« Macho macho man… I want to be a macho man… chantonnais-je devant le miroir de la salle de bain, drapée dans une serviette avec les cheveux humides. C’était un peu mon rituel pour une journée de bonne humeur sauf que là, nous étions en soirée voire début de nuit bref. Summer passa la tête dans l’entrebâillement de la porte pour me signaler qu’elle partait bosser (à savoir voler quelque chose à quelqu’un) et je lui fis un grand salut avant d’enfourner ma brosse à dent et de me dandiner sur place sur la musique des Village people. Dix minutes plus tard, je sortais de l’endroit laissant un nuage de vapeur s’échapper pour me diriger vers ma chambre. Demain étant une journée de repos pour l’interne en médecine que j’étais, j’avais donc décidé d’aller voir mon meilleur ami Jayden qui faisait une course de voiture. J’avais hâte de lui parler et de lui dire que j’avais presque réussi à conclure ! J’étais fière de moi pour une fois, je n’avais pas frappé l’homme, je m’étais juste cassé la figure en ratant une marche. Il y avait du progrès ! Un jour, j’arriverai à embrasser un homme. Ce n’était qu’une question de temps bon après, il me faudrait encore quelques années de patience pour perdre ma virginité mais je gardais espoir de ne pas finir comme la vieille tante Mary et ses quarante-six chats. Attrapant un ensemble de lingerie noir –mon petit péché mignon, je suis une grande fan de lingerie féminine, j’optais pour ensuite pour un jean et un pull bien chaud avant de prendre ma veste en daim rouge. En sautant à cloche pied, j’enfilais l’une après l’autre mes bottes avant de prendre mon sac et de quitter l’appartement faisant bien attention de fermer la porte à clé sans oublier celles-ci dans la serrure comme la dernière fois. J’avais tendance à être tête en l’air depuis quelques jours mais heureusement pour mes patients, ce mal ne me touchait qu’en dehors de mes heures de travail. Arrivée sur le trottoir, je ne perdis pas de temps, je sifflais un taxi qui s’arrêta pile poil devant moi. Je devrais avoir suffisamment d’argent pour rejoindre le lieu de la course et puis après… A Jayden de se démerder pour me ramener sinon je couchais chez lui ! De tout de manière, cela ne serait pas la première fois ni la dernière fois que je le squatterais. Il avait l’habitude de me supporter depuis le temps que nous nous connaissions. Trente minutes plus tard, je fis arrêter le chauffeur de taxi à quelques rues où devait se trouver la fameuse course afin de ne pas éveiller les soupçons. Je savais quand même être discrète.

Je n’étais pas très rassurée de me retrouver en plein Bronx à une heure pareille mais je n’avais raté aucune course de Jayden depuis que nous nous étions retrouvés alors je ne comptais pas commencer maintenant. Je hâtais néanmoins le pas essayant de ne pas paraître terrorisée tout en croisant bien mes bras autour de ma poitrine pour me maintenir au chaud. C’est qu’il ne faisait pas chaud dehors la nuit ! Au bout de cinq minutes, essoufflée par la marche soutenue que je venais de faire, je parvins à l’attroupement des dindes venues encourager leurs héros –et accessoirement être le trophée de la victoire bien sûr ou la cerise sur le gâteau. Je dû jouer des coudes pour me faire une place jusqu’à reconnaitre la silhouette masculine de Jayden. Aussitôt, toute peur envolée, je m’élançais sur lui, lui sautant sur le dos en entourant sa taille de mes jambes tel un koala entourant une branche d’arbre. « Je ne suis pas en retard j’espère ?! » m’écriais-je à son oreille avant de planter un baiser sur sa joue avant de descendre de mon perchoir à contre cœur. « Alors champion ? Prêt à les écraser ?? » lui demandais-je tout en lui dédiant mon plus beau sourire. J’adorais ce type ! C’était mon héros mais moi je n’étais juste tout simplement pas sa dinde écervelée en détresse. Et encore moins sa cerise.

Enfin une soirée rien qu’à moi sans penser à des factures à payer ou des petites annonces pour trouver un travail. Dernièrement, j’avais répondu à une annonce de videuse pour une boîte de nuit. Cela pouvait étonner mais malgré ma silhouette frêle, je savais me battre. J’avais même un crochet du droit qui faisait très mal. Mon seul problème était que j’avais tendance à frapper et à poser les questions ensuite tout comme quand un homme tentait de m’embrasser comme si malgré moi, je me refusais à me donner. Il y avait bien Nate, celui avec qui je courrais le matin quand nous avions le temps tous les deux. C’était du flirt, rien de poussé mais pour moi, ça relevait du miracle ! J’étais dans un truc de séduction ! Moi Blod’ pour les intimes. Pourtant, je n’étais pas satisfaite pour un sou car il y avait toujours ce beau brun ténébreux dans mes rêves. Une fois Summer m’avait secoué comme une furie pensant que je faisais un cauchemar mais non, je ne faisais qu’un foutu rêve érotique ! Un de deux qui vous retourne les orteils tant c’est bon et je le devais à Sexy Dreamer. Oui, j’avais donné un surnom à l’homme de mes rêves. Rien que d’y penser, je fondais littéralement sur la banquette arrière du taxi. Bon sang, je devais me retenir où j’allais encore être frustrée. Dire que je prenais mon pied comme jamais dans mes rêves et j’étais totalement bloquée quand il s’agissait de les réaliser. Moi et mes foutues contradictions. Des fois, je me mettrais des claques rien que d’y penser comme maintenant alors que j’affrontais désormais le froid en battant le trottoir pour rejoindre le lieu de rendez-vous. L’hiver, il faut se couvrir. Oui, je le sais mais allez savoir pourquoi, je n’arrive pas à l’imprimer et j’avais encore une nouvelle fois repris ma veste que je mets en automne. Autant dire que j’étais gelée de la tête aux pieds mais je comptais sur une marche active pour me réchauffer.

Très vite, je sus que j’étais au bon endroit vu l’attroupement des dindes qui pialaient comme pas deux. Je restais légèrement en retrait, sceptique. Je ne comprenais pas ce genre de femmes à croire que je n’appartenais pas à la même espèce. Heureusement pour moi, les filles seraient là et ça suffisait à me sentir mieux. Je n’étais pas très à l’aise avec les filles pour la simple et unique raison que je me sentais plus l’âme d’un garçon manqué que d’une nana qui s’occupe de savoir si son vernis serait raccord avec sa tenue. Ces dernières années toutefois, je m’étais améliorée : je portais de la lingerie fine, je mettais des vêtements simples mais assez sexy d’après Summer qui pourraient allumer tous les mecs dignes de ce nom si je les frappais pas à la première parole ou si je les refroidissais pas en leur signifiant que j’étais ceinture noire de karaté. Papa voulait un garçon après tout. Je jouais donc des coudes pour trouver mon héros, mon meilleur ami, mon tout, mon Jay. Je l’adorais depuis notre première rencontre. Il était le seul à réussir à me faire sourire bêtement rien que par un regard. Avec lui, je redevenais la Blod’. Trouvé, sauté (enfin sur le dos restons soft) et bisouillé sur la joue, les retrouvailles made in me. Les filles firent comme à l’habitude la conversation. L’expression de mon visage dû changer à mesure de leur réponse : Coupable pour Marisa, gênée pour Elsa et sourire béat à Parker. Elles aussi je les adorais comme des sœurs. Celles que j’aurais aimé avoir bien que j’ai 4 autres sœurs ainées. Je descendis néanmoins de mon perchoir pour ne pas lui attirer la honte. Je voulais qu’on le voit comme moi je le voyais mais il était hors de question qu’une dinde l’approche. J’étais possessive avec lui, une vraie lionne. « Harper est pas encore arrivé… » m’informa Marisa me faisant grimacer. Mon cousin était un con fini et je ne l’appréciais pas beaucoup mais quand il poussait le bouchon trop loin, je savais le recadrer. Du moins avant. Depuis avec la drogue, il me faisait un peu peur, je devais bien le reconnaître. « Avec de la chance, il ne viendra pas ! » marmonnais-je pour moi-même avant de sursauter quand la veste chaude de Jayden atterrit sur mes épaules. Elle sentait encore son odeur et inconsciemment, j’en respirai pleinement l’essence. Que j’aimais cette odeur ! « Merci mon Jay » lui dis-je tout en l’enfilant correctement puis, je me dressais sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Ais-je oublié de signaler que j’étais tactile comme fille ? Surtout avec lui. « Je crois que les ennuis commencent ! soupirais-je tout en m’éloignant de Jayden à contre cœur. Autant ne pas donner des armes à mon cousin. « Bloody Mary.. on ne dit pas bonjour à son cousin chéri ? » m’adressa-t-il la parole tout en m’attirant à lui pour m’embrasser. Beuurk. Je me contentai donc de grimacer avant de me détacher de lui. « Arrête de m’appeler comme ça, j’aime pas ! Je vais finir par te casser un genou pour que ça rentre dans ton crâne troué »

Je me doutais que ma remarque n’allait pas tomber dans l’oreille d’un sourd ni d’une sourde mais je fus reconnaissance envers Marisa de m’apporter un peu de soutien. Je n’aimais pas beaucoup mon cousin depuis qu’il avait sombré dans la drogue. J’avais essayé de l’aider au départ. Vraiment. Malheureusement cela n’avait servi à rien et je l’avais vu sombré toujours un peu plus ce qui me désolait. Maintenant, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir de la colère et de la rancœur à son égard. Il faisait souffrir une de mes amies les plus proches et je lui en voulais ! Je crois que la colère de Jayden se reflétait sur mes propres émotions mais je me fichais de tout ça. Cela ne pouvait tout simplement plus durer. « Dans l’histoire, je crois que le plus lâche des deux, c’est tout de même toi...et ça c’est pour ce fichu surnom à la con ! » et avant qu’il n’ait eu le temps de comprendre –son cerveau s’était considérablement ralenti avec la drogue ; je lui décochais un bon coup de pied dans le tibia. Je m’étais au dernier moment retenu quant à viser ses parties intimes mais je ne voulais pas qu’on accuse Jayden de tricher car j’aurais trop abimé l’autre concurrent. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui m’en manquait. « Foutue conne ! » m’insulta-t-il en grimaçant. Quelle chochotte, je n’avais pas frappé fort. En même temps, je n’avais pas frappé fort mon ex-petit ami et pourtant, j’avais réussi l’exploit de lui casser le nez alors qu’il tentait simplement de me caresser. Il m’avait dit de me détendre et bien j’avais détendu un peu trop ma droite. Ce n’était pas ma faute, dès qu’un homme me touchait je paniquais et je frappais. En y repensant, le seul qui y arrivait sans aucun risque était Jayden. Cette pensée me plongea dans une sorte de transe post-apocalyptique où je réfléchissais. Oui, j’avais tendance quand je cogitais trop intensément à me couper du monde. Je peux vous dire que c’était assez gênant surtout quand vous êtes en plein milieu d’un passage piéton en pleine avenue de Broadway et que vous êtes totalement inerte car vous pensez à vive allure pour savoir ce que vous aviez oublié sur la liste monstrueusement longue de votre meilleure amie pour sa première leçon de cuisine mexicaine.

Ce fut les rires de personnes nous entourant qui me fit redescendre sur terre et je me mis à regarder Jayden sous un angle différent allant jusqu’à rougir quand mes pensées se confondirent avec mes rêves. Sexy Dreamer ? Jayden ? Na ! Impossible. Cela se saurait si je fantasmais sur mon meilleur ami quand même. Je secouais la tête et hochais la tête avec sérieux. Etre le co-pilote de mon Jay était une tâche que je prenais avec sérieux. J’étais son porte bonheur un peu comme les deux gros dés en moumoutes que certains mettent dans la voiture. Mouais, me comparer à des trucs aussi moches n’étaient pas la meilleure des images. « Hey McCall et si on pimentait la course ? » nous interpella mon cousin alors que nous nous dirigions vers la voiture de Jay. Puissante comme lui. « Qu’est-ce que tu as encore derrière la tête crétin ? lui demandais-je avec toute la politesse qu’il méritait. « Oh mais très chère cousine c’est très simple. Celui qui gagne remporte les deux voitures et un baiser de ta part ma belle. Bien sûr comme tu es ma cousine, tes faveurs iront à gros Tony ! Je suis sûr qu’il se fera un plaisir de t’initier à certains plaisirs. » Aussitôt mon visage se figea de stupeur. Gros Tony ? Eurk ! Ce mec était pire qu’une merde et je me voyais vraiment pas lui donner mon premier baiser. D’ailleurs ce gros porc me regardait comme si j’étais un vulgaire morceau de viande. Je déglutis avec difficulté. « Et comme je suis généreux, je rajoute sur le tapis 500$. Alors McCall, toujours assuré de gagner ? » nous provoqua-t-il. Il fallait qu’il accepte, on ne pouvait pas cracher sur une somme pareil. C’était toujours ça de gagné pour le frère de Marisa. Alors, j’amenai mon meilleur ami un peu à l’écart pour lui parler. « Jay tu dois absolument accepter, Marisa a besoin non seulement de sa voiture mais aussi de ce fric ! Ecoute, je suis sûre que tu vas gagner… Tu es le meilleur après tout, j’ai confiance en toi. Et puis, y a plus moche que moi comme lot non ? » terminais-je en rougissant faiblement. L’idée que Jayden puisse m’embrasser me plongeait dans un drôle de maelstrom d’émotions.

« Bien sûr que j’ai confiance en toi quelle question ! » m’insurgeais-je face à sa remarque. Il était une des rares personnes à avoir toute ma confiance. Nous nous connaissions depuis des années puisque ma famille l’avait hébergé de nombreuses fois pour des vacances car ma mère avait tenu à ce que nous participions à un projet humanitaire. Si au départ, j’avais été réticente à l’idée d’accueillir un ou une étrangère dans la maison, j’avais tout de suite était conquise par Jayden. Il faut dire que vivant dans l’ombre de mes sœurs, je n’avais pas envie d’avoir une concurrente et encore moins un concurrent pour l’affection de mon père. J’étais un peu son seul fils ! Mais j’avais adopté Jay à la seconde où nous regards s’étaient croisés et depuis, nous en avions fait du chemin ensemble. « Puis rien ne me force à vraiment t’embrasser une fois que j’aurais gagné… » ajouta-t-a-t-il inconscient de la blessure qu’il venait de m’infliger. Une sourde douleur me vrilla le cœur et mon regard devint noir tandis que je lui assénais un coup de poing rageur dans l’épaule « Crétin » marmonnais-je avant de m’éloigner pour me diriger vers sa voiture et de l’y attendre. Crétin, crétin, crétin continuais-je de l’insulter dans ma tête. Comment pouvait-il me sortir ça, comme si de rien n’était ! J’étais si repoussante pour que même lui, ne veuille pas de moi ? Et pourquoi son refus de m’embrasser me faisait-il aussi mal ? Certes, ce n’était pas la première fois que j’essuyais un vent de cette ampleur mais cette fois-ci la douleur était cuisante. Cela faisait même un mal de chien que j’avais envie de crier, de taper bref d’extérioriser tous ces sentiments négatifs. Logan s’approcha de moi dans le but de me charrier mais je le regardais avec une telle rage au fond des yeux qu’il fit rapidement demi-tour. Il valait mieux ne pas me chercher sinon j’étais prête à commettre un meurtre. Je ne suis pas obligé de t’embrasser ?! Et mon pied au cul, il le serait toujours ? Pourtant, je n’étais pas laide. J’avais même fait des efforts en m’habillant plus féminine. J’avais même réussi à dompter ma crinière de jais mais apparemment, je restais et resterais éternellement la bonne copine ou la folle de service qu’il ne valait mieux pas approcher.

Une petite voix me souffla que je le méritais ce baiser. Après tout s’il gagnait la course, j’étais en droit de réclamer mon baiser non ? Qu’il le veuille ou non, Jayden allait m’embrasser et un sourire à la fois malicieux et déterminé alluma mon visage. Si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne et c’est exactement ce que j’allais m’employer de faire. Fière de cette résolution, je fis un signe aux filles avant de grimper sur le siège passager, prête à en découdre avec mon cousin, avec la course et avec le beau ténébreux assis derrière le volant. Il ne le savait pas mais je comptais bien gagner moi aussi. Certes, cela ne serait pas la course mais bel et bien mon premier baiser. Toutefois, j’étais perplexe : pourquoi la perspective d’embrasser Jay me plongeait dans une telle excitation ? Mystère et boule de gomme mais malheureusement pour moi, Scooby doo était en vacances !

La voiture filait à vive allure mais je n’en avais cure tellement plongée dans mes pensées. De tout de manière, il ne servait à rien de lui parler quand il conduisait mais contrairement aux autres fois, je me sentais pas transportée par la vitesse. En fait, je me débattais avec mes contradictions les plus folles qui se chamaillaient en moi. C’était un coup à voir un petit diable sur mon épaule droite qui me disait de plaquer Jayden contre un mur et de lui montrer ce que c’était d’honorer un pari et l’ange sur l’épaule gauche qui rougissait d’une telle initiative. En gros, ils ne m’aidaient pas du tout. C’était même limite le contraire car j’étais aussi mitigée que j’avais été déterminée avant de grimper dans cette foutue bagnole. Que faire ? D’ailleurs pourquoi avais-je si mal pris son refus de m’embrasser ? Jay, c’était mon meilleur ami, mon tout pas quelqu’un sur qui je fantasme. Oh bien sûr, j’avais deux trois fois, quand j’étais adolescente fantasmée sur lui mais ça m’avait passé et puis… j’étais sa bonne copine, sa pote. MERDE BORDEL IL FAISAIT CHIER !! Il ne pouvait pas tout simplement m’embrasser et puis on en parle plus ? Non, il fallait que monsieur refuse et que je me paie un mal de crâne à savoir si je devais suivre les conseils du petit diablotin qui avait même sorti des diapositives pour me montrer comment le coincer et comment lui rouler la pelle de sa vie et l’ange qui se cachait les yeux en me disant que je ne devrais pas faire ça. Génial, j’avais hérité d’un ange pudique et coincé et d’un diable pervers et dominateur. Que demander de mieux ma parole ? A part qu’il m’embrasse, qu’il me regarde comme il regarde certaines femmes bref je voulais connaître ce petit plaisir entre ses bras. C’était con mais je ne voyais personne d’autres. Logan m’avait offert ce baiser sur un plateau mais aussi une cruelle désillusion. Je resterais quoi qu’il arrive la Blodwyn à qui l’on propose une bonne course de voiture mais pas la danse du bal de fin d’année. Crétin McCall, je te déteste ! Si seulement c’était vrai car quand il eut franchi la ligne d’arrivée, je m’écriais victoire comme une gamine en lui sautant au cou. J’étais fière de mon Jay. C’était le meilleur mais la douleur restait !

Alors, pour la première fois, je restais à l’écart, le laissant savourer sa victoire avec les filles et réclamer son dû. Je le regardais et je me sentais comme au pied du mur si bien que mon petit diable se mit à chanter cette chanson débile : Regarde-le, vainqueur et sexy à la fois...Il ne dit rien, il savoure sa victoire mais ton coeur brûle en secret.. Tu ne sais pas pourquoi mais c´est plus fort que toi t´aimerais bien... l´embrasser.. Faut provoquer l´étincelle.. Et les mots crois-moi, pour ça, y´en a pas...Décide-toi, embrasse-le… Je me mordillais la lèvre quand je le vis ramasser l’argent et les clés de voiture tout en écoutant d’une oreille distraite le petit démon continuer de chanter ses encouragements : Plaque le contre la bagnole Dans la fraîcheur de la nuit. Décide-toi bordel et n´attends pas demain.

J’allais l’embrasser ! Oui, il avait gagné donc il allait l’avoir ce foutu baiser sinon je ne m’appelais pas Blodwyn Catherine Harper. Motivée à bloc, je balayais d’un revers de la main mes deux compagnons de décision et filais grand train vers lui. Une main sur son épaule suffit à le faire se retourner vers moi. « Tu as gagné et je tiens toujours mes engagements ! » attaquais-je sans lui laisser la moindre chance de me répondre et je l’embrassais en prenant son visage en coupe, savourant le goût de ses lèvres en plaquant mon corps contre le sien « embrasse-moi » murmurais-je contre ses lèvres sans m’en rendre compte.

Je ne pensais pas qu’embrasser un homme puisse être un moment aussi passionné et magique que celui que je vivais à cet instant précis dans les bras de Jayden. Pourtant, au moment même où il ravissait mes lèvres en réponse à ma prière, je me sentis totalement partir dans un monde encore inconnu de moi. Un monde où il n’y avait plus que lui, plus que moi et ce baiser des plus passionnés. Je m’étais toujours dit qu’au moment d’embrasser un homme, je me sentirais gauche, complétement paumée, ne sachant quoi faire. Pourtant, entre ses bras, je me sentais pleinement à ma place, répondant avec la même ferveur que la sienne, entourant sa nuque de mes bras pour mieux me blottir tout contre lui. Je ne me reconnaissais pas, j’étais totalement transfigurée par notre baiser. Etais-ce parce que c’était Jay, mon meilleur ami, l’homme en qui j’avais le plus confiance, l’homme dont je ne pouvais me passer sans l’appeler tous les jours ? Ou parce que c’était mon premier baiser ? Bien sûr, cela aurait trop facile de connaitre cette réponse mais une chose était certaine, je n’aurais laissé ma place pour n’importe qui ni n’importe quoi. Un élan de possessivité me transperça : cet homme était à moi, rien qu’à moi tout comme je lui appartenais. Au moins le temps de ce baiser. J’avais l’impression que ce moment allait durer toujours, je le désirais ardemment mais bien vite, trop, il cessa. « oaw » murmurais-je la tête en vrac, encore plongée dans les délices qu’il venait de me faire connaître. Malheureusement, je semblais avoir été la seule à avoir été transportée car Jay ne m’accorda aucun regard, ce qui me blessa quelque peu. Peut-être cela avait été une véritable corvée pour lui. Après tout, c’était la première fois que j’embrassais donc j’avais peut-être mal embrassé. Toutefois, je restais totalement sous le charme. Avec lenteur, je me passais le bout de la langue sur mes lèvres comme un chat se lécherait les babines après un bon bol de lait. J’en voulais encore constatais-je avec effarement en me mordillant la lèvre inférieure. Je voulais encore des baisers mais pas n’importe lesquels. Je voulais du Jay ! Misère, j’étais devenue accro aux lèvres de mon meilleur ami ! Peut-être un simple effet secondaire, il faudrait que je teste un baiser avec un autre homme pour voir mais pour l’heure, je ne voulais que lui. Nymphomane du Jay ! C’est alors que Marissa klaxonna me faisant redescendre sur terre. Je me tournais donc vers la voiture, croisant le regard de Jay quelques secondes avant de lui sourire comme je savais si bien le faire. La vie continuait et ce précieux souvenir allait rejoindre déjà ceux nombreux que j’avais partagé avec mon Jay : bien à l’abri dans mon cœur.

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