Cela faisait un peu plus d’un an à présent que Chandler savait qu’elle était atteinte d’insuffisance rénale. La nouvelle était tombée d’un coup sans qu’elle s’y attende. Enfin, elle avait bien senti que son état de santé s’était progressivement dégradé mais elle ne s’était pas attendue à quelque chose d’aussi grave. La nouvelle l’avait cependant moins dévastée qu’elle n’avait dévasté son père et surtout son frère. Joey avait pris cela comme si c’était lui qui en était atteint. Elle avait simplement essayé de relativiser et surtout de positiver pour mieux appréhender son traitement. Rester positif aidait à guérir, elle avait appris ça lors de l’un de ses cours. Puis elle se disait qu’il y a avait des gens avec encore moins de chance, des maladies encore pire aussi. La seule chose qui l’embêtait – si on omettait le fait de voir son frère culpabiliser chaque jour de plus en plus parce qu’il ne pouvait rien faire pour elle – était qu’elle devait passer plusieurs heures à l’hôpital tous les jours de la semaine pour ses dialyses. Et puis elle était vite fatiguée alors elle avait du mal à faire tout ce qu’elle faisait avant. A la base, la jeune australienne n’était pas du genre à rester sans rien faire enfermée chez elle. Elle ne tenait pas en place et c’était dur à vivre. Elle essayait quand même de vivre une vie normale et de faire ce qu’elle faisait avant mais son corps et la fatigue la ramenaient très vite à la raison. Bon, elle arrivait quand même à ne pas déprimer dans cet endroit… déprimant et elle avait réussir à rendre ses visites presque agréables. Elle avait fait connaissance avec toutes les infirmières et autres membres du personnel et était devenue une sorte de chouchoute. C’était toujours plus plaisant et c’était la seule manière qu’elle avait trouvé de rendre tout ceci beaucoup plus agréable.

Quelques semaines auparavant, la jeune femme avait essuyé un nouveau coup dur qui avait donné un grand coup à sa bonne humeur légendaire. Elle avait été appelée parce qu’ils avaient un rein pour elle. Seulement, une fois arrivée à l’hôpital on lui avait dit qu’il y avait eu une erreur et qu’ils s’étaient trompés de nom sur la liste. La jeune femme avait donc perdu un peu de sa « positive attitude » et commençait à avoir de plus en plus de mal à faire face à son état. Enfin ça c’était avant qu’elle n’entende parler de quelqu’un qui pouvait avoir un rein pour elle… en échange d’une somme assez conséquente. Oui bon, c’était illégal et elle le savait, mais elle galérait tellement qu’elle en était venue à considérer la chose. Elle n’en avait pas parlé à Joey et ne lui en parlerait sans doute jamais puisqu’elle savait qu’il n’approuverait. L’argent ne serait pas un problème par contre et elle pourrait facilement en emprunter à son père. Il lui restait juste à trouver une explication… Soit, en attendant, elle avait contacté le jeune homme qui vendait son rein. Karim quelque chose… Il était supposé lui rendre visite aujourd’hui. On sonna à la porte en début d’après-midi et Chandler alla immédiatement ouvrir. Elle n’avait rien fait de la journée tant elle était nerveuse. « Vous êtes Karim ? Je suis Chandler, enchantée. » dit-elle tout en lui tendant la main. « Entrez je vous en prie. » Elle s’écarta pour le laisser passer.

Karim avait dut appeler sa mère pour lui dire qu’il lui déposerait Ismaël plus tôt. A la base, il ne devait même pas s’occuper de son frère aujourd’hui mais son beau-père l’avait appelé pour lui dire qu’il ne pouvait pas aller le chercher à l’école. Comme Karim n’avait rien à faire d’autres, il avait accepté. Ce n’était ni la première ni la dernière fois qu’il faisait ça, cette fois néanmoins, il ne pouvait pas garder le petit aussi tard que d’habitude parce qu’il avait disons un rendez-vous assez important. Sur le chemin qui le ramenait jusqu’à Staten Island, Ismaël supplia bien Karim pour pouvoir rester un peu plus longtemps mais cette fois, il n’obtint pas gain de cause. Après avoir déposé son frère, Karim prit ensuite la route de Carnegie Hill. C’est là qu’il devait retrouver une jeune femme, Chandler, chez elle pour une raison bien précise. En fait, s’il avait rendez-vous avec elle, c’était pour potentiellement lui vendre son rein ni plus ni moins. Le fait était que c’était la meilleure solution que Karim avait trouvé pour gagner de l’argent. Parce qu’il avait cruellement besoin d’argent depuis le jour où il avait renversé ces maudites fourrures avec son skate et que ce n’était pas son travail de marchand de glace qui allait lui fournir ça. Il pouvait donc se séparer d’un rein, tant que l’autre marchait encore suffisamment bien. Une chance, il disposait maintenant de quelques contacts et il avait put voir pour arranger ça et c’est là que Chandler était entré dans l’histoire. Il ne l’avait jamais vu pour l’instant et savait juste son nom, son adresse et aussi le fait qu’elle était assez désespérée pour bien vouloir acheter un rein. C’est tout ce qu’il lui fallait, il avait bien besoin d’une personne désespérée comme ça.

Le jeune homme arriva finalement à Carnegie Hill, là où vivait la jeune femme et se rendit jusqu’au numéro exacte qu’on lui avait indiqué. Arrivé là, il frappe simplement à la porte, attendant que celle-ci veuille bien lui ouvrir. Il n’eut pas à attendre bien longtemps avant que celle-ci n’arrive. « Vous êtes Karim ? Je suis Chandler, enchantée. » Celle-ci lui tendit alors la main et Karim la lui serra. « Oui c’est moi. Enchanté de même. » Enfin il supposait. « Entrez je vous en prie. » Le jeune homme entra alors dans l’appartement de la jeune femme et regarda brièvement autour de lui. Jusque là, tout avait été relativement simple mais maintenant qu’il était là, il se demandait vraiment pourquoi il était venu et ce qu’il était en train de faire au juste. Il n’était pas certaine que tout ça est vraiment du sens. « Joli appartement. » finit-il par commenter au bout d’un moment sans savoir quoi dire d’autres. Il avait encore l’air d’un crétin en fait. Et le pire dans tout ça, c’est sûrement que ça ne changeait pas beaucoup de d’habitude.

Chandler se demandait quand même ce que Joey aurait pensé de tout ça. En fait, non, elle le savait, et c’était une des raisons pour lesquelles elle ne tenait pas en place. Elle allait très vite avoir le tournis si elle continuait à tourner comme ça dans son salon. Son frère était un homme de loi, un homme pour qui le respect des principes était très important. Ce que s’apprêtait à faire la jeune femme était en total désaccord avec ces principes et ce pour quoi son frère se battait et allait se battre pour le restant de ses jours. Elle n’aurait jamais cru être du genre à faire dans l’illégalité… Et pourtant elle était là, à attendre que le propriétaire de son futur rein arrive pour qu’ils puissent conclure un accord. Elle était tellement désespérée et avait tellement besoin de ce rein qu’elle n’avait pas réfléchi une seule seconde avant de contacter ce Karim. Contrairement à ce qu’elle voulait bien faire croire à tout le monde, la situation commençait sérieusement à lui peser, encore plus après l’incident à l’hôpital. Toute la bonne volonté du monde et son positivisme légendaire ne suffisaient plus, ne fonctionnaient plus. Cela dit, elle n’arrêtait pas de se demander si elle avait pris la bonne décision. Elle avait longtemps hésité au cours de la matinée à appeler Karim pour lui dire de ne pas venir finalement. Mais comme elle était tiraillée par deux sentiments contradictoires, son cœur avait eu raison de sa raison et elle l’avait presque patiemment attendu.

Quand il arriva, Chandler lui sauta immédiatement dessus, ne le laissant pas attendre plus de quelques secondes sur le pas de la porte. Elle était nerveuse et excitée à la fois, cela faisait quand même un an qu’elle passait ses journées à l’hôpital et n’allait plus en cours. Elle avait là un grand espoir de changement et cela lui faisait du bien même si sa conscience n’était pas d’accord. Elle se présenta puis le laissa passer pour qu’il entre. Refermant la porte derrière lui, elle se lança dans le salon à sa suite. « Joli appartement. » C’était une entrée en matière comme une autre. Qu’était-on censé dire à la personne à qui on allait acheter un rein ? C’était quand même une situation pour le moins étrange. « Merci. J’ai beaucoup de temps libre pour la déco, on s’occupe comme on peut. » dit-elle tout en haussant les épaules. Elle laissa s’installer un silence où elle observa attentivement le jeune homme. Elle était curieuse de savoir pourquoi il vendait son rein quand même. Il devait avoir de sacré problèmes pour demander une somme aussi conséquente. « Hum. » Elle se racla la gorge. « Vous pouvez vous assoir au fait. » proposa-t-elle tout en montrant le canapé. « Vous voulez boire quelque chose ? Manger quelque chose ? » C’était toujours aussi bizarre et elle n’était pas plus avancée que tout à l’heure sur quoi lui dire. « Donc, ce rein… » Voilà, comme elle ne savait pas quoi dire, elle espérait que lui en aurait une meilleure idée.

Maintenant qu’il était là quand même, Karim commençait à vraiment se demander pourquoi il était là et s’il faisait bien de faire ça. Il se demandait ça et aussi ce qu’il pouvait bien dire maintenant parce qu’il n’avait pas essayé de voir bien loin et il ne s’était jamais demandé ce qu’il pourrait bien faire ou dire une fois face à la personne qui voudrait de son rein. Il était encore novice en la matière. La première chose qui lui vint fut donc un commentaire à propos de l’appartement qu’il déclara être joli. Enfin, ça allait quoi, ce n’était pas vraiment le style d’appartement où il aurait aimé vivre, ça ressemblait vraiment trop à un appartement de fille à son goût (ça devait être normal ça puisqu’il était justement face à une fille mais soit). La jeune femme eut l’air un peu surprise par son entrée en matière. Ca devait être logique quelque part. « Merci. J’ai beaucoup de temps libre pour la déco, on s’occupe comme on peut. » Le jeune homme hocha la tête. Elle devait bien en avoir du temps libre oui si elle était malade. C’était sûrement ce genre de choses qui devaient la pousser à vouloir acheter un rein comme ça, elle devait en avoir marre de ne rien avoir d’autres à faire que la décoration de son appartement. C’est vrai que c’était un peu pathétique, il comprenait que ça puisse la désespérer. Mais il n’était sûrement pas le mieux placer pour juger de ça après tout. Qu’est-ce qu’elle devait se dire de lui elle hein après tout ? Le jeune homme regarda autour de lui, toujours pas sûr de bien savoir quoi faire. « Hum. Vous pouvez vous assoir au fait. » L’Egyptien hocha la tête et alla prendre place sur le canapé et Chandler reprit presque aussitôt la parole. « Vous voulez boire quelque chose ? Manger quelque chose ? » Il réfléchit alors la question avant de secouer la tête. « Non c’est bon pas la peine. » déclara-t-il en haussant les épaules. « Enfin… peut-être un peu l‘eau si ça ne vous déranges pas. » reprit-il finalement quand même un peu. Oui, voilà. Juste ça. « Donc, ce rein… » Oui, c’était pour ça qu’il était là après tout. Le jeune homme retint un soupir ennuyé et reporta son attention sur la jeune femme. « Oui. » fit-il alors. « Qu’est-ce qu’on vous en a dit déjà ? » demanda alors l’Egyptien. Il voulait savoir par là de quoi elle était au courant exactement, à commencer par le prix exact. Il espérait qu’elle était suffisamment au courant pour ne pas l’avoir déplacé pour rien.


J'ai décidé de le finir parce que je m'ennuyais et que je me souvenais l'avoir commencé hier mais en fait j'étais toujours pas en état so Si ça te va pas, j'y reviendrais plus tard

Chandler avait emmené son invité un peu spécial jusqu’au salon et l’avait invité à s’assoir. Autant qu’il soit à l’aise quoi, surtout qu’ils n’allaient surement pas avoir une discussion très agréable. Après quoi, elle lui avait proposé à boire ou à manger. Pas seulement par politesse et parce que c’était ce qu’une bonne hôtesse de maison se devait de faire mais surtout parce que cela permettait de repousser le sujet assez dérangeant qui les avait tous les deux réunis. « Non c’est bon pas la peine. » La jeune femme hocha alors la tête et pris place à côté de Karim sur le canapé. « Enfin… peut-être un peu l‘eau si ça ne vous déranges pas. » Chandler sourit et hocha la tête une nouvelle fois avant de se relever et de se diriger vers la cuisine juste à côté. « Je reviens tout de suite. » La jeune femme prit quand même son temps pour sortir deux verres et remplir un pichet d’eau. Elle ne savait pas vraiment comment agir et ça la déstabilisait. C’était surtout le fait qu’elle avait de grandes chances d’avoir un rein – sans erreur cette fois – qui lui faisait perdre ses moyens. Et aussi le fait que ce soit illégal et qu’elle allait avoir du mal à cacher tout ça à son frère très longtemps. Il allait se demander comment elle avait fait pour en trouver un si rapidement, comment il connaissait ce Karim qui devait tenir sacrément à elle pour lui donner un rein. Par-dessus tout, elle allait devoir ruser pour cacher les quatre-vingt mille dollars que Karim lui demandait en échange de son organe.

Après s’être bien remué l’esprit, la jeune femme revint au salon tout sourire sans pour autant avoir plus d’assurance. Elle posa le plateau sur la table basse, servit les deux verres puis repris place à côté de son invité. Ce n’est seulement après avoir bu une gorgée d’eau qu’elle lança le sujet du rein sur le tapis. « Oui. » Il avait l’air tout aussi embêté qu’elle et tout aussi peu assuré. « Qu’est-ce qu’on vous en a dit déjà ? » Chandler avait la chance de s’être fait beaucoup d’amis parmi le personnel de l’hôpital. C’est comme ça qu’elle avait entendu parler de ce Karim et du fait qu’il cherchait à vendre son rein. Ce genre de pratiques n’étaient pas données à tout le monde et il se trouvait qu’elle en avait justement les moyens, alors pourquoi pas ? Elle en avait tellement marre d’attendre et de se faire des faux espoirs qu’elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes. « Que vous vendiez un rein, que vous en demandiez 80 000 dollars et que nous étions compatibles. » Elle marqua une pause. Jusque-là normalement, il n’y avait pas de problème. « Comme vous vous en doutez, l’argent ne sera pas un problème. Seulement… Est-ce que je peux me permettre de vous demander pourquoi vous faites ? Même si vous avez besoin d’argent, et de beaucoup visiblement, donner un de ses reins c’est un énorme sacrifice alors je me demandais si vous étiez sûr de vous. » Oui parce qu’elle était prête à plonger là-dedans avec lui mais elle voulait être sûre qu’elle ne le fasse pas pour rien et elle ne voulait pas connaitre une nouvelle déception.

Après l’avoir fait entré dans l’appartement, la jeune femme demanda à Karim s’il en voulait pas quelque chose, à boire ou à manger. Le jeune homme fut d’abord tenté de refuser, il le fit d’ailleurs mais il revint bien vite sur sa décision en demandant à avoir un peu d’eau. Il avait un peu soif en fait et puis, s’il pouvait faire perdre un peu de temps, pourquoi pas. « Je reviens tout de suite. » Le jeune homme hocha la tête et alla prendre place sur le canapé qu’elle lui avait indiqué en disant qu’il pouvait s’assoir. En l’attendant, il laissa encore son regard aller sur le décor qui l’entourait. Il n’avait pas vraiment mieux à faire alors bon. Il put remarquer en tout cas que la jeune femme en mettait du temps pour revenir avec de l’eau, c’était pourtant censé être la chose la plus facile au monde à servir mais soit. Il n’était pas là pour juger de ça. De toute façon, à peu près au même moment où il se mettait à penser ça la jeune femme revenait avec un plateau contenant deux verres. Elle lui servit alors son verre d’eau avant de prendre place à son tour sur le canapé. « Merci. » dit-il alors poliment. En l’observant, Karim put voir qu’elle n’avait pas l’air beaucoup plus à l’aise que lui. Elle lança alors le sujet sur le rein et l’Egyptien but une gorgée de son verre d’eau avant de l’interroger sur ce qu’on lui avait dit. « Que vous vendiez un rein, que vous en demandiez 80 000 dollars et que nous étions compatibles. » Le jeune homme hocha la tête, elle savait donc l’essentiel. N’empêche, cette fille ne devait manquer de rien, il n’y avait qu’à voir l’endroit où elle habitait et l’argent qu’elle pouvait dépenser pour ça. En fait ouais, il devait juste lui manquer un rein mais sinon elle avait vraiment tout, c’était un peu exaspérant. « Ouais, c’est ça. » lâcha alors le jeune homme. Chandler, puisque c’était son nom, reprit alors la parole. « Comme vous vous en doutez, l’argent ne sera pas un problème. Seulement… Est-ce que je peux me permettre de vous demander pourquoi vous faites ? Même si vous avez besoin d’argent, et de beaucoup visiblement, donner un de ses reins c’est un énorme sacrifice alors je me demandais si vous étiez sûr de vous. » Oh, il ne doutait pas du fait que l’argent ne serait pas un problème non, il l’avait déjà constaté un peu plus tôt. Malgré tout, le jeune homme laissa quand même échapper un soupir las. C’était plutôt ce que la fille avait dit après qui était la cause de ce soupir. « Non, vous ne pouvez pas vous permettre de demander. Ce n’est vraiment pas votre problème. » laissa-t-il échapper d’un ton sec. Elle pouvait juste se trouver heureuse de sa chance en se taisant, c’était une bonne idée ça. « En tout cas, ne vous inquiétez pas, je ne changerais pas d’avis non. » Ouais, même s’il avait reconsidérer ça au moins trois fois depuis qu’il était là. Il n’avait de toute manière pas de meilleure option. « Rassurée ? » demanda-t-il alors.

Chandler avait profité des quelques instants de répit que lui avait offert l’eau dont Karim avait besoin. Elle avait eu hâte de le rencontrer mais maintenant qu’il était là, elle ne savait pas quoi dire ou quoi aire. C’était assez délicat et elle ne s’était pas assez préparée. Mais bon, comment se préparer à une telle chose aussi ? Elle était excitée et stressée en même temps, elle avait un peu de mal à gérer toutes ces émotions contradictoires. C’était compliqué. La jeune femme finit tout de même par revenir au salon sans trop tarder. Son invité allait se demander ce qu’elle pouvait bien faire dans cette cuisine et pourquoi cela lui prendrait trop de temps. Il allait la prendre pour une femme bizarre après et peut-être qu’il allait se rétracter… Elle revint donc au salon calmement et repris place sur le canapé. Après avoir servi leurs deux verres et bu une gorgée d’eau comme pour se donner du courage, elle mit immédiatement les pieds dans le plat en parlant du rein, de but en blanc. Karim lui demanda ce qu’elle savait jusqu’ici, surement pour éviter de tout reprendre depuis le début et gagner du temps. « Ouais, c’est ça. » Bon, elle ne s’était pas fait tout un tas d’espoirs pour rien. Elle continua ensuite à parler et tenta de savoir pourquoi il faisait ça. Vendre un de ses reins, une partie de son propre corps, ce n’était pas rien et surement pas une décision facile à prendre. Alors elle voulait être sûre qu’il ne se rétracte pas et qu’elle ne s’en retrouve pas une nouvelle fois presque brisée. L’erreur de la dernière fois lui avait vraiment foutu un coup au moral et elle n’était pas prête à revivre ça. Elle s’était pensée bien plus forte en plus, elle ne pensait pas que ça l’atteindrait autant. « Non, vous ne pouvez pas vous permettre de demander. Ce n’est vraiment pas votre problème. » C’était un sujet délicat, elle s’était un peu attendue à cette réaction donc elle n’en fut pas déstabilisée. « D’accord. Excusez-moi. » Elle n’aimait pas se montrer indélicate. « En tout cas, ne vous inquiétez pas, je ne changerais pas d’avis non. » Il ne semblait pas en être très sûr mais bon elle avait déjà fait un faux pas, elle n’allait pas en faire un second en le lui faisant remarquer. « Rassurée ? » Pas vraiment non. « Oui. » dit d’un air qui se voulait assuré mais qui trahissait peut-être sa pensée. Elle avait tellement été déçue que bon, elle aurait toujours un petit doute. « Si vous e dîtes que vous ne changerez pas d’avis, je vous fais confiance. » Mieux valait qu’il lui prouve qu’elle avait raison. « Et sinon pour le paiement, vous voulez procéder comment ? La moitié avant l’opération, l’autre moitié après ? Autrement ? » Elle n’y connaissait pas grand-chose, elle n’avait jamais fait ça après tout mais peut-être que lui saurait.

Lorsque la jeune femme revint après avoir été cherché l’eau, elle ne mit pas bien longtemps avant d’entrer dans le vif du sujet, à savoir le rein. C’était mieux comme ça, ils n’allaient pas passer des heures ici à parler simplement de la décoration de l’appartement, ça craignait un peu. Comme il n’avait pas envie de répéter des choses que la jeune femme saurait déjà (ça aurait été une perte de temps), Karim demanda à Chandler ce qu’elle savait déjà. Elle semblait bien informé d’ailleurs c’était bien. Après ça, Chandler en rajouta un peu en demandant à Karim pourquoi il faisait ça. Enfin, elle voulait juste savoir si elle pouvait demander ça mais au final, ça revenait au même. Karim lui répondit sèchement. Elle avait juste le droit de se taire et de profiter de sa chance (même si cette chance avait été provoquée par une grosse somme d’argent. « D’accord. Excusez-moi. » Le jeune homme haussa les épaules. « Ca ne fait rien. » Et puis de toute évidence, la jeune femme avait demandé ça parce qu’elle avait besoin d’être rassurée sur le fait qu’il ne changerait pas d’avis. Il lui assura donc qu’il n’y avait pas de risque par la suite. Mais vu qu’il avait lui-même du mal à être convaincu par ses paroles, il se demandait si elles auraient un grand effet sur Chandler. Il pourrait avoir l’air un peu plus sûr de lui quand même ! « Oui. » Elle répondait ça parce qu’il lui avait demandait si elle était rassurée. Mais elle sentait bien au ton de sa voix qu’elle n’était pas très sûre. Il ne pouvait même pas la blâmer en fait. La jeune femme en rajouta alors. « Si vous me dîtes que vous ne changerez pas d’avis, je vous fais confiance. » Le jeune homme hocha vivement la tête. « Et vous avez raison. » dit-il d’une voix cette fois plus assurée. De toute façon, changer d’avis n’était pas vraiment une option, il avait véritablement besoin de cette option. « Et sinon pour le paiement, vous voulez procéder comment ? La moitié avant l’opération, l’autre moitié après ? Autrement ? » Évidemment, la question du paiement était importante. « Oui comme ça. » répondit-il alors. Il jeta alors un nouveau regarda autour de lui puis sur elle et fronça les sourcils. « Vous êtes sûre qu’avoir l’argent ne sera pas un souci ? » demanda-t-il alors. Non parce qu’elle avait clairement l’air d’avoir les moyens mais quand il la regardait elle, il n’était pas vraiment sûre qu’elle soit le genre de personne à acheter un rein illégalement et aussi cher comme ça.

Chandler avait vraiment agi de façon maladroite quand elle avait demandé à Karim pourquoi il vendait son rein. Elle avait simplement voulu s’assurer qu’il était sûr de lui et qu’il ne la laisserait pas tomber. Parce que donner son rein comme ça à une inconnue, ce n’était pas quelque chose de facile et encore moins une décision à prendre la légère. Il fallait la comprendre, elle avait connu une énorme déception il n’y avait pas longtemps qui avait mis un grand coup à son optimiste et à sa philosophie de ne pas se laisser abattre. Heureusement qu’elle avait vécu ça avec Joey parce qu’elle n’aurait pas eu la force de lui dire et elle n’aurait surement pas été en mesure de surmonter ça toute seule. La jeune femme s’excusa. Après tout, elle n’avait pas spécialement envie d’entrer dans les détails non plus… Moins ils en sauraient l’un sur l’autre, moins il y aurait de risque qu’elle culpabilise de lui prendre son rein comme ça, alors qu’elle ne le connaissait pas. Elle avait juste besoin de savoir qu’il avait besoin de cet argent, cela lui rendait la tâche plus facile. Si elle pouvait l’aider autant qu’il l’aidait, c’était tout ce qui comptait… « Ça ne fait rien. » Karim essaya de la rassurer alors mais elle avait tellement peur de connaitre une nouvelle désillusion qu’elle n’y croyait pas tellement. Enfin… Elle ne voulait pas le contrarier encore plus alors elle répondit que oui. Elle lui affirma même qu’elle lui faisait confiance, il ne devait juste pas la décevoir après… « Et vous avez raison. » Chandler hocha la tête et sourit, essayant de se redonner une contenance. « Je l’espère. » dit-elle quand même. Elle voulait qu’il mesure vraiment l’importance de ce qu’il se passait pour elle. Après ça, la jeune femme se demanda comment allait se passer le paiement, c’était une question assez importante quand même. Surtout qu’elle ne pouvait pas lui donner 80 000 dollars comme ça, il fallait au moins le diviser en deux… Voire plus. Elle ne savait pas encore comment elle allait faire. Joey aurait pu bien l’aider mais elle n’était pas sûre de vouloir lui en parler. Quant à son père, c’était hors de question. « Oui comme ça. » « Et si on divise encore un peu ? Vous comprenez, ça risque d’être un peu compliqué d’avoir tout cet argent d’un coup… » Bah oui, elle ne travaillait pas et elle n’avait encore pas un total accès à son compte, elle ne pouvait pas débiter une si grosse somme d’un coup. Sauf s’il voulait bien attendre quelques mois. « Vous êtes sûre qu’avoir l’argent ne sera pas un souci ? » « J’en fais mon affaire. » dit-elle sur ton assuré. Elle n’avait pas le choix et c’était à elle de ne pas le décevoir pour le coup. « Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez la somme. Ca prendre peut-être juste un peu de temps. »

La jeune femme semblait douter du fait qu’elle pouvait se fier à lui. Elle avait sûrement bien raison en fait, il lui arrivait aussi à lui d’avoir quelques doutes, mais il arrivait toujours à se raisonner. E jeune homme lui assura donc qu’elle avait raison de lui faire confiance. « Je l’espère. » Le jeune homme hocha la tête, encore. Il avait l’impression de ne plus savoir faire grand-chose à part ça en fait. Chandler évoqua ensuite le paiement, demandant de quel manière il fallait procédait. Karim n’eut pas à lui apporter de réponses parce qu’elle parla elle-même du fait de payer une moitié avant l’opération et l’autre après et Karim confirma que c’était comme ça qu’il comptait fonctionner effectivement. « Et si on divise encore un peu ? Vous comprenez, ça risque d’être un peu compliqué d’avoir tout cet argent d’un coup… » Le visage de Karim s’assombrit en entendant ça. Il pouvait comprendre oui tout à fait. Il le pouvait souvent en fait, il n’était pas méchant et très compréhensif mais là, ce n’était juste pas possible. « Ce n’est pas mon problème. » répondit-il froidement en croisant les bras. Elle pouvait bien se débrouiller comme elle le pouvait, il ne ferait pas de concessions cette fois. Du coup, il s’intéressa au fait de savoir si l’argent ne serait vraiment pas un problème parce que finalement, ça n’avait pas l’air d’être si évident que ça pour la jeune femme. « J’en fais mon affaire. » Bien, si elle le disait. Ca lui allait « D’accord. » répondit Karim avant que Chandler ne reprenne la parole presque aussitôt. « Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez la somme. Ca prendre peut-être juste un peu de temps. » Karim la regarda de bouveau tendu. « Combien ? » s’enquit-il alors. C’est ce qui l’intéressait le plus. Il termina alors son verre d’eau et poussa un soupir. Finalement, il regrettait vraiment d’être venu là, il perdait son temps avec cette fille, il en était certain, il n’avancerait à rien. Il aurait bien mieux fait de rester avec son frère un peu plus longtemps pour le coup. « Je ne suis pas prêt à attendre trop longtemps, je vous préviens. » ajouta-t-il finalement. A cause de son frère, à cause d’Elia et de toutes les personnes auxquelles il tenait, il voulait régler tout ça au plus vite.

[justify]La question de l’argent était vite revenue sur le tapis. C’était tout à fait logique étant donné que c’était la principale motivation du jeune homme pour donner son rein à Chandler. C’était donc cet argent qui allait lui permettre de guérir. Il y avait tant en jeu qu’elle ne pouvait pas se permettre de faiblir. Elle devait absolument se procurer l’intégralité de la somme sinon son rein et tout espoir de guérison allaient s’envoler et elle ne voulait pas ça. Elle ne pouvait pas faire face à une nouvelle déception. Elle était forte mais pour combien de temps encore ? Chaque faux espoir lui donnait un plus grand coup et bientôt il n’allait plus lui rester de quoi positiver. Seulement elle n’avait pas tout cet argent pour elle. Il appartenait à son père et il se rendrait compte d’un si gros retrait… Puis elle ne savait pas comment justifier tout ça. Peut-être qu’elle devait vraiment en parler à Joey après tout, peut-être qu’il ne lui en voudrait pas et irait dans son sens. Peut-être… Elle n’était pas sûre de vouloir prendre ce risque. La jeune femme crut donc bon de préciser que ce serait difficile pour elle de tout réunir rapidement. Elle osa même lui demander si elle pouvait le payer en plusieurs fois. « Ce n’est pas mon problème. » L’australienne se prit un vent glacé en pleine face. C’était vraiment désagréable et elle ne comprenait pas tellement. Il devait vraiment avoir de gros problèmes pour réagir comme ça… « Je… » Elle ne savait même pas quoi répondre à ça. « D’accord. » conclut-elle en baissant la tête et en se mordant la lèvre. Elle aller garder le silence maintenant, juste le temps de trouver quoi dire. La jeune femme était quand même embêtée parce qu’elle venait juste de lui assurer qu’elle pourrait réunir l’argent. Elle était vraiment nulle. « Combien ? » Chandler soupira et releva enfin la tête vers Karim. « Je n’en sais rien, aussi vite que je peux. » Il était difficile d’être précis quand on n’était sûr de rien. Elle aurait peut-être dû se montrer un peu plus honnête avec lui du coup. « Je ne suis pas prêt à attendre trop longtemps, je vous préviens. » Oui bah ça elle l’avait compris. Il n’avait pas besoin de réagir aussi froidement avec elle. « J’ai dit que je ferais du mieux que je peux, si ça ne vous convient pas vous pouvez toujours allez offrir votre rein à quelqu’un d’autre. » S’il trouvait quelqu’un d’autre. Chandler regretta immédiatement ce qu’elle avait dit par contre, elle venait peut-être de perdre son rein là./justify]

La question de l’argent fut bien vite soulevée. En même temps, c’était normal, c’était un peu la seule chose qui intéressait Karim en fait puisque c’était la seule et unique raison qui le poussait à faire ça. Gosh, et dire qu’avant il y a peu, le manque d’argent ne le dérangeait pas du tout Ca avait bien changé tout ça. Il regrettait de ne pas avoir revenir en ce temps-là. Il s’assura donc que la jeune femme pourrait payer et même si elle lui assura que ce ne serait pas un problème, elle ne tarda pas à lui demander s’ils ne pouvaient pas diviser un peu plus. Parce qu’apparemment pour elle, ce ne serait pas facile d’avoir une telle somme d’un coup. Si elle s’attendait à obtenir une réponse positive, elle allait être déçue parce que Karim lui fit savoir que ce n’était pas son problème. Il n’était pas enclin à faire preuve de patience ou de compréhension à ce sujet. Enfin, il voulait ne pas l’être mais réussit quand même à s’en vouloir un peu en voyant la tête qu’elle fit après qu’il lui ait répondu aussi froidement. L’espace d’un instant, il fut même sur le point de s’excuser et de dire qu’ils pouvaient toujours essayer de s’arranger mais il se reprit. Ce n’est pas comme ça qu’il arriverait à quoique ce soit. Il préféra donc se concentrer sur le fait de savoir quand il pourrait avoir l’argent parce que Chandler venait de dire que ça prendrait un peu de temps. Décidément… « Je n’en sais rien, aussi vite que je peux. » Good, voilà qui éclairait beaucoup la lanterne de l’égyptien. « Vous n’avez pas l’air de savoir beaucoup de choses. » fit alors remarquer Karim. Il se demandait s’il n’était vraiment pas en train de perdre son temps ici parce que clairement, tout ça avait l’air très compliquer à gérer pour la jeune femme. Il lui précisa alors qu’il n’était pas prêt à attendre longtemps tout en gardant un air détaché et froid. Ca ne lui ressemblait pas, il n’était pas comme ça normalement et il n’aimait pas l’être. « J’ai dit que je ferais du mieux que je peux, si ça ne vous convient pas vous pouvez toujours allez offrir votre rein à quelqu’un d’autre. » Le jeune homme plissa les yeux. « Oui vous avez raison, je pourrais. C’est peut-être même ce que je vais faire à la réflexion. » fit-il d’un ton las. Parce qu’elle commençait à l’agacer un peu là quand même.

Chandler s’était vraiment lancée dans tout ça avec précipitation. Elle n’avait pas réfléchi, elle s’était dit qu’elle pourrait réfléchir après avoir accepté le marché. Tellement logique. La jeune femme commençait à être tellement désespéré qu’elle n’avait presque plus que son rein en tête. Du coup quand elle avait su que quelqu’un était prêt à lui donner le sien, elle n’avait pas hésité… Toutes les galères, la culpabilité de son frère, son enfermement et ses baisses de moral disparaitraient. Elle en en avait donc vraiment besoin, c’était vital et ce n’était pas juste une façon de parler. L’australienne n’avait pas non plus pris le temps de réaliser que l’argent serait en fait un problème. Son père était très riche et elle-même avait beaucoup d’argent sur un compte à elle. Mais retirer tant d’argent d’un coup allait se remarquer et elle ne pourrait pas le faire sans en avertir son père, chose qu’elle ne pouvait vraiment pas faire. Il était avocat et il ne cautionnerait jamais ça. Elle hésitait à en parler à son frère pour la même raison d’ailleurs mais ce n’était pas la question. Elle commençait tout juste à réaliser là, alors que son donneur était venu spécialement la voir pour « officialiser » leur accord, que l’argent serait un gros problème. Elle avait même assuré à Karim que ce ne serait pas le cas… La jeune femme était clairement en train de perdre le contrôle de la situation et elle ne savait plus trop quoi dire. « Vous n’avez pas l’air de savoir beaucoup de choses. » Non en effet, elle en savait bien moins qu’elle l’aurez voulu. La jeune femme se mordit la lèvre et baissa la tête, consciente de lui faire perdre son temps. Elle n’aimait pas énerver les gens comme elle le faisait avec lui, elle le sentait. « C’est le cas en fait. » répondit-elle en haussant les épaules, de nouveau désespérée. Elle s’était emballée pour rien, elle avait repris espoir et donné de l’espoir à quelqu’un d’autre pour rien. Elle se détestait. Elle lui proposa alors de garder son rein comme elle ne pourrait lui être d’aucune aide. « Oui vous avez raison, je pourrais. C’est peut-être même ce que je vais faire à la réflexion. » Voilà voilà, elle avait tout fait foirer. Elle détestait n’être qu’une gamine en fait. « Faites-ça. Désolée de vous avoir fait perdre votre temps mais je n’avais pas pensé à tout… J’ai juste pensé au rein et à la guérison. » Parce que c’était tout ce qui comptait pour elle.

Plus les minutes passaient, plus Karim avait l’impression de perdre son temps ici. De toute évidence, la jeune femme ne savait rien sur le comment elle pourrait se procurer l’argent et tout semblait problématique avec elle. Il aurait presque pu compatir s’il n’avait pas été dans l’appartement de celle-ci à voir à quel point tout dans la décoration sentait l’argent plein nez. Non vraiment, il ne pouvait pas compatir avec elle. C’est pour ça qu’il se montrait un peu froid avec elle quand elle voulait des délais ou quand elle prétendant ne pas savoir quand elle pourrait avoir l’argent. Elle avait l’air de ne vraiment rien savoir de toute manière. Il ne se gêna pas d’ailleurs pour bien lui faire remarquer cette dernière chose. « C’est le cas en fait. » Un petit sourire sans joie se décida sur le visage de l’Egyptien. « Je l’avais bien vu oui, pas besoin de le confirmer. » fit-il alors avant de à nouveau soupirer. Il finit quand même par lui dire qu’il n’était pas prêt à attendre trop longtemps. Il avait besoin de son argent au plus vite. Même s’il n’était pas certain que l’argent suffise, il devait au moins essayer. Parce que clairement, il ne pouvait pas laisser les choses continuer comme ça plus longtemps. Lorsqu’il lui fit savoir ça, la jeune femme finit par lui dire qu’il pouvait tout aussi bien aller trouver quelqu’un d’autre. C’était sûrement là la chose la plus intelligente qu’elle disait depuis qu’il était arrivé ici et il commençait à croire qu’effectivement, c’était ce qu’il devrait faire. Elle avait besoin de lui plus qu’il n’avait besoin d’elle. Il était certain qu’il n’aurait pas tant de difficulté à trouver quelqu’un d’autre qui aurait besoin de son rein. Elle, en revanche, aurait sûrement plus de mal à trouver un autre donneur compatible. Ca lui prendrait plus de temps dans tous les cas, c’était certain. « Faites-ça. Désolée de vous avoir fait perdre votre temps mais je n’avais pas pensé à tout… J’ai juste pensé au rein et à la guérison. » Ok, ça y est. Elle lui faisait pitié. C’était ce qu’il avait à tout prix voulu éviter depuis le début parce que quand il avait pitié des gens il finissait toujours par vouloir les aider. Or, il n’arriverait à rien comme ça. Enfin là, c’était trop tard. Karim soupira. « Je comprends. Ecoutez… » Il savait qu’il allait regretter ce qu’il allait dire après. « ne vais pas faire ça. On peut peut-être quand même essayer de trouver un arrangement. » Il se passa nerveusement une main dans les cheveux. « Quelque chose qui nous conviendrait à tous les deux. Ca vous va ? »

« Je l’avais bien vu oui, pas besoin de le confirmer. » Chandler baissa la tête. Il pouvait la blâmer, elle avait agi sous le coup de l’impulsion, sans réfléchir donc et sans penser aux conséquences de ses actes. Sur elle, sur son entourage, et sur lui aussi… Parce qu’il n’y avait bien évidemment pas qu’elle qui jouait quelque chose même si c’était très important. Il s’agissait quand même de son rein, celui qu’elle avait tant voulu pendant un an et demi et qu’elle attendait toujours. Alors pouvoir toucher « ça » du doigt, voir que ses espoirs ne seraient peut-être pas vains lui avait fait quelque peu perdre la tête. Il était trop tard pour la jeune femme de rattraper ses erreurs. Il était clair qu’elle n’allait pas pouvoir l’argent rapidement or Karim en avait besoin pratiquement tout de suite. 80 000 dollars c’était une sacré somme… Plus l’australienne se le répétait plus elle s’en rendait compte. Et elle faisait perdre patience au jeune, qui perdait également son temps là-dedans. Elle n’aurait pas dû lui faire de faux espoirs et se faire de faux espoirs non plus. Qu’est-ce qu’elle pouvait se détester en ce moment ! Elle n’aimait pas être un poids pour les autres et c’était clairement ce qu’elle était pour le brun en ce moment. Il aurait pu être en train de parler avec une autre personne qui aurait eu l’argent tout de suite. Mais elle le retenait et même si elle venait de lui dire qu’il pouvait tout à fait partir et laisser tomber leur accord, elle ne voulait pas qu’il parte. Elle en rajouta même une couche en s’excusant et en lui disant qu’elle n’avait pas voulu lui causer de tort, elle avait juste pensé à sa guérison qui ne semblait jamais venir. « Je comprends. Ecoutez… » Chandler releva la tête vers lui avec espoir sans s’attendre à grand-chose en même temps. Elle avait peur de la suite, qu’il lui confirme qu’il allait bel et bien partir. « Je ne vais pas faire ça. On peut peut-être quand même essayer de trouver un arrangement. » Il ne comptait pas partir. Pas tout de suite en tout cas. Chandler se ressaisit donc et hocha la tête. « Quelque chose qui nous conviendrait à tous les deux. Ça vous va ? » « Ce serait l’idéal oui. » Comment pouvait-elle refuser alors que c’était tout ce qu’elle voulait ? « Vous pensez à quelque chose en particulier ? Je vous ai déjà fait part de mes difficultés alors ce serait plutôt à vous de voir ce qui vous conviendrait. » Elle marqua une pausa et le regarda quelques secondes en silence. « Merci en tout cas. De rester quand même et d’essayer de trouver un arrangement… » Ça lui avait paru impossible plus tôt et elle commençait à regagner espoir.

Karim avait décidé de ne pas céder. Ce n’était pas comme ça qu’il arriverait à quoique ce soit et même s’il comprenait bien les difficultés de la jeune femme, il ne pouvait rien faire pour l’aider. Lui aussi il avait ses problèmes et s’il n’allait pas prétendre que c’était plus important que son problème de rein, ça l’était au moins tout autant. L’Egyptien avait donc finit par dire qu’il allait s’en aller. Parce qu’il perdait son temps et qu’il trouverait bien quelqu’un d’autres qui voudrait de son rein tout en étant capable de lui fournir l’argent possible. Néanmoins, il ne put pas s’en aller. Ce qu’il craignait depuis le début arriva en effet et il se prit de pitié pour elle. Il n’y avait qu’à voir la tête qu’elle avait faite quand elle avait mentionné quand elle disait qu’elle ne pensait qu’à la guérison. Il ne voyait vraiment pas qui aurait pu s’en aller comme ça. Enfin quelqu’un ayant un cœur en tout cas et il se trouvait que lui en avait un. Il n’était pas un mauvais gars. Après avoir soupiré, il changea donc d’avis et laissa échapper le fait qu’ils pouvaient bien essayer de trouver un arrangement. Il pouvait toujours se montrer un peu plus compréhensif, ça ne lui coûterait sûrement rien. Enfin si, clairement ça lui coûterait un peu mais il n’avait pas envie de se transformer en une espèce de monstre sans cœur alors. Il lui demanda si ça lui convenait. « Ce serait l’idéal oui. » En même temps, il ne voyait pas vraiment comment elle aurait pu répondre autre chose, c’est elle la première qui avait évoqué ça. « Ok, cool. » Il se mit alors vaguement réfléchir à comment ils pourraient faire mais c’était vraiment dur à évaluer tant qu’il ne pouvait pas savoir dans quelle mesure elle pourrait se débrouiller pour avoir l’argent. « Vous pensez à quelque chose en particulier ? Je vous ai déjà fait part de mes difficultés alors ce serait plutôt à vous de voir ce qui vous conviendrait. » Le jeune homme secoua la tête. Non, il ne pensait à rien. Il avait un plan précis à la base mais ça ne lui convenait pas alors… « Dites-moi comment vous pouvez faire. » dit-il simplement. « En dehors de vos difficultés, en combien de versement vous pensez pouvoir payer et surtout sur combien de temps. J’aviserais derrière. » Il fallait qu’elle comprenne par là qu’il déciderait si ça lui convenait ou non. Elle n’avait pas à trop s’inquiéter, il l’avait prise en pitié alors il n’arriverait pas à se montrer trop difficile, même s’il le voulait. « Merci en tout cas. De rester quand même et d’essayer de trouver un arrangement… » Karim haussa les épaules. « Hmm, de rien. » finit-il par dire. « Ca ne me coûte pas tant que ça finalement. » Enfin si un peu. « Disons que je m’en voudrais de laisser quelqu’un en difficulté comme ça. » Dans une certaine limite en tout cas, il n’aurait pas été non plus près à faire l’impasse sur l’argent par exemple.

Chandler s’en voulait terriblement. Karim devait beaucoup lui en vouloir également et si c’était le cas il avait raison. La jeune femme avait fini par lui dire qu’il aurait meilleur compte à partir de chez elle tout de suite pour aller trouver une autre personne prête à lui acheter son rein plutôt que de perdre son temps ici. Elle ne voulait pas qu’il parte mais elle était lucide sur la situation, tout jouait en sa défaveur et le jeune homme finirait forcément par s’en rendre compte et partir de lui-même sans qu’elle n’ait à lui dire. Bon, il aurait sans doute beaucoup de mal à trouver une personne prête à débourser une si grosse somme d’argent rapidement… La preuve, sa famille était très riche et elle était supposément très riche elle aussi – son compte en banque était plein à craquer en tout cas – et pourtant elle n’avait pas accès à tout cet argent. Les restes d’enfance et d’innocence en elle parlaient et elle ne s’était pas rendue compte de ce que manipuler autant d’argent impliquait. Son père ou son frère, les autorités même, allaient finir par s’en rendre compte. On allait lui poser des questions et elle causerait beaucoup de soucis à tout le monde, ce qu’elle ne souhaitait absolument pas. Toujours face à Karim, Chandler ferma les yeux et soupira, prête à ne plus voir personne à ses côté une fois qu’elle les rouvrirait. Seulement, le jeune homme n’avait pas bougé d’un centimètre. Un peu perdue, elle l’interrogea du regard et il lui expliqua qu’il était prêt à faire un effort. Il l’avait prise en pitié alors qu’elle n’avait pas du tout cherché ça… Bien évidemment, elle n’allait pas refuser. « Dites-moi comment vous pouvez faire. En dehors de vos difficultés, en combien de versement vous pensez pouvoir payer et surtout sur combien de temps. J’aviserais derrière. » La jeune femme se mordit la lèvre et fixa un point sur le mur en face d’elle, essayant de réfléchir. La vérité était qu’elle n’en avait aucune idée… « L’idéal serait que je vous en donne le moins possible par versement. Pour que ça ne se remarque pas, ou pas tout de suite en tout cas… » Elle se tut, continua à réfléchir. « 5000 ? 10 000 grands maximums je pense… Sur 16 oui 8 semaines donc… Sauf si des versements plus espacés vous iraient. » Chandler ne savait pas où elle allait et elle espérait que Karim l’aide un peu et surtout accepte sa proposition. Elle le remercia également, rien ne l’obligeait à faire tout ça après tout. « Hmm, de rien. Ça ne me coûte pas tant que ça finalement. » « Si vous le dites. » Elle n’en savait rien, il n’avait pas voulu lui dire à quoi lui servirait l’argent. « Disons que je m’en voudrais de laisser quelqu’un en difficulté comme ça. » « Même si ça vous met vous-même en difficulté… » hasarda-t-elle. « Vous êtes quelqu’un de bien. »

Karim venait de faire de gros efforts. Il ne savait pas trop ce qui lui avait pris exactement. Il ne connaissait absolument pas cette fille avant aujourd’hui et son sort aurait dû l’indifférer au plus haut point. Mais il fallait croire qu’il n’était pas capable de s’en soucier. Il reprit donc l’idée d’arrangement de la jeune femme de tout à l’heure décidant de rester ici. Chandler lui demanda alors s’il avait une idée en particulier et le jeune homme ne fut pas capable de lui répondre autrement qu’en lui retournant sa question. Parce qu’à la base lui, il ne voulait même pas de tout ça donc il voulait voir ce qu’elle pouvait lui suggérer. « L’idéal serait que je vous en donne le moins possible par versement. Pour que ça ne se remarque pas, ou pas tout de suite en tout cas… » L’Egyptien hocha la tête mais attendit quand même qu’elle poursuive avant de dire quoique ce soit. Parce que tout ça ne l’avançait pas vraiment beaucoup pour l’instant. Il avait déjà compris que c’était plus ou moins ce qu’elle voulait faire mais il lui fallait juste des informations plus précises. « 5000 ? 10 000 grands maximums je pense… Sur 16 oui 8 semaines donc… Sauf si des versements plus espacés vous iraient. » La jeune homme réfléchit vaguement à la question avant de finalement hocher la tête. « 10000 sur 8 semaines. » trancha-t-il alors. Il n’était pas prêt à faire plus d’efforts et ça avait l’air de lui convenir alors. Chandler le remercia ensuite et Karim mentit en prétendant que ça ne lui coûtait pas tant que ça. C’était faux, bien évidemment, mais il ne voyait pas vraiment ce qu’il aurait pu dire d’autres là. « Si vous le dites. » Il ne savait pas si elle avait été convaincu ou pas parce qu’elle venait de dire mais tant pis. Ca n’avait pas grande importance de toute manière. Il ajouta alors qu’il s’en serait voulu. « Même si ça vous met vous-même en difficulté… » Le jeune homme haussa les épaules. Il était déjà en difficulté et ce n’était en rien la faute de la jeune femme. « Vous êtes quelqu’un de bien. » Le jeune homme afficha un petit sourire sans joie. « Non, pas vraiment. » laissa-t-il alors échapper l’air sombre. « Enfin soit. » Il jeta ensuite un coup d’œil à sa montre. « Je dois y aller là. Je vous recontacterais plus tard. »