Ce soir, Artémis travaillait comme souvent. Normalement, elle se contentait d’être l’assistante d’Anastasia et de faire les tâches qui allaient avec mais ce soir, il manquait de serveurs et elle avait donc accepté de prêter main forte. Si quelqu’un lui avait dit un an auparavant qu’elle se trouverait à l’Awesome en train de faire le service un an auparavant, elle lui aurait sûrement rit au nez. La Artémis de cette époque là ne se serait sûrement pas abaisser à ce genre de tâche qu’elle jugeait incompatible avec la personne qu’elle était. Elle était bien supérieure à ça. Mais beaucoup de choses s’étaient écoulés depuis et elle ne voyait presque plus de problème. Enfin, elle faisait ce qu’il fallait voilà tout. La jeune femme alla prendre la commande de deux jeunes gens un peu plus loin et reconnut alors un visage connu. Il s’agissait d’Ellyot. Gosh Ellyot… Artémis n’était pas particulièrement heureuse de le trouver là honnêtement. Elle se souvenait très bien de leur dernière rencontre et du fait que ça c’était mal terminé. Le jeune homme n’avait pas vraiment apprécié de se faire éconduire alors qu’il voulait faire comme si rien ne s’était passé. Elle était encore en fauteuil roulant et pas forcément très bien à cause de son accident et il avait été très nul. Au final, il était parti en claquant la porte et en disant qu’il n’aimait pas ce qu’elle était devenue. Et bien, il serait heureux d’apprendre que ce qu’elle était devenue n’aimait pas ce qu’il était lui. Elle s’était étonnée de ne pas avoir pu remarquer à quel point il pouvait être con avant. C’est pour ça qu’elle n’avait pas pris la peine de le recontacter. Elle avait fait du ménage dans son entourage pour ne garder que les personnes sur qui elle pouvait compter et donc elle pouvait recevoir le soutien et il fallait croire qu’Ellyot n’appartenait pas à cette catégorie. En la voyant, le jeune homme annula sa commande avec un petit commentaire acerbe. « Je vois que tu es très heureuse dans ta nouvelle vie sans moi ! » Et sur ces mots, il s’en alla. La jeune femme le laissa faire et ne se donna même pas la peine de le rattraper. Ce n’était pas comme si il en valait le coup après tout. Elle alla s’occuper d’un autre client quand on l’appela à nouveau et l’américaine put voir qu’Elyott était de retour auprès de sa blonde au bar. « On va prendre deux vodkas ! C’est bien la vodka ! » La blonde se retint de rouler des yeux avant d’hocher vaguement la tête. « Fine. Deux vodkas, ça arrive. » Elle s’exécuta alors et revint bientôt avec leur commande et déposa les verres un peu brusquement devant eux. « Voilà. Monsieur et madame sont servis. » Elle posa successivement son regard sur Ellyot et sur sa blonde. « Tu devrais faire attention. » dit-elle en s’adressant à la fille. « Si tu ne veux pas coucher avec, monsieur pourrait en pas apprécier. Il se vexe facilement. »

Après lui avoir fait une mini-scène en plein milieu du bar, Ellyot s’en alla comme une déesse outrée. Pauvre chéri. S’en soucier plus, Artémis retourna au bar et s’occupa de servir quelqu’un d’autre. Mais Ellyot ne tarde pas à revenir, avec sa blonde et commanda deux vodka (parce que c’était bon la vodka). L’américaine s’exécuta donc et les servit. « Merci, Mademoiselle la serveuse! » la jeune femme haussa les épaules, complètement indifférente. S’il croyait que ça lui faisait quoique ce soit qu’il l’appelle mademoiselle la serveuse, il se trompait. Elle s’en moquait complètement. Mais elle ne se moquait pas de tout néanmoins et comme elle n’acceptait toujours pas la manière dont il s’était comporté la dernière fois, elle crut bon de mettre en garde la fille à propos de ça. C’était bas ça, elle le reconnaissait mais elle faisait bien ce qu’elle voulait après tout. Il n’en fallut pas plus à Ellyot pour réagir et parti au quart de tour. Il était pénible gosh. « Tu rigoles Artémis? Tu es vraiment assez bête pour croire que je l’ai pris comme ça ? Tu es juste ridicule ! » Du point de vue de la jeune femme, c’était lui qui était ridicule. Complètement. Et il se donnait en spectacle en plus là. A quoi ça servait hein ? Mais il n’avait pas finit et il ne lui laissa pas le temps de redire quoique ce soit avant de reprendre. « Tu te comportes comme si j’étais un parfait inconnu depuis ton accident, on ne partage plus rien, outré que le lit dont je me tape, tu ne me parles plus, rien, et quand je tente tout pour tenter de te faire redevenir comme avant, je me prends ça dans les dents après? Tu voulais quoi ? Que je reste là à te regarder dans le blanc des yeux après m’être excusé, t’avoir parlé, avoir voulu te faire parler, et avoir tenté de te rappeler nos bons moments passés ? » Wow, il avait vraiment réussi à dire tout ça d’une traite sans vraiment reprendre sa respiration. Il était très fort décidément. Enfin soit, Artémis supposait que ce n’était pas ce qui comptait. « Et il ne t’ai pas venu à l’idée que peut-être que je ne pouvais pas redevenir comme avant parce que j’avais changé ? » demanda-t-elle alors d’un ton très calme. « Parce que c’est le cas Ellyot, ma vie à changer et je ne peux plus être comme avant, c’est aussi simple que ça. » Même si il ne l’acceptait. « Maintenant, j’ai très bien compris la dernière fois que tu n’aimais pas celle que j’étais devenue donc tant pis. Je vivrais bien avec. » Elle avait apprit à vivre avec l’absence de pleins de gens qu’elle comptait comme ses amis alors un de plus un de moins hein.

Artémis ne voyait même pas pourquoi elle se donnait la peine de parler avec Ellyot en fait. En effet, il était clair qu’ils ne tomberaient d’accord sur rien et leur conversation ressemblait plus à un dialogue de sourd qu’autre chose. Artémis écouta vaguement le jeune homme lui reproché son comportement de la dernière fois. Parce que bien sûr, tout était de sa faute à elle, ça allait de soi. Enfin, c’était au moins ce qu’était en train de dire le jeune homme. C’est vrai que se remettre en question devait définitivement être trop difficile. C’était d’Ellyot qu’on parlait là après tout. Sur ça, elle choisit juste de l’ignorer. Elle n’avait juste pas envie de répondre à ça, ça ne servirait à rien de toute manière. Le jeune homme ne s’arrêta pas là néanmoins et reprit par la suite la parole. « Et puis toi alors t’es quoi, si moi je suis un goujat? T’es une nana qui est bien contente de trouver son pote pour coucher avec lui tant qu’elle n’a rien d’autre à se mettre sous la main mais lorsque tu trouves mieux, il n’existe même plus pour toi en tant qu’amis ? » En entendant ça, la jeune femme releva aussitôt la tête vers lui, le regard mauvais et reposa un peu brusquement le verre qu’elle tenait à la main sur le comptoir. Tellement qu’elle fut étonnée de voir que le verre n’était pas cassé. « T’es sérieux là ? » demanda-t-elle froidement. Parce que s’il l’était, ça voulait dire qu’elle s’était encore plus trompée sur lui qu’elle ne voulait bien le croire. « Je ne suis pas ça. » fit-elle alors. « Toi en revanche… » Elle plissa les yeux et choisit de ne pas terminer sa phrase. Mais elle faisait clairement allusion au fait qu’Ellyot ne connaissait pas d’autres manières de régler les problèmes de dialogues que coucher. C’était assez pathétique en fait, mais soit. « Là tu vois, j’ai l’impression d’être juste le sal type qui t’as fait atterrir dans un fauteuil roulant et que tu n’as plus jamais envie de voir de ta vie malgré ce que tu as pu me dire la dernière fois ! » Artémis poussa un soupir. « Ne ramènes pas tout à ça Ellyot. » dit-elle d’un ton cassant. « Le problème ne vient pas de là. » Il venait juste de lui et de la dernière fois. « Tu es bien un sale type à mes yeux oui mais pas à cause de l’accident. A cause d’après parce que tu n’as voulu écouter que toi et que tu ne t’ai soucié que de toi. » Voilà, c’était aussi simple que ça. Il pouvait bien comprendre.

Une fois de plus, Artémis avait l’impression que cette discussion avec Ellyot n’allait mener nulle part. S’il y avait une époque où ils avaient tous les deux été sur la même longueur d’onde, elle était révolue depuis longtemps. En fait, c’était bien simple, ils ne semblaient même pue vivre sur la même planète. Et encore, elle était gentille. Il n’était peut-être même plus sur la même galaxie tout bien réfléchi. Enfin soit. Elle aurait juste fait bien de l’ignorer mais elle n’avait pas vraiment pu résister à la tentation de venir saboter son plan cul du soir. C’était une cruelle erreur parce que maintenant qu’ils avaient commencés à ‘discuter’ elle ne voulait que se débarrasser de lui au plus vite. Le jeune homme ramena tout à l’accident et le fait qu’elle le voyait comme un sale type à cause de ça. Il ne comprenait rien s’il en était encore là. Elle avait pourtant essayé de lui faire comprendre qu’elle ne lui en voulait pas. Pas pour ça en tout cas. Elle avait bien d’autres choses à lui reprocher sur son comportement de la dernière fois où il n’avait pas voulu écouter ce qu’elle voulait : c’est-à-dire ne pas parler de tout ce qui la mettait hors d’elle. « J’ai tout écouté malgré ce qu’on peut croire… J’accepte tout ce que tu me reproches tout ce que tu me dis… Je veux juste que tu m’expliques… Je comprends rien… Je suis revenu chez toi pour être là pour toi, pour que tu me parles… Je n’ai rien entendu à ce moment là… Je veux bien accepter la nouvelle Artémis mais encore faudrait il que tu me laisses la connaitre, que tu me fasses apprendre à la connaitre… Tu ne m’as pas laissé une seule chance de ce côté-là… » Artémis soupira en entendant ça. Quand elle disait qu’ils ne se comprenaient plus, elle n’avait pas totalement tord. Et puis, leurs discussions ressemblaient vraiment à des dialogues de sourds. En pire peut-être même. « Et c’est ce pour quoi je te dis que tu ne m’as pas écouté Ellyot. » lâcha-t-elle froidement. « Tu étais peut-être venu pour que je te parles mais je n’étais pas prête à ça. J’avais juste besoin d’être entouré, soutenu et pas qu’on me force à évoquer des choses que je passais déjà mon temps à ressasser. » Elle voulait juste être en paix. Ils auraient pu échanger des banalités tout du long de leur conversation la dernière fois qu’elle aurait préféré. Mais non, ça ne plaisait pas à Monsieur apparemment. « Et tu n’avais pas envie de connaître la nouvelle Artémis, ne dis pas de bêtises. Tu voulais juste que les choses soient rendus comme avant mais je suis désolé de te dire ça, les choses ne seront jamais plus comme avant. » Surtout pas entre eux en effet. Pas après tout ça.