Trois semaines. Trois semaines durant lesquelles le souvenir de la nuit qu’elle avait passée en compagnie d’Azariel n’avait eut de cesse de lui revenir en mémoire. Le moins que l’on puisse dire c’est que Maureen avait été comblée pendant chaque seconde de ce moment mémorable. Le problème, comme à chaque fois, avait justement été de se séparer le lendemain, pour reprendre les obligations du quotidien de plein fouet dans la figure. L’irlandaise aurait rêvé de pouvoir rester dans l’aura romantique de cette chambre et de ne jamais en sortir, mais elle ne pouvait pas non plus s’imposer, que ce soit à Azariel ou même à sa petite sœur, qui rentrait dans l’après-midi. Par chance, Maureen devait rester sur le sol américain une bonne semaine encore avant qu’elle ne doive partir pour au minimum quinze jours en Russie. Elle profita au maximum de ces fameux sept jours pour partager de très nombreux autres moments en compagnie du canadien avant de ne devoir partir à l’issue du septième à l’aéroport, à l’aube. La jolie blonde promit cependant de l’appeler aussi souvent qu’elle le pourrait, et dans le pire des cas, Azariel avait toutes les coordonnées de Dante, l’assistant de l’irlandaise, qu’il pouvait contacter à toute heure du jour comme de la nuit en cas de doute. Hélas, Maureen n’imaginait pas une seconde ce qui allait cependant lui arriver durant lesdits quinze jours qu’elle passa dans les environs de Moscou. Si elle parvint à mener à bien son contrat, il s’en était fallut de peu pour qu’elle ne soit démasquée. A de très nombreuses reprises, de violentes nausées avaient mis à mal son professionnalisme ainsi que son talent. Difficile de paraître effrayante lorsque l’on doit se ruer vers la salle de bain toutes les dix minutes… il ne fallait pas sortir de Saint Cyr et encore moins avoir un diplôme de chirurgien comme c’était le cas de Maureen pour se rendre compte qu’il se passait quelque chose. La jeune femme n’eut pas l’idiotie de se rendre dans une bête pharmacie pour acheter un test de grossesse, elle se fit elle-même une prise de sang dont elle envoya directement l’échantillon au doc qu’elle voyait régulièrement en cas de blessure. Il était un habitué de la Mafia et la connaissait depuis si longtemps qu’il ne mit pas plus d’une heure avant de confirmer ce qu’elle craignait. « Mademoiselle O’Connor, il ne s’agit pas de la cuisine locale, vous êtes seulement enceinte. Cela explique vos nausées, votre odorat plus puissant que d’habitude et la violence de vos émotions. Tout ceci est dû aux hormones, et je vous conseiller d’écourter votre contrat pour consulter un gynécologue ici, sur le sol américain. » Ecourter son contrat, il en avait de bonnes lui ! Cela se voyait qu’il n’était pas sur le terrain à devoir en gérer les aléas. Mais hélas, Maureen dû se rendre à l’évidence : elle n’était pas aussi vive que d’habitude et ses réflexes manquaient clairement à l’appel. Elle ne manqua donc pas de déléguer pour la dernière partie de son contrat pour mieux rentrer sur le sol américain le lendemain soir. Elle demeura terrée dans son appartement pendant deux jours entiers, à ne donner aucune nouvelle à qui que ce soit – en même temps elle n’était pas censée être déjà rentrée – cherchant une solution à ce problème qui lui tombait sur le coin du nez et qui n’était pas mais alors pas du tout prévu. Ses contrats s’accumulaient et voilà que son corps devenait aussi fragile qu’un faon… en plus d’être habité ! Finalement, ce n’est qu’au bout du deuxième jour qu’elle prit sa moto pour se rendre directement chez Azariel, alors que l’on avoisinait les vingt-deux heures et que sa sœur devait probablement être là. A cœur vaillant rien d’impossible, Maureen frappa à la porte, le cœur battant et le visage aussi pâle qu’un linge. Foutues nausées… quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit Lexie lui ouvrir de façon expresse avant de lui demander ni plus ni moins de foutre le camp de son perron avant de ne lui fermer la porte au nez. L’irlandaise n’aurait sûrement rien dit si elle n’avait pas entendu la voix d’Azariel au travers de la porte. Avait-il demandé à sa sœur de répondre ça ? Non, c’était impossible, pas après ce qu’ils avaient vécu. « JE SUIS ENCEINTE ! » beugla-t-elle si fort qu’elle eut l’impression de rameuter tout le quartier avant qu’un coup de sang ne la pousse à tourner les talons pour retourner, en désespoir de cause, vers sa moto. Ses mains tremblaient et ses yeux s’humidifiaient de seconde en seconde. Comment allait-elle faire, au juste ? Languir qu’il ne daigne passer outre son harpie de sœur ?

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❝  the truth is : i'm pregnant ! ❞

Cela faisait deux semaines que ma jolie blonde était en mission en Russie. Et autant dire que ce n’était pas peu dire que je n’avais pas passé une bonne nuit de sommeil depuis.  Ce n’était pas tant que je faisais des cauchemars, mais plus le fait que je tournais dans mon lit encore et encore, sans parvenir à trouver le sommeil. Et quand je finissais enfin par le trouver, je ne restais pas endormi bien longtemps. Je n’avais donc même pas le temps de faire des cauchemars, puisque je ne parvenais pas à mon sommeil paradoxal. Heureusement, nous nous appelions assez souvent – ou plutôt je la harcelais – tout comme nous nous envoyions des textos. Mais cela ne m’apaisait malheureusement pas. Et heureusement aussi, comme nous l’avions prévu avec Maureen, nous étions allés à la SPA, accompagnée de ma petite sœur. Bon, la rencontre entre les deux femmes de ma vie ne s’était pas très bien passé, mais cela aurait pu être bien pire : ma cadette l’avait tout simplement ignorée. En même temps, je lui avais bien dit juste avant que si elle n’avait rien de gentil à dire, qu’elle se taise. Apparemment, elle m’avait écouté, et avait préféré se taire et de l’ignorer complètement. Au moins, elle n’avait pas tenté de la faire fuir, et n’avait pas été méchante envers elle. C’était mieux que rien non ? J’avais alors fait le tour avec elles, et étais tombée sur le chien de ma vie – ou plutôt chienne. Toutes mes questions s’étaient évaporées. Serait-ce un adulte ? Un chiot ? Une femelle ? Un mâle ? Quelle race choisir ? Je l’avais vue, et tout m’avait semblé être net. Le chien de ma vie était une chienne, âgée de trois mois, et était de race Mastiff. Je l’avais vu, et j’avais su que c’était elle, tout simplement. En plus, elle s’appelait Hestia, en référence à la Déesse qui protégeait les foyers et apportait bien-être et quiétude aux familles, dans la mythologie grecque. N’était-ce pas un signe ? Elle était déjà grande dans sa cage, mais je savais que sa taille et son poids seraient au moins multipliés par trois, lorsqu’elle atteindrait l’âge adulte. Mais cela ne me dérangeait pas. Elle était la chienne de ma vie, et je le savais. Et je devais bien avouer que ma petite – bien que l’appeler ainsi était plutôt un antonyme – déesse avait réussi à me détendre, et à chasser les mauvaises pensées que j’avais. Elle me remontait tout simplement le moral. J’entendais des coups à la porte d’entrée, ce qui interrompit le diner que je partageais avec Lexie. Cette dernière accepta d’y aller, tandis que je mettais mes restes dans la gamelle d’Hestia – bien sûr, je cuisinais maintenant en fonction de ce que celle-ci pouvait manger ; adieu donc aux oignons et autres ingrédients dangereux – pour qu’elle puisse également manger. « C’était qui ? » demandais-je à Lexie tandis qu’elle revenait. « Une erreur … » me répondait-elle avant de se rassoir. Je donnais sa gamelle à mon bébé, délectant de la voir complètement surexcité devant son écuelle, quand il me sembla entendre la voit de ma jolie blonde. « JE SUIS ENCEINTE ! » ‘QUOI ?!’ fut ma première pensée. Je devais halluciner. Elle ne pouvait pas être là, à me dire qu’elle était enceinte. Après avoir jeté un regard noir à ma cadette, j’allais à sa rencontre, rapidement suivi par mon nouveau garde du corps, qui ne voulait plus me lâcher. Bon, sa nourriture était bien sûr beaucoup plus importante que moi, mais comme elle mangeait en quatrième vitesse, elle avait pu me suivre dès que j’accourais à la porte. « Tu es enceinte ? » répétais-je, éberlué. Je faillis lui demander ‘de moi ?’ mais réussis à me retenir à temps. Elle l’aurait probablement mal pris. Mais je me demandais vraiment si je pouvais être le père. Après tout, nous ne l’avions fait qu’à quatre reprises, et j’avais toujours  été protégé – j’étais romantique, peut-être, mais tant que nous ne nous serions pas testé pour les divers MST, je ne pourrais pas le faire sans. Comment pouvait-elle être enceinte ?

Pour ainsi dire, Maureen ne s’attendait pas à être rattrapée, car après tout, la question se posait : Azariel avait-il entendu son hurlement à travers la porte ? Lexie semblait la haïr pour de bon – il n’y avait qu’à constater avec quelle virulence elle lui avait fermé la porte au nez – et comme le canadien faisait passer sa petite sœur avant tout le reste, l’irlandaise se voyait déjà contrainte d’avorter. Le chemin sinueux et abominable qui la conduirait à une telle atrocité lui glaçait le sang rien qu’à l’imaginer, et pourtant, il n’était pas question qu’elle soit enceinte en étant toute seule en prime. Maureen avait souvent rêvé de porter les enfants du jeune homme, mais là, cela tombait tel le couperet de la guillotine et la jolie blonde avait cruellement du mal à encaisser la chose, ou même à se faire à l’idée, c’était bien trop difficile. Comment était-elle censée faire ? Rien qu’à cette pensée, les larmes lui montaient à nouveau aux yeux tandis qu’elle sursautait en entendant la voix d’Azariel derrière elle, qu’elle se mit à regarder d’un air horrifié pendant quelques secondes avant de ne se reprendre. Depuis qu’elle avait appris la nouvelle, Maureen était plus à fleur de peau qu’elle ne l’avait jamais été – chose qui n’était hélas pas peu dire – et se demandait combien de temps elle mettrait au juste avant de craquer littéralement. « Si ta question sous entend « est-ce que c’est une plaisanterie » la réponse est non. » Le jour où elle avait été en conversation vidéo avec son doc, Maureen aurait préféré. Puis l’idée s’était frayée un chemin peu à peu dans son esprit et ce n’était pas tant le fait de l’être qui la pétrifiait sur place… mais plutôt qu’Azariel ne la repousse, ne la chasse de sa vie à cause de cela. « Je ne savais pas quoi faire, alors je suis même rentrée plus tôt… mais je ne voulais pas t’annoncer ce genre de choses au téléphone ! Au moins c’est clair, ta sœur me déteste… la protection que tu as mise avait forcément un défaut à un moment donné et je ne prends pas la pilule. Si tu veux être rassurée, je suis tout le temps testée pour toutes les maladies possibles et imaginables et je n’ai rien. » Maureen ne le regardait pas, elle ne pouvait pas. Elle s’imaginait dans la peau d’une poule pondeuse, au même titre qu’elle pensait tout à fait Lexie capable de les espionner pour voir à quelle vitesse il allait la larguer… sans doute en tirerait-elle une extraordinaire satisfaction, d’ailleurs. Et bien qu’elle soit tremblotante, la jolie blonde ne demanderait pas son reste si son jugement était sans appel. « Écoute je ne sais pas pour toi mais avant toi je n’avais pas eu de relation depuis plus d’un an alors… ça ne peut pas être quelqu’un d’autre, ce n’est pas possible. Mais si tu veux que je m’en aille, je préfère que tu me le dises tout de suite que je choisisse quoi faire exactement. »

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« Je voulais juste être sûr d’avoir bien entendu. Après tout, j’étais à l’intérieur quand tu l’as annoncé. » encaissais-je. Je n’arrivais pas à croire qu’elle soit enceinte. J’en avais rêvé pendant un bon moment – de la voir porter mes enfants – mais j’aurais préféré que nous le choisissions et que nous soyons tout d’abord mariés. Pas à cause d’un préservatif qui avait probablement craqué. Je passais la main sur mon front, comme pour me rassurer, et expirais un long moment. Qu’est-ce qu’on allait faire ? « Je suis désolé pour Lexie, elle n’aurait pas dû te fermer la porte au nez. Le pire, c’est que quand je lui ai demandé qui c’était, elle m’a répondu que c’était une erreur. Heureusement que tu as crié, sinon je serais resté dans la salle à manger. » Je ressentis une petite douleur à mon pied gauche, comme un écrasement. Je jetais un coup d’œil, pour finalement voir Hestia en partie allongée dessus. Vraiment ? J’émettais un petit rire en la voyant dans cette position. C’est qu’elle n’était pas légère. Bon, okay, rire n’était probablement pas la meilleure chose à faire, et pourtant, j’eus bientôt un fou rire nerveux qui apparaissait. Maureen était enceinte. Ma petite amie était enceinte. Okay, il fallait que je me calme, que je reprenne mes esprits, et que je réfléchisse. Maintenant. D’un coup, je réalisais qu’elle était là, devant moi. Elle n’était plus en Russie, et elle était en vie – même plus qu’en vie, puisqu’elle en portait une –  sans aucune égratignure. Je sentais comme un poids quitter ma poitrine. Elle était là. Je l’amenais à moi – Hestia commençait à être un peu trop lourde pour que je ne puisse la bouger – pour l’enlacer tendrement, sentant les battements de mon cœur commencer à être normaux à nouveau. Je l’embrassais doucement, comme pour me rassurer, et me dire que non, je n’hallucinais pas. « Tu m’as manqué. Je sais, c’est pas le moment. Pour le moment on doit parler de ce bébé qui commence à grandir en toi, mais juste … Tu m’as vraiment manqué. » lui confessais-je avant de l’embrasser amoureusement de nouveau. Bon, c’était le mien, la jeune irlandaise venant de le confirmer – sans même que je n’ai eu à lui poser la question. Même si je n’avais pas pensé sérieusement au fait qu’il ne soit pas de moi, cela me rassurait quand même. Elle ne m’avait pas trompée, nous étions bien ensemble, un couple. « Bon, il faut qu’on réfléchisse à ce qu’on va faire. Mais non, je ne pars pas, je reste. On reste ensemble et on y arrivera, tu verras. » tentais-je de la rassurer. Comment pouvait-elle penser que je lui demanderais de partir ? Si j’étais resté après sa confession sur son métier, ce n’était pas pour partir tandis qu’elle attendait mon enfant. Je sentais la vexation monter quelque peu, puis me dis que ce n’était pas le moment, et tentais de la chasser aussi rapidement qu’elle venait. « Je ne sais pas encore ce qu’on va faire, mais on va s’en sortir. On va y arriver. » répétais-je. Et je le pensais. Je ne savais pas encore ce que nous ferions, comment nous nous organiserions, mais on y arriverait, je le savais. Après tout, nous étions faits pour être ensemble non ?

Comment Maureen faisait-elle, au juste, pour se mettre dans les emmerdes jusqu’au cou à ce point ? Ce n’était pas tant qu’elle soit contre le fait de tomber un jour enceinte – surtout d’Azariel, en prime – mais le moment semblait mal choisi. A croire que le destin soit décidé à se jouer d’eux en leur faisant tout fait à l’envers… ils s’étaient amoureusement cherché lors de leur première soirée ensemble, s’étaient séparés pour mieux se remettre ensemble… pourtant, Maureen n’aurait pas pu mieux savoir où elle en était. Jamais auparavant elle n’avait été possédée par l’irrépressible envie de rentrer plus tôt d’un contrat, et ce bien que ses nausées en soient tout de même la principale raison. Mais la vérité adjacente, c’est qu’elle n’avait pas pu se retenir davantage et s’était sentie tout autant possédée par l’envie pressante de l’avouer à Azariel, de recueillir son ressenti vis-à-vis de cette nouvelle. Au départ, son rire la poussa à se renfrogner brutalement – bien qu’elle ait évidemment capté la présence de son adorable chien – mais un long frisson se mit subitement à la parcourir alors qu’il l’avait prise dans ses bras, non sans l’embrasser à plusieurs reprises de façon si amoureuse qu’elle en eut presque le souffle coupé. Maureen n’était décidément pas habituée à être aussi bien traitée, bien qu’il faille tout de même mettre de côté le comportement vindicatif de la petite sœur d’Azariel. La jolie blonde ne pouvait pas oublier avec quelle virulence Lexie lui avait fermé la porte au nez, prétextant en prime qu’il s’agissait d’une erreur. « Tu m’as manqué aussi bien évidemment, mais… » La jeune femme peinait sincèrement à mettre de l’ordre dans ses pensées. Elle peinait pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait pas dormi depuis un siècle, qu’elle avait passé deux semaines horribles et sous haute tension, sans oublier le fait que ses nausées ne lui avaient guère fichu la paix. « Je crois que je peux tout encaisser, tout… je n’ai pas peur de grand-chose dans mon existence, mais là je panique totalement, je tremble, sans parler de mes nausées… et même si mes sentiments pour toi n’en sont que renforcés je ne peux pas mettre de côté le comportement de ta sœur envers moi ! Et si elle te demande de me jeter ? De nous jeter, devrais-je même dire… » De longues larmes s’écoulaient désormais contre les joues de l’irlandaise, sans qu’elle ne puisse rien contrôler. C’était plus fort que toute les barrières qu’elle mettait en théorie entre elle et les autres… plus fort que sa fierté, même. La jeune femme n’avait pas confiance en Lexie et sûrement le lui rendait-elle au centuple quand elle n’était pas là pour observer la chose mais elle était en droit d’avoir des doutes… ce n’était pas Azariel ni même ses sentiments qu’elle pointait du doigt, bien au contraire, mais plutôt la sœur de celui-ci. « Tu as dit que tu la ferais toujours passer devant quoi qu’il advienne et si je le respecte… je ne peux pas m’empêcher de me demander si tu veux qu’on le garde. » Si les battements du cœur du jeune homme étaient apaisés et soulagés même… ceux de Maureen étaient anarchiques.

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Mon nouveau bébé était quelque peu possessive, il fallait bien l’avouer et elle ne semblait pas vouloir bouger d’un millimètre. En même temps, j’aurais dû m’en douter en prenant une femelle. Après tout, les femmes de ma vie l’étaient énormément, pourquoi pas Hestia ? Mais bon, au moins, elle ne manquait pas de respect à ma petite amie, elle. Au contraire, elle s’était même frottée à elle un peu plus tôt – comme si elle lui disait bonjour – avant que ne décide de s’installer sur mon pied. Il allait vraiment falloir que je parle à ma petite sœur. Surtout maintenant. Surtout maintenant que nous allions avoir un enfant. Elle pensait vraiment que j’écouterais ma sœur si elle me demandait de la jeter ? Non, autant Lexie avait le droit de s’inquiéter, de poser des questions et tout, autant s’il y avait une chose que je ne la laisserais jamais faire, c’était de se mêler de ma vie privée. Surtout maintenant que nous allions former une famille. « Si Lexie me demande de te jeter, je l’enverrais balader, tout simplement. Heu … Lexie manque peut-être de respect et est peut-être une peste, mais même si elle se mêle de ma vie privée et tout, elle ne se permettrait jamais de penser à me demander de faire ça, de toute façon. » répondais-je. Et c’était vrai. D’ailleurs, elle ne m’avait jamais demandé de rompre avec qui que ce soit. Oui, elle les avait faites fuir, mais c’était également de la faute de mes exs. Elles ne devaient pas être si attachées à moi si elle fuyait dès qu’elles aient parlé avec ma cadette. Après tout, la réaction normale et adulte aurait été de me parler et de me demander des explications. Pas de me plaquer sans même m’expliquer la raison. Donc sérieusement, que ma petite sœur ait réussi à les faire fuir – même si je me demandais encore comment – ne me dérangeait pas plus que cela, puisque apparemment, elles n’étaient même pas assez matures pour en parler. Pourquoi envisager un futur avec elles dans ce cas-là ? Donc au final, Lexie m’avait plutôt rendu un bon service, et c’était d’ailleurs pour cette raison que je ne lui en voulais pas tant que ça. Par contre, je l’imaginais vraiment mal me demander de choisir entre elle et ma petite amie. Même si elle ne portait pas l’irlandaise dans son cœur – et encore, ce n’était que des a prioris qu’elle entretenait, puisqu’elle ne lui avait jamais adressé la parole – ma petite sœur ne voulait que mon bonheur, tant qu’elle était rassurée sur le fait qu’elle continue de passer en premier. « Oui, Lexie passe en premier. Mais je voulais dire ça par rapport au fait que si elle m’appelle pendant un rendez-vous, comme lors de nos retrouvailles par exemple. Ou si elle veut rester vivre avec moi. Là, c’est oui pour moi, elle peut rester autant de temps qu’elle le souhaite, au contraire, plus longtemps je la garde près de moi, mieux je suis. Mais elle n’interviendra absolument pas dans ma vie privée et encore moins dans la vie de notre bébé. » tentais-je de la rassurer. Oui, je ne savais pas ce que nous ferions, mais cela ne voulait pas dire que je ne voulais pas de notre enfant, bien au contraire. J’avais tellement rêvé d’avoir une famille – autre que ma sœur – que, même si j’étais complètement perdu, et que notre bébé n’avait absolument pas été prévu, j’étais au fond de moi fou de joie de cette nouvelle. J’embrassais de nouveau ma petite amie, tendrement, comme pour tenter de la rassurer sur ce que je ressentais pour elle, et par rapport à cette situation.

A la décharge de Maureen, non seulement elle ne connaissait pas vraiment Lexie mais en prime, leur deux premiers contacts n’avaient guère été encourageants. Lors du choix du chien d’Azariel à la SPA, la demoiselle n’avait pas dégoisé un mot, du moins pas pour s’adresser à l’irlandaise. Techniquement parlant, la jolie blonde avait hautement préféré qu’elle ne le fasse pas si c’était pour lui balancer des saloperies ou chercher à l’éloigner de son frère : après tout, si elle était parvenue à dégoûter toutes les autres compagnes du jeune homme, Maureen n’avait aucune intention de laisser sa place ou même d’être aimable si une petite couillonne – car si elle avait agit ainsi avec elle aussi, c’est ainsi qu’elle l’aurait considérée et pas autrement – lui cherchait des poux. Après tout, depuis quand l’irlandaise se laissait-elle dicter sa conduite ? Certes, quand il s’agissait de son père la jolie blonde arrivait ventre à terre mais en l’occurrence, son père était plus âgé, plus puissant et surtout plus dangereux que la miss de vingt-deux ans ne le serait jamais. Et ce bien que dans l’état actuel des choses, un doute absolument insupportable ne cesse de s’insinuer dans l’esprit de la jeune femme… « Je te rassure j’ai la tête plus dur que toutes les miss qui t’ont abandonné si facilement et elle ne m’impressionnera pas facilement mais je suis en droit de me poser la question parce que fondamentalement je connais mal ta relation avec elle et qu’en l’occurrence… bordel je suis la reine pour trouver des solutions d’ordinaire mais là, je suis sèche, totalement à cours d’imagination. » Maureen secoua négativement la tête, comme si elle était perdue dans un noir total sans personne pour faire office de lampe torche pour elle. Avec ses foutues hormones, en prime, elle ne pouvait pas s’empêcher de pleurer. Il fallait dire qu’elle avait tout retenu pendant des jours et des jours, à ruminer la nouvelle sans savoir si Azariel allait bien l’accueillir ou, au contraire, allait baliser. Ils n’étaient pas ensemble depuis des siècles, et d’autres types auraient pu penser que ce bébé « l’enchaînait » à l’irlandaise. Si elle était heureuse que ce ne soit pas le cas, elle resserra subitement son étreinte autour du canadien, cherchant à nouveau cette chaleur rassurante qui savait si bien la calmer en temps normal. Là, dans cette seconde précise, il n’avait pas idée de combien elle en avait besoin. « C’est la cata je ne sais pas quoi faire… on ne va pas dire que j’ai le métier idéal pour avoir une grossesse tout de suite ! Surtout que là, les contrats s’accumulent… Azariel, tu es content ? » Maureen se mordilla la lèvre inférieure. S’il était content, ce serait le début de quelque chose, plus assurément bien n’importe quoi d’autre.

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Son métier. Je n’y avais même pas pensé. Qu’est-ce qu’elle allait faire ? Le quitter ? Continuer à y aller ? Je n’étais pas le type d’hommes à vouloir qu’une femme reste à la maison pour s’occuper des enfants, bien au contraire, j’étais même féministe. Mais il fallait bien avouer qu’être chef de la mafia irlandaise à New York, ce n’était pas vraiment la même chose qu’être avocat ou médecin. Ces derniers métiers ne demandaient pas à prendre des risques inconsidérés, ni à mettre sa vie en danger – et celle du bébé avec. Qu’allait-elle faire ? Je ne pouvais pas lui demander d’arrêter, je le savais. Mais bon, j’étais parti du principe que je ne lui demanderais jamais, parce que c’était sa vie, et non la mienne. Mais est-ce que ce n’était pas un peu la mienne à présente ? Après tout, c’était bien un bout de moi qu’elle portait dans son ventre. Hestia dû sentir mon stress, parce qu’elle bougea de sa position, pour se mettre debout sur ses pattes arrière – posant ses pattes avant sur nos omoplates, à Maureen et à moi – tentant de me lécher abondamment le visage. J’éclatais de rire, tandis que j’essayais de le repousser gentiment, après lui avoir donné une bonne caresse. Elle ne faisait pas encore ma taille debout – c’était d’ailleurs pour cette raison que son léchage n’avait atterri que sur le bas de mon cou – mais elle était déjà bien grande. Qu’est-ce que ce serait dans quelques mois. Bon au moins, elle avait réussi à me déstresser quelque peu. « On va trouver une solution, ne t’inquiète pas. » tentais-je de la rassurer, après avoir repris mon enlacement. En même temps, j’étais moi-même totalement perdu. Je savais que la meilleure solution serait qu’elle emménage chez nous – avec Lexie. La maison était pour le moment assez grande, et la chambre d’amis pourrait largement servir à une pouponnière. Mais est-ce que l’irlandaise accepterait de partager la maison avec ma sœur ? Lexie finirait par s’y faire, surtout maintenant qu’il y avait un enfant en jeu. Mais est-ce que ma petite amie y arriverait ? « Bien sûr que je suis content ! » m’exclamais-je en me reculant un peu, prenant son visage de mes mains pour pouvoir la regarder dans les yeux. « Okay, ce n’était pas du tout prévu, et oui, la situation n’est pas idéale. » continuais-je avant de prendre une pause. « Mais on va avoir un bébé ! Tu te rends compte ? Un bébé ! » m’écriais-je avec un grand sourire, avant de l’enlacer de nouveau, tout en caressant son dos de ma main. Oui, j’étais bien sûr heureux de cette nouvelle imprévue, après tout, fonder une famille avait été mon rêve le plus fou. Et même si cela ne faisait pas longtemps que j’étais avec la jeune femme, je savais que c’était avec elle que je voulais en fonder une. De plus, la situation aurait pu être bien pire. Nous aurions pu n’être que des adolescents. Là j’avais quand même un solide travail – et malheureusement, mon poste ne serait jamais supprimé – avec un très bon salaire. Oui, j’étais dans une bonne situation pour avoir un enfant – et puis 28 ans était quand même un bon âge pour fonder une famille. Maintenant, il faudrait juste penser à ce qu’on allait faire pour la situation de ma petite amie.

Trouver une solution. C'était dingue, mais Maureen avait l'impression de n'avoir jamais fait que ça, trouver des solutions ! Elle ne râlait pas face à cet état de fait, pas alors qu'elle sentait comme une intense béatitude l'envahir face à la situation actuelle mais il n'empêche que si la venue prochaine de ce bébé était une formidable nouvelle en soit, l'irlandaise n'était pas sortie de l'auberge pour autant. Azariel ne l'abandonnerait pas et ce constat était une formidable chose mais il n'empêche qu'une intense panique s'emparait d'elle à la simple idée de devoir très prochainement accumuler les contrats. A croire qu'avec l'été, ceux-ci n'en devenaient que plus nombreux ! Mais ce n'était pas seulement cela qui paniquait la jolie blonde à vrai dire. Le simple fait que la soeur du jeune homme ne l'apprécie guère la paniquait. Elle imaginait déjà le canadien lui demander d'emménager et être diablement embêtée à l'idée que la cohabitation soit une catastrophe. Il l'avait dit lui même : sa soeur passait en premier. Celle-ci ne lui demanderait sûrement pas de choisir entre elle et sa vie privée mais ça ne ferait pas d'elle quelqu'un d'aimable envers Maureen pour autant... l'irlandaise n'y pouvait rien, elle pensait plus souvent au pire qu'au meilleur et ne parvenait pas à passer outre ce genre de détails. Pouvait-on la blâmer pour ça ? Ses deux seuls contacts avec la soeur du père de son enfant ne s'étaient pas révélés agréables ni placés sous le signe de la fraternité ! « J'avoue que j'ai du mal à me rendre compte... » Maureen avait tellement l'habitude d'enterrer ses sentiments les plus positifs à leur source qu'elle peinait à sauter de joie mais cela ne voulait pas dire qu'elle n'était pas heureuse, bien au contraire. C'était l'exact inverse qui se produisait et une fois le choc de la nouvelle passé, sûrement Maureen serait-elle la première à se réjouir de ladite nouvelle. « Je ne pensais pas que tu voulais des enfants à ce point... tu rassures mon petit coeur ! » s'exclama-t-elle soudainement. Elle tenta même un sourire franc, qu'elle parvint à rendre plus éclatant que les précédents, avant que celui-ci ne diminue légèrement face à la demande qu'elle s'apprêtait à faire. « J'ai une demande à te faire mais il faut que tu me promettes de ne surtout pas baliser... je sais que si mon père apprend ma grossesse par quelqu'un d'autre il va me brûler vive et crois-moi, je n'ai pas envie de déclencher sa colère donc il serait peut-être plus judicieux que je lui annonce rapidement. Mais... je voudrais te le présenter. Simple formalité, lors d'un dîner par exemple ! Je sais que ce ne sera sûrement pas la soirée la plus agréable de ton existence mon ange mais... j'ai énormément de nausées et je sais qu'il va m'appeler très prochainement pour savoir pourquoi j'ai délégué la fin de mon contrat histoire de rentrer plus tôt. Je sais mentir ce n'est pas le souci... mais ce sera bien pire si je le fais. Tu comprends ? J'ai juste besoin d'un peu de temps pour m'organiser. Je ne sais pas du tout comment, je ne sais pas quand tout ça va se dépatouiller et j'essaierai de déléguer au maximum pour mes contrats mais on me juge "irremplaçable" alors ça ne risque pas d'être gagné. Sans compter que mon appart' n'est pas du tout fonctionnel... enfin je sais que je fais ma rabat-joie mais je veux ce bébé et je veux régler toutes les merdes avant de ne plus en être capable ! Par pitié comprends-moi... » Maureen lova sa tête contre le torse d'Azariel, épuisée rien qu'avec son monologue. C'était beaucoup d'émotions fortes, et si la jolie blonde était habituée à l'adrénaline, ce genre de sentiment lui était hélas bien méconnu...

AZARIEL & MAUREEN

❝ the truth is : i'm pregnant ! ❞

Rencontrer son père … Je ne savais pas si c’était une bonne idée. Oui, en général, les pères m’appréciaient beaucoup, mais est-ce que ce serait le même cas pour celui de Maureen ? Après tout, en plus d’être une faiblesse de la jeune femme, je venais de la mettre enceinte – signifiant donc au passage que nous étions sexuellement actifs. En plus de ça, elle risquait de remettre en cause son travail – tout du moins je l’espérais – maintenant qu’elle était enceinte – et si possible, après l’accouchement. Je doutais donc vraiment qu’il ne m’apprécie. Je souris en l’entendant me surnommer ‘mon petit cœur’, avant de lui répondre. « Bah si, j’ai toujours rêvé de fonder une famille. » commençais-je, avant de faire une petite pause. « Et depuis que je suis avec toi, c’est avec toi que je veux en fonder une. » avouais-je. « Même si, avouons-le, j’aurais préféré attendre quelques années, et que nous soyons mariés entre temps. » continuais-je dans un rire. Je savais que la rencontre avec son frère aurait dû arriver un jour ou l’autre – après tout, j’avais maintenant rencontrés la plupart des autres membres de la famille O’Connor – mais j’aurais plutôt préféré que cela se passe tard, plutôt que tôt. Après tout, Lexie était peut-être une petite peste possessive, mais j’imaginais qu’un parrain de la mafia devait faire bien pire que ma cadette à la personne qui osait tenter de lui voler sa fille – et employée par la même occasion – non ? La jeune irlandaise était inquiète de quelle serait ma réaction si ma cadette me demandait de choisir entre les deux – ce qui n’arriverait jamais – mais autant dire que ce n’était rien par rapport à ce que je ressentais. Après tout, Maureen avait passé un contrat avec son père : être son pantin en échange de la liberté de ses frères. Etre son pantin signifiait bien faire obéir à ses moindres désirs non ? Donc, et s’il lui demandait d’avorter et de rompre avec moi. Est-ce qu’elle l’écouterait ? « Pour l’habitation, il me semblait que c’était clair. » commençais-je. « Tu viens vivre avec moi, et ma chambre d’amis sera la chambre de notre futur enfant, non ? » reprenais-je, doucement. Je savais que je devais également lui répondre à propos de la rencontre avec son père, mais je m’en sentais tout simplement incapable. Est-ce qu’elle ne pouvait pas se débrouiller seule avec lui ? Je savais que c’était vraiment lâche de ma part de penser à ça, de penser à la laisser s’occuper de son père alors que, plus que jamais, elle avait besoin de moi. Mais c’était plus fort que moi. La simple idée de le rencontrer me donnait des frissons. En même temps, du peu que j’aie entendu de lui, cela semblait normal non ? Ce n’était pas comme si ma petite amie m’avait chanté ses louanges quand même. Mais je savais que je ne pourrais pas me défiler et qu’il faudrait que je prenne mes responsabilités. Ma jeune irlandaise avait vraiment besoin de moi et je ne pouvais pas la laisser sans l’aider. « Une rencontre autour d’un café ? » tentais-je de faire un compromis. Je pensais même à ce que nous pourrions tous boire du soda – au cas où que son effet soit vraiment magique – mais je doutais réellement du fait qu’il apprécierait.

Maureen ne pu s’empêcher de laisser un petit rire peupler l’atmosphère sonore alors qu’Azariel lui assurait à nouveau vouloir fonder une famille. Bien sûr, cela arrivait beaucoup plus tôt que prévu, ils n’étaient pas mariés au milieu de tout ça mais l’irlandaise voulait croire que même en allant à l’encontre de tous les principes les plus basiques du monde, cela pouvait marcher entre eux. Voilà pourquoi elle voulait prendre les devants avec son père, afin que cela continue sur cette même lancée et qu’ils n’aient plus rien à craindre après… du moins pas de sa part. Mais c’est comme si elle sentait le canadien se raidir à cette demande, alors qu’elle l’imaginait retourner le problème cent fois dans sa tête. Pour un peu, elle s’attendait à ce qu’il ne lui dise qu’il n’était pas question qu’il le rencontre dans l’immédiat… mais il dégaina sur un autre sujet, arrachant d’un même temps une expression surprise à la jolie demoiselle. « Ca me rassure que tu me dises que c’est avec moi que tu veux fonder une famille… parce que c’est un peu ce que tu es en train de faire » se permit-elle de plaisanter parce qu’elle ne savait pas du tout comment réagir quant au fait qu’il lui imposait presque le fait de venir vivre avec lui… enfin avec eux puisque Lexie n’était pas à mettre de côté, elle vivait également dans la maison. « Tu es certain de ce que tu avances ? » reprit-elle aussitôt, légèrement septique. Elle ne remettait pas en doute ses bonnes intentions ou même sa demande mais plutôt le symbole même de la cohabitation. Maureen craignait qu’au bout de deux jours il ne se lasse de son tempérament impossible… Neil avait déjà envie de la tuer alors qu’elle était sa sœur, les rares fois où ils venaient à cohabiter, alors Azariel, pour le restant de ses jours… saurait-il gérer ? « C’était peut-être clair pour toi mais je ne me voyais pas dire : bon à partir de demain, je plie bagages et je viens squatter chez toi ! J’ai beaucoup de défauts mais pas le fait de m’imposer. Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si tu me supporteras à la longue… mes hormones me rendent plus insupportable encore que je ne le suis déjà. Je ne me cherche pas d’excuses je n’ai juste pas envie que tu t’obliges à faire ça pour mieux regretter après. Je ne veux pas que tu éprouves de regrets. Il va falloir que je mette de l’eau dans mon vin pour Lexie, aussi. » Maureen leva les mains pour lui faire comprendre qu’elle était prête à faire des efforts juste au moment où la question du canadien lui arracha une petite moue. « Tu ne veux pas le rencontrer, pas vrai ? Disons que mon père est un irlandais pure souche… il adore le cérémonial, juste un café ne lui suffira pas si je dois lui faire rencontrer l’homme de ma vie. Écoute je préfère que tu me dises que tu ne veux pas le rencontrer plutôt que de te forcer, d’accord ? Je gèrerai au besoin. Je crois que je suis passée experte en gestion du chaos depuis le temps. »

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❝  the truth is : i'm pregnant ! ❞

J’eus également un petit rire, tandis qu’elle me plaisantait sur le fait que oui, en effet, c’était bien avec elle que j’étais en train de fonder une famille. Bon, ce n’était pas vraiment parfait comme mise en situation et il était vrai que ‘classique’ comme je l’étais, j’aurais préféré que nous suivions l’ordre naturel des choses. Nous serions ainsi ensemble depuis plusieurs années avant que je ne lui demande de s’installer chez moi. Puis encore quelques années après, je lui aurais demandé sa main, après l’avoir tout d’abord demandé à son père – je ne voulais même pas imaginer le moment où je demanderais sa main à son père, tellement cela me foutait la trouille – et aurais donc fait ma demande après avoir obtenu sa bénédiction – oui, j’étais en effet dans une bulle et ne souhaitais donc pas imaginer sa réponse, préférant imaginer son appui, et alors ? Puis ensuite, nous aurions parlé des enfants et aurions commencé à tenter d’en faire. Bon, au final, au vu de notre âge, il était peut-être mieux qu’elle ne tombe enceinte maintenant. Parce que si nous avions suivi mon emploi du temps, elle aurait eu sa première grossesse après ses 35 ans, et il aurait donc été difficile de fonder une grande famille entourée de beaucoup d’enfants. A la rigueur, nous aurions pu en avoir deux, maximum trois. Et même si je savais bien que ce ne serait pas moi qui les porterais, je devais bien avouer que j’aimerais beaucoup en avoir quatre, voire cinq. Une très grande famille en somme. Donc commencer à en avoir à 27 et 28 ans, c’était peut-être la solution finalement. Même si cela nous poussait à faire tout l’inverse du plan que je m’étais fixé – grossesse, emménagement et, je l’espérais, mariage – ce n’était finalement pas plus mal. « Ce n’est pas toi qui disais que tu dormais mal sauf lorsque tu te trouvais dans mes bras ? Au moins, tu n’aurais plus à t’inquiéter de ça … » commençais-je. « Bien sûr que je ne sais pas ce que ça donnera, mais il va bien falloir qu’on saute le pas un jour ou l’autre, si l’on veut un futur ensemble. Et voilà, je veux être présent pour toi et pour le bébé, et ma maison est assez grande pour vous deux. Et je n’éprouverais jamais de regret dans le fait d’être présent pour mon enfant, ça tu peux en être sûre. » continuais-je. « Et vraiment, ne t’inquiète pas pour Lexie, elle s’y fera. De plus, même si je me doute bien que tu ne deviendras pas sa meilleure amie, je suis sûre qu’elle sera très heureuse à l’idée d’avoir une petite nièce ou un petit neveu. » Et cela était bien vrai. Même si au début, elle ne se monterait pas très enthousiaste, je la connaissais, et je savais qu’à partir du moment où elle viendrait faire des courses pour le petiot avec nous, et surtout les achats des vêtements, elle ne pourrait que devenir éprise. Bon, par contre, autant Lexie finirait par s’y faire, autant je n’étais vraiment pas sûr que j’arriverais à me faire à l’idée de partager un repas avec celui que j’aimerais imaginer devenir mon futur beau père. De ce que j’avais vu, tous les O’Connor étaient possessifs, et je ne voulais imaginer ce que pouvait donner la possessivité d’un chef de la mafia. Mais bon, je n’avais pas vraiment le choix. « Non, c’est bon pour un diner. Il allait bien falloir que je le rencontre un jour ou l’autre non ? Donc bon, autant que ce soit à cette occasion. De plus, ce serait te manquer de respect qu’il ne connaisse pas l’homme qui t’as mise dans cette situation. » terminais-je avant de l’embrasser amoureusement, comme pour me donner du courage.

Il fallait sincèrement que Maureen arrête de ne penser qu’au pire sans s’attarder ne serait-ce que quelques secondes sur ce bonheur futur qui se profilait gentiment. Sans doute pensait-elle qu’il était impossible qu’elle y ait droit un jour, et pourtant, force est de constater qu’Azariel lui confirmait à chaque seconde à quel point non seulement ils étaient faits pour être ensemble mais aussi qu’ils pouvaient tenter le diable sans éprouver le moindre regret. Puisque l’irlandaise était enceinte et que les mois à venir risquaient d’être les plus difficiles et les plus éprouvants émotionnellement, pourquoi ne pas accepter tout bêtement cette main que lui tentait justement le canadien ? Après tout, quelque soit la réaction de sa sœur Lexie, Maureen avait de toute façon vécu bien pire dans son existence toute entière. Elle pouvait tout à fait gérer une ado sur le retour faisant sa crise parce qu’elle craignait de perdre son frère… d’autant que s’il y avait bien une personne au monde qui ne chercherait jamais à lui voler sa place auprès d’Azariel, c’était bien la jolie blonde ! « Tu as bonne mémoire… » commença-t-elle tout en essayant de réprimer une moue qu’elle ne put hélas pas contrôler bien longtemps. Il avait malheureusement raison, dès qu’il n’était plus dans le coin, ses cauchemars revenaient de plus belle à la charge et il n’était plus question de ne dormir que trois heures par nuit… « Je dois m’attendre à ce que tu me fasses la guerre parce que je suis insomniaque et que je mange quand j’ai le temps, je suppose ? D’accord, d’accord, j’abdique ! Je pense souvent au pire pour éviter qu’on ne me prenne par surprise et c’est vrai, j’ai remis en doute ta proposition pendant une seconde parce que… bah le souci c’est que je t’aime tellement que je sais que ça me détruirait complètement si tu me rejetais. Tu n’auras qu’à me dire quand tu veux que je vienne… » Maureen tenta de hausser les épaules pour apaiser ses propres paroles mais elle ne croyait pas une seconde pouvoir s’apaiser elle-même : si c’était le cas, Azariel ne serait pas le premier à lui offrir un sommeil paisible en des années. « Ce n’est pas seulement Lexie que je crains, je crois que c’est un tout. Il ne faut pas m’en vouloir, je ne suis pas vraiment dans mon état normal après ne pas avoir dormi depuis trois jours à cause de mon contrat, de mes nausées et bien sûr du stress apporté par la nouvelle. Mais au moins, pour une fois Shaun évitera sans doute de se foutre de ma gueule… » Finalement, son cousin et elle suivaient le même chemin à quelques différences près. Il ne connaissait pas Anaé depuis des lustres et pourtant il l’avait mise enceinte et lui avait demandé de l’épouser dans la foulée. Une grande première pour quelqu’un qui s’était longtemps cru vacciné contre le mariage ! « Tu n’as rien à craindre, tu sais que je vais veiller sur tes arrières à chaque seconde de ce fameux dîner ? » murmura-t-elle à l’oreille d’Azariel avant de ne l’embrasser avec passion, son corps tremblotant encore légèrement mais avec beaucoup moins de virulence. Comme si, au même titre qu’il l’apaisait lorsqu’ils étaient tous deux allongés sur un même lit, il était parvenu à ce miracle en l’espace de quelques paroles. « Dans tes rêves les plus fous, tu voulais une fille ou un garçon en premier ? »

« Oui, enfin… me faire la guerre était une façon de parler » s’expliqua-t-elle car heureusement qu’il n’était pas du genre à être sans arrêt sur le dos des autres… Maureen ne le supporterait pas dans le cas contraire. L’irlandaise avait bien peur d’être une femme compliquée à beaucoup d’égards, mais surtout à niveau là. Elle possédait de grands élans la poussant vers les autres mais aussi de longs moments de solitude pendant lesquels elle ne supportait la présence de personne. Il allait sans dire qu’elle ferait un effort pour Azariel, parce qu’il avait ravit son cœur et qu’elle ne se voyait pas être séparée de lui encore de longues semaines supplémentaires, mais il n’empêche qu’elle allait avoir du mal à se faire à l’idée de la vie de famille, surtout si d’aventure Lexie et elle venaient à passer plusieurs moments seules, en compagnie l’une de l’autre. Restait à savoir si elles seraient capables de se parler comme deux êtres humains normalement constitués ou si elles se contenteraient tout bonnement de s’ignorer, pour le bien de l’humanité. « Tu ne seras pas là pour me surveiller mais peut-être que c’est ça dont j’ai besoin justement… quelqu’un pour veiller sur moi. » Maureen n’avait jamais baissé les armes auparavant, pour la simple et bonne raison que personne ne lui en avait donné l’envie et qu’elle n’avait pas eu l’occasion. La séquelle ne l’abandon venait d’ailleurs, d’un souvenir plus fugace mais qui l’avait marqué si fort qu’elle en était encore troublée maintenant. Autant dire que la jolie blonde resserra subitement son étreinte autour du corps musclé et puissant d’Azariel, s’apprêtant à murmurer sa confession pour qu’il soit le seul à l’entendre. « C’est plus facile pour moi de m’attendre au pire car mon existence a toujours été peuplée de bataille, de sang, de lutte continuelle pour survivre. En m’attendant au pire je ne suis pas surprise… on m’atteint beaucoup moins et je ne souffre pas. Tu trouveras sans doute ça stupide, surtout étant donné les circonstances mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à l’empêcher… tu as une vie normale sans moi et je ne vois vraiment parce ce que quelqu’un d’aussi formidable que toi peut me trouver. Mais sans doute est-ce parce que pendant très longtemps… mon cœur a été asséché, déserté par l’amour. » Maureen déglutit avec difficulté à cette simple pensée, qui la ramenait à la vérité lui explosant actuellement au visage : et si elle ne parvenait pas à être une bonne mère ? Après tout, cela ne s’apprend pas. Cette idée la fit trembler légèrement alors qu’elle réfugiait son visage contre le cou du jeune homme, humant cette odeur si rassurante et qui, mêlée à sa douce chaleur, parvenait à l’apaiser. « Tu veux les deux ?! Mais tu ne veux pas un garçon ou une fille en premier ? J’avais noté pour la grande famille, il ne faut pas croire… je ne sais juste pas si j’en serais capable. Tu as sûrement plus d’instinct paternel que je n’ai d’instinct maternel tu sais ! »

« Tu seras mon ange gardien ? » s’amusa-t-elle à dire pour cacher le soudain trouble étant le sien. Il allait réellement falloir qu’elle s’y fasse et cela ne risquait pas d’être une mince affaire puisque chez les O’Connor, c’était Maureen qui veillait sur les autres plus souvent qu’à son tour, jamais l’inverse. Ses frères avaient fini par prendre cela pour acquis, égoïstement, et bien que par exemple Anton ne soit guère en mesure de faire autrement, sûrement l’irlandaise aurait-elle aimé, de temps en temps, que l’un des deux ne lui propose de cesser tous ses efforts pour se relâcher, prendre une journée pour elle, être chouchoutée. Elle ne l’aurait jamais demandé – la jolie blonde étant bien moins égoïste qu’on ne pouvait le penser de prime abord – mais cela finissait par devenir un regret et fatalement se répercuter dans sa relation avec Azariel. La preuve, penser au pire avait été son premier réflexe, au moins qu’elle n’ait sûrement choqué le jeune homme au passage mais hélas… comment faire autrement ? « Je vais essayer mais je ne peux pas t’en faire la promesse pour la simple et bonne raison que je ne connais pas la sécurité. C’est un réflexe de défense chez moi et aussi vrai que lorsque tu te vexes il te faut un petit temps de réadaptation, sûrement te faudra-t-il me répéter ces mots avant qu’ils n’entrent définitivement dans ma caboche. Mais je te promets d’essayer… » Azariel devait sûrement comprendre mieux que personne à quel point un passé pouvait changer radicalement un caractère, et c’est la raison pour laquelle elle ne craignait pas pour la suite. D’un côté, il s’armerait très certainement de patiente et de l’autre, Maureen allait mettre tout en œuvre pour que cela fonctionne. Après tout, une relation, c’est un travail d’équipe n’est-ce pas ? « Répète ça ? » L’espace de quelques secondes, la jeune femme s’écarta de l’étreinte offerte par son canadien unique et préféré afin de pouvoir voir son visage, surtout lorsqu’il lui répèterait être le plus heureux des hommes. D’ordinaire, c’était le métier de Maureen que de semer trouve, désespoir et discorde, ce discours était donc… aussi délectable que surprenant à vrai dire. « Je ne sais pas si je vais être une bonne mère mais je veux que tu me répètes ça, s’il te plaît… c’est une grande première pour moi et je veux immortaliser ton expression dans mon esprit. »[/v] Le temps semblait suspendu depuis qu’Azariel l’avait rejointe sur le trottoir et à vrai dire, la jolie blonde se moquait de tout le reste. Et dire qu’elle avait cru qu’il s’éloignerait d’elle à cette nouvelle. [b]« Je crois qu’il y en a un qui, dès que tu vas le mettre au courant, va te parler tricot… » Qui ça ? Shaun bien sûr ! Contre toute attente, l’irlandais était un tricoteur professionnel…

« Tu sais que l’inverse est tout aussi vrai et que tu peux venir me parler de ce que tu veux ? » Certes, Maureen n’était pas aussi douée que le psychologue qu’il semblait voir régulièrement mais cela ne l’empêcherait pas de le serrer dans ses bras et de calmer ses éventuelles craintes. La jolie blonde voulait croire que malgré son passé et son incapacité totale à se lier facilement à autrui en temps normal elle serait capable de faire bien mieux à l’avenir, surtout en compagnie d’Azariel, qui mesurait grandement ses ardeurs de d’habitude. D’ailleurs, son sourire ne la quittait pas, preuve qu’elle était prête à faire tous les efforts du monde – ceux dont elle se pensait capable bien évidemment – afin de faire en sorte que leur couple ne marche. Elle avait envie de se dire qu’ils n’avaient pas rêvé leur mariage ainsi que la création de leur famille pour rien, que cela allait effectivement se réaliser et tant pis pour les quelques années qu’il faudrait normalement pour que cela ne paraisse pas précipité. A ce sujet, Maureen n’avait aucune idée de la réaction qu’aurait son propre père une fois qu’Azariel serait en face de lui et que Rob O’Connor aurait conscience du fait qu’il serait bientôt grand père. La jeune femme ne pouvait absolument pas prédire la chose, cet homme ayant la réputation d’être particulièrement imprévisible. Elle voulait croire, là encore, qu’il serait capable de la surprendre et que plutôt que de maudire la décision qu’elle avait prise avec le canadien – à savoir garder l’enfant, bien évidemment – il bénirait la chose et les soutiendrait quoi qu’il advienne. Il s’agissait sûrement d’un rêve puisque son père était parrain de la Mafia et non une réplique exacte de Mère Theresa… mais il ne faut jamais rêver mesquin dans la vie. « Ce n’est pas que je n’avais pas entendu mais ça me fait du bien de te l’entendre dire… » Maureen n’avait pas encore osé lui demander s’il était heureux avec elle, s’il croyait autant qu’elle à leur histoire et ce qu’il pensait vraiment de sa grossesse. Le savoir désormais la comblait et c’est pourquoi son sourire s’étira d’autant pour se transformer en une magnifique marque de tendresse. « J’ai très envie de te croire. Mais je me dis aussi que si je merdouille, nous sommes deux dans l’histoire, on pourra donc forcément faire une moyenne. Je pense que j’ai besoin de digérer l’information et de passer le dîner avec mon père pour me sentir mieux. Je serai sûrement tendue jusque là… et d’ailleurs, je ne sais pas si c’est une très bonne idée que je m’impose dès ce soir à ta sœur après qu’elle m’ait claqué la porte au nez alors… tu viendrais faire une balade en moto avec moi ? Je te raccompagnerai après… j’ai besoin qu’on se retrouve tous les deux. »

« Je ne parlais pas uniquement de ton passé Az… mais aussi du fait que si tu as un coup de gueule à pousser, quelque chose qui te choque dans ta vie, dans ton travail ou même en général, tu peux me le dire, je serai difficilement choquée tu peux me croire ! » Du bout des doigts, Maureen se mit délicatement à caresser le bras du jeune homme comme pour ponctuer ses paroles et lui assurer qu’elle non plus, elle ne comptait pas prendre ses jambes à son cou ou même des risques inconsidérés à l’avenir. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais était néanmoins sûre d’une chose : il n’était pas question qu’elle le laisse de côté, jamais. Elle ressentait l’irrépressible envie de former un véritable cocon protecteur impénétrable avec lui, ce n’était donc pas pour le briser à la première occasion et faire en sorte qu’il soit un laissé pour compte… elle n’agissait déjà pas ainsi avec ses frères, ce n’était pas pour le faire avec lui. « Ne t’inquiètes pas, je le lui dirai… tu veux peut-être que je te fasse un topo sur sa personnalité avant ? Genre ses goûts et dégoûts histoire que tu saches quelle cartouche dégainer dans la conversation et être à l’aise autant que possible… » Mais pas tout de suite. Tout de suite, Maureen venait de lui tendre un deuxième casque de moto après avoir capturé furtivement ses lèvres, ravie de s’évader ne serait-ce que quelques heures en sa compagnie quitte à le reconduire après. Elle ne manqua d’ailleurs pas de mettre son propre casque et de démarrer, attendant sagement qu’il ne se mette à l’arrière et ne se cale contre elle afin de se lancer dans les grandes artères de New York à pleine vitesse. Certes, la demoiselle dépassait très légèrement celles autorisées, mais elle avait besoin de sentir un nouveau type d’adrénaline se glisser dans ses veines avant de ne ralentir progressivement une fois la plage en vue. Azariel n’avait rien craint durant le voyage : il n’y avait quasiment personne sur la route qu’ils avaient empruntée et puis Maureen avait une maîtrise plutôt impressionnante de sa propre moto. C’était d’ailleurs étonnant de la voir enfourcher un tel engin mais elle aimait les sensations que cela procurait… « J’en profite avant de ne plus pouvoir la conduire ! J’ai dû la prendre parce que Neil m’avait piqué ma caisse. » souffla-t-elle comme si elle devait absolument expliquer son comportement. Mais elle rangea rapidement les deux casque pour mieux empoigner doucement la main du jeune homme et le conduire au cœur même de la plage, complètement déserte à cette heure-ci, l’éclaboussant rapidement après avoir ôté ses chaussures. Depuis quand n’avait-elle pas goûté à des plaisirs aussi simples ? Une éternité. « Allez, pose-moi toutes les questions que tu veux, histoire que je te rassure et que tu ne diabolises pas la rencontre avec mon père ! »

Une fois sur la plage, les pieds dans l’eau et légèrement éloignée du fait que Lexie les observait depuis de longues minutes, Maureen s’étira largement et poussa un soupir d’aise. Enfin libre, pour ainsi dire ! Certes, elle avait tout de suite lancé le sujet de son père – sujet épineux au demeurant – mais si contrairement à Azariel elle ne craignait pas vraiment cette rencontre, elle préférait qu’ils soient tous deux rodés et que le canadien sache quoi dire pour ne pas manquer le malaise. C’était plus ça qu’elle craignait… après tout, l’irlandaise connaissait son père sur le bout des doigts et savait pertinemment qu’il aurait tôt fait de vouloir tester le jeune homme sur tous les sujets possibles et imaginables, à commencer sur sa culture de la vie. Rob O’Connor partait du principe qu’un homme n’en n’est pas vraiment un à moins qu’il ne se cultive au jour le jour pour savoir briller, de temps à autre, dans une conversation et ce sans chercher à faire preuve de trop d’arrogance. Cela apprenait le juste milieu, en d’autres termes. « Les deux sujets qu’il ne faudra jamais aborder à moins que tu ne veuilles l’énerver au-delà des mots ou le pousser à quitter le restaurant immédiatement, c’est le sujet de ma mère ou de mon frère Anton. Le premier parce qu’il ne s’est jamais remarié ni même remis de son assassinat, je le sais, il le sait et ce bien qu’il n’en parle jamais à personne ; et le deuxième parce qu’il ne sait pas comment gérer la cécité de son aîné. Il le voit d’ailleurs très peu souvent, il se contente de l’appeler de temps à autre et de penser à son anniversaire et à Noël. Ca ne l’empêche pas d’être gaga d’Oli mais… il ne sait pas comment gérer. Sûrement parce que ma mère était l’âme sentimentale de cette famille et que depuis qu’elle n’est plus là, il estime qu’il n’a plus de sentimentalisme à avoir ni à donner. Je suppose, hein. » Maureen esquissa un petit sourire triste, à la fois étonnée d’être en mesure de parler aussi facilement de sa mère sans exploser littéralement mais émue tout de même car ce sujet lui provoquait également des frissons désagréables ainsi que des réminiscences dont elle se passerait bien. « Sinon, de quoi parler en priorité ? Tu as eu un aperçu avec Shaun je pense : l’Irlande, le gaélique, le rugby, les femmes… mais tu n’es pas comme Shaun là-dessus, tu feras preuve d’un respect et d’une maîtrise sur le sujet qui va très certainement lui plaire. Tu ne le diras pas à Shaun que je te l’ai dis, mais si c’est son neveu préféré, il n’empêche que mon père lui a déjà mis une baffe parce qu’il parlait des femmes d’une façon qu’il a jugée irrespectueuse. Tu vois si Shaun te fais chier tu pourras l’emmerder avec ça ! Mais sinon je ne sais pas… si tu as des idées de sujets ou des questions, demande-moi, n’hésite pas ! » Inconsciemment, Maureen caressa furtivement son ventre avant de ne continuer à faire quelques pas dans l’eau. Sûrement le fait qu’il ne l’ait touchée en premier lui avait fait un effet bœuf…

« Tout dépend, qu’est-ce que tu dirais à mon sujet ? » se permit-elle de demander non sans lui sourire de façon sincère. Après tout, son père n’était peut-être pas le plus sentimental des hommes mais ça ne voulait pas dire qu’il n’aimait pas ses enfants, bien au contraire. A de nombreuses reprises, il avait sauvé Maureen de la merde, l’empêchant de ne se prendre une balle en pleine tête. Son poste lui imposait d’être plus dur et moins présent que la plupart des pères mais l’irlandaise n’irait pas jusqu’à dire qu’il ne lui avait jamais donné d’amour. Son affection à lui était sensiblement différente et il fallait bien souvent savoir lire entre les lignes pour la comprendre mais la jolie blonde ne s’était jamais sentie réellement laissée pour compte ni même autrement qu’en sécurité à ses côtés. Sans doute parce qu’elle l’avait déjà vu tuer des traitres de sang froid… cela en imposait direct, surtout lorsque l’on n’est qu’une adolescente. Maureen ne craignait pas son père, pourtant. Ils étaient tous deux aussi dangereux l’un que l’autre et lors de leurs rares disputes homériques, seules les paroles étaient dures, ils n’en n’étaient jamais venus aux mains, pour la simple et bonne raison qu’ils auraient du mal à avoir le dessus sur l’autre. « Ma mère n’était pas romantique, tu sais… elle était douce, maternelle mais avait du mal avec le romantisme. Il ne faut pas croire, mon père était le romantique des deux ! En fait, ils avaient une relation un peu… étrange. Il n’y avait jamais de discussion autour du métier de mon père, ma mère ne voulait jamais en entendre parler. Mais aussi loin que je me souvienne, elle ne lui a jamais imposé de devenir quelqu’un d’autre, parce qu’elle savait que ce serait impossible pour lui. Il était parrain depuis tellement d’années que cela n’aurait pas eu vraiment de sens. Qui plus est, il a toujours été en mesure de protéger ses enfants. Et le pire, c’est qu’elle n’a pas été tuée par quelqu’un de la Mafia, tous craignaient trop mon père… enfin je ne sais pas pourquoi je te parle de tout ça, ce qu’il faut retenir c’est que si tu parles de romantisme, ça ne va pas le faire bondir, tu n’as pas de souci à te faire ! » Sauf que l’inquiétude d’Azariel ne manqua pas de remonter à la surface et Maureen s’approcha aussitôt de lui afin de s’emparer de son visage en coupe à l’aide de ses mains. Il valait mieux crever l’abcès aussitôt sans quoi il allait finir par lui faire une syncope en bonne et due forme. « Hey, hey, regarde-moi mon ange ! Tout va bien se passer et il ne va pas être dur avec toi, tu m’entends ? Quoi qu’il advienne, je serai là pour veiller sur tes arrières, d’accord ? Et puis en quoi ce serait choquant que tu parles du futur ? »