La journée avait plus que mal commencé pour mademoiselle Aladiah Garnier. Par habitude, la jeune femme se levait très tôt – Maxime ne lui laissait pas vraiment le choix d’ouvrir les yeux plus tard que 6 heures tous les jours - , elle s’occupait de son premier biberon de la journée, le changeait et le déposait à nouveau dans son lit le temps de préparer ses affaires et de prendre son propre petit-déjeuner. Entre temps, Elise était là pour s’en occuper et elle pouvait partir au bureau. C’était son nouveau quotidien depuis un peu plus de deux semaines, puisqu’elle avait tenu à reprendre le boulot, elle avait raté bien assez de meetings importants comme cela. Là, Maxime ne s’était mis à crier qu’à 6h30 du matin, ce qui lui valait déjà trente minutes de retard sur sa journée. Aladiah ne prenait même plus la peine d’enclencher un réveil depuis trois mois, puisque son fils jouait parfaitement ce rôle. Ça lui apprendrait à remettre sa toute confiance sur un nouveau-né. Résultat, elle s’était contentée de le nourrir, laissant à Elise le soin de le changer et de l’apprêter pour la journée, histoire de gagner du temps pour être à l’heure. Sauf que ce matin ci, Elise semblait décidée à ne pas se pointer. En réalité, Aladiah étant sa propre patronne n’avait pas d’horaires précis à respecter mais l’horloge affichait déjà 7h45, hors elle avait un rendez-vous important à neuf heures et tenait à en parler à son frère avant.

A huit heures, la jeune femme recevait enfin un appel qui lui annonçait que sa chère nounou avait eu un accident de voiture et qu’elle devait donc attendre pour faire le constat. Merveilleux. Comme quoi on ne pouvait réellement compter que sur soi-même. L’unique jour où elle devait absolument se rendre au bureau pour neuf heures, personne n’était à sa disposition pour garder Maxime. A une vitesse grand V, elle attrapait son petit prince pour lui enfiler un pantalon et une petite chemise, pour ensuite fourrer dans le sac bébé tout ce qui lui semblait nécessaire pour la survie du petit pendant deux heures : pampers, biberons, lait, tétine, hochet & cie. En à peine vingt minutes son petit Garnier Junior était prêt à faire ses premiers pas dans sa future entreprise, même s’il était encore bien tôt pour y penser. Avec beaucoup de peine, Aladiah se débrouillait pour attacher le maxi cosi dans sa voiture pour enfin se mettre sur la route. Encore une chance qu’elle n’habitait qu’à quelques rues de là.

Dans la voiture, elle prenait enfin le temps de réfléchir à la suite de la journée. C’était bien beau de prendre Maxime avec elle au bureau, mais il était hors de question qu’il ne l’accompagne à sa réunion. Dans le genre anti-professionnel, elle ne pouvait pas faire mieux. En même temps, au prix ou étaient payés leurs employés, l’une des secrétaires abandonnerait bien son téléphone deux heures pour devenir baby-sitter, qu’elle en ait envie ou non, et elle avait encore tout intérêt à le faire bien.

En dix minutes à peine, elle se trouvait au bureau et galérait pour atteindre l’ascenseur avec le sac bébé, le maxi cosi et sa mallette. Après un regard assassin, le portier se dirigeait vers elle pour l’aider « C’est pas trop tôt, pensez à changer vos lunettes! ». Elle n’allait tout de même pas le remercier alors qu’il n’avait pas l’intention de l’aider, seul son regard menaçant l’y avait forcé. Arrivée à l’ascenseur, l’ours qui venait de l’aider allait reprendre sa place et c’est, sans gêne, qu’elle déposait sa mallette et le sac du petit dans les bras d’une hôtesse. « On monte au bureau de monsieur Garnier.» Elle lui adressait un bref sourire, lui signalant qu’elle n’avait pas à poser de question, avant de soulever à nouveau le maxi cosi – trois mois ou pas, son fils pesait déjà bien lourd pour ses maigre bras – et d’appuyer sur le quatrième étage. « Merci. Trouvez-moi une secrétaire qui fait semblant d’être débordée et envoyez là moi au bureau de Louis, s'il vous plait. » L’hôtesse en question l’observait, comme figée face au bébé jusqu’à ce qu’elle ne réalise qu’Aladiah l’l’expédiait en agitant la main devant elle. « Bien madame.» Aussi chargée qu’elle soit, elle s’en sortirait bien pour franchir une porte, elle n’avait pas à entrer dans le bureau.

C’est d’ailleurs sans prendre la peine de frapper qu’Aladiah pointait le bout de son nez face à son frère. Même si elle avait voulu le faire, ses mains étaient bien trop chargées. Dans un soupire, elle déposait le sac ainsi que le petit sur le sol avant de placer sa mallette sur une des chaises. Louis l’observait déjà avec un air outré qui lui fit hausser les épaules.

« Cette imbécile de baby-sitter a du gagné son permis, elle a eu un accident et a visiblement besoin de trois heures pour remplir un constat. Et elle espère pouvoir me planter AUJOURD’HUI sans conséquences ! »

La journée était supposée bien se passer, Louis avait été dormir tard, certes, mais il n'avait jamais eu besoin de longues heures de sommeil, en général, un café le remettait sur pied très facilement, alors il dormait le moins possible, bossait jusque tard et se réveillait relativement tôt. Mais aujourd'hui était une journée un peu stressante, ils avaient un rendez-vous important sa sœur et lui à neuf heure. Étant les Chefs de la branche new-yorkaise de l'entreprise, tout échec serait une catastrophe pour eux... mais et surtout un déshonneur, ils avaient été élevé pour un jour reprendre la succession de l'entreprise, ne pas s'en montrer digne serait... outrageux pour leur nom, leur renommé et tout ce qui s'en suivait.

C'était donc une boule au ventre que Louis s'était dirigé vers l'entreprise de sa famille. Quand il était rentré dans l'immeuble il était resté droit et fier, l'apparence était très important dans leur métier, ils vendaient leur nom, ils vendaient aussi ce qu'ils étaient et il fallait mettre en avant leur talent et jeunesse. Une fois au bon étage, Louis n'avait pas lancé un regard à sa secrétaire qui s'était brusquement redressé en le voyant arriver. Le français était sûr qu'elle ne bossait pas autant qu'elle en avait l'air et qu'elle faisait juste bonne figure lorsqu'il passait dans le coin. Une sanction allait devoir tomber, elle n'était même pas une si bonne secrétaire en plus.

Plongé dans des dossiers, il ne vit pas vraiment l'heure avancer, et quand il releva finalement la tête,il était 8 heure. Il fronça aussi tôt les sourcils et il appela Keyla, sa secrétaire. Une fois dans le bureau, elle prit la position de victime, tête baissée et pied joint, Louis secoua la tête, la prochaine fois, il écouterait son instinct au lieu de faire confiance au CV. « Ma sœur est-elle là ? Nous avons une importante réunion à 9 heure et je voudrais en parler avec elle ! » la bonne femme rougit et baragouina que non miss Garnier n'était pas encore arrivé. Louis la congédia et ses mains se mirent à trembler. Même si ce n'était plus comme avant... la présence de sa sœur le rassurait, il aurait aimé... qu'elle le prévienne au moins de son retard ou n'importe quoi. Là il était tout simplement impossible pour lui de retourner à ses notes. Il s'imaginait bien trop de scénario catastrophe.

Finalement, sa chère sœur pointa le bout de son nez chargée comme jamais avec Maxime à ses côtés. Louis écarquilla les yeux. Que faisait son filleul ici ? « Cette imbécile de baby-sitter a du gagné son permis, elle a eu un accident et a visiblement besoin de trois heures pour remplir un constat. Et elle espère pouvoir me planter AUJOURD’HUI sans conséquences ! » « Vire-là » exigea aussi tôt Louis en comprenant la situation de sa sœur, ce n'était visiblement pas de sa faute et quelqu'un devait en payer les conséquences, sauf eux... il se leva et fit le tour de son bureau afin de sourire à Maxime, le français était complètement gaga de son neveu, il... le chérissait plus que tout, comme un fils, comme il avait chéri sa soeur toute sa vie avant que tout ne casse.

Il sortit le jeune Garnier héritier légitime de l'entreprise après eux-même et remit en place sa tenue avant de déposer un baiser sur ses joues rebondies. « Et comment on fait pour Maxime ? On ne peut tout de même pas le prendre avec nous Aladiah ! Ce serait un manque cruel de professionnalisme. Tu as un plan ou on improvise ? » soupira-t-il finalement en comprenant un peu leur situation gênante. Louis se rappelait le nombre de fois où vers 10 ans, il manquait l'école pour passer des journées au bureau de son père, en y réfléchissant, il se demanda comment il avait fait pour que cela paraisse crédible aux yeux de ses associés. « Tu es prête aussi non ? Pour le meeting je veux dire. Les chinois sont toujours ponctuels et ils ne devraient pas tarder. » les yeux bruns noisettes de Louis fixèrent l'horloge murale alors que 9 heure se rapprochait de plus en plus. Un pli inquiet se forma dans ses traits, il avait toujours eu du mal à cacher ses sentiments plus que sa sœur ou son père mais il avait appris à contrôler parfaitement son anxiété et à la dépasser.

Aladiah en voulait toujours a Louis, qui lui en voulait sans doute encore plus. Elle avait prit compte de sa décision - ou plutôt, elle avait réagit à ses menaces - et avait gardé Maxime. Sans se vanter, elle estimait être une bonne mère pour lui, son fils était son petit bijou qu'elle protégeait de tout et qu'elle aimait plus que tout. Sincèrement, elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi son frère lui en voulait toujours autant et ça lui pesait énormément. Il avait toujours été son meilleur ami, son confident... à présent il n'était "que" son associé, le parrain de son fils et leurs rapports s’arrêtaient là. Comme si ce qu'elle pouvait bien faire de sa vie lui importait peu, tant que Maxime allait bien. Aladiah s'attendait à avoir une reproche de plus en se pointant au bureau avec son petit bout mais elle n'avait malheureusement pas d'autres choix. « Vire-là » « J'y comptais bien. » C'était même évident! Aladiah avait besoin de s'entourer de personne de confiance si elle tenait à prouver qu'elle méritait sa place chez Garnier. Ce n'était pas avec une nourrice inconstante qu'elle y arriverait, aujourd'hui en était la plus belle preuve.

En voyant Louis prendre Maxime dans ses bras, elle eut envie de faire une réflexion mais autant s'abstenir. Aussi petit qu'il soit, Maxime n'était pas un Garnier pour rien : il savait exactement ce qu'il voulait et se montrait parfois capricieux. Le prendre à bras alors qu'ils devaient l'abandonner quelques minutes plus tard n'était pas la meilleure solution pour qu'il se montre calme avec l'apprentie nounou-secrétaire, mais tant pis. Elle n'aurait qu'à faire avec à présent. « Et comment on fait pour Maxime ? On ne peut tout de même pas le prendre avec nous Aladiah ! Ce serait un manque cruel de professionnalisme. Tu as un plan ou on improvise ? » « J'ai demandé à une de nos hôtesses de me trouver une secrétaire faussement occupée. Au prix ou on les paye, une d'entre elle peut bien nous rendre ce service! » Elles étaient rarement seule dans un service de l'entreprise, donc les autres n'auraient qu'à activer pour que chaque appel soit pris sans trop d'attente.

« Tu es prête aussi non ? Pour le meeting je veux dire. Les chinois sont toujours ponctuels et ils ne devraient pas tarder. » Aladiah s’apprêtait déjà à lui demander comment il savait avant d'écarquiller de grands yeux. Mon Dieu elle avait oublié l'une des réunions les plus importantes du mois. « Non, non, non » Passant une main dans ses cheveux, elle cherchait en vain une solution miracle. « Je... J'ai totalement oublié ce rendez-vous... Je venais d'ailleurs te parler, parce qu'il se trouve que j'en ai un autre de programmé. A la même heure. » Cette réunion n'était qu'à moitié liée à l'entreprise, puisqu'il concernait un shooting photo pour lequel elle devait s'arranger. Mine de rien, son nom, son image était liée à l'entreprise et elle tenait à avoir l'accord de son frère avant publication du magasine. « Je ne peux pas annuler notre meeting, je vais m'arranger avec le magasine... Téléphone leur pour moi. Dit leur que je suis dans un état lamentable et que je me vois forcée de repousser la réunion à demain. Tu peux faire ça? S'il te plait. » Avait-elle ajouté avec ses yeux suppliants. Ce regard qui avait toujours si bien marché durant toute leur enfance. Ce n'était pas super professionnel, c'était d'ailleurs la première fois qu'elle repoussait une réunion mais à part inventé une maladie, elle ne voyait pas quoi faire d'autres, il était impossible pour elle de se couper en deux.

Le français avait dans ses bras son neveu parce qu'il était... son bien le plus précieux, l'innocent de l'affaire, le petit qu'il fallait protéger. Quelque part, Louis savait qu'ils allaient tous finir par se faire dévorer par l'entreprise, à tout sacrifier pour. Leur père avait sacrifié son mariage, Aladiah avait voulu sacrifié son enfant. Et c'était ça qui l'avait le plus blessé, aussi inexplicable cela soit-il, il ne supportait pas que sa soeur fasse tout pour l'entreprise, au point de sacrifier son humanité. Louis aussi l'aimait, mais... il n'avait pas encore fait de sacrifices trop difficile, il savait que tôt ou tard, il allait devoir faire des choix, mais pour l'instant, cela ne blessait personne de son entourage. Mais son dévouement pour Garnier allait bien assez tôt lui jouer des tours.

Il poussa un soupir en entendant qu'elle allait bien virer son employé incompétente. Cela rassurait quelque peu Louis, dans l'entourage de Louis, il fallait juste le meilleur, et cela allait aux accessoires de bébés I-tech aux meilleurs nounous possibles. Eux-même avaient grandi ainsi et ça ne faisait de mal à personne. Pourquoi se priver lorsqu'on a les moyens de toute façon ? Cela dit, ici, les deux héritiers Garnier n'allaient pas pouvoir s'occuper du petit dernier, ils avaient leur boulot à remplir et Maxime exigeait une certaine surveillance. « J'ai demandé à une de nos hôtesses de me trouver une secrétaire faussement occupée. Au prix ou on les paye, une d'entre elle peut bien nous rendre ce service! » Louis hocha la tête, pas pleinement satisfait de l'option mais bon, ils n'avaient pas véritablement le choix dans cette affaire, mieux valait sacrifier le travail d'une secrétaire que des deux Chefs. « J'espère qu'elle ne sera pas complètement incompétente ! Si jamais il arrive quelque chose à Maxime ! » siffla-t-il entre ses dents d'un ton protecteur.

Quand il lui demanda si elle était prête pour la réunion, Louis la vit pâlir. Il grinça des dents. « Non, non, non » il avait besoin d'elle ! Aladiah était aussi importante que lui ici, elle était l'image en plus d'être un des cerveaux ! « Je... J'ai totalement oublié ce rendez-vous... Je venais d'ailleurs te parler, parce qu'il se trouve que j'en ai un autre de programmé. A la même heure. » La mâchoire du français se contracta et il émit un soupir agacé. Il savait que l'image était tout aussi importante, qu'Aladiah plus que lui devait être vue en bonne compagnie toujours parée des plus belles robes... mais il aurait voulu qu'elle prenne un peu plus au sérieux aussi les contrats etc... ou en tout cas, qu'elle ne les oublie pas ! « Donc, on fait quoi ? » ironisa-t-il en roulant des yeux. La décision était à elle seule, au pire, il pourrait toujours se débrouiller seul. Mais la compagnie de sa soeur aurait été bienvenue, elle le rassurait, sa présence pouvait aussi détendre l'atmosphère et elle savait parfaitement dire non sans vexer leur collaborateur. Elle était un atout, elle était son atout et l'avait toujours été, en sa présence il ressortait toujours le meilleur de lui-même. Même encore aujourd'hui, même en étant en froid tous les deux, cela ne changeait en rien ce point-là de leur relation. « Je ne peux pas annuler notre meeting, je vais m'arranger avec le magasine... Téléphone leur pour moi. Dit leur que je suis dans un état lamentable et que je me vois forcée de repousser la réunion à demain. Tu peux faire ça? S'il te plait. » le français déposa son filleul prudemment dans son machin dont il avait oublié le nom et il releva la tête. « D'accord. C'est pour quel magazine que tu es supposée faire un shoot ? » demanda-t-il sans trop regarder sa soeur. En voyant sa tête de chien battu, il n'avait pu s'empêcher de se souvenir de toutes les fois où enfant, elle l'avait utilisée pour obtenir ce qu'elle voulait de lui. Il était dur pour lui de ne pas penser au petite ange qu'elle avait été. Il était dur d'imaginer qu'un jour, son ange, sa princesse, la fille la plus douce qu'il ait jamais connu devienne cette femme froide prête à sacrifier une vie pour satisfaire sa carrière. Il se racla la gorge. « Je t'ai vu d'ailleurs dans un magazine récemment, tu donnes plutôt bien. Tu ressembles à maman. » finit-il par conclure avec un sourire triste. Leur mère leur manquait. Son pays aussi, il évitait d'être trop nostalgique mais le sentiment le prenait parfois par surprise.

« J'espère qu'elle ne sera pas complètement incompétente ! Si jamais il arrive quelque chose à Maxime ! » Aladiah détestait aussi l'idée de confier son fils à quelqu'un qui n'avait aucun diplôme pour cela mais elle n'avait pas réellement d'autres choix qui s'offrait à elle. Elle n'avait plus une mais deux réunions, aussi importante l'une que l'autre. L'une concernait un contrat qui leur fallait à tout prix, l'autre représentait l'image de la société et leur ferait une publicité. Le prestige de Garnier n'était plus remis en questions, mais le nom devait sonner dans l'esprit des gens le plus souvent possible. « On sera juste à côté, il ne peut rien lui arrivé de bien grave ici. Je lui interdirai de le sortir du maxi cosi si cela peut te rassurer. » C'était aussi cloitrée son fils dans une "chaise" et attaché pendant peut-être deux heures mais à cet âge, il n'avait pas grand chose de plus à faire de toute façon. Il suffisait de s'occuper de sa tétine si elle tombait, son biberon s'il avait soif et l'occupé. De toute façon, d'ici trente minutes, il s'endormirait à nouveau. Comme tout bébé, Maxime ne vivait que pour manger et dormir et ne demandait donc pas trop d'attention, en dehors des nuits blanches.

Premier problème réglé, il fallait à présent réglé le deuxième, plus complexe. Aladiah réfléchit quelques secondes à la meilleure solution pour ces deux réunions. En voyant Louis rouler les yeux, elle comprenait qu'elle n'avait plutôt pas intérêt à le lâcher ou du moins que si elle le faisait, il lui en voudrait. Hors de questions, il lui faisait bien assez la tête comme ça. « D'accord. C'est pour quel magazine que tu es supposée faire un shoot ? » Elle du se contenir pour ne pas afficher une mine victorieuse. « ELLE Magasine, la version française. On devait discuter de l'Espagne aussi mais c'est eux qu'il faut contacter. » Mine de rien, elle y tenait à ce meeting et elle espèrait que son mensonge monté de toute pièce n'irait pas à son encontre. S'il trouvait quelqu'un d'autres pour la remplacer? Hors de questions, cette première page, elle la voulait et l'obtiendrait. « Précise leur bien que je serai sur pieds dés demain d'après le médecin, je tiens à garder ma place en couverture! » Généralement, c'était aux secrétaires de s'occuper de cela mais elle ne voulait pas passer pur une incompétente qui oubliait ses rendez-vous. Surtout pas devant ces femmes qui étaient sous ses ordres. « Le magasine parle de consacrer une page à Garnier, deux sur ma grossesse. En réalité, sur le fait qu'il est possible de retrouver un corps parfait en très peu de temps après une grossesse. » Bavarde? Jamais. Elle tenait juste à informer un peu Louis de ce qu'il en était. Cela concernait d'office l'entreprise, puisque leur nom apparaitrait. Aladiah avait bien insisté sur le fait qu'une page devait être consacrée à leur produit pour qu'elle leur accorde les deux autres pages d'interview/photos.

« Je t'ai vu d'ailleurs dans un magazine récemment, tu donnes plutôt bien. Tu ressembles à maman. » Malgré tout l'amour qu'elle portait à sa mère, Aladiah détestait qu'on porte une comparaison entre elles deux. Elle haussait les épaules en guise de réponse. Elle ne voulait pas s'attirer un peu plus les foudres de Louis mais sincèrement, elle avait bien plus de classe que sa mère. Elle al chérissait, l'aimait... mais elle n'était pas née dans le même milieu qu'eux. Elle y était parvenir grâce à ses charmes, contrairement à Aladiah qui méritait clairement sa place. Sa mère charmait les gens haut placés, Aladiah les mettait dans sa poche à l'aide de son charme, peut-être, mais pour le bien de l'entreprise, pas le sien. Finalement, elle ne pouviat s'empêcher d'ajouter un simple « C'est faux... pour maman. » avant de se détourner de Louis pour prendre à nouveau son fils à bras, le temps qu'il passe cet appel.

Chose faite, elle se concentrait à nouveau sur eux deux. Oui, elle faisait souvent passer l'entreprise avant tout le reste, mais là c'était différent. Il ne s'agissait pas d'un petit ami perdu ou d'une connerie pareil mais bien de sa relation avec son frère. « Tu comptes me faire la tête des années? J'ai fait tout ce que tu voulais... et je ne le regrette pour rien au monde! Pourquoi tu cherches encore à me le faire payer? »

Louis n'eut d'autres choix que d'hocher la tête devant la remarque de sa petite soeur, ils étaient au pied du mur et ils devaient agir en conséquence. Cela dit, il comptait clairement faire savoir à la femme qui surveillerait l'héritier Garnier que s'il arrivait la moindre chose au petit, il ferait en sorte que sa carrière dans une grosse entreprise soit définitivement terminé. Il avait le bras long et pour Louis, il n'allait pas hésiter à être magnanime. Son regard se porta sur l'enfant d'un air à la fois inquiet et protecteur. Jouer le rôle du père pour Maxime lui avait toujours apporté... un certain réconfort. Il avait su aimer cet enfant bien avant sa naissance, il avait vu en lui autre chose qu'un envahisseur, il avait vu un Garnier, un héritier, et même si la décision revenait à l'époque à Aladiah, il n'avait jamais su se résoudre à voir sa soeur tuer un petit être pour son honneur. Il n'avait pas supporté que la blonde en face de lui ne soit pas la petite innocente avec qui il avait grandi en étant enfant, il n'avait pas accepté de voir que le coeur de sa soeur était devenu sec et intransigeant. Où était la petite blonde souriante, les cheveux en broussaille qui venait courir vers lui les mains jointes pour lui présenter les papillons ou n'importe quel insecte qui passait entre ses mains comme si c'était le trésor le plus magnifique de la terre. Il n'avait pas vu la transition et il avait pris ce changement comme une grosse claque, une remise en place et en question. Avait-il fermé les yeux au point de sa voiler la face ? Sans doute...

Tout à ses tourments, il reprit pied quand sa soeur parla de son shoot. « ELLE Magasine, la version française. On devait discuter de l'Espagne aussi mais c'est eux qu'il faut contacter. » Louis hocha simplement la tête, c'était bizarre que sa petite soeur, son petit ange soit devenue une figure féminine contemporaine, elle avait toujours été jolie... mais là, elle était prise en modèle parce qu'elle était "belle", et lui, avec ses yeux de grand frère ne pouvait que la trouver à croquer, il ne voyait pas ses formes ou la perfection de ses traits, lui tout ce qu'il voyait c'était sa petite soeur, la seule qui avait partagé tous ses jeux. « Précise leur bien que je serai sur pieds dés demain d'après le médecin, je tiens à garder ma place en couverture! » « Un Garnier mérite seulement de figurer en première page, c'est notre place. » sourit narquoisement Louis en repensant à la fierté que son père éprouvait en montrant les premières couvertures qu'il avait fait. Son père et Aladiah étaient les visages de l'entreprise... et lui, parfois il avait le sentiment d'être derrière, de ne pas être assez dégourdi pour attirer... ce respect naturel. Lui en général ne l'obtenait qu'en évoquant son nom, on le prenait rarement au sérieux au premier abord. Pas qu'il était si mal de sa personne, mais sur son visage se lisait... trop de bonté. « Le magasine parle de consacrer une page à Garnier, deux sur ma grossesse. En réalité, sur le fait qu'il est possible de retrouver un corps parfait en très peu de temps après une grossesse. » il sourit tout en haussant un sourcil amusé. « Vraiment ? Pourtant, t'as pas encore tout à fait perdu tes hanches ! » la nargua-t-il en mentant sans trop de cérémonie, ça avait été trop tentant et il n'avait pu retenir la remarque de glisser sans qu'il ne le contrôle.

Quand il parla de maman, il remarqua tout de suite la frustration d'Aladiah, elle avait toujours été comparé à sa mère et ça n'avait pas toujours été facile pour elle... il avait failli oublier que par conséquent, beaucoup avait eu du mal à accepter qu'elle n'était pas du même monde que leur mère, qu'elle était tout à fait légitime dans la haute société au contraire de leur mère qui avait tout fait pour y entrer. Louis l'observa quelques secondes avant de baisser le regard et composer le numéro. Une réceptionniste lui répondit d'une voix automatique. « Ici Monsieur Garnier, je vous appelle pour vous signaler que ma soeur, Madame Garnier ne pourra être là au shooting, elle a dû aller chez le médecin et comme elle n'est pas au mieux de sa forme, elle a préféré reporter, elle comme moi n'acceptons de nous montrer qu'au mieux de notre forme. Je vous prie de nous excuser. » et après un bon léchage de botte de la réceptionniste, Louis pu raccrocher sans plus de cérémonie. Cela dit, il n'aurait pas dû. Pas pour la question que lui posa Aladiah juste après. « Tu comptes me faire la tête des années? J'ai fait tout ce que tu voulais... et je ne le regrette pour rien au monde! Pourquoi tu cherches encore à me le faire payer? » Louis hésita quelques secondes avant de la regarder dans les yeux. Il ne savait pas vraiment quoi dire ou comment le formuler. « Aladiah, je ne sais pas. » finit-il par avouer sincèrement en se passant la main dans les cheveux. « Je sais que... ça n'a pas été facile pour toi. Tout ça, tout ce que je t'ai fait subir. Mais notre relation... tu as fait passer l'entreprise avant la famille. Tu as fait comme papa, tu... es devenue une véritable Garnier et je ne pouvais pas accepter que tu fasses les mêmes sacrifices, que tu y laisses quelque part ton humanité. Et à chaque fois que je vous vois ensemble... j'ai dû mal à oublier qu'un jour, tu as renié son existence. » conclut-il en braquant son regard sur Maxime inconscient échangé entre ses protecteurs. Le bébé lui sourit. Ce petit prince était un ange, son nouvel ange innocent.