Cléa poussa un soupir désespéré en ouvrant le frigo à la recherche de ce qu’elle pourrait bien faire à manger ce soir. Le même désespoir l’envahit en regardant dans les placards. S’il y avait une chose évidente à signaler, c’était que les courses ne s’étaient pas faites toutes seules. Etonnant, non ? La brune jeta un coup d’œil à l’heure qu’il était. Elle avait le temps de se rendre au supermarché et de revenir avant de devoir aller chercher Mattéo à l’école. C’était une bonne nouvelle ça. Elle se débrouilla alors pour établir rapidement une liste de ce qui était le plus pressant qu’elle achète avant de quitter son appartement. Elle n’oublia pas de prendre au passage son téléphone ainsi que celui où elle recevait les appels pour le boulot. Elle n’était pas censée bosser là mais il arrivait que lorsque le standard était débordé, des appels lui soient transmis quand même et l’américaine ne crachait jamais sur un peu d’argent supplémentaire. Il fallait bien ça.

En empruntant la route pour la supérette, elle décida de ne pas prendre le chemin habituel et coupa par une ruelle qu’elle n’empruntait pas d’ordinaire. Elle avait peur d’être un peu juste finalement niveau temps alors il fallait qu’elle fasse ce qui était en son pouvoir pour gagner ne serait-ce que quelques secondes. Dans la ruelle, elle croisa un groupe de garçons qu’elle ignora d’abord avant que l’un d’eux ne s’adresse à elle. Il se mit alors à la draguer de manière très lourde, demandant son numéro par exemple. Cléa réfléchissait à la meilleure manière de se débarrasser d’eux quand quelqu’un d’autre arriva et s’adressa aux mecs. « Vous voyez pas que vous êtes lourd là ?! Dégagez ! » Cléa se tourna et aperçut une jeune femme ? Oui ça en était une, elle l’avait reconnu à la voix mais ça ne se voyait pas nécessairement très bien juste en la regardant. « Eh, mais c’est que sous cet amas de fringue de mec se cache une jeune fille ! T’es aussi bonne que l’autre, tu ne veux pas me faire une pepi. » Cléa regarda un peu ébahit la jeune fille faire une prise d’elle ne savait pas trop quoi à l’homme qui venait de parler. « Bordel la voyante m’avait bien dit aujourd’hui que je n’aurai aucun souci ! » C’est qu’il ne fallait pas croire les voyantes. L’autre continua de s’en prendre aux mecs et Cléa assista au spectacle sans rien dire. « Vos mères vous ont jamais appris à traiter les femmes comme des princesses ?! » « Non, toi on te baise. » Après ça, l’autre jeune femme vint prendre la main de Cléa et celle-ci fronça les sourcils. « Venez, on s’en va. » Oui, c’était plutôt une bonne idée en fait. Les deux jeunes femmes se mirent alors à courir pendant… quelques temps. Quand elle sentit qu’elle n’en pouvait plus, l’Américain s’arrête et s’appuya les mains contre les genoux pour tenter de reprendre sa respiration. « Merci. » lança-t-elle au bout d’un moment. « C’était… un sacré spectacle. » Elle avait une nuance quelque peu admirative dans la voix.

Si elle avait su que couper par cette ruelle lui prendrait finalement plus de temps, Cléa se serait sans doute abstenu. Enfin, elle n’avait pas à se plaindre parce que grâce à la jeune femme qui était intervenu, elle s’en sortait plutôt bien. Non pas qu’elle ait vraiment eut le temps de craindre quoique ce soit. Elle en connaissait assez sur les gens en général pour savoir que les gros lourds qui l’avait accosté ne lui aurait pas fait vraiment de mal. Il avait juste de la gueule. Rien de plus. Soit, elle avait quand même suivi l’autre quand elle s’était mise à courir. Mais maintenant qu’elle n’en pouvait plus, la brune s’était arrêté et tentait de reprendre son souffle peu à peu. Ce n’était pas quelque chose de si facile. Finalement, l’américaine s’appuya contre le mur qui se trouvait derrière elle et remercia l’autre. Elle supposait que c’était la moindre des choses pour ça. Enfin sûrement. Elle ajouta également que ça avait été un sacré spectacle faute de savoir comment qualifier ça autrement. « Vous trouvez ? Je n’ai rien fait de bien méchant. Ce sont le genre de mecs grand parleur, mais dès qu’on les dépasse hop, ils s’enfuient. » Cléa se mit à rire légèrement. Elle ne savait pas si c’était plus nerveux qu’autre chose ou non. « En tout cas, ils vont sûrement éviter de raconter ce qui vient de se passer. » Ils avaient dut être un peu piqué dans leur fierté quand même. Ils étaient en surnombre et en plus c’était des mecs alors raconter qu’ils avaient lamentablement dut battre en retraite face à une fille devait être contrainte à tous leurs principes. L’autre enleva ensuite sa casquette et Cléa put voir qu’elle avait déjà son lot de blessures. Elle grimaça d’ailleurs en voyant ça. « Ca vous arrive souvent ce genre de choses ? » questionna-t-elle alors sans vraiment se soucier d’être indiscrète ou non. Elle avait l’habitude de faire parler les gens d’eux. Elle était sûre qu’en étant simple voyante bidon, elle aidait plus certaines personnes qui l’appelaient que pourrait le faire un psy.  « Je m’appelle Ichigo et vous ? » « Cléa. » répondit aussitôt la jeune femme. « Enchantée Ichigo. » Et voilà, les présentations étaient faites. Maintenant, Cléa supposait qu’elle allait pouvoir aller faire ses courses enfin sans peut-être rencontrer de nouveaux obstacles. « Vous alliez ou ? Je peux vous accompagner si vous voulez. On ne sait jamais si vous retombez sur eux… » Cléa fronça les sourcils. Elle n’imaginait pas vraiment qu’elle pourrait recroiser ses types mais bon. « J’allais faire les courses. » dit-elle en haussant les épaules. « Vous pouvez m’accompagner si vous voulez mais je doute que vous y trouviez un grand intérêt. » Il y avait plus passionnant comme chose à faire quand même.

En regardant plus attentivement la jeune femme, Cléa ne put s’empêcher de lui demander si ce genre de choses lui arrivait souvent. Il suffisait en effet de voir son visage pour comprendre pour sûr qu’il lui était récemment arriver quelque chose. Quoi après, la brune n’aurait pas su le dire mais vu l’était de ses blessures, elle avait dut croiser des brutes autrement plus menaçantes que les types de tout à l’heure. « Bah vous savez… Je suis habituée… J’ai vécu dans le cœur de la ville si je puis dire… Je me bats souvent, je suis loin d’être une fille intérieurement. Entourée de gars toute ma vie, je pense, et vie comme un mec. » Cléa la regarda longuement avant de finalement hocher la tête. Elle ne pouvait certainement pas se mettre à la place de la jeune femme dans ce qu’elle disait mais elle comprenait au moins où l’autre avait voulu en venir. « Mais c’est vrai que dernièrement… je tombe souvent dans des coups foireux et je me fais pas mal amoché. Ne prenez pas peur. » Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Cléa. « Mais je n’ai pas peur. » fit-elle alors en haussant les épaules. Elle fronça ensuite les sourcils. « Je peux vous demander ce qui vous est arrivé exactement hmm ? » Elle ne voulait pas paraître trop curieuse mais… si en fait, elle était très curieuse. Il ne fallait vraiment pas la blâmer pour ça.

Après de rapides présentations durant lesquelles Cléa apprit que la jeune femme qu’elle avait en face d’elle se nommait Ichigo, l’autre proposa à Cléa de l’accompagner là où elle allait. L’idée d’avoir sa propre garde rapprochée amusait légèrement la jeune femme mais celle-ci ne tarda pas à se rappeler qu’elle allait faire les courses et que ça n’avait rien d’une activité très attrayante. En fait, pour bien dire les choses, c’était même plutôt très chiant. L’américaine informa donc Ichigo à ce propos. « Oh ne vous inquiétez pas, je sortais prendre l’air alors faire les courses avec vous, va m’occuper ! » Cléa plissa les yeux en regardant longuement la jeune femme. Elle était bizarre un peu. « Ok. » lâcha-t-elle au bout d’un moment. « Allons-y alors je suppose. » La brune se remit alors à marcher en compagnie de sa nouvelle compagne de route. Elles gardèrent le silence dans un premiers temps jusqu’à ce qu’Ichigo ne reprenne la parole. « Vous faites quoi dans la vie ? » C’était toujours la question qui tuait ça. Cléa la jaugea du regard un moment avant de se décider à lui répondre. « Je travaille comme voyante. » Autrement dit, elle arnaquait les gens à longueur de journée au téléphone. Mais ça, elle ne pouvait pas vraiment le dire, elle se souvenait bien avoir entendu Ichigo mentionner une voyante justement tout à l’heure.

Cléa avait finit par demander à l'inconnue comment elle avait fait pour être aussi amoché. C'était peut-être un peu indiscret. Après tout, elle ne connaissait pas du tout la jeune femme mais bon, si elle ne voulait pas lui répondre, libre à elle. L'américaine ne lui en voudrait absolument pas et comprendrait même tout à fait. « Oh eh bien… c’est assez compliqué… »  Cléa posa un regard attentif sur elle et attendit qu'elle continue de parler ou non. Elle ne voulait pas la brusquer non plus et la laisser aller à son rythme.  « en fait… j’avais un petit souci avec un gars et… sa bande a décidé de me régler mon compte… a coup de… batte de baseball… bref, j’ai pris la tôlé de ma vie, je m’en souviendrai toute ma vie, surtout des agrafes dans ma tête mise à la sauvage pour me recoudre le crane… » « Oh... » Cléa s'interrompit, ne sachant pas trop quoi ajouter d'autres. Ce qui la perturbait en fait, c'était qu'elle était presque certaine d'avoir déjà entendu cette histoire. Mais elle ne voyait pas vraiment où sur le coup comme c'était le première fois qu'elle voyait l'autre. « Je suis désolé pour vous. Ca a du être... terrible. » Elle avait dit ça à défaut de voir quoi ajouter d'autres. La jeune femme voulait l'accompagner faire les courses et Cléa décida qu'elles pouvaient donc se mettre en route. « Mais oui, comme ça je porterais vos courses, pour vous aider ! » Cléa fronça les sourcils. « Oh oui, si vous voulez. » lâcha-t-elle alors. « Mais je ne voudrais vraiment pas vous embêter avec ça, je peux les porter moi-même ! » Elle était une grande fille après tout. La jeune femme se renseigna ensuite sur ce que Cléa faisait de sa vie et l'américaine l'informa donc qu'elle travaillait comme voyante. La classe quoi. « Voyante ? Oh j’appelle une voyante tous les jours au téléphone. Je lui raconte ma vie, la pauvre… mais aujourd’hui elle a été nulle. Elle n’avait pas prévu de bagarre… » Mais oui ! C'était ça. Elle avait bien entendu cette histoire... au téléphone. Elle ne voyait pas pourquoi elle n'avait pas retrouvé ça plus tôt (peut-être parce que les gens qui lui racontaient leur vie au téléphone étaient quand même nombreux.  « Les voyantes ne peuvent pas toujours tout voir. » se défendit-elle alors un peu. Surtout les voyantes bidons. « Et, je ne devrais pas dire ça mais il est fort possible qu'il s'agissait de moi. » Qu'Ichigo sache qu'elle venait de traiter Cléa de nulle devant elle quand même. La jeune femme voulut par la suite en savoir plus sur les méthodes de voyance.  « Vous voyez vraiment l’avenir ? Vous lisez dans quoi ? Une boule en Cristal ? Des cartes ? »  Oui, oui, vraiment. Cléa hocha vigoureusement la tête avant de réfléchir dans quoi elle voyait vraiment cet avenir. « Les deux ! Boules de cristal et les cartes. » Sauf qu'il fallait remplacer la boule de cristal par ses verres sales et les cartes par son journal. Mais à peu de choses près, c'était ça.

Après qu'elle lui ait demandé comment elle s'était fait ça, Ichigo raconta à Cléa ce qui lui était arrivé évoquant par la même occasion vaguement quelque chose à l'américaine. Mais Cléa cessa vite de chercher ce que ça pouvait lui rappeler préférant essayer de trouver quelque chose à répondre à ça. Elle arriva juste à sortir une phrase bateau et sans intérêt sur le fait que ça avait du être terrible pour elle. « Je suis habituée à me battre, vous savez… » Cléa la regarda un moment avant hausser les épaules. « Oui mais bon... quand même. » Ce n'était pas parce qu'elle avait l'habitude de se battre qu'elle méritait pour autant que quelque chose comme ça ne lui arrive. L'autre proposa ensuite de porter les courses de Cléa et pour le coup, l'américaine eut vraiment l'impression d'abuser. Déjà qu'elle avait l'impression de s'imposer puisque l'autre venait avec elle pour les courses (alors qu'elle ne lui avait pas vraiment rien demandé), ça en plus c'était trop franchement. « Mais vous ne m’embêtait pas du tout, sinon je ne l’aurai pas proposé vous savez… » La brune lui lança un regard sceptique. C'est vrai que ça aurait été un peu bête sinon mais bon, on ne savait jamais. « Vous auriez très bien pu vous sentir obligé comme vous venez aussi. » expliqua Cléa. Elle, c'est ce qu'elle aurait pensé en tout cas. Enfin soit. Elles évoquèrent ensuite le sujet de la voyance et l'américaine retrouva pourquoi l'histoire d'Ichigo lui avait rappelé quelque chose un peu plus tôt : ça devait être elle la voyante qu'elle appelait. Tout de suite, ça paraissait plus clair à la jeune femme mais elle dut surtout se défendre un peu parce que l'autre l'avait traité de nulle pour ne pas avoir prévu la bagarre d'aujourd'hui (en même temps, elle était une voyante bidon, il ne fallait pas trop lui en demander non plus). « Oh… vraiment ? Mon histoire vous rappelle alors celle que j’ai racontée au téléphone ? » La jeune femme hocha vaguement la tête. « Oui, je pense. Mais je serais pas capable de dire ça avec certitude en fait parce que j'ai plus d'une personne au téléphone par jour. » Et elles lui racontaient toutes leurs vies. C'était devenu quelque chose d'habituel maintenant pour Cléa. « Pardon pour l’insulte… » « Oh, c'est rien. Vous ne pouviez pas savoir. » Et elle avait raison en plus, Cléa était vraiment une voyante très nulle. D'ailleurs, elle n'était pas capable de dire quelles méthodes de voyances elle utilisait en dehors des vieux journaux. Comme Ichigo l'avait un peu mis sur la voie, elle évoqua les cartes et la boule de cristal mais en vérité, elle ne savait pas le moins monde comment ça aurait pu l'aider à faire de la voyance. « Ça m’a l’air cool. Je pourrais vous voir à l’œuvre un jour ? » Uh... quelle mauvaise idée. Cléa avait juste envie de grimacer mais elle fit à la place de ça un sourire qui se voulait confiant. « Oui pourquoi pas... un jour. En attendant course ! » Il ne fallait pas trop s’appesantir sur ce sujet.

Il était venu à l'idée de Cléa que si l'autre voulait bien l'accompagner aux courses et lui porter celles-ci (alors que l'américaine ne lui avait rien demandé, il fallait bien rappeler ce point-là), c'était parce qu'elle se sentait obligée. La brune trouvait ça un peu stupide idée en fait parce qu'elle n'avait rien fait qui puisse justifier qu'Ichigo ne se sente obligée de faire ça en fait. Elle venait de se rencontrer et c'était l'inconnue qui venait de la sortir d'un mauvais pas et non l'inverse. « Ne vous inquiétez pas… je ne me sens obligé de rien ! Je fais ça avec plaisir vous savez ! Vous verrez vous me voudrez à chaque fois que vous ferez des courses après ! » Cléa la regarda avec surprise. « Avec plaisir hmm. » Elle ne connaissait pas beaucoup de gens qui accompagnait faire les courses avec plaisir. « Est-ce que vous allez vous vexer si je vous dis que vous êtes un peu étrange ? » Non parce que là c'était vraiment ça. Elle était pire qu'un peu étrange, elle était un peu comme un alien. Bon ok, peut-être pas un alien, l'américaine exagérait sûrement légèrement mais c'était l'idée quoi. « Et si vous le dites. » ajouta-t-elle avec un sourire. « C'est vous qui ne voudrez pas de moi chaque fois que je vais faire les courses. » Non parce qu'à ce moment-là, elle serait pire qu'un alien. Ca existait ça ?

Cléa découvrit par la suite que la jeune femme n'était peut-être pas tellement une inconnue pour elle. Elle avait en effet déjà eu l'occasion de l'avoir au téléphone et d'avoir un récit détaillé de sa vie (ou au moins de la bagarre qu'elle lui avait reraconté précédemment). Mais elle ne pouvait pas affirmer ça avec certitude par ce qu'Ichigo était loin d'être la seule à appeler pour une voyance. « Vous devez être riche, non ? » Cléa fronça les sourcils en l'entendant dire ça et se mit à rire. « Grand dieu, non. » Quelle drôle d'idée. La compagnie qui l'employait se faisait sûrement un max avec le prix d'un appel mais elle touchait un salaire normal. Elle n'était pas à plaindre mais très loin d'être riche pour autant. Ichigo l'avait possiblement traité de nulle sans savoir qui elle était et lorsqu'elle s'excusa, Cléa lui assura que ce n'était rien. Après tout, elle pouvait bien la traiter de voyante nulle vu que c'était ce qu'elle était en vrai. « Oui mais quand même… » La brune secoua la tête. « Vous êtes toutes excusée. » dit-elle simplement pour mettre fin à cette discussion. Elle se remémora ensuite qu'elle devait aller faire les courses et qu'elle était assez pressée. Elle le rappela donc également à la jeune femme qui l'attira aussitôt sans tarder vers le magasin. Elle s'arrêta ensuite devant le supermarché. « Unni ! C’est là que nous allons ? Que devons-nous prendre exactement ? » « Que d’enthousiasme pour de simples courses. » relava la jeune femme en souriant. Elle finit ensuite pour hocher la tête et confirmer que c'était bien le bon magasin. Elles entrèrent par la suite à l'intérieur. « Alors, ils nous faut du lait, du chocolat en poudre, des céréales mais pas n'importe lesquelles parce qu'il faut un jouet spécial dedans en cadeau. » Son fils était difficile. « Des gâteaux, du jambon, et... tout ce qu'il y a sur la liste en fait. » Cléa lui tendit la liste qu'elle avait pris la peine d'écrire tout à l'heure et qui était trop longue pour qu'elle puisse bien vouloir tout lire à haute voix maintenant.

Cléa avait trouvé la jeune femme très étrange mais elle ne voulait pas trop la vexé en le lui disant. Ca ne l'avait pas empêché de le dire quand même en fait. « J’ai toujours été étrange, alors ne vous inquiétez pas, je ne suis pas du tout vexé ! » Cléa se mit à rire en l'entendant dire ça comme ça. « C'est parfait alors. » laissa-t-elle alors échapper. En tout cas, même si elle avait dit que Cléa voudrait toujours d'elle pour faire ses courses maintenant, la brune n'était pas certaine qu'Ichigo serait pour autant toujours partante. « Et je vous dirais ça. Si je ne veux plus faire les courses avec vous… c’est que vous avez été aussi bizarre que moi en voulant vous accompagner ! » « Je ne suis pas bizarre du tout ! » s'exclama aussitôt l'américaine. Par contre, elle avait l'habitude de rencontrer des cas bizarres. Il fallait croire que ça les attirait. Mais ça ne dérangeait pas vraiment la jeune femme en fait.

Ichigo demanda ensuite si Cléa était riche. Il fallait croire qu'elle s'attendant à ce que la brune soit riche en tant que voyante. Mais non, ce n'était malheureusement pas le cas. Elle vivait juste... normalement. Elle n'était pas à plaindre mais voilà, c'était tout quoi. « Et si vous monter votre propre boite ? Vous y avez pensé ? À mon avis, là, vous aurez beaucoup, beaucoup plus d’argent. »  La jeune femme fronça les sourcils. Non, elle ne l'avait jamais envisagé en fait. Mais elle avait de bonnes raisons pour ça. « Il faut de l'argent pour ça. » fit-elle en haussant les épaules. « Et du temps. » Or, elle n'avait pas assez ni de l'un ni de l'autre. Elle tendit finalement sa liste de course à l'inconnue pour que celle-ci voit ce dont elle avait besoin. Elle avait bien commencé à lui dire la liste à l'oral mais c'était trop long en fait. « Trop cool ! Il nous faut un charriot alors ! Vous avez un jeton ou une pièce ? Je peux même le pousser si vous ne voulez pas le faire ! » Well, Cléa n'était pas certaine d'arriver à se faire à ces exclamations d’enthousiasme pour un rien. Enfin soit, elle sortit quand même un jeton de sa poche mais elle ne le lui tendit pas. « Je peux pousser le chariot toute seule. » l'informa-t-elle alors. Parce qu'elle n'aimait pas trop que l'autre fasse tout pour elle en fait. Elle attrapa la liste que lui rendait Ichigo et entra dans le magasin avec le chariot et la jeune femme. « Vous savez, je n’ai jamais fait les courses avec qui que ce soit. Ma mère n’est jamais là. Ou plus exactement… elle ne s’est jamais occupée de moi à part me foutre à la rue constamment pour être tranquille avec des hommes… Alors… faire les courses avec vous, me donne le sentiment… hum… De partager quelque chose de hum… Comme une famille… enfin, vous voyez le genre ! »  Partager quelque chose comme une famille... C'était peut-être un peu tôt pour dire ça alors qu'elles ne se connaissaient pas, non ? « Je ne sais pas si on peut vraiment dire qu'on partage quelque chose en faisant des courses hein. » fit-elle remarquer. « Mais si ça vous plaît tant mieux. » Elle était un peu attendrie par la fille en fait qui n'avait pas l'air d'avoir toujours eu la vie facile.

Cléa était une fille plutôt gentille et avait un contact plutôt facile avec les gens en général. Il n'en fallait pas beaucoup pour qu'elle se mettre à parler avec d'autres personnes de tout et de rien. La preuve encore là où elle était en train de parler de son job à Ichigo alors qu'elle aurait tout aussi bien pu juste passer son chemin après l'avoir remercié. La jeune femme voulait savoir pourquoi Cléa ne créait pas sa propre entreprise puisque travaillé pour Cassandra Sees ne la rendait pas riche. C'était bien simple en fait, l'américaine n'avait pas les moyens suffisant pour ça. Et ce qu'elle avait encore moins en fait, c'était le temps. Elle était déjà suffisamment occupée pour ne pas s'ajouter de charge supplémentaire. Surtout que si elle aimait bien son boulot à la base c'est surtout parce qu'il lui permettait de travailler très tranquillement chez elle. « Vous avez raison… Malheureusement… ce n’est pas donné à tout le monde… » La jeune femme eut un petit sourire. « Oui. » fit-elle en lui lançant un regard désolé parce que l'inconnue avait l'air de savoir de quoi elle parlait. « Enfin pour ma part, je ne suis vraiment pas à plaindre hein. » Elle avait bien conscience qu'il y avait tellement de gens moins chanceux qu'elle.

Dans le magasin, Ichigo fit savoir à Cléa ce qu'elle pensait du moment qu'elles étaient en train de partager et l'américaine put en déduire que cette fille ne devait pas avoir grand-monde dans sa vie. C'était un peu triste pour elle et la jeune femme avait un peu pitié pour le coup. Elle avait envie de faire quelque chose pour elle. Elle avait toujours envie de faire quelque chose pour les gens en détresse qu'elle croisait en fait. Bon là, elle ne voyait pas quoi faire d'autres en dehors du fait de bien lui faire partager ses courses mais vu que ça enthousiasmait beaucoup l'autre jeune femme, elle supposait que c'était suffisant pour le moment. La jeune femme ne parlait plus vraiment depuis tout à l'heure mais bon, tant pis. Cléa continuait quand même à faire ses courses sagement. Finalement, au bout d'un moment, Ichigo reprit la parole. « Vous avez des enfants ? »  La brune hocha la tête. « Oui j'ai un fils. Mattéo. Il a quatre ans. C'est pour lui les céréales avec le jouet spécial. » dit-elle en prenant justement le paquet de céréales en question. Parce que son fils était un peu exigeant parfois quand même.

Cléa n'était pas riche mais elle n'était pas non plus à plaindre. Et c'est ce qu'elle chercha à faire comprendre à Ichigo. Même si son loyer n'était pas trop cher parce que son appartement était soi-disant hanté et qu'elle avait une colocataire pour aider, la brune avait tout de même un appartement dans Manhattan. En plus, elle ne manquait jamais de rien et son fils tout pareil (à part de pancakes au petit-déjeuner peut-être mais elle allait rappeler à Joa qu'il avait promis de venir tous les matins sous peu). « Je me doute, vous vivez bien quoi. » L'américaine hocha la tête. Voilà, elle avait très bien compris l'idée.

Les courses suivirent ensuite leurs cours. Elles parlaient un peu. Pas tant que ça en fait. Cléa s'efforçait juste de faire au plus vite parce qu'elle ne perdait pas de vue le fait qu'elle devait aller chercher son fils à l'école après. En cas de retard, elle pourrait toujours demander à Jill et à son emploi du temps d'assistante styliste extensible mais bon... Elle préférait mieux ne pas abuser, sa sœur était facilement sujette aux crises. Particulièrement en ce moment en fait, sans que Cléa sache bien pourquoi. C'est lorsqu'elles arrivèrent dans le rayon des céréales que la jeune femme lui demanda si elle avait des enfants, ce que Cléa confirma aussitôt en évoquant rapidement Mattéo. « Mattéo c’est un très joli prénom. » L'américaine eut un petit sourire. « Merci. » fit-elle alors. « Et ça lui va bien. C'est l'enfant le plus parfait au monde. Et je ne dis pas ça juste parce que je suis sa mère. » Enfin si, un petit peu, c'était bien connu que les mères en général manquait un peu (beaucoup) d'objectivité au sujet de leurs enfants. « et… vous êtes mariée ? Ou… ? » « Euh non... » La jeune femme pinça les lèvres. « C'est... compliqué. Je m'occupe toute seule de lui. » Et pour encore longtemps parce qu'apparemment, Andrea avait encore disparu. Tant mieux en fait, elle ne voulait toujours pas le mêler à l'éducation de son fils.