ANNA&HAYDEN - THERE ARE NO SECRETS THAT TIME DOES NOT REVEAL ►

Le retour d’Anna a marqué un tournant considérable dans ma vie. Je ne sais pas encore comment les choses vont évoluer, ni même si nous allons nous réconcilier -mais s’il y a bien une chose dont je sois certain, c’est que je ne cesserai jamais de l’aimer. Même si ma raison m’intime de couper les ponts, je ne pourrais jamais renoncer à elle. Pourtant, j’aurais de bonnes raisons de l’envoyer balader: comme le fait qu’elle m’ait quitté du jour au lendemain ou qu’elle ait décidé de tuer notre bébé. D’ailleurs, j’ai beau tourner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas ce qui a pu lui passer par la tête. D’autant plus que ça ne lui ressemble pas de baisser les bras ou de prendre des décisions sans avoir réfléchi aux conséquences de ses actes. Après, je veux bien croire qu’elle ait pu être effrayée à l’idée d’élever cet enfant toute seule, mais si elle avait pris le temps d’y penser ne serait-ce qu’une seconde; elle aurait réalisé que jamais je n’aurais pu l’abandonner. Au contraire, je me serais même plutôt réjoui de cette nouvelle. Anna est l’amour de ma vie, j’ai toujours su que je finirai mes jours à ses côtés -alors cette grossesse m’aurait semblé tout à fait naturelle. Malheureusement, elle m’a privé de cette joie et à défaut de pouvoir effacer ce qui s’est passé ces douze derniers mois, je préfère essayer d’arranger les choses. Que pourrais-je faire d’autre? La vie est trop courte pour perdre son temps à se morfondre et je n’ai pas envie de me réveiller un beau matin en réalisant que je suis passé à côté de ma vie. Pour l’instant, je suis trop en colère contre elle pour envisager qu’on puisse se remettre ensemble, mais j’ai besoin de discuter avec elle, envie de retrouver ce lien qui nous unissait autrefois. Mais peut-être que j’ai tort de m’accrocher comme ça? Peut-être qu’on va encore se disputer et que ce rendez-vous n’est pas une bonne idée -mais malgré tout, j’ai quand même envie d’essayer. Après tout ce qu’on a vécu ensemble, je pense sincèrement qu’on mérite de s’accorder une seconde chance.

L’après-midi est déjà bien entamé quand je passe la prendre devant la librairie. Une bise maladroite en guise de salut, la tension est à son paroxysme. « Excuse-moi, je suis en retard » je bafouille en lui adressant un maigre sourire. Je ne sais même pas par où commencer, ni même quoi lui dire. D’un autre côté, je n’ai pas envie de tourner autour du pot pendant des heures. « Comment ça va? » j’ajoute en fourrant mes mains dans mes poches. « Il fait plutôt doux aujourd'hui alors, je me suis dit qu’on pourrait aller marcher un peu, qu’est-ce que tu en penses? On pourra prendre un café en chemin… » Je n’aurais jamais pensé être aussi mal à l’aise face à elle, je n’aurais jamais imaginé que les choses tourneraient aussi mal entre nous. Mais j’ai sans doute été naïf de croire que notre amour parviendrait à surmonter toutes les épreuves, j’ai été bête de penser que je la garderai pour toujours. Le pire dans tout ça, c’est que je ne sais même plus quoi en penser. Parfois, je me dis que tout est possible et qu’en laissant passer un peu de temps, les choses finiront par s’arranger. L’instant qui suit, j’en arrive à me demander si cela en vaut vraiment la peine ou si je serais jamais capable de lui pardonner. Quand je pense à la situation dans laquelle nous sommes actuellement, j’ai même du mal à croire qu’on ait pu vivre heureux pendant sept ans. Tout ça me semble tellement loin désormais…

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Des échanges monosyllabiques et des sourires esquissés sans grande conviction auront finalement eu raison de ma bonne humeur et de l’espoir que j’avais nourri dans cette rencontre. Les minutes s’écoulent, mais aucun de nous ne semble décidé à entamer la conversation. Depuis quand faut-il lui arracher les mots de la bouche?! Je m’insurge en pensée alors qu’Anna m’emboîte le pas sans même oser me regarder. Elle d’ordinaire si bavarde et effrontée semble se complaire dans un mutisme que je ne saurais expliquer. Où sont passés ses sarcasmes et ses plaisanteries? Cette joie de vivre épuisante et son petit grain de folie? Quand diable a-t-elle cessé de rire? Est-ce réellement la femme dont je suis tombé amoureux? Subsiste-t-il quelque essence de la Chloe que je connaissais et à laquelle je me suis attaché? En toute franchise, je m’interroge. Même physiquement elle a changé et ce constat n’est pas à son avantage. Déjà très fine à l’époque, ses jambes sont presque squelettiques à présent et elle a les joues bien plus creusées que dans mes souvenirs. Les yeux cernés comme au lendemain d'une soirée un peu trop arrosée, on croirait qu'elle n'a pas dormi depuis des jours! Je l’observe du coin de l’œil et ne peux m’empêcher de ressentir un pincement au cœur en pensant qu’elle détruit sa santé à cause de moi. Non, je ne m’accorde pas plus d’importance que je ne devrais et il n’y a strictement aucune once de narcissisme dans mes propos - seulement, autant voir les choses en face, c’est à cause de moi si aujourd’hui, elle va mal. D’un autre côté, je ne l’ai jamais contrainte à s’en aller -pas consciemment en tout cas. Et le fait qu’elle se complaise dans un mutisme parfait n’arrangera pas nos affaires. Va-t-elle se décider à parler à la fin? Je peste mentalement en soufflant un bon coup de façon à recouvrer mon calme.

Mon rythme cardiaque retrouve finalement une fréquence normale et j’essaie de chasser les pensées négatives qui me polluent l’esprit. L’opération étant réalisée avec succès, je tourne la tête vers Anna quand je constate qu’elle ne me suit plus. Prostrée devant la vitrine d’un magasin de vêtements, elle a l'air dans un état second. « Anna? Anna, ça va? » je demande en revenant sur mes pas. « Et toi, ça va ? » réplique-t-elle en recouvrant subitement ses esprits. Intrigué par son comportement, je finis par lever les yeux vers la vitrine de la boutique en question et remarque qu’il s’agit en fait d’un magasin spécialisé dans les articles pour bébés. Habité par une furie brutale, je pousse un long soupir avant de lâcher, excédé « Pas vraiment, non! Mais il semblerait que je ne sois pas le seul dans ce cas » Mon ton est plus rude que je ne l’aurais souhaité et je dois fournir un effort considérable pour ne pas faire un esclandre. Une chance que je déteste me donner en spectacle. « Excuse-moi… Je ne voulais pas être désagréable » je reprends quelques secondes plus tard. « Mais je ne sais plus quoi faire avec toi. Un jour tu m’annonces que tu as renoncé à porter notre enfant et le lendemain tu t’attardes sur des vitrines qui exposent des articles pour bambins. Comment tu veux que je réagisses? » C’est vrai quoi, personne ne l’a forcé à se séparer de ce petit. « Comprends-moi, je ne sais plus comment m’y prendre avec toi… J’ai beau essayer, il y a toujours quelque chose qui cloche… » Un long soupir accompagne mes propos et je finis par reprendre ma course en espérant qu’elle n’esquivera pas la discussion comme elle a pourtant pris l'habitude de le faire.

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Un dialogue de sourds -voilà à quoi se résume notre conversation. J’ai beau faire preuve d’une patience à toute épreuve et essayer de me montrer compréhensif -à un moment donné, il va bien falloir qu’elle se décide à me parler. On ne peut plus continuer comme ça et son entêtement finira par avoir raison de moi. « Je suis désolée, c'est... C’est rien » finit-elle par lâcher après quelques secondes avant d’accélérer le pas. Poussant un long soupir, je me résous à la suivre sans rétorquer quoi que ce soit. Lassé, je décide même de l’ignorer pendant quelques minutes, me complaisant dans un silence auquel je ne l‘ai pas habituée. Conscient que lui crier dessus ne nous mènera à rien, j’essaye de garder mon calme. Je me dis qu’à force de persévérance, elle consentira à me dire ce qu’elle ressent. J’imagine que je suis toujours un peu naïf lorsqu’il s’agit d’Anna. Mais comment pourrait-il en être autrement? Après tout, l’amour rend aveugle, n’est-ce pas? « Écoutes, je veux bien admettre que ces douze derniers mois aient pu être difficiles pour toi et je suis prêt à te croire quand tu me dis que tu regrettes ce qui s’est passé, mais refuser d’aborder le sujet ne réglera pas le problème. Tout comme t’entêter à prétendre que tu as fait le bon choix ne t’aidera pas à surmonter cette épreuve » je lance en fourrant mes mains dans mes poches. « Tu peux peut-être donner le change devant les autres, mais tu ne peux pas me mentir Anna. Je te connais, probablement mieux que quiconque et je sais comment tu fonctionnes. J’ai appris à sonder ton humeur, tes mimiques et tout ce qui te caractérise. Et même si tu as beaucoup changé, même si tu sembles t’être endurcie » je poursuis en me postant devant elle pour qu’elle s’arrête. Visiblement agacée, elle ouvre la bouche pour répliquer, mais je pose rapidement mon index sur ses lèvres pour l’en empêcher. « Laisse-moi finir s’il te plaît. Ce que je veux dire, c’est que tu sembles avoir oublié qu’on a vécu sept ans tous les deux. Je te connais par cœur Anna et je sais qu’il en va de même pour toi. On ne peut rien se cacher et je n’ai pas besoin d’un diplôme en psychologie pour comprendre que tu regrettes ton choix. Seulement c’est trop tard. Tu as pris ta décision et il va bien falloir qu’un jour ou l’autre tu assumes les conséquences de tes actes! Saches que je n’ai aucunement l’intention de me disputer avec toi, mais tu dois affronter la réalité et accepter que tu as fait une erreur. Tu dois cesser de fuir Anna. Alors, je suis navré si ça te contrarie, mais j’en ai assez de te materner. On est adulte maintenant et même si j’ai toujours eu à cœur de te protéger, tu m’as bien fait comprendre que ce n’était plus mon rôle… Alors, je ne sais plus ce que je dois faire, ni même comment me comporter avec toi. Qu'est-ce que tu attends de moi? » Mes mots s’éteignent dans un soupir et je détourne subitement le regard. Je sais pertinemment que mes mots l’ont blessé et je suis conscient de me montrer un peu trop dur envers elle, mais si c’est l’unique moyen de la faire réagir alors, je suis prêt à courir le risque. Parce qu’en toute franchise, je commence à en avoir assez qu’elle joue les martyrs ou qu’elle m’oblige à lui crier dessus en permanence. J’ai fini par me lasser de ses crises de larmes et de tous ces non-dits. Je suis fatigué de me battre avec elle. Je voudrais juste qu’elle hurle, qu’elle me gifle, qu’elle réagisse pour l’amour du ciel! Je voudrais simplement retrouver ne serait-ce qu’une parcelle de la femme que j’aimais, est-ce trop demander?

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J’ai toujours su que les choses seraient compliquées entre nous. Quand nous nous sommes rencontrés, Anna avait déjà cette tristesse, cette douleur insurmontable dans le regard. Cette mélancolie qui, sans réellement en dire plus, exprimait pleinement les souffrances qu’elle supportait au quotidien. Mais peut-être est-ce cela qui m’a attiré vers elle dès le départ? Je n’étais qu’un gamin à l’époque et beaucoup auraient pris la fuite à ma place. La plupart des adolescents ne fréquentent pas les filles comme Anna. Ils ne veulent surtout pas se mouiller, trop craintifs à l’idée de se retrouver face à un problème ou d’en payer les pots cassés. En ce qui me concerne, apprendre qu’elle était une enfant battue ne m’a jamais rebuté. Au contraire, j’avais cette envie, ce besoin maladif de lui venir en aide. Sa souffrance m’inspirait, me donnait le courage de me décharger, ne serait-ce que momentanément de la mienne. Lorsque j’ai réussi à la convaincre de s’émanciper j’ai bêtement cru que le vent allait tourner, mais ce n’était que provisoire. Notre bonheur que je pensais sans nuage renfermait ses zones d’ombres et désaccords et routine ont fini par prendre l’ascendant sur notre couple. Le problème venait soi-disant de mon obsession à poursuivre les recherches, mais au fond, j’ai toujours su que c’était plus complexe. Certes, mon amour pour ma sœur jumelle et mon entêtement à en faire une priorité était un problème et ça l’est toujours d’ailleurs, mais j’ai fini par en arriver à la conclusion qu’Anna se refusait tout simplement au bonheur. Mais je ne suis peut-être pas le mieux placé pour lui jeter la pierre, car tout comme elle, j’ai tendance à rester bloqué dans le passé. On se ressemble tellement que parfois ça me fait peur. Même si j’ai toujours refusé de l’envisager, j’en arrive à me demander si nous sommes réellement faits l’un pour l’autre? J’ai toujours voulu croire que nous étions complémentaires et que notre amour parviendrait à surmonter toutes les épreuves, mais force est de constater que je me suis trompé. Le dialogue semble à jamais rompu, elle refuse de se confier à moi alors, comment prétendre arranger les choses dans de telles conditions?

Je suis toujours perdu dans mes pensées quand elle me fait savoir qu’elle n’attend rien de moi. Sa voix est emplie de colère et je crois discerner une pointe d’agacement dans son regard. Sans demander son reste, elle se remet à marcher, mais cette fois-ci je ne la suis pas, agacé de lui courir après. Figé sur le trottoir, j’espère peut-être un peu naïvement, j’en conviens, qu’elle va rebrousser chemin. J’ai a peine le temps de cligner des yeux que mon souhait se réalise puisqu’elle s’arrête brusquement. « Je veux pas arrêter de fuir, Hayden... parce que ça fait mal » murmure-t-elle d’une voix chevrotante bien qu’elle me tourne le dos. Je fronce les sourcils, légèrement perplexe, mais ne saurais l’interrompre. « Je le voulais, ce bébé. Je le voulais vraiment » soupire-t-elle en me faisant volte-face. Son discours est parfaitement incohérent et je ne sais plus quoi en penser. « Alors non, j'assume pas ! J'assume pas, parce que je le voulais, je voulais le garder ! Je l'ai perdu, Hayden. J'ai perdu notre bébé. » Mes membres se raidissent et mon cœur explose lorsque je croise son regard. Ses yeux dépeignent parfaitement sa souffrance, une souffrance que je ne saurais soutenir, une douleur qui l’accable, qui nous accable. C’en est trop pour moi et nous détournons le regard à peu près en même temps. Je voudrais lui dire que je suis désolé, me jeter à ses pieds et la consoler, mais mon corps, ma bouche refusent de m’obéir et je préfère rester stoïque. « Je voulais venir te voir... Ils m'avaient fait une échographie, après un malaise, et le sexe du bébé était dans une enveloppe. Je voulais qu'on l'ouvre ensemble, je – Je l'ai jamais ouverte. Je suis une mère terrible. Incapable de garder son bébé, incapable de faire les bons choix, c'est moi ! T'es content ? T'as eu ce que tu voulais ? Tu m'as fait réagir ? Bravo ! » Elle a l’air en colère, mais que devrais-je dire? Elle m’a mené en bateau depuis le début, elle s’est jouée de moi. Comment suis-je supposé réagir? « Anna je… » Je fais un pas vers elle et l’attrape par les épaules. Faisant fi de ses protestations, je l’attire vers moi pour la serrer dans mes bras. « Ce n’est pas ta faute, tu m’entends? » j’affirme en relâchant notre étreinte pour la regarder dans les yeux. « Je ne connais pas les circonstances exactes, j’ignore ce qui s’est passé, mais s’il y a bien une chose dont je sois certain, c’est que tu n’aurais rien pu faire pour empêcher ça. Ce qui est arrivé est une tragédie, mais tu n’y es pour rien. Au contraire, tu aurais fait une mère formidable… » Mes mains posées sur ses joues, je m’efforce de retenir mes larmes. Si je suis en colère contre elle? Quelque part je lui en veux de m’avoir menti, mais je refuse d’ajouter à sa peine sachant qu’elle est au plus mal.

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Je l’écoute se confondre en excuses et ne l’interromps pas lorsqu’elle s’accuse injustement d’avoir pour ainsi dire « tué » notre enfant. Par respect pour elle, je choisis de garder le silence, mais mon cœur bouillonne et je dois serrer les poings pour conserver mon calme. Je l’entends presque hurler qu’elle déteste son corps et manque de lui asséner une énorme gifle pour la faire taire. Ce n’est pas tant le fait que nous en parlions au beau milieu de la rue qui me dérange (j’ai cessé de me préoccuper des quant dira-t-on à l’instant même où elle a lâché la ‘bombe’), mais plutôt les bêtises qui sortent de sa bouche. Est-elle consciente de ce qu’elle dit au moins? Réalise-t-elle a quel point sa réaction est puérile?! Loin de moi l’idée de la juger, mais je ne supporte pas cette habitude qu’elle a prit de jouer les martyrs. Ce qui est fait est fait, à quoi bon se faire du mal? De toute manière, elle n’aurait rien pu faire pour empêcher ça. La perte de ce bébé est une véritable tragédie et quand j’aurais eu le temps de réellement le réaliser, j’en serais probablement tout aussi affligé, mais nous n’y sommes pour rien. Pourquoi refuse-t-elle de l‘entendre?! « Je voulais pas te mentir... J'ai juste... Je sais pas. J'ai honte » finit-elle par lâcher histoire de justifier son comportement. Mes sourcils se froncent et je ne peux m’empêcher de croiser les bras pour illustrer mon agacement. « Honte? Mais honte de quoi? Tu n’es en rien responsable de la perte de cet enfant! C’était un accident, un coup du destin, quelque chose d’imprévisible! » Pour toute réponse, elle pousse un long soupir. « Je sais ce que tu penses… » je finis par lâcher sur la défensive. « Tu te dis que je parle sans savoir et que je ne comprends rien de rien à ce que tu vis, mais comment le pourrais-je? Si tu ne m’avais pas caché la vérité, si tu n’avais pas décidé de prendre la fuite, nous aurions pu traverser cette épreuve ensemble! Mais TU as choisi de me tenir à l’écart de tout ça Anna alors, je t’en prie cesse de me regarder de cette manière parce que si j’avais su où tu étais, je me serais empressé de te rejoindre. Et tu le sais très bien! J’aurais pris soin de toi, de notre enfant et voir ton petit ventre gonfler de jour en jour aurait suffi à faire de moi le plus heureux des hommes ». Mes yeux s’humidifient et je baisse la tête pour cacher les larmes qui viennent de s’en échapper. D’un naturel pudique, je refuse de me laisser aller en public. « Quoi qu’il en soit, sache que je ne te tiens en rien pour responsable de tout ça. D’ailleurs ça me tue que tu aies pu penser que je te le reprocherai. Je pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça… » je conclus en faisant demi-tour. Son mensonge m’a énormément blessé et j’ai besoin de me retrouver seul pour réfléchir. Alors, même si ça n’est pas très élégant de la planter au beau milieu de la rue, je préfère m’en aller avant de dire des choses que je pourrais regretter. Chacune de nos conversations se solde par une dispute depuis qu’elle est rentrée, pourquoi ce serait différent aujourd’hui?