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From Yesterday ~ Lenzo

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MessageSujet: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyDim 1 Mar - 0:07

~Harvard, Massachusets

La pupille fauve du nouvel arrivant heurta les murs bien connus de l'immensité des lieux. Faste et grands espaces, mêlant un classicisme pompeux quoique traditionnel. Ezechiel inspira avec la force de la nostalgie, laissant perler à la lippe carmin un rictus aussi vorace que satisfait. Harvard lui ouvrait ses portes à nouveau, sous couvert d'une réunion d'anciens étudiants : ce soir était le grand soir, où la morgue et la fatuité seraient ainsi épinglés à leurs boutonnières de jeunes élites et élitistes. Chacun viendrait lustrer son ego en contant sa vie à autrui (ou comment Charles, Edward ou Natalie dégoiseraient des inepties suintant l'argent et le pouvoir. Untel serait devenu député et le second grand ingénieur – las cependant, n'est pas Mark Zuckerberg qui veut), se congratulant d'avoir réussi, vomissant quelques compliments surfaits, s'apitoyant faussement sur les comparses ayant échoué. Là demeurait toute la cruauté d'un tel rassemblement ; l'on se jaugeait d'un regard puis d'une parole policée, chaque faux pas au demeurant humain aussitôt ciblé par les hyènes. Ce fut donc avec assurance – quoiqu'il laissa briller dans l'alcôve de son regard une ombre d'impatience – qu'Ezechiel se dirigea vers le bâtiment réservé à leur profit. Le temps c'est de l'argent. Et cet attroupement cocasse d'anciens étudiants n'était en rien lucratif, excepté pour son ego bien sûr. La facette orgastique de la soirée se lovait donc tout contre l'embellissement du 'moi', de cette fierté jamais repue dans laquelle se drapaient les convives (alors même qu'ils n'eurent guère besoin de l'attiser encore, puisqu'avoir décroché un diplôme de la prestigieuse université de Harvard était déjà en soi excellent pour l'orgueil). Le brun ténébreux se jura, quoiqu'un peu tard, qu'il ne demeurerait pas longtemps à cette festivité faisandée. Ne viendrait que pour montrer signe de vie, quitte à miroiter la nouvelle personne ainsi devenue : si autrefois Ezechiel était bien vénal, il était dépouillé de cette arrogance et cette vanité lui seyant si bien aujourd'hui. Etudiant, il n'était certes guère connue pour sa chaleur patentée, mais pouvait se congratuler d'une vie plus simple : un jean et un T-shirt avaient toujours fait son affaire, quand il préféra jurer fidélité qu'à une seule amante. L'antithèse de ce qu'il était devenu aujourd'hui.

Une banderole surplombait la salle bondée. La populace s'affairait en une marée assourdissante, glanant champagne et compliments. Et tandis qu'Ezechiel s'immisçait dans la masse, il fut bientôt abordé par quelques anciens compagnons de fraternité : eux seuls demeuraient l'exception à la règle. Une loyauté absolue régnait entre les jeunes hommes aux valeurs communes, aussi les grands gestes chaleureux fusaient au même titre que les sourires et questions sincères. Le courtier s'enhardit auprès de Walter McConnel et le questionna sur son superbe parcours de footballer professionnel, quand autour d'eux se réchauffait déjà l'atmosphère glaciale. Du moins jusqu'à ce que les membres d'une sororité ne fassent leur apparition : des jeunes femmes de bonnes famille, attirées par l'effusion masculine et le heurt de testostérones, s'invitèrent dans le cercle quitte à user de conversations aussi superflues que superficielles. Quand soudain la pupille fauve d'Ezechiel s'arrêta sur un visage bien plus familier que les autres : Lenzo Wellington avait également fait le déplacement. Anciennement amis et confrères de dortoirs, les deux jeunes hommes avaient bâti une relation sincère et loyale. Mais aujourd'hui, Ezechiel n'aurait su dire ce qu'il en était advenu depuis que leurs chemins – et surtout leurs personnalités respectives – les eurent séparés. Ainsi s'approcha-t-il de lui, sans arrogance mais toujours affublé de cette froideur patentée. « Si j'avais su qu'il avait fallu me rendre à Harvard pour que l'on se recroise. » Car ni l'un ni l'autre n'ignorait leur nouvelle-vie à New-York. Quand bien même Ezechiel coupa court aux mondanités amorcées par une nouvelle venue : Jessy Blakeberry, jolie rousse aux yeux émeraude, petit nez retroussé mais une bouche de vipère suintant la ciguë. « Ah Ezechiel ! Alors comme ça, on a fait la dernière couverture de Bloomberg ? Lenzo... » Grand sourire, beau panache. Cette fille semblait n'exister qu'à travers ses palabres incessantes. « Ca faisait un bail. Tu deviens quoi ? » « Videur. » Et de toiser l'ancien ami, regard faussement complice, presque innocent malgré le sarcasme de sa pupille. Lorsque écarquillant les yeux et les posant sur Lenzo, Ezechiel le mettait au défi d'enfin donner de ses nouvelles.

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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyDim 1 Mar - 2:59


from yesterday
Ezechiel et Lenzo
Une réunion d’anciens étudiants. Non mais sérieusement… J’avais autre chose à faire de ma soirée. J’avais donc conduit quatre heures de New York jusqu’à Cambridge pour rejoindre Harvard, enfermé dans un costume trois pièces trop classe pour être à l’aise. Et cerise sur le gâteau, seul. Croyez-vous bien que mon frère a d’autres chats à fouetter — chattes, en fait, correspondrait sûrement mieux dans cette phrase — que de se taper un meeting d’université qui réunit les anciens de notre promotion. Il avait sûrement dû recevoir la belle invitation qui clamait « Havard University — Graduate School of Education » en haut à gauche, surplombé de leur blason sur lequel on retrouvait « veritas », slogan bien faussé quand même quand on y pense. Je crois qu’Harvard avait été le lieu où j’avais fait le plus de conneries quand on allait en soirée avec les autres étudiants, ou entre fraternité. S’ils savaient tout ce qu’il se passait derrière leurs murs trop ornés, trop prétentieux… Peu importe, moi j’étais là. Je n’étais pas le genre de gars à faire le mort, alors bien que je n’aimais pas ce type de réunions, je n’allais pas la laisser passer à la trappe. Et qui sait, la soirée pourrait être divertissante… Avec tous les phénomènes que j’avais rencontré durant mes études de gestion d’entreprise, ça ne manquerait sûrement pas de rebondissements. Entre les filles à papa, les jeunes héritiers, les fausses princesses et les chauds lapins, je ne devrais pas m’ennuyer, n’est-ce pas? En tout cas je priais pour, parce que je n’avais pas fait quatre heures de route et fermé mon établissement pour me faire chier comme un rat mort toute la nuit. Je me dirigeais vers le bâtiment qui nous était apparement réservé une fois m’être garé dans le parking. Rien n’avait l’air d’avoir changé. Toujours aussi classique, aussi somptueux, aussi carré. Je ne reconnaissais que peu de têtes — tous avaient bien changé — mais pas mal de monde me saluait. Ouais, je crois qu’on n’oubliait jamais vraiment les jumeaux. Et encore moins le duo Wellington. Peu importe.

En tout cas, la soirée serait portée sous le jugement. De tous, et par tous. Tout le monde se dévisagerait, se parlerait en se montrant intéressés, rirait bien faussement, complimenterait le succès et baverait sur l’échec de ceux qui étaient, il fut un temps, compagnons, voire amis. Mais on sait tous très bien qu’aucune amitié ne dure dans la superficialité… et encore moins au temps de l’université. On n’avait aucune illusion — on savait pertinemment qu’on était tous en compétition l’un contre l’autre. Et les amis que je m’étais fait ici, au final, je n’avais jamais eu de nouvelles par la suite. Comme par exemple… Ezechiel, que je voyais s’engouffrer dans la masse qui restait près de l’entrée, alors que j’étais un peu plus loin, coupe de champagne à la main qu’on m’avait bien gentiment offert. Bordel, ce qu’il avait changé. On avait été dans la même fraternité, et mieux encore : on avait partagé le même dortoir durant toutes ces années. La vache, que de souvenirs. Oui, en fin de compte, la soirée serait aussi pleine de nostalgie et les mémoires vacilleraient. Ezechiel et moi étions de très bons amis, toujours fourrés ensemble — jusque dans les conneries, dans lesquelles il m’avait malgré lui tiré. Et alors que je me perdais dans mes pensées, il apparut sous mes yeux, s’étant avancé d’un pas prestigeux, le visage bien trop froid. « Si j'avais su qu'il avait fallu me rendre à Harvard pour que l'on se recroise. » J’étais sur le point de lui répondre mais je refermis la bouche quand une fille à la tignasse de feu s’immisça entre moi et mon vieil ami. « Ah Ezechiel ! Alors comme ça, on a fait la dernière couverture de Bloomberg ? Lenzo... » La dernière couverture de… Quoi ? Ok, là j’étais perdu. Moi et les magazines, c’était pas vraiment l’amour fou. Lenzo? Qu’est-ce qu’elle voulait, on se connaissait? Putain, une de plus dont je ne me souvenais pas. Et sa salutation me paraissait bien froide et distante. En tout cas, à croire qu’ils connaissaient tous suffisamment Renji pour savoir que ce genre de truc à la con, il ne s’y pointerait jamais de la vie. Y’avait que le jumeau posé et organisé qui pouvait s’y présenter. Forcément. Renforçons les stéréotypes tiens ! « Ca faisait un bail. Tu deviens quoi ? » « Videur. » Sérieux? Il était devenu videur? J’avais pourtant du mal à y croire. Il semblait plein aux as, et il avait aujourd’hui la carrure d’un homme de pouvoir. Ou tout du moins d’un patron. Sauf qu’en attendant, les yeux avides d’Ezechiel me fixaient, me mettant franchement mal à l’aise. Il avait tellement changé, et je pouvais le voir en un seul regard. Ouais, c’est pas pour rien qu’on me répétait sans cesse que j’aurais du être psychologue. C’est à moi de parler là? Vraiment? « Euh… » Je me raclais la gorge. Bon, fais un effort, merde. Au moins, sois poli. « J’ai mes propres businesses. Je gère un restaurant assez chic qui se transforme en nightclub branché la nuit. » dis-je en hochant la tête, comme pour appuyer mes propos. Et à côté, j’avais aussi mon casino illégitime, mais ça, je me garderai bien de le crier sur tous les toits. Ça restait quand même un commerce illégal, et j’avais déjà eu une visite des flics, ça me suffisait. Bon, même si le flic en question portait une petite robe noire à tissu transparent, du rouge à lèvres couleur sang et de long cheveux ébènes, et qu’elle avait fini sur mon bureau. Peu importe, je n’étais pas là pour penser à Ava. Si j’avais quelques instants seul avec Ezechiel, et qu’il s’y préoccupait, je lui confierai pour le mini Las Vegas derrière mes murs, mais les autres, non merci. « Tu permets? » Je posais une main sur l’épaule du jeune homme, y serrant quelque peu mes doigts de façon affective avant de l’entraîner plus loin, laissant cette fille seule. Elle se trouverait bien vite d’autres cavaliers, à mon avis. « C’est qui celle-là? » lâchais-je une fois isolés. Pas de filtre entre les lèvres entre nous, à croire que les habitudes reviennent au galop. « Alors, dis-moi… T’es vraiment videur? » Regard suspect. Silence. Longues secondes. « Putain, ça fait un bail ! » ajoutais-je pour terminer dans un grand sourire sincère, comme au bon vieux temps, quand je me marrais avec mon meilleur pote.
electric bird.


Dernière édition par Lenzo J. Wellington le Mar 10 Mar - 20:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyLun 9 Mar - 21:21



Hello, old sport
Lenzo & Ezechiel


La mine déconfite de Lenzo fit aussitôt comprendre au courtier que son vieil ami n'avait visiblement pas compris la boutade. Si Ezechiel avait clamé à la nouvelle arrivante que le jeune Wellington était devenu videur – porté par une ironie pointant du doigt l'absence de nouvelles de la part de Lenzo – ce dernier ne semblait pas avoir saisi tout le cynisme de la situation. Ainsi Rosenbach le toisa avec des yeux ronds, quoique un sourire aux lèvres aussi moqueur que amusé. A l'époque de Harvard, il l'aurait sans doute chambré longuement, tape fraternelle sur l'épaule et éclat de rire en coin de lippe. Mais parce que les deux jeunes hommes avaient vu leurs routes s'éloigner et leurs personnalités différentes bâtir des aspirations aux antipodes, Ezechiel préféra ne piper mot. Ce ne fut que lorsque Lenzo l'entraîna ailleurs qu'il se permit enfin de lâcher prise. « C’est qui celle-là? » « Jessy Blakeberry. Elle faisait partie de la sororité des Delta Gamma. » Regard biaisé vers la concernée qui même au loin attirait le regard par sa tignasse rougeoyante, ses longues jambes perchées sur de hauts talons, et son attitude exaspérante d'hystérique ultra-catholique. « Elle s'est mariée à un présentateur météo, a pondu deux mômes, et passe ses journées à brosser son chihuahua et sucer son voisin. A moins que ça ne soit l'inverse. » Et Ezechiel de porter à ses lèvres cruelles la coupe de champagne attrapée à la va-vite sur le plateau un serveur passant par là, pas peu fier de sa raillerie implacable quoique véridique. « Alors, dis-moi… T’es vraiment videur? »  Ainsi Lenzo ne plaisantait pas. Il crut vraiment bon de croire que Ezechiel avait bel et bien parlé de lui-même lorsqu'il eut lancé la boutade à ladite Jessy. Et au regard suspect de son vis-à-vis, le courtier l'interpella alors : « Tu es sûr que tu es bien diplômé de Harvard, ou est-ce que tu as gagné ton titre à la loterie ? » Une raillerie amicale bien sûr, sous couvert d'une voix bon enfant malgré le sarcasme patenté de Ezechiel, lequel lui collait encore et toujours à la peau malgré les années écoulées. « Je parlais de toi, Einstein. Bloomberg est un magasine spécialisé dans la finance, pas dans les clubs select et les catins qui y traînent. Ca existe déjà, et ça s'appelle Playboy.  » Regard de connivence tandis que se renouait doucement la complicité d'antan. Comme si Harvard ne demeurait pas si loin, que leurs aventures estudiantines remontaient à la veille. Qu'il était plaisant de redevenir étudiant, ne serait-ce que pour quelques heures. De revenir à leurs frasques d'autrefois et de se gargariser de cette insolence rebelle qui le caractérisait tant autrefois. Depuis qu'il était devenu courtier, et en dépit de ses attitudes parfois infantiles et irresponsables, Ezechiel se sentait oppressé par le travail, les apparences, l'argent hantant ses jours et ses nuits. « Putain, ça fait un bail ! »  « C'est vrai. » Et le jeune homme de lui sourire, d'un sourire vrai et sincère. Pas de ces rictus mordants qu'il employait au quotidien, dès lors qu'il endossait son costume Hugo Boss. « Alors comme ça, il se trouve que tu gères un nightclub et que tu ne m'y invites même pas ? » Il s'agissait bien plus d'une pique amicale que d'une réelle remontrance. Après tout, si les deux amis s'étaient perdus de vue, le seul grief ne revenait pas qu'à Lenzo : Ezechiel devait admettre avoir sa part de responsabilité, lui qui ne semblait avoir le temps de rien. Dévorer et surplomber le monde était harassant, et certainement pas faisable en se mettant aux trente-cinq heures.

Puis, à peine ses palabres glissés sur ses lèves humectées au champagne, voilà que le courtier embrassa la salle du regard. De nombreux anciens étudiants étaient venus en couple, exhibant à leurs bras et comme un trophée, leurs compagnons de vie qui se devaient d'être impeccables. Un pied de nez, comme une revanche sur le monde. « Curieux. » Il feignit de chercher encore, avant de reposer son regard mordoré sur Lenzo. « Je ne vois pas de Madame Wellington. J'aurais mis ma main à couper qu'à cet âge, tu aurais déjà une femme, un bambin et un labrador. Tu étais le plus censé de tous. » Une affection particulière dans ces propos, quand Ezechiel se remémorait un Lenzo posé et attachant. Ce genre de garçon ayant besoin de sentiments pour s'approprier le corps d'une femme. Ce même genre de quidam qu'était Ezechiel autrefois. A croire que le temps n'agit guère de la même façon sur tout et tout le monde.

electric bird.
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyMar 10 Mar - 21:15


from yesterday
Ezechiel et Lenzo
J’entraînais bien vite Ezechiel ailleurs, pour qu’on puisse parler tranquillement et se retrouver sans être dérangés toutes les cinq secondes par des connaissances dont je ne me souvenais même plus. Je n’avais pas changé d’avis, ça m’emmerdait toujours autant d’être ici, mais au moins, j’avais revu Ezechiel après ces années de vies séparées. « Jessy Blakeberry. Elle faisait partie de la sororité des Delta Gamma. » Ah. Ouais. Non, en fait. Je secouais la tête pour lui confirmer que je ne m’en souvenais pas. Ça m’avait toujours chamboulé, ce truc de fraternités, sororités. Je n’en avais jamais vraiment compris l’intérêt, mais j’étais content d’avoir fait partie d’une, puisque ça m’avait permis de rencontrer ce vieil ami qui se trouvait là devant moi. « Elle s'est mariée à un présentateur météo, a pondu deux mômes, et passe ses journées à brosser son chihuahua et sucer son voisin. A moins que ça ne soit l'inverse. » Comment il en savait autant? « T’aimes toujours autant les gossips et cracher sur le dos des gens, à ce que je vois. » Rien de méchant dans mon expression, ça m’amusait bien quand il le faisait. « De toute façon, elles paraissent toutes comme ça ici. » ajoutais-je en balayant la salle du regard. Elles paraissaient toutes potiches, pleines de fric, à vivre dans un palace, et à tromper leur fidèle mari. « Et dire que tout ça… » J’englobais la foule d’un geste de la main. « …est diplômé d’Harvard. » En parlant de ça, il était vraiment videur? Parce que c’était sa réponse à la question de Jessy — question que je ne savais toujours pas si elle m’avait été destinée ou si elle avait été destinée à Ezechiel. « Tu es sûr que tu es bien diplômé de Harvard, ou est-ce que tu as gagné ton titre à la loterie ? » Oh, alors c’était une blague? « Crois-moi, quand c’est l’heure de faire mes comptes, j’me le demande, s’ils ne m’ont offert mon diplôme au tirage au sort. » Ouais, parce que c’était une chose qui me prenait toujours trois plombes, et avec laquelle je galérais pas mal. « Je parlais de toi, Einstein. Bloomberg est un magasine spécialisé dans la finance, pas dans les clubs select et les catins qui y traînent. Ca existe déjà, et ça s'appelle Playboy. » Je roulais quelque peu des yeux. « Parce que t’as pas la carrure pour faire la couverture de Playboy, peut-être? » Ez avait toujours été réputé pour faire tourner les têtes des demoiselles. Alors, ça ne m’aurait pas étonné s’il m’avait dit être mannequin. Mais c’est clair qu’il avait plutôt la tête d’un patron sévère, et non pas d’un gars superficiel qui s’amuse à jouer les modèles photo toute la journée. Silence quelques instants et mes émotions refirent surface. Le naturel revient au galop, comme dit la vieille maxime. Il confirmait, ni plus ni moins, mes mots enthousiastes. Mais son sourire sincère compensait son manque de paroles. « Alors comme ça, il se trouve que tu gères un nightclub et que tu ne m'y invites même pas ? » Je lâchais un petit rire, légèrement amusé par son pseudo-reproche, comme s’il était vexé. « Quoi, parce que tu voudrais un carton d’invitation formel peut-être? T’as qu’à venir, on est ouvert toutes les nuits à partir d’une heure et demie. Dans Brooklyn, la porte à côté du MiHo. Tu dois connaître. C’est le club de Renji. Mais bon, il t’intéressera sûrement plus que le mien, considérant que des danseuses en petite tenue tournoient autour d’une barre en fer toute la nuit pour le plaisir des yeux des messieurs… » Et ça, je savais que c’était un peu plus son style. « Mais si t’y vas un de ces quatre, passe me voir. » Ouais, je ne lui laissais pas le choix. Ça m’avait manqué de le voir, ces derniers mois. Je trempais mes lèvres dans mon verre de champagne, qui lui-même sentait le luxe. Il brassait la foule du regard une nouvelle fois, paraissant chercher quelqu’un. « Curieux. » Qu’est-ce qui était donc si singulier? « Je ne vois pas de Madame Wellington. J'aurais mis ma main à couper qu'à cet âge, tu aurais déjà une femme, un bambin et un labrador. Tu étais le plus censé de tous. » Rire franc qui sortait de mes lèvres. Nouvelle gorgée de champagne. Qu’est-ce que j’étais censé lui dire moi? « Crois-moi, je pensais aussi que du haut de mes 27 ans je serais casé, avec ma femme, ma grande maison avec jardin, mes gosses, et mon chat. » Parce que, pas de chien avec moi. Mais ce n’était qu’un détail. « Mais non, tu as raison. Pas de Madame Wellington. Toujours pas. Je commencerai presque à désespérer. » Pointe d’ironie dans l’achèvement de ma phrase. J’étais le plus censé de tous. Alors tout le monde me voyait vraiment comme ça? « J’dois être trop censé pour les demoiselles, justement. » J’haussais quelque peu les épaules. A vrai dire, je ne comprenais pas les femmes, et je crois que ce jour là n’était pas près d’arriver. « Et toi alors? Pas de Madame Rosenbach non plus? Ni une qui le serait destinée? » Oui, en gros, est-ce qu’il était avec quelqu’un ou non en ce moment. Puis, je lâchais la question qui me brûlait les lèvres depuis le début. « Qu’est-ce qu’on fout ici, en fait? » Moi je n’en savais rien — mon fichu bon-sens encore une fois sûrement. Mais lui, alors? Avait-il une raison? Était-il vraiment content d’être là ce soir?
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptySam 14 Mar - 12:58



Hello, old sport
Lenzo & Ezechiel


Une lueur malicieuse éclata dans la pupille brune du courtier lorsque Lenzo s'emporta dans l'esquisse du MiHo. Antre qui n'était pas sien mais qu'il aima fréquenter quelques fois – et ces derniers temps, plus qu'à l'accoutumée. La faute à une danseuse hantant son corps et son esprit – , lieu de débauche glamour particulièrement prisé de la haute sphère masculine et vénale des alentours. Ce que ces danseuses dénudées offraient à voir n'était autre qu'une sensualité chic, lovée pour certaines tout contre le giron de la fausse candeur : souvent les spectacles raffinés débouchaient sur quelques tête-à-tête salaces, en échange de grandes liasses de billets verts. Ainsi Ezechiel se contenta d'arquer les sourcils, haussant les épaules avec désinvolture dès lors que son vis-à-vis lui fit remarquer qu'il se devait de bien connaître l'endroit. Et en effet, dès lors que le courtier passait devant le MiHo, il n'y avait guère plus de devantures attirant son œil fauve : c'est ainsi que l'établissement de Lenzo lui parut invisible et méconnu. Une erreur qu'il s'emploiera toutefois à gommer : « Bien sûr, que je passerai te voir. » Hochement de tête de connivence, sincérité en bord de lippe. Il rajouta néanmoins, pour la touche sarcastique : « Il faut juste que je me trouve un créneau dans mon agenda. » Cette boutade, il l'eut trouvée plaisante sur l'instant. Mais elle révélait néanmoins la vie saturée du courtier, lequel ne laissait finalement que peu de place aux distractions afin de tuer son temps au travail acharné. Et dès lors que Ezechiel se laissait aller aux festivités, ces dernières étaient – à l'instar de son emploi harassant – gargantuesques et extravagantes. Le jeune homme ne savait guère plus se contenter d'un petit rien, avide de se repaître de tout ce qui put être démesuré afin de ressentir un semblant d'adrénaline. Au final retrouver Lenzo insufflait en lui comme une brise apaisante de par la simplicité de leurs retrouvailles et de l'instant. L'homme qu'il avait face à lui n'avait finalement pas changé : toujours aussi posé et réfléchi. Ce qui, fatalement, engagea l'étonnement de Ezechiel lorsqu'il ne vit ni épouse à son bras ni anneau à sa main. Tandis que lui, le loup le plus vorace de Wall Street, épinglait déjà à son histoire un mariage, un divorce, et un poupon d'un an à peine qu'il s'évertuait à voir une fois tous les quinze jours (ce qui ne fut jamais assez pour le papa attendri qu'il était) « Mais non, tu as raison. Pas de Madame Wellington. Toujours pas. Je commencerai presque à désespérer. » « Hmm. » Ezechiel eut une moue compatissante. Pinça ses lèvres sous le joug de la réflexion et, usant encore et toujours de sarcasme, se lança à nouveau dans une boutade grinçante : « T'as essayé le site de 'rencontre' Sugar Daddy ? » Bien sûr que la plaisanterie fut de mauvais goût, autant que Ezechiel ne lançait pas cet question rhétorique avec sérieux. Lui-même trouvait le principe aussi désuet que malsain – ironie, lorsque l'on savait que l'une de ses anciennes amantes n'avait que dix-sept ans à peine – et interprétait ce site de rencontres pour hommes riches comme la quintessence de la prostitution lésée. En un sens, tout perdait de sa saveur dans cette toile virtuelle mettant en relation de riches hommes d'affaires avec des étudiantes en recherche d'argent facile. « Je déconne, bien sûr. » ajouta-t-il simplement, pour s'assurer au moins que la recommandation fut factice et bien sur le ton de la plaisanterie. « J’dois être trop censé pour les demoiselles, justement. » Le courtier ne pipa mot. Se demanda soudain si Lenzo souffrait de son image pourtant positive, à s'imaginer en outre de ne pas être assez bien pour les donzelles. Alors même qu'Ezechiel était perçu comme son antithèse et s'engonçait dans de mêmes problématiques : s'il attirait le beau sexe, ce dernier était toujours vorace de bijoux, billets verts, sacs Marc Jacobs et autres inepties vénales du genre. Un mal qu'il eut pourtant toujours construit autour de lui et malgré lui : l'argent appelle l'argent. Ce n'est pas un hasard si les plus riches méprisent la pauvreté comme ils craignent et perçoivent le prolétariat telle une maladie contagieuse. C'est qu'ils préfèrent attraper la syphilis que le paupérisme. Aucun vaccin comme remède. Frissons et sueurs froides garantis pour les capitalistes de la très haute.

« Et toi alors? » Ezechiel sortit de sa léthargie monotone comme il coula à nouveau l'or de son regard sur son ancien comparse de chambrée. « Pas de Madame Rosenbach non plus? Ni une qui le serait destinée? » « Non. » Il avait répondu d'emblée, comme si cette simple négation brûlait sa langue. Réponse automatique, non calculée, presque naturelle. Et sous le joug de sa lucidité, se reprit aussitôt : « Enfin si, peut-être. Je n'en sais rien en fait. J'ai rencontré quelqu'un, en effet. » Son regard fauve se voila d'une langueur rêveuse jusque là inusitée, polissant les contours durs de sa cornée afin de la rendre plus douce. Il pensa à Jénova, à leur histoire naissante – deux jours à peine, et elle hantait déjà ses pensées – à cet avenir qu'il entrevoyait comme flou et incertain. « Une jolie blonde avec une propension à l'exhibitionnisme et maniant la barre de fer comme personne. » Rictus amusé en bord de lippe. Voilà comment il put décrire à demi-mots le travail de sa danseuse de striptease sans jamais cependant employer les bons mots. Et sans pour autant glorifier le pseudo tabou de leur relation, Ezechiel se doutait bien que jamais personne ne prendrait au sérieux l'histoire foudroyante et passionnelle d'un homme riche et d'une fille de la nuit. « Qu’est-ce qu’on fout ici, en fait? » « On te cherche une Madame Wellington. » souffla-t-il amusé comme il embrassa la pièce de son regard de feu. « Elle. Qu'est-ce que t'en penses ? » Il pointa dès lors du doigt une brunette pimpante, guindée dans une robe moulante d'un bleu électrique et perchée sur de hauts talons. « Fine et bien foutue. Videuse, à tous les coups. » Rire complice en bord de lèvre comme il s'employa à taquiner Lenzo.

electric bird.
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyDim 15 Mar - 17:03


from yesterday
Ezechiel et Lenzo
« Bien sûr, que je passerai te voir. Il faut juste que je me trouve un créneau dans mon agenda. » Après un sourire sincèrement satisfait, je roulais des yeux à sa dernière remarque. « Si t’as le temps pour venir à ce genre de réunions qui ne servent à rien d’autre qu’à la pratique du lancer de couteaux dans le dos, tu as certainement le temps de passer me voir, même dix minutes pour dire bonjour. Ça m’a manqué de te voir Ez, sérieusement. » Oui, sérieux, je l’étais. On était très différents lui et moi — déjà au temps d’Harvard et encore plus maintenant j’avais l’impression — mais ça n’empêche qu’il avait compté énormément pour moi et le voir ce soir me prouvait que c’était toujours le cas, finalement. Malgré toutes ces années, je n’avais pas perdu cette pointe d’adrénaline qui me titillait les entrailles quand j’étais à ses côtés, à dévier du droit chemin, à critiquer tout et n’importe quoi, à faire tout et n’importe quoi, sans forcément me soucier des conséquences. J’étais un autre Lenzo en sa présence, un Lenzo moins soucieux de bien faire, moins sérieux. Je ne savais pas si ça me plaisait, en soi, mais sur le moment, ça faisait du bien de relâcher la pression et de se défaire de son côté réfléchi et rationnel. Cette personnalité qui avait assuré à tout le monde que une fois que j’aurais une situation professionnelle stable, je trouverais la femme de ma vie, me marierais, aurais de beaux petits mini-moi, un monospace et un animal de compagnie que je dresserais et récompenserais d’une friandise à chaque fois qu’il m’obéirait. Oh, sans oublier le beau jardin bien vert derrière la grande maison. La vie de famille parfaite. Sauf que, comme Ezechiel le remarquait bien vite, aucune femme n’était à mon bras. Ce que je confirmais. « Hmm. » fit-il, une légère moue compatissante au visage. Ses lèvres se pinçaient, avant qu’un fin sourire malin les étiraient. Je sentais une nouvelle pique arriver. « T'as essayé le site de 'rencontre' Sugar Daddy ? » Sourire en coin de ma part, amusé à cette suggestion. « Je crois que je me contenterai d’attendre dans la vraie vie, si tu permets… A moins que tu aies testé et que tu peux me faire l’éloge de ce site? Ça ne m’étonnerait pas de toi tiens, qui est toujours ouvert aux nouvelles expériences. » Ironie, puisque je savais qu’Ezechiel ne se laisserait pas embobiner de la sorte par des minettes en quête de billets verts. « Je déconne, bien sûr. » Hochement de tête simple pour lui montrer que je l’avais bien compris, pour enfin supposer à voix haute que ce qui devait déranger justement les femmes chez moi, c’était mon côté réfléchi. Peu importe, je lui retournais la question sentimentale. Non, répondit-il un peu trop sèchement, ce qui m’amena à me poser quelques questions. « Enfin si, peut-être. Je n'en sais rien en fait. J'ai rencontré quelqu'un, en effet. » Je croyais entendre parler ma conscience à mon propos, pour le coup. Mais il attisa ma curiosité, et je gardais le silence comme pour l’inciter à en dire davantage. Regard perdu dans ses pensées, probablement en train de picturer sa belle. « Une jolie blonde avec une propension à l'exhibitionnisme et maniant la barre de fer comme personne. » Une strip-teaseuse? Silence de ma part, m’accordant quelques instants de réflexion. Striptease, MiHo, jolie blonde talentueuse… Oh mais… « Jénova? » lâchais-je alors, comme une bombe à retardement. Les pièces du puzzles s’étaient rapidement mises en place dans ma tête, et je pouvais me tromper mais ça me paraissait finalement logique. Sinon, autre chose me venait à l’esprit… Pourquoi on était là, en réalité? Cette soirée n’allait clairement pas servir à quelque chose. Et pourtant… « On te cherche une Madame Wellington. » me souffla-t-il dans un sourire amusé et satisfait de son plan. Aussitôt il plongea de nouveau son regard dans la foule, scannant ces dames trop superficielles. « Elle. Qu'est-ce que t'en penses ? » désigna-t-il, une grande élancée aux cheveux ébènes, drapée d’une robe d’un bleu claquant en hauts talons. « Fine et bien foutue. Videuse, à tous les coups. » Je lui lançais un regard qui en disait long sur sa dernière référence, avant de détourner le regard de cette femme. « J’sais pas s’il y a une quelconque Madame Wellington pour l’instant, mais moi aussi j’ai rencontré quelqu’un. » Si je pouvais parler d’Ava à quelqu’un, c’était bien lui, non? Assez enclin à l’illégalité et à la débauche, sans pour autant avoir le lien de sang que je partageais avec mon frère pour paniquer… « Mais c’est compliqué. » Est-ce qu’il voulait entendre l’histoire ou non, après, cela serait son choix. En tout cas, je n’allais pas le forcer à jouer le pseudo-psychologue. D’ailleurs, je ne savais même pas ce que je devrais lui dire sur ma belle brune, puisque moi-même je ne savais pas vraiment ce qu’il en était… Je n’en avais jamais parlé, à personne, et pourtant, Ezechiel me paraissait être la meilleure personne à qui confier ma folie.
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyMer 18 Mar - 17:55



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Lenzo & Ezechiel


« Jénova? » La logique imparable de Lenzo laissa Ezechiel dubitatif. Certes l'on pouvait qualifier le monde d'assez petit pour que chaque relation puisse être reliée à une autre, mais le courtier avait pour cette fois usé d'une langue aussi incisive que métaphorique lorsqu'il s'agit d'évoquer la belle stripteaseuse... et voilà que son vis-à-vis comprenait d'emblée l'identité de la mystérieuse inconnue. Visiblement avec son ancien comparse de chambrée, c'était quitte ou double : il ne se connectait guère à l'humour du courtier mais se saisissait rapidement de ce qu'il désirait garder intime. « Comment tu la connais ? » Ezechiel avait étrangement recouvré une froideur patentée ; son front blanc se barrait d'une ride éphémère lorsqu'il fronça involontairement les sourcils, pupilles pugnaces lorgnant sur Lenzo. Car le jeune homme doutait que sieur Wellington se hasardait dans les bordels, aussi cossus étaient-ils, à se lier d'amitiés avec les danseuses aux seins nus et aux déhanchés explicites. Une amie peut-être, une conquête éventuellement. Etrangement, cette dernière idée le secoua d'un peu de courroux et de jalousie qu'il noya allègrement dans son verre de champagne. Le visage ainsi lissé par le marbre de son flegme soudain, pourtant bien vite déridé par la légèreté de son ami : ce dernier en effet prolongea les aveux légués par Ezechiel, en évoquant lui aussi la fugacité d'une rencontre. « J’sais pas s’il y a une quelconque Madame Wellington pour l’instant, mais moi aussi j’ai rencontré quelqu’un. » « Alors, tu vois que tu n'as pas à désespérer. » Le brun ténébreux haussa les épaules avec la force de l'insouciance. Lui, ne s'était jamais vraiment préoccupé d'une vie de famille bien rangée ; quand bien même il fut autrefois marié, l'attrait malsain pour l'argent l'avait mis en déroute. Ezechiel ne s'était pas assagi depuis lors, préférant vivre une vie de célibataire endurci (ou de compagnon factice lorsque, bâtissant une idylle avec une demoiselle, il mimait une fausse fidélité tout en côtoyant les filles faciles) qu'il sentait pourtant glisser entre ses doigts. Les affres de la passion avaient ces derniers temps perturbé son existence, affres qu'il accueillait par ailleurs avec une délectation inusitée. Lenzo quant à lui semblait chercher quelque chose de plus stable et de moins hasardeux ; du moins était-ce là ce que Rosenbach put comprendre lorsqu'il saisit dans les soupirs de son camarade une lassitude à peine dissimulée. « Mais c’est compliqué. »

Haussement d'épaules à nouveau. Ezechiel n'était pas de ceux à qui l'on confie les affaires amoureuses, à moins de s'enquérir de son cynisme légendaire. Non pas qu'il n'eut ni le cœur ni les émois pour ce faire – encore que – mais sa patience s'érodait dès lors qu'on lui parlait romantisme. Il n'appréciait ni les grands amoureux transis ne jurant que par Shakespeare, ni les poètes maudits (et grandement perturbés, au passage). Sans doute parce que le courtier n'aima que dans la douleur, les obstacles et la véhémence. S'enhardissait d'une violence absolue dans ses sentiments, ne comprenait pas ces hommes romantiques qui, toujours une fleur à la main et des chocolats dans l'autre, parvenaient à clamer des vers poétiques à leurs belles. Les seuls poèmes qui purent plaire au courtier, n'étaient autres que les complaintes d'Apollinaire sur quelques rimes érotiques. Le reste n'était que foutaises. « Tant mieux. » Il humecta sa lippe, pointa son regard sur les invités qu'il jugea à peine dignes de sa curiosité, puis coula de nouveau l'or de son regard sur Lenzo. « On s'emmerde, dès que c'est trop facile. Un peu comme maintenant.» Brève oeillade méprisante alentour. « C'est se laisser entuber par la routine et finir par aller voir ailleurs. Enfin... » Ezechiel fronça un instant les sourcils, conscient que ses dernières palabres n'étaient guère très légitimes : après tout et jusque là, le courtier n'avait pas eu à se laisser porter par l'ennui pour mieux tromper sa dulcinée. Mais ces démons semblaient depuis quelque temps déjà endormis voire vaincus par autre chose que la raison. La passion, peut-être.

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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyMer 18 Mar - 20:28


from yesterday
Ezechiel et Lenzo
Son air parut étonné, bien qu’il essaya de le cacher du mieux qu’il pouvait. Mais ce qui ne mentait jamais chez Ezechiel, c’était bien ses yeux. Et dès que j’eus prononcé le prénom de sa belle, la lueur de ses pupilles changea du tout au tout, et le ton de sa voix se faisait froid et ferme. « Comment tu la connais ? » Alors c’était bien elle… Si on m’avait dit que J finirait avec Ez, je crois que jamais je n’y aurais cru. « Elle a joué les escorts un soir, elle est venue avec son client dans mon night club et ce dernier se montrait un peu trop entreprenant, du coup dès qu’elle m’a vu, elle a sauté sur l’occasion pour prendre refuge dans mon bureau jusqu’à ce que ce vieillard se trouve une autre poulette et s’en aille. Rien de plus. Oh, et je l’ai croisée au vernissage d’Astaria. » Haussement d’épaules indifférent. « Astaria c’est comme sa soeur je crois. Et elle, je la connais parce qu’elle entretient une relation bizarre avec Renji. J’le suspecte d’avoir des sentiments, t’y crois ça? Bien qu’il ne l’avouera pas, mais comme tu sais, un frère ça sait tout. » Oui, parce que déjà du temps d’Harvard, tout le monde savait que Renji draguait et couchait un seul soir avant de jeter. Qu’il puisse s’éprendre de quelqu’un paraissait être un fait impossible. M’enfin, Ezechiel devait bien vite se rendre compte que Jénova ne m’intéressait en rien, vu comment j’avais vite passé le sujet pour enchaîner sur Astaria, puis sur Renji, d’un air totalement imperturbable.

Sauf que quand il se mit en quête d’une future Madame Wellington, je finis par l’arrêter pour lui avouer qu’il n’était pas le seul à avoir rencontré quelqu’un. « Alors, tu vois que tu n'as pas à désespérer. » me lança-t-il pour simple réponse, dans un haussement d’épaules que je notais indifférent. Mais c’était compliqué, lui précisais-je. Alors que moi, normalement, je ne faisais pas dans le compliqué. Il haussait à nouveau les épaules. Mh… Est-ce qu’il s’en fichait? Les potins ne l’intéressaient donc plus? Il devait forcément avoir des choses bien plus importantes que ça à faire, mais pas ce soir en l’occurence, pas dans cette réunion qui en fait ne paraissait même pas être une réunion. Aucun accueil du chef d’établissement, aucune formalité. Ezechiel ne voulait rien entendre d’amour. Mais justement, mon histoire n’en comprenait pas. N’est-ce pas? Non, c’était que du physique, du corps-à-corps enflammé qui ne durerait pas. « Tant mieux. » Regard absent vers la foule avant de le reposer sur moi. « On s'emmerde, dès que c'est trop facile. Un peu comme maintenant. » Regard panoramique fermé. « C'est se laisser entuber par la routine et finir par aller voir ailleurs. Enfin... » Je le regardais, la tête légèrement penchée sur le côté, comme si j’essayais de peser le pour et le contre de ses paroles avant d’y contester quoi que ce soit. « C’est une histoire digne d’un Ezechiel, et non d’un Lenzo. Je t’assure. » Ou du moins, pas d’un Ezechiel responsable, qui ne se mettrait en danger pour rien au monde. Mais sûrement pas d’un Lenzo, en tout cas. L’heure de la confession avait sonné. « Quand on a ouvert nos entreprises avec Renji, il a voulu continuer d’exercer son influence sur moi. Et tu connais ma capacité à lui dire non… » Soit, 0%. « Enfin bref, le fait est que maintenant je suis à la tête d’un casino qui ne possède pas même un seul petit pour-cent de légalité. » Ouais, en gros, ironie pour dire qu’il était totalement illégitime. « Et cette femme dont je te parle, et avec qui j’ai couché — et note, sans aucun sentiment — eh bien, elle est flic. » J’entendais ma conscience m’applaudir une nouvelle fois de façon moqueuse. « Ceci dit, j’ai un accord écrit qui consent à l’immunité de Renji et la mienne envers la loi. Mais… Voilà, c’est compliqué. » Compliqué au niveau du côté flic, et compliqué au niveau du fait que je n’avais eu absolument aucun problème à me donner à cette Ava, alors que normalement, je n’ouvre la braguette que s’il y a un minimum de sentiments…
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyDim 22 Mar - 14:52



Hello, old sport
Lenzo & Ezechiel


Escorts, vernissage, Renji, Astaria... autant d'informations multiples débitées de sa bouche volubile, sans que Ezechiel ne parvienne vraiment à tout remettre en ordre. Probablement parce que le courtier n'avait pas daigné écouté toute la tirade de son vis-à-vis, resté buté à l'image de sa danseuse  aux bras d'un capitaliste bedonnant (avouons tout de même qu'ils demeuraient nombreux dans ce cas. A croire qu'une silhouette ventripotente s'accordait à l'opulence), trouvant l'idée aussi déroutante qu'écoeurante. Et pourtant le brun ténébreux n'était pas un non-initié de ces pratiques primitives, lesquelles louaient la 'beauté' du geste salvateur de ces nantis ; eux, tendaient une liasse de billets verts en échange d'un vagin. Pourvu que le packaging soit engageant, et tant pis si la donzelle n'avait aucun esprit. Ezechiel vint mordre sa lèvre de contrariété, regard absent, coupe de champagne très vite vidée par son déplaisir. Et pourtant... Il n'entrevoyait pas en toucher deux mots à Jénova, savait pertinemment qu'elle préférait danser sur les engeances de la nuit, à offrir son corps sur des lits de fantasme. Le courtier ne désirait pas la changer, l'avait acceptée – du moins, l'avait désirée en premier lieu – ainsi, et tant que la demoiselle de ses pensées ne s'offrait pas charnellement à d'autres, Ezechiel savait aisément se contenir. Il y avait tout contre sa possessivité cette vicissitude patentée : c'est que le courtier aima à ce que d'autres hommes la regardent sans pour autant la toucher. 'C'est compliqué', aurait sans nul doute renchérit Lenzo, lequel continua de parler de son frère sans pour autant capter toute l'attention de son ancien camarade de chambrée. Il ne reçut par ailleurs qu'un hochement poli de la part de Ezechiel, preuve que son attention s'était soudain émoussée lorsque dansaient devant ses yeux des images à la limite de l'insoutenable, narguant sa lucidité et sa jalousie. Il reprit néanmoins contenance rapidement, usant d'humour grinçant et d'ironie juste. Mais Lenzo demeurait imperturbable, visiblement très soucieux de sa vie actuelle, qu'il livra d'ailleurs sans pudeur aucune. Preuve que, malgré leurs personnalités discordantes et leurs chemins séparés, un ersatz de complicité demeurait entre les deux hommes.

« C’est une histoire digne d’un Ezechiel, et non d’un Lenzo. Je t’assure. » Il amorça son discours avec une presque théâtralité qu'Ezechiel ne lui connaissait guère. Car si Lenzo lui assurait une sorte de démesure dans son histoire complexe, c'est qu'elle devait l'être, sans nul doute. Alors le courtier arqua les sourcils d'intérêt – enfin – malgré son visage de marbre cassant le rictus taquin de ses lèvres. A se remémorer leur passé à Harvard, le caractère posé de Lenzo qui excluait les idylles trop mouvementées, le premier amour de Ezechiel portant le doux nom de Sally et qui avait fini par l'assagir enfin après de nombreuses années de libertinage. Cette façon qu'avait aujourd'hui Lenzo d'être soucieux face à ce qui semblait être sa première aventure vertigineuse, à en creuser dans son front blanc une barre sourcilière soucieuse. Et de commencer à parler entreprises, investissements... légalité. Ce simple mot fit tiquer Ezechiel, lequel sentit son intérêt grandissant. L'argent nourrissait en lui un état de transe plus grand encore que les histoires d'amour (euphémisme. Le courtier s'en tenait loin, un peu trop lâche peut-être. La crainte de souffrir probablement. S'assurer qu'il vivait bien mieux seul, dans l'opulence, à rythmer sa vie de célibataire débauché... Autant de convictions qui s'ébranlaient cependant ces derniers jours, à 'cause' d'une jolie blonde). « Ceci dit, j’ai un accord écrit qui consent à l’immunité de Renji et la mienne envers la loi. Mais… Voilà, c’est compliqué. » « J'espère au moins qu'elle t'a laissé jouer avec ses menottes. » souffla-t-il pensif, quelques mots licencieux en bord de lippe mais le regard songeur. Ezechiel semblait ailleurs, absolument pas concentré sur les problèmes de cœur de Lenzo mais bien de ses affaires brumeuses. « Attends, serais-tu en train de me dire... » Il toisa les alentours et d'une main fraternelle posée sur l'épaule de Lenzo, l'entraîna là où la foule se faisait maigre. Messes basses, murmure suave à peine audible, Ezechiel avait allumé dans son regard l'éclat farouche de la cupidité. « Que ton casino est une sorte de... paradis fiscal ? » Ou blanchiment d'argent, ou trafics monétaires insoupçonnés et illégaux sous cape. Autant de théories traitant d'argent dit 'sale' mais qui pouvait rapporter beaucoup pour les concernés. Ezechiel avait ainsi murmuré sa question, oubliant de s'attarder sur la policière hantant le cœur de son ami, lui préférant le dollar frelaté.

S'il avait su, il serait passé bien plus tôt dans ce sublime casino.

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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyMar 24 Mar - 3:41


from yesterday
Ezechiel et Lenzo
Ezechiel et Jénova. Elle qui m’avait parut si pure et prude quand elle s’était réfugiée dans mon bureau l’autre soir, tant fragile… Et pourtant paraissant à la fois tout le contraire. Un paradoxe ambulant, a walking contradiction comme on l’appelle communément, me souvenais-je avoir pensé en la regardant s’amuser de son vieillard trop entreprenant après y avoir pris peur. Bien que je doutais des capacités d’Ezechiel à entretenir une vraie et durable histoire d’amour — puisque c’était loin d’être son domaine, les sentiments et tout ce beau foutoir — je savais qu’il pouvait combler Jénova et son esprit libertin, farouche, et pourtant loyal et fidèle. Ezechiel me paraissait tout aussi complexe qu’elle. Finalement, ils s’étaient peut-être bien trouvés… Mais ça n’empêchait pas mon étonnement. Je le voyais donc distrait, probablement en train de penser à elle. Je ne le blâmais pas, après tout, ça m’arrivait assez souvent avec Ava également… Je comprenais à quel point on pouvait se laisser aller dans les méandres de ses pensées quand une femme en était en jeu. Histoire que je lui contais bien ainsi, sans aucune gêne, à croire qu’on ne s’était jamais perdu de vue et que notre dernière rencontre remontait à hier, dans notre chambre commune d’Harvard. La complicité que j’avais eu l’habitude de partager avec lui était revenue tout naturellement, à ma plus grande surprise. Je lui expliquais tout de ma première rencontre compliquée avec cette jeune flic qui avait finie charnelle et passionnée, et lui racontais aussi pour le casino illégitime que Renji m’avait fait ouvrir. J’avais confiance en Ezechiel, je n’avais même pas pensé que je me mettais à nu en cet instant de confession et que ça pouvait ou non me retomber dessus. Non. J’étais face à un ami, un ami qui avait été meilleur ami à une époque non très lointaine, et qui d’après moi pourrait facilement le redevenir. Ce qui voulait dire, aucun secret. Je lui confiais même donc que ce casino était le lieu stratégique du leader d’un clan mafieux important qui pratiquait ses activités douteuses dans l’enceinte de mon établissement, et qu’Ava était chargée de faire tomber ce réseau, et que j’avais donc finalement gagné mon immunité aux yeux de la loi — et celle de Renji évidemment — par un contrat reconnu qui disait fermer les yeux sur nos affaires illégales pour le peu que je les laisse utiliser mes locaux, ma salle de surveillance et tout ce qui va avec. Mais… c’est compliqué, finissais-je. Toujours ce même mot. Compliqué. Et ça me perturbait grandement, le compliqué. Je n’en avais pas l’habitude. Chez moi, tout était toujours très simple et très clair. « J'espère au moins qu'elle t'a laissé jouer avec ses menottes. » Je riais quelque peu. Rire nerveux, sûrement. Mais amusé, aussi. « Pas cette fois. Je serai peut-être plus chanceux la prochaine fois. » Du moins, s’il y en aura une prochaine… C’était loin d’être garanti. Pourtant, Ezechiel paraissait ailleurs. Certainement pas avec moi, ou du moins, il ne m’écoutait que d’une oreille. Je claquais des doigts devant son nez, comme pour le ramener dans la réalité de laquelle il semblait déconnecté. « Attends, serais-tu en train de me dire... » Dire quoi? Il jetait un regard à la foule environnante, avant de m’attirer dans un coin plus intime, à l’abri des oreilles et des regards, une main fraternelle sur l’épaule. « Que ton casino est une sorte de... paradis fiscal ? » Euh… Je réfléchissais quelques secondes, pas très certain de la réponse que je devais donner. « Pour ce gros mafieux, sûrement oui, il doit se faire un beau paquet dans mon dos. » Ça m’apprendra, à ne pas surveiller correctement mes affaires. Je regardais Ezechiel, qui paraissait plongé dans une profonde réflexion, le regard avide. « Mais… Oh, non. Ezechiel. Non. » Il m’en avait fallut du temps — faut dire que les trucs illégaux, c’était loin d’être mon domaine. « N’y pense même pas. » S’il comptait se faire de l’argent — encore plus qu’il n’en avait déjà, et j’étais sûr qu’il croulait sous les billets verts — dans mon casino, c’était aux oubliettes, directement et sans discuter. « Ava va arrêter ce type qui se fait de l’argent sale. T’y mets pas à ton tour. S’il te plait. » Voix presque implorante. « J’veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. » Remarque concernée, fraternelle, preuve que je me souciais toujours autant de lui. Par lui arriver quelque chose, je voulais notamment dire une arrestation. Si j’avais bien appris une chose de ma brune, c’était qu’elle était tenace. Et qu’elle m’avait fait une fleur en m’obtenant ce contrat, et que ça la bouffait de l’intérieur de savoir qu’elle s’était donnée à un type qui dirigeait un business illégitime. Alors elle ne ferait plus d’exception pour personne. « Tu m’entends, hein? Dis-moi que tu ne feras rien qui pourrait te nuire… » Oui, j’étais sérieux. Et inquiet. Préoccupé. « Mais attends… Toi aussi tu traînes dans des trucs pas légaux? » A croire au final que tous les diplômés d’Harvard finissaient officiellement entrepreneurs, patrons, riches et beaux, avec la vie qui semblait parfaite, mais que tous en secret s’adonnaient au péché. Les adultères pour les couples mariés, l’argent sale pour les riches qui en veulent toujours plus… Hypocrisie, encore et toujours, de la haute société.  
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MessageSujet: Re: From Yesterday ~ Lenzo From Yesterday ~ Lenzo EmptyMer 25 Mar - 12:03



Hello, old sport
Lenzo & Ezechiel


La cupidité du courtier laissa place à une moue dubitative tenaillant ses joues creuses. Barre sourcilière fermant son front blanc, œil torve coulé en biais vers Lenzo qui, contre toute attente, oeuvrait à s'épancher sur sa vie dans un flot de révélations crachés par sa langue volubile. Et plus son vis-à-vis parlait, plus Ezechiel écarquillait son regard sous l'étonnement : l'illégalité dudit casino et la faune mafieuse qu'il abritait ne demeuraient pas tant instigateurs de l'engourdissement soudain du courtier. Ce dernier ne comprenait simplement pas comment Lenzo pouvait divulguer ainsi ces choses et d'autres que l'on mettait habituellement sous le couvert d'une omerta. Soit son camarade savait ce qu'il faisait, soit il n'était qu'un grand naïf, soit la stupidité avait pris le pli de son cerveau. « Pour ce gros mafieux, sûrement oui, il doit se faire un beau paquet dans mon dos. »  « Arrête de parler. » siffla-t-il d'un timbre un peu trop sec lorsque, d'avantage soucieux de la bonne santé de Lenzo (probable que les mafiosi du coin ne digèrent que peu les commérages dont ils faisaient l'objet, et que soient ainsi pointés du doigt leurs activités illégales à haute voix. Une balle entre les deux yeux invoquait rarement un bon rétablissement...), que de la volonté d'instaurer le silence, il se faisait soudain cassant. Mais le jeune homme continua sa diatribe malgré le regard assassin d'Ezechiel, lequel soupira d'exaspération. « Ava va arrêter ce type qui se fait de l’argent sale. T’y mets pas à ton tour. S’il te plait. » Le courtier leva un sourcil, toujours stupéfait d'entendre la loquacité d'une lippe dégoisant encore et toujours d'autres vérités : ainsi la demoiselle aux menottes était en lien étroit avec la tête pensante de cette activité mafieuse. « Franchement, heureusement que tu n'as pas fait le Vietnam. » pesta-t-il à nouveau lorsque, croisant derechef les bras dans une posture intimidante, Ezechiel jugeait Lenzo par son inaptitude à se taire. Cette sévérité patentée n'était que le reflet soucieux de voir un jour son camarade criblé de balle pour une bouche un peu trop bavarde. Si Lenzo parlait ainsi de ce qui ne devait pas être révélé, à un comparse qu'il retrouvait à peine, alors la torture dut bien être optionnelle pour lui faire cracher le morceau. N'importe lequel. Mais néanmoins conscient de l'anxiété que nourrissait Lenzo à son égard, Ezechiel s'adoucit et vint le rassurer sur quelques points : « Mais non je te rassure, ma boîte est – contrairement à ce que des langues jalouses racontent – complètement légale. Je gagne bien assez ma vie en revendant des actions Apple à Windows. » Et l'ironie entra en jeu. Pas peu fier de son cynisme, Ezechiel décroisa les bras et vint fendre sa bouche carmin d'un rictus amusé, non sans penser aux quelques paradis fiscaux qu'il possédait ça et là. Bien sûr que ce n'était pas légal, bien sûr que tous les nantis – ou presque. Démocrates hypocrites exceptés – y contribuaient. Mais ce n'était rien comparé au système mafieux se nichant dans les entrailles du casino frauduleux. Alors il haussa les épaules et glissa un nonchalant : « Tu me prends pour qui. » dont la gouaille pseudo inexistante se fit sentir.

Puis, comme il songea qu'il était à présent temps de ramener Lenzo et sa naïveté sur Terre, Ezechiel fit mine de feuilleter son agenda invisible tandis qu'il dégoisait suavement quelques palabres : « Voyons, quand est-ce que je pourrais te rendre visite. Lundi prochain peut-être ? Ah non, impossible car Lundi.... » Ezechiel laissa tomber son jeu imaginaire comme il fustigea son vis-à-vis d'un regard noir. « ...Tu seras probablement crevé d'ici là. Enfin t'as conscience que ce que tu me balances là, on le garde généralement pour soi ? Ne serait-ce que pour faciliter le travail de la police et, oh, accessoirement, éviter que tu ne retrouves les cadavres de tes proches sur ton perron. C'est pas un jeu, Lenzo. » Et le courtier de sentir un agacement ronronner tout contre son ire montante lorsque, crispant sa mâchoire – signe qui ne trompait jamais son irritation – Ezechiel usa de son langage maternel, bien malgré lui, lorsque le courroux l'emporta. Bien plus que de s'adresser à Lenzo, ce fut bien à lui-même qu'il vint nourrir une réflexion à voix haute : « E pensa di essere in un brutto film di Tarantino. Qual è il suo problema? »  Son regard toisant à peine Lenzo quand emporté dans son agacement il comprit bien trop tard que ses inflexions furent scandées en italien. Léger raclement de gorge, il se rattrapa : « On n'est pas dans un mauvais film de Tarantino, ce ne sont pas tes criminels qui vont se faire exploser le faciès mais bien toi, si tu continues à balancer ce genre d'infos. » Il soupira, recouvra partiellement son calme comme il eut conscience de s'être emporté, face à l'angoisse de le voir criblé de balles. Mort stupide pour bavardage intempestif. « Et entre nous, tu as plus de chances de te réveiller avec une tête de cheval dans ton lit, que d'aller voir un mauvais Tarantino. » Ou comment les références au Parrain ne purent jamais être évitées en ce genre de situation.

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