« Non mais Lexie j'ai pas vraiment envie de rencontrer ton frère tu sais... Ca fait genre super sérieux et puis, on flirt à peine. Fin, on est un couple mais depuis quoi, dix jours ? » La famille et moi faisions quinze. J'avais déjà du mal à supporter ma propre famille alors rencontre celle de ma 'petite amie' était de la folie. Et si le contact coinçait avec son grand frère, je devrais faire quoi ? Supporter les remarques du grand de la famille ou bien m'écraser et la plaquer ? Bon, je devais dire que cela ne me gênerait pas vraiment parce que même si la jeune canadienne était fraîche et pétillante, elle était encore une gamine à mes yeux. Elle n'avait 'que' vingt deux ans et j'étais plutôt intéressé vers les jeunes femmes de vingt cinq ans et plus ; les femmes mûres en quelque sorte. Ronchonnant, il écouta l'argumentation de la jeune canadienne et lorsqu'elle mit en avant que sans ça, elle ne coucherait sûrement jamais avec lui, il finit par céder mais subtilement. Il ne voulait pas passer pour un prédateur, ce qu'il était, autant le dire. « Je te préviens, je ne suis pas le mec le plus apprécié de la planète » Au moins, elle était prévenue. Il y avait bien une chance sur deux que la jeune femme entende son frère me traiter de tous les noms. J'espérais juste que son frangin n'avait jamais mis les pieds dans le strip club que je tenais, du moins pas un jour où je remplaçais l'un de mes employés malades. Raccrochant, je passa rapidement par la douche et enfila un jeans et un haut plutôt simple. Ce soir, nous allions profiter de temps 'favorable' pour aller au cinéma sans finir le cul dans la neige. Cinéma et rencontre fraternelle n'étaient vraiment pas mon style de vie et pourtant, je me lançais là dedans. Note à moi même ; ne plus jamais sortir avec une jeune femme plus jeune que moi.

Frappant à la porte, je grimaça légèrement en entendant la voix de Lexie monter et la lumière de l'entrée s'allumer. Mais dans quoi est-ce que je m'étais lancée avec cette petite jeune ? Je fis légèrement craquer mes os avant d’arborer mon plus beau sourire. Déposant un baiser sur ses lèvres, la jeune femme me conduisit dans la cuisine où il y avait déjà son frère, de dos. « Je vous laisse je vais finir de me préparer » lança-t-elle avant de filer vers sa chambre. Souriant, je passa une main dans ma crête et dis « Ah les filles, toutes les mêmes » Je grimaça légèrement à ma phrase. Dis comme ça, c'était vraiment mal placé mais c'était trop tard, les mots étaient sortis. Prenant place à la table, le jeune homme se tourna et je lui fis un léger sourire. Tout cela me mettait tellement mal à l'aise... C'était fou. Je n'étais pas ce genre de mecs, à stresser pour une petite rencontre. « Je m'appelle Vladimir » lançais-je à son attention. Croisant le regard du jeune homme, mes yeux faillirent sortir de leurs orbites et rouler sur le sol. Ce n'était pas possible, non c'était impossible... J'avais Azariel en face de moi, mon grand frère – biologiquement parlant. Déglutinant difficilement, je fis le lien avec Lexie. Elle était ma 'presque' demi sœur. Une sorte de dégoût me prit en pleine bouche. J'avais envie de vomir. L'embrasser revenait à embrasser Laura. C'était la fin du monde.

AZARIEL & VLADIMIR ❝ bro and sis ❞

Je ne savais pas ce qui était passé par la tête de Lexie, mais celle-ci voulait absolument que je rencontre son nouveau petit-ami. Peut-être qu'elle voulait que le gâchage de relations aille dans les deux sens. Après tout, elle avait été une vraie peste avec Margaret et avait même réussi à la faire fuir. Elle voulait peut-être que je fasse la même chose avec son petit ami, pour qu'on soit quitte. Elle savait que je lui en voulais un peu de ce qu'elle avait fait, donc peut-être voulait-elle se faire pardonner, à nouveau. Je ne comptais même plus le nombre de fois où elle s'était excusée, me disant que toute façon Margaret n'était pas assez bien pour moi et ne me méritait pas. Enfin bon, même si j'étais encore un peu sur la défensive, il était évident que je lui avais pardonné. Après tout, Lexie était comme ça et souhaitait me protéger le plus possible, et c'en était même mignon, même si cela m'agaçait quelques fois - voire souvent. Elle était ma petite soeur, et comme toujours, elle passait avant tout le reste et donc je lui passais tout. Toutes ses bêtises, toutes ses gaffes, toutes ses manipulations, ... Tout. Je devais bien avouer que je ne sentais pas très bien cette rencontre. Bizarrement, j'avais ce pressentiment que quelque chose allait se passait, quelque chose que je n'aimerai pas. Il ne fallait pas me demander ce qui me faisait penser ça, je n'en savais rien, mais mes pressentiments ne m'avaient jamais lâché auparavant et avaient toujours eu raison. Qu'allait-il donc se passer ? était la question qui me trottait dans la tête. La sonnette de la porte d'entrée me sortit de mes pensées. Je décidai de rester dans la cuisine. Après tout, il saurait me rejoindre tout seul, sans que je ne l'aide.

« Je vous laisse je vais finir de me préparer » Show Time ! Est-ce que j'allais me la jouer vilain grand frère protecteur ? Gentil grand frère souriant ? Je ne l'avais pas encore décidé et improviserais sûrement le moment venu. « Ah les filles, toutes les mêmes » Un petit rire m'échappa. Il marquait un point. Les filles et nous ne venions probablement pas de la même planète, c'était sûr. Je me retournai pour lui faire face pour au moins voir à quoi il ressemblait. Il avait de la chance, j'avais passé une assez bonne journée aujourd'hui. Donc je ne lui ferais aucune remarque sur son look. De toutes façons, je savais parfaitement que juger au premier regard était stupide, et ce n'était vraiment pas ma façon de faire. Surtout depuis que je m'étais bien trompé sur un père que je croyais abusif envers son fils. J'avais été persuadé qu'il le tabassait et voulait tout faire pour que l'enfant aille en centre. Finalement, je m'étais rendu compte que c'était sa mère qui avait été abusive et qui, en plus, reportait la faute sur son mari. Heureusement, j'avais réussi à le convaincre de divorcer et j'avais témoigné en sa faveur pour qu'il ait la garde plénière de leur fils. Depuis, je me forçais à toujours laisser leur chance aux personnes et surtout à ne pas les juger trop rapidement. « Je m'appelle Vladimir » Il était temps pour moi d'être cordial. Nous verrions bien si mon comportement finirait par changer, mais pour le moment, je décidai de lui laisser sa chance « Enchanté Vladimir ! Moi c'est Azariel. » lui dis-je dans un sourire.

Spoiler:

Spoiler:

Depuis quelques temps, ma vie personnelle était un vrai merdier. Entre les aller-retour chez mon avocate, la préparation de la sortie de mon nouveau bouquin et ma vie sentimentale, je perdais pieds et pas qu'un peu. Je devais gérer les folies de Laura, les idioties de mon paternel et bien d'autres choses. Une petite amie était vraiment une mauvaise idée à ce moment même mais je n'avais pas pu craquer lorsque j'avais rencontré Lexie. Elle avait tout pour elle, elle était belle, intelligente et posée. Pour une fois, je m'étais dis qu'il fallait oublier les plans d'un soir et tenter de se poser – et arrêter de fantasmer sur son avocate – mais je m'en voulais déjà. Lorsque le grand frère de la belle Williams s'était retourné, mon cœur s'était arrêté quelques secondes. J'avais Azariel, mon cher et tendre grand frère en face de moi. Tout se mélangeait dans ma tête. Comment l'avocate qui avait cherché à retrouver l'assistant social avait-elle pu oublier de me préciser qu'il avait une petite sœur du nom de Lexie ? Le nom de famille ne m'avait pas mis la puce à l'oreille. Williams aux États-Unis est comme s'appeler Schmidt en Allemagne ou Dupont en France ! Je m'en voulais énormément d'avoir été aussi laxiste mais maintenant, je devais tenir mon sourire toute la conversation et ne rien faire comme idiotie. Mon père était l'abruti de la famille, pas moi. « Enchanté Vladimir ! Moi c'est Azariel. » Mon cerveau me disait de prendre mes jambes à mon cou mais je ne pouvais pas le faire, pas maintenant. J'aurai bien l'air bête en expliquant à Lexie que m'embrasser revenait à rouler des patins à son grand frère. Pourtant, cette conversation allait bel et bien voir le jour tôt ou tard. Elle allait se demander pourquoi du jour au lendemain, je passais du 'petit ami' à l'homme qui allait l'éviter comme la peste. Mais dans quel merdier m'étais-je encore fourré ? J'avais déjà bien assez de problèmes dans ma vie pour en rajouter une couche. Je devais éviter la gente féminine pour de bon, avant de devenir fou. « De même. Ta sœur m'a beaucoup parlé de toi en tout cas. Tu es son super héros, j'aimerais bien être le super héros de ma petite soeur » Un léger rire s'échappa de mes lèvres. À ce moment, je m'imaginais Laura et Azariel en couple et cela me donna littéralement envie de vomir. Me contrôlant physiquement, je lui fis un léger sourire. Il fallait que je prévienne Laura dès que possible pour qu'elle ne fasse pas la 'même' erreur que moi. « Vous avez une très jolie maison en tout cas » Plus banal, tu meurs mais il fallait bien faire passer le temps. J'espérais plus que tout que la jeune Lexie allait se dépêcher de se préparer que je puisse enfin quitter ce lieu. Niveau famille, j'étais maudit, il n'y avait pas à dire...

Azariel ne le savait sûrement pas mais je savais très bien comment il était devenu le 'héros' de Lexie. Elle ne m'en avait pas parlé plus que cela mais j'avais fait tellement de recherches sur ma famille – ma vraie famille – que j'en savais plus que je n'aurais du. Je m'en voulais presque d'avoir violé l'intimité de ces gens, d'avoir sauvagement parcouru tous ces dossiers sur eux, ceux des services sociaux, ceux de la morgue et tout ce qui allait avec. J'avais envie de m'auto gifler quand je repensais à ce que j'avais fait. J'aurais tellement envie d'étriper l'homme – ou la femme – qui en savait plus sur moi que je ne pouvais le savoir. Ces gosses avaient souffert et c'était plus ou moins à cette époque que nous avions quitté la Russie pour la France. Je ne savais pas si ces deux évènements avaient un lien ou pas et je ne pourrais jamais le savoir, ma mère était partie avec ce secret. Dieu qu'elle me claquerait la tête contre un mur pour rester assis ici et faire comme si de rien n'était. Elle qui avait du rêver de revoir son fils. Je ressentis un léger pincement de cœur. Azariel était son premier fils et non moi. C'était difficile d'être relégué au second plan, encore une fois. Il ne fallait pas avoir fait les grandes écoles pour savoir que ma pourriture de paternel préférait sa petite blonde à moi. Je l'avais toujours bien vécu, n'ayant aucun atome crochu avec notre père mais là, cela me faisait mal. Je n'avais pas été le premier enfant de ma mère, mais j'avais été l'enfant de l'amour, c'était mieux que rien, du moins c'était ce que je ne cessais de me répéter. Azariel et moi avions cet avantage – qui n'était pas des moindres – nous étions deux enfants nés d'un amour et pas un amour d'adolescent. Je me souvenais encore des mots de notre mère pour décrire cet amour qui la liait à cet américain, à cet homme qu'elle aimait plus que tout, plus que sa propre vie, cet homme qui lui faisait tellement de bien et de mal en même temps. Elle m'avait d'ailleurs sommé de ne plus traiter les femmes comme je l'avais fait pendant toute mon adolescence à Paris et mon côté gentleman était bien présent ce soir. Rencontrer la famille de mes petites amies ne faisait vraiment pas partis de mes occupations préférées, loin de là même. Je savais que tout ce qui avait un lien avec la famille n'était pas franchement glorieux et pourtant... Les Williams semblaient si... parfaits. « Merci ! Cela nous a pris du temps avant de trouver la maison de nos rêves » Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Ils avaient galéré pour trouver leur maison alors que, personnellement, je m'étais juste contenté de poser mes valises chez ma meilleure amie, Winnie, et de lui 'imposer' ma présence et celle de Dante. Bon, tout cela avait été tout ce qu'il y a de plus normal pour nous trois mais du jour au lendemain, elle s'était retrouvée de célibataire vivant seule à célibataire devant se coltiner deux buveurs de bière et strip teaseurs. Nos vies étaient tellement différentes. « Je me doute. Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une famille comme la mienne. Enfin, sur le plan financier parce que sur le plan humain, y a mieux » Je savais que se plaindre de sa famille devant un orphelin n'était pas forcément la chose à faire mais des fois, je me demandais si le foyer n'était pas ce qui aurait sauvé ma sœur de l'engrenage fou dans lequel elle était. « Je ne dis pas ça pour me plaindre mais ma mère est décédée il y a quatre ans dans un accident de voiture et mon père n'est pas vraiment le genre d'hommes que l'on veut dans sa vie. Cruel mais bien trop réaliste » Qui voulait d'un mafieux manipulateur tueur comme père ? Personne. Buvant une gorgée de ma boisson, je lui fis un léger sourire, tentant de cacher mon stress aussi bien que possible, chose que je faisais très, très mal.

Spoiler: