→ NEMO & AYHALINA « please, help » crushed love

J'ouvrais un œil, puis deux, me tournais dans tous les sens, palpant ensuite et obstinément la place vide et froide à côté de moi, cherchant désespérément sa présence, dans le froid de mes draps. Pourtant Chris n'était plus là. Deux années étaient passées, mais le souvenir de mon mari, son souvenir était resté intact. Il n'y avait pas une nuit où je ne me réveillais en sursaut et le suppliais de rentrer, pas un matin où je ne cherchais la trace de sa tête sur son oreiller; pas une journée où je fourrais mon nez dans ses chemises rien que pour avoir la sensation qu'il était toujours à mes côtés. Compliqué, vivre sans lui était véritablement compliqué. En 21 années jamais encore nous n'avions été séparés, ce qui expliquait probablement pourquoi j'étais incapable de le laisser sans aller. Il était encore si présent dans mon esprit, il privatisait tant mon cœur, que parfois même, je le pensais à mes côtés, je lui parlais et lui rappelais à quel point je l'aimais et comme il pouvait me manquer; puis je rouvrais les yeux et prenait conscience que je n'avais rien fait de plus que de parler à un mur, bien évidemment inanimé. Son absence m'était devenu insupportable. On dit toujours que les choses finissent par s'arranger, que le temps pensera tôt ou tard nos blessures et que l'on pourra un jour ou l'autre, oublier et recommencer. Je ne me sentais pas concernée par de telles banalités, par de telles idioties devrais-je ajouter. Non seulement Chris resterait à jamais dans ma mémoire ancrée, mais en plus de ça je n'avais aucune envie de l'oublier. Il me manquait, énormément. Parfois même il m'arrivait de le détester tant j'avais mal; mais l'oublier, ça ? JAMAIS. Il m'avait tant apporté que la simple idée de le rayer de ma vie me désespérait. Le plus beau dans notre histoire était que chaque infime seconde avait compté. Chaque moment passé à ses côtés semblait tout droit sorti d'un conte de fée; même ces longs mois de convalescence n'avait rien changé à la passion qui nous consumait. Me levant brusquement du lit, j'enfilai nonchalamment une robe de chambre et me dirigeais finalement vers la cuisine où je décidai d'allumer la radio, le temps de me préparer un petit café. Mauvaise idée. A peine eus-je le temps de tourner le bouton que la voix atypique de Lana Del Rey raisonnait déjà dans l'appartement, ses paroles me brisant un peu plus le cœur dans le même temps. Certaines d'entre elles me confortant d'autant plus dans l'idée que j'avais pu avoir précédemment. « I Will Love You Til' The End Of Time » qu'elle fredonnait; tandis que je laissais presque malgré moi, une larme s'échapper de mon œil droit. Faible. J'étais définitivement trop faible. Et j'avais besoin de me changer les idées, auquel cas j'allais finir par sombrer. Malheureusement et étant donné que le film pour lequel j'avais été choisi ne commencerait pas avant deux semaines et que j'avais récemment refusé deux défilés, je n'allais pas être bien occupée. Quoi de mieux donc, que de sortir en ville pour me changer les idées ? avais-je pensé tandis que je rejoignais la salle de bain, prenant à peine le temps de petit-déjeuner. [...]

Je n'avais pas mis plus d'une petite heure à me préparer. Un chapeau sur la tête, un imperméable de circonstances et des lunettes sur le bout du nez, j'étais parée à sortir dans les rues New-Yorkaises, parfaitement bien dissimulée derrière mon attirail, du moins c'était à espérer. Faisant un semblant de lèche-vitrine je manquais pourtant de me faire démasquer par une vendeuse qui, disait-elle avait reconnu le son de ma voix. Souriant gaiement, j'avais affirmé me sentir flattée que l'on me compare à une célébrité et je m'étais empressée de payer mes achats, quittant le magasin sans demander mon reste. Il fallait croire cependant que la chance n'était pas avec moi et bientôt un petit attroupement d'adolescentes et d'adolescents se forma derrière moi. Prise de panique, je commençai alors à accélérer le pas dans l'espoir de semer ce qui ressemblait de près ou de loin à une horde de fans. Pourtant, mes efforts ne furent pas très concluants puisque à mesure que je pressais le pas, le petit groupe se dépêchait à son tour, me collant aux basques. Ne sachant plus comment me défaire de ces derniers, je sautais alors sur un jeune homme qui se trouvait là et le suppliait de m'aider. Si je le connaissais ? Pas le moins du monde, mais il avait une bonne tête, j'avais supposé que lui faire confiance ne serait pas nécessairement une mauvaise idée. Et puis franchement avais-je réellement le choix ? Le petit groupe s'était bientôt mu en un énorme regroupement et tous criaient déjà mon nom, me suppliant de leur signer des autographes, s'arrachant même un vieux mouchoir en tissu que j'avais malencontreusement laissé tomber de mon sac. Moi qui pensais être un peu plus tranquille en Amérique, il semblerait que je me sois fourvoyé. Quoi qu'il en soit et toujours accroché au bras de l'étranger, je l'implorai de m'aider. « Il me faut absolument un endroit où me cacher. Ne posez pas de questions s'il vous plaît. Je vous expliquerai. C'est un cas d'extrême urgence. Pitié, dites que vous allez m'aider » je jetais un bref coup d’œil derrière moi, le groupe gagnait du terrain « Bon sang, ils arrivent ! » soufflai-je d'autant plus désespérée.