❝ Tayla & Loan ❞

Ça ou pas ça ? Cette tenue ou celle-ci ? La jeune femme laissa échapper un soupire tout en se laissant tomber sur son lit, un cintre dans chacune de ses mains. Ce qu’elle était en train de faire, elle avait l’impression de ne plus l’avoir effectué depuis des années et peut-être qu’au fond c’était le cas. Elle se laissait noyer par sa dépression – puisque c’était bien de ça dont il était question – et hormis rester enfermée chez elle à se lamenter sur son sort elle ne savait plus faire grand-chose d’autre. Pourtant, ça ne lui ressemblait pas et tous ses proches le lui disaient enfin … tout du moins ceux qui la connaissaient assez bien pour pouvoir se permettre de la juger et ceux qu’elle ne fusillait pas du regard dès qu’ils tentaient d’ouvrir la bouche. Elle n’était pas la plus agréable des compagnies dernièrement, mais elle s’en moquait éperdument, on la prenait comme elle était ou on ne la prenait pas du tout, c’était à prendre ou à laisser et beaucoup avaient choisi la seconde option. Ce qui pouvait la sauver c’était repartir en mission, c’était une chose dont elle était persuadée, mais son congé n’était pas arrivé à sa limite et ce à son grand désespoir. La jeune femme savait qu’elle n’avait plus longtemps à tenir, juste quelques jours avant de pouvoir retrouver son bébé – à comprendre par-là l’avion qu’elle pilotait – et la base militaire qui lui manquait comme la cocaïne pouvait manquer à un drogué. L’armée, elle avait ça dans le sang c’était indéniable. Elle vivait presque pour cette dernière si bien que lorsqu’elle était loin de son lieu de travail elle fanait petit à petit même si ce qui la plongeait dans cette si grande dépression n’avait strictement rien à voir avec le travail. Elle accumulait bien trop et pas uniquement depuis des mois, mais bien depuis des années.

Elle avait appris à encaisser sans se plaindre parce qu’après tout l’USAFA n’était pas un lieu où vivaient des personnes prêtes à partager avec vous une dose impressionnante d’amour, c’était même le contraire. Loan avait toujours eu cette tendance à crier haut et fort ce qu’elle pensait, surtout lorsqu’elle était mécontente, mais l’USAFA l’avait calmé sur ce point. Elle avait appris ce qu’était que le respect et la fraternité. Tous les soldats étaient ses frères et sœurs, à croire qu’il s’agissait d’une religion et dans un sens ce n’était pas faux, l’armée était sa religion et l’avis des autres elle s’en moquait. Elle savait qu’elle pourrait toujours compter sur ses collègues parce qu’ils savaient qu’au front ils étaient soudés que l’une ou l’autre des personnes qui les entouraient serait peut-être celle qui allait lui sauver la vie. Loan avait beaucoup appris là-bas et elle en était fière, seulement elle dépendait trop de l’armée et cette dernière l’avait poussé à devenir une personne qui encaissait toujours sans rien dire sauf qu’à défaut d’avoir quelque chose pour se défouler elle finissait par exploser. La jeune femme était une bombe à retardement, elle en avait bien conscience mais la seule chose qui serait capable de la désamorcer elle ne l’obtiendrait que dans les jours à venir. Toutefois, quelqu’un semblait se soucier un tant soit peu de son bien-être et avait cherché à la pousser à sortir de chez elle. C’était bien pour cette raison qu’elle avait passé la journée à s’occuper d’elle, chose qu’elle n’avait pas fait depuis bien longtemps déjà. Certes, Tayla n’avait pas été tendre en l’invitant à sortir, mais elle la connaissait par cœur et ce n’était plus une surprise car dans le cas contraire elle aurait refusé et serait restée en tête-à-tête avec son canapé.

A la place elle resta bien cinq minutes sur son lit sans savoir qu’elle robe elle allait pouvoir mettre. La plupart des robes qui se trouvaient dans sa penderie étaient des robes de soirées que son père ramenait à chaque fois qu’il réapparaissait dans sa vie pour s’assurer qu’elle serait habillée au mieux ce qui aurait pu être vexant, mais à chaque fois elle était bien trop heureuse d’exister aux yeux du Colonel pour dire quoi que ce soit. Toutefois, elle était parvenue à trouver deux petites robes sans pour autant savoir laquelle prendre. Au final son choix s’arrêta sur celle dans sa main gauche, une petite robe noire qui s’arrêtait à mi-cuisse et qui laissait joliment entrevoir ses formes. Ce fut donc après une longue étape digne du parcours du combattant que Loan quitta son appartement dans les alentours de minuit et demie et roula en direction de la boite de nuit où elle n’eut pas de difficulté à repérer Tayla. « Je te jure qu’il y a vraiment que toi pour réussir à me faire mettre ça. ». Loan désigna sa robe d’un geste de la main et leva les yeux au ciel. Bien que féminine, les robes n’étaient pas le vêtement qu’elle mettait le plus souvent sans doute parce qu’inconsciemment elles lui rappelaient qu’à chaque fois qu’elle était ainsi vêtue c’était pour faire plaisir à papa. Son regard se posa finalement sur la longue file d’attente puis sur la ravissante jeune femme en face d’elle. « Je suppose qu’on ne va pas prendre la peine d’attendre derrière tout ce petit monde ? ». Loan n’avait aucune relation avec les gens de la nuit, n’ont pas qu’elle ne sortait jamais – disons plutôt pratiquement jamais – mais en tant que lieutenant dans l’air force elle préférait tout ce qui touchait à la légalité même si, aussi surprenant que ça puisse être, deux de ses plus importants amis préféraient l’illégalité.

Elle était une jeune femme en apparence rangée et tout ce qu’il y avait de plus banale – hormis son physique quelque peu avantageux – toutefois ce n’était qu’une apparence. Calme, elle ne l’avait jamais été pour la simple et bonne raison qu’elle était une personne impulsive qui à force de subir les foudres d’une vieille mégère avait cette tendance à dire ce qu’elle pensait sans même chercher à savoir si elle serait blessante ou non. Adolescente, elle n’avait pas eu sa langue dans sa poche ce qui lui avait causé bien des tords tout en la soulageant à chaque fois qu’elle avait eu l’occasion de dire ce qu’elle avait sur le cœur à cette famille qui était la sienne, mais dans laquelle elle n’arrivait tellement pas à s’intégrer. C’était avant tout son sale caractère qui lui avait valu d’être envoyée à l’USAFA selon les bons désirs de sa belle-mère qui faisait tout céder à celui qui était aujourd’hui son ex-mari. Pourtant, malgré la surprise, elle avait toujours su qu’elle finirait tôt ou tard par fréquenter l’une des écoles militaires du pays et ce parce qu’aux yeux de son père tous ses enfants se devaient d’être également militaires, car oui, il avait déjà décidé de leur avenir avant même leur naissance. Loan aurait pu se rebeller contre son idée et contre cette vie déjà toute tracée, seulement elle avait pris goût à l’armée et quelque part ce fut dans l’espoir de se rapprocher de son père. Ceci elle aurait pu le faire … du moins si ce dernier avait un tant soit peu prêté attention à sa fille aînée, mais elle avait brisé tous ses espoirs le jour où elle avait décidé de couvrir Tayla après la vengeance qu’elle avait mis en place en intégrant son école. Dieu ce qu’elle avait pu lui en vouloir. Elle s’était sentie très mal de demander de l’aide à son père. Elle avait su avant même d’ouvrir la bouche que c’était la dernière fois que son géniteur serait vraiment fier d’elle. Aujourd’hui, s’il le disait à ses proches c’était uniquement dans un souci d’esthétique, pour donner l’impression que ses enfants réussissaient dans la vie et qu’il avait de quoi être fier et de quoi être envié, cependant elle avait tout brisé ce jour-là.

Toutefois, elle ne le regrettait pas dans un sens. Tayla était sa sœur de cœur, sa sœur de sang et elle s’était toujours promis de la protéger quoi qu’il en coûte et c’était ce qu’elle avait fait à l’époque. Cependant, après cet « incident », les deux amies avaient coupé les ponts et Loan c’était uniquement focalisée sur l’armée comme pour faire amende honorable si bien qu’elle était devenue une jeune femme rangée et bien moins impulsive que par le passé. Seulement, sa langue elle ne l’avait toujours pas dans la poche et il n’y avait bien que ses supérieurs envers qui elle n’osait pas manquer de respect. Néanmoins, l’armée était devenue toute sa vie, sa bouée de sauvetage et ce qui lui permettait de garder la tête hors de l’eau. Faire son devoir envers son pays – bien qu’elle soit née aux Philippines et qu’elle se considèrerait à jamais comme Philippine – et surtout piloter son bébé, il n’y avait que ça de vrai à ses yeux au point que par moment elle en oubliait qu’elle n’avait que vingt-cinq ans et toute une jeunesse à vivre. Ça, c’était Tayla qui semblait vouloir lui rappeler ce soir … ça et le fait qu’elle pouvait oser être féminine sans avoir à complexer. Loan n’usait que très rarement des avantages de son physique parce qu’au milieu d’hommes qui ne pensaient parfois qu’à la guerre ça ne servait pas à grand-chose hormis à faire passer le temps au cours de certaines missions qui n’avaient pas le moindre intérêt. Ce soir, elle laissait l’uniforme – qu’elle n’avait pas mis depuis plusieurs mois – de côté pour une robe qui lui allait parfaitement. Profiter de la soirée était bien sûr dans ses plans et elle savait qu’avec son amie elle n’allait pas manquer d’avoir d’excellents souvenirs le lendemain. « Oh, allez, t'es magnifique. ». Loan leva les yeux au ciel. Elle n’avait rien contre les compliments seulement il était dans sa nature de ne jamais réellement les accepter même venant d’un proche. Vint ensuite la question de la file d’attente qui s’allongeait un peu plus à chaque instant devant elles. Elle connaissait Tayla et savait par conséquent que la jeune femme avait de nombreuses connaissances à travers la ville – et pas forcément de très fréquentables – et qu’il y avait peu de chance qu’elles attendent leur tour pour entrer. « Bien sûr que non, je t'attendais juste ! ».

Sourire aux lèvres. Loan était fière de connaitre aussi bien la charmante jeune brune à ses côtés et silencieuse, elle la suivit jusqu’au videur de la boite de nuit sans même jeter un regard aux clients qui attendaient encore la permission d’entrer. « Ce sera le coin VIP pour nous, cette fois. ». L’un des sourcils blonds de la Philippine s’arqua lorsqu’elle lut un mélange de respect et de peur dans le regard du patron des lieux. Par moment elle ne regrettait vraiment pas de ne pas tout savoir sur ce qui faisait le quotidien de Tayla, non vraiment pas. Toutefois, elle comptait bien profiter de cette chance et à peine fut-elle entrée que l’ambiance des lieux s’empara d’elle et lui permit d’oublier à la fois ses responsabilités et l’armée. Ce soir il n’y avait que Tayla et elle qui comptaient, rien de plus, rien de moins. « Ah, champagne ! ». Loan regarda la coupe que lui tendait la jeune femme avec une certaine hésitation. Depuis sa période de dépression – qu’elle ne faisait toujours pas soigner – et surtout ses « retrouvailles » avec Elijah, elle s’était promis d’éviter d’avoir affaire à n’importe quel alcool, mais après tout ce n’était pas une petite coupe de champagne qui allait lui causer des problèmes. Quasiment sûre d’elle, Loan la prit et la leva quelques secondes après que Tayla en ait fait de même. « A cette soirée, que tu ne regretteras pas ! ». Elle approuva d’un bref mouvement de la tête et porta quasiment aussitôt la fine flûte jusqu’à ses lèvres pour boire une gorgée de ce qu’elle contenait tandis que son regard balayait l’endroit à la chercher d’une chose bien précise. « Il nous faut des proies … j’ai bien envie de m’amuser et de faire tourner en bourrique quelques charmants jeunes homme ou alors … de me prendre la tête avec une petite amie jalouse, faut que je me défoule. ». Son regard se posa de nouveau sur Tayla. Ses pensées avaient franchi la barrière de ses lèvres bien plus vite qu’elle ne l’avait voulu et à vrai dire elle se rendit compte du fait qu’elle avait pensé à voix haute que lorsqu’elle regarda son amie. « Quoi ?! Vaut mieux ça que le fait que j’assassine mon ancien demi-frère, non ? ». Merde ! Pourquoi est-ce qu’elle disait ça ? Loan se mordit férocement l’intérieur de la joue comme punition vis-à-vis de paroles qu’elle venait de prononcer et vida d’un trait le contenu de son verre comme si ça allait faire disparaitre ses propos.

Elle ne cherchait plus à comprendre la raison pour laquelle elle semblait être attirée par toutes les personnes qui donnaient dans l’illégal alors qu’elle s’évertuait de rester dans le droit chemin. Pendant longtemps elle avait entendu sa belle-mère dire qu’elle finirait comme la plupart de ces enfants défavorisés qui vivaient dans les quartiers chauds de New York. Longtemps elle avait entendu dire qu’elle deviendrait droguée, prostituée ou encore qu’elle se mettrait à dealer de la drogue. Pendant longtemps elle avait véritablement pensé le devenir ne serait-ce que pour attirer l’attention de son père – et ce même si elle donnait raison à sa belle-mère – mais son destin, s’il existait réellement, en avait décidé autrement et ce n’était pas plus mal pour elle. Toutefois, même si elle faisait partie des forces armées des États-Unis et qu’elle se devait de suivre un tant soit peu la loi, elle ne jugeait pas son amie, elle ne jugeait pas Elijah et elle ne jugeait pas toutes ces personnes qui faisaient ce à quoi elle avait pu échapper. Chacune de ces personnes avait son histoire, sa propre raison de faire ce qu’elle faisait. Pour Elijah, elle le savait depuis des années et même si souvent elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas, elle avait fini par ne plus rien dire. Tayla … c’était une autre histoire. Elle la protégeait autant qu’elle le pouvait parce qu’elle était sa cadette et sa sœur de sang. Si elle ne parvenait pas toujours à tenir ses promesses celle-ci, en revanche, était l’une de celles qu’elle se refusait de briser et ce quoi qu’il arrive. Tayla en avait fait des erreurs dans sa vie et peut-être que vis-à-vis d’elle la plus grosse avait été de se servir d’elle, mais elle l’avait pardonné parce qu’elle était la seule véritable famille qui lui restait, l’une des rares personnes qui avait tellement d’importance à ses yeux que la simple idée d’être séparée d’elle la détruisait de l’intérieur.

Alors, elle ne jugeait pas, Loan s’y refusait catégoriquement et elle fermait les yeux sur ce qu’elle pouvait apprendre de cette « Max » qu’elle connaissait sans vraiment vouloir la connaitre. Elle savait que, quoi qu’il arrive, si jamais la jeune femme en face d’elle avait besoin de n‘importe quoi elle serait là pour l’aider, même s’il fallait de nouveau la couvrir pour lui éviter les problèmes. Cependant, ce soir il n’était pas question de tout cela. Certes, Loan se doutait que si elles avaient pu rentrer aussi facilement et rejoindre le coin VIP c’était avant tout grâce aux relations de Tayla dont elle ne voulait rien savoir, mais peu important, elle avait avant tout besoin de se changer les idées et c’était bien ce qu’elle comptait faire. Rapidement enveloppée par l’ambiance des lieux et sa langue se déliant peut-être un peu trop vite, Loan regretta les paroles qui lui avaient échappé concernant Caleb. Il était vrai qu’elle était en colère contre lui, contre le choix qu’il lui imposait, mais elle se savait incapable de lui faire le moindre mal, pas une nouvelle fois en tout cas. « Oh, rien... Je suis contente que tu penses comme ça. ». Un petit sourire étira le coin des lèvres de la jeune femme. Oui, autant éviter de s’étaler sur les sujets qui fâchent et Loan était ravie que Tayla ne lui pose pas la moindre question sur le sens de sa précédente phrase. Silencieusement et bougeant quelque peu sur le rythme de la musique, elle n’opposa aucune résistance au fait que son amie ailla lui servir un nouveau verre de champagne … tant pis si elle finissait la soirée légèrement plus « ouverte » à tout ce qui pourrait bien se passer autour d’elle. Remerciant la jeune femme, elle porta le verre à ses lèvres et bu une nouvelle gorgé sans pour autant arrêter de bouger. Elle aimait le club VIP et le champagne, mais Loan avait avant tout envie de s’amuser à présent et elle sentait que rester assise plus longtemps n’allait pas tarder à l’agacer.

« Alors, mademoiselle est en manque ? ». L’un de ses sourcils s’arqua tandis qu’elle posait à nouveau les yeux sur Tayla. Il lui fallut quelques secondes pour parvenir à comprendre de quoi elle parlait et elle agita la tête pour répondre positivement. « T’as pas idée à quel point des congés forcés peuvent te déprimer et te donner envie de sauter sur tout ce qui bouge ! ». D’un naturel volage depuis la naissance – et surtout la séparation – de son fils, Loan n’était jamais parvenue à véritablement se stabiliser. Pour elle, il était impossible d’éprouver à nouveau des sentiments forts pour quelqu’un et même si elle refusait de s’y risquer, elle n’avait pas eu ce problème depuis longtemps ce qui lui convenait parfaitement … enfin même si dernièrement c’était à se poser la question, mais la jeune femme chassa cette pensée de son esprit bien vite. « Franchement, tu fais carrément la difficile, y'en a deux ou trois là où tu bosses que je croquerais bien... ». Une nouvelle fois elle leva les yeux au ciel. Elle n’était pas difficile, mais exigeante nuance ! Loan était conciliante sur bien des choses, mais pas pour tous ce qui touchaient aux hommes. « Les deux, là-bas. ». Elle se pencha légèrement sur le côté pour tenter d’apercevoir les deux hommes que Tayla lui montrait et aussitôt un sourire malicieux vint se dessiner sur ses lèvres. Bien ! Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. « Tu sais quoi ? On va s’amuser un peu … On s’occupe des deux ensemble, j’ai bien envie de les voir ne plus savoir où donner de la tête. ». C’était peut-être pour ça qu’elle évitait de sortir, parce que par moment c’était à se demander si elle n’était pas une véritable prédatrice qui tachait au mieux de le cacher et qui se lâchait qu’une fois dans son élément. Loan amena une nouvelle fois son verre de champagne à ses lèvres sans pour autant détourner son regard des deux hommes qu’elle semblait avoir pris pour cibles.

Elle était devenue tellement instable que par moment elle s’effrayait elle-même. Pourtant, elle n’avait jamais été du genre à cacher le fait qu’elle appréciait de passer d’un homme à un autre sans avoir la moindre attache, toutefois elle dépassait largement les limites qu’elle avait pu s’imposer par le passé. Sans doute était-ce la crainte de souffrir une nouvelle fois qui la forçait à agir de la sorte ? Elle en était arrivée à un point où la simple idée d’aimer quelqu’un la terrorisait plus que la pensée de devoir partir au front. Elle s’était fait avoir une fois et elle ne comptait pas s’y risquer une deuxième fois même si elle sentait que ça n’allait pas tarder à lui tomber sur le coin du nez. En règle générale elle était dotée d’un bon instinct, un instinct qui jusqu’alors ne l’avait jamais trahi en cas de besoin, mais ces derniers temps il fallait bien avouer que la jeune femme se relâchait et ça ne lui ressemblait pas. Elle se laissait plonger dans une dépression sans même chercher à garder la tête haute, c’était à croire qu’elle plongeait même volontaire dans le trou, la tête la première. C’était la solution de facilité, Loan le savait bien, mais elle fatiguait de plus en plus d’avoir à se battre et malgré les tentatives de ses proches à la faire réagir et revenir – dans ces proches se trouvait également Tayla – elle ne faisait rien pour essayer. Elle avait baissé les bras après s’être battue toutes ces années pour ne pas se faire happer par cette douleur qui planait sans cesse autour d’elle.

C’était idiot de sa part puisque rien ne lui garantissait qu’il en serait ainsi pour toujours, mais elle refusait d’ouvrir les yeux et préférait se plonger dans le noir. Aujourd’hui, elle savait que la seule fautive, que la seule responsable de l’état dans lequel elle se trouvait c’était elle et personne d’autre qu’elle, quelqu’un lui avait parfaitement fait comprendre. Loan était même prête à se jeter dans la gueule du loup pour avoir ne serait-ce qu’une petite sensation d’être vivante, aussi mince soit cette dernière. Elle prenait des risques, de plus en plus de risques et elle savait que les fréquentations qu’elle commençait à avoir allaient lui amener des problèmes et par là elle ne pensait ni à Tayla ni à Elijah, mais à tous ces hommes avec qui elle avait passé une nuit et qui n’étaient pas forcément les personnes les plus fréquentables. Elle devait se reprendre si elle tenait un tant soit peu à tenir le coup et surtout à garder son métier parce qu’elle savait que tôt ou tard ses frasques allaient s’empirer et qu’elles viendraient aux oreilles de ses supérieurs qui refuseraient de voir l’image de l’armée entachée par la jeune femme. Peut-être que cette pensée aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, seulement ce soir Loan ne voulait rien entendre. Une fois de plus elle comptait s’amuser et tout faire pour parvenir à ses fins et ce n’était pas son amie qui allait l’en empêcher, bien au contraire.

Elle refusait de voir sa bonne humeur s’évanouir à cause de ses pensées qui venaient soudainement envahir son esprit et la jeune femme fit tout son possible pour oublier et laissa la musique qui régnait et cognait l’envelopper une nouvelle fois, portant sa coupe de champagne à ses lèvres pour en boire une nouvelle gorgée. Ce soir elle devait oublier tout le reste. Ce soir elle devait profiter même si elle savait que bien qu’étant arrivée avec Tayla il soit fort probable qu’elle ne reparte pas avec la même personne. « Allez, c'est parti. ». Loan acquiesça d’un bref mouvement de la tête et avala d’un trait le contenu de son verre et emboita le pas de son amie. Les regards qui se posèrent sur elles lorsqu’elles traversèrent la piste qui les séparait du bar ne fut pas même une surprise pour elle, de toute manière avec Tayla c’était une question d’habitude même si elle savait que certains regards étaient attirés par elle et non pas par son amie. Le bar atteint, un sourire tout ce qu’il avait de plus innocent vint se dessiner sur les lèvres de la jeune femme dont le regard se posa sur l’un des deux hommes se trouvant le plus près d’elle. Jouant avec ses lèvres, son regard se posa sur les verres et bouteilles qui se trouvaient de l’autre côté du bar comme si elle cherchait ce qu’elle allait bien pouvoir commander avant que son attention ne soit attirée par le jeune homme qui lui fit signe de prendre son tabouret. Sans se faire prier, Loan y prit place et lui adressa un sourire qui bien que discret n’était pas innocent, loin de là.

« On peut vous offrir quelque chose ? ». Son regard jongla entre l’homme qui venait de poser la question et celui qui lui avait offert sa place tandis qu’une moue prenait place sur son visage. Il y avait bien des choses qu’elle aurait aimé qu’il lui offre, mais pour l’instant elle ne s’était pas encore amusée pour penser à autre chose, la boisson allait donc suffire. Son regard alla finalement croiser celui de Tayla attendant une réaction de sa part qui ne tarda pas à venir. « Champagne ? ». Oh oui champagne … c’était la meilleure idée du monde. Tout l’alcool se trouvant sous ses yeux l’appelait et Loan avait bien du mal à se retenir de passer derrière le bar pour boire à même le goulot l’alcool le plus fort qu’elle trouverait, quitte à se faire jeter dehors. La tentation était tellement forte que son regard ne parvenait plus à quitter les bouteilles et que la jeune femme due se faire violence pour retrouver son calme. L’alcool était devenu aussi addictif que n’importe quelle drogue, mais elle luttait pour y échapper tous les jours un peu plus. Finalement, sortant de ses pensées et de son attraction pour les bouteilles, un sourire qui sortait d’elle ne savait où étira ses lèvres tandis que son regard voyagea une nouvelle fois entre les deux hommes. « Va pour le champagne … après tout la soirée ne fait que commencer. ». Et par moment elle ferait mieux de se taire, même s’il était clair que la jeune femme ne comptait pas rentrer seule ce soir, pas si elle pouvait avoir l’un des deux hommes autour de Tayla et d’elle-même. Ses sourcils se haussèrent lorsqu’elle posa les yeux sur son voisin tandis qu’un énième sourire étirait le coin de ses lèvres laissant parfaitement comprendre ce qu’elle sous-entendait et ce qu’elle pouvait avoir derrière la tête.

Son regard quitta les bouteilles d’alcool devant elle pour aller se poser sur l’homme dont elle ignorait tout et avec qui elle comptait bien repartir car oui, son choix semblait s’être fait touchée par l’attention qu’il avait eu de lui céder sa place. Pourtant, même si elle avait bien envie de faire tourner des têtes ce soir, l’envie d’aller sur la piste et danser l’envahissait de plus en plus, mais elle resta assise, son regard voyageant du jeune homme à ses côtés à Tayla et vice versa. Loan appréciait l’ambiance de cette boite de nuit, elle appréciait le fait de pouvoir s’amuser un peu afin d’oublier la dépression dans laquelle elle s’était plongée et de laquelle elle avait dû mal à se sortir. « On décolle. ». La jeune femme posa un regard curieux sur son amie, fronçant les sourcils. Toutefois, la voyant vider son verre, Loan en fit de même sans bien savoir pour quelle raison Tayla semblait si impatiente de quitter les lieux. Discrètement, elle se mit à balayer les alentours du regard poussée par son instinct militaire, malheureusement ne connaissant pas les relations ou autre de la jeune femme avec elle, savoir si quelqu’un de mauvais allait s’approcher fut difficile, même impossible.

« Merci pour ce verre & cette superbe discussion, mais on va devoir remettre ça. ». Loan détourna les yeux du reste de la boite de nuit pour regarder les deux hommes qui semblaient visiblement déçus que leur jour de chance se termine aussi vite. Puis ce fut un regard plein d’incompréhension qu’elle posa sur son amie de toujours, cherchant à lui faire dire ce qu’il se passait par un simple regard. « Loan, maintenant. ». Loan leva les mains en signe d’abandon et quitta son tabouret pour suivre Tayla et se fondre dans la masse de personne qui se trouvait sur la piste en prenant garde à ne pas la perdre en chemin. « Pas par là ! ». Les battements de son cœur se faisaient de plus en plus rapides et la jeune femme sentait l’adrénaline se propager dans ses veines. Elle n’aimait pas la tournure que prenait cette situation, mais quelque part elle était à la fois excitée par l’action qui s’amenait à croire qu’elle était une véritable droguée à l’adrénaline. Elle continua de suivre Tayla en silence jusqu’à ce qu’elles atteignent une fenêtre que la jeune femme ouvrit tandis que Loan regardait derrière elle pour s’assurer que ceux que Tayla voulait fuir n’étaient pas dans les parages. « Il va falloir faire vite, je te demande pas si t'en es capable, hein. ».

La jeune lieutenant leva les yeux au ciel. De toute manière qu’elle en soit capable ou non, Loan savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix et emboita le pas de Tayla sur le bord de la fenêtre après s’être débarrassée de ses chaussures … de toute manière si elle tombait les laisser derrière elle n’aurait pas plus d’importance que ça. Durant tout le trajet les menant au toit le plus proche, elle fit de son mieux pour ne pas regarder en bas et fut bien heureuse de se retrouver sur quelque chose de bien plus instable, du moins jusqu’à ce qu’elle entende le bruit d’une balle les frôler. « Ookay, ça devient sérieux ! ». Accroupie par réflexe, Loan soupira et attrapa son sac à main qu’elle avait mis en bandoulière pour s’assurer qu’il ne tombe pas lorsqu’elles avaient été sur le rebord de la fenêtre et en sortit une arme qu’elle tendit à Tayla. « Je ne veux pas savoir ce que tu as fait … et ne me regarde pas comme ça, je suis militaire je te rappel, avoir une arme sur moi c’est naturel. ». Même si en règle générale elle se contentait d’une simple arme blanche comme le couteau qu’elle sortit ensuite du même sac. « Okay, en fait je veux savoir je suis curieuse alors dès qu’on se sera sortie en vie de ça, je veux tout savoir. ». Sur ces mots, elle continua à avancer sur le toit où elles se trouvaient, baissée de sorte à éviter de se faire repérer même si les coups de feu continuèrent de retentir autour d’elles tandis qu’elles rejoignaient une échelle qui, Loan l’espérait, allait leur permettre de descendre et de fuir afin de ne pas avoir à sauter sur le toit voisin.

Le couteau qu’elle tenait dans sa main n’allait pas lui être d’une grande utilité contre les balles qui pleuvaient autour d’elles, mais Loan s’en moquait et se sentait plus en sécurité avec une arme à la main, surtout dans une telle situation. Elle n’était pas à l’abri d’un combat au corps à corps et même si la jeune femme s’en sortait merveilleusement bien sans arme, celle-ci lui serait d’autant plus utile bien qu’elle n’ait pas la moindre envie de tuer qui que ce soit. Comment la situation avait pu aussi mal tourner ? Elle qui se voyait déjà rentrer en bonne compagnie, voilà qu’elle se trouvait sur le toit de la boite de nuit en compagnie de sa sœur de sang à éviter de se faire canarder par des hommes à qui elle n’avait rien fait, du moins pas aux dernières nouvelles. Et pour couronner le tout elle était pieds nus, de quoi lui faire regretter d’avoir pris le choix d’abandonner ses chaussures même si Loan savait qu’elle aurait bien plus de faciliter à courir sans se faire entendre de cette manière d’autant plus qu’elle préférait encore avoir les pieds écorchés plutôt qu’une balle dans la tête. « Je t'assure que tu veux pas savoir mais si tu y tiens... Vas-y, vite. ». Oh, ça elle n’avait pas le moindre doute du fait qu’elle ne voulait pas savoir, mais sa curiosité parlait pour elle, d’autant plus maintenant qu’elle servait également de cible pour ces types dont elle n’arrivait pas à deviner la position.

Les verres de champagne aussi elle les regrettait maintenant. Loan s’était forcée à ne plus boire une seule goutte d’alcool dernièrement et enchaîner plusieurs verres comme elle avait pu le faire – même si ce n’était que du champagne – avait tendance à lui cogner dans la tête bien qu’elle soit toujours capable de réfléchir par elle-même et de marcher correctement. Silencieuse, la jeune femme se dirigea donc vers l’échelle qu’elle avait remarquée et si glissa à toute vitesse sans prendre le temps de poser les pieds sur les derniers barreaux, allant bien plus vite en glissant. Une fois sur le sol et loin des hauteurs, elle laissa Tayla l’entraîner avec elle vers le hall d’un immeuble en regardant tout autour d’elle, ses sens tous en alerte. Loin d’être essoufflée, Loan resta dans l’ombre tandis que son amie surveillait les hommes qui en avaient de toute évidence contre elle et elle s’apprêtait à lui poser une question lorsqu’elle lui fit signe d’avancer, ce qu’elle fit sans opposer la moindre résistance. « Down ! ». Sans chercher à comprendre, Loan s’abaissa d’un coup en protégeant pas réflexe sa tête et son visage tandis que Tayla tirait sur une personne se trouvant derrière elle et qu’elle regarda tomber en arrière avant de se redresser.

« Bons réflexes. ». Bons réflexes ? Encore heureux qu’elle en ait autrement elle se serait pris une balle en pleine tête, non pas qu’elle doutait des talents de son amie pour le tir, mais tout de même. Loan due serrer les dents pour éviter de lui faire part du fond de sa pensée et regarda autour d’elle pour s’assurer qu’aucune autre personne n’allait sortir de nulle part. « Ok, retournons plutôt en hauteur, le bruit va les attirer. ». Loan laissa tomber sa tête en arrière dans un soupire même si elle comptait bien la suivre. Toutefois, la jeune femme fit un détour près de l’homme qui venait d’être abattu et lui pris son arme avant de rejoindre Tayla, au moins ça lui serait toujours plus utile que son couteau. Une fois arrivée au premier étage et sans ralentir, elle prit enfin le temps de parler. « Un jour, il faudra qu’on m’explique ce que j’ai à tous vous attirer ! Mais c’est vrai quoi, entre toi et l’autre idiot un de ces jours je vais finir par me faire descendre sans avoir rien demandé. ». Par l’autre idiot, Loan pensait évidemment à Elijah sans se douter que la jeune femme devant elle travaillait pour lui. Parler avait peut-être été une erreur, fait qu’elle ne pouvait contester lorsqu’elle entendit des pas venir dans leur direction et sans même réfléchir, à peine eut-elle vu un bout d’homme qu’elle tira et fut certaine de l’avoir touché en l’entendant lourdement tomber dans l’escalier. « Faut qu’on monte encore plus haut je suppose ? ».

Finalement … Loan aurait préféré rester chez elle, du moins si elle avait su que la soirée allait tourner ainsi. Elle adorait passer du temps avec Tayla qui était de loin l’une des rares personnes qui parvenait à ne pas lui donner la sensation d’avoir tout raté dans sa courte existence. Elle était l’une des rares personnes à la connaitre par cœur et à savoir comment lui remonter le moral mais, sincèrement, le fait de se faire poursuivre par des hommes qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour lui changer les idées … quoi que. Loan devait avouer qu’elle avait enfin la sensation de pouvoir se défouler comme elle en avait vraiment besoin. Les entraînements à Fort Hamilton n’étaient pas suffisants pour la remettre sur pieds alors que là … et bien la philippine devait bien avouer que l’adrénaline qui lui coulait à présent dans ses veines lui faisait le plus grand bien et avait même tendance à l’exciter plus que le simple fait de s’être retrouvée en boite. En réalité, elle était accro aux sensations fortes que jusque-là seule l’armée avait réussi à rassasier. Malheureusement, il y avait bien trop longtemps que la jeune femme n’était pas partie en mission et elle commençait à être en manque au point de s’attirer des problèmes bien plus facilement qu’elle ne pouvait déjà le faire au naturel.

Être poursuivie et courir pour sauver sa peau était peut-être ce qui lui fallait pour parvenir à se calmer, tout du moins si elle ne devenait pas non plus accro à ce genre de situation ce qui, se connaissant, ne l’aurait que très peu surpris. Mais le naturel et le sang-froid dont elle venait de faire preuve en tirant sur l’un des hommes qui en avaient après Max lui donna tout de même froid dans le dos. Elle venait d’abattre un homme en continuant de parler à son amie comme s’il n’y avait rien de plus naturel au monde et l’idée de devenir comme les personnes qui parfois lui faisaient peur était loin d’être rassurante. Laissant le silence reprendre sa place autour d’elles, Loan continua son ascension en montant les marches devant elle quatre à quatre, de nouveau ravi d’avoir abandonné ses chaussures à l’endroit où elles auraient dû passer une excellente soirée. Arrivée au tout dernier étage, Loan tourna sur elle-même à la recherche d’une quelconque sortie avant de poser son regard sur Max. « Ouvre un appart', n'importe lequel. ». De nouveau la philippine tourna sur elle-même et se dirigea vers l’une des portes se trouvant dans le couloir – l’oreille à l’affut du moindre bruit – et sortie de son sac le nécessaire pour crocheter la serrure sans rencontrer la moindre difficulté. C’était le genre de chose qu’on lui avait appris à l’USAFA et qu’elle avait très facilement retenu, à croire qu’elle avait une prédilection pour tout ce qui était illégale en plus de ses connaissances. La porte ouverte, Loan se redressa et se tourna vers Max qui la rejoignit rapidement et toutes deux s’enfermèrent dans l’appartement aussi silencieusement que possible.

« Ça devrait nous couvrir... ». Se contentant d’acquiescer pour ne courir aucun risque de révéler leur position alors qu’elles étaient si près de la porte, la jeune femme suivit son amie jusque dans la cuisine de l’appartement et leva les yeux au ciel en la voyant se diriger directement vers le réfrigérateur. « Bingo. ». Encore trop dans le feu de l’action pour refuser quoi que ce soit, Loan accepta la bière qu’elle lui tendait et après l’avoir ouverte elle ne tarda pas à l’amener à ses lèvres pour en boire une longue gorgée, de toute manière elle ne pouvait pas être dans un pire état qu’elle ne l’était déjà. « De quoi tu parlais tout à l'heure, quel idiot ? ». Son regard se posa une nouvelle fois sur Max tandis qu’elle éloignait la bière de ses lèvres. Étonnement, Loan trouva un intérêt tout particulier à ses pieds qui étaient déjà dans un sale état et fini par lever la tête en se rappelant que son amie – malgré la situation – ne la laisserait pas éluder la question. « Une personne que j’ai connu à Palapag … », commença-t-elle en chuchotant. Loan porta une nouvelle fois la bière à ses lèvres afin de trouver le courage de ne pas changer de sujet brusquement. « On n’a jamais eu ce qu’on peut qualifier d’une relation normale, mais je tiens à lui malgré tout et … enfin disons qu’il ne fait pas dans le légal voire même pas du tout, mais bon faut croire que ça m’attire. ». Loan leva les yeux au ciel avant de se rendre compte que ces dernières paroles étaient pleines de sous-entendu. « Pas qu’il m’attire, mais tu vois et … je m’enfonce c’est ça ? ». Loan grimaça légèrement en soupira et bu une nouvelle gorgée pour tenter d’oublier la boulette qu’elle pouvait être ces derniers temps.

Le calme qui régnait dans l’appartement dans lequel elles étaient rentrées – par effraction d’ailleurs – leur permettait de savoir si les hommes qui en avaient après Tayla étaient toujours dans le coin et s’ils avaient compris que les deux jeunes femmes s’étaient enfermées là. Loan n’aimait pas du tout cette situation, mais il était hors de question qu’elle abandonne son amie dans un tel moment et tant pis si elle risquait d’être blessée alors qu’elle n’avait rien demandé, de toute manière ses pieds étaient déjà dans un sale état, une blessure de plus ou de moins n’allait pas la tuer … du moins elle l’espérait. Cependant, la philippine ne parvenait toujours pas à se remettre du sang-froid dont elle avait fait preuve en abattant un homme sans même lui porter plus d’intérêt que ça, elle l’avait descendu et ça s’était arrêté là de quoi lui faire peur même si elle n’en montrait rien.

Amenant une nouvelle fois la bière à ses lèvres, Loan en bu deux gorgées et l’éloigna pour poser les yeux sur Tayla se rappelant de la curiosité qui l’avait gagné lorsqu’elles étaient encore sur le toit de la boite de nuit. La jeune femme garda pourtant ses questions pour elles, étant donné qu’elles n’étaient pas encore totalement en sécurité elle préférait ne poser aucune question sur la raison qui avait pu pousser ces hommes à vouloir la peau de son amie. La situation ne pouvait pas être plus compliquée que celle-ci et Loan n’aimait que très peu le fait de se trouver enfermée dans cet appartement, y être entrée par effraction n’était pas un problème, mais le fait de s’y trouver alors que dehors des hommes les cherchaient toujours lui donnait l’impression d’être un lion en cage sur le point de se faire tuer. « Yep, t'as vraiment le don de t'attacher aux personnes les moins fréquentables... et regarde ce que ça t'apporte. ». La jeune femme ne put s’empêcher de soupirer. Peut-être qu’un jour elle allait enfin penser à s’éloigner des ennuis même si elle n’était pas certaine d’y parvenir. Elle avait passé tellement d’années à se créer des problèmes – parfois consciemment – que ne plus en avoir lui semblait impossible, ça serait presque comme lui arracher une partie d’elle-même aussi navrant que ça pouvait être.

Loan était comme ça, loin d’être stable peut-être même loin d’être fréquentable et pourtant elle parvenait parfois à s’assurer qu’un jour ou l’autre elle rentrait définitivement dans les rangs et continuerait de vivre sur le droit chemin même si elle doutait que ça soit totalement faisable en continuant de côtoyer Tayla et Elijah. « De Palapag, tu dis ? Il y était quand j'y étais ? ». Sortie de ses pensées, Loan leva les yeux vers la jeune femme alors qu’elle les avait baissés en direction du sol sans s’en rendre compte. Ses sourcils se froncèrent légèrement pendant qu’elle se mettait à réfléchir même si la réponse était plus qu’évidente étant donné qu’elle le connaissait depuis toujours. « Normalement, oui. » dit-elle en continuant de chuchoter pour porter une nouvelle fois la bière à ses lèvres. « Je le connais depuis toujours. Il fait partie de la famille Vryzakis si jamais ça te dit quelque chose … ». Loin de se douter que Tayla connaissait parfaitement Elijah puisqu’elle travaillait pour lui, elle soupira et lui adressa un léger sourire même si elle n’aimait pas parler de ce qu’elle pouvait ou non éprouver pour lui. Cependant, elle était sa sœur de sang et malgré ce qui avait pu se passer entre elles par le passé la jeune femme restait la seule personne en qui elle ait véritablement confiance et à qui elle se confiait sans le moindre problème.

Ce qu’elle pouvait ne pas supporter cette gêne qui l’envahissait à chaque fois qu’il était sujet de lui. Loan aurait tellement aimé être capable de le retirer de sa tête, de l’ôter une bonne fois pour toute de son esprit mais elle en était incapable. Ils se connaissaient depuis trop longtemps, leur lien était à la fois trop étrange et trop fort pour qu’elle puisse ne serait-ce que tenter de faire une croix dessus. Elle avait toujours été plus expressive que lui éprouvant bien moins de difficultés à exprimer ses émotions pour éviter d’être plus dangereuse qu’elle ne l’était au naturel. Loan tenait à lui et elle n’en avait jamais douté. A ses yeux il avait toujours été un ami malgré toutes ses tentatives pour la blesser et l’éloigner, à chaque fois elle était revenue et elle savait pertinemment qu’elle continuerait de le faire. Toutefois, elle n’avait pris conscience de la vérité que très récemment et cette dernière lui restait en travers de la gorge. Elle refusait d’y croire seulement les gaffes qu’elle faisait lorsqu’il était sujet de lui était une preuve. Elle était pitoyable à bien y réfléchir, mais elle était totalement dépendante et c’était sans doute ce qui l’effrayait le plus.

Cependant, Max ne pouvait pas deviner toutes ces émotions qui lui traversaient la tête et Loan ne pouvait qu’en être heureuse. Malgré la confiance qu’elle pouvait avoir en elle depuis toujours et malgré les épreuves, la philippine préférait garder ce détail pour elle trouvant s’être déjà bien assez vendue comme ça pour une seule soirée. L’ouïe toujours à l’aguet du moindre bruit suspect qui les forcerait à fuir de nouveau, Loan parvint tout de même à rester concentrée sur la jeune femme, la suivant du regard tandis qu’elle gagnait la fenêtre de la cuisine pour, sans doute, surveiller les alentours avant de se concentrer à nouveau sur elle. « Ah, donc quand tu disais "pas fréquentable", tu parlais pas de vol à l'étalage, hein. ». Loan grimaça légèrement. Elle connaissait les affaires d’une partie de la famille Vryzakis – le côté de Nikolas et Elijah, évidemment – mais n’avait jamais cherché à en savoir plus et pour tout dire la jeune femme préférait tout de même ignorer ce qu’ils pouvaient faire ce qui était sans doute mieux pour elle et sa santé mentale. Mais Max avait raison, cette fois elle avait visé haut même si elle connaissait Elijah bien avant qu’il décide de reprendre les affaires de son père. « Alors, mademoiselle a un crush pour Elijah Vryzakis... Tu fais vraiment pas les choses à moitié. ». Pour première réponse, Loan termina sa bière d’un trait et la jeta dans ce qui semblait être une poubelle bien qu’elle n’en soit pas sûre.

Elle reposa ses yeux sur Max et croisa les bras contre sa poitrine, faisant toujours attention de chuchoter. « C’est ça moque toi, mais t’as pas idée à quel point ça peut être horrible pour moi pour tout un tas de raisons différentes. ». Certaines étaient d’ailleurs plus évidentes que d’autres, mais la jeune femme préféra les faire taire toutes et se concentra sur la situation actuelle montrant la pièce qu’elles avaient traversé pour atteindre la cuisine d’un geste du menton en s’approchant ensuite de son amie. « Y a pas des escaliers de secours dans l’une des chambres qui nous permettraient de sortir ? Etant donné le côté où elles se trouvent, ils auront la tête penchée à l’opposé de l’endroit par lequel on sortira. ». Loan n’avait que très peu envie de s’éterniser dans cet appartement à la fois parce que son lit commençait à lui manquer terriblement avec toute cette histoire, mais aussi parce qu’elle n’avait que très peu envie de s’étaler plus longtemps sur le sujet « Elijah ».

Finalement, Loan n’avait plus la moindre envie de savoir pourquoi elles devaient courir pour sauver leur peau, le faire était déjà bien assez pour elle et les affaires de Max resteraient ses affaires. « Je trouvais l'appart' plutôt cool, perso... ». La jeune femme leva les yeux au ciel mais ne put empêcher un petit sourire d’étirer malgré tout le coin de ses lèvres. Elle se doutait pertinemment que son amie aurait aimé pouvoir la taquiner plus longtemps ou en savoir plus mais elle n’allait pas lui faire ce plaisir, pas alors qu’elle-même ne savait pas quoi en penser. Finalement, toutes les deux partirent à l’exploration des pièces de l’appartement et débouchèrent enfin sur une chambre dotée d’un escalier de secours, comme elle y avait pensé. « Good guess ! Tu devrais m'accompagner plus souvent, tiens. ». Fière d’elle, Loan lui adressa un large sourire et pouffa. L’accompagner plus souvent … elle allait s’en passer. Elle avait beau aimer les sensations fortes et sentir l’adrénaline couler dans ses veines, elle préférait tout de même se passer du fait de se faire courir après par des hommes armés, elle donnait assez au front.

« On décolle ! Oublie pas ta bière. ». Loan fronça les sourcils tandis que Max enjambait le bord de la fenêtre pour se retrouver sur l’escalier. Sa bière ? Pourquoi lui demandait-elle de prendre sa bière avec elle ? Elle comptait courir tout en buvant ? Ça allait être particulièrement difficile pour Loan qui avait terminé la sienne. « Pour l'ADN, hein. Ça aurait pu être parce que c'est de l'alcool, mais pas cette fois. ». Par moment la philippine se serait frappée. Acquiesçant à la requête de Max, elle fit demi-tour et alla attraper sa bière avant de rejoindre la jeune femme et de la suivre jusqu’en bas de l’immeuble dans lequel elles étaient entrées pour trouver un abri. Une fois dans la ruelle, Loan regarda autour d’elle pour s’assurer qu’aucun des hommes ne se trouvaient dans les parages et posa son regard sur Max. « Et maintenant ? On rentre tranquillement chez nous ou tu vas être poussée par une envie suicidaire de tous les tuer pour être tranquille ? », souffla-t-elle en chuchotant sans bien savoir ce qu’elle-même voulait faire. Évidemment elle rêvait de retrouver son appartement mais si Max comptait les éliminer pour plus de « sécurité », comme toujours Loan se sentait prête à l’aider.

Autour d’elles tout semblait calme ce qui n’était pas pour déplaire à la philippine dont les pieds commençaient à être de plus en plus douloureux bien qu’elle ne semblait pas y prêter plus attention que ça. Loan avait assez donné pour une soirée d’autant plus qu’elle était sortie dans l’idée de se vider la tête et de passer un bon moment avec Tayla. Certes, on pouvait dire qu’elle avait eu largement de quoi penser à autre chose, mais c’était tout de même loin de ce à quoi elle s’était attendue. Instantanément, une fois sur le goudron froid dans la ruelle dans laquelle les deux jeunes femmes se trouvaient, Loan ne put s’empêcher de penser à ses pauvres chaussures qu’elle avait abandonné un peu plus tôt et qui lui manquait affreusement même si sur le coup elle avait jugé plus intelligent d’éviter de risquer sa vie pour une quelconque paire de chaussures, d’autant plus si elle pouvait s’en racheter une dans les jours à venir. Elle chassa cette pensée inutile de sa tête par un simple mouvement de cette dernière et se focaliser sur Max devant elle dans l’attente de sa réponse. « Tu déconnes la soirée vient de commencer. Tu veux venir boire un verre chez moi ? ». Loan pouffa légèrement avant de se rendre compte que son amie était très sérieuse. Laissant sa tête tomber en arrière, Loan lâcha un long soupir lourd de sens et posa à nouveau les yeux sur Max. Elle la surprendrait toujours, aucun doute là-dessus.

Mais après tout il s’agissait d’une journée – enfin soirée en l’occurrence – normale pour elle. Elle ignorait peut-être dans les détails ce qu’elle faisait de sa vie et comment elle gagnait cette dernière, mais elle était tout de même assez intelligente et au courant pour savoir que tuer des personnes n’étaient pas une chose qui la dérangeait et qui n’était pas nouvelle pour Tayla. Quelque part c’était également le cas de Loan lorsqu’elle était envoyée en mission avec l’armée. Elle avait déjà tué et ce plus d’une fois en plus de ce soir pourtant elle semblait éprouver plus de remords à chaque fois qu’elle appuyait sur la gâchette que ça soit pour sauver sa peau ou non. Néanmoins, la philippine n’était pas contre un verre chez elle, pas si ça lui permettait une bonne fois pour toute d’oublier tout ce qui venait de se passer. Elle suivit donc Max en silence jusqu’au bout de la ruelle où la jeune femme fit signe à un taxi qui s’arrêta juste devant elles. « Garantie sans tueurs vengeurs. ». Elle arqua un sourcil et croisa les bras machinalement contre sa poitrine. Décidément, Max était tout aussi irrécupérable qu’elle et même si elle secoua la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel, un petit sourire aux lèvres, elle ne tarda pas à s’engouffrer dans le taxi sans cacher sa joie de s’éloigner. « J’espère que tu as quelque chose de fort autant pour occuper la soirée que pour que je sois capable de m’occuper d’eux sans grimacer toutes les cinq secondes. », dit-elle en montrant ses pieds qui étaient largement écorchés sur la plante, mais elle avait connu pire et bien plus douloureux.

elle a un sérieux problème avec ses pieds et moi avec ma concentration

« Il y a tout ce qu'il faut là où on va. ». Pourquoi n’était-elle pas même surprise de l’entendre le lui dire ? Avec les années, Loan avait appris à éviter d’être surprise dès lors qu’il s’agissait de Max mais c’était parfois bien difficile et autant dire que leur soirée avait largement eu son lot de surprises au point que la jeune femme préférait ne même pas imaginer la prochaine. Soulagée de voir la ville défiler sous ses yeux, Loan laissa son front se poser contre la vitre froide en soupirant. Elle était éreintée d’avoir autant couru et ses membres commençaient à trembler à cause de cet excès d’adrénaline qui lui avait subitement parcouru les veines, mais la philippine resta silencieuse et tâcha de calmer sa respiration qui, elle aussi, faisait des siennes. A présent que la tension était retombée, les douleurs ici et là dans son corps se réveillaient et lui rappelaient violemment à quel point elle avait pu se laisser aller ces derniers temps. Habituée à New York depuis les trois années à y vivre, Loan ne tarda pas à remarquer que le taxi s’engageait en direction du quartier de Chelsea ce qui aurait pu ne pas la surprendre si elle avait prêté attention à l’adresse que Max avait donné au chauffeur.

Néanmoins silencieuse et curieuse de savoir où son amie l’emmenait, elle descendit du véhicule à la suite de la jeune femme et la suivit sans prononcer un mot, se maudissant une nouvelle fois d’être sans chaussures ayant la sensation que ses blessures s’aggravaient un peu plus à chaque pas même si ce n’était pas ce qui allait l’empêcher d’avancer. L’endroit dans lequel elles entrèrent eut le don de la surprendre et de redoubler d’autant plus sa curiosité. Loan avait l’impression de se trouver dans un hangar désaffecté et laissé à l’abandon ce qui était probablement le cas et même si elle n’avait pas la moindre idée de la raison de leur présence ici, elle suivit toutefois son amie jusqu’au monte-charge en faisant taire son impatience. La philippine regarda les étages défiler jusqu’à ce qu’elles arrivent au niveau -2 et que Max soulève la barrière du monte-charge pour leur permettre de sortir. Devant elles se trouvaient ce qui ressemblait à un bar ce qu’elle pouvait deviner vis-à-vis de l’agencement de cet endroit énorme et aux murs particulièrement hauts qui auraient pu lui donner le vertige si jamais elle avait été touchée par ce dernier.

« Bienvenue dans mon bar ! ». Son regard balaya la salle sans qu’elle soit incapable de prononcer le moindre mot. Même si c’était assez vide ça n’en restait pas moins impressionnant. « Enfin... Whatever. ». Presque totalement émerveillée par ce lieu alors qu’il n’y avait peut-être pas de quoi, Loan apprécia également la sensation du froid du sol sur ses pieds ce qui la soulageait déjà beaucoup comparé au goudron des ruelles new-yorkaises. « Parons au plus important ! Alcool. ». Toujours aussi silencieuse, elle la suivit jusqu’au bar qui se trouvait au milieu de la salle et ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement en voyant tout le nécessaire pour se soigner avant même l’alcool que Max avait pourtant posé juste à côté. « Cette fois c’est officielle, tu me sauves véritablement la vie. », dit-elle en attrapant ce dont elle avait besoin pour désinfecter ses blessures ce qu’elle fit assez rapidement avant de redresser la tête et de voir Max pousser un shot de tequila en sa direction et que Loan n’hésita pas à attraper en ayant largement besoin. « J’espère que tu as pas mal de bouteilles cachées derrière, je vais avoir besoin de boire jusqu’à dormir par terre pour me remettre. », affirma-t-elle en agitant vivement la tête pour ensuite lever son verre et le boire d’un coup sans pouvoir s’empêcher de grimacer lorsque l’alcool lui brûla légèrement la gorge.

Elle n’en voulait pas à Max, loin de là. Elle était son amie et surtout elle savait pertinemment que cette dernière ne faisait pas dans le légal et que tôt ou tard ce genre de situation aurait eu lieu. Le principal à ses yeux était de passer du temps avec elle même si elle avait eu une sacrée peur au ventre en se faisant tirer dessus, mais il fallait bien que Loan se remette dans le bain avant d’avoir à nouveau à partir au front ce que, malgré la soirée, elle attendait avec une légère impatience comme si risquer sa vie était nécessaire voire vital. « Il y en a assez pour que tu fasses quelques belles overdoses. ». Son attention se porta sur les deux bouteilles que Max sortit et posa juste à côté de celle qu’elle venait tout juste d’entamer. Un large sourire satisfait étira ses lèvres ravie de remarquer qu’ici il y avait vraiment tout pour oublier cette soirée et surtout pour passer du bon temps. « Et c'est pas tout ! ». Intriguée, la jeune femme fronça légèrement les sourcils sans pour autant prononcer le moindre mot. Loan regarda Max trottiner joyeusement pour quitter le bar et se rendre vers une pièce dans le fond dont elle ignorait l’utilité. La jeune femme se pencha sur le côté pour tenter de discerner quelque chose mais avec la nuit et la pénombre ce fut impossible.

Elle s’amusa à jouer avec le verre vide devant elle, perdu dans ses pensées jusqu’à ce que Max revienne ses cheveux attachés et sa tenue changée, la forçant d’autant plus à froncer les sourcils sous la curiosité qui l’envahissait. Puis ce fut sur la tenue qu’elle posa près d’elle que ses yeux se posèrent pour finalement redresser la tête et regarder son amie. « Tu sais que si je mets ça je repars avec ? ». En tout cas ça avait l’air bien plus confortable et pratique que la robe qu’elle portait sur elle et qu’elle était bien heureuse de savoir toujours en état malgré la course qu’elle avait fait. « Hm... Du citron. J'ai pas pensé à ça. ». Loan leva les yeux au ciel, un petit sourire aux lèvres. Elle prit dans sa main son deuxième verre qu’elle bu tout aussi rapidement que le premier et qui fut de nouveau suivit d’une légère grimace. « T’en fais pas, la tequila suffira. ». La jeune femme remarqua que le regard de Max faisait le tour des lieux et elle finit par se tourner pour regarder tout autour d’elle puis ses yeux se posèrent de nouveau sur son amie persuadée que cette dernière allait lui en dire un peu plus sur l’endroit où elles se trouvaient. « Quand j'ai connu cet endroit, c'était un bar clandestin. Un soir, j'ai été défiée au poker, et même si j'étais pas sérieuse au début, j'avais... une main en or. ».

Loan approcha un peu plus son troisième verre d’elle sans pour autant quitter la jeune femme des yeux. Son index se contenta simplement de suivre le bord circulaire du verre tandis qu’elle continuait de l’écouter. « Les enchères sont vite montées, et Taz, le proprio, croyait vraiment m'avoir. Il a voulu me faire miser... quelque chose de très important, c'était le but premier de la partie je pense, et il m'a appâtée en misant son bar. Et devine qui avait la meilleure main ? ». Un sourire étira à nouveau ses lèvres tandis qu’elle suivit le geste de Max et avala d’un coup le contenu de son verre pour le reposer aussitôt sur le bar. Loan les sentait venir les effets de l’alcool et à boire ces verres à la suite et d’un coup sec ce n’était pas bien surprenant, mais assise sur un tabouret elle ne risquait rien à moins de partir d’un fou rire qui la renverserait en arrière. « Et voilà un qui ne s’amusera plus à jouer avec le feu. », dit-elle un sourire toujours aux lèvres et en évitant à tout prix de secouer la tête. « En tout cas c’est sympa … un peu vide mais j’aime. Si tu décides d’en faire à nouveau un bar ça sera classe. ». Loan glissa son verre en direction de Max, étirant un peu plus son sourire pour lui faire comprendre qu’elle attendait déjà son quatrième shot.