L’ambiance était pour le moins sonore. Tout autour de moi, des gens criaient, s’extasiaient en chœur devant une télévision placée un peu en hauteur au-dessus du bar et moi, je fixais ma choppe d’un air absent. Qu’est-ce que je faisais là ? C’était une bonne question dont je n’étais plus très certain d’avoir la réponse. Un homme, voisin de bar me bouscula et m’attrapa par les épaules en me criant dans les oreilles. Apparemment, l’équipe qu’il supportait venait de marquer un but et moi de perdre un tympan mais je n’osais pas protester. Je ne me sentais pas le courage de faire grand-chose tant j’étais perdu dans cet élément qui était à cent lieues de celui que je fréquentais habituellement. Même cette bière était pour moi une grande première. Je ne tenais absolument pas l’alcool. Une fois, Anastasia pour s’amuser avait décidé, à la fin d’un repas dans un restaurant chinois de boire notre saké cul sec. J’ai cru que sur le moment ma gorge allait être en feu et puis après, ce fut cette chaleur qui se développait en moi, m’abrutissant comme jamais. Alors, non, j’avais décrété que je ne tenais forcément pas l’alcool alors pourquoi ma présence dans ce bar ?! La faute à mon livreur, Josh Angel. Ce type m’avait trainé dans ce bar pour soi-disant m’apprendre la vie et me donner confiance en moi. Je ne voyais pas comment une bande de zouave courant derrière après un ballon allait changer grand-chose à mon existence. Décidément, je me découvrais sous un jour nouveau : le Elijah de mauvais poil. Dire qu’à ce moment même, je pourrais être tranquillement installé avec Dawn, à savourer notre nouveau quotidien mais non. Je regardais des blaireaux courir derrière un ballon. Je rougis instantanément de ma pensée. Chacun était libre d’aimer ce que bon lui semble. Pour ma part, c’était le chocolat alors qui étais-je pour critiquer les fans de football. Le problème résidait surement que je n’avais aucune idée de comment se jouer une partie de football ! « J’y comprends rien Josh » maugréais-je à mon voisin de gauche. C’est vrai à part shooter dans un ballon et marquer dans la cage adversaire, je n’avais rien compris d’autre. « On est pour quelle équipe déjà ? » demandais-je. Si j’avais bien compris, c’était le Real Madrid contre Barcelone. Grand bien leur fasse mais ça résolvait en rien mon problème. De dépit, je bus un petit gorgée de biere. « Vais-je finir dans un coma éthylique si je finis toute cette chope ? » demandais-je avec crainte car il y avait la dose en bière la dedans !!

Ca y est nous y étions ! Le match de l’année tant attendu, les supporters étaient en forme, les chants à la gloire du grand Real remplissaient le pub de joie, j’avais amené Elijah avec moi avec la promesse de lui faire voir un peu ce que c’était la grande vie, j’avais bien sûr menti, je voulais juste le sortir loin de ses petits « Thea room »qu’il avait l’habitude de fréquenter, le pauvre je pense qu’il devait se demander ce qu’il faisait là !
Je le regardais avec un sourire discret, on aurait dit qu’il était perdu au milieu d’une brousse et qu’il était pourchassé par une tribu de mangeurs d’hommes.
Le Real venait de marquer, j’avais fait un saut d’au moins un mètre, suivit de mon voisin qui en même temps prit Elijah par l’épaule et le secoua comme un prunier, le pauvre il n’avait pas encore touché à sa bière, à mon avis il faisait une découverte ce devait être la première fois qu’il avait une bière pour lui devant les yeux. Ce pauvre garçon n’était certainement jamais sorti dans ce genre d’endroits, à par son chocolat et sa bien-aimée, il ne devait pas avoir beaucoup d’autres occupations.
C’est à ce moment-là qu’il me dit qu’il n’y connaissait rien au Football, je le regardait en essayant de ne pas éclater de rire et je lui répondis « Ne t’inquiète pas Elijah , c’est encore plus simple que de faire des pralines ,je vais t’expliquer tout ça à la mi-temps » , je pris ma chope et la vida en une traite.Elijah me demandait pour quelle équipe nous étions , je me retournais avec énervement et lui balançait dans les oreilles « Pour le Réal voyons , tu ne vas pas me dire que tu ne le savais pas quand même , on ne supporte pas une équipe de bras cassés ici !!! » . « Puis bois ta bière elle va être chaude et la tournée suivante est déjà commandée !!! » lui dis-je comme si je lui donnais un ordre, pour une fois que j’en avait l’occasion , je n’allais pas la laissé passer, d’habitude c’est lui qui me donnait des ordres lorsqu’il fallait allez livrer ses foutues caisses de chocolat. Il me demandait alors comme chaque puceaux de la première bière si il allait être saoul si il buvait le demi-litre de bière qu’il avait devant le nez ,comme j’avais l’intention de le saouler histoire qu’il ce décoince il me fallut encore mentir « Mais non Elija tu ne risques rien elle n’est pas forte , des comme celle-là on peut en boire des litres et encore marcher droit sur un fil » ,il prit sa bière et trempa ses lèvres dedans et gouta ,je scrutais sa réaction ,la grimace qu’il fit après la première gorgée valait tous les buts de cette soirée ,elle ressemblait à celle d’un enfant qui venait de manger une endive avariée.
C’était mi-temps et les bières coulaient à flot Elijah en avait déjà bu deux et il commençait à vaciller heureusement le comptoir était proche et il pouvait s’y tenir, je ne le lâchais pas des yeux j’en oubliais presque même le match, Elijah avait même entamé un petit pas de danse sur le rythme des chants des supporters, chant qu’il reprenait en cœur et ce sans même bégayer … Quel spectacle, quel exploit !
Je lui balançais une bière de plus devant lui et lui demandais « Alors Elija ça va toujours, tu sais ici tu peux danser sur les tables ! » , j’avais l’impression d’être le dernier des salauds, mais j’avais bien l’intention de le faire grimper sur une table et de le filmer avec mon portable. Je le pris sur le champ par la taille il était si léger que sans mal j’arrivais à le déposé en douceur sur la table la plus au milieu du pub, celle où il y avait une troupe de pom pom girls complètement disjonctées. J’avais évidement braqué mon portable sur Elijah et tout en le filmant histoire de ne rater aucun instants, je criais du plus fort que je pouvais « Vas-y mon gars montre nous que les chocolatiers savent se déhancher ! »

Décidément, je ne me sentais pas à ma place ayant l’impression qu’à la moindre de mes paroles, j’allais prononcer une bêtise plus énorme que moi –bien que j’étais de constitution honnête pour un homme, sans pour autant être un fil de fer ni une montagne de muscles. En fait, si j’avais accepté de participer à ce simulacre de rendez-vous masculin, c’était avant tout pour montrer à Dawn, ma femme, que je pouvais avoir des relations sociales. Certes, j’étais quelqu’un d’introverti et de timide mais je voulais lui prouver –et me prouver par la même occasion, que je pouvais nouer des liens avec le commun des mortels et participer à cette réalité que j’avais de cesse de fuir depuis mon enfance. Avant Dawn, mon cercle social se résumait à Anastasia et au père Branigan. J’étais bien trop timide pour m’acoquiner à d’autres personnes et pour ainsi dire, je n’en avais jamais ressenti le besoin non plus. Je me plaisais dans ma bulle mais celle-ci avait brusquement éclaté alors que l’équipe que nous supportions visiblement venait de marquer. « Si tu le dis » lâchais-je en réponse à sa remarque sur les bras cassés. Pour moi, les deux équipes se valaient et comment dire, ne m’intéressaient pas le moins du monde bien que j’avais fait des recherches sur les deux avant de venir histoire de ne pas passer pour un inculte. Bien mal m’en pris car j’avais beaucoup plus accroché avec le Barca qu’avec le Real. En plus, il m’avait à moitié crevé les tympans en m’engueulant ainsi. L’homme fan de football était un être à part ! J’en étais venu à cette conclusion en regardant tous les spécimens m’entourant et je me sentais un peu comme dans la quatrième dimension. « Oui oui, je finis ! Inutile de me presser, on a pas un train à prendre que je sache» marmonnais-je en trempant mes lèvres dans ce liquide jaune et amer. Franchement, ce n’était pas mon truc non plus – à croire que rien de la vie normale d’un homme n’était mon truc mis à part les choses que je faisais avec ma femme dans l’intimité de notre chambre, du salon etc. Une telle pensée m’arracha bien évidement une rougeur sur mes joues que je dissimulais dans une quinte de toux. Inutile de me payer l’affiche sur ce terrain, Josh serait capable de me charrier et bien que je l’appréciais –dans la mesure où je ne le connaissais pas encore très bien, je risquais de très mal le vivre et de mettre fin à notre soirée. J’espérais qu’il ait suffisamment de retenu pour en rester à une humiliation par soir.

Je me mis donc à boire ma bière par petite gorgée ayant subitement l’impression qu’on venait de m’appuyer sur ma vessie. Pitié que ce cauchemar cesse ! J’en étais ridicule et puis, comment dire, je m’ennuyais un peu beaucoup. Heureusement, alors que j’entamais ma seconde bière –merci à cet homme qui avait décidé de me saouler ; je commençais à ressentir un peu de cette euphorie bien que je ne regardais toujours pas les blaireaux enfin les joueurs courir après leur ballon. En fait, j’étais beaucoup plus subjugué par mes voisins de tables –ou plutôt par ses pompom girls. Je n’avais jamais fréquenté ce genre de fille au lycée. J’étais trop comment dire, pas suffisamment bankable pour les intéresser. Une pensée perverse me souffla que je pourrais toujours demander à Dawn si elle serait partante pour enfiler une de ses tenues et un sourire niais étira mes lèvres. « Danser sur les tables ? J’aime bien danser ! » Lui confiais-je en buvant presque la moitié de ma bière d’un coup avant de me faire entrainer vers la table du milieu et grimpé dessus. « Ouaw.. Je suis marié, désolé Josh mais tu n’es pas suffisamment féminine pour moi » rigolais-je, commençant à être déjà bien amoché. Quand on ne buvait jamais d’alcool, une bière et demi faisait des ravages. Toutefois me prenant au jeu, je me mis à danser avec une des pompom girl sur la musique « I’m sexy and I know it » sans me douter une seule seconde que j’étais filmé. « Moi je dis, que les chocolatiers, ça danse mieux que les livreurs ou les fouteux ! » et le pire de cette histoire était que je me rendais même pas compte que depuis le début de la soirée, je n’avais pas bégayé une seule fois.

Sacré Elijah , il me faisait bien rire ,ce garçon était en caoutchouc ,un véritable Travolta de table , je n’en pouvais plus de rire je bougeais tellement que le film allait ressembler à un documentaire filmé sur un bateau .
Le pire de tout c’est que la soirée était loin d’être finie, les deux Pompom Girls jouaient très bien le rôle que je leur avais demandé. Je les avais rencontrées la veille dans le club où nous allions aller dès que le match serait fini en espérant qu’Elijah ne serait pas fini avant, il avait déjà les jambes en élastique un bon verre d’eau lui ferait grand bien, j’allais donc en commander, c’est vrai qu’après une telle dépense d’énergie il allait avoir soif. Au passage je fis un arrêt près du DJ et je lui demandais un morceau digne du spectacle auquel nous avions droit « Déshabillez-moi » de Juliette Greco, il n’avait pas cette version mais une plus comment dire « chaude » je lui dis « Parfait !!! » Alors que le morceau précédent allait finir , je pris vite place pour ne pas en rater une , alors qu’à ce moment-là la fin du match venait d’être sifflée avec la victoire du Réal , autant dire que l’ambiance dans le bar aller encore monter d’un cran .La musique « Déshabillez-moi » Commençait et de plus en plus de personnes observait la scène de table , je repris mon portable pour en filmer la suite , sur un air pareil il est certain qu’Elijah et ses deux groupies allait chauffer la piste !
« Vas-y Elijah fais sauter la chemise ! » dis-je tout en pensant que je devrais mettre cette vidéo bien cachée dans un coffre après cette soirée , un jour elle me servira.
De plus en plus de people observait le Travolta des bars, le pauvre ne s’en rendait même pas compte je n’en pouvais plus j’allais mourir de rire, je décidais avant de rendre l’âme d’aller me rafraichir au bar, «Une bière barman s’il vous plait».après avoir été servi, je retournais près d’Elijah toujours en plein show. Je faisais la causette avec mon voisin de bar, on refaisait le match comme à chaque fois.
J’attendais qu’Elijah ai fini de faire le pantin sur sa table mais il ne semblait pas prêt à abandonner, le temps passait et je n’avais qu’une envie quitter le bar et aller en boîte, histoire de lui montrer qui du Chocolatier ou du Livreur dansait le mieux. J’espérais juste que le style de boîte allait lui plaire.

Voyant Elijah ce débattre pour ne pas perdre sa chemise sous les mains habillent des Pompom Girls , je manquais d’étouffer dans ma bière , c’est à ce moment-là que je le vis faire un saut de cabri pour leur échapper et rejoindre le bar sur lequel j’avais fait un ravitaillement , cette fois la commande n’était évidemment plus la même , Whisky Coca , ma boisson préférée lorsque la soirée est lancée "Elijah viens donc ici" je fis en lui tendant un verre remplis à ras bord. Le pauvre était complètement débraillé, la chemise complètement ruinée, du rouge à lèvres partout les boutons arrachés. C’est à ce moment qu’il me parle de faire arrêter les pauvres Pompom Girls je lui réponds sur un ton énergique : « T’es malade c’est elles qui nous donnent droit à l’entrée du club où on va juste après le verre on ne va pas les faire enfermé , j’ai d’autres projets bien plus intéressant, allez bois ton verre au lieu de dire n’importe quoi , et puis je ne me fous pas de ce que tu dis je n’en comprend que la moitié, on dirait que tu parles avec un éponge dans la bouche et si tu pouvais essayer de ne pas me roter dans les narines ce serait fort agréable! » J’étais dans une forme comme jamais, je l’aime bien ce gars, je comptais bien qu’il n’oublie pas cette soirée, enfin si les trous de mémoire qu’il allait avoir le lendemain ne seraient pas trop nombreux, je luis demandais de finir son verre en vitesse car il était temps de filer dans le club à 20 km plus loin "Allez cul sec !" J’attrapais Elijah et son verre et le tirais vers la sortie, il avait il faut bien le dire « du mal » à suivre , mais je n’allais pas le porter .nous sommes donc arrivé avec beaucoup de difficulté à l’entrée où je filais un billet de 100 Dollars au videur , c’était le minimum à donner si on veut avoir la paix , au moment de passer la porte le videur s’adresse à Elijah de sa grosse voix en bombant le torse « Et toi là tu ne donnes rien ? » Je me retournais d’un coup et je tendis un autre billet de 100 Dollars pour Elijah , je ne manquerais pas de lui mettre sa sur sa facture de sortie plus tard. Nous nous dirigions alors vers la voiture garée à quelques mètres, j’ouvrais la porte et lançais Elijah derrière avec les Pompom Girls qui avaient déjà pris place, Direction le « Club »

L'alcool coulait à flot et je me sentais partir de plus en plus dans un monde aussi léger que superficiel. L'effet n'était pas désagréable mais contrairement à ce que pouvait penser Josh, il me restait suffisamment de lucidité pour savoir où ces femmes devaient s'arrêter. Je ne voulais pas tromper ma femme et tant pis, si cela faisait de moi un homme coincé ou je ne savais quelle idiotie. Je n'aimais pas les blaireaux ni les ivrognes bien qu'à l'heure actuelle, je m'étais tapé un match de foot et que j'étais passablement éméché. Sûrement que j'allais déguster sévère le lendemain matin mais l'alcool aidant, je me fichais des conséquences qu'un mal de tête ou d'une amnésie partielle. Je voulais juste m'amuser pas que cela finisse en orgie. "Billet d'entrée? Josh, vous ne prenez quand même pas ces femmes comme des objets?" m'écriais-je choqué avant de boire cul sec le verre qu'il me tendait pour mieux tousser peu après. Ma gorge me brûlait et il me fallut cligner plusieurs fois des yeux pour permettre à mes yeux de chasser les larmes qui naissaient à cause de la brûlure alcoolisée. Franchement, je n'étais toujours pas habitué à ce liquide de la mort qui tue. Malheureusement pour moi Josh nous tira rapidement vers la sortie et je dus une nouvelle fois combattre ses amazones des temps modernes à base de : je suis marié arrêtez ou mesdames, je ne connais même pas votre prénom. Josh m'avait mis dans une belle merde et je lui en voulais de prendre autant de plaisir à mon désarroi mais quelque chose me disait qu'il s'en fichait complètement. Un véritable ami ne chercherait pas à me mettre plus bas que terre ce qui faisait de nous, de simples connaissances. Je n'avais pas confiance en lui et je devais me méfier mais comment dire, avec l'alcool que j'avais ingurgité en plus comment un simple livreur pouvait sortir 200$ comme ça d'un coup. C'était louche et dans mon état d'ébriété, je me prenais pour un columbo des temps modernes "Josh, tu sors d'où ce fric?" demandais-je sur un ton conspirateur avec le moindre tac possible -je faisais un piètre enquêteur et alors?!