Marre de rester là, à rien faire d’autre que regarder le plafond de ma chambre. Je m’énervais seule, dans cette putain de pièce aussi grande qu’une cabine téléphonique. Quelle vie de merde. Les soirs de semaines y a vraiment rien à faire, à part attendre que les heures passent. Deux heures du mat’, s’en était trop, debout ! Il fallait que je bouge, où sinon, j’aillais devenir folle. En jogging & débardeur, mes écouteurs en poche je pris la porte direction la station de métro. Il fallait que je me défoule et le décor du Bronx, non merci. Je ne voulais pas pourrir ici toute ma vie, j’avais besoin de m’évader … La drogue me permettait cela, malheureusement il n’était pas facile de s’en procurer tous les jours. Ma dernière dose remontait au matin, mais il m’en fallait toujours plus, toujours plus pour pouvoir quitter ce monde sans y passer.
Le transport en commun dans lequel j’avais posé mes fesses depuis plusieurs minutes, me mena directement à Central Park. Pour me vider la tête, quoi de mieux que de courir au beau milieu des arbres. Le dos droit, je scrutais l’entrée en installant mes écouteurs. La musique envoyée, je pris le temps de m’échauffer un peu avant de me lancer. Moi, sportive ? Il y a une époque, je l’étais, j’aimais ça, mais à l’heure actuelle, il y a bien longtemps que je n’ai pas exercé une activité sportive en dehors d’une chambre d’hôtel. J’allais savoir s’il me restait un peu de souffle. Je ne savais ce que je faillais après toutes les saloperies que j’avais ingurgité, mais j’étais là, alors j’allais le savoir. Prête, go ! Mes jambes étaient parties et elles avaient emporté la totalité de mon âme avec elles. Mes muscles chauffaient doucement, cinq minutes plus tard, je voyageais toujours à la même allure. C’était trop tôt pour confirmer quoique ce soit, mais je me sentais bien, apaisée. Je ne voyais pas les arbres autour de moi, je ne voyais pas grande chose à vrai dire. Je m’évadais totalement, contrôlant ma respiration, écoutant les battements de mon cœur accélérer dans les virages.
Trente minutes plus tard, j’étais toujours là, tenant le rythme. Les musiques déroulaient automatiquement. J’étais ailleurs … Le son était si fort que je me croyais réellement seule. Alors quand un inconnu passa à côté de moi à vive allure, mon corps fit un bon et mon cœur quitta ma poitrine. « Putain de bordel merde. » J’étais vulgaire naturellement, mais on pouvait dire que là ça venait réellement du cœur. Mes yeux me faisaient défauts, je venais de subir une frayeur dont je me souviendrais toute ma vie. Choquée, incapable de tenir debout, je posais mes fesses à terre pour reprendre mes esprits tranquillement. L’homme s’approcha de moi … il parlait, mes écouteurs encore en marche, je je m'en débarrassais pour entendre ce qu’il disait en commençant la conversation par … « Quoi ? » J’espérais qu’il avait apporté un remontant avec lui, car j’en avais bien besoin. Mais qui dans ce quartier, se promène avec de l'alcool dans les poches ?
Foutue insomnie. C'est toujours quand il faut absolument que je dorme qu'elle apparaît. Ou, devrais-je dire, réapparaît. Je me tourne dans tous les sens, je compte les moutons, j'essaie de me vider la tête : rien à faire, je n'y arrive pas, le sommeil ne viendra pas. N'étant pas de ceux qui boivent une tisane ou un chocolat chaud pour les aider à dormir, je décide de mettre un jogging et un pull avant d'enfiler mes baskets et de sortir de chez moi.
Il est deux heures du matin. Mes membres sont loin d'être fatigués et moi de même. Rien de mieux qu'un bon jogging pour me fatiguer après tout, non ? Je ferme la porte à clé et descend les escaliers. Mince. J'ai oublié mon téléphone et mes écouteurs. Je reste quelques secondes planté devant la porte du bâtiment et abandonne l'idée de retourner chercher mes affaires oubliées.
Surement par fainéantise, je pris le métro qui me déposa directement à Central Park : le meilleur endroit pour faire un jogging tout en étant tranquille. Après quelques minutes d'échauffement, je me lançai enfin. Je passai du trottinement au pas de course, sentant de plus en plus mon coeur battre et mon souffle s'adapter à la vitesse à laquelle j'étais. A l'armée, l'endurance était sacrée. On se levait aux aurores pour courir, on courrait avec le soleil qui se levait et quand il se couchait. Ça m'est resté. C'est devenu une manie. Ceci dit, je n'étais pas venu courir depuis plusieurs mois, rongé par l'envie de trouver un travail. Je m'étais étonné moi même de voir que mon endurance est restée malgré le manque de pratique et le fait de fumer.
Habituellement et surtout à cette heure-ci, il n'y a personne dans le parc à part les dealers, les drogués, les sans abris et parfois même les amoureux. Cette fois fut différente. En effet, augmentant mon pas de course à chaque fois que mon corps commençait à s'y habituer, j'ai dépassé une jeune fille. « Putain de bordel merde. » Je m'arrêtai brusquement et me retournai, choqué par tant de vulgarité. La jeune femme était sur les fesses et semblait avoir eu peur. Je m'approchai d'elle. « Tout va bien mademoiselle ? » demandai-je essoufflé par le fait de m'être arrêté aussi brusquement. Elle enleva ses écouteurs et me répondit par une autre question : « Quoi ? » Elle n'a pas du entendre à cause de sa musique. Je souriai et répétai ma question, lui tendant la main pour l'aider à se relever. « Je disais : Tout va bien mademoiselle ? »
Qui était assises comme une pauvre cruche, toute tremblante au beau milieu de Central Park ? Moi bien entendu. J’ai toujours eu le chic pour me mettre dans des situations impossibles. Pour une fois ça restait dans sobriété, mais quand même. La musique toujours à fond, je n’entendais pas ce que ce bel étranger pouvait bien me dire. Me débarrassant de mes écouteurs, je lui demandais grossièrement de répéter ce qu’il avait prononcé. L’inconnu, pratiquant le même sport que moi en cette heure tardive, me demanda si j’allais bien. J’avais eu une des plus grosses frayeurs de ma vie, je n’avais plus de quoi me faire un shoot, alors non je n’allais pas bien, mais ma fierté en avant, je fis mine de rien. « Je suis au bord de la crise cardiaque, mais à part ça, ça va. » C’était ironique bien-sûr, je n’allais pas claquer pour deux trois battements de cœurs plus rapides que les précédents. J’étais jeune et puis la peur n’a jamais fait de mal à personne … enfin je crois.
Me relevant doucement, essoufflée par le jogging et l’intervention exceptionnelle de cet homme, je regardais l’étranger avec insistance. Est-ce mal ? Je voulais simplement savoir à qui j’avais à faire. Un sportif, d’une trentaine d’année à la musculature développée. Mon esprit ne fit qu’un tour. « Entraineur particulier ou flic ? » Quoi ? Il avait le dos droit et des allures très mécaniques, ça ne pouvait être qu’un flic. Je détestais les forces de l’ordre. Ils faisaient que semer la panique et n'était même pas fichus de résoudre une enquête correctement. Sans compter qu’ils pouvaient me priver de ce que j’aimais le plus dans ce monde ; ma drogue. Alors oui, je voulais que les choses soient claires. Je ne copinerais pas avec un flic, jamais. Le fait que mon paternel faisait ce métier me dégoutait déjà assez.
« C’est une peu tard pour un faire un jogging, n’est-ce pas ? » Oui, je sais, j’étais dans la même position que cet homme. L’hôpital qui se foutait de la charité ? Non, pas du tout. Je voulais juste savoir pourquoi il était encore debout à cette heure-ci. Moi je savais ce que je faisais là. J'étais le genre d’être humain vivant comme un vampire, dormant le jour, pour vivre la nuit. Puis je tendis ma main, avec un peu de réserve tout de même. « Elisa. » Mon geste l’invitait à faire de même, ainsi je connaîtrais le nom de celui qui m’avait terrifié.
J'eus l'impression que la jeune femme hésita à ce que je l'aide à se relever. « Je suis au bord de la crise cardiaque, mais à part ça, ça va. » Je souris et pouffai gentiment. Etant moi même un adepte de l'ironisme, j'étais assez heureux voire fier de trouver une personne qui l'utilisait autant que moi, du moins à première vue. « Je suis désolé de vous avoir fait peur. » En disant cette phrase, je me rendis compte que la vouvoyer était poli mais c'était quelque peu abusé étant donné qu'elle est surement plus jeune que moi si j'en crois les trais de son visage. Oui, je sais faire ça aussi. Ça sert pas souvent mais quand on s'en sert, on est bien content.
La jeune femme se releva enfin et me regarda longuement, comme si elle m'étudiait. J'étais assez gêné mais ne disais rien. « Entraîneur particulier ou flic ? » Sa question fit sursauter mon cœur. Elle a l’œil. Je secoue la tête de gauche à droite. « Loupé. » dis-je simplement. Je ne devais pas lui en dire plus. Pourquoi le ferais-je d'ailleurs ? C'est vrai, quand on y pense, je ne suis pas chez la psychologue donc je ne raconte pas ce qui a pu se passer dans ma vie à une inconnue. Par principe.
Certes, ce que je faisais était assez proche de ce que fait la police mais, contrairement à eux, je faisais quelque chose la plupart du temps et sauvait des vies même si ça voulait dire en supprimer d'autres. Il faut bien une faille dans chaque métier, non ? Là était la mienne. Je ne supportais pas devoir supprimer ou abandonner certaines personnes pour en sauver d'autres. Sauf si c'était l'ennemi. Quand je dis "ennemi", je parle de ceux qui tenaient les armes, pas les femmes, pas les enfants. Et pourtant, j'ai du abattre une tonne d’innocents et j'ai pas supporté. C'est l'une des raisons pour laquelle j'ai déserté. Enfin, ne parlons plus du passé.
La voix de la joggeuse me sortit de mes pensées. « C’est une peu tard pour un faire un jogging, n’est-ce pas ? » J’acquiesçai sans répondre. Sans doute c'est ce qu'elle attendait mais, dans le doute, mieux vaut ne rien dire. Elle tendit sa main vers moi et se présenta. « Elisa. » dit-elle. Je regardais sa main quelques secondes puis la serra avant de regarder Elisa dans les yeux et de me présenter à mon tour. « Nash. » Je souriais, voulant apparaître accueillant. Habituellement, j'étais seul et j'y avais pris goût. Cependant, faire des rencontres, c'est toujours sympa, ou du moins, bon pour le moral.
« Loupé. » Ni flic, ni entraineur pour Barbie plastifiée au porte-monnaie bien rempli. C’était déjà ça ! Pas de réponse précise, mais qu’importe, j’avais ce que je voulais, il n’était pas flic et c’était le principal. Je n’avais pas du tout envie de finir la soirée au poste. Parano ? Peut-être bien, mais seulement parce qu’il me manquait une dose, sans ça, je me ficherais de ce qui pourrait bien arriver.
Esquivant mes questions, j'avais compris très vite que cet homme n’aimait pas parler de lui et laissait planer un mystère autour de sa personne. Ma curiosité n’en était que plus attirée. Malgré tout, je me lançais dans les présentations, avançant ma main en sa direction pour qu’il la serre. « Nash. » Le mystérieux avait donc un prénom.
Mon cœur commençait à reprendre un rythme normal et ça, c’était mauvais si je voulais continuer de courir. Je me sentais plus capable de reprendre ma course et il devait en être de même pour mon interlocuteur, auprès du quel je m’excusais une nouvelle fois. « Je suis désolée d’avoir arrêtée votre course ainsi, j’étais vraiment partie loin dans mes pensées et je n’ai plus vraiment l’habitude de courir le soir, alors … » Je ne termina pas ma phrase, espérant qu’il comprenne de lui-même, le pourquoi de ma chute.
Le sourire aux lèvres j’ajoutais « Et puis il parait que cet endroit et mal fréquenté à la nuit tombée. » C’était taquin, je n’avais pas vraiment peur de me promener seule la nuit, bien au contraire, j’ai toujours préféré l’ambiance d’un clair de lune ou la chaleur du soleil. Est-ce que je savais me défendre si jamais le pire arrivait ? Pas vraiment, disons que j’avais du répondant et que je n’avais pas peur de serrer les poings. Et puis côté fréquentation, je ne savais ce qu’il en était pour lui, mais de mon côté mon carnet d’adresse était loin d’être recommandable. Je ne l’étais pas non plus, vous vous voyez ami avec une prostituée complètement à la ramasse, préférant la drogue à la joie de vivre naturellement, au passé lugubre et l’avenir pas moins meilleur. Enfin …
« En plu ... il parait qu’il y a un grand méchant loup qui se promène dans ses bois. » Ça c’était mon côté enfant qui refaisait surface. Étant nourrice pour mon ancien dealer et gardant un grand côté gamine, il était obligatoire pour moi de faire référence à la magie des contes de fées.
Mon coeur ainsi que mon souffle reprenaient leurs rythmes normaux. Bon ou mauvais ? Je dirais mauvais. En effet, s'ils reprenaient leurs rythmes normaux, cela voudrait dire que je dois tout recommencer depuis le début pour revenir au rythme que j'avais acquis. Je lâchai la main de la joggeuse et essuyais une goutte qui ruisselait sur mon front. « Je suis désolée d’avoir arrêtée votre course ainsi, j’étais vraiment partie loin dans mes pensées et je n’ai plus vraiment l’habitude de courir le soir, alors … » Elle ne termina pas sa phrase, me laissant deviner la chute de l'histoire. Je lui souris et lui montrai la paume de ma main. « Ne vous excusez pas, c'est de ma faute. » Après tout, c'est moi qui lui ait fait peur, c'est à moi de m'excuser, non ? « Et puis il parait que cet endroit et mal fréquenté à la nuit tombée. » dit-elle sur un ton taquin. Je décidai de me prêter au jeu. « Justement, c'est ce que je me disais ! » m'exclamai-je, taquin, moi aussi. Le but était qu'elle se sente visée sans le prendre mal. Après tout, c'est un peu la définition d'être taquin non ?
« En plus... il parait qu’il y a un grand méchant loup qui se promène dans ses bois. » Je ris. La voilà retomber en en enfance. Je la regardais de haut en bas puis fis de même sur moi. « Ca tombe bien, nous ne sommes pas habillés de telle sorte à ce qu'il nous prenne pour le petit Chaperon rouge ! » dis-je en riant. Quoi ? Ça fait du bien de retomber en enfance, vous devriez essayer. Ça détend. Vraiment. Je ne suis pas retombé en enfance depuis plusieurs années, n'ayant personne avec qui j'aurais pu partagé tout ça étant donné que mon meilleur ami a disparu de la surface de la Terre.
Je mis mes mains dans mes poches et y découvrit un paquet de cigarettes, oublié là. Je le tendis à Elisa. « Vous fumez ? » Je commençai à me dire que la vouvoyer était bizarre mais je continuais à le faire, par politesse. Et puis, c'est pas comme si je la connaissais... « Je n'ai que ça à vous proposer pour me faire pardonner, navré. » ajoutai-je en grimaçant.
Des méchants, dans des rues sombres, étonnant, non ? Nash tomba dans mon jeu. J’étais heureuse de ne pas être tombée sur quelqu’un avec disons un balai dans le … Enfin bref. Il fit référence au Petit Chaperon Rouge, finalement, il m’avait l’air bien sympathique cet étranger. Arquant les sourcils, je fis signe d’être effrayée. « On ne sait jamais. En revanche, le loup, lui se déguise en n’importe qui. » Peut-être que cet homme qui me semblait fort intéressant était finalement le grand méchant loup. Qui sait, je ne sais jamais à qui j’ai affaire, avant qu’ils tombent dans mon lit. Proverbe pourri, je vous l’accordes, mais réel. Une fois un homme mise à nu, il n’a plus vraiment rien à cacher, enfin je crois …
Nash sortit un paquet de clope de ses poches. « Vous fumez ? » Un saint, voilà qui était cet homme. « Yes. » J’étais comme une enfant, devant un magasin de bonbon. « Mauvais pour ma santé, je sais. » Le tabac était bien l’addiction la plus douce qui empreignait mon corps, mais elle m’était indispensable. « Je n'ai que ça à vous proposer pour me faire pardonner, navré. » C’était déjà pas mal, enfin à mon goût. Accompagnée d’une bouteille de tequila ça aurait encore mieux, mais on n’était pas en soirée. « Ça ira très bien, merci. » Je pris gentiment la clope qui m’était offerte, puis son briquet pour l’allumer. On n’était pas pote au point que j’approche mon visage du sien pour qu’il me l’allume lui-même, même si c’était un geste que je faisais très souvent. La fumée envahissait mes poumons, comme ça faisait du bien. Le fait d’avoir fait du sports, me donnait aucun remord à me replonger dans mes vieilles habitudes, j’étais ainsi et ça n’allait pas changer.
« Alors, Nash, que fais-tu dans la vie ? Une chose est sûre tu ne fais pas partie des forces de l’ordre. » Oui, ça m’intriguait. Quel métier pouvait-il bien exercer ? Bâtit comme il était, je le voyais bien faire un métier physique, très sportif, mais peut-être que je me trompais. Ça avait eut l'air de le gêner la première fois, mais je voulais réellement savoir, tempi si ça me faisait passer pour une chieuse. J'avais fait disparaitre le vouvoient, pas que je lui manquais de respect, non, c'est que j'avais l'habitude de l'utiliser qu'avec mes clients.
« On ne sait jamais. En revanche, le loup, lui se déguise en n’importe qui. » dit-elle en faisant mine d'être effrayée. Je regardais autour de moi en prenant le même air qu'elle. « Il pourrait être n'importe où ! » Oui, je me prends vraiment au jeu. Elle doit surement me prendre pour un débile mental fusionné avec un psychopathe. Je riais avant de reprendre. « Espérons que ce loup n'est pas présent, en ce moment. » Je voyais bien que la joggeuse était méfiante, c'est pourquoi j'agis de la sorte. Je n'étais pas le genre de personne à faire du mal aux gens pour le plaisir. Je vous vois déjà venir avec l'histoire de l'armée et je répondrais que ce n'était pas pour le plaisir mais pour sauver le monde.
Elisa me prit une cigarette et l'alluma avec mon briquet avant de me le rendre. Je fis les mêmes gestes et inspirai un grand coup. La fumée imprégna mes poumons avant que ma bouche la recrache. « Mauvais pour ma santé, je sais. » Je haussais les épaules. « Il y a pire. » Je pensais évidemment à la drogue. Encore un joint de temps en temps, c'est passable mais je trouvais répugnant le fait que quelqu'un se fourre une paille dans le nez pour aspirer de la poudre ou encore le fait que quelqu'un se plante une aiguille dans les veines pour se shooter. Je n'avais jamais essayé, sauf la morphine mais ça restait dans le cadre du boulot.
« Alors, Nash, que fais-tu dans la vie ? Une chose est sûre tu ne fais pas partie des forces de l’ordre. » Voilà la question que je redoutais un minimum. Je décidai de rester calme. Pourquoi aurais-je peur après tout ? Elle n'a pas l'air de faire partie de ces gens que je fuis depuis des années. Cependant, je ne me sens pas "prêt" de parler de ça avec elle, pas tout de suite. « Actuellement je recherche du travail. Et toi ? » Elle avait fait disparaître le vouvoiement, j'ai fais de même et c'est beaucoup mieux comme ça.
C’est très rare de rencontrer quelqu’un qui n’hésite pas à retomber en enfance cinq minutes après votre rencontre. Nash était intriguant, je voulais absolument en savoir plus sur lui, quitte à devenir gênante, s’il en avait assez de m’avoir sous les yeux, il pouvait toujours me tourner le dos. La curiosité est un vilain défaut et pourtant il me consumera jusqu’au bout.
Oui, c’est vrai, il y avait pire que la cigarette, j’étais bien placée pour le savoir, mais le fait que cela soit sortie de sa bouche sans médisance de sa part était apprécié. Nombre de gens, sont là à vous faire la morale sur vos péchés, sachant pertinemment qu’ils ont autant à se reprocher que votre personne, Nash avait l’air différent à ce sujet. Mon expression à l’annonce de cette nouvelle fut surement plus précise que des mots ...
Son métier, quel était son métier ? Chieuse j’étais, chieuse je resterais, que voulez-vous, on ne se refait pas. Finalement, à ma plus grande surprise, une réponse tomba : Nash était à la recherche d’un emploi, comme beaucoup … A l’heure actuelle, il est plus dur de trouver un emploi, qu’un SDF sur le pas de votre porte. Triste époque.
Je savais que cette question allée se retourner contre moi et je l’avais quand même posé, idiote que j’étais. Mon métier ? Si on peut appeler ça un métier, s’il n’était pas flic, un peu de bonne foi n’allait pas me faire de mal, si ? « Vendeuse dans les grandes surfaces et de mon corps à mes heures perdues. » Quoi? ... c’était joliment présenté, enfin je crois. Bon d’accord, le à mes heures perdues aurait dû plutôt être, quand mon proprio’ commence à frapper violemment à la porte de ma chambre et que mon cerveau redevient complètement aéré. Quoiqu’il en soit, il ne devait pas s’attendre à ça … Trop franche ? Surement, mais tant pis, c’était comme ça et pour une fois que je ne le niais pas. Avant qu’il ne dise quoique ce soit, j’anticipais sur la futur question. « Pourquoi ? Car il y a bien pire dans ce monde que la cigarette. » Top franchise bonjour. Confidence du soir, bonsoir. Stupide la Eli' ? Oui, je l’étais, mais vous ignorez à quel point ça peut faire du bien que de partager un tel secret. Et puis, je voyais qu'il avait hésité à me répondre, j'étais ma façon à moi de me faire pardonner.
Dernière édition par Elisa Greenwald le Lun 30 Juin - 18:39, édité 1 fois
« Vendeuse dans les grandes surfaces et de mon corps à mes yeux perdues. » Sa franchise me touchait. Ce n'était pas un "boulot" facile. Je suis même pas sur qu'on puisse appeler ça un boulot. Pour certains, c'est un plaisir, pour d'autres c'est un moyen de survie. Je grimaçais et compatissais. Ça ne devait pas être facile tous les jours. Je tirais une nouvelle taffe et la recrachait. « Pourquoi ? Car il y a bien pire dans ce monde que la cigarette. » Je la regardais. « C'est vrai. D'ailleurs, si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux t'aider. » Oui, on ne se connaissait pas et alors ? J'avais envie de l'aider à s'en sortir ou du moins qu'elle en parle. Elle va surement me prendre pour un psy ou quoi ou qu'est-ce mais tant pis, au moins je lui proposais mon aide.
Pour qu'elle se mette en confiance, il faut que je me confie aussi. C'est le stricte minimum. « J'ai fais une connerie étant jeune, j'ai voulu ressembler à quelqu'un qui n'est plus là et je regrette parce que je voulais qu'il soit fier et je suis sur qu'il ne l'est pas. » dis-je en reprenant une taffe. Il se faisait tard et c'est bien connu : la nuit change les gens. De jour, je suis quelqu'un de renfermé sur mon passé mais la nuit, c'est différent. Sauf si je décide de me contrôler. Cette nuit là, j'ai décidé de me laisser aller. Il faut bien que je me confie un jour, sinon ça va me ronger de l'intérieur et me détruire mentalement et physiquement.
Je suis désolée pour le temps de réponse. J'avais des épreuves à réviser et je me suis faite agresser cette semaine donc j'avais pas vraiment le moral. Encore désolée, c'est pas très long, je vais essayer de me rattraper.
Ma franchise faisait froid dans le dos et pourtant je venais de lui dévoiler mes activités. Honte ? Non, pas vraiment … En entrant dans le milieu, je m’étais aperçue que je n’étais pas la seule, beaucoup de femme exerçaient cette profession, ça me réconfortait en quelques sortes … Il me proposa son aide, ce qui eut le don de me faire sourire, comment pouvait-il m’apporter de l’aide ? Pas sûre que j’en aie besoin en plus … Je n’aimais pas vie à en faire un roman, mais ça pourrait être pire et puis c’est moi qu’il l’avait choisi.
Puis à son tour, il se lança dans les confidences. M’avouant qu’il avait voulu ressembler à un fantôme. « Je ne sais pas de qui tu veux parler, mais je comprends. » Ce qui était vrai, puisque moi aussi, à défaut de ressembler à quelqu’un, je vivais pour la fierté de ma famille, mais sachant les moyens que j’employais, j’étais certaine qu’ils ne l’étaient pas.
« Tu sais, je connais un bon moyen pour oublier tous ses problèmes. » Le regard remplit de luxure, mordant ma lèvre inférieure, je m’amusais à le taquiner, quoique … Je voulais détendre l’ambiance en le provoquant, faire de nos drames, un amusement. Je n’aimais pas les films mélodramatiques, alors en vivre un dans la réalité, non merci. « Je plaisante. » Un clin d’œil en sa direction, je me voulais rassurante un minimum. J’avais beau passer plus de temps déshabillée que vêtue, je n’allais pas lui sauter dessus sans sa permission. Puis j'essayais d’installer un climat plus serein … « On est qui on est. Mieux vaut ne pas se prendre la tête de notre vivant. » J’étais sincère et je croyais réellement à ce que je disais.
Reprenant une taffe avant de jeter ma clope au sol pour l’écraser à l’aide de mon pied. « Par curiosité, comment comptais-tu m’aider ? » Ça m’intriguait vraiment cette histoire, le seule moyen de m’aider était de me fournir gratuitement en poudre blanche.
Elle dit me comprendre mais je doute qu'elle me comprenne vraiment. Peut-être pense-t-elle avoir vécu plus de choses que moi. Tout comme je pense avoir vécu plus de choses qu'elle. Si ça se trouve, on a vécu pratiquement la même chose, qui sait ? « Tu sais, je connais un bon moyen pour oublier tous ses problèmes. » dit-elle en se mordant la lèvre, comme pour m'attirer. Elle avait ces gestes qui semblaient habituels. Je ne répondis pas, je me contentai juste de lui sourire. « Je plaisante. » ajouta-t-elle, comme pour me rassurer. Je pouffai de rire, gentiment mais ne répondis toujours pas. Je l'observai seulement. « On est qui on est. Mieux vaut ne pas se prendre la tête de notre vivant. » Elle avait raison. Je fis un simple "mmh" pour acquiescer.
Cette phrase me plongea dans mes pensées. Je me souviens qu'étant enfant, cette phrase sortait souvent de la bouche de mon oncle. C'était sa phrase fétiche, sa devise. Je me souviens, une fois, le jour où on enterrait un proche de la famille, je lui avais dis que j'avais peur de mourir, il m'a sortit cette phrase : Mieux vaut ne pas se prendre la tête de notre vivant. J'ai mis du temps à ne pas me prendre la tête. Je suis même pas sur d'y être arrivé. Non, en fait, je n'y suis pas arrivé. Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque ! Je ne sais juste pas comment faire.
« Par curiosité, comment comptais-tu m’aider ? » Ah. Bonne question. « Je sais pas vraiment. Peut-être que j'aurais pu t'aider à arrêter la drogue, pour commencer. Que j'aurais pu et que je peux toujours ! Suffit juste un peu de volonté de ta part. » dis-je en la regardant. Je jetais ma clope aussi et l'écrasais avec mon pied. J'avais vraiment envie de l'aider. C'était pas mon boulot, je n'y étais pas obligé mais je suis comme ça, toujours à l'écoute des gens, même si je les connais à peine.
Arrêter la drogue ? Mais je n’en avais pas la moindre envie. C’était elle qui m’aidait à oublier. Elle qui me faisait tenir le coup. Elle qui me permettait d’avancer. Elle qui me maintenait en vie et ça même, si paradoxalement, elle causait aussi ma perte … Ce Nash m’étonnait beaucoup, il était plein de bonnes volontés. Je ne méritais pas autant … Je sombrais, parce que je le voulais, je m’étais habituée à mon mode de vie et je n’avais pas vraiment l’intention de le changer. Néanmoins sa proposition avait le don de piquer ma curiosité à vif ! « Comme un parrain ? » Le sourire aux lèvres, je le regardais écraser sa clope.
Si jamais je me séparais d’elle, les mauvais souvenirs et la peur referaient surface. Plus aucune famille ne veillait sur moi. Mon père ? Je le fuyais comme la peste, écœurée par ce qu’il était réellement. Sans elle, je me retrouverais seule, en manque, complètement anéantie. Qui ramasserait les morceaux, lui ? « Mais tu me connais pas. » Il ne savait rien de moi, il ignorait dans quoi il voulait s’engager. « Ma vie serait bien pire sans mes addictions. Crois-moi. » Mes mains se glissaient dans mes poches, tendit que mon regard ne l’avait pas quitté des yeux.
Il me donnait envie d’essayer et pourtant la peur me retenait. De la volonté ? Si seulement, il suffisait d’un peu de volonté, les choses seraient bien plus simples. « Le monde dans lequel je vis n’est pas le même que le tien. Il ne suffit d’un peu de volonté pour arrêter. » Mon sourire n’avait pas quitté mon visage. Puis je me penchais sur son cas, s’il faisait cela pour moi, comment lui rendre l’appareil. « Et moi, que puis-je faire en échange ? Que dois-tu arrêter ? Ou … peut-être commencer ? » Je n’avais pas donné mon accord, mais je voulais en savoir plus, plus sur cet accord qui pourrait être passé entre nous.
« Comme un parrain ? » dit-elle en souriant. Je pouvais voir ses yeux s'illuminer, comme si elle attendait que ça. Je souriais et haussais les épaules avant d’acquiescer. Pourquoi pas après tout ? Si ça pouvait l'aider. « Mais tu ne me connais pas. » ajouta-t-elle, en stoppant mon délire. Je fis craquer ma mâchoire. Pas faux. « Ma vie serait bien pire sans mes addictions. Crois-moi. » Je me rapprochais d'elle. « J'ai envie de t'aider. Je peux apprendre à te connaître. Je veux apprendre à te connaître. Peut-être que jusque là tu n'as pas réussi mais maintenant je suis là, on est deux contre tes addictions. Ca te tue à petit feu, ça serait vraiment dommage que tu parte aussi tôt, tu pense pas ? »
« Le monde dans lequel je vis n’est pas le même que le tien. Il ne suffit d’un peu de volonté pour arrêter. » Certes, je ne sais pas ce que c'est qu'être addict à la drogue. La vraie. Ma seule drogue, c'était l'armée. J'ai réussi à m'en sortir, par dégoût. Peut-être faut-il la dégoûter de ses addictions pour qu'elle lâche prise. Je la regardais. Elle souriait. Un sourire sincère. Je pense qu'elle a envie qu'on l'aide, qu'elle a besoin d'aide mais quelque chose lui fait peur. « Et moi, que puis-je faire en échange ? Que dois-tu arrêter ? Ou … peut-être commencer ? » Je haussais les sourcils et mis mes mains dans mes poches, moi aussi. « Je ne fais pas ça pour que tu m'aide à me sortir de quelque chose. Je suis comme ça de nature, c'est tout. » dis-je en la regardant sérieusement, tandis qu'elle continuait à sourire.
Partir tôt ? Dommage ? Hum, est-ce mal de vouloir rejoindre sa famille ? Elisa est perdue dans la noirceur de son histoire. Elle ne croit pu aux histoires qui finissent bien. Une fin heureuse pour une pute qui n'arrive pas à dire non à la came. Ça lui semble peu probable, tellement improbable, qu'elle se prête au jeu. « D'accord, pourquoi pas. » Elle sourit, elle le trouve amusant. Il est de bonne volonté, il ne sait pas dans quoi il s'engage. Ça peut-être dangereux pour lui. Après tout, Elisa a beaucoup plus d'ennemis que d'amis. Ce Nash peut être un allié de taille. Il est pas mal foutu, plutôt beau gosse et surtout, il a l'air d'en avoir dans la tête.
On n'a rien, sans rien. C'est bien connu. Elisa n'aime pas avoir de dettes. Elle refuse tout bonnement d'être redevable envers quelqu'un. Ami ou pas. « On a tous besoin d'un coup de main. » Elle continue de sourire. Elle ne lui demande pas vraiment son avis, elle veut juste savoir comment elle peut lui être utile. Elisa est douée pour bouger sur un homme, c'est son principale atout. « Tu as une chérie ? Je suis pas experte en matière de sentiments, mais je sais comment attirer une femme ou un homme. » Son dernier mot, a le don de la faire rire. Qui sait, peut-être a-t-il un penchant caché pour la gente masculine. « Mon ex est Chef, il m'a appris à cuisiner. Je peux te faire un gâteau ? » Ouais, elle considère ça comme un service en or. La belle ne cuisine jamais, jamais. Elle n'a pas le temps pour ça, pas l'envie et pas de cuisine adaptée. « Alors, dis-moi, comment je peux apporter de la joie dans ta vie ? »
« Tu vis où, quel quartier ? » S'ils doivent devenir amis, ils vont devoir partager quelques informations personnelles. « Pour ma part, dans le Bronx. Mon proprio' n'est pas très sympa, à vrai dire c'est un porc dégueulasse qui ne te regarde jamais dans les yeux, si tu vois ce que je veux dire. » Elle se met à rire, il est vrai qu'elle ne peut pas le sentir celui-là. Elle le trouve odieux, encore plus que certains de ses clients.
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