Comme tous les matins, Ismène se réveilla en sursaut de peur que la matinée soit déjà bien entamée et qu'elle ai manquée des rendez-vous ce dont elle ne pouvait se permettre car la fin de sa semaine était consacrée aux études. En effet ces parents l'avaient envoyé ici, à New-York, en guise de punition. Sacrée punition me direz-vous ! Mais cette dernière était bien plus compliquée que de rester les bras croisés sur les bancs de la fac. La vraie punition d'Ismène consistait à promouvoir et à faire connaître les créations de son grand-père qui avait fondé il y a de cela trente-ans une maison de haute couture spécialisée dans l'évènementiel. Moreno Couture, c'est ainsi que s'appelle la maison de couture, n'avait eue aucun mal à se faire une place sur le marché européen ; mais désormais elle rêvait de grandeur et d'Amérique. Voici en quoi consistait la tâche d'Ismène, introduire la société dans le vaste marché de la mode Américaine. C'est uniquement en réussissant cela qu'elle pourrait s'assurer une place dans cette même société plus tard. Cependant, malgré l'apparence qu'elle voulait se donner, elle n'était pas sûre d'elle sur ce coup, c'est pourquoi à son arrivée à New-York la première chose qu'elle fit (après avoir cherché un appartement) fut de s'inscrire à l'université au coup sa mission échouerait histoire de ne pas se retrouver uniquement avec son argent à la fin. Ainsi était donc découpée ses semaines: du lundi au mercredi inclus, elle faisait le tour des particuliers et des magasines de mode et le reste de sa semaine était consacrée à ses études. Ce jour-là elle avait rendez-vous au siège de New Look Magazine afin de leur présenter des robes pour leur numéro spécial. Le rendez-vous qui aurait normalement dût avoir lieu hier avait été reporté, car elle n'avait pas encore reçu les robes, que son grand-père lui envoyait au fur et à mesure d'Italie où il vivait.

Ce matin-là lorsqu'elle se leva à six heures trente comme à son habitude, sa première pensée fut pour le coursier qui devait venir lui livrer les robes avant sep heure. Elle se dépêcha donc de se préparer afin de partir immédiatement après réception du colis. Comme à son habitude elle prit grand soin à choisir ses vêtements et opta ce jour-ci pour un simple chemisier blanc et une jupe droite bleue foncé. Elle sorti immédiatement de chez elle après réception du colis tant attendu et sauta dans un taxi. Comme tous les matins, les rues de New-York étaient bondés, les gens se bousculaient sur les trottoirs et les voitures n'avançaient pas, ce qui offrait un concert pétaradant de klaxons. Alors qu'elle se trouvait à huit-cent mètres environ de son lieu de rendez-vous, Ismène quitta le taxi et alla dans un café afin d'acheter un beignet et un café au lait. Avec toute l'angoisse qu'elle s'était fait, elle n'avait pas pris le temps de déjeuner et cela ne lui réussissait généralement pas. Cette pause lui ayant fait prendre du retard, elle courra presque, ses paquets à la main, jusque devant l'immeuble de New Look Magazine. A bout de souffle et après que les gardiens l'aient retardée pour vérifier ce que contenait ses paquets, elle entra dans l'ascenseur et en profita pour souffler un peu. Elle arriva alors dans un immense couloir et commença à marcher droit devant elle où se trouvait un bureau occupé par une jeune femme brune.« Bonjour, je représente Moreno Couture, j'avais rendez-vos hier pour vous apporter ces robes, mais je ne les ai reçues que ce matin. »

L'Italie, la terre promise pour Ismène, le pays où elle avait toujours voulu vivre, le pays où elle se sentait vraiment chez elle. Ses grands-parents maternel vivaient dans une jolie villa, simple mais imposante sur une falaise où poussaient en abondance olivier et oranger. Lorsqu'elle était petite, elle s'amusait à faire un espèce de parfum en cueillant toutes les fleurs d'orangers et olives qu'elle trouvait, jusqu'à ce que ses mains soient pleines. Elle mettait ensuite sa cueillette dans un seau d'eau et écrasait le tout avec un bâton. Elle laissait moisir ce mélange ainsi des semaines, jusqu'à ce que sa grand-mère se rende compte qu'une odeur particulière envahissait sa cuisine. La grand-mère d'Ismène, Guiseppina, était la seule qui s'occupait réellement d'elle, la seule avec qui Ismène était une petite fille sage et épanouie. Lorsque son grand-père rentrait de son atelier le soir, il passait à la petite fille des chutes de tissus. Celle-ci s'amusait alors à confectionner des vêtements pour ses barbies: « plus tard je serai comme papi » disait-elle.
Aujourd'hui son rêve avait bien changé, elle ne voulais plus être simplement styliste, elle voulait devenir PDG. Et en entrant dans le bâtiment, en se présentant à la jeune femme, elle avait fait un pas de plus vers ce nouveau rêve.

« Ah... Oui bien sûr, poser les robes ici, je vais prévenir ma supérieur. ». Vu le ton de la jeune femme cette dernière ne s'attendait pas du tout à la venue d'Ismène, elle prit le téléphone et tenta de joindre sa patronne en vain, c'est alors qu'Ismène se souvînt: « A vrai dire j'ai déjà appelée votre patronne hier, elle m'a dit qu'elle ne serait pas là ,mais que vous vous en chargeriez pour elle ... Elle m'a précisé que cela vous rajouterait des heures de travail, mais je suis désolée, j'ai un emploi de temps plutôt chargé, sinon je serai venue un autre jour ... J'ai vraiment besoin de cet article ! ». Ismène resta muette pendant quelques secondes regrettant d'avoir avoué qu'elle avait besoin de cet article ; elle toisa la jeune femme sur un air de défi puis ajouta : « Si vous voulez je peux vous présenter les modèles tout de suite, comme ça se sera fait et vous n'aurez pas à revenir dessus ». Ismène, proposez son aide ? Cela l'a surpris elle-même quand elle prononça ses paroles, elle n'avait pas l'habitude de proposer son aide et elle espérait que l'employée assise devant elle s'en rendrait compte. Seulement elle avait vraiment besoin de cet article et elle serait prête à tout pour l'obtenir, même à se montrer agréable. Puis tendant sa main à la jeune femme elle dit « Au fait je me nomme Ismène MORENO-VOLKONSKI ».