, et il ne semblait pas pouvoir s’en empêcher. « A moins que tu n'aies peur de ne pas savoir te contrôler avec l'alcool et de te jeter sur moi... » ajouta-t-il rapidement, un sourire aux coins des lèvres. Oui c’était vraiment du Eliott tout craché. « Et bien… il va peut-être falloir que j’y réfléchisse sérieusement… » répondis-je, laissant planer un semblant de mystère alors qu’il devait sans doute être facile de deviner que j’allais, en effet, le rejoindre. Après tout, mon service se finissait d’ici une petite dizaine de minutes, et il n’y avait presque personne au comptoir. C’était le moment ou jamais de se relâcher encore un peu plus, et de se décontracter en buvant un ou deux verres. C’est ce moment que choisit une jolie blonde pour tenter sa chance auprès d’Eliott. Amusée, j’assistai à la scène en lavant un énième verre. Contrairement à ce que j’avais pu imaginer, Eliott se tourna dans ma direction et me lança un regard qui voulait tout dire. Je posai le chiffon que je tenais encore et me penchai un peu plus vers Eliott. « Et bien beau gosse, et si on allait se mettre à une table dans le fond ? Je finis tout juste mon service, ça tombe bien. » proposai-je, sans regarder la prétendante du jeune homme. Elle serait peut-être déçue, mais au moins, je pourrais passer une soirée tranquille et amusante avec Eliott. N’était-ce pas l’essentiel ?

« Je penserai à prévenir cette mystérieuse personne, ne t’inquiète pas. Ta phrase était absolument fantastique, et il n’a aucun droit dessus, tu as parfaitement raison. » Ravi qu'elle le prenne ainsi, Eliott ne cacha son contentement en affichant un sourire séducteur tout en avalant une nouvelle gorgée de sa boisson. Bien qu'il avait bien vu qu'elle n'avait rien dit sur la première partie de sa phrase, il n'en restait pas moins qu'elle restait dans le jeu qu'ils avaient tacitement conclu. Eliott se contentait de suivre la tendance, sans rien tenter de plus qu'il ne le faisait avec les filles. Il savait très bien qu'elle ne voulait pas aller plus loin et il ne la pousserait pas à aller dans ce sens si elle ne le voulait pas. Malgré tout, il s'amusait et visiblement, elle aussi. « Merci de le signaler. Au cas où il ferait un livre sur moi un de ces jours, tu pourrais leur dire. » Ce qui n'était pas totalement à exclure. Il savait pertinemment qu'on devait parler de lui dans les journaux écossais, sans doute comme quoi c'était bien calme depuis qu'il était parti, ce qui devait être vrai. Ses amis étaient tous partis à Londres ou en cure de désintox, la vallée écossaise devait être bien tranquille ces derniers temps, ce qui ferait certainement plaisir à son défunt père, ce qu'Eliott tentait d'enrayer au maximum lorsqu'il était en vie...

Finalement, Eliott lui demanda si elle était sûre de bien vouloir boire avec lui, elle pouvait toujours, sous le coup de l'alcool, se jeter sur lui. Ce qui ne lui poserait aucun problème, bien entendu. Katerina fit traîner le plaisir en s'exclamant « Et bien… il va peut-être falloir que j’y réfléchisse sérieusement… » Eliott eut un sourire en coin, ravi qu'elle entre de plein pied dans ce jeu de séduction. Bien qu'elle dise clairement qu'elle n'était pas intéressée, elle devait avouer qu'elle ne le repoussait pas clairement mais qu'elle jouait avec le feu. Il souleva un sourcil sans rien répondre, buvant une nouvelle gorgée de son verre et apercevant du coin de l'oeil une grande blonde s'asseoir à côté de lui. Ce qui, pour une fois, ne provoqua en lui que de l'indifférence. Il se passait décidément quelque chose d'étrange en compagnie de la jeune barwoman. « Et bien beau gosse, et si on allait se mettre à une table dans le fond ? Je finis tout juste mon service, ça tombe bien. » Eliott, ravi de la tournure de la conversation, retint dans un coin de son cerveau que Katerina venait de l'extirper des griffes d'une jeune femme et qu'elle avait réussi haut la main puisqu'il se leva tout en glissant un « Désolé, le devoir m'appelle.» à celle qui venait de s'installer à côté de lui. Il se dirigea vers une table du fond où il attendit que Katerina le rejoigne.

Il la regarder arriver sans se cacher. Elle savait ce qu'il pensait d'elle alors il ne faisait plus attention à la façon dont il la regardait. D'habitude, il prenait plus de gants mais là, c'était Katerina et, avec le temps, ils avaient une relation particulière qui effaçait ce genre de préoccupations. Ils se contentaient de passer une bonne soirée et voilà tout. Elle s'assit à côté de lui et il reprit la conversation là où ils l'avaient laissé au bar. « Je te signale que tu as enfin avoué que je t'attirais... » lança-t-il, mine de rien, faisant référence au "beau gosse" de tout à l'heure.

J’étais sans doute un peu trop naïve, à ne plus prêter attention aux regards et sourires d’Eliott. Je ne faisais même plus attention à modérer mes paroles en sa présence. J’étais persuadée qu’il avait compris que je ne voulais pas m’engager dans quoi que ce soit, il pouvait penser que j’avais quelqu’un, cela n’avait guère d’important, et je ne cherchais plus à trop me tenir éloigné de lui. Je l’appréciais, et j’aimais rigoler avec lui. Rigoler de temps à autre ne faisait pas de mal, disait-on. Tout en gardant une certaine distance avec le jeune homme, je jouais avec lui. Oui, je lui faisais confiance, peut-être trop pour une craintive comme moi, mais c’était comme ça. Et puis, avouons-le, je ne craignais pas grand-chose en tant que serveuse, dans une boîte de nuit bondée. Je profitais donc de la soirée, de la manière dont je savais si bien le faire, et je ne me souciais pas du reste. Au final, je ne prêtais même plus attention aux sourires charmeurs d’Eliott, ce qui ne l’empêchait pas, bien évidemment, d’être très séduisant. « Merci de le signaler. Au cas où il ferait un livre sur moi un de ces jours, tu pourrais leur dire. » , dit-il, apparemment amusé par la conversation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je l’étais aussi. C’était devenu une habitude avec Eliott, nous n’avions de cesse de nous taquiner, c’était une sorte de jeu qui s’était mis en place depuis notre rencontre. Et il fallait bien l’avouer, cela ne me déplaisait pas du tout, tant que cela restait dans la limite du raisonnable. « Aucun souci, je ferais ça pour toi ! », lâchai-je, un léger sourire accroché aux lèvres. Avec Eliott, il n’y avait aucune prise de tête, et c’était sans doute ce qui me plaisait dans notre relation. Parce que dans nos diverses rencontres, je savais que je n’avais pas trop à penser à tout le reste, et cela me permettait d’être plus ou moins de bonne humeur quand je me trouvais à ses côtés. Ce qui, avouons-le, était très positif pour quelqu’un comme moi.

Après quelques paroles échangées, Eliott lui proposa de boire avec lui. Je pris le temps de réfléchir un bref instant, avant de lancer une phrase pour le faire patienter un peu. Mon service se finissait bientôt, et je n’avais rien à perdre dans l’histoire, donc autant en profiter, pour une fois. Je savais que même avec un peu d’alcool dans le sang, je ne ferais rien que je regretterais par la suite, cela me permettrait juste de me détendre un peu plus. Je pris mon temps pour lui donner une réponse concrète, alors que je savais déjà que j’accepterai. Eliott me surprit en ne voulant pas rester auprès de la blonde qui s’installa à ses côtés. Souhaitant le tirer de là, et ne voulant pas, je devais bien l’avouer, perdre mon ami pour la soirée, je lui proposai que nous allions nous installer dans le fond de la salle. Mon service venait de se terminer, pour mon plus grand plaisir. Ne voulant tout de même pas partir comme une voleuse, je prévins l’une de mes collègues qui me souhaita une bonne soirée, avant de rejoindre Eliott qui s’était déjà installé à une table. Son regard se posa instantanément sur moi et si, en temps normal, j’aurais été mal à l’aise, ce ne fut pas le cas. Parce qu’il s’agissait d’Eliott et que, depuis le temps, je savais à quoi m’en tenir, tout comme l’inverse était vrai. Il y avait, bien évidemment, toujours une part de nervosité dans le fait d’être observé de la sorte, mais je réussissais aisément à le mettre dans un coin de ma tête. L’habitude me le permettait. Sans plus de cérémonie, je m’installai à ses côtés. Il relança la conversation en premier, quelques secondes seulement, après que je me sois assise. « Je te signale que tu as enfin avoué que je t'attirais... » Ses mots me firent froncer les sourcils instantanément, pendant qu’un sourire s’installa aux coins de mes lèvres. « J’ai dis quelque chose dans le genre, moi ? Je n’en ai pas le moindre souvenir. », répondis-je sur un ton léger. J’avais beau, encore une fois, jouer le jeu de la taquinerie, je ne me rappelais vraiment pas d’avoir dit quoi que ce soit dans le genre. Enfin. Une serveuse passa à nos côtés et j’attrapai un verre posé sur son plateau. Voilà qui était parfait. Je bus une gorgée du liquide alcoolisé, pour me donner une contenance. « Je te signale que tu étais censée boire. Et ton verre est à moitié vide. », lançai-je en reprenant ses précédents mots, un sourire aux lèvres. La soirée promettait d’être amusante.