Sade tira un peu plus sur le col de son tee-shirt. Tee-shirt bien trop usé, bien trop froissé. Mais qu’importe, ce n’était qu’un détail vestimentaire parmi tant d’autres, ce détail que seuls les superficiels en font attention. Lui ne faisait pas parti de cette classe, lui, il était plutôt je m’en foutiste à ses heures perdues. Mains dans les poches, regard posé sur ses tennis grisâtres salis par la poussière, il avança silencieusement. Il avait préalablement glissé sa clope entre la commissure de ses lèvres. En apparence, on aurait pu croire à un vagabond qui ne savait pas réellement où il allait. Et pourtant, il n’avait rien de tout cela. Après quelques pas accompagnants de gémissement, il se rendit à un petit square. C’était à cet endroit précis que son jeune frère (jeune demi-frère, pour faire dans la précision) lui avait donné rendez-vous. Comme deux ados qui voulaient se retrouver pour faire les quatre cents coups ensemble, loin des regards protecteurs des parents souvent bien trop étouffants. Pourtant, leur adolescence semblait être loin derrière eux. A Karim et à Sade. Eux qui sont soi-disant dans la case adulte. Sade colonisa rapidement un banc. S’asseyant sur le dossier de celui-ci. Du haut de son semblant perchoir, il observa les gens aller et venir devant lui. A vrai dire, il guettait l’arrivée de son frère. Il tira une énième latte, crachant une épaisse fumée grise. «T’as toujours pas décidé d’arrêter… » lâcha le jeune venant. A la voix, Sade savait que c’était lui, que c’était Karim. Il posa un regard sur lui, avant de secouer la tête. Evidemment, il lui parler de la cigarette et de cette assuétude pour la cigarette et la nicotine. Sade lui avait répondu alors par un non de la tête. On lui répétait que ce n’était pas bon pour sa santé. Mais si on les écoutait tous, il n’y aurait rien de bon pour sa santé. Rien du tout. Sade avait donc décidé de se faire plaisir… à sa manière.

Son jeune frère vint alors s’asseoir à côté de lui, sur le dossier de ce banc. Karim continuait dans sa leçon de morale, à croire que John, le père de Sade, l’avait formaté pour cela. L’avait formaté pour prôner ce qui était bien et mal aux yeux de Sade. Pathétique. Sade trouvait cela Pathétique, avec un grand p, oui. Sade soupira, laissant tomber son mégot inerte sur le sol de ce square.
Face à l’absence totale de réaction de la part de Sade, Karim décida de changer de sujet de conversation. Une conversation qui serait plus de… leur âge, plus tournée vers leurs centres d’intérêt communs. « Hé regarde, tu la trouves comment elle ? » s’esclaffa le jeune homme, montrant à l’aide du menton une jeune femme montait sur échasse, vêtue d’une longue robe à fleur. Sade le suivit du regard, portant alors un regard critique sur celle qu’il venait de lui présenter. « Pas terrible… » finit-il par lui dire tout en grimaçant.

Karim avait profité de son jour de congé pour voir Sade. Il lui avait envoyé un sms pour lui dire de le retrouver à Central Park. Il avait même pris le soin de lui donner une horaire de rendez-vous-même s’il savait bien que ni lui, ni son demi-frère ne serait à l’heure. C’était couru d’avance ça, comme le fait que d’eux deux, ce serait Sade qui arriverait le plus en retard. Ou encore le fait qu’il arriverait en train de fumer parce qu’il en était toujours ainsi avec lui. Ce type était très prévisible en fait. Enfin peut-être pas tant que ça en fait car en arrivant au parc, le jeune homme aperçu son demi-frère sur un banc. Il était déjà là, arrivé avant lui. Ca, c’était une première. Bon par contre, il ne s’était pas totalement trompé parce que le jeune homme était bien en train de fumer. Juste après l’avoir salué, Karim ne put d’ailleurs pas s’empêcher de faire une remarque à ce sujet. C’était plus fort que lui. Pourtant normalement, c’était loin d’être son genre. Il était loin d’être le jeune homme le plus responsable au monde. Très très loin même. Mais avec Sade c’était différent. Il s’agissait de son demi-frère après tout et la santé de celui-ci tenait quand même un peu à cœur à Karim. Plus que la sienne sûrement même. C’est ainsi que l’Egyptien devenait parfois moraliste avec son demi-frère. Ca lui allait bien mal, certes, mais c’était comme ça.

Là encore, il essaya de faire entendre un peu raison à Sade mais c’était comme parler avec un sourd. Il avait vraiment l’impression que le jeune homme n’entendait rien de ce qu’il pouvait bien lui dire. Las de parler à un mur, le jeune homme finit par décider de changer de sujet. De toute manière, il n’avait pas voulu voir Sade pour lui prendre la tête toute l’après-midi. Il haïssait tellement tout ce qui était prise de tête. Il montra alors une brune un peu plus loin et demanda à son demi-frère comment il la trouvait. « Pas terrible… » Karim hocha la tête et garda le silence songeur. Sur celle-ci, il était plutôt d’accord. Mais c’était quelque chose qui était rare. Il n’avait jamais réussi à vraiment savoir quel était vraiment le goût de Sade en matière de filles. Il n’y en avait jamais vraiment qui trouvait grâce à ses yeux. Depuis le temps, Karim commençait à penser que son demi-frère était soit gay, soit aimait juste les moches. Il penchait plutôt pour la première option quand même. Il montra alors une blonde un peu plus loin. « Et celle-là ? Elle est plutôt pas mal je trouve. » Enfin il n’aurait pas dis non pour passer un moment avec elle quoi.

Leur relation n’avait rien de conformiste. Le p’tit frère qui maternait l’plus grand. Dans quatre-vingt-dix pourcent des cas (voire même plus), c’était plus souvent l’inverse qui se produisait. Karim et Sade n’avaient jamais eu une relation conformiste. Ils se sont rencontrés à l’adolescence. Rencontre forcée, qui plus est. Si leurs parents ne s’étaient pas rencontrés, et pire encore s’ils ne s’étaient pas mis en concubinage, sûrement ne se seraient-ils pas rencontrés. Demi-frères, c’est comme cela que la plupart des mortels expliquent leur relation. Ils sont d’mi-frères, disaient les passants. Demi-frère… Demi… comme si une part d’eux était encore inconnue. Demi-frères, ils sont bien plus que cela à présent… Eux, ils vous diront qu’ils sont frères. Assis sur ce banc, depuis à peine quelques minutes, Karim monopolisait déjà la parole. Comme toujours, comme souvent, pour ne pas changer, pourrait-on dire de diverses manières. Comme à son accoutumé, il ne put s’empêcher de lui faire une remontrance. Fumer, c’est mal. Fumer tue. Voilà l’essentiel de ses propos. Bien entendu, cela Sade s’en contrefoutait royalement de tout cela. Il le savait déjà. On le lui avait répété des dizaines et des centaines de fois, mais rien. Ca n’avait rien changé. Voyant alors le bide de sa leçon de morale du jour, Karim changea aussitôt de conversation.

Le jeune homme pointa du menton une jeune femme, qu’il devait certainement trouver à son goût. Malgré la réponse négative de son frère ainé, il continua de plus bel. Il lui montra cette fois-ci une blonde. Toujours montée sur échasse. A croire que c’était une mode chez la gente féminine de se déplacer avec des échasses, sûrement pour paraitre plus grande. Sade l’observa attentivement, se caressant le menton –il faisait souvent cela quand il était dans une longue réflexion. «Et celle-là ? Elle est plutôt pas mal je trouve. » avait ajouté l’Egyptien. Pas mal… Sade reporta son attention sur le jeune homme qui se tenait à ses côtés, fronçant légèrement du nez. Son regard se posa une nouvelle fois sur les formes généreuses de la jeune femme que Karim lui avait montrée. « Hum… hum » laissa-t-il s’échapper de sa boucher, certainement pour combler le micro-blanc qui s’était installé entre eux. « Tu la connais ? ». Il demanda cela à Karim, tout en se tournant vers lui. « Elle est… pas mal. ». Après avoir prononcé cela, il se tourna une nouvelle fois son attention sur la jeune femme qui passa alors juste devant eux. Il baissa alors la voix, sûrement pour ne pas que cette inconnue ne les entende. « Enfin, elle n’inspire rien de particulier, ne dégage rien, mais… elle doit être bonne à baiser. Ouais, c’est ça… Elle doit être juste bonne à baiser. Il marqua une brève pause, avant de reprendre. Tu sais le genre de fille pas très futée, un peu nunuche sur les bords… ton genre de fille, non ? ». Simultanément qu’il lui posa cette brève question, il laissa tombée son mégot de cigarette sur le siège du banc et l’écrasa à l’aide de sa chaussure. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne ressorte une énième cigarette de son paquet.

Karim regardait toujours la blonde. Il n’en aurait tenu qu’a lui en fait, il aurait sûrement été la voir et puis, il l’aurait invité à venir prendre un verre avec lui. Elle aurait accepté bien sûr, parce qu’il était tout à fait charmant et qu’on ne lui refusait jamais ça. Mais il était avec Sade alors il se contenta de l’observer en attendant le verdict de son aîné. « Hum… hum » Suspens, suspens. Ce Sade était définitivement le roi du spectacle, il savait ménager l’attention de son spectateur. « Tu la connais ? » Karim fronça les sourcils. C’était étrange comme question. « Non. Pourquoi ? Je devrais ? » Il ne savait pas s’il devrait mais en tout cas il savait qu’il n’aurait pas dis non à la connaître. Quoique, avec sa chance, ça devait encore être un cas (il les attirait tous) et il valait sûrement mieux qu’il reste assis sur son banc du coup. « Elle est… pas mal. » Son frère avait l’air tellement convaincu de ce qu’il disait, c’était affolant. Il était définitivement un mystère pour lui. Le jeune homme poussa un soupir. « Enfin, elle n’inspire rien de particulier, ne dégage rien, mais… elle doit être bonne à baiser. Ouais, c’est ça… Elle doit être juste bonne à baiser. Tu sais le genre de fille pas très futée, un peu nunuche sur les bords… ton genre de fille, non ? » Elle n’inspirait rien de particulier. Que du blabla ! Qu’avait-elle besoin d’inspirer au juste ? Enfin il avait quand même dit qu’elle devait être bonne à baiser. C’était déjà un début. « Bah voilà ! Tu sais, elle n’a pas besoin de t’inspirer, je te demande pas si tu veux te marier avec elle là. » Parce que clairement épouser une fille comme ça devait être terrible, elle avait l’air d’être une vraie plaie, rien que de là. « Et oui, c’est mon genre de filles mais juste comme ça quoi. » Il haussa les épaules, il n’y avait pas de mal à se faire plaisir quand même.

Bien décidé à en savoir un peu plus à propos du mystère Sade, Karim décida de le tester un peu. Il voulait vérifier les deux hypothèses qu’il avait eu précédemment : à savoir est-ce qu’il était gay ou est-ce qu’il aimait juste les moches. Ca ne l’aurait pas étonné beaucoup de voir confirmer le fait que son frère avait des goûts douteux. Il avisa alors une autre fille un peu plus loin. Elle avait l’air un peu difforme, à tel point qu’il ne savait pas dire si elle tenait plus d’une fille ou d’un cachalot. [Dans ma tête elle ressemble à la meuf de ma classe que j’aime pas et que t’as dis qu’elle ressemblait à Valérie Damidot.] Il l’indiqua alors du bras. « Et elle ? Je suis sûre que c’est tout à fait ton genre de filles ça ! »

Aussitôt, Sade s’alluma sa clope et la glissa entre ses lèvres. Regard posé sur son frère, il l’écouta d’une oreille. «Bah voilà ! Tu sais, elle n’a pas besoin de t’inspirer, je te demande pas si tu veux te marier avec elle là. ». Silencieux, il posa un regard critique sur son jeune frère. Elle n’avait pas besoin de l’inspirer… Soupir de la part du concerné en se remémorant cette bribe de phrase. Evidemment qu’une fille, qu’une femme, que bref, une femelle devait inspirer. Elle devait inspirer quelque chose de positif, quelque chose d’aspirant et de mystique, un peu… un peu comme une muse. Voilà ce que la femme parfaite devait ressembler pour Sade, elle devait ressembler à une muse. Être sa muse, être sienne. Il n’y avait en cela rien de bien compliqué à comprendre, mais sur ce point de vue là, tout semblait opposer les deux jeunes hommes. «Et oui, c’est mon genre de filles mais juste comme ça quoi. ». Sade fit un petit signe de la tête, se saisissant de sa cigarette et crachant une fumée grisâtre épaisse par la même occasion. « Juste comme ça quoi ? reprit-il. Tu veux dire… ‘juste pour tirer un coup’, je suppose ». Il regarda du coin de l’œil Karim, fourrant une nouvelle fois sa clope dans sa bouche. Bien entendu c’était cela qu’il voulait dire. Tirer un coup et basta. Karim faisait tant de manières pour ne pas paraitre vulgaire, selon Sade qui lui s’en fichait royalement de savoir si ses propos pouvaient être jugés immoraux ou non. Sade, c’était le genre de mec qui pouvait te dire merde n’importe où, n’importe quand, et surtout avec n’importe qui.

Karim relança une nouvelle fois la conversation, en lui montrant une troisième jeune femme. A croire que cela virait à l’obsession. «Et elle ? Je suis sûre que c’est tout à fait ton genre de filles ça ! ». Sade suit la direction que le jeune Egyptien lui montra à l’aide de son bras légèrement velu. Il fronça une première fois les sourcils, puis une seconde. Il put remarquer alors une jeune femme imposante, trop imposante, physiquement parlant voyez-vous, des habits bien trop étroits pour elle qui faisaient ressortir son petit gras chéri, le tout peinturé comme une voiture sortie des années vingt. Il posa finalement son regard sur Karim, qui affichait un petit rictus amusé. Prenant une grande inspiration, Sade manqua de s’étouffer, toussant fortement pendant quelques instants. « Dois-je prendre cela pour un affront ? » lâcha-t-il finalement au jeune homme qui se trouvait à côté de lui. « T’es sérieux là ? Attends… J’irais même pas foutre mon zboub là-dedans. » finit alors par avouer Sade. A en voir sa réaction, il fallait certainement comprendre que cette jeune femme n’était pas à son goût, pas du tout même. Si la précédente ne lui inspirait pas grand-chose, pour le citer, cette nouvelle jeune femme le répugnait bien plus qu’autre chose. Mais cela, on l’avait tous compris, même Karim. Puis Sade lâcha un petit soupir, posant ses coudes sur ses genoux cagneux, il posa son menton entre les paumes de ses mains. De son regard azuré, il balaya furtivement le petit coin du square qui s’offrait à eux.

Karim ne savait pas pourquoi il cherchait à comprendre un peu mieux Sade comme ça. Son demi-frère avait toujours été un mystère pour lui et il le serait toujours en fait. Tous deux étaient clairement… très différents. Même s’ils avaient quelques points communs, juste assez pour s’entende bien en fait. Mais c’était vraiment le minimum vital. Si Sade n’avait pas été son frère, jamais Karim n’aurait cherché à se lier avec un mec aussi… comme ça en fait. « Juste comme ça quoi ? Tu veux dire… ‘juste pour tirer un coup’, je suppose » Sade faisait allusion à ce que Karim venait de dire par rapport à la blonde. L’Egyptien hocha la tête et flatta la tête du jeune homme comme il l’aurait fait avec un chien. « Bravo, tu comprends bien vraiment. » le félicita-t-il d’un ton moqueur. « Tu veux un biscuit en récompense ? » demanda-t-il alors.

Karim chercha par la suite à affiner son test en montrant d’autres filles à Sade ; Enfin d’autres, une seule autre en fait. Elle faisait franchement peur. Elle aurait eut tout à fait sa place dans un musée des horreurs. C’était la créature la plus effrayante que Karim ait jamais put croiser dans sa vie. Pourtant, il était presque sûr maintenant qu’elle était tout à fait le genre de Sade. Comme muse, elle serait parfaite, une occasion rêvée de faire pleins de poèmes sur les baleines et les cachalots et même… les mammouths. Karim déclara alors qu’il était sûr qu’elle devait être tout à fait le genre de son demi-frère et celui-ci manqua alors de s’étouffer. Il devait avoir honte que son secret soit enfin percé à jour. Ou pas. « Dois-je prendre cela pour un affront ? » Karim prit un air innocent, comme s’il ne comprenait pas où Sade voulait en venir. « Pas du tout, je me renseigne juste. » dit-elle avec un sourire. On aurait presque dit un ange là. Enfin de loin. Avec les yeux fermés. « T’es sérieux là ? Attends… J’irais même pas foutre mon zboub là-dedans. » Karim se mit alors à rire. Ah ce Sade ! « Tu me rassures un peu ! Je t’aurais renié sinon je crois. » Ouais, il aurait au moins fallu ça quand même. En tout cas, comme sa première hypothèse ne s’était pas vérifiée, l’Egyptien devait maintenant tester la deuxième. Il regarda alors autour de lui et son regard se posa alors sur un mec qui lisait son journal pas loin d’eux. Il donna alors un coup de coude à Sade et lui indiqua où regarder. « Et lui ? » dit-elle avec un sourire moqueur. « Ca t’irait commue muse ? »

Karim ria une nouvelle fois. L’éclat de rire du jeune homme irrita quelque peu Sade. Il posa un regard sur lui, et arqua un sourcil, tout en restant silencieux. Rester silencieux et calme, chose que Sade si bien faire. Le joyeux luron finit alors par prendre la parole, après avoir avalé sa salive. «Tu me rassures un peu ! Je t’aurais renié sinon je crois. ». Il était rassuré… mais un peu. Voulait-il sous-entendre que Sade devait le rassurer au sujet de quelque chose dont il ignorait. Tout d’abord, le jeune homme lui avait dit qu’il voulait se renseigner et voilà que maintenant, il disait que Sade le rassurait un peu. Non, mais… qu’est-ce que ça voulait dire tout cela ? Sade ignorait vraiment ce que le petit Karim avait concocté derrière la tête, mais ça n’avait pas l’air très bon, ou assez étrange… Enfin soit. Sade n’avait aucune envie de réfléchir à ce que cet Hassan tramait encore une fois.
Après un soupir muet, Sade tira une bouffée de sa cigarette avant de se la remettre rapidement dans la bouche. De ses lèvres, il embrassa la clope. Et une nouvelle fois, le silence s’instaura très brièvement entre les deux jeunes frères. Un silence bien assez long pour que Sade ait le loisir de penser à telle ou telle chose. Non à vrai dire… il était toujours entrain de se demander pourquoi ce petit morveux de Karim lui demandait tout cela… Et pourtant, il n’avait pourtant aucune envie de se prendre la tête avec des réflexions abracadabrantesques. Ses pensées n’étaient que des questions dont les réponses lui étaient inconnues ou alors, lui échappaient encore.

Karim finit alors par lui donner un coup de coude assez douloureux. Chose qui le fit sortir de ses pensées. Sade secoua doucement la tête, ébouriffant par la même occasion ses cheveux noirs légèrement ondulés. «Et lui ? Ca t’irait commue muse ? ». Sade se tourna alors vers la personne que Karim lui montrait. Personne qui était un homme. Il fronça un peu plus les sourcils, et finit par se tourner légèrement vers son demi-frère. « Tu es au courant que c’est un homme ? » lui demanda-t-il alors à tout hasard. Sade finit par déceler un petit sourire moqueur sur les lèvres du jeune homme qui lui tenait compagnie depuis un bon moment à présent. Un petit rictus rempli de malice s’afficha sur les lèvres de Rhodes. Il lança un nouveau regard à l’homme que Karim lui avait présenté à l’aide de son menton. « Enfin… sincèrement… lâcha-t-il alors s’échapper de sa bouche. Si j’étais une femme… avec une bonne paire de seins et un vagin, enfin tu vois le genre… je le trouverais plutôt sympathique ce gars. Charismatique, belle gueule, genre bon chic, bon genre, sûrement le compte en banque qui doit aller avec, le genre de type vite vu comme le gendre idéal. Tout ce qu’une femme moderne aime... non ? » finit alors par dire Sade, en tournant petit à petit le regard sur le visage de l’Arabe. « Mais une chose est sûre… il n’a rien d’une muse. » conclut-il.

Karim avait été en partie rassuré par les dires de son frère. Ainsi, il n’avait pas des goûts aussi douteux qu’il en avait l’air, aucun penchant pour les cachalots. Toutefois, le jeune égyptien devait quand même vérifié encore une dernière chose avant d’être totalement rassuré. C’est pour ça qu’il lui avait montré un homme un peu plus loin. Juste après lui avoir demandé s’il lui plaisait et s’il ferait une bonne muse, Karim observa Sade d’un air curieux, un sourire au coin des lèvres. Juste histoire de voir quelle serait sa réaction. La première chose que celui-ci fit fut évidemment de froncer les sourcils. « Tu es au courant que c’est un homme ? » L’égyptien se mit à rire. Qu’est-ce qu’il était comique ce Sade vraiment. « Oui, évidemment, je sais encore reconnaître un homme quand j’en vois hein. » Parce qu’il était trop fort comme ça lui, la grande classe.

Enfin soit, ce n’était pas la réaction qu’il attendait exactement. Il voulait plutôt voir autre chose. Et surtout, il attendait que son frère lui donne une vrai réponse parce que ce qu’il lui avait dit juste avant, ça n’en était pas une. « Enfin… sincèrement… Si j’étais une femme… avec une bonne paire de seins et un vagin, enfin tu vois le genre… je le trouverais plutôt sympathique ce gars. Charismatique, belle gueule, genre bon chic, bon genre, sûrement le compte en banque qui doit aller avec, le genre de type vite vu comme le gendre idéal. Tout ce qu’une femme moderne aime... non ? » Karim haussa les épaules Comment est-il censé savoir ce qu’une femme moderne aimait hein ? Il n’en était pas une et il n’était en plus pas vraiment connu pour arriver et les comprendre, les femmes. Elles se rapprochaient un peu des aliens en fait pour lui. « Je peux pas savoir ça. Je suis pas une femme moi. Limite, tu serais mieux placé que moi pour savoir. » Ouais, parce que Sade se rapprochai déjà un peu plus d’une femme quoi, en tout cas, ce qui était sûr, c’était que lui aussi était un alien donc bon, ça faisait déjà un point commun entre Sade et les femmes. « Mais une chose est sûre… il n’a rien d’une muse. » Sûrement oui. Ou sinon, ce type serait genre un peu déprimant comme muse. Pour ne pas dire beaucoup en fait. Karim finit par hocher la tête. « Ok donc je suis rassuré. Tu as l’air de ne pas être gay et de ne pas aimer les moches. Ca c’est une bonne nouvelle. » Le jeune homme resta songeur plusieurs minutes avant de reprendre la parole. « La mauvaise nouvelle, c’est que tu es toujours autant un extra-terrestre à mes yeux. Enfin, je suppose que tu devrais y être habitué. » Une nouvelle fille fit son apparition et Karim posa un regard désinvolte sur elle. « Et elle, comment tu la trouve ? »

«Je peux pas savoir ça. Je n’suis pas une femme moi. Limite, tu serais mieux placé que moi pour savoir. » avait lâché le gamin. Le gamin, en l’occurrence ce n’était autre que son jeune demi-frère, Karim. Sade fronça un peu plus les sourcils. Il était mieux placé que lui pour savoir, que sous-entendait-il dans ses propos ? Qu’est-ce que ça voulait dire ça ? « Pardon ? lâcha brièvement le musicien avant de reprendre. Tu devrais t’intéresser à la psychologie des femmes, un conseil. Pas étonnant que ton seul rapport sexuel se résume à une partie de branlette devant ton pc. ». Un petit rire moqueur s’échappa de la bouche de Sade. Bien entendu, il ne pensait pas un mot à ce qu’il venait de dire… ou tout du moins quelques mots. Karim, à ses yeux, n’était qu’un gamin. Ce genre de type qui avait encore la mentalité d’un gosse de treize ou quatorze ans et qui ne grandirait pas. Sade finit par conclure qu’il ne ferait pas de ce type sa muse. «Ok donc je suis rassuré. Tu as l’air de ne pas être gay et de ne pas aimer les moches. Ca c’est une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c’est que tu es toujours autant un extra-terrestre à mes yeux. Enfin, je suppose que tu devrais y être habitué. ». Sade leva les yeux au ciel. Ce gamin était fatiguant quand même. Il se demandait encore quelle idée avait-il eu de lui proposer de passer un peu de temps ensemble. Pourquoi, oui ? Amour fraternel… ouais, sûrement une connerie du genre. Il lâcha un petit soupir avant de se mettre de nouveau à rire. « Et elle, comment tu la trouve ? ». Sade se résigna alors à suivre du regard la jeune fille que Karim lui présentait.
Il fit une légère moue tout en se tournant vers son jeune demi-frère, avant de reposer son attention sur cette inconnue. Il la regarda avec attention, avec beaucoup d’attention (si vous voyez le genre), certainement pas de manière très discrète, mais cela Sade s’en fichait totalement. Il passa sa main sur son menton, comme pour réfléchir, avant de hocher la tête. « Tu vois si je n’avais pas mon crétin de frangin à côté de moi, à cet instant précis, je m’serai direct jeté sur l’occasion pour aller lui soutirer son numéro… » lâcha-t-il tout en continuant de hocher la tête. « Regarde-la ! Elle dégage un petit truc, tu n’trouves pas ? Elle a ce petit côté envoutant et mystérieux… ». Sade la suivit du regard, ne perdant pas une seconde de ce banal spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Une jeune femme qui devait avoir son âge qui baladait son chien dans un square, quoi de plus banal. « La muse parfaite » conclut-il alors.

Karim essayait d’élucider la grande question qu’il se posait depuis bien longtemps sur l’orientation sexuelle de Sade et sur ses goûts en matière de filles. En désespoir de cause, il lui avait montré un mec ce qui, bizarrement, avait déclenché une très longue tirade enflammée de la part de Sade. Il disait en gros que s’il était une fille, ce mec lui aurait plus parce que ça devait être tout ce qui plaisait aux femmes modernes. Il y avait une interrogation derrière cette dernière phrase et Karim répondit tout naturellement qu’il n’en savait rien. Les femmes faisaient pour lui parti d’un des grands mystères de cette planète. Sade devait être mieux au courant que lui à ce sujet, quelque part, il devait partager la même planète qu’elles. « Pardon ? Tu devrais t’intéresser à la psychologie des femmes, un conseil. Pas étonnant que ton seul rapport sexuel se résume à une partie de branlette devant ton pc. » Karim roula des yeux. Cela faisait bien longtemps que les amabilités de Sade ne l’atteignaient plus. Il pouvait bien dire ce qu’il voulait, le jeune homme n’en avait pas grand-chose à faire. Ce n’était que Sade après tout. Il lui donna alors une tape amicale sur l’épaule. « Désolé mec, mais tu ne devrais pas trop prendre ton cas pour une généralité. » Enfin soit.

Karim finit par baisser les armes et émit le constat qu’il n’arriverait jamais à comprendre l’alien qu’était Sade. C’était comme ça, il allait devoir s’y résoudre. Il s’en remettrait. Il fit quand même une dernière tentative en lui montrant une dernière fille. C’était surtout pour continuer à faire un semblant de conversation. Karim ne comptait pas sur Sade pour ça, le jeune homme n’était pas du genre très bavard et puis, comme ils n’avaient pas tellement de choses à se dire. « Tu vois si je n’avais pas mon crétin de frangin à côté de moi, à cet instant précis, je m’serai direct jeté sur l’occasion pour aller lui soutirer son numéro… » Karim laissa échapper un petit rire avant de rouler à nouveau des yeux. « Bah vas-y, je t’en prie, te gêne surtout pas pour moi. » Il s’en moquait complètement en fait. « Regarde-la ! Elle dégage un petit truc, tu n’trouves pas ? Elle a ce petit côté envoutant et mystérieux… » Bizarrement, ça n’étonnait même pas Karim que ce soit ce que Sade remarque comme ça. C’était tout à fait son genre… « La muse parfaite » Il n’y connaissait pas grand-chose en muse mais si Sade le disait, il voulait bien le croire. « Il n’empêche qu’en général, les gens qui se donnent cet air mystérieux là sont ceux qui sont le plus dépourvu d’intérêt. » C’était prouvé. « C’est valable pour les filles comme elle… et c’est aussi valable pour toi. » ajouta-t-il d’un ton moqueur. Il était plutôt fier de sa pique pour le coup.