La relation entre Nora et son père était loin d’être au beau fixe. En fait, elle était carrément chaotique et ce depuis plus maintenant un an. La jeune femme n’arrivait pas à concevoir qu’elle en était arrivée à le haïr à certains moments alors qu’il avait été son héros pendant toute sa vie. Elle était le stéréotype même de la petite fille chérie à son papa, tout ce qu’il disait était parole d’évangile et elle faisait tout pour ne pas le décevoir. Seulement, c’était lui qui l’avait déçue en lui imposant un mariage et un homme dont elle n’avait pas envie. Se marier était une décision importante qui aurait des conséquences sur toute sa vie ! On n’était plus au Moyen Age, les choses avaient changées et elle estimait avoir le droit de pouvoir prendre une telle décision seule ! Mais non, apparemment son père ne voyait pas les choses comme ça. Il n’était plus son héros à présent. Il était son ennemi et elle en souffrait quand même beaucoup. Et le pire était qu’elle n’osait même pas s’opposer à lui, parce qu’il était son père, parce qu’il avait toujours tout fait pour qu’elle ne manque de rien et qu’elle se sente bien et parce qu’il avait tellement donné pour elle qu’elle ne pouvait pas le remercier en se rebellant et en l’envoyant balader pour la première fois de sa vie. Ce n’était pas concevable et elle ne se le permettrait jamais.

Tous ses principes commençaient quand même à vaciller. Son père avait une nouvelle fois eu l’occasion de la décevoir et déjà qu’il n’était pas placé bien haut dans son estime, pour le coup il était redescendu plus bas que terre dans une chute presque fatale. Il avait fait affaire avec des gens pas très nets ! Vraiment pas nets du tout et elle avait failli payer de ses bêtises. Elle avait eu beaucoup de chance pour le coup, surtout qu’elle n’avait pas fait dans la dentelle et avait fait exprès de provoquer l’homme qu’elle avait rencontré alors qu’il surveillait la porte de la pièce dans laquelle se trouvait son père en train de se faire tabasser. Elle avait tout de suite vu qu’il était dangereux mais heureusement il l’avait épargnée. Bien sûr, elle s’était empressée de sermonner son père qui avait immédiatement essayé de se racheter. Et comme la jeune femme était au courant et qu’il y avait des risques qu’ils s’en prennent à elle pour le faire payer – il était assez stupide pour faire des erreurs – son cher papa avait eu une idée de folie : lui engager un garde du corps. Comme elle avait risqué sa vie, il ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose de grave, puis c’était aussi une façon de se racheter dans son esprit. Seulement, cela eut l’effet inverse sur Nora qui n’appréciait pas du tout l’idée. Se faire suivre partout toute la journée, non merci ! Elle aurait préféré se prendre un chien. Puis franchement elle n’était pas assez stupide pour s’impliquer dans ses affaires à nouveau, elle avait eu bien assez peur comme ça.

Là encore, la jolie blonde n’avait eu aucun mot à dire. A force d’être trop docile, elle l’avait payé et à vingt-trois ans son père croyait qu’il pouvait encore lui imposer tout ce qu’il voulait. Voilà pourquoi elle se trouvait présentement avec son garde du corps, une jolie jeune femme qui n’était pas spécialement ce que Nora avait imaginé au départ. Ne jamais juger sur l’apparence uniquement. « Nora voici Haineko. Haineko je vous présente ma fille Nora. Je vous laisse faire connaissance et mettre les choses au clair. » Papa Norwood partit ensuite sans plus de cérémonie, laissant les deux jeunes femmes ensemble. Nora soupira, elle n’était franchement pas pour toute cette mascarade et n’était pas prête à faire des efforts. « J’espère que mon père vous paye bien parce que franchement vous perdez votre temps avec moi. » lança-t-elle franco à cette Haineko.

Nora était furieuse. Elle bouillonnait tellement intérieur qu’elle était sure que ça se voyait de l’extérieur. Comme dans les dessins-animés elle devait être toute rouge et de la fumée allait sans aucun doute sortir de ses oreilles dans pas longtemps. Son père avait un tel effet sur elle, comme une allergie. Ou un poison. Elle se détestait de le haïr comme ça mais il ne lui rendait pas les choses faciles malheureusement. Déjà qu’il ne l’avait pas épargnée en la fiançant, mais la faire suivre par un garde du corps, c’était vraiment la cerise sur le gâteau. Elle détestait devoir payer pour SES erreurs et elle n’était pas prête de lui pardonner pour le coup. Et comme elle n’était pas vraiment attachée aux choses matérielles, il allait falloir bien plus que des cadeaux avec un prix à plusieurs zéros. Quand même… Elle ne se sentait pas vraiment en danger. Après tout, s’il avait dû lui arriver quelque chose, ça se serait déjà passé. Elle ne serait pas sortie vivante de cette chambre d’hôtel alors franchement, elle ne voyait pas l’utilité d’un garde du corps. Elle était convaincue qu’elle n’avait rien à craindre mais son pauvre idiot de père n’avait pas voulu l’écouter. Il était beaucoup trop peureux… S’il ne faisait pas affaire avec les mauvaises personnes aussi, tout serait beaucoup plus simple. Elle n’était pas sûre qu’en sachant, ce cher Carter soit toujours d’accord pour des fiançailles entre elle et son fils. C’était peut-être une bonne occasion à saisir… Elle en parlerait à Alec, il saurait quoi faire avec tout ça.

En attendant, elle était coincée avec cette Haineko. La jeune femme en voulut d’ailleurs à son père de les laisser seules comme ça. Elle n’aimait pas être désagréable avec les gens, surtout que cette fille n’avait rien demandé, mais elle ne put s’empêcher de lui faire remarquer qu’elle perdait son temps ici. « Pour tout vous dire, je ne sais pas. Je ne suis pas la patronne, on m’a assigné le boulot point barre. Je suis enchantée de vous rencontrer Nora, j’espère pouvoir faire du bon boulot avec vous, et ne pas vous décevoir ! » Cette Haineko avait l’air tellement gentille qu’elle s’en voulait presque de lui avoir parlé aussi sèchement. Mais cela n’enlevait rien au fait que Nora avait raison, elle allait perdre son temps avec elle. « Votre patron ne doit pas vraiment vous aimer pour vous donner comme mission de me surveiller. Ma vie est loin d’être palpitante et contrairement à ce que pense mon père, personne n’en a après moi. » Koschei lui avait promis que personne ne lui ferais du mal et elle avait choisi de lui faire confiance. Et puis jusqu’ici elle n’avait pas eu l’occasion d’en douter. « Avez-vous remarqué quelque chose d’inhabituel autour de vous ? Une sensation d’être suivis ? Croiser des gens suspects ? Ou tout autre chose qui pourrait me permettre de faire quoi que ce soit ? Je ne suis là que pour vous suivre et vous protéger… Mais si vous avez un quelconque indice qui puisse me permettre de retracer qui que ce soit… Je prends avec plaisir. » Nora soupira, essayant de réfléchir. Elle pouvait y mettre un peu de bonne volonté même si ça l’embêtait profondément. « Non, absolument rien. Je vous dis que vous perdez votre temps ! Vous savez, je peux vous payer en plus si vous me laissez vivre ma vie. En échange on dira à mon père que vous m’avez suivi et que je ne cours aucun danger. Et puis désolée de vous dire ça mais même si c’était le cas… enfin… vous ne ressemblez à aucun autre garde du corps que j’ai pu croiser. Qui me dit que si j’étais vraiment en danger vous pourriez réellement me protéger ? » Bon on ne l’avait surement pas envoyé pour rien mais elle avait le droit d’avoir des doutes. Enfin de toute façon ce n’était même pas important vu que rien n’allait lui arriver.

Son père la rendait désagréable au possible. C’était vraiment le sujet de conversation à éviter pour elle en ce moment sinon elle en devenait presque exécrable. En tout cas, elle n’était pas vraiment agréable avec Haineko qui n’avait rien demandé après tout. C’était juste que son stupide de père avait cru bon d’engager quelqu’un pour faire suivre sa fille et c’était sur elle que c’était tombé. Nora n’hésita pas à lui faire d’ailleurs remarquer que c’était loin d’être un boulot en or et que son patron ne devait pas beaucoup l’aimer pour lui refiler la surveillance d’une fille avec une vie où il ne se passait absolument rien. « Mon patron, n’est autre que mon père. Et le respect qu’il a à mon égard, prouve simplement que jamais, oh non jamais il ne me refilerait une mission de bas étage. Si l’on m’a confié la tâche c’est justement parce que l’on nous a précisé que vous serez…. Enervante… Je suis la plus patiente de toute. » Enervante ? C’était son père qui avait utilisé ce mot ? Non parce qu’il avait beaucoup de culot quand même, il était la cause de son humeur dernièrement et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. L’anglaise resta silencieuse quelques secondes, essayant de digérer tout ça. Elle n’aimait pas être perçue comme étant énervante… Elle n’était pas une fille à papa pourrie gâtée ! Ça non, et elle ne le serait jamais. Elle le refusait tout bonnement, les filles comme ça la faisaient vomir. Il était peut-être temps qu’elle se calme alors. « Je ne suis pas… énervante. » répondit-elle dans un soupir. « Je suis simplement à bout de nerfs à cause de mon père et je passe ma frustration sur un peu tout le monde. Je sais que c’est mal mais je n’y peux rien, il me pousse vraiment à bout en ce moment ! » Elle n’espérait pas se faire excuser, elle espérait simplement que la brune allait comprendre ce qu’elle traversait. Puis si vraiment elles allaient passer beaucoup de temps ensemble, autant partir sur de bonnes bases. Seulement, Nora commit d’autres maladresses : elle lui proposa d’abord de la payer en plus pour qu’elle la laisse tranquille puis émit un sérieux doute quant à ses capacités à la défendre au vu de son gabarit. Elle sut immédiatement qu’elle aurait dû s’abstenir mais là encore, elle avait du mal à se contrôler en ce moment. « L’argent ne m’intéresse pas… On ne vous a jamais dit que l’habit ne faisait pas le moine ? Regardez-moi plus comme une nouvelle amie que comme une garde du corps et nous serons tranquilles. Et croyez-moi, le jour où vous serez en danger… Vous comprendrez pourquoi votre père a fait appel nous. » La jeune femme se mordit la lèvre. . « Vous avez raison, excusez-moi. Je suis sur les nerfs je vous dis… J’ai du mal à le vivre donc… » Elle hocha ensuite la tête. Elle allait faire des efforts et Haineko semblait quand même plus discrète qu’un de ces gorilles qu’elle avait imaginé au départ. Ce n’était peut-être pas si horrible que ça. « Et puis, vous sortez d’où pour oser demander un deal de la sorte ? Et s’il vous arrive quelque chose, j’aurai l’air de quoi ? Vous m’avez prise pour une Baka sans cervelle ou quoi ?! Rah, j’te jure jamais content les gosses de riche ! Bon on sort ? Je veux savoir vos habitudes, et j’en passe. » « Je vous ai dit que j’étais désolée. Je vous assure que je ne cours vraiment aucun danger. Mais bon allez-y, suivez-moi quelques jours, vous pourrez le constater par vous-même. Et je ne suis pas une gosse de riche. » Elle valait beaucoup mieux que ça. D’un signe de tête, Nora invita la jeune femme à la suivre. Elle devait simplement aller en cours aujourd’hui. Elles entrèrent toutes les deux dans la voiture qui l’emmenait partout. « Je dois aller en cours aujourd’hui. Vous comptez faire quoi ? Et en quoi consistent vos méthodes exactement ? Vous comptez être sur mon dos tout le temps ou quand même me laisser un peu d’air et me suivre à une petite distance ? Parce que j’ai du mal avec le fait d’être chaperonnée comme une gamine mais je veux bien faire des efforts seulement ça doit aller dans les deux sens. »

« Votre père vous aimes, il faut se dire ça, il ne veut que votre bien et fait cela, car il a peur de vous perdre… » Nora pouffa d’une manière sarcastique. Haineko ne connaissait vraiment pas son père. Elle n’aurait pas dit ça sinon. Mais bon elle ne pouvait pas savoir, on lui avait répété ce que son père avait bien voulu dire à ses patrons, il s’était donc surement gardé d’entrer dans les détails de sa relation avec sa fille. Donc Nora ne pouvait pas en vouloir à la japonaise. Enfin si, peut-être de la juger sans savoir, simplement sur ce qu’elle voulait bien lui montrer. Nora était particulièrement énervée aujourd’hui, elle avait ses raisons pour être désagréable. Dans d’autres circonstances, son interlocutrice lui aurait sans doute trouvé beaucoup de qualités et l’aurait jugée d’une manière beaucoup plus positive. C’était quand même triste de voir qu’on ne jugeait plus que sur l’apparence de nos jours, on ne vous laissait aucune chance si la première impression qu’on avait de vous était mauvaise et peu importe si elle ne reflétait pas la réalité. Nora était assez souvent victime de ces préjugés : sous prétexte que ses parents étaient extrêmement fortunés, on la jugeait peste et insupportable, le stéréotype de la fille à papa pourrie gâtée et capricieuse. Tout le contraire de ce qu’elle était quoi. « Permettez-moi d’en douter. S’il avait peur de me perdre, il s’y prendrait autrement pour l’éviter. » Parce que ce n’était pas les potentiels dangers liés à ses activités malhonnêtes qui pouvaient risquer d’écarter la jeune femme de son père, mais bel et bien son comportement. Et ça malheureusement, ce n’était pas un garde du corps qui allait y faire grand-chose. Elle finit quand même par s’excuser auprès de la brune pour son comportement désagréable qui ne lui ressemblait pas du tout. Après tout, elle n’y était pour rien, elle faisait juste ce qu’on lui demandait et ce pour quoi elle été payée. « Pas de souci, ne vous inquiétez pas… » Nora fut immédiatement soulagée. Elles pourraient repartir sur de bonnes bases comme ça… Et puis si elle n’avait pas le choix, autant faire que ce soit agréable pour tout le monde. L’anglaise l’attira ensuite à l’extérieur et elles montèrent à l’arrière de sa voiture. Elle avait cours et on lui avait dit de continuer à vivre sa vie normalement alors elle allait emmener Haineko à l’université, si c’était dans ses attributions. Elle s’en assura auprès d’elle et demanda aussi en quoi consistait son travail, histoire qu’elle se prépare psychologiquement et prévienne les personnes avec qui elle passait tout son temps. Lindsay n’allait pas apprécier du tout, c’était certain. Déjà que son amie n’aimait pas son père, avec tout ça son avis sur lui ne pouvait qu’empirer. « Vous êtes à quelle université ? Pour aujourd’hui je vais rester avec vous. Voir vos habitudes et tout ça, je resterai a une distance qui vous permettra de ne pas vous apercevoir que je suis là, oubliez moi, vous ne verrez même pas que je suis là. » Nora hocha la tête et fut un peu rassurée quand même. Cela dit, elle allait savoir qu’elle était suivie alors il lui serait difficile de faire abstraction de tout ça. « Je vais à Columbia. Enfin je ne pense pas qu’il puisse m’arriver quelque chose là-bas donc si vous avez des cours ailleurs ou quoi, ça ne devrait pas poser de problème, si ? » Si elle pouvait lui échapper quelques heures, elle n’allait pas cracher dessus, bien au contraire. « Enfin ça ne me parait pas si horrible que ça en tout cas, si c’est sûr que vous serez discrète je serais beaucoup moins… chiante et beaucoup plus favorable à la chose. Enfin je ne me plaindrais plus quoi, c’est promis. »

« Peut-être que votre père ne sait pas y faire ? Il est peut être maladroit avec les sentiments ? » Nora échappa un rire sarcastique. Ça pour être maladroit, son père l’était vraiment. Elle ne savait même pas si tout ce qu’il faisait partait d’une vraie bonne intention, parce qu’il ne voulait que le bien de sa fille ou une connerie du genre, ou bien parce que cela servait ses propres intérêts. Surement les deux. En fait, c’était pour servir ses intérêts mais il se donnait bonne conscience en affirmant que c’était pour son bien à elle. Et le pire c’était qu’elle le soupçonnait d’y croire, il avait perdu toute notion de ce qui était bien pour elle ou non. L’anglaise était quand même reconnaissante à Haineko d’essayer de la réconforter, ou la rassurer plutôt, en trouvant des excuses à son père. Ça aurait pu l’énerver mais elle sentait qu’elle faisait ça pour qu’elle se sente un peu mieux à propos de tout ça. Ça ne l’aidait pas vraiment mais la japonaise n’y était pour rien et Nora avait décidé d’arrêter d’être désagréable avec elle. Elle s’était excusée et l’avait à présent emmenée avec elle. Elle devait la suivre et elle avait cours, alors autant commencer tout de suite. Les deux jeunes femmes s’installèrent à l’arrière de la voiture et le chauffeur se mit à rouler. L’anglais expliqua à quelle université elle allait et promit qu’elle allait être plus agréable et plus coopérative à l’avenir. « Hum, je suis sur Greenwich pour ma part. Et ne vous inquiétez pas, ça ne posera aucun souci. Je n’ai pas besoin d’aller en cours pour bucher et avoir de bonne note. » La jeune femme était quand même embêtée pour elle, elle devait louper des cours pour la suivre. Mais si elle avait des facilités alors tant mieux… Puis si elle faisait un tel boulot qui lui demandait autant de temps, c’était que cela ne la dérangeait pas tant que ça au fond. « D’accord. Je m’en veux un peu de vous faire louper des cours quand même, mais si vous m’assurez que ce n’est pas grave… » Ce n’était même pas de sa faute en vrai, elle l’avait prévenu qu’elle allait perdre son temps, mais tant pis. « Vous ne me verrez même pas. Pas besoin de me chercher du regard… Et si vous le faite et que vous ne me voyez pas… Ne vous inquiétez pas… Je suis là quand même. » « Eh bien c’est parfait. Exactement ce qu’il me fallait ! En fait c’est ce qui me fait accepter plus facilement le fait que vous me suiviez. J’aurais refusé catégoriquement si votre job consistait à me coller tout le temps. Et je vous avouerai que j’ai hâte de voir ça, ça m’impressionne assez que vous puissiez devenir totalement invisible. » dit la jeune femme dans un sourire. C’était quand même plus supportable de cette manière. Puis elle n’avait même pas besoin de mettre ses amis au courant. « Vous n’en avez pas marre ? Ceci dit, d’avoir un chauffeur et tout ça ? je sais pas… vous prenez jamais le métro ? Ou autre ? Ça revient moins cher en plus le métro ! » Nora haussa les épaules. Ce n’était pas elle qui payait son chauffeur. Puis elle n’utilisait pas tout le temps la voiture, quand il faisait beau il lui arrivait souvent de marcher, elle adorait marcher. Pour ce qui était du métro… Non merci. « Je n’utilise pas souvent la voiture vous savez. La plupart du temps je marche. Ça dépend de mon humeur. Et je ne veux pas paraitre snob ou quoi, mais je n’aime pas vraiment le métro. » La voiture s’arrêta juste à ce moment devant sa fac.

Nora avait quand même voulu s’excuser de lui faire louper des cours. Parce qu’Haineko allait quand même la suivre tout le temps alors elle avait beau être bien payée et ça avait beau être son métier, ce n’était pas non plus une très bonne chose de s’arrêter quasi totalement de vivre comme ça. « Vous savez, je suis la première partout … Alors c’est pas une journée qui va m’achever ou même plusieurs… J’ai déjà raté un an pour souci et j’ai rattrapé mon retard en seulement quelques jours… Cessez de vous faire du souci ! » La jeune anglaise hocha la tête quand même impressionnée. Réussir à rester première partout alors qu’on avait des journées extrêmement chargées et qu’on loupait beaucoup de cours était quand même un exploit, qui relevait pour elle de l’impossible. Elle était impressionnée mais un peu sceptique quand même parce que pour elle, seuls les robots étaient capables de faire de telles choses et du coup, elle se mit à regarder son interlocutrice d’un autre regard, avec un peu d’appréhension quand même. Parce qu’elle avait peur des robots, elle n’avait pas confiance… Qui sait s’il n’y aurait pas une révolution antihumaine avec toutes ces avancées technologiques ! « Vous êtes un robot non ? Parce que c’est pas possible d’être aussi douée sinon ! Ou alors je veux votre secret. » Nora la suppliait presque du regard à présent. Elle était quand même plus confortable avec la japonaise donc elle pouvait se permettre un peu plus de choses selon elle. Toute rancœur et toute mauvaise impression du début était oubliée. Enfin… Elle obtint sa réponse assez vite sur la question du robot. « Ce sont de vieilles techniques de Ninja… Comme dans les films ! Si vous avez déjà vu des films Japonais portant sur les Ninjas ? » En tant qu’étudiante en cinéma elle avait déjà vu toutes sortes de films et en l’occurrence pour les films japonais sur les ninjas c’était le cas même si ce n’était pas tellement son truc. « Waow vous êtes un ninja ? Un vrai de vrai ? » demanda-t-elle encore plus impressionnée. « Oui j’ai déjà vu des films de Ninja, je suis encore plus impressionnée du coup. » Enfin, son scepticisme repris un peu le dessus. « Mais si vous étiez vraiment un ninja, je ne devrais pas vous voir logiquement… Hm. » La jeune femme ne savait plus quoi penser du coup, peut-être qu’elle n’était pas si douée qu’elle le disait finalement ? Mais bon, Nora n’eut pas le temps de se poser plus de question là-dessus puisque la voiture se stoppa. Elles descendirent alors et Nora commença à la conduire doucement jusqu’à la salle de son premier cours. « Vous avez cours jusqu’à quelle heure ? » « Jusqu’à dix-neuf heures. » Il était seize heures, elle n’avait pas une journée très chargée. « Vous voulez qu’on aille manger quelque part après ? On pourra faire encore plus connaissance comme ça. Oh et, on pourrait se tutoyer aussi, non ? »

« Petite je ne pouvais pas aller à l’école, la première fois que je suis allée à l’école j’avais dix ans. Mon père est très strict, il ne voulait pas me laisser aller à l’école, alors j’ai bossé comme une dingue pour le convaincre me de laisser y aller… Je vous avoue que j’ai buché comme une folle, jusqu’à pas d’heure pour tout apprendre. Aujourd’hui, c’est limite presque plus nécessaire, ça vient tout seul. J’ai tellement bossé je crois… » Nora la regarda une fois de plus impressionnée. Elle avait en face d’elle un vrai génie alors… Elle avait toujours voulu être exceptionnelle comme ça, avoir tant de facilité. Bon elle n’était pas stupide, elle était même très intelligente et pouvait discuter sur beaucoup de sujets. Puis elle avait toujours fait partie des meilleures de ses classes. Mais pas au comme Haineko. L’anglaise hocha la tête. « C’est vraiment impressionnant… Vous avez travaillé dur et vous le méritez du coup. Vous avez vraiment toute mon admiration. » Puis la jeune femme lui avoua qu’elle était un ninja. Nora essaya de la taquiner un peu parce que si elle était vraiment un ninja, elle n’aurait pas dû être en mesure de la voir. Après, elle la croyait vraiment. Elle était juste encore plus impressionnée, cette fille état vraiment exceptionnelle. Non non, Nora n’était pas du tout envieuse. « Je fais partie d’une famille de Ninja depuis des générations et des générations. J’ai été élevé pour devenir une femme ninja. Vous me voyez parce que je le veux. Si je décide de cacher mon aura et de faire en sorte que vous ne me voyez pas, alors je le ferai. Je n’aime pas trop cacher ma présence dans ce genre de situation. Je ne suis pas la plus douée. Moi pas exemple, je suis très douée pour vivre en nature me trouver à manger me soigner et douée en maniement des armes ancestrales. Mon frère par exemple lui c’est le déguisement. On a tous une spécialité plus ou moins développé. Si vous saviez le nombre d’arme que j’ai sur moi et que vous ne voyez même pas… vous seriez effrayée ! » Nora l’écouta attentivement. Elle avait peut-être un peu peur du coup… Des armes cachées sur elle. Cacher une aura ? Un peu mieux et elle se serait crue dans un film de science-fiction/thriller. « Je vous crois je vous crois ! Vous savez, tout ça me laisse penser que vous n’êtes pas réelle… Vous semblez trop parfaite, tout droit sortie d’un film ou que sais-je encore. » Et c’était un compliment. Elle se rassura quand même en se disant qu’elle était payée pour veiller sur elle alors elle n’utiliserait surement pas ses armes pour lui faire du mal. Il était temps qu’elle aille en cours maintenant. Elle proposa à Haineko de la retrouver à dix-neuf heures et qu’elles aillent dîner ensemble. « Je veux bien oui. Et hum, oui on pourrait, on doit avoir le même âge, a un an près. » Et bien sûr, elles devaient se tutoyer. « Vingt-trois ans pour moi. Tu as une préférence pour le repas ? C’est moi qui offre. » Il fallait bien qu’elle se fasse pardonner pour sa réaction de tout à l’heure. « J’attendrai dehors que tu finisses, je vais te donner mon numéro de téléphone, si jamais tu as un souci, n’hésite pas à m’appeler ou envoyer un message. » Nora lui tendit son téléphone pour qu’elle y note son numéro. Elle doutait qu’il lui arrive quoi que ce soit pendant son cours cela dit. « On se retrouve ici à dix-neuf heures alors ? Si tu ne me vois pas avant quelques minutes ne t’inquiète pas, je dois parler avec mon prof. » Puis ce faisant, elle lui tourna le dos et partit pour son premier cours.