Il y avait des moments où je pouvais le dire : je détestais ma vie. Réellement, je la haïssais. Je ne l’avais jamais réellement aimée, mais pile au moment où les choses commençaient à aller de mon côté, cela me revenait en pleine figure. J’étais né dans une famille pauvre, on pouvait le dire. Mon père était postier et ma mère travaillait comme coiffeuse. Et autant dire qu’avec six enfants à nourrir, nous ne vivions pas dans le luxe. J’avais toujours eu envie de bien plus, de quitter Port Louis et d’enfin vivre une vie meilleure, ma vie. Et je m’étais battu pour cela. D’abord dans mes études, où j’étais premier de ma classe et avais réussi à intégrer un lycée privée grâce à mes résultats scolaire. J’avais fini major de ma promotion et avait été accepté à Yale, toujours en tant que boursier, où j’avais alors entamé mes études de journalisme. Puis à peine mes études terminées, mon père avait rendu l’âme. N’ayant jamais été proche de lui, je n’avais pas été tant touché que cela, il fallait bien l’avouer, et aurais donc très bien pu continuer ma petite vie à New York, où un emploi au New York Times m’attendait déjà. Mais il y avait Juliette, ma petite sœur. La seule de ma famille qui comptait pour moi. Dire qu’elle avait mal vécu la mort de notre père était un euphémisme, et elle m’avait supplié de revenir à la maison, au moins pour un temps. Ce que j’avais fait, pendant près d’un an, travaillant tout de même pour le New York Times, mais par correspondance. Rentrant ensuite à New York, ma sœur avait finalement décidé de m’accompagner et de tenter, elle aussi, sa chance à New York – même si elle ne savait pas encore ce qu’elle souhaitait faire. Intégrant ensuite officiellement les bureaux du New York, ma vie changea de nouveau. Sofia, la seule femme que j’avais réellement aimée – avec ma sœur bien sûr, mais c’était différent – et qui m’avait largué sans aucune explication après près de deux ans de relation, travaillait également là-bas. Et mon supérieur semblait réellement me détester. Après m’avoir forcé à faire un dossier complétement inintéressant avec elle, il me força à l’aider à s’installer en Egypte, où la belle comptait à présent travailler. Et c’est la que ma vie bascula réellement. Lors d’un attentat, un stupide instinct m’avait pris, et je l’avais basculée au sol, la protégeant de mon corps. Ce que je n’avais pas prévu, c’était qu’une poutre tomberait sur mon dos … « Lawrence ? Samuel est là ! » entendais-je ma sœur m’appeler du salon. Poussant les roues du fauteuil dans lequel j’étais à présent cloitré, j’allais accueillir, tant bien que mal, ma meilleure amie.