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Stanislas M. De Courbel & Apollinaria Alekseïevena-De Nassau

Apollinaria avait une fois de plus une invitation a honorer. Ses copines de la fac lui avait proposé de sortir au Per Se mais la jeune Luxembourgeoise savait qu'elle ne pouvait pas refuser d'aller ce soir au Club 21 où une soirée était donnée en l'honneur de la famille royale d'elle ne savait même plus quel pays. Elle n'aurait qu'à sourire et jeter ses cheveux en arrière et tout se passerait bien.
Elle était en cours d'économie quand lui vint l'idée d'inviter Stan, il fallait bien qu'il serve à quelque chose. Elle décida de lui envoyer un message pour l'inviter à la fête de ce soir, sachant pertinemment qu'il ne refuserait jamais une bonne occasion de se montrer bien accompagné, de boire gratis et de rencontrer la botte de la botte de ce monde qu'Apo trouvait si banal dorénavant.

To : Stan. From : Apo

« Hey Darling,
Club 21 ce soir, gratin & cie. Toi & moi.
Il est possible que je mette cette très courte robe que tu m'avais acheté l'autre fois, il faut juste que je la retrouve, elle a du rester là où tu l'avais jetée la dernière fois...
xoxo »

Le sourire aux lèvres, Apo remit son portable dans la poche de son jean et commença déjà à réfléchir à sa tenue, ses chaussures, son maquillage. Elle ressorti son portable pour appeler sa limousine et pour être sûre que Charles viendrait bien la chercher à son appartement de Manhattan pour les déposer au bon endroit.

Le soir venu, Apo rentra chez elle, se prépara, mis sa robe Dior très courte, comme promis quand quelqu'un sonna à la porte, c'était Charles qui l'emmena au Club 21.

14h17. J’ai soupiré en regardant l’heure, avant de laisser tomber mon portable par terre. Dans une demi-heure précisément, j’avais rendez-vous chez le kiné. Encore une fois, pendant une longue heure, il allait s’occuper de moi, et de mon genou à moitié foutu. Pendant une heure encore, j’allais souffrir le martyr, afin de pouvoir me remettre complètement de cette blessure, dans le but de pouvoir retourner courir sur les pelouses de Moscou. Depuis quelques temps, ma vie avait connu de nombreux bouleversement, et je n’avais qu’une hâte : retourner à l’essentiel, à ce qui me rendait réellement heureux : le football.

Mon bon niveau m’avait assuré une place de marque dans les équipes. J’avais commencé à Lyon, je m’étais retrouvé à Chelsea. Je m’étais rapidement imposé comme LE joueur, celui qui allait avoir un avenir brillant et plein de réussite. A cette époque, ma carrière était au top, et rien n’aurait pu me laisser présager qu’un jour, j’allais durement payer mes erreurs. Désormais, j’évoluais à Moscou ; l’équipe était certes moins médiatisée que Chelsea, mais je ne m’en plaignais pas : j’avais apprécié de retrouver une vie plus calme, loin des scandales et des paparazzis.

Ma blessure au genou, survenue lors d’un match, m’avait fait énormément de mal. Aussi bien physiquement que mentalement ; j’avais dû abandonner ce qui me tenait à cœur pour un temps indéterminé. Et aujourd’hui, je me devais d’être honnête : je ne savais même pas si je pourrais un jour m’en sortir.

Je me suis redressé en soupirant. « Ne pas se laisser abattre », m’avait dit le kiné. Ouais ouais, c’est ça. Plus facile à dire qu’à faire, avais-je eu envie de lui répondre. Mais je m’étais tût : parler de ça n’aurait servi à rien. Aussi intelligent qu’il était, il n’aurait pas pu comprendre.

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Lorsque je suis rentré chez moi, bien après ma séance de torture chez le kiné, aux alentours de 20h, j’ai regardé mon portable. Un message d’Apo. J’ai froncé les sourcils, un peu surpris, avant de lire son message. 21h au Club 21 ? En sachant qu’il fallait que je prenne une douche, que je range vite fait mon appartement, et que j’arrive à nouer un nœud de cravate, c’était sur, j’allais être en retard. J’ai néanmoins pris le temps de répondre à Apo.

« La robe doit sans doute s’être égarée entre ta salle de bain et ton lit, je ne suis plus tout à fait sur. Passe me chercher. »

Une demi-heure plus tard, elle était en bas de chez moi, alors que je peinais à faire mon nœud de cravate. Agacé, je l’ai finalement retirée, pour aller rejoindre Apo, qui allait s’impatienter. Comme d’habitude, son chauffeur était sorti pour m’ouvrir la porte. Je l’ai salué d’un signe de tête, avant de monter.

Apo était là, magnifique dans sa robe courte. Elle avait tenu sa promesse, et avait mis celle que je lui avais offerte, quelques semaines plus tôt. Je suis allé l'embrasser sur la joue pour la saluer, avant de prendre place en face d'elle.

« Je vois que tu l’as retrouvée. » Dis-je en souriant, alors que je remarquais qu’elle portait la robe dont elle m’avait parlé dans son SMS. « Simple curiosité, elle était ou ? » Demandais-je. Futilités, futilités. « Bon, plus sérieusement, je te sers à quoi ce soir ? » Demandais-je, prenant très à cœur mon rôle d’accompagnateur.

Apollinaria regardait le message que Stan venait de lui envoyer suite au sien.

« La robe doit sans doute s’être égarée entre ta salle de bain et ton lit, je ne suis plus tout à fait sur. Passe me chercher. »

Apo soupira et s'adressa à Charles pour qu'il change de direction. « On doit passer chercher Stan » et, parlant pour elle-même. « faudrait vraiment qu'il pense à acheter une limo, y a pas marqué taxi ». Elle sortit de son sac un miroir histoire de se rassurer sur son état car, même s'il la prenait pour un taxi vivant, il restait un homme et on ne pouvait décemment pas, selon elle, se permettre de se montrer négligée. Charles sourit dans le rétroviseur et Apo, agacée par cette attitude trop familière à son goût, lui lança un regard noir. « Conduisez, vous ». Un simple conducteur de limo n'allait quand même pas se permettre d'oublier qu'elle était princesse ! Charles détourna le regard, concentré subitement sur la route car il savait que Apo pouvait le renvoyer d'un claquement de doigt et l'empêcher de retrouver un emploi par la suite juste à cause d'un regard ou d'une remarque déplacée...

Arrivée enfin à bon port, Stan monta dans la voiture, l'embrassa sur la joue et s'installa devant elle. « Elle était dans la salle de bain, mais je crois que c'est pas toi qui l'avait laissée là... » répondit Apo, le sourire en coin, histoire de bien montrer à Stanislas qu'il n'était pas le seul et pour aiguiser sa jalousie.

« Tu me servirais plus à quelque chose si tu avais mis une cravate. On va penser que je t'ai recueilli dans la rue ! » Apo se pencha vers son voisin pour enlever une peluche sur la chemise qu'il portait, lissa de sa main droite les épaules. Elle se recula un peu pour admirer le résultat et sourit, contente d'elle-même. Il était parfait, dommage qu'il n'ai pas mis de cravate. En tout cas, Apo savait pertinemment qu'elle allait faire des envieuses en se montrant en bras de Stan et, rien que ça, ça la mettait en joie.

Ce qui est bien quand on fréquente « une dame de la haute » (dixit mon père, ce n’était pas moi qui inventais ce genre d’expression datant du siècle précédent), c’était qu’on pouvait toujours compter sur ses bonnes manières. Par simple flemme, je lui avais demandé de venir me chercher. Bien sur, j’aurais tout aussi bien pu prendre un taxi, ou y aller à pied. Ou acheter la dernière Mercedes qui me faisait tellement baver. Mais, comme à mon habitude, je m’étais reposé sur mes lauriers, et j’avais fait en sorte que ce soit le chauffeur d’Apo qui passe me chercher.

Mon timing était parfait. Alors que je descendais, la limo d’Apo se garait en double file, prête à me recevoir. Le chauffeur avait même eu la gentillesse (ou plutôt reçu l’ordre ?) de descendre pour m’ouvrir la porte. Peu habitué à ce genre de politesse, j’ai néanmoins accepté de me prêter au jeu. Si être en compagnie d’une princesse signifie adopter le même comportement qu’elle, je dis oui. Après m’être assis en face d’Apo, je n’ai pu m’empêcher de faire une remarque sur sa robe.

J’ai légèrement souri lorsqu’elle m’indiqua l’endroit où elle avait retrouvé la robe. Elle insinuait clairement que je n’étais pas le seul homme dans sa vie. Si elle comptait me blesser avec ça, elle était mal partie… Notre situation me convenait parfaitement, et je ne lui demandais rien.

« Oh non, sans doute pas. » Dis-je en haussant les épaules. « Ce n’est pas à toi que je vais apprendre que je préfère ton lit… » Ajoutais-je en lui faisant un clin d’œil.

J’ai posé mon regard lorsqu’Apo me fit une remarque sur ma tenue. J’ai levé les yeux au ciel, peu impressionné, avant de glisser une main dans ma poche, pour en ressortir ma cravate.

« Je savais que tu allais criser pour un petit détail futile. Alors si tu veux le faire, fais-toi plaisir, ma chère. » Dis-je en lui tendant la cravate. « Quant à mon apparence physique, tu sais très bien que tu peux difficilement espérer mieux. Je suis l’image la plus en vue du moment. Il suffit que tu regardes autour de toi pour me voir sur les panneaux publicitaires. » Ajoutais-je, sans aucune modestie. « Je suis beau, riche, talentueux, noble et célibataire. » Enumérais-je en la regardant. « Ce qui fait de moi le parti le plus en vue de la ville, et tu le sais très bien. D’ailleurs au passage, je te sers à quoi ce soir ? » Demandais-je. « Petit-ami, potentiel fiancé, ami, cousin ? Dis-moi tout. »

A première vue, on pouvait imaginer que j’avais tout de l’escort boy. D’ailleurs, ce n’était pas tout à fait tort : je rendais service à la princesse, et quand j’avais besoin d’elle, elle en faisait de même. Pas de sentiment, pas d’attache, juste du business.

Apparemment, Stan avait anticipé la réaction très prévisible d'Apollinaria quant au manque de cravate. Quand il lui en tendit une, elle marmonna « Heureusement pour toi. Je ne suis pas sûre qu'ils t'auraient laissé entrer de toute façon.», le sourire en coin. « Tu veux un nœud Windsor ou un demi ?». Elle fit la moue tout en réfléchissant à ce qui serait le plus approprié pour ce genre de soirée. Un demi ça irait sans doute mieux, la cravate est plutôt fine et elle ne voyait pas Stan porter sa chemise complètement fermée genre bloqué, je m'appelle le duc de Windsor.
Apo hocha la tête lorsqu'elle réalisa qu'elle n'avait pas entendu un seul mot de ce que venait de raconter Stan. « Hum, ça devait être passionnant ce que tu disais mais, tu ne crois pas que ma robe me boudine un peu ? Parce que j'avais quand même...» « Apo marqua un temps d'arrêt et vit le regard de Stan, interloqué alors qu'il posait vraisemblablement une question dont il attendait une réponse. « Attends, tu veux une réponse ? Petit-ami, potentiel fiancé, ami, cousin tu disais ? Hum... Disons que cette soirée va être ennuyeuse à mourir, qu'on va se faire chier comme des rats morts alors, amusons-nous ! Donc, à toi de choisir !» Elle esquissa un petit sourire, se pencha vers Stan et déposa un petit baiser au coin de ses lèvres avant d'ouvrir la porte de la limousine qui venait de s'arrêter 21 West 52nd Street.

Elle posa ses jambes en dehors de la voiture, victorieuse et sûre d'elle-même. Elle lança un sourire à Charles ou peut-être était-ce au charmant jeune homme de la limo suivante, on ne sait jamais avec Apo. Elle balança ses cheveux bouclés dans son dos et se dirigea vers le Club 21 sans se soucier une minute de Stan. Elle savait pertinemment qu'il suivait, ils suivaient toujours de toute façon.
Que de souvenirs dans ce Club ! Elle avait passé des nuits endiablées tout comme des soirées très prudentes à l'instar de ce que ça allait donner ce soir. Enfin, elle avait un quelqu'un à son bras qui ne laissait personne indifférent et elle était sûre qu'elle ne trouverait aucune concurrence digne de ce nom dans cette soirée imprégnée de têtes couronnées, de ducs et de lords.

« Bien sur. » Dis-je en levant les yeux au ciel alors qu’elle évoquait le fait qu’on ne me laisse pas entrer dans une soirée. Je savais très bien que c’était strictement faux. Au contraire, j’étais même plutôt l’une des personnes que la soirée devait compter, si elle voulait être réussie. Non pas que je sois du genre à mettre l’ambiance, mais un gala de charité qui accueille un footballeur, ça fait toujours bien. Surtout s’il s’affiche au bras d’une Princesse : là, c’est encore mieux, parce que ça crée le buzz. « Comme tu le sens ma chère. J’peux pas te dire mieux. » Dis-je en haussant les épaules alors qu’elle me demandait quel genre de nœud de cravate je voulais. Peu importe, l’important, c’était d’être classique et élégant.

Alors que j’étais en train de lui poser les questions habituelles, je me suis aperçu qu’elle n’avait pas écouté un mot de ce que je lui avais dit. J’ai soupiré, avant de secouer négativement la tête. J’improviserai, ça n’en serait que plus marrant. D’ailleurs comme elle le soulignait si bien, la soirée allait être ennuyeuse à mourir. Donc si je pouvais me divertir un peu en jouant les chevaliers servants (enfin, faudrait pas abuser non plus…), pourquoi pas. Ses lèvres vinrent se poser sur la commissure des miennes, juste avant que la limo ne s’arrête. Et voilà, nous étions arrivés à destination.

Comme d’habitude, la princesse sortit en premier. Classe, élégante, elle avançait sans aucune once d’hésitation. Elle était familière de toutes ses petites soirées mondaines, et ça se percevait clairement dans son comportement. Je l’ai laissée prendre un peu d’avance, avant de sortir à mon tour. J’ai refermé la portière derrière moi, avant de contempler le spectacle. J’adorais ce moment, celui où les voix s’échauffaient, ou mon prénom retentissait. Il faut croire que j’avais fini par m’acclimater à la célébrité, et à tous ses bienfaits.

J’ai jeté un coup d’œil vers Apo’, qui venait de s’engouffrer à l’intérieur du bâtiment. Je préférais laisser les esprits s’interroger quant à la nature de notre relation, plutôt que de leur fournir tout de suite une éventuelle réponse. Les plus patients en apprendraient peut-être plus à la fin de ce gala de charité. Une légère pluie commença à tomber sur New-York. Rapidement, j’ai été rejoindre Apollinaria à l’intérieur. J’ai passé mon bras sous le sien, ce qui indiquait clairement que nous étions venus en couple.

« Souris ma chérie, tu es avec le plus beau célibataire de New-York. » Murmurais-je à son oreille, alors qu’un homme s’avançait vers nous pour nous saluer. Un politicien, si mes souvenirs étaient bons.

Apo entendit une clameur importante dans son dos et sourit discrètement. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir que Stanislas avait dû faire son entrée. Partout où il passait, il déclenchait toujours l’hystérie des jeunes filles par sa beauté et celle des hommes parce qu'il était footballeur professionnel. Apo regardait le foot à la télé mais ne comprenait pas l'enthousiasme des autres pour un gars qui se baladait avec un ballon rond sur de l'herbe coupée. Enfin, il avait l'aura suffisant pour être à son bras ! Justement, en parlant de bras, Apo sentit une chaleur se rapprocher d'elle et un bras passer sous le sien. Un nouveau sourire fleurit sur le visage de la jeune Luxembourgeoise. Ainsi, il avait compris le message qu'elle avait essayé de passer dans la limousine. Il montrait clairement qu'ils étaient venus ensemble. Apo aperçut d'ailleurs du coin de l’œil une jeune femme qui avait le regard de celle qui s'apprête à attaquer l'homme tout en remettant discrètement ses atouts féminins en place. Elle sourit, se promettant de garder Stan à son bras toute la soirée et de ne pas le laisser partir avec une autre.

« Souris ma chérie, tu es avec le plus beau célibataire de New-York. » lui murmura-t-il à l'oreille. Ca, elle le savait qu'elle avait de la chance de l'avoir à ses côtés. Il était beau, riche, séduisant, célibataire, se faisait toujours un plaisir de la raccompagner chez elle... Et il devait sûrement savoir que lui aussi avait de la chance de l'avoir. Apo esquissa un petit sourire, tourna sa tête vers lui et posa sa main délicatement sur sa joue dans un geste tendre. « Tu as réussi à échapper à toutes les jeunes filles en délire, prêtes à t'arracher sur le champ ta chemise ? » Elle baissa la voix et mit sa bouche tout près de l'oreille de Stan « Elles ne sont pas les seules d'ailleurs... » Le sourire toujours aux lèvres, Apo se décala de Stan pour saluer un politicien avec les formules de politesse de circonstances. « Oh, Monsieur Beewly ! C'est un plaisir de vous revoir ! Comment va votre femme ? Vous connaissez mon ami Stanislas De Courbel ? » dit-elle en se retournant vers son partenaire de la soirée.

Et voilà. Malgré moi, comme d’habitude, mon égo reprenait le dessus. Certains réflexes sont tenaces, même auprès des personnes que l’on connait bien et que l’on fréquente souvent. Ma tendance prononcée au narcissisme faisait partie de ses habitudes qui me collaient aux baskets, peu importe l’endroit dans lequel j’étais, peu importe la personne avec qui j’étais. Apo ne releva même pas ma petite phrase, glissée au creux de son oreille. Bien sur elle savait qu’elle avait de la chance, tout comme je savais, moi aussi, que j’étais un petit veinard. Notre duo était détonnant, et nous permettait d’assurer la publicité, que ce soit chacun de notre côté, ou même en couple. Jusqu’à maintenant, ça nous avait plutôt réussis, même si nous étions souvent accusés d’avoir une vie sentimentale débridée. Dur dur d’être une célébrité de nos jours.

« Eh oui, tu vois… » Dis-je en souriant, amusé. « T’abandonner dans ce gala de charité aurait été cruel, alors j’ai fait de mon mieux pour venir te retrouver au plus vite. » Ajoutais-je, alors que sa main était tendrement posée sur ma joue. Beau-parleur ? Totalement. Je n’étais pas le genre de mec à faire de long discours, à propos des sentiments et de ce genre de conneries. Je profitais de la vie, je m’amusais, et j’avais appris, à force de travail et de patience, à m’adresser aux femmes. Les faire languir, les faire rougir… Dès que l’on avait la technique, il n’y avait rien de plus facile. En toute modestie (enfin… Ou pas), j’étais la version moderne du Vicomte de Valmont, l’aspect dramatique en moins. J’ai eu un petit sourire narquois alors qu’elle m’avouait, discrètement, qu’elle avait les mêmes envies que les groupies plantées dehors. J’ai attrapé sa main, déposé un baiser aérien au creux de sa paume, avant de souffler : « La différence entre elles et toi, c’est que toi, tu as gagné depuis longtemps. » Murmurais-je en lui faisant un clin d’œil. La preuve, il suffisait qu’elle appelle pour que je rapplique. Depuis le temps, Apo et moi avions finis par tisser des liens sincères. Il faut croire que notre petit mensonge avait débouché sur une réelle amitié, en fin de compte. Apo se détacha de moi, avant de se retourner, pour tomber face à face avec un politicien dont le visage me disait vaguement quelque chose. « Enchanté. » Dis-je en serrant la main du politicien. Pas la peine d’en faire des tonnes, de toute façon, je me fichais autant de lui qu’il se fichait de moi. Dans l’histoire, c’était Apo qui pouvait avoir un poids politique, pas moi. Dans notre couple improbable, je n'étais que l'aspect médiatique, le playboy footballeur dont on ne calculait que le physique. « Tu veux boire quelque chose ? » Demandais-je à Apo, alors que le politicien s'interrompait dans son discours.

« La différence entre elles et toi, c’est que toi, tu as gagné depuis longtemps. » La jeune femme se mordit la lèvre, heureuse qu'il rétablisse cet simple vérité. Ils n'étaient pas ensemble, n'avaient pas de sentiments mais ils avaient une certaine complicité et une sorte d'amitié c'était crée entre eux deux, une amitié plutôt spéciale tout de même avec toute cette tension sexuelle qui s'échappaient d'eux et il n'était pas rare qu'ils finissent la soirée ensemble...

Quand Monsieur Beewly répondit à sa question dont elle ne se souvenait même plus le contenu, Apollinaria sourit comme elle savait si bien le faire. Elle avait l'habitude de faire ce genre sourire qui ne veulent rien dire, qui n'engagent à rien mais font office de façade imparable à tout ce qu'on pouvait faire ou dire. Elle n'en avait strictement rien à faire de ce monsieur Beewly mais elle savait qu'il n'était pas à contrarier et qu'il avait un certain pouvoir. Stan, contrairement à elle, n'avait pas besoin de simuler la gentillesse malgré qu'il lui tendit la main et la serra. Ainsi, il proposa d'aller chercher à boire. Elle se retourna vers lui et lui fit un sourire autrement plus sincère. « Oh oui s'il te plaît, une coupe de champagne, ce serait parfait darling. Je te rejoins bientôt. » Elle se rapprocha de lui pour lui murmurer doucement « Il faut que je lui grasse la pâte un peu mais ça sera plus amusant plus tard... » La jeune duchesse lui fit un clin d’œil malicieux. Ils savaient tous les deux que, dans ce genre de soirée, il fallait faire des compromis entre la politique et l'amusement.

Il la laissa et Apo continua de parler avec ce cher monsieur Beewly. Après maintes et maintes compliments, elle se rendit compte que Stanislas ne revenait pas. Elle posa un sourire de circonstance sur son visage et s'excusa auprès de son interlocuteur. « Excusez-moi, je reviens. » Elle se détourna de lui et se dirigea vers la bar tout en balayant son regard dans toute la salle de réception. Elle fronça les sourcils, mais où était-il bon dieu ? Elle arriva au bar mais ne le vit pas. Elle soupira un peu avant d'aviser un dos masculin qui portait la même veste que son partenaire de soirée. Elle s'avança et posa sa main sur l'épaule de l'homme en question. « Stan ? » Celui-ci se retourna mais ce n'était pas lui. Il esquissa un sourire avant de répliquer « Non, je ne m'appelle pas Stan mais il a bien de la chance s'il est avec vous... » Apo le détailla de la tête aux pieds avant de déclarer qu'il était plutôt beau, bien habillé et jeune. En somme, il était fréquentable. Stan n'était pas là et qui va à la chasse perd sa place dit-on... « Et, vous n'avez pas la chance d'être accompagné ? »

Je savais qu’en flattant l’égo d’Apo, j’avais tout gagné. Elle n’était pas une riche héritière pour rien. Tout en apprenant à la connaître, j’avais facilement remarqué qu’elle avait un goût prononcé en ce qui concernait la volonté d’être sur le devant de la scène. Mais qui pouvait l’en blâmer ? Certainement pas moi. Elle était belle, intelligente, et possédait cette pointe de sarcasme qui vous donne envie de creuser pour voir qui elle est réellement. J’étais attiré par les filles qui me résistaient, et Apo correspondait parfaitement à ce genre de filles. Avec elle, je n’avais pas marché : j’avais couru.

« Aucun problème. » Dis-je alors qu’elle me disait qu’elle voulait une coupe de champagne. « J’ai hâte. » Soufflais-je au creux de son oreille. Les désirs de la princesse sont des ordres, et je me suis éclipsé, partant à la recherche du bar. Bar que je n’ai pas tardé à trouver. Je me suis faufilé entre les différents groupes qui discutaient entre eux, avant d’attraper deux coupes de champagne. Mais c’est à ce moment qu’on me tapa légèrement sur l’épaule. Je me suis retourné, les sourcils froncés, prêt à râler. Mais avant même d’avoir pu ouvrir la bouche, deux filles, d’environ vingt ans, s’adressèrent à moi. « Vous êtes bien Stanislas de Courbel ? Le footballeur ? » Oui, oui, c’était bien moi. Non je n’étais pas venu seul, et non, je n’étais pas célibataire. Une petite chose me disait que j’allais avoir du mal à me débarrasser de ces deux sangsues. Mais pourquoi est-ce que les groupies étaient toujours sur mon dos ? Je ne supportais pas ça. « Excusez-moi, mais je suis attendu. » Dis-je avec un faux sourire. Elles hochèrent la tête, puis je suis parti. J’ai levé les yeux au ciel en les entendant glousser, alors que je cherchais Apo des yeux. En vain, elle était introuvable. Enfin… Jusqu’à ce que je la voie minauder auprès d’un adolescent pré-pubère, qui devait avoir grand maximum quinze ans. Celui là, il n’allait pas faire long feu. Je me suis dirigé vers eux, bien décidé à reprendre la place qui m’était destinée. Une fois arrivé derrière elle, je me suis raclé la gorge, avant de lui tendre sa coupe. J’ai à peine eu un regard pour son passe-temps, alors que mon bras s’enroulait autour de sa hanche. Propriété privée, dégage connard. « Excuse-moi, tu es ? » Demandais-je, affichant sur mes lèvres un sourire clairement hypocrite. Avant de me retourner vers Apo, et d’enchaîner : « Désolé chérie, je suis tombée sur deux groupies qui n’ont pas voulu me lâcher. On ne t’a pas importunée, au moins ? » Et voilà, c’était dit. L’adolescent pouvait aller se rhabiller, j’étais revenu, et il n’allait pas faire long feu. Sauf si Apo souhaitait me faire un affront, ce qui au fond, ne m’aurait pas réellement surpris.

« J’ai hâte. » Apollinaria ne put s'empêcher de sourire. Elle adorait ce genre de relation. Certains pouvaient penser que c'est trop compliqué à gérer mais la jeune femme se délectait de cette tension, de ce magnétisme qui l'habitait, de cette domination qu'elle n'avait pas sur lui et vice versa. Et ils ne tentent pas, à chaque fois qu'ils se voient, de comprendre ce qui se passent entre eux. Ils n'en ont sûrement pas envie et tout cela leur convient parfaitement.

Arrivée au bar, Apo continuait de parler avec un jeune homme, attendant que Stanislas fasse son apparition. Elle se doutait qu'il avait dû se faire interpeller par je ne sais quel fan, homme ou femme confondu, tout le monde aimait Stan, que ce soit sa carrière ou sa belle gueule... « Je... Mon amie m'a fait faux bond disons... » Apo leva un sourcil. Il était venu tout seul, c'était clair. "L'amie" n'avait jamais dû exister. Mauvais point. C'était toujours plus intéressant de vouloir un homme déjà casé, la conquête était plus passionnée et ardue.
Soudain, on lui tendit une coupe de champagne. La jeune femme se tourna vers son inattendu interlocuteur, c'était Stan. Elle attrapa la coupe et en but une gorgée, attendant que le cyclone se déchaîne. Elle savait pertinemment qu'il n'allait pas laisser passer ce genre de chose. Malgré leur relation plutôt compliquée et l'absence de sentiments amoureux, un puissant instinct de possession et de conservation les animait. Il l'attrapa par la hanche et commença à haranguer le jeune homme qui se tenait devant elle et qui n'avait personne à qui parler. « Désolé chérie, je suis tombée sur deux groupies qui n’ont pas voulu me lâcher. On ne t’a pas importunée, au moins ? » Apo se détacha de Stan en se décalant sur le côté, enlevant ainsi son bras possessif autour de sa taille. « Et ces groupies n'étaient pas suffisamment jolies pour que tu restes avec elles ? » Apo avala doucement une nouvelle gorgée de son champagne, ne regardant même pas Stanislas. Il l'avait abandonnée, elle ne comptait pas laisser passer ça si vite, qu'il courre un peu quand même... « Donc... vous disiez ? » dit-elle en s'adressant au jeune homme alors qu'elle n'en avait strictement rien à faire. Il n'avait pas choisi, mais il était tombé au mauvais endroit au mauvais moment. Il allait servir de chèvre, qu'il le veuille ou non. Il semblait un peu perdu, regardant tour à tour Stan et Apollinaria, sentant que quelque chose n'allait pas. Il semblait hésiter mais la jeune duchesse n'en avait que faire. Elle s'en fichait éperdument de lui, il n'était pas suffisamment intéressant pour faire concurrence au footballeur...

Garce. Une belle garce. Voilà ce qu’elle était. La princesse voulait se donner des airs et jouer ? Très bien, on allait jouer. La chose qu’elle avait dû oublier, pendant que j’étais parti lui chercher une coupe de champagne, c’était que je n’étais pas du genre à ramper devant les gens, et surtout pas après l’affront qu’elle venait de me faire. Elle voulait s’amuser avec son petit-ami pré-pubère ? Oui, très bien, alors qu’elle le fasse. Il me suffisait de claquer des doigts pour que les deux gamines qui m’avaient abordé rappliquent.

« Oh si. » Dis-je en souriant, même si j’étais énervé contre elle. Je savais qu’Apo ne me devait rien. Nous n’étions pas en couple, nous n’avions que des relations amicales, et plus si affinités. Mais son affront me faisait bouillir de rage. Déjà, j’avais été grand seigneur d’être allé lui chercher une coupe, mais en plus, voilà qu’elle m’humiliait devant un adolescent boutonneux. Quelle garce ! Elle allait me le payer, et pourquoi cela… Qu’y avait-il de mieux que de mettre les deux pieds dans son propre jeu ? « D’ailleurs je devais aller les rejoindre, donc j’vais te laisser avec Monsieur, si tu m’assures qu’il ne t’importune pas. » Lâchais-je, hautain, en osant même lui faire un clin d’œil. Vas-y Apo, fais mieux. Et surtout, cherche à te débarrasser par toi-même de ton adolescent. Pour pousser le vice jusqu’au bout, j’ai posé mes lèvres sur sa joue, avant de m’éloigner. Sans doute trop surprise par ce revirement de situation, elle ne réagit pas du tout de suite. Je me suis faufilé à travers la foule, avant de m’éclipser dans les toilettes pour homme. Il était grand temps de vérifier que mon apparence était toujours flatteuse.

L’homme qui sortait me sourit, puis je suis rentré. Je suis allé me poster devant l’un des miroirs, avant de me pencher sur mon reflet. Non sans une certaine désolation, j’ai constaté que mes cernes étaient de plus en plus grandes. Je me suis retourné, m’appuyant contre le rebord du lavabo, avant de pianoter sur mon blackberry. Je fulminais contre Apo, mais j’étais patient, et elle risquait d’attendre longtemps avant que je ne réapparaisse. Si je réapparaissais, d’ailleurs.

Finalement, Stan ne réagit pas comme tout homme l'aurait fait, du moins chaque homme qu'elle connaissait. Tous ceux-ci ferait n'importe quoi pour réussir à garder Apollinaria à son bras. Mais celui-là, n'était pas comme les autres et s'était bien pour ça que la jeune femme aimait sortir avec lui, on ne s'ennuyait jamais. Elle sourit quand il la laissa avec ce minable jeune homme qui ne semblait plus savoir où mettre les pieds. Celui-ci osa même dire quand Stan fut parti « Je vais peut-être vous laisser... » Son sourire s'accentua. « Oh, ne vous inquiétez pas, il reviendra bien assez tôt ! » La marque du baiser qu'il lui avait donné sur la joue avant de s'éclipser le plus vite possible, était encore brûlante. Apo ne doutait pas qu'il revienne, et cela très rapidement. Il ne pourrait se passer d'elle plus longtemps. Son interlocuteur reprit la parole mais elle ne l'écouta absolument pas. Elle trouvait que Stanislas mettait un peu trop de temps à revenir. Elle but une gorgée de son champagne avant de sourire et de tendre sa coupe vers le jeune homme qui prenait beaucoup de temps à expliquer sa vie, à la raconter sous tous les détails. S'il y avait quelque chose que la jeune Luxembourgeoise détestait par dessus tout, c'était bien ça, qu'on l'ennuie avec des histoires insipides qui ne l’intéressait pas du tout, mais alors pas du tout.

« Vous voulez bien me tenir cette coupe ? » Il la prit et avant qu'il puisse dire ouf, elle était déjà partie, zigzaguant avec classe entre les couples qui s'étaient crées pour discuter. On l'attrapa par le bras. « Mademoiselle De Nassau ? » Sans se retourner, elle répondit rapidement « Excusez-moi, je dois aller... » Ca y est, les paroles incohérentes, l'absence de politesse, il lui ferait tout faire ce gars-là. Elle soupira avant de reprendre son chemin, regardant à droite à gauche s'il était quelque part. Elle avisa la porte des toilettes et décida d'y rentrer bien que ce soit celui des hommes. Est-ce que ça dérangerait vraiment un homme de voir débarquer une très jolie jeune femme ? Apollinaria en doutait fortement. Elle poussa la porte et sut qu'elle avait raison, Stan était là, pianotant sur son portable.

Elle se posa contre le mur, croisa les bras et, le sourire aux lèvres, elle regarda Stan avant de finalement prendre la parole. « Tu comptes vraiment bouder longtemps comme ça ? ». Elle se décolla du mur avant de s'approcher doucement, tout doucement du footballeur. D'une voix charmeuse, elle continua sa phrase. « Stan... Tu sais très bien que tu ne dureras pas longtemps... » Apo l'enlaça avant de plonger ses yeux dans ceux de Stan.

Insupportable. Voilà ce qu’elle était. Faire sa belle auprès du gratin mondain, jouer à la princesse avec tous ces lèches-bottes de politiciens, ça elle savait faire. Aucun problème même, elle avait baigné dans ce monde jusqu’à aujourd’hui. Sauf que je n’étais ni un politicien, ni un quelconque élu. En se jouant de moi comme de n’importe qui, elle avait commis un faux pas, et elle n’allait pas tarder à s’en apercevoir. Cependant, il serait trop tard pour elle : quand elle aurait fait le lien, je serai déjà planqué. Puérile comme réaction ? Peut-être bien que oui : mais j’aimais l’idée de savoir qu’elle allait piétiner d’impatience, et râler contre moi. Fier de ma petite vengeance personnelle, je suis entré dans les toilettes des hommes. Petite vérification d’usage devant le miroir, puis je me suis retourné, prenant appui sur le lavabo. J’ai pianoté sur mon portable, vérifiant mes mails, et tous les réseaux sociaux qui me passaient par la tête.

J’ai vidé ma coupe de champagne, avant de la poser sur le rebord du lavabo. J’ai relevé les yeux lorsque j’ai entendu quelqu’un pousser la porte. Apo, déjà ? J’ai eu un petit sourire narquois en voyant que la personne qui entrait dans les toilettes devait avoir au moins soixante ans. Nul doute qu’elle aurait été ravie, si elle avait su ça. Il hocha la tête pour me saluer, et j’en fis tout autant. Je ne l’avais jamais vu de ma vie, mais après tout, peu importe.

Pourtant, ma petite joie fut de courte durée, parce que la personne suivante fut Apollinaria. Nos regards se croisèrent, et j’ai repris mon activité initiale, à savoir décortiquer les dernières nouveautés qui avaient été mises en ligne sur la toile. Elle se posta face à moi, s’appuyant contre le mur, tout en croisant les bras. Cette situation me rappelait vaguement celle d’un élève pris en faute, prêt à recevoir une leçon de morale digne de ce nom. Mais Apo me connaissait, et savait qu’en faisant ça, elle n’aurait réussi qu’à me braquer. J’ai simplement haussé les épaules alors qu’elle me demandait si j’allais bouder longtemps. Peut-être, peut-être pas. Qui vivra verra, comme on dit. Sauf que la principale qualité d’Apo n’était pas sa patience, et elle ne tarda pas à venir me rejoindre. Ses bras passèrent autour de mon cou, et je lui ai répondu, mon regard plongé dans le sien : « On verra bien. » Si je devais être honnête, je savais qu’elle avait parfaitement raison. Je ne résisterai pas longtemps et à vrai dire, j’étais un peu près sur qu’elle non plus. Ma réponse n’était qu’une provocation de plus, un pion que j’avançais sur un jeu d’échec pour atteindre la reine. Jouer avec le feu, il n’y avait rien de plus tentant.

Apollinaria ne comptait pas passer la soirée toute seule, Stan ne pouvait pas la laisser tomber maintenant alors que la soirée commençait à battre de l'aile. D'ordinaire il était toujours présent et ne manquait pas un moyen de rendre la soirée plus folle et attrayante. Ce soir, il avait apparemment décidé de ne pas faire comme d'habitude et d'entretenir le suspens sur la suite de cette fête ennuyeuse à mourir. Ce qu'il entretenait par contre, c'était la douce utopie que signifiait sa phrase, comme s'il allait pouvoir tenir bien longtemps. Lui comme elle savait que c'était faux. Déjà, dès que le jeune femme s'approcha de lui, il la laissa faire ce qu'elle voulait.

Apollinaria lança un regard sur le portable de Stan qui allait passer désormais au second degré, voire le troisième...« Alors, à toi de voir. Tu préfères savoir si Paris Hilton est aux Barbades ou à Hawaï ou... » Le sourire aux lèvres, elle laissa traîner sa phrase, préférant faire marcher l'imagination du jeune homme en se redressant sur ses pointes de pied, elle posa ses lèvres sur celles de Stan avant de mordiller un peu sa lèvre inférieure. Finalement, la jeune femme allait aimer ce petit jeu. Quel homme pourrait refuser une pareille offre ? N'importe lequel, normalement constitué et non-gay il s'entend, ne ferait que penser et imaginer ce qui pourrait se passer ensuite.

La jeune Luxembourgeoise se détacha du jeune homme, un petit sourire toujours en coin, la moue aguicheuse, et alla se poster en face de lui contre le mur. Soudain, une chasse d'eau se tira, interrompant le moment et le rendant moins dramatique. Un homme sortit d'une des toilettes, se rhabillant sans élégance. Il faut croire que les organisateurs de ce genre de soirée laissent entrer de plus en plus de personnes qui n'ont rien à faire là... Apo le fixa d'un mauvais oeil pour qu'il les laisse le plus vite possible seuls. L'homme remarqua cette pression, ne se lava pas les mains pour gagner du temps et sortit en faisant un clin d'oeil à la jeune femme tout en lui susurrant « Salut chérie... » Apo leva les yeux au ciel et le repoussa de ses mains en prenant un air dégouté.

Résister à Apo, princesse du Luxembourg et grande duchesse de Russie ? J’avais de bien grandes prétentions. Son capital séduction atteignait des sommets, et je devais bien reconnaître que je résistais difficilement aux femmes qui me plaisaient. Mais bon, je pouvais toujours essayer de la repousser, au moins pendant un temps. Je considérerai ça comme une petite victoire personnelle.

« A vrai dire, je me fiche de Paris Hilton. » Avouais-je en souriant. J’ai légèrement secoué la tête, avant d’enchaîner : « C’est du déjà vu, alors tu comprends… Disons que j’aime bien aller voir ailleurs, pour ne pas me lasser. » Je ne gardais pas un souvenir mémorable de l’héritière Hilton. Trop stupide, trop prétentieuse, trop… blonde. J’avais besoin de quelqu’un qui fasse front, qui me tienne tête, qui n’hésite pas à entrer dans mon jeu. Une partenaire comme Apo, par exemple. D’ailleurs, cette traitresse m’attaqua directement en posant ses lèvres sur les miennes, avant de jouer avec ma lèvre inférieure. Bien, excellent, je sentais déjà que mes barrières étaient sur le point de céder. Elle avait le don de savoir s’y prendre avec moi. Quel homme normalement constitué pouvait résister à l’effet Apollinaria ? Pas moi en tout cas.

J’ai froncé les sourcils en la voyant s’écarter de moi, pour aller se poster sur le mur d’en face. Bon, apparemment, elle voulait tester mes limites, et voir combien de temps je serai capable de tenir. Examen visuel, nous étions en train de nous fixer du regard. Jusqu’à ce qu’un homme sorte des toilettes, à moitié débraillé, et apparemment ravi de croiser l’héritière dans un endroit aussi intime que des toilettes. « Huuum. » Dis-je en allant lui tapoter sur l’épaule. « La demoiselle que tu viens d’appeler chérie est en fait ma petite-amie, donc tu dégages. » Lâchais-je glacial, en attrapant la main d’Apo. « Sors, ou ça va mal se passer pour toi. » Répétais-je, le ton menaçant, en voyant qu’il ne bougeait pas d’un pouce. Finalement, il sembla prendre mes menaces au sérieux, puis s’éloigna en grommelant. « Tu le connais ? » Demandais-je après que la porte se soit refermée sur lui.

« C’est du déjà vu, alors tu comprends… Disons que j’aime bien aller voir ailleurs, pour ne pas me lasser. » A ces mots, Apo leva les yeux au ciel tout en dandinant de la tête. Il ne pouvait s'empêcher de faire transparaître sa prétention à chaque phrase qui sortait de sa bouche. En tout cas, Apo savait qu'il n'aimait pas être lassé et elle ne doutait pas que sa petite-amie actuelle, Alicia ou Aloysia ?, devait sans aucun doute faire preuve d'audace pour toujours le garder à ses côtés. Bien que, finalement, quand on y réfléchit bien, elle n'y arrivait pas si bien que ça puisqu'Apo réussissait toujours à parvenir à ses fins...

Alors que l'homme débraillé sortait des toilettes et abordait Apo avec un air dégoûtant, Stan le fit dégager assez rapidement. « La demoiselle que tu viens d’appeler chérie est en fait ma petite-amie, donc tu dégages. » Apollinaria souleva un sourcil en entendant ces paroles mais ne le repoussa pas quand il prit sa main. A quoi bon repousser quelque chose qu'elle avait cherché tout à l'heure ? L'homme jugea plus sage de sortir vu l'énervement du footballeur. Apo n'était pas souvent spectatrice d'actions aussi gentleman et cela changeait un peu de tout ce qu'elle voyait tous les jours... « Tu le connais ? » Apo eut un petit rire ainsi qu'une moue. « Tu rigoles ou quoi ? Bien sûr que non je ne le connais pas... » Après quelques instants de réflexion, elle rajouta, sourire au coin des lèvres : « Mais, c'est quand ça t'arrange que je suis ta petite-amie... Il va falloir choisir tu sais... ». Apo n'avait pas envie d'une grande discussion sur la relation qu'ils entretenaient, elle voulait juste souligner le fait qu'il changeait souvent d'avis mais que, finalement, ils en revenaient toujours au même point. « Mais j'aime bien quand tu t'énerves pour moi comme ça... » ajouta-t-elle tout en jouant avec son doigt sur la joue de Stan.

A force de passer beaucoup de temps avec Apollinaria, j’avais fini par l’apprécier. Ce qui au début n’était qu’un plan « communication » pour tous les deux (à savoir se montrer l’un et l’autre aux yeux du monde pour que notre popularité s’accroisse), s’était mué en un petit jeu chien et chat que je prenais plaisir à jouer. Bien sur il y avait de l’ambiguïté entre nous, mais tous deux, nous savions très bien qu’il n’y aurait jamais une réelle histoire entre nous. Sans doute parce que nous étions trop semblable, trop identique. Pour moi, elle était plus une petite sœur qu’une petite amie potentielle. C’est pour ça que lorsque l’homme l’aborda, mon sang n’a fait qu’un tour. Il avait fallu d’un mot, d’un simple mot, pour que je m’emporte. Contrairement à certaines personnes, j’avais des valeurs morales, et je n’aimais pas qu’on regarde de trop près les gens que j’apprécie. Jaloux ? Très certainement.

Après avoir « gentiment » mit l’homme dehors, je me suis retourné vers Apo. « Je sais pas, tu aurais pu le rencontrer dans une précédente soirée… Mais bon, peu importe, incident clos. » Dis-je en m’assurant bien qu’il était bel et bien parti. C’était le cas. Problème réglé, nous pouvions repartir sur de bonnes bases. Je me suis retourné vers elle en souriant, levant les yeux au ciel, amusé par sa remarque. « Pourquoi ? Je suis le premier sur une longue liste, et j’ai l’honneur de choisir si oui ou non, je veux faire de la princesse ma petite amie ? C’est trop d’honneur, je suis flatté. » Répondis-je en souriant. Elle et moi avions l’habitude de ce genre de petites remarques taquines. Pour appuyer mes dires, j’ai passé une main dans son cou, pour aller lui effleurer la nuque. Elle renchérit, en posant un doigt sur ma joue. Décidément, nous nous étions perfectionnés dans les jeux dangereux. « Il semblerait que j’aie certaines valeurs morales, finalement. » Soufflais-je, à quelques centimètres à peine de ses lèvres. « Contrairement aux apparences. » Précisais-je, en pensant à ma relation avec Aloysia. Je n’étais pas un modèle de fidélité, ni même un modèle tout court. Mais ce qu’Aloysia ignorait ne pouvait pas lui faire de mal.

« Je sais pas, tu aurais pu le rencontrer dans une précédente soirée… Mais bon, peu importe, incident clos. » Apo fit la moue. Elle n'était pas vraiment sûre que ce genre de personne fréquentait les mêmes soirées qu'elle. Elle avait du mal à l'imaginer faisant un rond de jambe à je ne sais quelle duchesse alors qu'il était tout débraillé et ne s'était même pas lavé les mains après son passage aux toilettes... Pourtant, Stan changea de sujet assez rapidement en répondant à sa question. « Pourquoi ? Je suis le premier sur une longue liste, et j’ai l’honneur de choisir si oui ou non, je veux faire de la princesse ma petite amie ? C’est trop d’honneur, je suis flatté. » Apollinaria ne put réprimer un rire. Il avait vraiment le don de répondre ce qu'il fallait et c'était ce qui lui plaisait chez lui. Pas de contraintes, juste du plaisir. Ils avaient mis en place cette relation qui pouvait paraître étrange pour un novice, pour que leur popularité grandisse tous les deux et que tout le monde leur foutent la paix sur leurs véritables histoires. Apo pensait en effet qu'il fallait mieux que ses ex beaux parents pensent qu'elle sortait depuis longtemps avec un footballeur plutôt que d'imaginer la jeune femme sortant avec des jeunes hommes sans expérience diplomatique, comme Milo par exemple. C'était plus simple et sans problèmes. Elle n'avait ainsi pas besoin de se justifier, de raconter tout ce qui lui arrivait, ceux de sa condition, ses beaux parents et son beau frère savaient tout ce qui se passait officiellement dans sa vie. Ils suivaient les uns de magasines qu'elle faisait, dans quelle réception elle a été au bras d'un charmant footballeur. Que du bonus. De plus, Apo et Stan avait la chance de s'entendre merveilleusement bien et d'avoir mis en place, sans s'en rendre vraiment compte, un jeu de chat et de souris, qui les faisaient passer une excellente soirée.

Il se rapprocha d'elle avant d'effleurer sa nuque avec douceur. Apo frissonna sous cette caresse et sourit lorsqu'il rouvrit la bouche pour prendre la parole. « Il semblerait que j’aie certaines valeurs morales, finalement. » Il était proche, très proche et Apo n'avait nullement envie de briser tout cela. « Contrairement aux apparences. » Son sourire s'intensifia mais elle ne ressentit aucun remords quant à sa relation avec Aloysia. Il était un grand garçon et savait très bien ce qu'il faisait. Elle ne le contraignait pas, n'est-ce pas ? « Ah bon ? » répondit-elle à bout de souffle, comme si elle ne savait plus quoi répondre. Pourtant, elle continua de parler, les yeux plongés dans ceux du jeune homme. « Je te préfère comme ça, loin des apparences... » Sa main se fit encore plus caressante sur la joue de Stan mais elle ne brisa pas le moment qui s'était installé...

J’ai eu un sourire amusé face à la moue que fit Apo. Nous étions arrivés à un stade où nous n’avions même plus besoin des mots pour nous comprendre. Son léger froncement de sourcils m’en disait long ; elle ne semblait pas convaincue par mes propos, chose que je pouvais tout à fait comprendre. Les porcs n’avaient pas leur place dans des soirées mondaines, ou tout du moins celles que nous avions l’habitude de fréquenter.

Le sourire d’Apo s’élargit alors que je parlais de mes valeurs morales. Contrairement à ce que les gens pouvaient imaginer, il me restait quand même quelques traces d’humanité. Mon père et mon grand-père avaient réussi à me transmettre quelques valeurs morales, que je respectais à la lettre. Mais en ce qui concernait d’autres sujets… Eh bien, je n’étais pas un modèle de vertu. Mais cette caractéristique me convenait parfaitement, tout comme elle convenait à ma proie de ce soir. Pas d’engagement, elle pouvait en être certaine.

« Tant mieux, parce que je ne compte pas changer. » Soufflais-je, mes doigts glissant sur ses hanches. J’ai baissé les yeux vers ma montre, avant de replonger mon regard dans celui d’Apo. « Tu ne crois pas qu’il serait temps de partir ? » Demandais-je, mes lèvres glissant dans son cou. Nous en avions fait suffisamment pour ce soir, et ce petit jeu ne m’amusait pas pendant des heures. « Ton chauffeur nous attend, j’espère ? » Ma tête était toujours nichée au creux de son cou, et mes mains se faisaient plus aventureuses, allant même jusqu’à passer sous les plis de sa robe.

« Tant mieux, parce que je ne compte pas changer. » Apo sourit malicieusement. Elle savait pertinemment que Stan était du genre à aller au bout des choses et ce qu'ils étaient en train d'entreprendre n'était pas vraiment pour lui déplaire et elle n'avait nulle envie de briser cela. C'est pourquoi quand il glissa ses mains jusqu'à ses hanches, Apo pensa que la soirée prenait un tour décidément plus agréable qu'elle n'aurait pu le penser au début de cette soirée... « Tu ne crois pas qu’il serait temps de partir ? » Elle se mordit la lèvre avant de répondre, malicieuse et dans un souffle : « Je crois que tu ne me laisses pas vraiment le choix... ». Elle s'approcha de lui avant de l'embrasser un peu plus sauvagement que la première fois, comme si elle n'avait pu s'en empêcher. Stan était vraiment la personne qui lui fallait ce soir-là. Pas de complications, de sentiments, de prises de tête...

Les lèvres de Stan s'aventuraient actuellement dans le cou d'Apo, qui ne put s'empêcher de poser ses mains sur la tête du jeune homme. Elle ne savait plus vraiment si elle voulait qu'il continue ou qu'il arrête, ses émotions étaient perturbées et quand il ajouta « Ton chauffeur nous attend, j’espère ? », Apo ne put s'empêcher de sourire tant il avait lu dans son esprit. « Il a intérêt... » Ce à quoi, n'attendant pas une réponse, elle attrapa sa main et, juste avant d'ouvrir la porte des toilettes, elle se retourna d'un coup vers Stan. « Pas d'incidents, hein ? Je ne veux pas voir dans les magazines demain un gros titre du genre : "Stanislas et Apollinaria en flagrant déli !" » Et puis, comme si elle était bourrée, elle se mit à rire et ouvrit la porte.

Ils traversèrent la salle sous les yeux inquisiteurs de l'assemblée, Apo tirant par la main Stanislas tout en essayant de se donner contenance. Ils sortirent de la salle, dévalèrent les marches sous les flashs des photographes. Puis Apo avisa sa limousine, elle leva donc la main et Charles s'empressa de leur ouvrir la porte où elle s'engouffra sans attendre.

J’ai eu un large sourire en l’entendant me dire que je ne lui laissais pas le choix. A vrai dire, elle n’avait pas tout à fait tort ; je préférais largement aller m’amuser ailleurs plutôt que dans des toilettes sordides. Mais je reconnaissais aussi que l’idée d’être surpris était tentante, excitante même. Le seul problème ? Apo et moi avions une réputation à préserver, et nous ne comptions pas tout gâcher aussi facilement. « Effectivement. » Soufflais-je en souriant. Nos lèvres se rencontrèrent, avides d’assouvir notre désir.

Mes lèvres glissèrent dans le cou d’Apo, et lorsque ses mains vinrent se poser dans mes cheveux, je compris. Je compris que j’avais gagné, que j’allais avoir ce que je voulais. A vrai dire, je ne doutais pas vraiment du consentement d’Apollinaria, mais maintenant que je l’avais, c’était encore mieux, plus appréciable. « Promis. » Assurais-je en riant, alors que nous sortions précipitamment des toilettes. Non, il n’y aurait aucun scandale ; la seule chose que les photographes allaient voir, c’était un couple quittant avec empressement un gala de charité. La main d’Apo logée dans la mienne, nous avions ralenti une fois arrivés dans la salle de réception. Je me suis légèrement mordu la lèvre inférieure, amusé par cette situation.

Quelques instants plus tard, nous avons dévalé les escaliers, sous les flashs des photographes. Demain, Apo et moi allions sans doute faire les unes des journaux, et c’était tout ce que nous voulions. Le chauffeur d’Apo sortit, et nous ouvrit la porte. Nous nous y sommes rapidement engouffrés, et lorsque la porte se referma sur nous, nous avons repris là où nous en étions précédemment. Mes lèvres retrouvèrent celle d’Apo. « Enfin seuls… » Murmurais-je en glissant mes mains sur ses hanches. « Chez moi. » Dis-je à l’intention du chauffeur. C’était plus proche, il y avait une porte pour rentrer par derrière. En bref, la discrétion était de mise.