Des heures que je tourne en rond dans la même pièce, foulant le parquet sans cesse au même endroit. J'ai même l'impression que je vais finir par créer une marque d'usure ovale sur le sol. Quand enfin, le cliquetis des clefs, la serrure qui tourne et la porte qui s'ouvre me fait faire volte-face vers celle-ci. Immédiatement, je saute sur le corps de mon mari qui vient à peine d'entrer. Mes bras s'enroulent autour de ses hanches pour le serrer contre moi dans un élan de tendresse soudain. Faut dire que j'attendais ça depuis des heures à m'en rendre fou. Simplement, sentir les battements de son coeur contre mon torse. La chaleur de sa peau sur la mienne. Et a ce moment, je m'en fiche que la pluie l'a trempé jusqu'aux os. "T'étais où ? Je t'ai entendu trop longtemps." Comme pour sceller dans mon esprit qu'il était là et que je ne laisserai plus filer, je lui retire son manteau et le range soigneusement. De toute façon, j'aurais dû passer derrière lui pour le ramasser et le poser sur le porte manteau. Comme si le laisser tomber par terre demandait un effort moindre que de simplement, le poser. Je me retiens de lui faire une pique à ce sujet et plutôt, occuper ma bouche avec la sienne dans un baiser qui avait trop longtemps laissé en suspens. "Tu m'as manqué." J'attrape alors sa main et l'entre dans le salon, où soigneusement, une table était dressée. Deux chandelles et un bouquet de fleur traînaient sur une nappe grise, le tout, avec des assiettes en porcelaine et des verres en cristal. Certes, Jack n'étais pas vraiment attentif à ce genre de détail, mais pour ma part, je l'étais. Dans la cuisine, un plat chauffait encore dans le four, maintenu en température. Et cette fois-ci, pas de plats commandés. Pour une fois. "J'ai un cadeau pour toi." Je me détache alors de lui, excitait à l'idée même de lui offrir le paquet. "Tiens. Mais promets que tu vas pas y toucher avant le dîner. Je veux pas de soirée pizza." Sur ces mots, et sans même attendre qu'il ne daigne répondre, je lui remets cette foutue console entre les mains. En sachant pertinemment que j'allais passer encore des nuits seul pendant qu'il geek. Tant pis.

Encore une journée à traîner dans les rues de New York pour ne pas avoir à pourrir la vie de Jéricho avec le manque de drogue. Je suis devenu tellement irritable que j'serai capable de l'envoyer chier pour un rien. Il mérite pas ça alors je trouver rien de mieux qu'errer dans les rues malfamées de la grosse pomme. C'est sûr qu'en passant sa vie avec des drogués à un moment ou un autre on finit par y toucher. On prend une dose, juste pour le plaisir de retrouver d'énormes sensations. Puis bien sûr, comme tout le monde on se dit 'plus jamais'. Pourtant, on recommence deux jours après. Je suis le premier à me voiler la face. A me dire que j'suis capable d'arrêter à tout moment et que ces petites doses ne me feront pas replonger. C'est tellement plus facile de se voiler la face. Aujourd'hui encore je me suis envoyé un rail de coke, dés le matin, il devait être 9h00. Dans ces chiottes publics j'ai retrouvé un semblant de bonheur. Mon regard se pose sur ma montre qui affiche 19h30. Mon cœur fait un bon à cette annonce et, c'est d'ailleurs en un rien de temps que je me relève malgré les courbatures. La caresse du froid m'arrache dissout toutes traces de fatigue alors que j'accélère le pas pour retrouver Jéricho. Lorsque j'ouvre la porte d'entrée, je suis persuadé qu'il va gueuler. J'me suis d'ailleurs fait à cette idée et entre d'un pas le plus discret possible. "T'étais où ? Je t'ai entendu trop longtemps." Nous y sommes. Et bam, aucune excuse bidon ne me vient en tête. Alors que je m'apprête à lui répondre, ses lèvres viennent se poser délicatement sur les miennes. Surpris, ma main se pose sur nuque pour prolonger ce baiser. Ma main se lie à la sienne tandis qu'il m'emporte avec lui dans le salon transformé en restaurant romantique. "J'ai un cadeau pour toi." Un sourire sincère se dessine sur mes lèvres lorsque entre mes mains Jéricho y dépose un paquet que j'ouvre à la sauvage. « Oh ! » J'me retrouve comme un véritable gamin devant son sapin de noël. Ca fait tellement longtemps que j'ai plus touché à une console. C'est d'un geste délicat que je pose le cadeau sur le canapé et m'avance délicatement de mon mari. « C'est super tout ça mais … j'ai rien à t'offrir en échange. Si ce n'est ma présence. » A ces paroles, mon corps se plaque délicatement contre le sien pendant que mes lèvres impatientes lui quémandent des baisers. « Tu nous as préparé quoi ? »