"Sueurs froides. Corps crispé. Souffle court, haletant. J'avançais à pas de loups dans cette ruelle sombre et silencieuse, anormalement silencieuse pour un vendredi soir. Machinalement, je jetais un coup d'oeil à mon téléphone, sortis de mon sac à main pour l'occasion. On n'y voyait rien à des kilomètres à la ronde, comme si la ville avait été privée de courant, je devais donc m'éclairer. Peu rassurée je rapprochais, d'une main tremblante, l'appareil de mon visage, pour y lire la date. Date qui me revenait souvent en mémoire. Date qui me terrorisait. Date qui me détruisait. Que faisais-je ici ? Où étais-je ? Je ne connaissais pas ce quartier ! Il ressemblait d'ailleurs plus à un quartier espagnol qu'à autre chose. Copie conforme d'un lieu que j'avais longtemps fréquenté, il me rappelait d'ailleurs le quartier où....Adan avait été tué. Non, non, non c'était... Je....

Un cri me sortait soudain de mes pensées, manquant de me faire hurler à mon tour, surprise. Une brise froide se levait, venant me glacer les os. Comme poussée par une sorte d'instinct, je commençais à courir, à toute vitesse en direction d'où provenait le bruit en question. Cri se faisant d'ailleurs de plus en plus court au fur et à mesure que je m'en approchais, comme si je ne pouvais l'atteindre. Quelques minutes plus tard, j'atteignais cependant mon but, y faisant une découverte des plus macabre. Sur le sol, un corps. Gisant dans son sang. Tendant légèrement le bras, je le tournais alors vers moi et découvrais avec stupeur le visage qui se tenait désormais face à moi. Cri étouffé, des larmes commençaient bientôt à couler sur mes joues, mes jambes s'entrechoquaient, le temps s'arrêtant presque. J'avais envie de hurler, de frapper, de tuer. Adan. "

Cri soudain, brutal, m'arrachant irrémédiablement à mon sommeil et à cet affreux cauchemar. Fait positif donc ? Pas si sûr. Le cri provenant de ce qu'on pourrait appeler, de ce qu'on appellera prochainement la chambre de Soraya, ne m'annonce rien qui vaille. Elle hurle, criant mon nom. Manuela crit-elle, Manuela me supplie-t-elle presque au moyen de sa voix enrouée et chevrotante. Sans plus d'hésitations je me lève alors et la rejoins dans son lit, où elle me dit avoir fait un cauchemar, elle aussi. La posant sur mes genoux, je lui caresse alors la tête, en lui assurant que tout va bien et qu'elle va finir par se rendormir. Et tandis qu'elle ferme doucement les yeux, semblant tomber dans un sommeil profond, elle se redresse brusquement et me jette subitement au visage « Lâche moi ! Lâche moi tu n'es pas ma maman ! Tu ne le seras jamais ! » puis, et sans même que j'ai le temps de réagir, le visage d'Adan m'apparaît et c'est avec une amertume incomparable qu'il me lance à son tour « Qu'est-ce que tu croyais Manuela ? Que tu serais une bonne mère pour elle ? Comme tu l'as été quand tu l'as abandonné? Laisse-moi rire. Tu n'es rien, tu entends ?! Rien. » Et c'est là que je me réveillais, en sursaut, comme à chaque fois. Pleurant presque je sentais mes joues s'humidifier et je laissais aller mon chagrin, impuissante.

Chamboulé, cet horrible cauchemar m'avait encore chamboulé. Effrayée à l'idée de me rendormir, je rejoignais dans un premier temps mon salon, espérant que la télévision puisse calmer mes inquiétudes, en vain. Je la regardais plus d'une heure, zappant continuellement, avant de comprendre que j'avais besoin de parler, de me confier à quelqu'un. Qui mieux que mon meilleur ami saurait me rassurer pensais-je alors, tandis qu'un bref coup d'oeil à l'horloge murale m'en dissuadait presque. Il était pas loin de deux heures du matin. Me munissant quand même de mon téléphone je refusais pourtant de l'appeler, craignant l'importuner, ou bien le réveiller. Aussi préférais-je lui envoyer un sms.

SMS : Je te dérange surement, je suis désolé. Mais ça ne va pas Luke, je ne sais plus quoi faire. J'ai besoin de toi, j'ai besoin de te parler.

Puis, me dirigeant nonchalamment vers la chambre d'amis (là où dormirait Soraya le jour J de son arrivée et tous les autres jours d'ailleurs), j'allumais la lumière et m'asseyais sur le petit lit, où j'avais déposé, il y a quelques jours déjà, une bonne dizaine de peluches et quelques jouets. Comme quoi je n'étais pas si mauvaise. Serrant l'une d'entre elle tout contre moi, j'espérais dans le même temps que Luke allait accourir à mon secours, traversant la ville avec hâte, avant de débouler dans mon appartement, sans même frapper et venir me consoler comme il avait l'habitude de le faire en somme.

Luke n'arrivait pas à dormir, couché dans son lit, les yeux fixés sur le plafond de sa chambre, il repassait dans sa tête les quelques jours qu'il avait passé dans sa famille avec Ambre. Elle était la première fille qu'il présentait officiellement et son père l'avait à un moment donné pris à part pour lui demander s'il était vraiment sérieux avec Ambre... parce qu'elle était gentille, adorable, mais qu'elle était mère et que lui ne pouvait pas se permettre de blesser une maman et que s'il n'avait pas l'intention d'être sérieux qu'il fallait qu'il rompe au plus vite... mais Luke était sérieux. La bague qu'il avait en main et qu'il tournait et retournait était la preuve de l'importance qu'Ambre avait pour lui.

Il ne voulait pas la blesser, il ne voulait pas la décevoir, il ne voulait pas non plus tout foirer... mais il avait peur que ça aille trop vite, qu'elle prenne peur, qu'elle recule... ne pas avoir Ambre dans sa vie c'était inconcevable, cette pensée le faisait manquer d'air... finalement, l'écran de son téléphone éclaircit brusquement sa chambre et il entendit le bruit strident typique lorsqu'il recevait un message. Il entendit un "bang" provenant de la chambre à côté de la sienne, apparemment, le bruit avait réveillé son colocataire et meilleur ami Brad. « Ton putain de cellphone mets-le sur silencieux la nuit » braya alors Brad en faisant rigoler nerveusement Luke. Il se passa la main dans ses cheveux les défaisant au passage, il regarda alors le sms qu'il venait de recevoir. L'écran indiquait que c'était Manuela qui lui envoyait un message. Un sourire ravi se dessina sur son visage avant de faner brusquement, il se redressa rapidement sur son lit tout en partant à la recherche de son jean et d'un pull qu'il enfila rapidement sans prendre la peine de mettre un t-shirt avant.

Le message était cours et conçit mais ne laissait pas place au doute, Manu avait besoin de lui. SMS : Je te dérange surement, je suis désolé. Mais ça ne va pas Luke, je ne sais plus quoi faire. J'ai besoin de toi, j'ai besoin de te parler.

Luke avait les sourcils froncés, il ne savait pas ce qu'il se passait avec Manu... enfin, il avait des doutes évidemment... Adan... lourde histoire... et le fait que leur fille débarque prochainement devait la replonger dans son passé alors qu'elle tentait par tous les moyens de le fuir... il comprenait parfaitement en un sens qu'elle panique... et il était son meilleur ami, son rôle était donc d'être là pour elle... et elle avait visiblement besoin de son "Lucky" afin de recevoir du soutien.

Alors il se pressa pour sortir de son appartement, il prit la voiture de Brad et conduit à toute allure, slalomant entre les voitures s'attirant des coups de klaxons furieux mais Luke maîtrissait, il faisait des courses illégales depuis plus de deux ans après tout. Il tapait nerveusement le volant à l'aide de ses pouces tout en regardant dans son rétroviseur voir si aucune voiture de police n'allait le choper.

Une fois à destination, il bondit hors de la voiture pour rejoindre au plus vite Manuela dans son appartement, il alla d'abord vers sa chambre et quand il la vit vide, il pâlit, où était-elle ? Puis son regard se porta sur une porte un peu plus loin... il hésita... et alla dans la chambre qui allait accueillir la petite prochainement. Etendue sur le lit, Manuela se trouvait là. Luke poussa un soupire rassuré de l'avoir trouvé et il alla se mettre derrière elle pour se coucher tout contre elle & la serrer dans ses bras, il lui frotta le dos et la berça. « Je suis là Manu, je suis là. Que se passe-t-il ? »

Je ne sais pas combien de temps j'attendis assise là sur ce petit lit, blottit contre cet ours en peluche qui, malgré sa bouille adorable et son doux pelage ne parvint pas à me réconforter. Telle une enfant apeurée, j'aurais voulu plonger ma tête sous les draps et m'y cacher. Roulée en boule, je me serais alors naturellement apaisée et, j'aurais fini par me rendormir. Oui j'aurais aimé. Seulement, qui disait dormir, disait aussi cauchemarder et ça... je ne pouvais le supporter. Ce rêve, ces sensations, ces sentiments devenaient de plus en plus puissants, prenants avec le temps et quand je me réveillais, j'avais désormais l'impression d'avoir tout vécu. Que ce cauchemar était en fait bien réel. Pourtant, cela n'avait aucun sens, je le savais parfaitement. Et pour cause, je n'avais pas assisté à la scène. Je voulais dire... Adan. Sa mort. Je n'étais pas là. Je m'en souvenais parfaitement puisque c'est ce jour-là, à ce moment-là, que j'ai découvert que j'attendais Soraya. Alors pourquoi diable m'infligeais-je tout ça ? Pourquoi mon inconscient ne m'obéissait-il pas ? Refoulant tout ça ? Je n'y étais pourtant pour rien. Je...c'est lui qui m'avait abandonné. C'est lui qui n'était jamais rentré c'est...tout était de sa faute. La sienne. Alors pourquoi me sentais-je si coupable ? Pourquoi continuait-il de me hanter et surtout, pourquoi avais-je la désagréable impression de haïr ce petit être, cette magnifique petite fille de 3 ans, ma chair, mon sang, cette princesse qui ne m'avait jamais rien fait ? Pourquoi ? Tant de questions trottaient dans ma tête en demeurant pourtant sans réponses. C'était insupportable, tout bonnement invivable, mais je ne pouvais rien y faire. Sauf à part peut-être entamer une thérapie me disaient certain. Et pour quoi faire ? Déballer ma vie devant un inconnu ? Un mec payé pour ça et qui n'en avait probablement rien à faire ? Dépenser des sommes exorbitantes pour me sentir mieux un ou deux mois et devoir tout recommencer ensuite ? Hors de question. C'était trop difficile. Bien trop difficile d'en parler. La seule personne au courant était Luke et... si je n'avais pas autant bu le soir où je l'ai rencontré, il ne l'aurait jamais su. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas en parler à quelqu'un d'autre, ça faisait trop mal.

Perdue dans mes pensées et encore sous le choc de ce rêve affreux, je n'entendis pas Luke arriver, tout comme je ne remarquais pas que mes joues étaient inondées de larmes. Se couchant tout près de moi, il entreprit de me serrer dans ses bras, me berçant pour me rassurer. M'assurant ensuite et à demi-mots que je n'avais plus à m'inquiéter car il était là désormais. Il s'enquit de me demander ce qu'il m'arrivait. Chassant d'un revers de la main quelques unes de mes larmes, je lâchais alors un bref soupir et lui répondais, quelques peu honteuse.

« Je... ce n'est pas important. Je suis désolée de t'avoir réveillé pour ça tu as du t'inquiéter en plus. Je me sens tellement stupide si tu savais. C'est juste que je n'arrête pas de faire ce cauchemar. Je suis en train de dormir et ... je rêve d'Adan, je le vois mourir. Enfin c'est moi qui le trouve tu comprends. Je suis dévastée. Puis, des cris me réveillent. Je me lève alors et court dans la chambre de Soraya qui m'appelle. Car dans ce rêve, elle est déjà là. Je la berce calmement, un peu comme tu le fais avec moi en fait. J'essaie de la rassurer de mon mieux. Et là, elle bondit de son lit et me hurle que je ne serais jamais sa mère. Apparaît ensuite le visage d'Adan qui, emplit d'amertume, me reproche de l'avoir abandonné. » Voix chevrotante et reniflant légèrement, j'essayais de retrouver mon calme avant de poursuivre « et j'en peux plus de tout ça Luke, tu comprends ? Je craque. Tous les jours je joue à la fille inaccessible, libérée, qui fait ce qu'elle veut, où elle veut et avec qui elle veut. Mais quand je rentre chez moi, quand je suis seule, je redeviens cette gamine apeurée qui a perdu l'amour de sa vie, qui a quitté son pays et abandonné sa fille. Et ce con continu de me hanter ! Et je ne comprends pas pourquoi. Je l'aime encore si fort tout en le détestant de m'avoir quitté. Et chaque nuit il me reproche mon comportement. Et il a raison. Je suis une fille horrible, une mère horrible. Et Soraya va être malheureuse avec moi. Je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne sais pas. Je n'ai jamais changé sa couche, je ne l'ai jamais emmené au parc, jamais encore je ne lui ai brossé les cheveux, ou donné un bain. Je ne sais pas raconter des histoires, je n'aime pas ça. Je ne sais pas comment calmer ses inquiétudes ou ses pleurs. Ce qu'elle aime manger ? Faire ? Aucune idée. La conduire à l'école, je n'ai jamais fait. Je ne la connais pas Luke ! Je ne la connais pas. Qu'est ce que je vais faire ? ». Laissant mes derniers mots s'étouffer dans un souffle court, je plongeais mon regard, désespéré, dans celui de mon meilleur ami qui me regardait, impuissant. Puis, après lui avoir déposé un baiser sur la joue en guise de remerciement, je me redressais légèrement, me confondant en excuses.

« Pardon. Pardon pour tout ça. J'aurais pas dû te faire venir pour ça. C'était probablement un coup de panique. Je m'excuse Luke. Tu as surement mieux à faire que subir mes états-d'âme. Surement mieux à faire, à deux heures du matin. Comme dormir,ou passer une nuit torride avec Ambre par exemple ! » j'avais feint de rire en disant cela. Bien sûr, le cœur n'y étais pas. Mais je voulais avant tout essayer de rassurer Luke, qui semblait vraiment alarmé par mon récent discours.

L'anglais écoutait, attentivement tout ce que Manu lui révélait, elle était si fragile, elle tentait d'être forte, d'être dure, quand on la voyait en soirée, elle ne dégageait que sensualité et un certain charisme, elle souriait, elle semblait réellement heureuse. Mais lorsqu'on grattait un peu la première couche, quand on lui parlait réellement, sincèrement, quand on écoutait son discours, on réalisait alors combien elle avait des pensées noires. Combien son passé pesait encore sur son présent. Elle avait une histoire lourde sur ses épaules. Et Luke comprenait que parfois elle craque, il comprenait que parfois, elle doive évacuer tout ce que son coeur retenait. Elle avait perdu l'homme qu'elle aimait bon sang ! On ne s'en remettait pas comme ça du jour au lendemain, ça restait une blessure sur son coeur qui prendrait encore du temps à soigner, petit à petit,

Alors évidemment, Luke ne pouvait qu'imaginer la profondeur de sa douleur, mais il était là pour la soutenir dans ses difficultés, il était là pour l'aider à se relever et à faire face à ses cauchemars. Il était son meilleur ami, elle lui faisait confiance. Il était la seule personne à qui elle avait raconté son passé douloureux, il était la seule personne qui savait faire face à ce genre de moment où elle perdait pied, où sa réalité et son cauchemar se confondait. Il lui embrassa la joue, le goût salé de ses larmes sur les lèvres, il lui murmura des "chut", tout en lui frottant le dos alors que son flot de paroles et de larmes ne tarissaient pas. Il lui frotta le dos de sa main droite, lui prodiguant sa chaleur, lui faisant comprendre qu'il était là.

Quand finalement elle se tut, Luke comprit que c'était à lui à dire quelque chose. « Tu n'es pas stupide Manu, ne dis jamais ça, tu vis un moment douloureux c'est tout, tu n'as pas à t'en vouloir de craquer, ta fille va bientôt arriver et cela fait remonter en toi ton passé... et bien que je n'ai jamais connu Adan, je reste persuadé que tu sais toi que tu ne l'as pas abandonné. Le destin est parfois cruel et il vous a joué un mauvais tour, aucun des deux n'est coupable, tu n'es pas coupable de ce qui est arrivé ! Et crois-moi Manu, je sais que tu joues un rôle, que tu portes un masque devant les autres... mais ça ne reste qu'un leurre, ce n'est pas toi... et il te faudra encore un peu de temps pour faire pleinement ton deuil... mais tu fais des progrès, tu en parles avec moi et c'est déjà énorme... et tu n'es pas une fille horrible ! Tu as le coeur sur la main, tu as toujours pensé au bonheur de ta fille et tu savais que tu n'aurais jamais su le faire à l'époque, tu as agis selon ta conscience, tu as agis comme une mère qui offre un cadeau inestimable à sa fille : une famille, une vraie, dans laquelle elle a pu grandir avec une figure maternelle et paternelle ! Et pour ce qui est de t'occuper d'elle... tu vas apprendre, tu es courageuse, tu vas y arriver, et je serais là pour toi tout le temps que tu auras besoin de moi, je ne te lâche pas ! » l'anglais attrapa alors la main de Manu et la serra, il comptait bien l'aider du mieux qu'il pouvait, il était hors de question pour lui de la laisser tomber dans des souvenirs macabres. Elle portait sur ses épaules le poids de la mort de son compagnon... mais elle n'avait pas à le faire, elle n'était pas coupable... et personne ne pouvait lui reprocher son geste d'abandon, elle avait fait au mieux dans ses moyens.

Manu tenta alors de reprendre un comportement plus détaché, elle venait de vider son sac du coup, elle tentait de rejouer ce jeu dans lequel elle pouvait parfois se perdre, elle le regarda avec son faux sourire, sa fausse joie, son humeur faux... Luke la regarda tristement dans les yeux et passa sa main dans ses cheveux, il n'était pas dupe mais il ne voulait pas non plus qu'elle replonge dans ses idées trop sombres. Alors il marcha un peu dans son jeu afin qu'elle se sente un peu mieux, qu'elle reprenne le contrôle d'elle-même. « Ne t'excuse pas, c'est normal, il n'y a pas de soucis, quel genre de meilleur ami je serais si je ne venais qu'au moment où tu es heureuse ? Tu sais, je peux porter tes moments de tristesse, ça prouve combien tu me fais confiance. Et je ne dormais pas de toute façon et je n'étais pas avec Ambre non plus » sourit Luke tout en secouant la tête amusé. Il n'était pas du genre à parler de ses nuits avec Ambre, parce que ce n'était pas ce genre de type à se vanter de la souplesse de sa petite amie ou autre truc lubrique dans le style.

Il sortit de la poche de son jean la bague qu'il comptait offrir à Ambre le rouge au joue. « J'arrivais pas à dormir... » avoua-t-il faiblement en faisant tourner le bijou autour de son doigt.

Luke était resté silencieux, impassible; écoutant, assimilant chacun de mes mots, sans rien dire. Je l'admirais pour ça. Il avait cette qualité d'écoute, ce bon sens, cette sympathie, cette compassion. Toutes ces qualités pour lesquelles j'avais choisi d'en faire mon meilleur ami. Oui, je l'avais choisi. LUI. Parmi tant de "jeunes new-yorkais", je l'avais choisi lui, ce petit Bristish, souriant, amicale et drôle, ce jeune inconnu auquel j'avais confié ma vie, au sens propre comme au figuré d'ailleurs. Même avec du recul, je ne regrettais pas ma décision. Certes la sensation de dépendance -si je puis m'exprimer ainsi- demeurant désormais en moi, ce besoin irrépressible de sa présence à mes côtés, cette mauvaise habitude que j'avais pris de l'appeler à chaque fois que je ne me sentais pas dans mon assiette -tel un frère- tout ce que j'avais laissé s'installer au fil du temps m'effrayais un peu, me désolant même parfois; mais je ne pouvais plus m'en passer. Il m'était devenu vital, nécessaire. Sans lui ? Sans lui je n'étais rien. Il était ma seule famille désormais. Luke A. Cartwright, mon confident, mon protecteur, mon frère, mon meilleur ami.

Désormais ? Désormais c'était à mon tour de l'écouter. Il me rassurait, tant bien que mal, m'assurant que j'étais une fille géniale et que je n'avais pas à me sentir coupable de quoi ce soit. « Tu n'es pas coupable de ce qui est arrivé », il arriverait presque à m'en convaincre. Je ne savais pas réellement comment il faisait, ni même d'où lui venait ce savoir faire hors du commun, mais il parvenait toujours à calmer les crises, à m'apaiser. C'était l'homme de la situation, j'en étais persuadé. N'importe où ? N'importe quand ? Il volerait toujours à mon secours et réciproquement. Il le savait pertinemment. Bon, je le concédais, cette nuit n'était pas la meilleure que j'avais connu, je n'étais pas au meilleur de ma forme et à me voir dans cet état, faible et larmoyante, je n'avais pas tout d'une super-héroïne c'est vrai... mais quand bien même, Luke pourrait toujours compter sur moi. Pour la simple et bonne raison que je ne le lâcherai pas, jamais.

C'est étrange, pensais-je tandis qu'il achevait son discours, parvenant à sécher mes larmes les plus tenaces. C'est étrange comme on peut s'attacher à quelqu'un. C'est étrange la manière dont les gens entrent dans votre vie; comme ils vous forcent à les aimer et vous rendent dépendant de leur présence, de leur sourire, de leur réconfort, de tout. C'est étrange et difficile à la fois. Difficile d'accepter qu'ils vous quittent, sans un mot. Difficile de ré-apprendre à vivre, seule. C'est comme si le monde s'effondrait d'un seul coup et qu'il ne restait plus rien. Rien mis à part le néant. C'est étrange et difficile de ne pas leur en vouloir, même s'ils n'y sont pour rien eux non plus. Et sur ce point-là Luke avait encore raison. Adan n'avait pas choisi de mourir. Il ne m'avait pas abandonné. Il n'a pas choisi. On lui a volé ses rêves, détruit son univers, ôter la vie. Il ne l'a pas choisi. Tout s'est passé si vite et si cela n'avait tenu qu'à lui, nous serions probablement toujours ensemble aujourd'hui. Mariés et heureux. Nous aurions élevés Soraya ensemble et rien n'aurait été plus merveilleux. Le plus difficile dans tout ça ? C'était de l'accepter. Accepter le fait qu'il n'y soit pour rien, faire taire toute cette colère intérieure, cesser de le haïr; lâcher prise... Et passer à l'étape suivante, le deuil...

« Merci » lui répondis-je finalement, cessant là mes tergiversations intérieures. « Merci Luke, merci. Merci pour ton soutien, merci pour ta présence, merci pour ta compassion, ton courage, ta patience, ta joie de vivre, ta gentillesse, merci pour tout. Tu es géniale. Parfait. Et c'est pourquoi j'aimerais que tu me promettes une chose » il serra un peu plus fort ma main « c'est de ne jamais changer surtout ».

Puis et voulant surement nous éviter une nouvelle crise de larmes, il réagit à ma remarque, ne manquant pas d'esquisser un sourire amusé tandis que je commençais à le taquiner sur son programme de la nuit. Autant qu'on se le dise tout de suite, sa vie sexuelle ne m'intéressait en rien ! Il avait cependant fallu trouver une diversion - pour changer de sujet - et faute de mieux, j'avais lancé cette conversation. Ridicule, in-fortuite, voir même embarrassante, mais toujours plus amusante et sympathique que celle que nous entretenions auparavant, c'était indéniable. Et puis de toute façon - et comme je l'avais d'ailleurs anticipé - , Luke que bien trop discret et respectueux de sa belle, n'avait pas alimenté le sujet. Préférant sortir un petit anneau de sa poche. Anneau qui ne manqua pas d'attirer mon attention et de me remettre les idées en place par la même occasion. Si c'était bien ce que je croyais, la tristesse et les pleurs n'avaient plus leur place ici, bien au contraire.

« Attends ? Ne me dis pas que.... c'est ce que je crois. Tu... Tu vas demander Ambre en mariage ? Quand ? Comment ? Où ? Je veux tout savoir » passant du coq à l'âne - comme le voulait l'expression - j'étais désormais surexcitée, l'inondant de question, lui criant presque dans les oreilles
« Oh Luke ! Je suis si contente pour toi ! » sans plus de retenue, je me jetais ensuite dans ses bras, manquant de le faire basculer. Heureuse ! j'étais vraiment heureuse pour lui et il fallait que j'exprime ma joie. Pourtant, et à sa mine crispée, je compris que j'avais peut-être tort de me réjouir si vite, aussi m'empressais-je de lui demander ce qui n'allait pas. « Désolé je...Luke, il y a un problème ? Non parce que... pour quelqu'un qui a prévu de se marier, tu euh... enfin...d'accord, je me tais ».

Beaucoup de gens pensait que l'amitié entre garçons et filles était impossible, pour eux, ce n'était pas quelque chose de concevable, il devait toujours y avoir une attirance derrière ou quelque chose du genre. Ils s'imaginaient que l'un des deux cachaient un amour inavoué à l'autre. Luke avait juste envie de rire au nez de ces gens, ils ne pouvaient pas comprendre. Manu était son amie, et des amies, il en avait toujours eu des tonnes, il avait toujours été respectueux des femmes et ne les avaient jamais vu comme une paire de seins ou de fesses comme son cher colocataire qui collectionnait les filles comme d'autres collectionnaient les chemises.

Évidemment, il savait que ce genre d'hommes existaient, il en côtoyait régulièrement, il ne fallait pas se voiler la face non plus. Mais Luke avait été élevé avec des principes, il avait une petite soeur, et il ne voulait pas traiter les femmes comme de la chaire fraiche ou quelque chose de similaires. Tout ça parce qu'il pensait dans sa tête qu'il refusait qu'un homme traîte mal sa soeur, et du coup, il espérait qu'il existe toujours des gens biens, un peu comme lui, quelque part dans le monde.

Il respectait énormément Manu pour toutes ces raisons, et aussi pour le fait qu'elle avait accepté de s'ouvrir à lui, il lui avait fallu du temps pour qu'il inspire confiance à l'espagnole, il lui avait fallu du temps pour qu'elle voit un lien un ami qui lui cherchait vraiment du bien et pas un quelconque profit derrière. Il avait toujours voulu être franc avec elle et il n'avait jamais cherché à la séduire, il savait faire la part des choses, il savait être un ami et un confident. Et c'était ce rôle-là qu'il avait pris dans la vie de Manu et il y tenait. Il voulait qu'elle sache qu'elle pouvait largement compter sur lui, qu'il n'allait pas flancher ou se désister. Parce qu'il savait que c'était un problème assez conséquent chez Manu. Elle éprouvait cette peur constante d'être de nouveau abandonnée... comme avec Adan, même si c'était un accident, le sentiment était quand même là... elle n'arrivait pas à l'enlever de ses pensées. Adan était coupable de l'avoir laisser seule, pour elle, il avait fui ses responsabilités et elle avait du mal à ne pas lui en vouloir... il pouvait comprendre en un sens. Mais il voulait lui montrer que lui n'allait rien rompre, que malgré tout, il allait continuer d'être son pilier. C'était avec patience qu'il avait su gagner la place qu'il avait désormais dans la vie de Manu, elle ne lui avait pas ouvert les bras comme ça, il avait fallu qu'il la convainque en lui prouvant par des paroles et des gestes qu'il serait là, qu'elle comptait pour lui et qu'elle était sa meilleure amie. « Merci Luke, merci. Merci pour ton soutien, merci pour ta présence, merci pour ta compassion, ton courage, ta patience, ta joie de vivre, ta gentillesse, merci pour tout. Tu es géniale. Parfait. Et c'est pourquoi j'aimerais que tu me promettes une chose » Luke la serra contre lui et il lui embrassa tendrement le haut du crâne dans un geste affectueux et protecteur, elle continua sa phrase, le regardant dans les yeux « c'est de ne jamais changer surtout » Luke resserra une nouvelle fois son étreinte autour de sa famille. « C'est normal puce, t'es une fille bien, réellement, et je tiens à toi, et je veux être un bon ami, quelqu'un sur qui on peut compter... je serais toujours là pour toi, je te l'ai déjà dit. Et je te promets tout ce que tu veux. Je ne veux pas changer, je suis heureux comme je suis et j'ai les personnes que j'aime le plus autour de moi. » avoua-t-il simplement dans un mouvement léger des épaules.

Une des qualités de Luke était sa sincérité, il pensait toujours ce qu'il disait, il ne mentait pas, il était franc, il tentait toujours de tenir ses promesses, c'était un gars gentil... et parfois, sa gentillesse lui avait amené quelques petits soucis... mais ça ne l'avait pas pour autant poussé à changer du tout au tout, il était toujours le même gars, et c'était important pour lui, d'être le même, de garder les mêmes valeurs malgré tout.

Quand il aborda le sujet de la bague, Manu changea du tout au tout et c'est avec un sourire contrit qu'il accepta ses félicitations, Luke serra gauchement Manu contre lui, elle s'enthousiasmait tellement pour lui. Et dans le fond, il ressentait cette même excitation, ce même engouement que Manu... mais... il avait peur, il craignait tellement de tout refaire foirer... comme avec Dory... Dory, un chapitre de sa vie qu'il n'avait jamais vraiment su aborder avec Manu, pas qu'il n'avait pas confiance, mais plutôt parce qu'au début ça avait été très dur, et puis parce qu'à la suite, il n'y avait plus réellement pensé... elle lui revenait en tête uniquement depuis qu'il était prêt à se lancer dans la grande aventure avec Ambre... il avait peur d'aller trop vite... il avait peur que comme Dory, elle prenne la fuite. Quand ses questions cessèrent de fuser, il eut un petit sourire avant de se redresser quelque peu. « Ne panique pas ! Je veux épouser Ambre » finit-il par dire en souriant, son regard se porta sur la bague, il la regardait tendrement, la passer au doigt de la blonde, c'était tout de qu'il voulait dans le fond. « Et je suis impatient de lui faire ma demande. Vraiment. » avoua-t-il tout en se triturant les mains. Il poussa un soupir fataliste avant de la regarder de façon embêté « J'ai déjà été dans cette situation avant... quand on s'est rencontré... la fille avec qui je sortais, je l'aimais... mais elle a paniqué et elle a pris la fuite avec la bague de ma grand-mère. Donc... j'ai juste peur tu vois... qu'Ambre... et si elle paniquait aussi et qu'elle me laissait tomber ? » il baissa le regard, inquiet, le coeur serré. Une vie sans Ambre c'était loin de ce qu'il rêvait ou imaginait pour son futur.

« Ne panique pas ! Je veux épouser Ambre » se résolut-il finalement à me dire tandis que je commençais déjà à paniquer, craignant avoir dit une bêtise. Car les maladresses, ça me connaissait. Je ne le faisais jamais exprès, mais... mon impulsivité, mon empressement et ma franchise mettaient bien souvent les gens dans l'embarras. Que je le veuille ou non; ils finissaient toujours par être mal à l'aise, à un moment ou à autre. Peut-être me montrais-je trop directe ou manquais-je cruellement de tact ? Allez savoir. Certains diront qu'être franc est une tare, d'autres que c'est une valeur sûre et nécessaire, tout dépendait du point de vue en fait, restait à savoir où la majorité se situait. Moi ? Moi je m'y étais bêtement habituée, sachant pertinemment que j'étais faite comme cela et que je ne changerais pas. Autant m'accepter comme j'étais donc. Et puis... j'avais toujours pensé que quiconque ne m'acceptait pas telle que j'étais réellement, n'était pas digne de recevoir ma considération, aussi évitais-je de fréquenter les personnes de ce genre, jugées selon moi, totalement inintéressantes. Fort heureusement pour moi, Luke m'acceptait comme j'étais et, jamais encore il ne s'était formalisé de mes maladresses. Prenant soin de toujours y rire, même à contre-cœur... Nouvelle qualité chez lui. Parfois et quand je dressais son portrait, bon nombre de mes connaissances me demandaient alors " mais si tu l'aimes tant pourquoi ne pas te mettre avec lui ? C'est vrai ça. Il a l'air si parfait à tes yeux ". Et oui, parfait il l'était. Nous tombions au moins d'accord la-dessus. Mais jamais, au grand jamais il ne me serait venu à l'idée d'imaginer quoi que ce soit de plus que notre belle amitié. Jamais. Luke était mon meilleur ami. Nous étions proches, extrêmement même, c'était un fait, mais il restait mon ami et le fait qu'il accourt à chaque fois que j'avais besoin de lui ou celui que je le qualifie de "parfait" ne changeait en rien notre lien. Nous étions amis. Simplement amis. Et à dire vrai, notre lien était plus fraternel qu'autre chose. Aussi riais-je au nez des personnes ( - étroites d'esprit et ne vivant clairement pas en concordance avec leur époque - ) qui jugeaient comme impossible l'amitié entre une femme et un homme. C'était ridicule ! Ils étaient ridicules ! Les temps avaient changé, notre race avait évoluée, ses mœurs et idées avec elle et en refusant de l'accepter, ils se ridiculisaient eux-même. Le pire dans tout ça ? Le pire dans tout ça c'est qu'ils ne s'en rendaient même pas compte, les pauvres.

Enfin... cela n'était pas le propos et l'étroitesse d'esprit de mes contemporains ne m'intéressait en rien; je devais plutôt me concentrer sur les propos de mon meilleur ami qui était de toute évidence, bien plus angoissé et paniqué par cette demande en mariage que je n'aurais bien pu l'imaginer. Il suffisait de le regarder. Les traits de son visage ( - d'ordinaire si détendus - ) étaient incroyablement crispés, il tortillait nerveusement le petit anneau entre ses doigts et il semblait perdu dans ses pensées. Non. Vraiment. Ce comportement ne lui ressemblait pas. Pas du tout même. Et si je ne le connaissais pas aussi bien, je pense même que présentement, il m'inquiéterait. Je ne pouvais me l'expliquer, mais j'avais comme l'impression qu'il... me cachait quelque chose. Une grande première c'est vrai. Bien sûr, il n'était pas forcé de me parler de tous les détails de sa vie ( - nous ne nous l'étions jamais promis - ), mais ce détail de toute évidence n'en était pas un et, quoi que ce fusse, cela le perturbait au plus haut point. Aussi étais-je dans mon droit de soupçonner quelque chose. Quelque chose de difficile, peut-être même douloureux ? Quelque chose ( - et cette fois-ci j'en étais persuadée -) dont il n'aimait pas parler. Je ne croyais pas si bien dire...

« J'ai déjà été dans cette situation avant... quand on s'est rencontré... la fille avec qui je sortais, je l'aimais... mais elle a paniqué et elle a pris la fuite avec la bague de ma grand-mère. Donc... j'ai juste peur tu vois... qu'Ambre... et si elle paniquait aussi et qu'elle me laissait tomber ? ». Pardon ? On rembobine là ! Je savais que quelque chose clochait avec Luke ce soir, mais ça ? Je ne l'aurais jamais imaginé, même en délire. Lui ? Déjà fiancé une fois ? Et pourquoi ne pas m'en avoir parlé ? Certes à l'époque nous n'étions pas aussi proches, il n'avait peut-être pas suffisamment confiance en moi, mais... pourquoi pas plus tard ? La question se posait, c'était indéniable. Pourtant et à contrario de beaucoup à ma place, je ne lui en tenais pas rigueur, ne lui en voulant pas, même pas un petit peu. Préférant considérer cela comme une omission, plutôt qu'une trahison ( - quitte à tourner en ridicule les mélodrames, autant utiliser les bons mots et y aller à fond non ? - ), nous étions adultes après tout.

« Inutile de te sentir gêné mon Luke » le rassurais-je souriante « Je suis certes, surprise par cette nouvelle, mais je ne t'en veux pas. On ne s'est pas promis de tout se dire. Je connais l'essentiel et j'ai confiance en toi, c'est déjà beaucoup. Allez, efface moi cette moue attristée de ton joli visage » poursuivis-je en lui pinçant tendrement la joue « tu es bien plus beau quand tu souris ». Faussement amusé, il esquissait alors un minuscule petit sourire, se voulant rassurant. C'était un début. « Ce n'est pas encore ça, mais tu ressembles déjà bien plus au tombeur que je connais et qui, accessoirement me sert de meilleur ami. Non, mais sérieusement. Je ne sais pas exactement ce qu'il a bien se passer avec cette fille, mais... chaque femme est différente, la réaction qui va avec l'est aussi. Et puis franchement ? Tu vois Ambre te dire non ou fuir ? Sérieusement. Je t'en prie Luke, cette fille est folle de toi. Elle t'aime probablement plus ou au moins autant que moi ta petite Manuela et, crois-moi c'est déjà beaucoup. Je m'en amuse, mais au fond... tu sais que j'ai raison. Ambre t'aime. Plus que n'importe qui. Et tu l'aimes aussi, ça se voit. Vous êtes faits l'un pour l'autre. Rien ni personne ne peut rivaliser avec ça. Alors cesses de t'inquiéter tu veux. Elle dira oui, j'en suis persuadée. Le contraire serait surprenant, voir même inimaginable. Tu es parfait Luke. Et quiconque dira le contraire ou refusera de passer le restant de sa vie avec toi, ne sait pas ce qu'elle perd et en plus, c'est une idiote. Tout le contraire de ta merveilleuse future fiancée bien sûr ! ». Je marquais une pause réalisant que j'en avais déjà trop dit, mais surtout que je devais reprendre mon souffle. Une fois chose faite, je laissais exprimer, une nouvelle fois ma joie en le serrant derechef dans mes bras. Émotive. J'étais définitivement trop émotive. « J'ose espérer que je serais l'un de tes deux témoins au moins ? ».

Luke connaissait Manuela presque sur le bout des doigts, il suffisait qu'il pose son regard sur elle et il pouvait presque entendre les rouages de sa réflexion tourner dans la tête de sa meilleure amie. Elle allait se faire des films, elle allait imaginer tellement de scénario tous aussi improbable les uns que les autres. Manu réfléchissait trop, elle arrivait à se prendre la tête pour des détails. M'enfin, en un sens, elle était comme n'importe quelle femme. Évidemment, la curiosité de Manuela allait aussi devoir être rassasié, il n'en avait pas assez dit, et il savait parfaitement que même si elle ne le disait pas clairement, elle aimerait comprendre l'ensemble de son aveu. Et Luke pouvait bien faire l'effort de ce remémorer ce moment de sa vie assez déplaisant pour lui. Il n'en parlait presque pas. De toute façon qui avait envie d'entamer le débat sur des fiançailles ratées avec une fille qui se cassait avec la bague familiale sans plus jamais donner de nouvelles ? Personne tout simplement, et Luke ne dérogeait pas à la règle, il n'était pas mieux qu'un autre. Cette histoire il l'avait vraiment mal vécu, tellement qu'il n'avait pas su sortir avec une fille durant plusieurs mois, la trahison restant au travers de sa gorge, lui donnant une vision un peu plus acerbe sur la vie amoureuse, sur les engagements sacrés et sur les promesses d'avenir en couple.

Pour lui, à l'instant où Dory était parti, une infime part de son être avait émis des doutes sur l'amour avec un grand A qu'on lui avait dépeint. A partir de ce moment, il avait été un peu moins optimiste. Et c'est pour ça qu'il s'était engagé corps et âme en amitié. C'était ce dont il avait besoin dans un premier temps pour réapprendre à faire confiance aux femmes. C'était d'ailleurs durant cette partie de sa vie un peu plus sombre que Manu avait pointé le bout de son nez. Incapable d'imaginer une histoire sérieuse, il avait naturellement fait de l'espagnole une connaissance, qui était à la fin devenue une très bonne amie avant d'obtenir cette place de meilleure amie chère à son coeur.

Mais aujourd'hui, le temps avait coulé sous les ponts, il était heureux avec Ambre au courant de cette histoire, Luke s'était sentit incapable de lui mentir ou de lui omettre ça. Sa petite-amie l'avait plutôt bien vécu et dans le fond, c'était tout ce qu'il souhaitait. Cela dit, malgré ça, il y avait un résidu de traumatisme... il avait tout de même fait fuir une fille lors de sa première demande... et si Ambre le fuyait ? Même gauchement, il réussit à transmettre tous ses doutes à Manuela, et comme à son habitude, elle le rassura. Elle le comprit instantanément et cela le détendit. Être avec Manu, ce n'était pas qu'une relation dans un sens, ils se chérissaient du fond du cœur, ils se donnaient tout, ils partageaient leur crainte, leur peur, leur instant d'hésitation, ils demandaient autant qu'ils recevaient. Et rien ni personne ne pourrait être au travers de cette relation. Ambre l'avait compris, au début pas rassurée, un peu jalouse, elle avait fini par accepter que quelque part dans la vie de Luke il y aurait toujours l'espagnole... mais comme amie et rien que ça. Qu'il avait trop de dévotion pour elle pour avoir envie de tout gâcher pour du simple sexe, elle méritait d'être mieux traité et il ne pouvait pas envisager cette chose.

« Inutile de te sentir gêné mon Luke. Je suis certes, surprise par cette nouvelle, mais je ne t'en veux pas. On ne s'est pas promis de tout se dire. Je connais l'essentiel et j'ai confiance en toi, c'est déjà beaucoup. Allez, efface moi cette moue attristée de ton joli visage. Tu es bien plus beau quand tu souris » elle le pinça et Luke sourit un peu à ce geste, son coeur se réchauffa définitivement, elle trouvait instinctivement les bons mots pour qu'il se sente mieux. Cela dit, il avait envie de lui dire, lui expliquer, il voulait complètement s'ouvrir à elle, elle était sa meilleure amie, qui mieux qu'elle pouvait comprendre ses moments de pure joie ainsi que ses vagues à l'âme ? « Ce n'est pas encore ça, mais tu ressembles déjà bien plus au tombeur que je connais et qui, accessoirement me sert de meilleur ami. Non, mais sérieusement. Je ne sais pas exactement ce qu'il a bien se passer avec cette fille, mais... chaque femme est différente, la réaction qui va avec l'est aussi. Et puis franchement ? Tu vois Ambre te dire non ou fuir ? Sérieusement. Je t'en prie Luke, cette fille est folle de toi. Elle t'aime probablement plus ou au moins autant que moi ta petite Manuela et, crois-moi c'est déjà beaucoup. Je m'en amuse, mais au fond... tu sais que j'ai raison. Ambre t'aime. Plus que n'importe qui. Et tu l'aimes aussi, ça se voit. Vous êtes faits l'un pour l'autre. Rien ni personne ne peut rivaliser avec ça. Alors cesses de t'inquiéter tu veux. Elle dira oui, j'en suis persuadée. Le contraire serait surprenant, voir même inimaginable. Tu es parfait Luke. Et quiconque dira le contraire ou refusera de passer le restant de sa vie avec toi, ne sait pas ce qu'elle perd et en plus, c'est une idiote. Tout le contraire de ta merveilleuse future fiancée bien sûr ! » Luke ne put s'empêcher de sourire de façon plus sincère que jamais, ses mots le touchait, il se sentait plus confiant, il se sentait capable d'affronter le monde entier pour Ambre soudainement. Puis elle se jeta dans ses bras, Luke l'accueillit d'un éclat de rire, ils se serrèrent, comme si l'autre était le seul être qui comptait, et cette nuit, dans ce lit, c'était un peu le cas. Manuela pouvait faire la forte devant le monde entier, mais lui savait, elle était sensible & émotive, elle était fragile et avait besoin de bras sur lesquels se reposer, elle avait besoin des autres mais étaient trop gentille pour demander de l'aide. Mais Luke lui avait compris, il avait su répondre à toutes les espérances de Manu... parce qu'elle était sa Manu tout simplement. « J'ose espérer que je serais l'un de tes deux témoins au moins ? » Luke la serra encore plus fort à ces paroles. « Je n'ai pensé à aucune autre fille que toi moi ! » avoua-t-il simplement en l'embrassant tendrement dans le cou. « Merci d'être là, merci d'être toi Manu, je t'aime tellement si tu savais » il s'éloigna quelque peu afin de lui passer la main dans les cheveux, ses cheveux si spéciaux, autant que ce petit bout de femme était spéciale dans son coeur. « Tu sais, pour Dory, je ne voulais pas te cacher la vérité ou te mentir. J'étais vraiment mal à l'époque où s'est arrivé, et je venais juste de te rencontrer, je me voyais mal t'ouvrir mon cœur à l'époque, parce que je ne sais pas, j'étais un peu plus con et on n'en était pas encore à cette relation de confiance absolue. Et puis après, je ne t'ai rien dit parce que je n'en voyais plus l'intérêt, c'était derrière moi et je ne voulais plus m'en souvenir alors... c'est seulement maintenant que ça me revient en tête vu la situation dans laquelle je suis avec Ambre... » il baissa un instant le regard vers la bague, le cœur légué, c'était bien la première fois que ça arrivait lorsqu'il regardait cette bague qui l'avait complètement ruiné. « Dès que je fais ma demande, tu seras la première au courant. Promis ma Manu. » souffla Luke en lui embrassant le front. « Tout comme j'espère être le premier à savoir quand ta fille arrivera Manu, je veux être là pour toi. Ce n'est pas parce que je vais me marier que ça va changer quoique se soit entre nous, d'accord ? » sourit Luke en lui caressant la joue, il ne voulait pas qu'elle se mette à douter de leur amitié ou de son importance pour lui. Il y aurait toujours Ambre évidemment, mais il y aurait aussi toujours l'espagnole.

« Je n'ai pensé à aucune autre fille que toi moi ! » m'avouait-il timidement avant de me serrer de nouveau dans ses bras et de me dire à quel point il tenait à moi. Je l'avais toujours su, c'était un fait, mais ses mots me touchèrent quand bien même. Ils m'émurent, beaucoup. Peut-être un peu trop d'ailleurs ? Probablement. Sans aucun doute. D'accord j'avouais, j'étais trop émotive. Un peu faible aussi et probablement en total désaccord avec la Manuela que tout le monde connaissait, mais ce soir, je m'en contrefichais. Je m'en moquais pas mal parce qu'avec Luke c'était différent, complètement différent. Avec lui, je n'avais pas besoin de cacher mes sentiments; je pouvais rire, pleurer en toute liberté et le masque tombait enfin. Plus de pression, plus de rôle à jouer, rien. Juste moi et rien d'autre. Et au fond, c'était un soulagement. Je pouvais me montrer telle que j'étais, tout simplement. Pourtant, je savais que si je le souhaitais vraiment je pouvais arrêter tout cela et me comporter normalement; mais à quoi bon ? Sincèrement ? Où était l'intérêt de dévoiler ma vie et mon passé à tous ces gens ? Quel était l'intérêt de leur dire ce que je ressentais vraiment ? Est-ce que cela allait changer leurs pensées pour autant ? Je ne crois pas non. Ils me verraient toujours comme la fille facile et inconsciente. Et je m'étais complus dans ce rôle, vraiment; c'est pourquoi je trouvais ça légèrement futile d'y renoncer maintenant. Après tout, les seules et rares personnes conscientes de celle que j'étais vraiment, demeuraient celles qui me connaissaient vraiment, celles en qui j'avais totalement confiance, c'était suffisant. Amplement suffisant.

Perdue dans mes pensées, je ne remarquais pas que Luke appuyait désormais sa tête contre la mienne, en signe d'affection; mais je sentis néanmoins le baiser qu'il glissa dans mon cou. Un baiser tendre, réconfortant, fraternel. Un baiser qui me vola un sourire dans le même temps.

« Mais moi aussi je t'aime Lucky. Et je t'interdis d'en douter, tu m'entends ?! » rétorquais-je amusée, avant de lui taper légèrement l'épaule en guise d'amitié. Comment ça je commençais à me comporter comme un véritable mec ?! C'était faux je... bon d'accord peut-être bien que j'avais un peu trop de fréquentations masculines en fin de compte. Mais j'y pouvais quoi moi si ça passait mieux avec les hommes? Ce n'était tout de même pas ma faute, non ?! STOP. On arrête. Je divaguais, encore une fois. Avec Luke qui désirait m'en dire plus sur sa précédente et au combien douloureuse relation, c'était fort mal venu; voilà pourquoi je devais à tout prix recentrer mon attention. « Tu sais, pour Dory, je ne voulais pas te cacher la vérité ou te mentir. J'étais vraiment mal à l'époque où s'est arrivé, et je venais juste de te rencontrer, je me voyais mal t'ouvrir mon cœur à l'époque, parce que je ne sais pas, j'étais un peu plus con et on n'en était pas encore à cette relation de confiance absolue. Et puis après, je ne t'ai rien dit parce que je n'en voyais plus l'intérêt, c'était derrière moi et je ne voulais plus m'en souvenir alors... c'est seulement maintenant que ça me revient en tête vu la situation dans laquelle je suis avec Ambre... que je fais ma demande, tu seras la première au courant. Promis ma Manu. » je ne compris pas pourquoi il eut à mon égard cet énième geste d'affection, ni même ce qui le poussait soudainement à la confession, mais je savais que c'était naturel chez lui et que quand il aimait une personne - véritablement -, il avait ce besoin, cette envie de tout lui donner, de ne rien lui cacher, mais plus encore de lui démontrer à quel point il pouvait l'aimer. Très peu démonstrative moi-même, j'avais au départ eu un peu de mal à gérer son trop plein de "familiarités", mais plus les années nous avaient rapproché, plus j'avais appris à les accepter. Ces marques de tendresse parvenaient même à me rassurer. Peut-être la dure à cuire que j'avais toujours prétendu être finissait-elle par disparaître à son tour, ma souffrance avec elle. Peut-être ne me connaissais-je pas moi-même, au fond ? Allez savoir.

« Tu sais bien que tu n'as pas besoin de te justifier Luke, encore une fois je comprends parfaitement. Moi-même peu loquace quand il s'agit de mon passé, je comprends tout à fait. D'ailleurs, si je n'avais pas été si désespéré et alcoolisé ce soir-là, nous ne nous serions probablement j'avais rapprochés et nous ne serions pas là aujourd'hui, à déblatérer sur notre triste sort. Mais je ne regrette rien; je n'ai jamais regretté. Je ne sais pas pourquoi je te dis ça maintenant et je me montre probablement un peu trop sentimentale, mais... je voulais que tu le saches. Je ne regretterais jamais cette soirée, où malencontreusement j'ai tout déballé. Pour la simple et bonne raison que grâce à ça, je t'ai et je ne t'échangerai pour rien au monde. » Non, mais qu'est-ce qui me prenait encore ? Ça n'allait plus. Encore une ou deux heures comme celles-ci et j'allais tourner au mélodramatique. « Ah c'est pas possible, je suis toujours beaucoup trop fleur-bleue quand t'es là ! Je ne sais pas ce que tu me fais, mais je déteste ça ! Ceci étant dit, peu m'importe encore une fois que tu ne me l'ai jamais dit, moi-même à ta place, je n'y aurais vu aucun intérêt. Et puis sérieusement, on s'en fiche nan ? C'est du passé, n'en parlons plus ! Ce qui importe, maintenant c'est que tu vas épouser Ambre et, je trouve ça absolument fantastique ! Par contre je te préviens si j'apprends que tu as fait ta demande de la bouche de quelqu'un d'autre que toi, j'te fais la peau ! Alors fais gaffe à tes fesses mon ptit gars ! ». Terminant sur une note faussement amusante, je tentais tant bien que mal de me détendre. Tant bien que mal, c'était l'expression adéquate, oui. Car le sujet Soraya et son arrivée imminente m'angoissaient totalement. J'essayais d'être forte et d'appréhender la chose au mieux, mais au fond j'étais terrorisée. Posant alors ma main sur celle de Luke, j'ajoutais « Je sais tout ça. Je le sais. Et je te tiendrais au courant, soit en sûr, mais... je ne veux pas abuser non plus. J'veux dire quand Soraya sera là. Tu as ta vie aussi et, il va bien falloir que j'apprenne à me débrouiller toute seule tu ne crois pas ? »

Spoiler:

« Mais moi aussi je t'aime Lucky. Et je t'interdis d'en douter, tu m'entends ?! » Luke sourit, il ne doutait jamais de l'amitié, il avait une confiance absolue en ses amis. C'est au niveau de l'amour que venait plus souvent ses doutes et ses hésitations, on avait joué de sa gentillesse et ça l'avait blessé. Même Ambre au début l'avait blessée, mais il était trop vite tombé accro à elle pour lui en vouloir, elle était hésitante avec lui et il l'avait toujours compris. Mais il avait été blessé dans l'affaire et cela était juste un fait. Avoir été l'ami d'Ambre lui avait demandé beaucoup d'effort, beaucoup de retenue, elle s'était appuyée sur lui pour sortir son ex de la tête, et ça avait été long, qu'elle en aime un autre si longtemps lui avait brisé le moral, surtout qu'au début, il avait eu cette sensation désagréable de n'être qu'une bouée de secours, d'être là pour lui faire oublier Nicholas.

Il secoua la tête, c'était fini, elle l'aimait aussi profondément que lui désormais, et c'est tout ce qu'il demandait. Pour pouvoir être heureux ensemble, et continuer de construire cette petite famille et s'engager dans un futur pas rose et parfait, mais un futur où il y aurait beaucoup d'amour, de compréhension et de soutient. Rien ni personne n'était parfait, mais Luke n'avait jamais eu le besoin d'atteindre la perfection, ce qu'il aimait, c'était la simplicité, la sincérité des gens. Et c'était sans doute pour ça que les gens laissaient toujours tomber les masques avec lui, il était si sincère que ça pouvait déstabiliser les gens et leur faire à leur tour tomber leur protection. Comme avec Manu, beaucoup s'arrêtait aux apparences avec elle, à ce qu'elle disait, à ce que ses gestes faisaient. Mais Luke avait simplement compris, il avait une sorte de don en empathie, c'était comme ça, il n'y pouvait vraiment pas grand chose.

« Tu sais bien que tu n'as pas besoin de te justifier Luke, encore une fois je comprends parfaitement. Moi-même peu loquace quand il s'agit de mon passé, je comprends tout à fait. D'ailleurs, si je n'avais pas été si désespéré et alcoolisé ce soir-là, nous ne nous serions probablement j'avais rapprochés et nous ne serions pas là aujourd'hui, à déblatérer sur notre triste sort. Mais je ne regrette rien; je n'ai jamais regretté. Je ne sais pas pourquoi je te dis ça maintenant et je me montre probablement un peu trop sentimentale, mais... je voulais que tu le saches. Je ne regretterais jamais cette soirée, où malencontreusement j'ai tout déballé. Pour la simple et bonne raison que grâce à ça, je t'ai et je ne t'échangerai pour rien au monde. » Luke la regarda légèrement ému, il lui caressa la joue, ils avaient si facile de tout se dire, de partager les choses ensemble, d'être là l'un pour l'autre. Mais c'était normal, c'était ce que faisait des meilleurs amis. « Merci Manu » répondit-il avec tout l'amour qui l'inondait pour elle. « Ah c'est pas possible, je suis toujours beaucoup trop fleur-bleue quand t'es là ! Je ne sais pas ce que tu me fais, mais je déteste ça ! Ceci étant dit, peu m'importe encore une fois que tu ne me l'ai jamais dit, moi-même à ta place, je n'y aurais vu aucun intérêt. Et puis sérieusement, on s'en fiche nan ? C'est du passé, n'en parlons plus ! Ce qui importe, maintenant c'est que tu vas épouser Ambre et, je trouve ça absolument fantastique ! Par contre je te préviens si j'apprends que tu as fait ta demande de la bouche de quelqu'un d'autre que toi, j'te fais la peau ! Alors fais gaffe à tes fesses mon ptit gars ! » Luke éclata franchement de rire avant de secouer la tête « Promis, je ferais gaffe à mes fesses ! ».

Cela dit, le sujet de Soraya lui fit reprendre son sérieux, il savait comme Manu était quand elle abordait le sujet, comme elle était quand elle se mettait à trop y penser. « Je sais tout ça. Je le sais. Et je te tiendrais au courant, soit en sûr, mais... je ne veux pas abuser non plus. J'veux dire quand Soraya sera là. Tu as ta vie aussi et, il va bien falloir que j'apprenne à me débrouiller toute seule tu ne crois pas ? » Luke prit la peine de se passer la main dans les cheveux. « Je pense que si tu as besoin d'aide, je serais là peut importe la situation, si tu te sens dépassée, tu m'envoies un message et je viendrais. Et je sais que tu dois te débrouiller... mais je ne pourrais pas m'empêcher de penser à toi donc bon... tu sais comment je suis non ? » sourit simplement Luke. Il regarda alors l'heure de sa montre et bailla. Il se coucha dans le lit en emportant Manu avec lui. « Mais pour l'heure il est trop tard pour débattre de ça, et on doit dormir un minimum de cette nuit qu'il nous reste, on s'occupera demain du mariage, de ta fille. On a le temps puisque je compte bien être encore très très très longtemps dans ta vie » avoua simplement Luke en nichant sa tête dans la nuque de Manu, il ferma les yeux. Il était confiant, il croyait tellement à leur amitié, à leur avenir amical ensemble. Dans les bras de Manu, il se sentait juste bien, simple, il n'avait pas besoin de faire des masses pour être impressionnant ou quoi... parce qu'ils s'étaient toujours aimé pour ce qu'ils étaient. Des gens simples avec une vie parfois mouvementé et une foi totale en l'autre.

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