JAYDEN & AZKADELIAH

❝ vive les z'amours ❞

J’étais enfin en vacances. Après n’avoir pris que deux jours de congés de toute l’année – l’anniversaire d’Alexis et Noël – je me prenais enfin deux semaines pour souffler. Et le mieux était que Rebekah avait posé les mêmes congés que les miens. J’allais enfin pouvoir passer pleinement du temps avec elle, et pas seulement quelques heures par-ci par-là. Alexis était en voyage scolaire en France pendant la première semaine. Je comptais bien consacrer celle-ci à mon amante. Je ne pouvais pas partir ailleurs avec elle, devant rentrer à la maison le soir pour ma femme, même si je n’en avais absolument pas envie, surtout avec Alexis absente. Mais je n’avais pas vraiment le choix, je ne voulais pas lui mentir et lui dire que je travaillais ou que je partais avec un collègue. Lui cacher la vérité était déjà bien culpabilisant pour moi. Mais ce n’était pas comme si j’avais vraiment le choix. Je sentais au plus profond de moi que Rebekah était la femme de ma vie, mon âme sœur. Je ne pouvais la quitter. Et je ne pouvais pas non plus quitter ma femme, ne voulant pas perdre ma fille. J’étais donc dans une véritable impasse. Quelqu’un m’appelait ? Etait-ce à moi que l’on s’adressait ? Je préférais m’arrêter et me tourner pour voir qui cela pouvait bien sûr. « Heu oui ? » demandais-je une fois sûr que la jeune femme s’adressait bien à moi. « Me remercier pour quoi ? » J’étais assez perdu. Je ne savais pas de quoi elle voulait parler, et il ne me semblait pas l’avoir déjà rencontrée. Peut-être était-elle une ancienne patiente ? Je voyais tellement de personnes qu’à part quelques exceptions, je ne pouvais me souvenir de chacun d’entre eux. Un couple se jetât presque sur nous, disant des choses incohérentes à propos de couple ou que sais-je. J’avais d’autres choses de prévues pour ma journée. Je comptais acheter un collier à ma douce Rebekah. Pas quelque chose de trop cher, parce que même si j’en avais envie, je savais que cela la gênait lorsque je dépensais beaucoup pour elle. Je me rappelais lorsque je l’avais invitée dans un grand restaurant, elle avait été très gênée et m’avait dit qu’elle n’avait pas besoin de ça pour être heureuse. Je décidais donc de faire des efforts, et de ne lui acheter que des petites choses ne dépassant pas quelques centaines de dollars.

JAYDEN & AZKADELIAH

❝ vive les z'amours ❞

Apparemment, oui, je l’avais en effet zappée. Peut-être était-elle une ancienne patiente ? Après tout, je ne voyais pas d’autres raisons pour lesquelles elle me remercierait. Je me sentais vraiment gêné de ne pas m’en rappeler. Mais j’essayais de séparer ma vie professionnelle de ma vie privée – Rebekah étant une énorme exception qui me faisait déjà culpabiliser – et donc ne pensais plus aux patients une fois qu’ils allaient mieux et sortaient de l’hôpital. C’était la seule façon que j’avais trouvée pour ne pas m’attacher. Et encore, j’avais de la chance, ma spécialité faisait que je ne les voyais pas longtemps, ce qui n’était pas le cas de tous les chirurgiens dont les patients restaient hospitalisés pendant des semaines – voire des mois. Ne voir mes patients au maximum quelques heures me permettais de m’en détacher plus facilement. Et il était très important pour un chirurgien de le faire. En effet, dès que l’attachement était présent, on était forcément moins bon, puisque l’on pensait alors en tant que personne, et non en tant que médecin. « Non, je suis vraiment désolé, je ne me rappelle pas de vous. Mais ne le prenez pas personnellement, je ne me permets tout simplement pas de me rappeler de mes patients une fois qu’ils s’en sont sortis. » C’était surtout que je me rappelais de mon internat. En effet, je m’étais grandement attaché à un patient atteint d’un cancer en stade avancé. Nous avions enfin réussi à lui trouver un nouveau cœur, et malheureusement, la greffe n’avait pas prise et il en était mort. J’avais alors cru que je ne m’en sortirais pas, que j’abandonnerais tout, tellement la tristesse et la déception avait été présente. Bon, ces espèces d’animateurs commençaient sérieusement à m’agacer. « Je suis désolé, mais je suis marié ! » m’exclamais-je. Et j’avais déjà une amante en plus ! Je n’allais tout de même pas passer à la télévision avec une autre femme non ? Ma vie sentimentale était déjà assez bien compliquée comme ça ! « Oh, encore mieux un couple marié ! » Je levais les yeux au ciel, sidéré. Ils le faisaient exprès ou quoi ? Et voilà qu’ils parlaient d’argent. N’importe quoi. J’étais sur le point de leur révéler le salaire que je gagnais en tant que chirurgien traumatique et chef de la chirurgie, quand mon ancienne patiente m’interrompit. Elle avait besoin d’argent, super ! « Je préfère vous faire moi-même un chèque maintenant ! » lui chuchotais-je. Il était hors de question que je fasse une telle émission. Autant Rebekah pourrait comprendre si je la prévenais, autant je ne voulais absolument pas imaginer la réaction qu’aurait ma fille si elle tombait sur cette stupide émission.