Trevor & Sutton ❝ The truth is... I gave my heart away a long time ago, my whole heart... and I never really got it back. ❞

La plupart des personnes connaissant Sutton serait demandée par quel miracle –ou par quel malheureux hasard- elle avait atterri dans un quartier aussi loin que sa luxueuse Avenue. Elle était bien loin de la richesse de Park Avenue. Ses amis se seraient sans doute interrogé sur la raison de sa présence dans le Bronx. Oui, le Bronx. East Bronx qui plus est. On ne faisait pas plus reculé. Oh bien sûr, ça aurait pu être pire. Elle aurait pu se trouver dans South Bronx, plus malfamé et pauvre que le quartier dans lequel elle était. Mais qu’ils se rassurent, elle ne s’était ni faite enlevée, et elle ne s’était encore moins perdue. Elle était là, dans ce bar, parce que s’en était devenue une habitude. Quoique si son entourage savait ça, il serait définitivement inquiet.
Ce bar –Hell’s Night- elle y venait régulièrement depuis quelques mois. Elle l’avait connu par l’un des mecs de sa promo qui l’avait entendu jouer de la guitare. Il lui avait conseillé de se pointer ici –si elle osait quitter sa cage dorée- pour se produire, comme beaucoup d’inconnus. Inconnue, elle ne l’était désormais plus tant que ça. Elle jouait quasiment toutes les semaines maintenant. Certains savaient très bien d’où elle venait, d’autres non. Une gosse de riche qui se pointe dans leur quartier… L’accueil de certain avait été loin d’être des plus chaleureux, mais comme à chaque fois, elle finissait par se faire respecter. D’une manière ou d’une autre. Et puis il y avait ceux qui réfléchissaient un peu plus. Cette princesse avait surement une raison valable de fuir les dorures de son quartier, et de vouloir s’immerger dans ce qui ressemblait un peu plus à la vraie vie.

Une fois de plus, elle était assise sur cette scène, à jouer, pendant que les clients l’écoutaient. Elle n’avait pas vu le bar se remplir. Lorsqu’elle était arrivée, ils étaient peu nombreux. Ceux qui sortaient tôt du boulot, des maris qui venaient souffler entre le boulot et le moment ils allaient devoir franchir de nouveau le seuil de leur demeure où les attendaient leur femme inquiète et dépressive. Puis il y avait ceux, comme elle, dont on ne savait pas grand-chose, dont l’histoire restait floue, qui venaient seulement s’évader grâce à cette musique. Free Fallin’, c’est ce qu’elle jouait. De John Mayer. Un petit bijou qu’elle avait en tête depuis plusieurs jours. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour en retenir le rythme et les notes. Les paroles aussi. Mais comme à chaque fois, elle s’abstenait de chanter. Trop flippée à l’idée de faire entendre sa voix. She's a good girl, crazy 'bout Elvis, loves horses and her boyfriend too… ces mots s’enchainaient pourtant naturellement dans sa tête.
Elle n’en était même pas à la moitié de la chanson qu’elle le vit entrer. Trevor. Elle ne faisait pourtant pas attention au monde qui entrait et sortait. Mais lui, c’est comme si sa tête émettait une alarme lorsqu’il était à proximité. Ils s’étaient rencontrés ici, avec cette même guitare. Le genre de mec qui vous aborde parce que vous êtes plutôt mignonne, et qu’elle remballe en un temps record. Mais cette fois là, sans savoir vraiment pourquoi, elle s’était abstenue. Peut-être à cause de son regard, ses yeux irrésistibles. Ou son côté mystérieux. Elle ne savait pas vraiment.

Terré au fin fond des cuisines du restaurant dans lequel il travaillait, Trevor s’évertuait à envoyer les assiettes les unes après les autres, suivant les commandes que lui braillait son chef. Pour beaucoup, ce métier apparaissait comme stressant. En effet, il fallait faire fasse à un certain nombre de coups de bourre tout au long du service, mais aussi encaisser tous les ordres envoyés avec plus ou moins de diplomatie par le chef. Et pourtant, Trevor se trouvait particulièrement à son aise ici. Du petit coin de cuisine dans lequel il œuvrait, le jeune homme n’avait absolument aucune chance d’être en contact avec la clientèle. Et moins il avait à côtoyer de personnes différentes, mieux il se portait. Simple question de sécurité pour lui. Car quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse, l’italien n’oubliait pas qu’il était ici sous couverture. Trevor avait en effet changé d’identité avant de gagner les Etats-Unis, où il espérait définitivement tirer un trait sur son sombre passé de mafioso. Néanmoins, il n’était pas dupe et savait bien qu’un jour ou l’autre, quelqu’un le reconnaitrait. Les hommes de son père avaient du partir à sa recherche depuis déjà plusieurs mois, et il les connaissait assez bien pour se douter qu’ils finiraient par le retrouver, où qu’il soit. Alors la seule chose que Trevor recherchait ici, c’était de retarder un peu l’échéance, histoire d’avoir au moins connu une vie « normale » pendant quelques temps.

Une fois les derniers clients servis, Trevor se lança dans le nettoyage de son poste de travail, chose qui ne lui plaisait pas particulièrement mais qui faisait cruellement défaut à certain de ses collègues. Alors pour éviter d’empoisonner quiconque, le jeune homme se pliait à cette corvée malgré lui. Comme à son habitude, à peine fut-il libéré de ses obligations que l’italien enfila son manteau, plaça les écouteurs de son Ipod dans ses oreilles et s’enfonça dans l’obscurité et a fraicheur de la ville en ce début d’automne. Les mains enfoncées au plus profond de ses poches pour les maintenir au chaud, Trevor décida de regagner son quartier du Bronx à pieds. Et comme à chaque fois qu’il rentrait de cette façon, il ne put s’empêcher de s’arrêter dan ce petit bar où il avait ses habitudes, juste histoire de voir si l’ambiance était au rendez-vous et s’il valait donc la peine de s’y attarder.

La toute première personne qu’il remarqua entrant fut la jeune femme qui se tenait sur scène une guitare à la main, et pour cause. Cette fille n’était autre que Sutton, une musicienne que l’italien avait rencontrée quelques temps plutôt dans ce même bar, alors qu’elle se produisait devant un public conquis. Et ce n’est d’ailleurs pas Trevor qui aurait dit le contraire puisqu’il devait bien s’avouer qu’elle était particulièrement douée. S’installant donc au comptoir avec un large sourire, le jeune homme rejoignit les rangs des spectateurs.

Dès l’instant où Sutton se releva à la fin de son concert, Trevor fit de même pour se précipiter vers elle. Il la retrouva sur le côté de la scène alors qu’elle rangeait sa guitare et que la quasi-totalité des clients du bar étaient retournés à leurs conversations. L’italien décida donc de s’asseoir près d’elle sur le rebord de la scène en affichant un de ses sourires les plus charmeurs. « Pas mal ! Ca manquait peut-être un peu de… paroles. Mais pas mal du tout ! » Trevor la taquinait, mais il espérait secrètement qu’elle le comprenne car il avait tout bonnement adoré sa prestation.

J'ai genre UN PEU galéré pour répondre
Pardon Mais je voulais le faire

Sans vraiment qu’elle n’y fasse attention, sa chanson arrivait progressivement à son terme, jusqu’à ce que ses doigts ne jouent la dernière note. Elle n’aimait pas tellement s’éterniser sur scène face aux regards de son public d’un soir. Certes, ils aimaient les chansons qu’elle jouait, la façon dont elle les interprétait, mais elle ne se sentait pas plus à l’aise pour rester face à eux. Cependant, ce soir, elle releva la tête, sa guitare toujours entre ses mains, et son regard rivé vers Trevor, installé au comptoir. Elle se reprit finalement en main, lorsqu’elle vit une autre personne arriver sur scène. Sans doute, une autre pseudo artiste qui venait faire découvrir ses talents. Descendant de la petite scène, Sutton s’afféra alors à ranger ses affaires. Rapidement rejointe par Trevor, il s’appuya sur le rebord de la scène, l’observant ranger par la même occasion. « Pas mal ! Ca manquait peut-être un peu de… paroles. Mais pas mal du tout ! » Etait-ce un compliment ? La tête toujours plongée dans son rangement de guitare, elle ne put s’empêcher de rigoler. « Des paroles hein ? » dit-elle en relevant la tête vers Trevor. Chose qu’elle aurait peut-être dû s’abstenir de faire tant ses yeux avaient le don de la perturber. Prenant toutefois sur elle, elle fit comme si de rien n’était. « Dans ce cas, je t’encourage à me rejoindre à la prochaine… Je joue, tu chantes… Non ? » demanda-t-elle en rigolant. Qui sait, peut-être qu’il allait accepter. Mais elle ne se voyait franchement pas chanter devant ces gens. Ou devant n’importe qui d’autre en fait. Chanter, oui ça lui plaisait, oui on lui avait déjà dit qu’elle avait une jolie voix, mais ça s’arrêtait là. Pour la première fois, Sutton Webster-Monroe n’avait pas le cran de faire quelque chose. Elle était pourtant, rarement timide, mais ça… Non, définitivement, elle ne voulait pas. Ou n’osait pas. Chanter dans sa salle de bain, ou dans sa voiture, elle n’y voyait aucun problème. Tant qu’elle était seule et n’avait aucun public. Alors oui, Anton l’avait déjà entendu chanter deux ou trois fois, lorsqu’ils prenaient la voiture pour s’éloigner de Beverly Hills et s’enfoncer dans les terres. Là, c’était musique à fond, et chants sans se soucier vraiment d’une quelconque pudeur. Peut-être bien que Mia l’avait déjà entendu une fois. Sans doute dans le même genre de conditions. Mais ça en restait là. « Parce que franchement, chanter… J’suis pas sûre que ça soit mon truc ! » ajouta-t-elle en haussant les épaules. « Enfin… J’retiens le ‘pas mal’ » Un sourire s’afficha alors sur son visage. Ses affaires rangées, la jeune femme s’appuya à son tour sur la scène, à côté de Trevor. « Tu ne savais tellement pas quoi faire de ta soirée que t’es venu ici ? Ou alors tu ne pouvais passer une soirée de plus sans voir cette adorable musicienne… » lacha-t-elle en se désignant avant de rigoler. A vrai dire, la raison de sa venue lui importait peu, elle était plutôt contente de le voir. Perturbée mais contente. Elle appréciait vraiment sa compagnie. Malgré son aptitude à devenir quelque peu étrange lorsqu’elle avait l’impression qu’ils devenaient trop… proches. Sutton n’avait jamais réellement flippée à cause de la proximité d’un mec. Jusqu’à maintenant. Ou depuis Ronon, depuis son départ. Oh oui, elle avait eu d’autres mecs dans sa vie depuis. Une nuit, et puis fini. Comme ce bon vieux schéma qu’elle avait toujours suivi avant de le connaitre. Mais avec Trevor, il y avait quelque chose… Un quelque chose qu’elle n’arrivait pas à déterminer et qui la poussait dans ses retranchements.

Plus il y pensait, et plus la perspective de pouvoir s’entretenir à nouveau avec cette jeune musicienne le ravissait. Dans un sens, elle lui rappelait un peu le groupe de rock qu’il formait avec quelques amis à l’université. A première vue, elle n’avait pourtant pas grand-chose à voir avec eux, mais le simple fait de la voir se produire ainsi sur scène réveillait en lui de vieux et bons souvenirs. Sutton représentait tout simplement ce dont il avait toujours rêvé, et la carrière dont il se prenait à songer de temps en temps, encore aujourd’hui. Pourtant, au fond il savait que tout était foutu pour lui. Son destin, mais aussi et surtout son père en avaient décidé autrement. Sa vie à lui, c’était la mafia, les règlements de comptes et autres accords malpropres. Et même si aujourd’hui Trevor faisait tout ce qui était en son pouvoir pour s’éloigner de ça et se débarrasser de ses démons, il n’était pas dupe. Le jeune homme savait pertinemment qu’il resterait lié à jamais à l’organisation de son père et qu’un jour, le destin allait bien finir par le rattraper. Alors, être la cible de tous les regards en étant perché sur une scène, ce n’était définitivement pas la meilleure chose à faire pour lui. Jusqu’à la fin de sa vie, il se contenterait d’en rêver. Rien de plus.

En guise de première approche, Trevor choisit de taquiner Sutton à propos du manque de paroles de la prestation qu’elle venait de terminer. Ce n’était pas vraiment un reproche d’ailleurs… Juste une façon d’engager la conversation, et surtout de la faire sourire. Ce qui d’ailleurs fut une mission pleinement réussie. « Des paroles hein ? Dans ce cas, je t’encourage à me rejoindre à la prochaine… Je joue, tu chantes… Non ? »Pouvait-elle lire dans ses pensées aussi facilement ? Tout d’abord surpris par sa proposition, Trevor se reprit rapidement et afficha un nouveau sourire ravageur qui lui servait autant d’arme de séduction que de véritable bouclier. « JE chante ? Non, certainement pas ! A la limite, pour jouer, j’aurai pu t’aider. Mais je reste persuadé que question chant, tu es bien meilleure que moi ! » Il marqua une pause, puis reprit en arquant un sourcil et en pointant son index vers elle. « Et si tu te demandes comment je sais ça… Contente-toi d’imaginer le pire. Je ne ferai aucune démonstration. »

Trevor observa la jeune femme qui finissait de ranger ses affaires d’un air quasi-nonchalant, remuant son pied en rythme avec le musicien suivant qui commençait déjà sa prestation. C’est alors que Sutton se redressa pour venir s’installer près de lui, contre la scène, et déclara : « Tu ne savais tellement pas quoi faire de ta soirée que t’es venu ici ? Ou alors tu ne pouvais passer une soirée de plus sans voir cette adorable musicienne… » Immédiatement, l’italien éclata de rire. Cette fille avait de l’humour, de la répartie, et ce n’était pas fait pour lui déplaire. Bien au contraire. Alors, en adoptant un ton aussi provocateur que celui de Sutton, Trevor répondit : « Hm… à ton avis ? » Il lui décocha alors un regard en coin rempli de sous-entendus, suivi d’un sourire charmeur qui clôtura le suspense… ou presque. « La deuxième option, bien sûr ! » affirma-t-il alors en guettant la réaction de sa voisine d’un air amusé qu’il parvenait à peine à dissimulé. « Quoi que… maintenant que tu le dis… Je n’avais vraiment rien d’autre à faire ! » Trevor se contint à peine quelques secondes avant d’éclater de rire une nouvelle fois. Mais histoire de ne pas froisser la musicienne, il tint à se rattraper rapidement en lui proposant : « Je peux t’offrir quelque chose ? »

Lorsque Trevor lui avait gentiment indiqué que des paroles ne serait pas de trop, la jeune femme avait tout de suite su qu’il insinuait qu’elle devait chanter. Elle, pas lui. Ca, elle l’avait parfaitement compris. Mais pourquoi ne pas le taquiner un peu ? Et puis s’il s’avérait qu’il savait chanter, Sutton aurait alors gagné un chanteur et ça lui aurait épargné cette épreuve quelque peu douloureuse. Parce que oui, un jour ou l’autre, il faudrait bien qu’elle finisse par s’y mettre. « JE chante ? Non, certainement pas ! A la limite, pour jouer, j’aurai pu t’aider. Mais je reste persuadé que question chant, tu es bien meilleure que moi ! » Visiblement, son idée ne lui plaisait pas plus que ça. Dommage. Au moins, elle avait tenté. Elle était néanmoins sceptique, comment pouvait-il être si sûr qu’elle soit meilleure que lui ? Il marqua alors une pause avant de la pointer du doigt « Et si tu te demandes comment je sais ça… Contente-toi d’imaginer le pire. Je ne ferai aucune démonstration. » Un rire franc et sincère s’échappa de la bouche de la jeune femme sous les dernières paroles de Trevor. Elle n’avait aucun mal à imaginer le pire. Mais quand même, elle était curieuse de le voir chanter. Enfin, mieux valait pas essayer sur cette scène, sous peine de voir fuir tous les clients. Le proprio ne leur pardonnerait pas de si tôt ce petit incident. « Dommage… J’me faisais une joie de voir ça ! » dit-elle en fermant son sac de rangement, avant de se tourner vers Trevor, quelque peu moqueuse.

Curieuse de sa présence ici ce soir –ou alors cherchant simplement un sujet de conversation- Sutton ne tarda pas à lui demander la raison de présence dans leur bar de prédilection. « Hm… à ton avis ? » Elle haussa les épaules d’un air nonchalant alors qu’il lui lançait un regard empli de sous-entendus. Elle se mordit la lèvre inférieur en voyant son foutu sourire. Ce sourire charmeur et craquant auquel elle ne voulait justement pas cédé. A moins que ça ne soit déjà trop tard ? A vrai dire, elle préférait ne pas y penser. Elle se demandait parfois ce qu’elle avait fait au bon Dieu –en imaginant même qu’elle soit croyante- pour qu’il lui place un mec pareil sur son chemin. Etait-ce un espèce de jeu vicieux et sournois pour lui dire : regarde encore un potentiel, susceptible de briser ton pauvre petit cœur. Connard. Un jour elle prendrait sa revanche sur tout ça, sur ce grand couillon en haut ou sur le karma, peu importe l’intervention divine dont il était question. « La deuxième option, bien sûr ! » Un sourire amusé s’afficha sur les lèvres de la jeune femme même si elle doutait de la sincérité de cette réponse. A vrai dire, peu importe la raison, elle était plutôt contente de sa présence malgré sa capacité à agir quelque peu étrangement en sa présence. « Bonne réponse ! » « Quoi que… maintenant que tu le dis… Je n’avais vraiment rien d’autre à faire ! » Sutton afficha une mine vexée avant que Trevor ne puisse plus se retenir de rire. « Eh ! » lâcha-t-elle en lui donnant un léger coup de coude. C’était étrange cette manière qu’il avait de lui faire oublier ce qu’elle avait vécu ou tout ce qui les entouraient, tout en lui rappelant subtilement que la méfiance était de mise. Parce qu’il y avait toujours ce petit pincement, au fond d’elle, qui la faisait être sur ses gardes malgré la légèreté des moments qu’elle pouvait passer avec Trevor. En tout cas lorsqu’elle ne fuyait pas. « Je peux t’offrir quelque chose ? » La jeune femme fit mine de réfléchir pendant quelques instants avant de lui donner sa réponse. Mais là encore, c’était plutôt flou. « Je sais pas trop… J’ai presque été vexée… » précisa-t-elle, le regard dans le vide avant de se tourner vers Trevor et de rigoler. Passant sa main sur sa nuque, elle haussa finalement les épaules. « J’imagine que oui… Ça pourrait effacer ta dernière réponse ! » Un nouveau sourire fit son apparition sur son visage, à croire que ça venait naturellement en sa compagnie. D’un signe de tête en direction du bar, Sutton lui fit signe de le suivre.

désolée, c'est tellement nul ;___;

Trevor ne pouvait pas vraiment dire que le chant n’était pas son « truc ». En effet, il lui arrivait assez fréquemment de chanter histoire d’accompagner les morceaux qu’il grattait sur sa guitare. Mais la perspective de faire entendre sa voix à une assemblée entière ne l’emballait pas spécialement. C’est pourquoi l’Italien jugea plus prudent de faire croire à Sutton qu’il chantait aussi bien qu’une casserole, chose qu’a priori, elle goba sans se poser plus de questions. Il préférait de loin s’en tenir à ses capacités de musicien, qu’il comptait d’ailleurs bien valoriser un jour. Car même si tout un tas de chose avait bouleversé sa vie pendant plusieurs années, Trevor n’avait toujours pas perdu de vue son rêve. Celui de devenir musicien dans un groupe connu et reconnu, et d’enfin pouvoir vivre sa passion sans avoir à se cacher constamment. Bien sûr, tout cela n’était qu’un rêve et l’italien s’était préparé psychologiquement à ce qu’il ne se réalise jamais… Mais jusqu’à nouvel ordre, rien ne l’empêchait d’espérer.

En réponse aux insinuations de la jeune femme, Trevor opta pour l’humour, la provocation. C’était d’ailleurs ce qu’il faisait en général lorsqu’il se trouvait en face d’une fille qu’il voulait séduire. Certes, il ne s’agissait que d’un cloché de plus en ce qui concernait ses origines italiennes, mais il ne pouvait pas nier que cette attitude était d’une efficacité remarquable. En tous cas, elle ne l‘avait jamais déçu. « Eh ! » lâcha Sutton en lui flanquant un coup de coude alors qu’il prétendait n’avoir rien de mieux à faire. C’est donc en constatant que l’atmosphère était plutôt détendue, et que la jeune femme n’avait apparemment aucune raison valable de fuir que l’italien lui proposa un verre. Et à sa plus grande surprise Sutton ne refusa pas son offre, usant même à son tour d’une pointe d’humour pour l’inviter à la suivre jusqu’au comptoir. D’un air satisfait et amusé, Trevor s’empressa donc de fendre la « foule » derrière elle afin de rallier deux tabourets libres qui ne semblaient attendre qu’eux. Puis il s’installa, et prit les devants en haranguant le premier serveur qui se présentait. Laissant Sutton passer commande la première, Trevor demanda ensuite une bière. A vrai dire, il aurait préféré un whisky, mais son portefeuille plutôt léger ces temps-ci lui avait soufflé de ne pas céder à la tentation.

A peine le serveur fut-il retourné que le regard du jeune homme se reposa sur Sutton. Et immédiatement, Trevor repensa à la proposition qu’elle lui avait faite. Elle n’était certainement pas sérieuse sur le coup, mais à bien y réfléchir, elle pouvait néanmoins être intéressante. « T’étais sérieuse quand tu disais que je pourrai te rejoindre ? Pour jouer je veux dire… Parce que… si c’est le cas… on pourrait peut-être s’arranger… »

Malgré les nombreux talents de musicienne qu’elle possédait, Sutton n’avait jamais réellement envisagé de se lancer dans une quelconque carrière musicale. Elle avait appris le piano dès son plus jeune âge, le violon à 8 ans et la guitare deux ans plus tard. Son père adoptif était un féru de musique, et un véritable virtuose en ce qui concernait le piano. C’est comme ça qu’elle avait commencé. Et il s’était avéré qu’elle aussi, malgré qu’ils n’aient absolument pas les gênes, avait un don pour la musique. Elle développa tout aussi rapidement une capacité à vouloir être la meilleure dans tous les domaines. Et ce fut pour cette raison qu’elle enchaina toutes sortes d’activités. Etait-ce un des traits de personnalité de tout enfant adopté ? Ou seulement la forte personnalité de la jeune femme se manifestant dès son plus jeune âge ? Vouloir être la meilleure, être remarquée, admirée… Chez elle, ça avait commencé tôt. Alors peut-être était-ce un truc d’enfant adopté, à vouloir prouver qu’elle valait autant que leurs enfants biologiques… Sauf que bien rapidement ce ‘autant’ c’était transformé en ‘je vaux mieux ‘. Sans doute était-ce même l’une des raisons de la mésentente entre Sutton et sa sœur, Bryanna. A vrai dire, peu importe la raison de sa quête de perfection, ça l’avait amené là où elle était aujourd’hui : une jeune femme en apparence forte et sûre d’elle, regorgeant d’un nombre de ressources indénombrables ainsi que de multiples facettes. Cependant, pas une seule fois elle ne s’était vue faire carrière dans la musique. Oui elle aimait ça, mais non elle ne se lancerait pas dans cette industrie. Et pourtant, elle avait sans doute tout pour réussir en plus de ses talents de musicienne : elle avait les fonds nécessaires, un physique non négligeable et un entourage prêt à la faire percer.

Pendant des années le seul être vivant l’ayant entendu jouer était sa chienne, Chanel. Puis Anton, Mia & Peter. Et voilà qu’elle jouait désormais dans un bar devant des inconnus. Il n’y aurait cependant pas de prochaines étapes à jouer dans une salle mondialement connu, sortir des disques et tout ce qui s’en suivait. Elle jouait pour elle, et seulement pour elle. Une manière personnelle de faire passer ses émotions et états d’âme. Elle était sans doute plus douée à les faire passer de cette manière qu’à réellement en parler de but en blanc.
Suivie de près par Trevor, les deux musiciens prirent finalement place au comptoir. Un serveur arriva rapidement sous l’appel du jeune homme pour prendre leur commande. Ce n’était définitivement pas le genre de bar où on buvait des cosmo et le whisky semblerait quelque peu étrange. Elle aussi opta finalement pour une bière. Une fois le serveur repartir la jeune américaine sentit le regard de Trevor posé sur elle. Elle tourna alors la tête pour se retrouver face à ses yeux azur. « T’étais sérieuse quand tu disais que je pourrai te rejoindre ? Pour jouer je veux dire… Parce que… si c’est le cas… on pourrait peut-être s’arranger… » Un sourire s’installa sur ses lèvres en écoutant Trevor. « Pourquoi pas ? » lâcha-t-elle en haussant les épaules. « J’peux pas le nier, t’es doué. » ajouta-t-elle avec un léger sourire en coin. « Et puis… je pense que ça pourrait être vraiment sympa… Puis qui c’est, finalement tu te trouveras peut-être un don pour la chanson aussi ! » lança-t-elle avant de rigoler

Tout bien réfléchi, la proposition qu’il avait prit à la rigolade un peu plus tôt dans la soirée s’avérait bien plus intéressante que ça. Le fait de collaborer avec Sutton avait ses avantages, indéniablement. En effet, elle était plus que séduisante et Trevor saurait à coup sûr en tirer profit. Mais bien plus que ça, ils étaient en train de parler musique. Et tous ceux qui connaissaient le jeune homme de près ou de loin pouvaient l’assurer : il s’agissait bien là de sa passion première. Devenir musicien avait toujours été son rêve le plus profond et encore aujourd’hui, malgré tout ce qu’il avait vécu, Trevor nourrissait toujours un maigre espoir que cela devienne possible, même si cette potentielle carrière serait certainement éphémère. Quoi qu’il en soit, même si elle se donnait des airs traduisant qu’elle s’en fichait, Sutton parut plutôt enthousiaste à l’idée de le voir jouer avec elle. « Et puis… je pense que ça pourrait être vraiment sympa… Puis qui c’est, finalement tu te trouveras peut-être un don pour la chanson aussi ! » lâcha-t-elle presque innocemment avant de se mettre à rire.

Trevor s’efforça de rester de marbre, se contentant de braquer un regard faussement noir en direction de Sutton qui riait toujours autant de sa blague. Mais les efforts que cela lui demandait étaient bien trop importants, et l’italien n’eut d’autre choix que de se mettre lui aussi à sourire. « Ne compte pas trop là-dessus… D’ailleurs, rien d’officiel hein ! C’était juste une proposition comme ça… je sais même pas si j’aurai le temps ! » ajouta-t-il tout de même pour tempérer un peu les choses. Il avait beau crever d’envie de monter sur scène, Trevor n’en oubliait pas pour autant qu’il devait rester discret. Alors même si ce bar n’était pas un des plus fréquentés de la ville, il tenait à rester sur ses gardes. Il savait que le moindre faux pas lui coûterait cher, très cher. Il n’était donc pas question d’agir n’importe comment sans songer aux conséquences que tout cela pourrait avoir. « Mais… je suis content que tu acceptes… » ajouta-t-il en arborant un faux air provocateur. « C’était plutôt inespéré en fait ! » Nouveau regard en coin vers Sutton, puis Trevor afficha un sourire avant de s’expliquer : « C’est vrai, d’habitude j’ai plus l’impression que tu fais tout pour me fuir, que tu me repousses constamment et là… y’a du progrès, non ? » Même s’il avait prononcé tous ces mots l’air de rien, Trevor n’en attendait pas moins quelques éclaircissements quant au comportement de la jeune femme. Car effectivement, c’était bien la première fois qu’elle se montrait aussi réceptive à une de ses idées, et qu’elle ne tentait pas par tous les moyens de le planter là pour ne pas finir la soirée avec lui. Quelque chose l’intriguait définitivement chez cette fille, et ce soir, il avait bien l’intention de trouver de quoi il s’agissait.

Sutton ne pouvait pas s’empêcher de le taquiner sur son hypothétique talent de chanteur, lui précisant qu’elle attendait de le voir sur scène. Bien rapidement, ce fut Trevor qui fut nettement moins emballé par l’idée de monter sur scène, essayant de calmer l’ardeur de Sutton pour cette idée. « Ne compte pas trop là-dessus… D’ailleurs, rien d’officiel hein ! C’était juste une proposition comme ça… je sais même pas si j’aurai le temps ! » La jeune femme fit un non catégorique de la tête avant de boire une gorgée de la bière que venait d’apporter le serveur. Reposant alors le verre, elle s’apprêta à s’expliquer. « Tu rêves ! C’est officiel. » Elle qui tentait constamment de le fuir semblait désormais plutôt réticente à l’idée de le voir se défiler. « Tu sais pas à qui t’as à faire… » lança-t-elle avec tout le sérieux dont elle était capable avant de rigoler face à ses conneries. « Mais… je suis content que tu acceptes… » Elle lui sourit alors en guise de réponse, avant d’être intrigué par son air quelque peu provocateur. « C’était plutôt inespéré en fait ! » Elle fronça les sourcils, n’étant pas sure de comprendre où il voulait en venir. Comment ça inespéré ? Elle ne tarda pas en avoir l’explication. « C’est vrai, d’habitude j’ai plus l’impression que tu fais tout pour me fuir, que tu me repousses constamment et là… y’a du progrès, non ? » Sutton manqua de s’étouffer avec sa bière. S’il y avait bien une chose à laquelle elle ne s’attendait pas, c’était bien celle-ci. Etait-elle donc si peu discrète ? Puisque visiblement Trevor avait remarqué qu’au cours des dernières semaines elle s’était faite fuyante. A vrai dire, depuis leur rencontrer. Dès qu’il lui proposait quoique ce soit qui aurait pu faire s’éterniser la soirée, elle inventait un quelconque prétexte –ou ne s’en donnait d’ailleurs parfois pas la peine- avant de filer se réfugier dans son appartement. Bon effectivement, la jeune Californienne était loin d’être la femme la plus subtile de la ville. Sans doute même de l’état, mais elle ne pensait définitivement pas qu’il l’aurait… autant remarqué que ça. Qu’allait-elle bien pouvoir lui répondre ? ‘Je suis désolée tu me rappelles mon ex qui n’est pas vraiment mon ex, et il y a quelque chose chez toi qui me pousse à ne pas te faire confiance même si j’en meurs d’envie. Tout comme je meurs d’envie de te sauter dessus depuis le premier jour où on s’est vu.’ Non, ce n’était définitivement pas la meilleure chose à sortir. De un, parce qu’elle allait le comparer à Ronon, et de deux parce qu’il allait la prendre pour une véritable cinglée. Et peut-être à raison. Seulement lui sortir l’excuse bidon de la femme moderne très occupée était loin de réellement lui convenir. Elle ne foutait rien de ses journées, ou du moins plus grand-chose depuis quelques temps. Et surtout, c’était loin d’être la véritable raison. Il était peut-être temps qu’elle arrête de se défiler. Mais pour lui dire quoi ? Elle se retint tout autant de ne pas lui dire ‘vois pas de quoi tu parles’ avant de prendre la porte assez rapidement. Mais autant lui confirmer clairement ses dires dans ce cas là. « Hum. » finit-elle par lacher après quelques instants. Vraiment intéressant. Et très instructif. « On peut voir ça comme ça… enfin pour le progrès je veux dire. » Mieux, beaucoup mieux : elle avait réussi à articuler une phrase presque cohérente. Elle porta son attention sur sa bière, trouvant soudainement le jeu des bulles de gaz dans le liquide ambré, étrangement fascinant. Brusquement elle tourna alors la tête vers Trevor pour se retrouver face à son regard azur. « Ecoute… J’te fuyais pas vraiment. Enfin si mais… je t’apprécie. Vraiment hein. C’est juste que… » elle soupira avant d’ajouter « J’suis vraiment naze pour donner des justifications. » Sutton avait pourtant assez rarement de mal à dire à un homme qu’il lui plaisait. Subtilement ou non. Mais là, avec Trevor, elle avait quelque peu du mal à se mettre à nu et à lui avouer qu’il lui plaisait et que c’était d’ailleurs ça la raison de sa fuite habituelle.

Trevor appréciait la présence de Sutton à ses côtés, et c’est précisément à cause de ça qu’il avait remarqué qu’en général, elle fuyait à chacune des propositions qu’il pouvait lui faire. C’est donc sans aucune scrupule, et même avec une pointe d’ironie qu’il aborda le sujet, scrutant la moindre des réactions d el a jeune femme. Et très vite, il réalisa qu’il avait touché un point sensible. L’embarras de Sutton était clairement visible, et sans pour autant s’en délecter, Trevor appréciait tout de même le fait d’avoir vu juste. Le jeune homme profita de cet énorme moment de flottement pour engloutir quelques gorgées supplémentaires de bière, sans lâcher du regard sa voisine de comptoir. L’italien était sincèrement curieux de connaitre les raisons qui poussaient Sutton à le fuir. En effet, elle ne connaissait rien de son passé houleux et n’avait donc a priori aucune raison valable d’avoir « peur » de lui. Pour Trevor, tout cela constituait une sorte de test quant à l’effet que sa nouvelle identité faisait sur la gente féminine.

Lorsque la jeune femme daigna enfin reprendre la parole, l’italien reporta un regard intéressé sur elle, sans pouvoir quitter ce petit sourire qi étirait ses lèvres depuis un on moment. « Ecoute… J’te fuyais pas vraiment. Enfin si mais… je t’apprécie. Vraiment hein. C’est juste que… J’suis vraiment naze pour donner des justifications. » Trevor commença par hausser un sourcil aussi surpris qu’amusé, avant de retrouver le sourire et de secouer la tête. « Ah oui ? » murmura-t-il en adoptant presque malgré lui une voix des plus suaves. Dans le même temps, il s’approcha un peu plus de Sutton, et planta son regard azur dans les yeux de la jeune femme, histoire de ne lui laisser aucune autre issue que l’aveu qu’il attendait depuis le début. « C’est pas compliqué pourtant… La vérité me suffira… » ajouta-t-il finalement en cultivant un air énigmatique. A bien y réfléchir, la situation était un peu paradoxale. En effet, la vérité n’avait jamais été le maitre mot pour Trevor, et ce bien malgré lui. Par le passé, il avait été contraint d’être aussi malhonnête que son père, et était d’ailleurs passé maitre dans l’art de mentir. Mais, du mieux qu’il pouvait, l’italien essayait désormais de redevenir quelqu’un de droit et honnête. Et puis après tout, Sutton n‘était pas censée savoir qu’il avait été le pire des manipulateurs quelques mois auparavant…

Trevor ne semblait pas se satisfaire de son explication. A vrai dire, elle n’était pas sure de pouvoir s’en satisfaire si les places avaient été inversées. Seulement c’était le mieux qu’elle avait pu sortir. Ou qu’elle avait voulu avouer. « Ah oui ? » demanda-t-il alors face à ses paroles. Non définitivement, elle avait toujours eu du mal à mettre des mots sur ses sentiments ou ressentiments, et même lorsqu’elle les trouvait, il était loin d’être aisé pour elle de les faire franchir le seuil de sa bouche. Sutton se retint de ne pas se reculer vivement lorsqu’elle le vit s’approcher d’elle. Une sorte d’alarme venait de se déclencher dans sa tête, comme lors de leurs entrevues précédentes. Du genre, danger, fuyez pour sauver vos vies. Toutes mesures gardées évidemment. Là, face à lui, et à son foutu regard azur qu’elle maudissait autant qu’elle appréciait, elle avait l’impression de n’avoir aucun échappatoire, aucune porte de sortie. « C’est pas compliqué pourtant… La vérité me suffira… » Et bah c’était bien là le souci. « Hum. C’est toi qui le dit. » Une des autres raisons pour lesquelles Sutton avait dû mal à se justifier était qu’elle n’avait tout simplement jamais besoin de le faire. Elle ne s’en sentait jamais obligée. Les gens se contentaient du peu qu’elle leur donnait ou bien ils allaient se faire. Elle n’avait jamais trouvé le besoin de se justifier. Du moins avant. Lorsqu’elle était encore en Californie. Lorsqu’elle était cette petite garce égocentrique que beaucoup de monde redoutait. Maintenant ? Elle avait quelque peu changé, s’éloignant du stéréotype de la belle plante riche totalement égocentrique et insupportable. Un peu, pas totalement. Les miracles n’existent pas. Et puis c’est comme ce qui était de la vérité… A ses yeux, il y avait une vérité absolue et une relative… Evidemment, de sa bouche ne sortait que la relative. Celle qui l’arrangeait, celle qui omettait certains détails pouvant avoir leur importance. Ca encore, c’était lorsqu’elle était à l’autre bout du pays. New-York l’avait changé. Et plus particulièrement les gens qui y habitaient. Comme Peter, Mia ou encore Ronon. Ils l’avaient changé, qu’elle le veuille ou non. Ils l’avaient rendu meilleur, elle s’en apercevait maintenant. Seulement, elle ne s’était pas réellement habituée à tous ces changements à ce qu’ils impliquaient. La vérité… Notion immense qu’elle découvrait à peine.
La jeune femme attrapa alors sa bière, la portant à ses bières, engloutissant gorgée sur gorgée. Après avoir descendu la moitié de son verre, elle le reposa, reportant son attention sur Trevor. Son regard était encré de celui du beau brun, elle n’arrivait à s’en détacher. Peut-être même espérait-elle voir une once d’espoir qui lui dirait qu’il se foutait d’elle et qu’il n’attendait pas réellement d’explications. Mais elle y vit tout le contraire. Il attendait sa justification depuis un moment, et visiblement il n’en démordrait pas tant qu’il ne l’aurait pas obtenu. Un soupir de résignation s’échappa des lèvres de Sutton. Elle avait l’impression de perdre à un jeu qu’elle avait inventé. Ne pas céder. Ne jamais céder. Toujours trouver une parade. A croire qu’à force de vivre sur la Côte Est, elle finissait par réellement se ramollir. « Tu me plais. » lacha-t-elle finalement impassible. Du moins, autant qu’elle arrivait à le paraitre à cet instant. « Mais… Il y a ce truc qui se déclenche des fois… C’est pour ça que je fuis. » Elle sourit alors. Plus à elle-même que réellement amusée par la situation. « Une sorte d’alarme parce que ça pourrait devenir trop dangereux. Pour moi. » Le monde à l’envers. Depuis quand avait-elle peur de quoique ce soit ? Depuis Ronon. C’était toujours la même réponse, la même personne. « Satisfait ? » demanda-t-elle avant de prendre une autre gorgée de bière, évitant ainsi d’être trop plongée dans ses yeux.

Quitte à la torturer un peu, Trevor ne comptait pas lâcher Sutton du regard jusqu’à ce qu’elle lui avoue ce qu’il attendait. A vrai dire, même s’il avait déjà une petite idée, le jeune homme ne savait pas trop à quoi s’attendre, justement. Mais il avait déjà vu cette même expression sur le visage d’une fille, cette espèce de gène d’une fille à la rechercher d’explications, mais qui ne veut pas avouer ce qu’elle a réellement sur le cœur. Dans un sens, et sans trop savoir pourquoi, l’italien trouvait cela attendrissant. En bon italien qui se respecte, et plutôt mignon de surcroit, Trevor pouvait se vanter d’avoir un nombre de conquêtes relativement élevé. Cependant, il devait avouer que Sutton lui avait tapé dans l’œil à l’instant même où il l’avait croisée et même s’il n’avait pas forcément envisagé de la mettre dans son lit un jour, le fait qu’elle agisse de la sorte lui apportait tout de même une petite fierté. Sans broncher, il attendit donc qu’elle finisse par se dépatouiller avec son esprit et ses contradictions, et qu’elle se lance enfin : « Tu me plais. » Le mot était dit, et immédiatement, un sourire prit place sur le visage de Trevor qui ne détourna pas son regard d’elle pour autant. Il en attendait plus, et Sutton ne semblait d’ailleurs pas en avoir fini avec lui.

« Mais… Il y a ce truc qui se déclenche des fois… C’est pour ça que je fuis. Une sorte d’alarme parce que ça pourrait devenir trop dangereux. Pour moi. » Cette fois, le jeune homme se montra bien plus intéressé et attentif aux explications de sa voisine. Et soudain, une crainte s’insinua dans son esprit. En parlant de dangerosité, pouvait-elle faire référence à lui et à son passé de mafieux ? Savait-elle qu’il était ici en sursis, prêt à être rattrapé par les hommes de son père à tout moment ? Trevor ne put s’empêcher de froncer les sourcils d’un air inquiet, et passant toutes les hypothèses possibles dans son esprit. Mais il en arrivait toujours à la même conclusion : il était impossible qu’elle sache quoi que ce soit à propos de son passé. Personne ici n’était au courant à part Ashton, et encore. Même elle ne savait qu’une infime partie de ce qu’il avait à cacher. Alors même si les deux femmes se connaissaient, le fait qu’Ashton ait pu divulguer son secret aussi facilement lui paraissait tout bonnement inconcevable. Histoire de ne pas trop éveiller les soupçons, l’italien se rasséréna rapidement, et afficha un nouveau sourire lorsque Sutton lui demanda s’il était satisfait par ce qu’il venait d’entendre. « Oui et non… » répondit-il en faisant mine de réfléchir. Il marqua ensuite un longue pause, avant de hausser les épaules en constatant : « J’ai la réponse que je voulais, mais tu avoueras qu’elle n’est pas très engageante… ! »

Reportant son attention sur sa bière, l’italien en bu quelques gorgées tout en repensant à ce que Sutton venait de lui « expliquer ». Et soudain, une explication des plus plausibles, mais aussi beaucoup plus rassurante pour lui, traversa son esprit. Le plus naturellement du monde, il s’autorisa donc à demander : « Tu as déjà quelqu’un et tu ne veux pas qu’il sache ? C’est pour ça que je suis "dangereux" ? » lâcha-t-il en insistant bien sur son dernier mot.

Et voilà, Sutton venait d’avouer à Trevor qu’il lui plaisait. Et elle considérait cela comme un problème, encore plus depuis qu’il affichait ce sourire. Un sourire ravi de savoir qu’il lui plaisait. Elle lui demanda finalement s’il était satisfait. Non pas par sa réponse, mais du fait qu’elle ait réussi à le lui dire. « Oui et non… » Sutton ne put s’empêcher de froncer les sourcils, ne voyant pas en quoi sa réponse n’était pas satisfaisante. A vrai dire, elle n’était pas franchement habituée à être questionnée ainsi. Trevor reprit de lui-même. « J’ai la réponse que je voulais, mais tu avoueras qu’elle n’est pas très engageante… ! » La jeune californienne esquissa un sourire malgré elle.

Tous deux reportèrent alors leur attention sur leur bière. Sutton avait quasiment fini son verre à force de boire dès qu’elle avait quelque peu du mal à répondre aux questions de Trevor. A croire qu’il la cherchait sérieusement. « Tu as déjà quelqu’un et tu ne veux pas qu’il sache ? C’est pour ça que je suis "dangereux" ? » Sutton ne s’attendait tellement pas à ce qu’il lui demande quelque chose comme ça qu’elle ne put s’empêcher de rigoler. Un rire franc et spontané comme elle n’en avait pas eu depuis longtemps. « Non ce n’est pas pour ça. » dit-elle en secouant la tête négativement. Il y avait bien Aleksei et son sourire irrésistible. Il avait beau être son psy, il la faisait littéralement craquer. Mais elle n’avait pas ‘quelqu’un’ à proprement parler même si le brésilien occupait une plus grande place dans sa vie que ce qu’elle ne voulait bien admettre. Et même si c’était le cas, ce n’était pas vraiment pour cette raison qu’elle le considérait comme dangereux. A vrai dire, ça n’avait rien à voir du tout. « Tu vois j’ai… un merveilleux don qui me permet de savoir, ou du moins d’avoir une vague intuition, quand les gens cachent quelque chose ou quand ils ont un lourd passé… » commença-t-elle assez vague. A vrai dire, il ne s’agissait pas d’un don à proprement parlé, mais plutôt d’une forte intuition à laquelle elle avait appris à se fier. « Et bizarrement… Tu me rappelles vraiment quelqu’un. Un ex à vrai dire. » Son regard s’assombrit aussitôt, comme à chaque fois dès qu’elle mentionnait Ronon. « Je sais, c’est pas la meilleure chose à dire… Enfin bref… Il avait un lourd passé. Mais j’ai toujours été du genre à sauter tête la première tu vois ? » Dit-elle sans réellement attendre de réponse. « A foncer tête baissée sans réfléchir. C’est tout ou rien. Pas à moitié, pas… petit à petit. » Attrapant une nouvelle fois son verre, elle le finit en deux gorgées. Elle n’avait pas mis le doigt sur le truc en question dont elle parlait à Trevor, puisque de toute manière, elle fuyait dès qu’il voulait l’approcher, mais elle ne pouvait ignorer cette petite voix. Elle avait eu la même avec Ronon, cette voix qui lui disait qu’il avait un trop gros passé. Elle avait pourtant fait avec, et ce passé les avait plus ou moins rattrapé. « Mais maintenant… J’fais les choses différemment. Un peu comme pour… se protéger tu sais… » finit-elle en haussant les épaules. Sutton ne voyait pas comment lui expliquer les choses autrement. Elle avait conscience que c’était peut-être un peu confus, mais c’est comme ça que les choses lui étaient venues. Elle avait trop souffert par le passé, en fonçant tête baissée et se plongeant à corps perdu dans ses relations, alors elle tentait de changer pour se protéger. C’était loin d’être évident puisque ça avait toujours été sa manière de faire. Mais elle savait que c’était pour le mieux.

j'suis désoléééée, c'est nul ;__;

Décidément, la situation devenait bien plus intéressante que ce que Trevor avait escompté en entrant ici ce soir. Sa première surprise avait été de tomber sur Sutton, et c’est d’ailleurs sa présence qui l’avait poussé à s’installer et à finir sa journée de boulot dans ce bar. Mais à présent, voilà que la jeune femme se confiait à lui, et pas sur n’importe quel sujet ! Un sujet qui l’intéressait tout particulièrement puisqu’il s’agissait de… lui. Sutton venait tout simplement de lui avouer qu’il lui plaisait, et Trevor ne pouvait s’empêcher de ressentir une sorte de fierté. Pour l’italien qu’il était, le fait de séduire une fille aussi jolie qu’elle était toujours une petite victoire, une certaine satisfaction qu’il prenait le temps de savourer en souriant. Mais évidemment, le simple fait de lui plaire aurait été trop banal, et la jeune femme ne tarda pas à ajouter un peu de difficulté à l’équation. {Hahaha, spéciale dédicace aux équa dif !} Si elle lui donnait l’impression de le fuir depuis le premier jour, c’était en raison de la potentielle dangerosité du jeune homme. Et cette simple évocation fit tiquer l’italien. Si seulement elle savait… Si seulement elle l’avait connu ne serait-ce que quelques mois auparavant. Là, elle aurait pu parler de véritable danger ! Mais pour le coup, Trevor n’était pas certain de comprendre ce qu’elle entendait par là, et c’est pour cela qu’il tenta une vaine explication. « Non ce n’est pas pour ça. Tu vois j’ai… un merveilleux don qui me permet de savoir, ou du moins d’avoir une vague intuition, quand les gens cachent quelque chose ou quand ils ont un lourd passé… » répondit-elle, ce qui eut pour effet d’inquiéter encore davantage son interlocuteur. Etait-elle en train de jouer avec ses nerfs là ? En parlant de lourd passé, elle ne pouvait pas mieux tomber ! Et cette précision dans tout ce qu’elle racontait attisait réellement la curiosité mais aussi l’anxiété de Trevor. Pourtant, il prit sur lui pour se taire et écouter sagement la suite de son récit.

L’italien garda ses yeux plantés dans ceux de Sutton pour faire comme s’il était attentif, alors que tout un tas de réflexions intérieures venaient le distraire. Du discours de la jeune femme, il ne retint d’ailleurs que quelques éléments. Notamment le fait qu’il lui rappelle un ex, et qu’elle avait aujourd’hui décidé de changer, pour mieux se protéger. En constatant qu’elle avait terminé, Trevor hocha vigoureusement la tête, avant de froncer les sourcils et de reprendre : « Attends attends… si j’ai tout compris, tu penses que j’ai un lourd passé ? Qu’est-ce qui te fait dire ça au juste ? Est-ce que j’ai une tête de… criminel ou quoi que ce soit d’autre ? » demanda-t-il en plissant les yeux, montrant ainsi son intérêt poussé pour la réponse qui allait suivre. Sans le savoir, Sutton venait de mettre le doigt sur un point sensible et la situation qui au début lui paraissait amusante, se transformait pour Trevor en un épisode bien plus intéressant, presque un moment de vérité.

Maiiiiiis non !
Hé il faudra qu'on se débrouille de se croiser un jour, je sais plus ce qu'on avait dit à propos de ce RP

Sutton ne se serait jamais doutée que sa séance musicale dans son bar fétiche du Bronx se terminerait en pseudo séance psychologique, ou chacun de ses mots et sentiments se devaient d’être analysés. Elle ne s’était définitivement pas imaginé avouer à Trevor qu’elle le trouvait plus que séduisant, et encore moins devoir répondre à ses questions, toutes plus pointilleuses les unes que les autres. Se devait-il d’analyser autant ses réactions ? Ca la rendait plutôt mal à l’aise en fait. Jamais elle n’avait été au centre de ce genre d’attention. Pas de cette manière, et c’était assez étrange. Seulement depuis quelques minutes, c’était Trevor qui semblait plonger dans ses pensées, comme perturber par les paroles de la Californienne. « Attends attends… si j’ai tout compris, tu penses que j’ai un lourd passé ? Qu’est-ce qui te fait dire ça au juste ? Est-ce que j’ai une tête de… criminel ou quoi que ce soit d’autre ? » Une fois de plus la jeune américaine ne put s’empêcher de rigoler. Cette conversation avec Trevor devenait de plus en plus drôle. « Non non, c’est pas c’que j’ai voulu dire. Enfin… Maintenant que tu le dis… Peut-être bien que oui ! » lança-t-elle taquine. « Je parlais plus d’un lourd passé d’un point de vu… Emotionnel. Comme si t'avais quelque chose à cacher. Et encore… Je dois avouer avoir du mal à m’expliquer là-dessus. » ajouta-t-elle en fronçant les sourcils. Elle se doutait bien que son explication était loin d’être satisfaisante mais elle avait réellement du mal à expliquer ce qu’elle ressentait, à rationaliser et mettre des mots sur ce qu’on pourrait qualifier d’intuition. « T’as jamais eu d’intuition ? Enfin vois ça comme une intuition féminine. Le genre qui nous dit qu’à un moment donné on pourrait s’en mordre les doigts. » dit-elle en haussant les épaules. « J’ai rarement écouté cette intuition sauf… dernièrement. Mais je suis partagée. C’est dur d’aller contre ses habitudes parfois… » expliqua-t-elle en jouant avec son verre, le faisant tournoyer entre ses doigts. D’un geste de la main Sutton appela le barman une nouvelle fois. Elle avait besoin de quelque chose de plus fort. Une fois l’employé à sa hauteur, la jeune femme commanda un cosmo avant de reporter son attention sur Trevor. « Quand j’te regarde, j’ai dû mal à écouter cette intuition. Ton regard j’imagine. Ou ton foutu sourire. » Le barman posa alors sa commande sur le comptoir, et elle le remercia poliment pour retourner à sa conversation. Le sourire et le regard de Trevor étaient le genre de choses qui ne devraient pas être considérées comme légales. Elles étaient susceptibles de causer beaucoup trop de dommage. Visiblement, dire ce qu’elle pensait devenait moins compliqué, plus naturel, même si elle n’arrivait pas toujours à trouver les bons mots. Comment lui faire comprendre que son sourire était craquant à un point qu’il était loin d’imaginer, mais qu’au fond de son regard, il y avait ce quelque chose qui alertait Sutton, qui lui disait qu’il valait mieux partir maintenant avant que ça ne soit trop tard. « … mais à d'autres moments… » laissa-t-elle en suspens avant de sourire légèrement. Elle porta son verre à ses lèvres, buvant une gorgée de sa nouvelle boisson. Se tournant vers Trevor, elle rapprocha son tabouret du sien. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. « T’es une énigme Trevor. » Elle le pensait vraiment. Sutton était plus douée pour cerner les gens, décidant ensuite si oui ou non elle suivait son instinct… Mais avec Trevor, c’était un peu plus compliqué. « Criminel ou pas. » lacha-t-elle en rigolant.

Sans vraiment s’en rendre compte (du moins c’est ce qu’il espérait), Sutton avait mis le doigt sur un point sensible pour Trevor : son passé. S’il avait atterri à New-York, c’était précisément pour l’oublier alors autant dire que le fait d’en parler avec Sutton était tout bonnement inenvisageable. De toute façon, son passé était bien trop lourd à porter pour pouvoir l’étaler devant n’importe qui, encre moins dans un bar rempli d’ennemis potentiels. Alors, l’italien préféra éclaircir la situation en lui demandant plus de précisions, sans trop se découvrir pour autant. Et à son plus grand soulagement, la jeune femme se mit à rire en répondant : « Non non, c’est pas c’que j’ai voulu dire. Enfin… Maintenant que tu le dis… Peut-être bien que oui ! » plaisanta-t-elle tout de même sous le regard faussement indigné de Trevor. Sans le savoir, elle avait réussi à lui faire une belle frayeur ! Mais avant même que Trevor puisse être totalement rassuré, Sutton renchérit : « Je parlais plus d’un lourd passé d’un point de vu… Emotionnel. Comme si t'avais quelque chose à cacher. Et encore… Je dois avouer avoir du mal à m’expliquer là-dessus. » Cette fois, l’italien baissa les yeux en déglutissant. Avait-elle un sixième sens ou quelque chose de ce genre ? Elle lui parlait d’intuition féminine et de tout un tas de choses que Trevor ne pourrait probablement pas comprendre. Il joua nerveusement avec son verre pendant quelques instants, puis releva finalement un regard rieur vers elle, prêt à lui souffler de ne pas écouter son intuition. Mais avant même qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Sutton le devança. « Quand j’te regarde, j’ai dû mal à écouter cette intuition. Ton regard j’imagine. Ou ton foutu sourire. » Immédiatement, ledit sourire se fendit sur les lèvres de l’italien qui se mordilla la lèvre inférieure histoire de calmer ses ardeurs. Comme si cette simple déclaration avait suffit à faire grimper la température d’un cran, toutes les inquiétudes de Trevor s’étaient évaporées.

Le jeune homme dévorait littéralement sa voisine des yeux alors qu’elle sirotait les premières gorgées du cocktail qu’elle venait de commander. Et pour ne rien arranger, Sutton se fit plus mystérieuse en lui avouant une nouvelle fois qu’il constituait une véritable énigme pour elle. Et en continuant sur sa lancée, la jeune femme rapprocha considérablement son tabouret de celui de Trevor qui ne la lâchait plus du regard. Elle était désormais si proche de lui qu’un seul geste aurait pu nouer le contact de leurs peaux. Et cette simple vision eut pour effet d’accélérer le rythme cardiaque de l’italien qui n’en finissait plus de sourire. Lentement, Trevor approcha son visage de celui de Sutton, s’y attarda quelques instants puis se détourna finalement vers son oreille pour y murmurer : « A ta place… je n’écouterai pas cette intuition… »

Depuis quelques minutes, cette soirée semblait prendre un tout autre tournant. Sutton ne semblait plus vraiment vouloir écouter ses intuitions qui lui disaient, comme à chaque fois, de fuir Trevor. Peut-être qu’elle aurait dû, peut-être qu’elle finirait par s’en mordre les doigts. Elle était un peu paumée. Mais tant pis, c’était fait. Elle avait déjà rapproché son tabouret du jeune homme tout en continuant sa descente d’alcool. Depuis qu’elle s’était rapprochée, Trevor avait ce fameux sourire sur ses lèvres. En étant aussi proche, il était difficile pour la Californienne de se concentrer sur quoique ce soit, et il était encore moins aisé de se souvenir qu’à la base, elle ne voulait pas céder. Tout semblait s’évaporer face à ce sourire. Lentement, mais surtout dangereusement, Sutton vit Trevor s’approcher un peu plus encore, s’approcher de son visage. Pendant un instant elle se demanda s’il n’allait pas l’embrasser. Au lieu de ça, il se détourna de son visage pour aller au creux de son oreille. « A ta place… je n’écouterai pas cette intuition… » Sutton décala légèrement sa tête et se retrouva à quelques millimètres des lèvres de Trevor. Un sourire amusé était apparu sur ses lèvres. La Sutton joueuse et nettement moins souciante commençait à repointer le bout de son nez. Peut-être qu’après tout, quand la situation s’y prêtait, il était difficile d’aller à l’encontre de sa véritable nature. Elle avait toujours été joueuse, d’autant plus en présence d’un homme séduisant comme Trevor. A vrai dire il était même étonnant qu’elle ne s’y attèle que maintenant… Sans aucun doute les changements liés à cette ville et aux personnes qu’elle y avait rencontré. Et puis, il fallait sans doute qu’elle arrête de se prendre la tête. Après tout, elle était jeune, elle devait s’amuser. Elle l’avait toujours fait, pourquoi arrêter ? Il lui plaisait, ça ne sous entendait pas pour autant qu’il y allait avoir demande en mariage. « Le contraire m’aurait étonné… » souffla-t-elle avant de l’embrasser doucement, puis langoureusement y faisant passer cette frustration ressentie à chaque fois qu’elle le fuyait. Le contact de ses lèvres sur les siennes l’électrisaient, ou alors, peut-être était-ce dû à cette attente et à cette lutte dans laquelle elle s’était engagée la première fois qu’elle l’avait vu. Naturellement, la main de Sutton vint se caler contre la joue de Trevor comme pour l’empêcher de fuir, alors que dernièrement il semblait plutôt que ça soit sa spécialité à elle. La Californienne avait bien conscience qu’ils venaient, malgré eux, d’attirer les regards. Ils étaient des habitués des lieux mais n’avaient jamais montré un rapprochement de la sorte. Ca allait devenir un sujet de discussion, elle était prête à le parier. Mais pour le moment, ça lui importait peu. Leurs lèvres se décollèrent peu à peu, et un sourire amusé, et sans doute même un peu satisfait s’étira sur les lèvres de la jeune femme. Maintenant qu’elle avait commencé, elle n’avait plus aucune envie de s’arrêter. « J’imagine que c’était plutôt une bonne idée… » dit-elle en haussant les épaules avant de planter une nouvelle fois ses lèvres sur celles de Trevor.

désolée >< c'est court et pas terrible

Au fond, Trevor avait toujours su que Sutton finirait par craquer. Il ne s’en vantait pour ainsi dire jamais mais en général, il était assez rare qu’une fille qu’il désirait lui résiste plus de quelques semaines. Pourtant, il ne se considérait pas comme un collectionneur de conquêtes… Il ne rechignait simplement pas à profiter des bons côtés de la vie new-yorkaise tant qu’il était encore temps. Et quoi qu’il en dise, Sutton lui avait bel et bien tapé dans l’œil dès l’instant où il l’avait croisée. Sa manie de toujours fuir à chaque fois qu’il cherchait à l’approcher n’avait fait qu’augmenter l’intérêt que l’italien lui portait. Et ce soir, petit à petit, Trevor l’avait vue craquer. Il avait vu toutes ses barrières tomber les unes après les autres et sans qu’il ne fasse quoi que ce soit de particulier, c’est Sutton elle-même qui avait rompu la distance qui les séparait jusqu’alors. Avec une certaine satisfaction, l’italien ne tarda d’ailleurs pas à entrer dans son jeu, sans se départir de ce sourire en coin qu’elle venait de lui reprocher.

Très vite, Trevor se trouva face à une Sutton des plus joueuses, et qui lui plaisait encore plus que celle qu’il avait connue jusqu’ici. « Le contraire m’aurait étonné… » souffla-t-elle alors, et sans même laisser le temps au jeune homme de rire, elle captura délicatement ses lèvres. Mais leur baiser ne tarda pas à se faire bien plus profond, plus langoureux. La main de la jeune femme vint se poser sur la joue de Trevor qui, en guise de réponse, posa ses mains sur ses hanches et l’attira un peu plus vers lui. Malheureusement, Sutton finit par se reculer, rompant ainsi le contact de leurs lèvres au plus grand dam de l’italien qui ne daigna pas s’éloigner d’elle pour autant. « J’imagine que c’était plutôt une bonne idée… » Elle avait lâché ça comme ça, comme pour le faire languir un peu plus avant de revenir à l’assaut de ses lèvres. La quasi-totalité des clients du bar s’était retournée vers eux et même si Trevor ne supportait pas d’être le centre de l’attention, il devait bien avouer que cette fois, cela avait quelque chose d’agréable. Cependant, et sans savoir s’il était plus poussé par la discrétion ou par son désir grandissant pour Sutton, le jeune homme se releva et l’entraina avec lui vers un coin plus tranquille et moins fréquenté du bar, juste derrière la scène où elle s’était produite un peu plus tôt dans la soirée.

Laissant alors le désir l’envahir, Trevor fondit littéralement sur la jeune femme en la plaquant contre le mur le plus proche. Sans forcément lui laisser le choix, mais tout en étant conscient qu’elle ne lui opposerait plus aucune résistance, l’italien se fit bien plus entreprenant. Dans l’obscurité, la température monta alors en flèche, jusqu’à ce qu’ils osent enfin faire tomber les dernières barrières qui les séparaient encore. Après plusieurs semaines de jeu et de doutes, Trevor obtenait enfin ce qu'il voulait. Et au moment où les vêtements de Sutton glissèrent sur sa peau, il se promit de faire en sorte qu'elle ne regrette jamais de lui avoir cédé.

Moui... pardon, j'ai connu mieux comme fin...
Heureusement qu'on a notre imagination