La rencontre avec mon ex finie, je rentrais directement à mon logement, pris une longue douche – comme si je pouvais effacer son odeur en me nettoyant ! – et m’étendis sur mon lit, crevé. J’entrepris de me dévêtir, boulot difficile lorsqu’on est couché sur le ventre. Je mis le visage dans mon oreiller, et m’endormis.
Driiing – driiing –driiing
Je mis les doigts sur mes oreilles, ouvris les yeux en une mince fente. J’étais gelé, le froid régnait. Je mis un petit moment à me réveiller. Lorsque j’entendis mon portable gémir sur mon bureau, je tendis les doigts vers ce dernier et vérifiais le numèro. Merde, numèro inconnu. Je réponds tout de même.
-… Mmouais ?
-Heu, salut. Hum, c’est Eli, enfin, la fille du parc quoi…
Elle semblait gênée. Je rigolais intérieurement, et me forçais à lui répondre d’une voix pas trop endormie.
-Oh, c’est toi. Euh, bon matin !
Quelques minutes plus tard, je l’invitais à venir me rejoindre à mon logement vers 16 heures. Elle dit oui. Il n’était que 10h30, voire 11h00, je m’étendis donc de nouveau sur mon lit et tentais de dormir. Je pris mon Samsung Behold, trouvais mon planning de la journée et notais « Rendez-vous Éli. 16 hres » J’ignorais son prénom, donc son surnom ferait l’affaire. Vers 11h30, je pris une douche – j’étais incapable de me rendormir. Je nettoyais mes cheveux, me vêtis d’un jean et d’un gilet. Sur mon bureau, je vis quelques croquis. Je dessinais quelques dizaines de minutes et descendis pour ingurgiter quelques morceaux de pain et de la confiture (encore !). Je brossais mes dents, mis le nez dehors pour voir la température et vers 13h00, tirais quelques bouffées de mon dernier joint. Ces temps-ci, j’étais une cheminée, je ne cessais de fumer pour me détendre. Lorsque j’entendis quelques coups frappés sur le bois de ma porte, je descendis lentement les escaliers, et ouvris la porte.
Elle tenait sur mon perron, droite, une jupe taille haute et une camisole sur le dos. Elle semblait encore gênée. Je me doutais bien qu’elle avait fait des recherches avant de venir ici, elle n’ignorait donc pas qui j’étais. J’espérais fortement qu’elle ne ferait pas la groupie et dit d’un voix joviale :
-Hé, entre !

Je m’écartais pour qu’elle entre. Elle observa l’intérieur (bordélique) de mon logement, la kitchenette, les centaines de couteaux beurrés de confitures qui trônaient sur le comptoir, le living-room, mon tapis persan, mon vieux divan en faux cuir blanchi par les fesses de mes invités, le coffre de bois qui semblait dater de l’ère de glace et l’imposant escalier de bois qui menait à ma mezzanine.
-Woah… J’adore les pièces. Hé, on est un duo bien assorti, avec nos hauts gris !
En effet, elle portait une camisole grise et moi un t-shirt gris. Elle rit doucement, je l’imitais. Elle semblait gênée, ce qui me rendait nerveux – elle n’ignorait pas que j’étais célèbre. Elle joua quelques instants avec ses perles, et dit enfin quelques mots.
-Heu… Je crois que tu aimes les toasts ?
Je ne pus m’empêcher de rire. Quelle question !
-Oui, en effet ! Disons que je me nourris de pain et de confiture depuis quelques temps. Je suis trop occupé avec mes brevets et tout le reste pour bien me nourrir.
Je passais nerveusement les doigts dans mes cheveux. Quoi dire ? Je n’étais pas doué avec les filles, quoiqu’on en pense. J’ignorais ce qu’elle voulait de moi, et j’étais nerveux rien qu’à y penser !
-Euh, tu veux visiter le haut ?
Question idiote, cependant, c’était mieux que de rester près de la porte d’entrée. Je sentis mon Samsung Behold vibrer dans la poche arrière de mon jean, probablement mon père. C’était tellement diffèrent de notre après-midi à Central Park… Elle semblait extrêmement gênée, et je détestais. Je détestais qu’elle se dise que j’étais le célèbre Noah Hill. J’espérais fortement qu’elle ne pense pas pouvoir profiter de moi.

-Et toi, ton logement ?
-Quelque chose qui t’effraierais.
M’imaginant le logement, je revins vers elle.
-Il est au coeur de Manhattan, au dernier étage d'un hôtel particulier. C'est un quatre et demi très vaste, très lumineux, très blanc. Et très propre! J'ai engagé une femme de ménage il y a peu de temps afin d'être sûre que rien ne traîne. Ma pièce préférée est la chambre, car j'y ai mis le drapeau de l'Angleterre comme couvre-lit. C'est vachement sympa! Sinon, j'aime bien le salon, car il y a un petit poêle à bois rustique, la seule chose un peu déglinguée. Il faut croire que c'est fashion, car la designer qui s'est occupée de cette appart' est célèbre dans le milieu...
-Déglinguée ? Je ne vois pas bien un gros poêle dans une de tes pièces blanche. Moi et les designers… Je préfère meubler mon logement.
Je glissais les doigts dans les poches de mon jean et me rendit compte que j’ignorais tout d’elle, excepté ce qui était probablement son surnom, Éli.
-Dis-moi… Avec Internet, tu peux voir ce que j’aime, mon nom, mes hobbies… Moi, je ne peux pas. Dis-moi ton nom, ce serait bien, non ?
En effet, qu’elle soit célèbre ou pas, un petit nom ne me disait rien. Je me posais sur mon bureau, l’observais. Elle me semblait différente de toutes ces filles, je voulais la revoir, j’en étais certain. Je ne ressentais ni désir ni intérêt, c’était seulement une envie de me promener avec elle, de poser des questions. En secret, j’espérais donc que ma célébrité ne la forcerait pas à être groupie. Je détestais ce genre de relations. Je n’étais qu’un être célèbre et intelligent, je n’étais ni Johnny Depp ni un politiciens sur qui le destin de la nation reposait. J’inventais en secret dans mon logement, et je vendais ces inventions à des hommes riches qui les voulaient. Point.

-Dis-moi… Avec Internet, tu peux voir ce que j’aime, mon nom, mes hobbies… Moi, je ne peux pas. Dis-moi ton nom, ce serait bien, non ?
-Oui, ça serait une bonne idée!
Elle rit doucement, et se présenta.
-Elizabeth Olivia Jones, étudiante en communations à l'Université de New York et modèle à ses heures perdues, enchantée.
Elle me tendit la main, me sourit doucement. Perplexe, j'observais sa main en douce, hésitant. Était-ce vraiment nécessaire ? Quelques tours en carrousel et des rires étaient selon moi bien mieux que des poignées de main. Cependant, je serrais sa main, et elle pouffa de rire.
-Navré, c'était pour officialiser notre rencontre, c'est justifiable non ?
-Oui, oui, non, c'est bien, c'est que je serre les mains des hommes lors de rencontres importantes, et c'est la première fois que je serre celle d'une femme, excepté peut-être celle de vieilles dames... Hum, bref.
Je ris doucement, gêné, glissais une main dans mes cheveux et réfléchis.
-Dis... ça te dirait une promenade ? George Washington Brigde.
Je me levais et replacais mon gilet gris. Je pris une veste kangourou bleue pâle, mis les vieilles bottes de tout à l'heure. Je ressentis une certaine douceur lorsque je les mis, probablement dûe aux souvenirs qui me submergaient.
-On peut descendre en dessous, il y a un sentier.
Je pris le temps de reprendre mon Behold, de trouver le G.W Bridge. Eh oui, j'ignorais encore où se trouvait ce foutou pont ! Je mémorisais le trajet d'environ 30 minutes et observais Élizabeth.

-Ouais, ça serait bien. Allons-y !
Elle fit une grimace en me voyant enfiler mon kangourou et mes bottes. Je baissais les yeux vers ses souliers de marque, et réalisais que sous le George Washington Bridge, c'était probablement plein de terre...
-Hé dis, t'aurais du linge pas trop grand à me passer? Et des souliers aussi!
Je l'observais un petit moment, étonné.
-Pour être confortable quand on va marcher ensemble, disons qu'en talon et en jupe crayon ça va plutôt mal... Ça ne t'ennuie pas j'espère?
-Euh, non, non. Je pense pouvoir te trouver quelque chose.
Je me dirigeais vers mon garde-robe et vis une veste bleue marine, probablement oubliée par une de mes exs. Je lui tendis et entrepris de trouver des souliers convenables et peut-être des jeans... Je vis mes vieux Converses noirs me rapellais qu'à la rencontre dans le parc, Élizabeth avait semblée les trouver de "son goût". Je les pris, et trouvais des joggings gris. Il seraient parfait.
-Tiens, je pense que ce sera parfait. C'est ce que j'ai de moins grand.
Je mis mon Behold dans une des poches de ma veste, et descendis les escaliers. Je patientais dans l'entrée pendant qu'elle enfilait mes vêtements. Lorsqu'elle descendit les marches, je ne l'entendis pas - pour une fois, elle ne portait pas de talons hauts, ce qui était nouveau probablement pour elle et moi ! J'ouvris la porte en grand pour qu'elle passe, et respirais longuement le vent frais.
Dehors, j'étais dans mon élément. En profiterait-elle pour me poser des questions ?