Quand j'entrais dans un des bars les plus connus de New York, j'ignorais volontairement le regard insistant du videur qui m'avais laissé entré uniquement parce qu'il m'avait reconnu de justesse pour aller m'assoir dans le coin le plus isolé possible, car je ne savais pas vraiment ce que je faisais là, au final. J'avais fait un effort pour m'habiller avec des vêtements fraichement acheté pour correspondre à mon nouvel emploi au Sénat mais l'expression, ou plutôt la non-expression de mon visage trahissait la semaine sans le moindre sommeil qui venait de s'écouler. J'étais rentré de Washington le vendredi en fin d'après-midi et passer le weekend seul à New-York était plus compliqué que je ne l'avait imaginé. Je m'occupait n'importe comment, du moment que ça m'empêchait de penser à elle. J'étais allé au Casino, j'avais chercher à entrer en contact avec des personnes aussi odieuse que Sohan Andersen et sa copine qui me tapais sur le système mais que j'avais du mal à ignorer, et voila que je me retrouvais dans un bar dans lequel je n'étais pas venu depuis des mois. Ici c'était en quelque sorte le QG des jeunes financiers qui réussissent et les soirs ou je n'avais pas put y échappé j'étais sorti ici. Aujourd'hui c'était volontairement que je venais m'y perdre. Quelques minutes après m'être assit je voyais une des serveuses quitter le comptoir pour venir dans ma direction. Je me souvenais de son prénom et m'étonnais franchement de ne pas l'avoir oublier. Je me souvenais très clairement avoir eu un faible pour elle, comme la plupart de la population du Bar de manière générale. Pourtant, contrairement aux autres cette fois, je n'avais jamais tenté de lui adresser le parole et si par un quelconque miracle elle me reconnaissait ce soir, elle se souviendrait sans doute de moi comme un de ces mecs qui réussissent un peu trop bien professionellement et qui ramassent des centaines de nanas dans des bars chics comme le siens. Pas la meilleure première impression, en fait, mais à vrai dire je ne m'inquiétais plus de ma réputation, je n'avais vraiment plus rien à perdre puisque j'avais le coeur réduit en miette par ma séparation récente avec Callioppée. Comme si j'avais besoin de ça, la musique du bar se mit à changer pour une balade italienne dépressive au titre de "Vivo Per Lei" et je regrettais déjà Lady Gaga. Un sentiment très proche de la colère dut m'envahir puisqu'alors que Faith, la charmante serveuse s'approchait, je me redressais sur mon fauteuil et serrait les poings pour me retenir d'être complètement odieux avec elle quand elle me demanderais ce que je voulais boire. Elle, n'y était pour rien, elle ne me connaissait même pas. Moi, j'avais vraiment besoin de me calmer.