Lulani Vryzakis Ҩ Alaska McDaniels

« Is that true ? »

Alaska fut réveillée en sursaut par son voisin qui mettait à fond ses enceintes, sans doute dans le but de vérifier ses capacités acoustiques et sa maîtrise d'elle-même. Ce qu'elle ne remplit pas puisqu'elle ne se gêna pas pour taper dans le mur le plus fort possible dans le but de le faire arrêter. Malheureusement, ça n'eut pas vraiment le résultat escompté. Le voisin au-dessus de chez elle sembla se réveiller en sursaut lui aussi et ne pas du tout aimer ça. Il se mit à gueuler, réveillant à son tour le bébé qui était au bout du couloir. Bref, en un instant et tout cela dû à ce maudit voisin et son Metallica, c'était le bordel et un brouhaha ambiant emplissait le petit appartement de la jeune femme. Elle se prit la tête avant de se lever prestement, attrapant un jean et un haut tout simple, s'habilla en deux secondes chrono avant d'attraper son sac, ses clés et de claquer la porte de cet appartement qui lui prenait tellement la tête. Elle espérait pouvoir bientôt déménager bien que son compte en banque ne voie pas de la même façon qu'elle ses projets de grandeur. Il affichait une somme un petit peu angoissante mais la jeune femme se persuadait que tout allait s'arranger surtout avec le succès qu'avait eu la première de son spectacle "Who's the devil ?" Le succès serait encore longtemps au rendez-vous et elle pourrait enfin se faire un peu plaisir, prendre du temps pour elle, rien que pour elle à ne penser à rien d'autre qu'à sa petite personne. Etre un peu égoïste une fois de temps en temps. Le rêve. Mais ce n'était pas encore pour tout de suite...

Alaska dévala les escaliers en courant car l'ascenseur était encore en panne, ne faisant pas attention aux véhémentes discussions entre voisins pour ne pas dire engueulades, dont elle avait l'habitude maintenant. Elle sortit de son immeuble pourri avant de se diriger vers la bouche de métro la plus proche et d'y monter. Elle ne savait pas trop où elle allait mais elle y allait. Soudainement, elle se décida à aller chez son frère Phoenix, il n'habitait pas très loin et le voir lui ferait grand bien. Elle pourrait se plaindre et le regarder faire ses blagues pourries. Elle sortit du métro avant de rentrer dans l'immeuble de son frère. Alors qu'elle attendait l'ascenseur (qui fonctionnait lui, pas comme le lâcheur de son immeuble), elle entendit des voix derrière elle qui vinrent se placer à ses côtés dans le but sans doute d'attendre l'ascenseur également...

Depuis l’autre côté de la rue, Lulani observait la façade de son immeuble dont elle s’était vue interdire l’entrée par une prétendue équipe de professionnels du traitement contre les termites, mais qui n’était en réalité que des agents sous couverture ayant soigneusement orchestrés toute la petite mise en scène. Jusqu’à présent – et à son plus grand soulagement - tout le monde n’y avait vu que du feu, y compris leurs enfants. Théoriquement, la jeune femme n’avait rien à faire dans le quartier de Greenwich Village, mais le cadet avait insisté pour y retourner et pour rendre visite à la famille Felding, qui résidait au quatrième étage et pour laquelle ils s’étaient tous pris d’affection. C’était une famille simple et chaleureuse, à l’image de ce qu’était la famille Vryzakis avant d’être brusquement dissoute. C’était sûrement l’une des raisons pour lesquelles Mason et Toyiah s’y sentaient à l’aise, en plus du fait qu’ils côtoyaient Norah et Kyle, des enfants à peine plus âgés qu’eux. Après avoir jeté un coup d’œil des deux côtés de la route, Lulani prit la main de son fils, effectua une petite pression dans le dos de sa fille et traversa pour gagner le bâtiment d’en face. A peine eut-elle posé le pied sur le trottoir que Mason lui lâcha brusquement la main pour courir joyeusement jusqu’à l’entrée de l’immeuble et en parfait gentleman, tint la porte à sa mère et sa sœur en effectuant même une petite révérence de portier improvisé qui lui arracha un petit rire amusé. Une fois à l’intérieur, elles furent de nouveau dépassées par Mason qui prit aussitôt la direction de leur appartement situé au rez-de-chaussée. Lulani ne s’arrêta pas pour autant et poursuivit sa progression jusqu’à l’ascenseur avec Toyiah, un écouteur enfoncé dans l’oreille tandis que l’autre pendait négligemment. « Mason ? On est venus ici pour rendre visite aux Felding. ». « Mais... ». « Pas pour jouer aux espions. » le coupa-t-elle aussitôt. « Je veux juste voir si les bêtes sont parties. » « Eh bien, apparemment elles logent toujours à mes frais. » répliqua-t-elle d’un ton qui laissait clairement sous-entendre que la discussion s’arrêtait là parce qu’ils n’étaient pas seuls. Après tout, qui aime se vanter d’avoir une maison envahie par des insectes quels qu’ils soient ?

Lulani se plaça à côté de la jeune femme qui attendait l’ascenseur et lui adressa un sourire à la fois poli et gêné en guise de salutations. Pour couronner le tout, la philippine la connaissait puisqu’elle n’était autre que la sœur de Phoenix, l’un de ses voisins avec qui elle avait rapidement sympathisé et qu’elle avait croisé plusieurs fois. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut et si elle en jugeait par la silhouette élancée, il s’agissait d’Alaska, danseuse étoile et chorégraphe d’après ce que son frère avait bien voulu lui en dire. Toyiah aussi semblait la reconnaître, mais pas pour les mêmes raisons. Ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche s’entrouvrit légèrement tandis que son visage virait de teinte. C’était la ‘copine’ de son père. Elle se souvenait de leur première rencontre comme si c’était hier. Imaginez le choc lorsque l’une avait pris l’existence de l’autre parce que son père n’avait pas fait les présentations, ils ne les avaient pas préparés du tout à cette éventualité. Son regard glissa aussitôt sur sa mère qui l’interrogea du regard, inquiète de voir sa fille aussi perturbée, mais Toyiah se mordit discrètement la lèvre en secouant la tête pour lui assurer que tout allait bien. Bien entendu, sa mère n’était pas dupe, mais du haut de ses dix ans, Toyiah voulait la préserver du mieux qu’elle le pouvait. Lulani détourna finalement le regard, sentant que Mason tirait sa manche. « Maman… Maman… » l’interpela-t-il dans un murmure presque inaudible. « C’est elle, c’est la copine de papa. ». Lorsque Toyiah se pencha sur le côté pour le fusiller du regard, Mason su tout de suite qu’il avait fait une énorme bêtise et ses joues s’empourprèrent. « Bonjour madame ! » balbutia-t-il d’un air innocent, alors que sa sœur n’avait pas daigné le faire.

Alaska fixait la porte de l'ascenseur comme si ça lui permettrait d'aller plus vite. Elle avait l'intime conviction que ce maudit ascenseur s'était mis de mèche avec celui de son immeuble et qu'il allait encore l'abandonner. Monter quelques étages ne lui faisait pas peur et un peu de sport en plus ne lui ferait sans doute pas de mal. Elle trouvait qu'elle ne bougeait toujours pas assez et que le peu de graisse qu'elle avait emmagasiné pendant sa courte période d'abstinence de danse semblait ne jamais vouloir partir. Faire du sport, et encore du sport, il n'y avait que ça de vrai. Alors, pendant qu'elle réfléchissait à ce qu'elle allait faire, hésitant entre attendre encore un peu et monter directement les marches, elle sentit une présence à côté d'elle. Elle tourna légèrement la tête, sans vraiment y prêter attention. Mais finalement, quelque chose accrocha son regard. Une ressemblance. Ces enfants ressemblaient étrangement à ceux qu'elle avait entr'aperçu quand elle s'était rendu chez Matt et qu'elle s'était ridiculisée devant toute la famille. Un garçon, une fille. Même âge, même visage. Elle fronça les sourcils tout en esquissant un sourire histoire de ne pas paraître trop impolie à fixer comme cela. Le garçon tirait la manche de la femme qui les accompagnaient. Qui était-elle ? Leur... mère ?

« Bonjour madame ! » Le sourire de la jeune américaine s'agrandit et elle lui répondit « Bonjour ! » Voyant que l'ascenseur ne venait toujours pas, elle se pencha vers le petit garçon avant de s’accroupir pour se mettre à sa hauteur et de reprendre la parole, sourire toujours rassurant aux lèvres « Mason, c'est ça ? » Puis elle se releva avant de croiser le regard de la femme qui les accompagnait et de lui tendre la main tout en s'exclamant « Je ne me suis pas présentée, Alaska. » Elle attendait que la jeune femme se présente également, histoire de vérifier qui elle était avant d'extrapoler quoique ce soit et de partir dans ce que son imagination fertile pouvait lui promettre...

« C’est elle, c’est la copine de papa. ». Dès que ces mots avaient été murmurés, le regard de Lulani avait aussitôt glissé sur ses deux enfants, intriguée ; tandis que Toyiah assassinait son petit frère du regard, celui-ci affichait un air gêné qu’elle ne lui connaissait que lorsqu’il faisait une grosse bêtise. Elle n’eut pas besoin de les interroger davantage, elle savait que Mason disait vrai et ce dernier s’empressa aussitôt de saluer la ‘copine’ de son père qui ne tarda pas à lui répondre sur un ton tout aussi enthousiaste. « Bonjour ! ». Inconsciemment, les muscles de la philippine se contractèrent et de concert, la légère pression qu’elle exerçait sur la main de Mason se fit un peu plus franche. Bien que fière de l’attitude de son fils vis-à-vis de la jeune femme, une part de Lulani était tout de même légèrement agacée. « Mason, c’est ça ? » lui demanda-t-elle, tout sourire. « C’est ça ! » s’exclama le petit en bombant fièrement le torse. Toyiah roula des yeux et détourna aussitôt la tête en la secouant de droite à gauche, trouvant un intérêt soudain pour le plafond comme si elle s’attendait à voir l’ascenseur à travers. Lulani, quant à elle, n’était pas sûre de l’attitude à adopter. Une chose était sûre : elle n’avait pas l’intention de la questionner sur la nature de sa relation avec son ex-mari, surtout après l’avoir remis à sa place lorsqu’il s’était montré trop curieux concernant sa vie privée.

« Je ne me suis pas présentée, Alaska. ». Lulani consentit enfin à lui décrocher un regard, tâchant de paraître la plus aimable possible afin de servir d’exemple à Toyiah – nullement impressionnée - et échangea une poignée de main avec son interlocutrice. « Lulani. » répondit-elle en affichant un petit sourire. « Et je pense qu’il est inutile que je vous présente les minimoys qui m’accompagnent. » enchaîna-t-elle aussitôt, cherchant un peu d’assurance dans le regard de son fils. « Toyiah ? ». L’intéressée daigna tourner la tête et un seul regard suffit à interpréter la demande silencieuse de sa mère. « Bonjour » maugréa-t-elle à contre cœur. Lulani fronça les sourcils et se concentra de nouveau sur Alaska pour lui adresser un regard désolé autant pour la réaction de l’aînée que pour le sentiment étrange qui l’envahissait à présent. C’était curieux, mais elle était aussi fière du comportement de Mason que de celui de sa sœur ; tous deux reflétaient parfaitement son état actuel. Il y avait d’un côté la fierté de voir son fils aussi poli et de l’autre sa fille aussi distante. Au fond, ce genre de réaction était parfaitement légitime ; pendant des années, il n’y avait eu qu’eux trois, et ce n’était que très récemment qu’ils savouraient de nouveau les joies de la famille. Et puis, il y avait Matthew. Avant qu’une autre femme ne vienne tout gâcher, ils formaient un couple très heureux – du moins, c’est que Lulani se plaisait à croire – alors forcément, elle mettait Alaska dans le même sac… Et elle savait que ce n’était pas juste.

Alaska tendait sa main à la jeune femme qui lui faisait face, sourire contrit et neutre accroché aux lèvres. Elle voulait être polie mais ne pouvait s'empêcher de penser à quel point elle était jolie. Elle semblait parfaite. Parfaite avec ses enfants, parfaite avec ses longs cheveux, sa silhouette longiligne, ses grands yeux étonnés et innocents, sa peau. Elle semblait tout avoir et ne rien avoir laissé aux autres, en particulier à Alaska qui sentait un profond complexe se créer et qui s'intensifia lorsqu'elle lui confirma son identité. « Lulani. » Alaska relâcha sa main avant de sentir un brusque poids sur ses épaules. C'était bien Lulani, la fameuse Lula, la fameuse femme parfaite qu'avait épousé Matthew, celle qui avait porté ses enfants, celle qui tenait toujours son coeur, elle le savait. Elle ne se faisait pas d'illusions et ne saurait pas placer la relation qu'elle entretenait avec le grec actuellement sur une échelle de relation "normale". Elle ne savait pas où ils en étaient, surtout depuis qu'il lui avait avoué que son ex-femme et ses enfants vivaient chez lui pendant la durée des travaux dans l'appartement de la philippine. Même si elle avait bien réagit sur le coup, acceptant la nouvelle avec le sourire, elle avait eu le temps d'y réfléchir et, la réflexion était le point faible de la jeune femme. Elle réussissait toujours à casser tout ce qu'il y avait dans sa vie grâce à sa capacité hors norme de réflexion. Elle pensait trop, remettait tout en cause, décortiquait chaque passage, chaque chose qui lui était arrivée, essayait d'y mettre un sens, une ordre, un but et réussissait toujours à tourner dans l'autre sens ce qui aurait pu lui paraitre magnifique quelques instants auparavant. Pas qu'elle ait été forcément ravie qu'il habite avec son ex cela dit... « Et je pense qu’il est inutile que je vous présente les minimoys qui m’accompagnent. » Alaska hocha la tête, un peu gênée. Savait-elle comment elle avait rencontré ses enfants ? Elle préférait ne pas savoir où elle serait dans ses petits souliers, mal à l'aise. Elle n'imaginait pas les rencontrer de cette façon, surtout qu'elle ignorait auparavant leur existence...

« Toyiah ? » Alaska sortit de ses pensées pour se réintégrer dans la conversation présente. Elle jeta un regard vers la fille aînée avant de sourire, repensant à la description qu'il lui avait fait de sa fille, collant parfaitement à celle qu'elle voyait actuellement. Toyiah maugréa un bonjour tant bien que mal qu'Alaska accepta en hochant la tête, sourire rassurant sur les lèvres. Elle se replaça devant l'ascenseur, le fixant puis, trouvant qu'il mettait vraiment beaucoup de temps, elle retourna son visage vers Lulani avant de demander « Matt m'a dit que vous aviez une invasion dans votre appartement ? Ce n'est pas trop grave j'espère ? »

Elle avait su – dès l’instant où ses enfants l’avaient mentionné – qu’elle serait un jour amenée à faire la connaissance de cette jeune femme mystérieuse que Matthew avait rencontré, mais Lula ne s’attendait sûrement pas à ce qu’elles se rencontrent inopinément dans l’immeuble où elle avait élu domicile. En posant ses valises sur le sol américain, la philippine n’avait pas pensé un seul instant qu’elle serait confrontée à ce genre de situation, certainement pas après que Matthew ait préféré son travail à sa vie de famille, du moins, c’était ce qu’elle avait longtemps cru. Lula se souvenait encore très bien de la manière dont elle avait plus ou moins appris l’existence d’Alaska, ils étaient dans la voiture de Matthew en direction de son appartement juste après que la jeune femme lui ait annoncé qu’ils allaient s’installer à New York et c’était Toyiah qui avait lancé le sujet. Sans cela, Lula n’était pas sûre que son ex-mari se serait risqué à lui en parler. Comment elle l’avait pris ? Plutôt mal, à vrai dire, cependant, elle n’en avait rien montré et s’était contentée de lui rappeler qu’ils étaient divorcés et n’avaient plus de compte à se rendre en ce qui concernait leur vie privée respective. La philippine se souvenait également du profond sentiment d’injustice qu’elle avait ressenti à ce moment-là, de savoir que celui qui avait brisé leur couple était finalement celui qui reconstruisait quelque chose tandis que de son côté, Lula en était incapable. Quand bien même elle l’aurait fait, la jeune femme n’était pas sûre de pouvoir aimer quelqu’un de la même manière qu’elle avait aimé Matthew. Malgré ses efforts pour la contenir, sa curiosité commençait sérieusement à la titiller et elle s’en voulu presque. Jamais elle ne s’était retrouvée dans une situation aussi délicate, tant et si bien qu’elle n’était pas vraiment sûre de l’attitude à adopter. La philippine mourrait d’envie de la détailler en quête de similitudes ou de différences. Etait-elle son égal ou son parfait opposé ? Physiquement, les deux jeunes femmes étaient totalement différentes. Elle évitait de l’observer avec trop d’insistance, mais profitait de chaque regard fuyant pour le faire. Visiblement, Matthew préférait les brunes, en revanche, elle ne savait pas si sa maîtresse de l’époque avait cette même particularité capillaire, ni même ce qu’elle était devenue après toute cette histoire. Quoi qu’il en soit, elle admettait qu’Alaska était particulièrement jolie… et ne put s’empêcher de lui trouver des arguments plus ‘voluptueux’ que les siens. Il s’agissait d’une danseuse étoile après tout et même si ce n’était pas son style, la philippine avait toujours admiré leur élégance. Lula dansait elle aussi… sur une planche au rythme des vagues, un plaisir qu’elle avait abandonné au profit du ‘rêve américain’.

Alaska avait le charisme de ces femmes au caractère bien trempé, mais comme le disait si bien l’adage ‘l’habit ne fait pas le moine’ et peut-être que l’américaine n’était en rien comparable à l’idée que Lula s’en faisait. D’ailleurs, on disait souvent de la philippine qu’elle était un petit bout de femme à la carapace presque inébranlable, ça ne servait donc à rien de comparer puisque chaque personne est unique en son genre. Et ce foutu ascenseur qui n’arrivait pas, elle se mit à imiter sa fille en cherchant à l’apercevoir à travers les murs. « Matt m’a dit que vous aviez une invasion dans votre appartement ? Ce n’est pas trop grave j’espère ? ». La philippine crispa la mâchoire. On ne pouvait pas dire qu’elle était enchantée de savoir qu’ils parlaient d’elle, mais dans un sens c’était parfaitement légitime puisque Lula avait débarqué à New York et qu’elle s’était récemment installée chez lui à cause de cette prétendue invasion. Et puis, une invasion… Pour quoi passait-elle ? Quelqu’un qui ne faisait pas le ménage ? Enfin, il fallait qu’elle garde à l’esprit que ce n’était qu’une couverture. Une échappatoire qu’ils avaient monté de toute pièce pour expliquer aux enfants la raison pour laquelle leurs parents vivaient de nouveau sous le même toit, mais qui était devenu très utile. « Oui ! Des petites bêtes. Ma maman est trop généreuse, elle continue de leur payer le loyer. » rétorqua Mason, reprenant les mots de sa mère avec beaucoup de sérieux. Lula ne put s’empêcher de sourire et pressa doucement la main de son fils pour attirer son attention. « C’était une expression, mon chéri. ». « Oh… » répondit-il, affichant une mine songeuse. La philippine finit par désigner du doigt la porte de l’appartement où était placardée l’affiche de l’inspection précisant que l’accès y était restreint. « A vrai dire, je n’en sais rien du tout, les professionnels restent vagues sur le sujet, mais si ça traîne en longueur je compte résilier le bail pour m'installer ailleurs. ». Autant lui dire ce qu'elle voulait entendre.

Alaska voulait paraitre gentille et ce n'était pas vraiment forcer ses qualités naturelles. Toutefois, ce n'était pas le cas avec l'ex-femme de son copain (?) actuel, elle ne savait pas vraiment comment se comporter avec elle, devait-elle faire comme si elle ne connaissait rien d'elle, ou du moins le peu que Matthew avait bien voulu lui dire ? Devait-elle faire semblant de ne rien savoir ? Pourquoi est-ce qu'elle continuait cette conversation ? Pourquoi l'ascenseur ne venait-il pas ? Il y avait une coalition des ascenseur de Manhattan, c'était clair maintenant. Ils s'étaient ligués contre elle pour lui faire passer une mauvaise journée. Malgré tout, elle demanda, d'un ton poli, comment était son appartement rongé par les termites. « Oui ! Des petites bêtes. Ma maman est trop généreuse, elle continue de leur payer le loyer. » Alaska baissa le regard jusqu'à Mason pendant qu'un petit rire s'échappait de sa gorge. Il avait un humour propre aux jeunes enfants qui était très plaisant et qui arrivait toujours à arracher un sourire à la jeune femme. Elle n'avait pas d'enfants et ne comptaient pas en avoir de sitôt pourtant, elle aimait les enfants. Et elle ne pouvait pas tirer cela de sa grande et nombreuse famille puisqu'elle n'avait pas vu grandir ses frères et soeurs, elle ne les avaient pas connu tout petits et les connaissaient à peine maintenant qu'ils étaient grands. Malgré tout, Lulani prit son rôle de mère très au sérieux tout en expliquant à son fils « C’était une expression, mon chéri. » Un léger sourire resta sur sa bouche, remarquant le lien ineffable entre la mère et son fils. Elle ne pouvait nier être sa mère, être celle qui avait été là à chaque instant, qui l'avait vu grandir. Alaska trouvait toujours cette relation attendrissante surtout qu'elle ne se rappelait pas vraiment de sa tendre jeunesse et de la relation qu'elle avait avec ses parents. Ils avaient d'autres enfants à s'occuper et elle n'était pas le centre du monde. Finalement, elle n'était devenue importante à leurs yeux juste quand elle était partie à Paris, quand elle était devenue une danseuse émérite et travailleuse. Enfin, c'était son opinion. Mason, un peu déçu, fit la moue. Alaska se retint de lui dire quelque chose mais pressenti que ça serait mal interprété. Autant commencer sur de bonnes bases.

Lulani lui montra une pancarte tout en disant « A vrai dire, je n’en sais rien du tout, les professionnels restent vagues sur le sujet, mais si ça traîne en longueur je compte résilier le bail pour m'installer ailleurs. » Alaska hocha la tête tout en se retenant d'affirmer qu'il serait peut-être temps qu'elle rentre chez elle. Elle avait bien pris la remarque de Matthew mais elle préférait que ça ne dure pas trop longtemps. Pourtant, elle ne dit pas ce qu'elle pensait « Je sais que ça fait très plaisir à Matthew d'avoir ses enfants près de lui alors ça ne doit pas trop le déranger de vous héberger... » Puis, elle plaqua un sourire sur ses lèvres.