Missandei avait été longuement cuisinée par les fédéraux avant que ceux-ci ne se décident enfin à la relâcher en désespoir de cause. Une nouvelle fois, l’interpeller parce qu’elle était en tête de la blacklist des hackers mondiaux ne leur avait servi à rien puisqu’ils n’avaient aucune preuve contre elle. Le dossier se verrait classé sans suite en deux coup de cuillère à pot et de son côté, l’australienne eut juste le temps de foncer à son appartement histoire de revêtir autre chose que ses fringues datant de deux jours, de prendre une douche et de se pomponner pour ce fameux gala où Javier devait l’attendre. Il l’attendrait, n’est-ce pas ? La brunette se surprit à l’espérer de toutes ses forces sans même en comprendre la raison première, et à se faire plus belle encore que pour tous les autres galas réunis. C’était suffisamment humiliant d’avoir été interpellée à la sortie de l’université – bien qu’il y ait eu relativement peu de monde aux alentours à ce moment là – inutile de dire qu’elle avait besoin de cette soirée pour se remettre définitivement à flot. « Kale m’attend pas, je vais rentrer trèèèès tard ! » s’écria-t-elle à la volée avant de ne prendre le premier taxi venu et de foncer en direction de la salle de réception, au beau milieu de Brooklyn. Elle avait bien deux heures de retard avec leurs choseries et pourtant, elle fut acceptée tout de même, après avoir craqué le listing d’invitation avec son habituel brio et joué de son décolleté pigeonnant, particulièrement mis en valeur dans sa robe bleu roi. Fatalement, Miss se mit à chercher Javier des yeux, mais sans succès. Etait-il déjà parti ? A la place, un homme marié qu’elle avait déjà séduit lors d’un précédent bal ne manqua pas de l’inviter à danser, l’occupant quelques minutes sans pour autant qu’elle ne soit pas illico presto possédée par l’envie d’aller chercher fortune ailleurs…

Rhaaa mais que ce type était rasoir ! Pas étonnant que Missandei ait eu un mal fou à se souvenir de lui sur le coup, elle s’était empressée de vouloir l’oublier, à n’en point douter. Par chance, alors qu’elle pensait que sa soirée allait être définitivement foutue, elle entendit bientôt la voix suave de Javier s’élever dans l’atmosphère avant que celui-ci ne l’entraîne dans une valse des plus réussies. « J’ai été un brin retardée… les aléas de la vie » rétorqua-t-elle aussitôt, nettement plus à l’aise dans ce genre de décor où il n’y avait pas l’ombre d’un persécuteur boutonneux à l’horizon. « Et je vous retourne le compliment Javier, vous êtes… éblouissant » ajouta-t-elle avec sincérité avant de ne se laisser complètement aller à la danse, occupant l’espace en compagnie de son partenaire avec une grâce et une fluidité dont elle n’aurait jamais pu être capable une fois dans le bureau du professeur. Lorsque la musique s’interrompit, elle se salua avec prestance, accompagnant le reste d’un sourire. « Je sais désormais que vous êtes doué pour la valse » n’hésita-t-elle pas à le compliment comme pour compenser le fait d’avoir été si en retard. « Si vous voulez bien m’excuser cependant, je vais m’en retourner à mon habituel tableau de chasse. On ne change pas une équipe qui gagne. » Miss semblait être une toute autre personne une fois dans la peau de cette chasseresse particulièrement expérimentée. Mais sans même s’en rendre compte, elle créait l’envie par le détachement total. Une façon comme une autre que d’avoir des hommes à ses bottes !

La curiosité de Missandei était très certainement son plus grand fléau, et de loin. D’ailleurs, cette même curiosité était à l’origine de son goût pour l’informatique et le hackage… elle avait commencé petitement puis, portée par ce talent qu’elle ne se connaissait pas jusqu’à lors, elle avait augmenté la cadence. Sauf que ce soir, inutile de parler de hackage et de ce genre de choses, puisque sa curiosité n’était guère dirigée vers ses manies en la matière. Après avoir longuement dansé en compagnie d’une nouvelle proie, c’est presque assombri que Miss vit Javier accoudé au bar, un verre de vodka devant lui. « C’est immoral d’être aussi sombre lors d’une aussi belle soirée, vous savez » avait-elle lancé subitement, le rejoignant au bar pour prendre non pas quelque chose de très alcoolisé mais un simple verre de sangria. Une façon comme une autre de démontrer son goût pour les coutumes espagnoles, sans oublier qu’il s’agissait de la langue pour laquelle elle s’était prise d’amour en premier. « Il n’y a donc aucune femme qui vous a supplié de vous avoir à son bras ? Une fois encore, ça aussi c’est immoral… vous me voyez obligée de casser votre solitude en deux au moins pour quelques minutes. D’accord, j’évite ainsi de me faire tailler en pièces par une épouse quelque peu… possessive. Mais je suis curieuse, Javier. Pourquoi partir du principe que mon jeu est « sécurisant » ? Et en quoi le fait que je ne choisisse que des hommes mariés est-il « dommage » ? »

« J’ai dis sombre ? Disons pensif. Il n’y avait rien de péjoratif sans ma phrase, vous savez ! » s’expliqua-t-elle aussitôt sans rien perdre de sa superbe ou même de son répondant. Au contraire, elle était nettement plus à l’aise maintenant qu’elle ne l’avait été dans son bureau, bien qu’ils aient dansé de la même façon et qu’une sorte d’attirance électrique se soit également jouée entre eux. « Soit, alors tournons la chose autrement pour éviter de parler de supplication : il n’y a aucune femme qui ait capturé si fougueusement votre regard que vous n’avez pas pu vous en détacher ? » Missandei délaissait bien temporairement ses hommes mariés pour venir lui parler, c’est bien qu’elle expérimentait autre chose, n’est-ce pas ? Déjà le fait de boire une sangria, chose qu’elle n’avait pas risquée depuis un lustre et demie, mais aussi de parler avec un homme dont elle ne savait fondamentalement pas grand-chose… ce qui s’avérait être rare pour quelqu’un comme elle. « J’aime contrôler le jeu et oui, c’est satisfaisant puisque j’en impose les règles. Vous y voyez de la sécurité mais j’y vois une façon de tester la force de mes règles mais aussi ma furieuse capacité à savoir les enfreindre… je ne vous demande d’autant pas de comprendre que vous pensez que je me cache. Peut-être aussi qu’aucun homme ne m’a donné la moindre envie de butiner quelque chose d’autre que quelqu’un ayant la corde au cou… ou peut-être ai-je tellement été harcelée à la suite d’une soirée que me voilà vaccinée ? Pour se brûler les ailes, encore faut-il avoir envie… et une raison Javier. » Miss but une nouvelle gorgée de son verre de sangria avant de ne se lever et de le saluer d’une révérence à la fois provocatrice et respectueuse. Il était justement temps d’aller butiner…

Le laïus de Javier ne risquait pas foncièrement de la faire changer d’avis de sitôt, Missandei étant tout de même une jeune demoiselle têtue, mais il la troubla tout de même en attrapant sa main pour y déposer un baiser. On ne le lui avait jamais fait et comme pour beaucoup de ses « premières fois » elle trouva cela agréable, très agréable… presque trop, au point que des warning ne se soient automatiquement allumés dans son esprit. Cet homme pouvait être dangereux s’il s’approchait trop près d’elle, Miss le savait. Après tout, elle n’avait pas passé ces deux derniers jours à se faire cuisiner comme rarement on l’avait cuisinée pour gâcher sa liberté retrouvée en une seule soirée ? « Peut-être que je me brûle les ailes mais comme je l’ai précisé à moins que vous ne soyez sourd… personne ne m’a jamais montré qu’il y avait mieux ailleurs. Pas même vous. Certes, vous êtes séduisant, charmant, vos manières sont extraordinaires et doivent faire rêver beaucoup de femmes… mais alors que l’on pourrait juste frissonner et voir une petite étincelle apparaître, vous l’éteignez en disparaissant. L’éphémère ne m’intéresse pas à moins qu’il ne soit en compagnie d’hommes mariés et ne soit selon mes règles. Peut-être vaudrait-il donc mieux que vous ne restiez en compagnie de celle qui a donc tant d’attrait sur votre personne. » Une façon comme une autre de lui envoyer dans les gencives qu’il n’est point la peine de la prendre pour une courge. Mais sans aller jusqu’à inviter quelqu’un à danser, ce fut un homme marié qu’elle n’avait pas encore cherché à séduire qui lui offrit un verre. Un verre de champagne, dans lequel elle ne trempa même pas ses lèvres après avoir trinqué : elle n’aimait pas ça. A la place, elle l’écoutait, feignant d’être passionnée alors qu’il semblait aussi rasoir que celui qu’elle avait précédemment envoyé sur les roses…

Missandei sursauta largement alors que quelqu’un s’était rapproché d’elle et venait de lui enlever sa flûte des mains. En un dixième de secondes, elle se retourna et constata avec surprise que c’était justement Javier. Que voulait-il donc encore ? Cela ne lui suffisait pas de donner des leçons à la va comme je te pousse, il fallait en prime qu’il la colle soigneusement afin de poursuivre dans cette voie ? « Peut-être qu’il m’ennuie mais c’est une présence comme une autre et je ne vous ai absolument pas conseillé de rester… » répliqua-t-elle aussitôt, bien loin de comprendre sur le champ que cette femme qui semblait être digne d’intérêt à ses yeux n’était autre que Miss en personne. A peine Javier eut-il renvoyé son interlocuteur précédent, à qui elle n’avait pourtant pas dégoisé un mot, qu’elle lui lança un regard plein de surprise. « Si j’exerce un attrait pour vous alors il va falloir m’expliquer en quoi… je ne suis pas certaine de comprendre à quel jeu vous jouez exactement Javier ! D’autant que je maintiens ce que j’ai dis précédemment, à savoir que l’éphémère ne me plaît guère lorsque je n’ai pas toutes les cartes en main, ce qui est le cas quand je vous regarde. Je n’ai aucune intention de n’être qu’un vague pantin entre vos mains expertes. Monsieur, une sangria s’il vous plaît » commanda-t-elle finalement au barman, trouvant qu’il lui fallait bien ça pour se remettre de ses émotions, bien qu’elle ne laisse strictement rien transparaître d’autre que de la surprise contre ses traits de porcelaine.

« Ne soyez donc pas ridicule, épouser une femme pour avoir un attrait à mes yeux ? Etes-vous complètement fou ? » remarqua-t-elle tout en déglutissant avec difficulté car justement Missandei de contrôlait plus rien et que la chose lui faisait peur. Oui, elle avait peur de s’attacher à Javier et qu’il ne fasse comme beaucoup d’hommes envers la gente féminine, à savoir l’abandonner. L’australienne n’était pas certaine d’avoir les épaules pour supporter telle déception. Son cœur, de son côté, n’y survivrait sûrement pas et c’était l’ultime raison d’une telle réticence à vouloir jouer ce jeu dangereux… car il s’agissait d’un jeu, n’est-ce pas ? « Si j’ai tant d’attrait à vos yeux, pourquoi ne pas me l’avoir dit ? Après tout, vous êtes le professeur sûr de vous et moi la jeune première… si quelqu’un brûle d’assurance, en théorie ce n’est pas moi, vous ne croyez pas ? Disons que ce n’est pas habituel pour moi et que par conséquent, vos intentions sont très obscures pour moi. Qu’attendez-vous de ma personne, exactement ? Vous savez… d’autres avant vous ont dit la même chose, en me jurant leurs grands dieux que je n’étais pas qu’un vulgaire pantin, et aujourd’hui ils agissent comme la demoiselle de ce matin. La pitié ne fait pas partie de leur leitmotiv et personnellement je suis fatiguée d’avoir à éviter autrui parce que l’on peut faire joujou avec mon palpitant. Alors qu’attendez-vous de moi, Javier ? » osa-t-elle demander sans le quitter des yeux, avançant même son visage histoire de créer une petite bulle privilégiée pour qu’il parle sans avoir peur d’être jugé. Miss avait beaucoup de défauts… mais pas celui de porter autrui au pilori.

Oh dear. Plus les minutes filaient, plus Javier s’exprimait et mettait le cœur de Missandei au supplice car elle était loin de savoir ce qu’elle devait faire ou dire. Puisque ce n’était plus un jeu, elle semblait aussi novice qu’une enfant n’ayant jamais connu aucune expérience pour la guider. Javier semblait tellement savoir ce qu’il voulait que c’en était troublant, surtout pour quelqu’un comme elle… surtout qu’il s’exprimait par énigme, dans le but sans doute de la voir s’ouvrir davantage à sa personne sans que justement l’envie ne la secoue définitivement au point de la faire céder. Si elle cédait, c’était la fin… elle savait par avance qu’il n’y aurait pas de retour en arrière. « Je ne suis pas quelqu’un de cruel ou de foncièrement manipulateur » avoua-t-elle tout en pensant ses paroles. Miss était plus souvent une victime qu’autre chose, même si elle dissimulait sa vie aux yeux de tous. Ca ne faisait pas elle quelqu’un de mauvais, bien au contraire, sans compter que les actions d’Anonymous avaient toujours un but précis et véritable. « Effectivement vous avez raison, je ne peux pas vous donner de garantie. Je ne peux vous nourrir que de mots, de bonnes intentions mais par contre vous donner des preuves sur la durée si c’est votre question, par des actes. Mais à l’heure actuelle, je suis plus novice que vous le ne serez jamais à cet échange, j’en ai peur. Je ne suis pas sûre d’être plus dangereuse qu’un petit chaton aux griffes minuscules. » Sur ce point précis, ce n’était que la pure vérité : Miss était un hacker en tête de la blacklist des fédéraux, mais personnellement parlant… c’était tellement désertique qu’elle peinait à évoquer même le sujet à l’aide de quelques simples mots.

Missandei était vraiment bête à manger du foin. En voulant bien faire, elle s’était à moitié trahie et il lui fallut faire preuve d’un self control extraordinaire pour ne surtout pas s’exclamer qu’il se trompait, qu’elle n’était pas vierge, qu’elle avait eu des tas d’amants et j’en passe et des meilleures. « Mais non voyons !! » s’exclama-t-elle avec autant de contrôle qu’elle put bien qu’elle ait légèrement haussé la voix sans s’en rendre compte. « J’ai eu de nombreuses expériences avec les hommes mais j’entendais cela d’un point de vue sentimental ! N’avez-vous donc que ça en tête ? » se rattrapa-t-elle habilement en mettant en pratique tout ce qu’elle avait pu lire dans les livres et voir dans les films d’amour, lorsque l’homme cherche à courtiser la damoiselle et que celle-ci doit faire mine d’être plus expérimentée qu’elle ne l’ait en vérité. « Au supplice, vraiment ? Dans ce cas vous me voyez navrée de vous causer cette peine et je pense que ce n’est effectivement pas une bonne idée que l’on poursuive cette conversation. Je ne suis pas à l’aise, vous non plus et c’est sûrement un signe ! Je vais tâcher de changer de professeur pour ma spécialisation d’Espagnol et soyez assurez que vous n’entendrez plus parler de ma personne. » En l’espace de quelques secondes, Miss avait disparut dans la frivolité de la soirée, quittant l’établissement à grandes enjambées tout en relevant sa robe pour ne surtout pas tomber. Elle prit le premier taxi lui tombant sous la main et le fit tourner, tourner et tourner encore dans les grandes avenues de New York jusqu’à ce qu’elle ne tombe sur l’hôtel de Javier avant de payer une fortune au conducteur. Avec habileté, elle se faufila dans les couloirs, sachant pertinemment où elle allait pour avoir checké ses tous derniers relevés bancaires et s’être introduit dans le logiciel informatique de l’hôtel. Finalement, ce n’est que vers les coups de quatre heures du matin, alors qu’il ouvrait la porte de sa chambre, que Miss se jeta à son cou pour lui offrir un baiser des plus passionnés et fragiles à la fois. Personne ne devinerait jamais qu’il s’agissait de son tout premier. « Pardonne-moi pour mon comportement de tout à l’heure » passa-t-elle subitement au tutoiement sans s’en rendre compte.

Missandei n’avait pas la lumière à tous les étages, mais ça ce n’était pas nouveau, sauf que là, il fallait vraiment qu’elle se soit métaphoriquement payé une cuite au Schnaps pour se jeter ainsi dans la gueule du loup. Si elle avait su tout ce qu’elle ignorait pour le moment, sûrement s’en serait-elle tenu à sa première idée, mais Javier avait ce génie qui court-circuitait complètement le sien, chose qui n’était pas peu dire en vérité. « Je peux te pincer pour t’assurer que ce n’est pas un rêve mais je ne suis pas sûre que ce soit utile à vrai dire » crut-elle bon de plaisanter avant de ne refermer souplement la porte du pied sans pour autant bouger d’un millimètre des bras de cet homme. Sans savoir pourquoi, après une telle crise d’angoisse, qui lui avait tout de même duré plusieurs heures, elle se sentait plus en sécurité que jamais alors qu’elle ne le connaissait même pas. « Tout est devenu diablement concret et je crois que la meilleure des explications c’est que j’ai paniqué. Si j’ai bien compris, tu sous entendais des sentiments et je ne suis pas certaines d’être capable de te fournir ce que tu serais sûrement en droit d’attendre de moi. De plus, je ne peux pas m’empêcher de me demander « pourquoi moi ? ». Il y avait pléthore de femmes nettement plus âgées que moi et qui respiraient l’assurance et pourtant, ton choix s’est porté sur moi. Etrange, tu ne trouves pas ? Enfin de mon point de vue bien sûr. »

« Je crois que je verrais plus jamais les coupe-papiers de la même façon… » avoua-t-elle avec un air à la fois mutin et cabotin tout en lui offrant un joli sourire amusé. « Je n’avais pas vu les choses sous cet angle, je l’avoue » reprit-elle tout en se traitant intérieurement d’idiote car elle avait eu un accès de panique pour finalement… pas grand-chose. Cela prouvait une fois encore son manque d’expérience et pour cette fois, mais juste pour cette fois, elle maudissait le fait que son colocataire soit atteint du syndrome d’Asperger et ne puisse donc aucunement l’aider en matière de relation humaine et personnelle. Miss allait devoir se construire seule, à la force de ses bras, et quelque chose lui disait qu’au départ au moins, le résultat risquait d’être catastrophique. « L’attirance ne s’explique pas j’imagine ? Plus sincèrement peut-être tout simplement que notre joute verbale m’a interpellée au début, et plu surtout, mais que le fait que tu m’aies « secourue » à l’université a achevé de me mener sur ta voie. J’ai ressenti quelque chose en dansant, même si je ne pourrais pas t’expliquer quoi exactement. Peut-être que je n’ai pas envie de l’expliquer mais juste de le ressentir » conclut-elle en un sourire amusé et fragile à la fois, alors que ses lèvres embrassaient le bout de son nez avec un tantinet de provocation. Miss avait beaucoup de mal à ne pas ressentir une certaine dose d’appréhension quant à l’avenir mais d’un autre côté, son cœur se sentait en paix pour la première fois de sa vie. « Tu regrettes que je sois revenue ? »

« Ce n’est pas contre toi, disons que j’ai peut-être besoin d’un brin de temps pour me faire à l’idée et éviter de me dire qu’il vaut mieux que je ne prenne pas ça au sérieux » avoua-t-elle non sans une large dose de sincérité qui la surprit. Missandei émit un petit sourire alors que Javier lui expliquait leur problème le plus épineux et intérieurement, elle éclatait de rire. Rien ne paraissait sur les traits de son beau visage mais s’il savait à qui il avait affaire, sans doute ne prendrait-il pas uniquement la chose sous cet angle. L’université pourrait leur poser des problèmes il est vrai, mais d’un autre côté… si elle était à nouveau arrêtée par les fédéraux, même si ceux-ci n’avaient jamais de preuves, resterait-il avec elle envers et contre tout ? Somme toute, il ne lui devait rien du tout à l’heure actuelle, et leur histoire n’en n’était encore qu’à ses balbutiements… « Je n’ai jamais été très fanatique des règles quand je m’y mets… mais je peux aussi changer de module et donc ne pas t’avoir pour professeur. Cela dit, si tu as tout de même envie de découvrir l’élève attentive et intéressante que je suis… alors je crois que ton indifférence, je pourrais la supporter. Ce sera toujours moins pire que ce que je vis à longueur d’années sur la planète de l’enfer » ironisa-t-elle avant de ne capturer ses lèvres à son tour, approfondissant leur baiser jusqu’à atteindre un moment où elle préféra s’éloigner de peur de n’aller trop loin justement. Il valait mieux qu’elle fasse preuve de réticence, au moins au départ, pour sa santé mentale notamment.

Autant dire que Missandei appréciait particulièrement le fait que Javier ne rechigne pas le moins du monde de lui laisser du temps, lui arrachant d’un même temps un sourire particulièrement franc et tendre tandis qu’elle sentait peu à peu ses muscles ultra tendus se détendre progressivement. « Compte sur moi pour faire de même et te laisser tout le temps du monde… » répondit-elle d’une voix douce, avant de ne perdre progressivement son sourire face à la question qu’il lui posait au sujet des brimades qu’elle n’avait de cesse de supporter à longueur de journée. Celles-ci ne dataient hélas pas d’hier et en parler lui faisait aussi mal que d’en recevoir à vrai dire… une chance que Javier eut le réflexe de la porter jusqu’au canapé pour mieux l’installer sur ses genoux, sans quoi il est possible qu’elle aurait voulu faire de nombreux pas en arrière rien que pour ne pas avoir cette conversation. « Si tu as besoin d’une assistante je me ferai un plaisir de remplir ce rôle surtout si cela peut nous permettre de passer du temps ensemble » commença-t-elle en un sourire sincère avant de ne prendre une plus grande inspiration et de se lancer, imperturbablement : « elles sont très anciennes à vrai dire. Tous les prétextes ont toujours été bons pour que cette fille, Marny, s’en prenne à moi. C’est elle la commanditaire de tout ça et je ne pourrais même pas te dire comment cela à commencer ou même pourquoi parce que je ne le sais pas moi-même. J’ai essayé de la confronter à ce sujet, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que mon corps soit tellement douloureux que j’ai fini par laisser tomber. Depuis j’attends que ça passe. Aucun professeur ne m’a jamais cru parce que les rares fois où je me suis sentie capable d’en parler, je n’avais pas de bleus ou de marques visibles. C’est la vie. » Miss haussa légèrement les épaules, désireuse de trouver n’importe quoi qui puisse lui éviter la suite de cette conversation… mais l’idée saugrenue qui lui vint n’était pas forcément l’idée du siècle. L’australienne s’était fougueusement emparée des lèvres de Javier, détachant sa longue chevelure tombant bientôt en cascade contre ses épaules avant de ne commencer à déboutonner la chemise de son professeur. Jolie diversion…