Pour avoir confié de nombreuses choses, Vioryna ne s’en n’était pas privée. A ceci près qu’elle n’aurait pas pensé une seconde que cette vieille histoire d’escort-girl ressurgirait un jour. Elvia et Morgana l’avaient étonnement bien pris, la soutenant comme les deux meilleures amies qu’elles savaient si bien être sans oublier de la serrer dans leurs bras. Mais la jolie russe n’avait pas de regret… « Vous savez, cela m’a permis de surprise » avait-elle dit premièrement. « Je n’ai pas de regret même si au départ j’avais l’impression de me souiller moi-même. J’ai fini par en prendre mon parti car d’une certaine manière, cela m’a aidée à me renforcer. » Oh Vioryna n’avait guère accepté la chose aussi facilement au départ, bien au contraire. Mais de l’eau avait coulé sous les ponts depuis, et désormais, elle se retrouvait mariée et mère de famille, laissant bien derrière elle ce pan inavouable de son passé. En fait, la jolie russe acceptait doublement son sort en partageant la peine d’Elvia, beaucoup plus brutale et ancrée dans son âme. Elle ne trouvait aucun cœur à se plaindre en sachant tout ce que son amie avait vécu, et c’est donc le cœur plus léger qu’elle prit le chemin du Manoir, en limousine, les trois acolytes se raccompagnant l’une l’autre pour finir cette soirée sur une note plus positive. Au départ, c’est un silence mortel qui accueillit la violoniste mais bien vite, elle trouva inhabituellement Sergeï dans le salon, un verre de vodka à la main. « Tu n’es pas avec tes dossiers à cette heure ? Ce n’est pas commun chez toi de dévier ton rythme » nota-t-elle avec un brin d’amusement dans la voix, se dirigeant néanmoins vers lui pour lui offrir un long baiser. « Peut-être que tu as doublement travaillé et que tu t’octroies une pause ? Non… quand je ne suis pas là tu ne le fais pas. Il s’est passé quelque chose ? Les enfants vont bien ? » s’inquiéta-t-elle quasiment aussitôt face à l’air renfermé et sombre de Sergeï. Tout ceci ne lui disait hélas rien qui vaille. « Réponds-moi Serg s’il te plaît ! »

« Pas envie de travailler ?! » manqua de s’étrangler Vioryna car c’était bien la toute première fois qu’elle lui entendait dire une chose pareille. D’ordinaire, il n’accordait d’attention à aucun membre de sa famille, pas même à sa femme, avant de n’avoir travaillé dans son bureau au moins deux heures. La jolie russe s’était faite à cette coutume et n’y dérogeait pas, voilà pourquoi elle s’était attendue à ne pas pouvoir le déranger avant au moins cinquante bonnes minutes… sauf que là, la vérité qui dépassa bientôt les lèvres de Sergeï lui glaça le sang. Cela voulait dire que Gabriel avait certainement entendu la confession d’Elvia, Dillon celle de Morgana et lui… la sienne. La violoniste déglutit avec difficulté, ne sachant pas si elle devait être blessée, en colère… elle se contenta de serrer ses poings jusqu’à ce que ses ongles n’en pénètrent la peau afin de reprendre contenance. « Vous n’avez donc rien d’autre à faire ?! Le respect de la vie privée ne vous dit rien ? Merde Sergeï ! Ca ne t’es pas venu à l’idée que je n’ai pas la moindre envie que tu connaisses ce pan de mon passé ?! Puisqu’il s’agit bien de ça, n’est-ce pas ? Si tu as l’air si sombre à profiter de ta vodka au lieu de suivre ton rituel du soir c’est parce que tu as sûrement honte que ta femme se soit abaissée à de telles choses ?! » Vioryna n’avait pas hurlé mais sa voix s’était faite froide et colérique. Pas étonnant, puisqu’elle avait elle-même honte de ses propres actes passés. « Je ne dis pas que je n’ai pas honte de ce que j’ai fais mais ça m’a endurcie alors si tu as un discours moralisateur tu as cinq minutes pour me le sortir sinon je monte prendre une douche. »

Vioryna sursauta violemment lorsque Sergeï envoya valdinguer le verre qu’il tenait précédemment en main contre le mur, se demandant quelle serait la prochaine étape puisqu’elle ne l’avait jamais vue dans une aussi vive colère. Ils s’étaient déjà disputé avec violence par le passé mais cela n’avait rien de semblable avec ce qu’elle lisait sur ses traits et voyait dans le fond de son regard. Ses paroles devenaient des poignards alors qu’elle peinait à respirer à l’idée qu’il puisse éprouver de la révulsion. Elle trembla un instant, avant de ne clore ses yeux pour mieux se contrôler. « Stop, arrête. » Sergeï ne pouvait peut-être pas affronter son regard mais ce n’était pas le cas de Vioryna et même si sa réaction risquait d’être virulente, elle prit le risque d’approcher, de s’agenouiller devant lui tout en prenant doucement son visage en coupe. « Tu n’es pas un monstre Sergeï. Le passé, c’est le passé. Je ne dis pas qu’il ne me torture jamais ni que je ne fais aucun cauchemars, cela m’arrive et je ne me voile pas la face, je n’ai pas eu une enfance idéale… mais je n’ai que peu de regrets car cela m’a aidée à devenir la femme que je suis aujourd’hui. Tu n’es pas comme les autres et oui, en théorie j’aurais dix mille raisons de te haïr mais c’est tout le contraire… je t’aime et tu es ma lumière dans les ténèbres Sergeï. Ce que j’ai vécu est totalement dérisoire par rapport à toi et encore, j’imagine que je n’en sais pas le quart. Mais je vais te détromper sur un point : je ne suis pas une poupée brisée Sergeï. Je suis plus forte que j’en ai l’air et je veux bien renier mille fois tout ce que j’ai vécu si je peux rester à jamais à tes côtés. » Vioryna ne savait pas s’il comprendrait un jour ce qu’elle était en train de dire mais la haine n’obscurcissait aucunement son quotidien, bien au contraire. Elle aurait voulu le serrer contre elle afin de le lui assurer mais n’osa pas, se contentant de laisser ses yeux s’humidifier et laisser échapper plusieurs perles d’eau le long de ses joues. « Je déteste quand tu souffres… »

« Quoi ?! » s’étrangla Vioryna tout en se relevant brutalement alors que Sergeï lui demandait ni plus ni moins de lui faire mal histoire que sa culpabilité s’amoindrisse. La jolie russe n’en n’avait que faire qu’il ait été élevé de cette façon, jamais elle ne pourrait lui faire de mal ! Elle n’était ni une dominatrice ni une fanatique absolue de la douleur… il ne pouvait décemment pas lui demander une chose pareille ! « J’ose espérer que tu plaisantes ! Sergeï tu ne sais pas ce que tu me demandes, je ne peux pas te faire de mal, je ne veux pas je refuse !! » Mais Vioryna avait beau s’opposer à la chose, rien n’avait empêché l’homme d’affaires de revenir dans le salon torse nu après s’en être absenté, son objet de torture à la main avec manifestement l’idée bien arrêtée de la faire céder. La jeune femme ne voulait pas se souvenir de toutes ces choses qu’elle avait vécues par le passé, ni même le punir pour ça, ce n’était pas son genre… elle ne voulait pas devenir ainsi. Mais même avec toute la bonne volonté du monde, elle se retrouva avec le fameux objet entre ses mains tremblantes, le cœur battant à vive allure sans pouvoir le calmer. « Agenouille… toi… » murmura-t-elle avec une incroyable hésitation qu’il ne pouvait pas la blâmer de ressentir, surtout lorsqu’elle leva le bras pour porter ensuite le premier coup. De longues larmes s’écoulaient le long de ses joues comme si elle partageait cette souffrance qu’elle imaginait, même si elle accédait à la requête de Sergeï. Ce ne fut qu’au bout d’un moment où elle balança l’objet à même le sol pour se blottir contre son dos en sang, le serrant délicatement alors qu’elle éclatait en sanglot, ses mains contre son torse. « Je suis désolée, tellement désolée… ne me demande plus jamais de te faire ça Sergeï je t’en supplie… ne me demande plus… » Vioryna se releva quelques secondes plus tard avant de filer à la salle de bain, embarquant l’objet pour le balancer dans le bureau de son mari afin qu’il n’ait pas envie d’en faire davantage. Elle se mit en sous-vêtements pour essuyer le sang qui se trouvait contre sa peau et qui refusait pourtant de partir alors que ses larmes ne cessaient pas de couler.

Fort heureusement, Sergeï ne mit guère de temps à venir la retrouver dans la salle de bain afin de ne mieux la serrer dans ses bras. Vioryna avait grand besoin de cette étreinte, car malgré toute la volonté du monde, elle ne parvenait pas à cesser de sangloter. Son mari se sentait sûrement libéré mais la jolie russe ne risquait pas d’oublier cette violence dont elle avait fait preuve envers lui et qui l’avait poussée à se détester à chaque coup. Comment diable avait-il pu la pousser à pareille folie ? « Je ne supporterai pas la prochaine fois… et puis comment tu peux dire que ce ne sont là que des blessures physiques ?! Sergeï tu as le dos en sang, je t’ai frappé ! Je n’arrive pas à me dire que ça puisse te faire un quelconque bien alors que je vais l’impression d’être la pire personne au monde… » murmura-t-elle avant de n’en trembler de dégoût. Oui, elle se dégoûtait, mais pas parce qu’il avait réussi à la pousser à le faire, plutôt parce qu’elle avait accepté. Vioryna était aussi fautive que lui pour le coup et le simple fait de le savoir en peine lui arrachait littéralement le cœur. Ne pouvait-il pas comprendre que c’était douloureux pour elle que de le voir souffrir ? « Je ne veux pas que tu souffres mon amour… si tu savais comme ça m’est insupportable ! Ne me redemande plus jamais de faire une chose pareille !! Je te l’interdis tu entends ? » Sans doute Sergeï n’allait-il pas nécessairement apprécier cette accès d’ordres qu’elle lui donnait mais elle pensait la chose de toutes ses forces, surtout en sentant ses yeux refuser de faire couler des larmes. Il fallait qu’elle évacue toute l’adrénaline… « Sergeï laisse-moi te soigner. J’ai été ton bourreau mais je veux aussi être ton baume… »

Vioryna peinait à dominer ses tremblements alors qu’elle connaissait les rituels de Sergeï et qu’elle l’avait déjà vu rentrer dans des états impossibles après de longues séances en compagnie de Javier ou même Gabriel. Une chose était sûre, le fait d’infliger soi-même le mal n’avait pas du tout la même portée et la jolie russe ne pourrait sûrement jamais oublier l’image du dos de son mari se marquant peu à peu sous ses coups, sans oublier le sang qui découlait des blessures. Mais les paroles de Sergeï parvenaient bien plus sûrement à la rassurer, car il faisait preuve d’une douceur à laquelle il ne s’abandonnait que très rarement et cela ne pouvait que l’aider à reprendre du poil de la bête. Mais ce qui mit un terme définitif à ses tremblements, c’est le fait qu’il accepte qu’elle le soigne. Vioryna esquissa un faible sourire avant de ne s’emparer tendrement de ses lèvres, ne descendant du lavabo où il l’avait perchée qu’ensuite afin de prendre la trousse de premiers secours se trouvant dans cette même salle de bain. Elle le fit installer confortablement dans son bureau, sur son siège, fermant la porte afin de ne surtout pas être dérangée et se mit à désinfecter chacune de ses plaies armée de sa douceur et d’une compresse imbibée de Bétadine. « Je ne savais pas que le fait d’aimer te faisait souffrir, tu ne me l’avais jamais dit. Peut-être que l’épisode de ce soir n’est pas une mauvaise chose dans le sens où tu as appris des choses sur moi et inversement. Je n’ai pas peur de toi Sergeï ou même de tes réactions mais je crois tout bonnement que je veux définitivement ton bonheur, pas ton malheur. Alors… si un jour tu éprouves absolument le besoin de te faire mal, je veux que tu me laisses faire. Je sais ce que j’ai dis précédemment et je sais que je me contredis mais j’ai bien peur d’être une femme compliquée… et je sais que je te ferais toujours moins de mal que si c’est toi qui te le fais, ou si tu te bats avec Gabriel ou Javier. Je veux que tu me le demandes… s’il te plaît. »

Décidément, il serait dit que les époux Vassilievykh ne seraient jamais capables de dire blanc ou noir ensemble sans être désaccordés. Vioryna ne put s’empêcher de soupirer tandis qu’elle finissait ses soins, désinfectant les dernières plaies avant de ne lui mettre un bandage particulièrement réussi. Ce n’est qu’ensuite qu’elle le contourna pour s’asseoir sur un petit pouf à proximité afin d’être en face de lui. « Je suis très émotive c’est vrai mais je me suis endurcie depuis quelques mois ! Et je n’ai pas envie de me dire qu’un jour, l’un de tes deux amis risque de te tuer parce qu’il t’aura donné le coup de trop ! Tu as moins de risque avec moi, je ne pense pas frapper très, très fort… à moins que ce ne soit une façon déguisée de me dire que tu veux rester dominant et que je frappe comme une savate ? » La jolie russe émit une légère moue avant que celle-ci ne se transforme en un sourire taquin. Elle n’était pas fâchée ou même vexée, bien au contraire, surtout qu’elle comprenait les motivations de Sergeï et son désir de la protéger. Mais d’un autre côté, maintenant qu’elle n’était plus son assistante, Vioryna n’avait plus autant l’impression d’être utile, de servir à quelque chose ni d’être en mesure d’épauler Sergeï. « Ce n’est pas faute d’avoir pris des cours de boxe avec un professionnel après mon accouchement ! Même que je ne suis pas mauvaise, parait-il… bon j’ai arrêté depuis que je me sais enceinte mais il n’empêche. Je ne veux pas être juste un boulet. Je veux te seconder, être utile ! Avoir le rôle de la poupée qui sent bon, c’est démodé et déprimant… »

Au lieu d’être vexée, c’est un petit rire qu’osa Vioryna alors qu’ils évoquaient tous deux le sujet de la dominance dans leur couple. « Tu seras toujours le dominant mon ange, je ne remets pas ça en question ! » reprit-elle une fois redevenue sérieuse. « Je sais que je suis loin de connaître Javier aussi bien que toi mais ça ne m’empêchera pas de m’inquiéter… même s’il est le contrôle incarné. Si les rôles étaient échangés, cela ne te ferais rien ? » Bon, d’accord, les rôles n’étaient pas échangés le moins du monde et Vioryna ne rechercherait jamais la violence de quelque manière que ce soit mais il fallait que Sergeï comprenne que amour et inquiétude allaient de pair. Hélas, sans même s’en rendre compte, la jolie russe s’était trahie et se mordit la lèvre inférieure immédiatement : diable, et dire qu’elle s’était persuadée que cela n’avait aucune importance… « L’un de tes contrats m’a déjà dit que je n’étais qu’une jolie poupée russe uniquement bonne pour ouvrir les cuisses et qui n’avait aucun esprit » cita-t-elle froidement avant de ne hausser les épaules, même si la remarque l’avait blessée et la blessait encore maintenant. « Mais si la boxe aide ! En tout cas j’avais l’impression… mais tu m’apprendrais réellement à me défendre, sincèrement ? C’est sûr que ce sera mille fois plus efficace avec toi comme professeur… retourne-toi, je n’ai pas fini mon bandage !! » maugréa-t-elle sans violence aucune avant de ne contourner finalement son époux histoire d’achever définitivement le bandage. Un bandage solide et fait au millimètre, comme tout ce qu’elle entreprenait…

Tout en sachant pertinemment pourquoi, Vioryna ne put s’empêcher de sourire de façon tendre face à l’aveu de Sergeï, qu’elle pensait tout à fait sincère. L’homme d’affaires n’était pas spécifiquement quelqu’un de doux ou même de gentil, mais il l’avait toujours protégée et nulle autre que la jolie russe ne pouvait davantage s’en rendre compte. « Je n’oublie pas que je suis ta femme Sergeï, mais si on te respecte et on te craint, on ne fait généralement pas la même chose avec moi. Entre ceux qui me piétinent et ceux qui attendent plus que de l’amitié de ma part, je ne vois guère où peut se glisser un semblant de respect ! » dévoila-t-elle tout en sachant que la suite de la conversation risquait d’être des plus pénible mais tant pis, à cœur vaillant rien d’impossible. Surtout qu’elle n’avait pas l’intention de se cacher, pas alors qu’il venait de l’inciter à s’asseoir contre ses genoux pour l’embrasser. « Je crois que je vais avoir besoin que tu me le répètes régulièrement jusqu’à ce que cela ne rentre » reprit-elle non sans oser un petit sourire ému. La jolie russe était encore marquée par l’aveu de sa grossesse et ce qui en avait découlé, sûrement était-ce pour cela qu’elle n’avait jamais osé venir le voir pour qu’il ne la défende ou même ne prenne les choses en main. « Il s’agit de Mark Van Cross » finit-elle par lâcher, non sans mal, avant de ne prendre une grande inspiration sous l’effet du coup de stress qui était monté en elle. « Tu as récemment signé un contrat lors d’une partie de golf, j’y ai assisté et lorsque tu es allé te changer et que je t’attendais dans le hall, il m’a sorti toutes ces horreurs. Mais j’ai survécu Sergeï, il n’y a pas mort d’homme ! Et il n’y en aura pas si un jour tu m’apprends comment me défendre. »

« Serg, tu es au courant qu’en ce moment je suis dans le rôle de ta femme et non de ton employée et qu’en tant que tel tu n’es pas obligé de m’ordonner des choses pour les obtenir ? » fit-elle remarquer sans violence aucune, tout en accompagnant ses paroles d’un petit sourire démontrant par a+b qu’elle n’était ni choquée ni en colère mais qu’elle n’était pas pour autant l’un de ses pions. « Soit, si tu souhaites être informé je t’en informerai » poursuivit-elle afin qu’il n’ait pas non plus l’impression qu’elle singeait cette protection qu’il lui offrait, c’était même tout l’inverse. Mais les manières de Sergeï étaient parfois assez spéciales, surtout pour quelqu’un comme Vioryna dont la sensibilité n’était plus à prouver. « Je suis complexée parce que j’ai passé la majeure partie de ma vie à être une ombre et que c’est vrai, les réactions d’autrui me touchent énormément. Je suis sensible, je ne m’en suis jamais cachée ! Peut-être que tes réactions récentes ne m’ont pas non plus aidée à oublier le fait que je ne suis plus un meuble mais une femme à part entière ? C’est un tout Sergeï, je ne te jette pas la pierre et je sais que tu vas ruiner cet homme tout en évitant de le tuer même si je suis certaine que tu en meurs d’envie… et je suis contente que tu aies cet égard car il ne mérite pas d’être tué. En revanche, vivre une vie de misère… » Vioryna se surprenait à avoir de moins en moins de pitié pour tous ceux l’ayant considérée comme une merde à un moment donné. Et sans doute fut-ce ce constat qui lui arracha un petit rire amusé. « Tu déteins sur moi, je le crains… est-ce trop demandé que d’avoir un câlin ? » Par chance, Sergeï semblait définitivement calmé puisqu’il consentit à la chose et ainsi la fin de soirée se déroula de façon nettement plus douce qu’au départ. Vioryna eut la possibilité de se blottir entre ses bras et trouver ainsi facilement le sommeil, et bien qu’elle s’éveilla toute seule dans le lit le lendemain, ce fut dans un élan amoureux qu’elle se leva de son lit. S’occuper des jumeaux et de Marya lui prit un certain temps mais une fois sa princesse à l’école et ses princes temporairement confiés à une nounou, elle fut en mesure de faire des macarons et de les amener directement au bureau de son mari, où elle était sûre de le trouver selon son emploi du temps. « Excusez-m… » La jolie russe n’eut pas le temps de dégoiser deux mots pour demander à avoir Sergeï quelques secondes que déjà… elle tombait sur une furie de secrétaire. « Ah non, non ! Je sais ce que vous êtes et pourquoi vous êtes là mais autant dire que c’est mort d’avance. Vous avez vu comment vous êtes grosse et laide ? A votre place j’opterais direct pour la chirurgie, ça doit être une atrocité de vous regarder dans la glace ! C’est pas humain un truc pareil, ça devrait même pas exister ! En tout cas on cherche pas de mannequin pour la marque, on s’en passe, et de toute façon laidron que vous êtes, ça collerait jamais au standing Vassilievykh ! »

Oh dear, mais tout le monde s’était donné le mot pour vouloir lui faire mordre la poussière ma parole ?! Vioryna demeura muette devant tant de violence à son égard alors qu’elle n’était ni là pour un potentiel entretien d’embauche, et encore moins pour se battre avec quelqu’un qui n’occupait sa place en tant qu’assistante que temporairement. La jolie russe fut horrifiée de ces mots, et heureusement que Sergeï eut la bonne idée de sortir de son bureau sans quoi elle aurait tout bonnement explosé. C’est à peine d’ailleurs si Vioryna entendit les excuses de l’assistante, se laissant entraîner dans le bureau de son mari, le cœur battant, les yeux humides. C’était sûrement ridicule que de prendre cela au drame, dans le sens où il s’agissait surtout de paroles mais sans doute était-ce l’accumulation de beaucoup de choses qui faisaient saigner littéralement le cœur de la jeune femme. « Je n’ai pas envie que tu détruises la réputation de cette femme et incite ainsi à ce que plus personne ne veuille l’embaucher… je ne veux pas m’abaisser à ce genre de choses car dans ce cas précis, cela voudrait dire que je ne vaux pas mieux qu’elle » articula-t-elle la voix légèrement brisée d’émotion, tentant de reprendre le dessus tout en sachant qu’une fois seule, il y avait de fortes chances pour qu’elle n’éclate sûrement en sanglots. « Qu’entends-tu par réparer tes erreurs ? Sergeï tu n’as rien fait de mal, au contraire tu m’as secourue ! » l’encouragea-t-elle, déposant un frêle baiser contre ses lèvres tout en tentant un faible sourire.

« Je n’y peux rien, attaquer autrui et me repaître de sa souffrance, ça ne fait pas partie de mon caractère ! » se défendit aussitôt Vioryna avec force car si elle cachait des trésors de volonté en elle, il n’en restait pas moins que la jolie russe possédait avant toute chose des montagnes de gentillesse et de compréhension. Elle en devenait peut-être une cible facile mais au bout du compte, elle n’y pouvait rien du tout. Les efforts les plus véridiques qu’elle aurait pu faire ne la ferait hélas jamais évoluer, mais ça Sergeï s’en était sûrement rendu compte avec le temps puisqu’il ne manqua pas de lui prendre la main après un ultime baiser afin de mieux l’emmener dans une agence de mannequinat. « Tu te fous de moi Sergeï ?! » s’étrangla-t-elle à moitié car s’il voulait lui flanquer des complexes, il ne pouvait pas mieux s’y prendre. Vioryna ne s’extirpa pas à son jugement pour autant, gardant sa main contre son aine sans faillir, ne s’étonnant que davantage au fil des minutes de ne sentir aucune réaction typiquement masculine. Elle en vint même à froncer les sourcils, ne comprenant pas quel message il cherchait à lui faire passer jusqu’à ce qu’il ne lui présente ni plus ni moins un ensemble à enfiler par ses soins. « Tu veux que je te fasse un défilé ?! » Vioryna le regardait comme s’il avait perdu la raison mais en voyant son sérieux, elle finit par abdiquer et partir se changer non sans longuement marmonner. Le pire, c’est qu’il n’aurait pas pu lui choisir un ensemble plus osé : sa poitrine paraissait plus généreuse encore que lors de sa précédente grossesse – le soutien gorge la mettant diablement en valeur d’ailleurs – et le porte jarretelle ainsi que la culotte ne pouvaient qu’embellir ses nouvelles rondeurs et autres formes qu’elle n’avait qu’une envie : cacher. Vioryna prit une grande inspiration et défila en se prêtant au jeu, sans timidité – bien que l’envie de fuir soit diablement présente – avant de ne se présenter devant Sergeï le cœur battant. « Verdict ? »

Vioryna n’avait pas pu s’empêcher d’être gênée de défiler de cette façon devant les yeux de Sergeï mais le regard qu’il lui lança fut une sorte d’encouragement ultime. Finalement, lorsqu’il l’aida à descendre de ce maudit podium, elle se risqua à un sourire presque amusé jusqu’à ce qu’elle ne comprenne enfin le but de la manœuvre. « Tous ces mystères pour me faire comprendre que tu ne désires pas les planches à pain mais uniquement ma personne ? » osa-t-elle cependant demander avant que son compliment ne lui arrache cette fois-ci un sourire éclatant, dévoilant sa dentition d’un blanc parfait. Il est vrai que la jolie russe était proprement désirable dans cet ensemble, sans oublier qu’elle dégageait une sorte de grâce à la fois innocente et provocatrice. « Tu as l’air effectivement tendu » s’amusa-t-elle à dire avant de ne s’emparer fougueusement de ses lèvres, lui offrant un remerciement des plus assurés et vifs à vrai dire. Vioryna ne s’attendait pas à un tel retournement de situation, qui lui ôta toute envie de repenser aux horreurs que la secrétaire de Sergeï avait pu lui lancer en pleine figure. « De toute façon… je suis la meilleure des assistantes et je m’applique à te combler autrement également, c’est bien connu » reprit-elle avec plus d’assurance, le forçant à se rassoir tout en se plaçant à califourchon sur lui, évitant bien évidemment de lui faire mal tout en reprenant ses lèvres tandis que ses mains commençaient délicatement à déboutonner sa chemise. « N’aie aucune crainte sur le fait d’être le plus désirables des hommes à mes yeux, Sergeï… »