Il n’y avait pas grand-monde dans la rue que Coleen venait d’emprunter. Elle marchait d’un pas pas très assuré vers le chemin qu’elle pensait avoir emprunté pour venir ici. Mais elle n’était plus sûre que c’était bien celui-là. Elle passa devant une maison étrange qui lui faisait penser à un igloo et essaya de se souvenir si elle l’avait vu tout à l’heure. En vain. Elle ne savait même plus exactement comment elle avait atterri ici. Elle se souvenait juste qu’elle avait décidé de sortir ce soir parce qu’elle en avait marre et qu’elle avait atterri dans un bar pas très loin de chez elle. Il y avait eu cette fille aussi, sa nouvelle meilleure amie dont elle avait oublié le nom, elle l’avait convaincue de la suivre quelque part où elles s’amuseraient plus. Et maintenant, elle était là, quelque part dans Brooklyn selon un panneau qu’elle venait de croiser. Voilà qui l’avançait bien.

Elle s’arrêta et essaya de rassembler ses souvenirs. Elle était passé devant un parc tout à l’heure, il fallait qu’elle le retrouve comme ça, elle retrouverait peut-être son chemin. Le plus sage aurait sûrement été de sortir son téléphone et d’appeler quelqu’un. Genre, un taxi par exemple. Mais elle n’aimait pas prendre le taxi, elle tombait toujours sur des chauffeurs bizarres et ce soir elle n’avait juste pas confiance. C’est vrai que se trouvé dehors comme ça, c’était beaucoup plus rassurant. Sinon, elle pouvait toujours appeler Tamsin. Elle l’aurait aidé, c’était certain mais Coleen n’était pas certaine d’avoir envie de l’appeler. Comme elle était incapable de se décider à faire quoique ce soit, elle reprit son chemin et avança encore dans la rue. C’était un peu ridicule mais bon.

Jusque là, elle n’avait rien entendue d’autres que le bruit de ses pas mais ce n’était plus le cas depuis quelques minutes. Il y avait quelqu’un d’autres dans la rue, à une distance encore assez éloignée d’elle mais assez près pour que la jeune fille accélère. Elle jeta un coup d’œil discret derrière elle et manqua de trébucher. Bah bien, comme ça si elle tombait en plus, elle allait tout gagner. Le fait était que le mec derrière elle ne lui inspirait pas du tout confiance. Parce qu’elle supposait que c’était un mec vu l’allure qu’il avait. Finalement, elle aurait vraiment du appeler un taxi, ou Tamsin. En plus elle avait mal aux pieds. Ses pensées se suivaient sans vraiment avoir de sens ni de rapports entre elles. Elle s’arrêta de nouveau et décida d’enlever ses chaussures. Elles la ralentissaient et à ce rythme-là, ses talons allaient lui faire perdre l’usage de ses pieds. Elle se débattit avec la sangle assez longtemps pour que l’autre derrière la rattrape. Quelle idée étrange elle avait eu aussi de s’arrêter là maintenant. Niveau instinct de survie, on faisait mieux. Au moment où il arriva à sa hauteur, elle avait enlevé sa chaussure e put la brandir devant elle. « Arrière ! Je suis armée !» C’est vrai qu’elle devait avoir l’air très effrayante là comme ça avec ses chaussures à la main. Certes, elle était persuadée que des talons pouvaient faire mal mais ce n’était visiblement pas le cas de l’autre en face. Il l’attrapa par le bras et la repoussa en arrière si bien que Coleen se retrouva plaquée contre le mur derrière. La seule chose qu’elle arriva à faire c’est crier et balancer son autre main dans le vide dans une vaine tentative de se débattre. S’il voulait son argent, qu’il prenne son sac et qu’il s’en aille maintenant.

Milo fourra les mains dans ses poches en sortant du cinéma, terrassé par un vent froid qui venait de l'attaquer en pleine figure. Il regrettait déjà d'être sorti du bâtiment, même s'il fallait avouer qu'il n'avait pas été plus emballé que ça par le film qu'il venait de voir. Enfin si on pouvait appeler ça un film … Il se tourna vers Lys, qui semblait très enchantée, et lui lança un sourire. Elle n'avait pas arrêté de lui parler de ce documentaire animalier, du matin au soir, alors Milo s'était proposé pour l'y emmener, d'autant plus qu'il connaissait un petit cinéma bon marché à Brooklyn. Il appréciait la compagnie de Lys, car même s'ils ne vivaient ensemble que depuis peu, ils s'étaient rendus compte par hasard qu'ils étaient tous les deux bénévoles à la SPA et ainsi leur lien s'était renforcé. Milo songea qu'il préférait largement la SPA à ce documentaire bidon qu'ils venaient de voir, mais peu importe, Lys était contente et ils avaient passé une bonne soirée. La jeune femme lui demanda s'il voulait rentrer mais il déclara préférer faire un tour d'abord, si bien qu'ils se séparèrent et Milo se dirigea vers le parc de l'autre côté de la rue. Il avait toujours aimé les promenades nocturnes et depuis qu'il était à New York celles-ci s'était multipliées. La nuit, il avait le temps de voir la ville dans ses moindres détails, d'arpenter ses parcs et ses avenues sans être écrasé par toute l'agitation habituelle. A Prospect Park, tout était toujours très calme même si quelques promeneurs s'y aventuraient de temps en temps. Milo y pénétra en silence, marchant d'un pas tranquille et serein.

Au bout d'une demi-heure peut être, il atteignit une sortie et continua de marcher, songeant qu'il était peut être de temps de récupérer un bus pour rentrer. Mais il n'était pas pressé, on était samedi et il n'avait pas besoin de se lever le lendemain. A moins que Denver rentre complètement défoncé à 6 heures du matin. Il soupira à cette idée, espérant que ce scénario ne se produirait pas, puis il bifurqua vers une plus petite route. Deux silhouettes attirèrent son attention, un peu plus loin. Il n'y avait personne dans cette rue à part eux, et Milo fronça les sourcils en entendant les exclamations de la jeune femme. Finalement elle se mit à crier et Milo accéléra pour se rapprocher un peu plus et voir ce qui se passait. Il arriva alors tout près du mur, constatant qu'un homme peu commode plaquait la jeune femme sur le mur, et que celle-ci se débattait de toutes ses forces. L'homme colla une main sur sa bouche pour qu'elle se taise, et Milo se mit à courir vers eux, horrifié. Il ne savait pas ce que cet homme comptait lui faire et à vrai dire il n'avait pas envie de le savoir. « Lâche cette fille !. » s'exclama-t-il en criant, les sourcils froncés. L'homme se retourna vers Milo sans lâcher la fille et poussa un grognement plutôt effrayant. Il répondit « Dégage gamin, ou tu vas avoir de sérieux problèmes. » L'homme cessa de bouger, attendant que Milo déguerpisse. Mais le brésilien ne bougea pas d'un poil, le regardant très sérieusement. « Je t'ai demandé de la lâcher. Tout de suite. » Son ton était catégorique et déterminé. Il ne comptait pas bouger de là. C'est alors que l'agresseur se mit à rire grossièrement, empoignant la jeune femme en déclarant « Ne bouge pas de là toi. » Il lui donna une violente gifle en pleine figure puis la lâcha, avant de s'approcher de Milo et de lui donner un coup de poing dans le ventre. Le brésilien se tordit en deux, poussant un gémissement de douleur, mais il se redressa en quelques secondes et lui envoya deux coups de poings en pleine face. L'agresseur fut forcé de reculer, un peu sonné. Milo n'aimait pas user de la violence mais on lui avait appris à se défendre dans les situations vraiment nécessaires. Sauf que l'autre était bien plus baraqué que lui et semblait avoir de l'expérience en la matière, si bien qu'il lui donna un méchant de coup de tête suivit d'un uppercut dans le menton, et Milo tomba en arrière. Le sang coulait de son nez et sa vision devint complètement troublée.

Coleen se débattait du mieux qu’elle pouvait mais elle ne faisait clairement pas le poids. L’autre était au moins deux fois plus lourd et plus fort qu’elle. C’était un combat perdu d’avance. Enfin ce n’était pas parce qu’elle avait fait cette constatation qu’elle était pour autant décidée à se laisser faire. Elle tenta à nouveau de frapper l’autre et cette fois, elle le toucha. Elle le sentit à la douleur qui traversa sa main. En tout cas, elle avait beau y avoir mis toutes ses forces et s’être fait mal, l’homme ne sembla pas avoir ressenti grand-chose. Elle sentit les larmes montées, elle était tellement impuissante là que c’était bien la seule chose qu’elle pouvait faire. Si Peter avait été là, il aurait sûrement pu l’aider lui qui aimait jouer les caïds. Là, la situation aurait justifié qu’il fasse quelque chose. Mais s’il avait été là, Coleen ne se serait probablement pas trouver à Brooklyn ce soir. Si tout n’avait pas été prétexte à engueulade avec lui, elle ne serait pas sortie énervée ce soir ni rien. Alors, tout était de sa faute en fait, parce qu’il fallait bien un responsable et Coleen se sentait un peu mieux maintenant qu’elle avait quelqu’un à blâmer. Sauf qu’avoir quelqu’un à blâmer là, ne lui était vraiment pas d’une grande utilité.

Alors qu’elle croyait que tout était perdue, elle entendit alors une voix. « Lâche cette fille !. » Coleen rouvrit les yeux, elle ne s’était même pas rendue compte avant maintenant qu’elle les avait fermé. L’autre s’était retourné en provenance de la voix mais il ne l’avait pas pour autant lâcher et elle était toujours aussi incapable de faire le moindre mouvement. « Dégage gamin, ou tu vas avoir de sérieux problèmes. » Elle, elle ne serait pas fait répéter ce genre de choses deux fois. Il était certain que si on lui avait dit ça, elle serait partie en courant aussi vite qu’elle était venue. Elle n’aurait donc pas été étonnée de voir le nouvel arrivant agir de la sorte. Mais l’autre ne sembla pas écouter ce qui venait de lui être dit et la jeune femme en fut soulagée. « Je t'ai demandé de la lâcher. Tout de suite. » Le ton se voulait décider mais son agresseur n’en fut pas impressionné le moins du monde. Il éclata de rire et lui ordonna de ne pas bouger. Bien sûr, il pouvait compter là-dessus. Cependant, il lui asséna une gifle si forte juste après que lorsqu’il la lâcha, Coleen n’eut même pas la présence d’esprit de bouger. La douleur avait eu raison de ses dernières défenses et les larmes qu’elles retenaient depuis tout à l’heure se mirent à couler le long de ses joues. Elle percevait des bruits de bagarre à côté mais elle n’y faisait pas attention. Il fallait qu’elle s’en aille, c’est tout ce qu’elle ne cessait de se répéter mais elle avait l’impression d’être cloué sur le sol. Elle aurait pourtant vraiment du faire quelque chose parce qu’un regard vers les deux hommes suffit à lui montrer que le combat de tournait vraiment en sa faveur. En effet, celui qui venait d’arriver était étalé sur le sol et semblait à deux doigts de perdre connaissance. Un seul coup allait suffire à définitivement le mettre hors jeu. La jeune femme eut alors la réaction la plus stupide de tout les temps parce que quand elle arriva enfin à se déplacer ce ne fut pas pour s’en aller. A la place de ça, elle se dirigea vers l’agresseur et se mit à le frapper. « Dégage, dégage, dégage. » Comme si, elle pouvait arriver à quelque chose. Quand elle était petite, ses frères avaient bien tentés de lui apprendre à se battre mais elle n’avait jamais réussi à asséner ne serait-ce qu’un coup digne de ce nom. Elle espérait quand même que la peur et l’énervement allaient décupler ses forces. Ce ne fut cependant pas le cas, la seule chose qu’elle réussit à faire c’est reporter l’attention de son agresseur sur elle-même. « Oh toi… » Elle n’était rien qu’un mouche un peu embêtante pour lui, il pouvait l’écraser comme il le voulait. Elle lança des coups d’œil autour d’elle désespérée cherchant quelque chose qui aurait pu l’aider mais elle ne trouva rien. Elle était vraiment trop stupide.

Milo tenta d’ouvrir les yeux à plusieurs reprises, mais en vain. Il n’y arrivait pas, il avait beau essayer, c’était comme si quelque chose lui écrasait la tête et sa nuque était lourde. Quand finalement il parvint à entrouvrir les paupières, il ne vit qu’une lueur lointaine, sûrement celle d’un réverbère situé plus loin. Tous ses autres sens avaient été inhibés par le choc, si bien que lorsqu’ils revinrent, Milo eut l’impression de se prendre un autre coup de poing en pleine figure. La première chose qu’il entendit furent les cris de la jeune femme, et la voix grave de son agresseur. Il tourna la tête pour les regarder, ignorant le sang qui coulait de son nez et la douleur à l’arrière de son crâne. Il vit l’homme lui attraper les poignets et la plaquer un peu plus contre le mur. Le brésilien tenta de se lever pour l’arrêter, mais il vacilla une fois à genoux, sentant sa tête basculer sur le côté. La fille criait toujours et Milo n’était pas très sûr de vouloir voir la suite. Allait-il la frapper encore ? Ou bien pire, allait-il abuser d’elle ? Il était là, spectateur de cette scène et incapable de faire un mouvement. Son regard balaya la ruelle, à la recherche d’un éventuel secours. Mais il n’y avait personne, strictement personne, car après tout qui aurait pu avoir l’idée de se promener par ici à une telle heure de la nuit ? Milo fronça les sourcils, accablé par l’effroi. Il fallait qu’il fasse quelque chose, mais quoi ? Soudainement quelque chose attira son regard un peu plus loin. Un barre, ou bien un tuyau, il ne savait pas trop ce que c’était, mais ça semblait assez lourd pour assommer l’autre lascar. Maintenant il ne restait plus qu’à atteindre l’objet sans se faire remarquer. Et éviter un autre coup de poing fatal.

Milo rampa sur le côté, s’approchant un peu plus de la barre en fer, tout en s’efforçant de faire le moins de bruit possible. Il entendit la jeune femme gémir après avoir reçu une autre gifle, et il décida de se presser un peu plus. Il fallait qu’il intervienne tout de suite. Il posa sa paume sur le sol, prenant ainsi appui pour se relever, et finalement il parvint à se mettre debout, titubant à moitié. Il s’empara du tuyau dont il avait sous-estimé le poids, et le souleva tant bien que mal. Jamais il ne pourrait le lever assez haut pour frapper l’agresseur. Il était bien trop lourd. Il serra les dents, traînant l’objet plus près du mur, et en quelques secondes il usa de toute sa force et son courage pour hisser la barre de fer au-dessus de sa tête. Brutalement, la barre retomba et tapa contre la tête de l’homme quii s’étala immédiatement sur le sol. Sa tête cogna le bitume dans un bruit sourd, et Milo lâcha la barre qui tomba par terre à son tour, en provoquant un son aigu. Celui qui, un peu plus tôt, l’avait assommé d’un coup de poing, gisait par terre, sans vie. Une vague de terreur traversa le visage de Milo qui s’appuya aussitôt contre le mur pour ne pas tomber. Qu’avait-il fait ? Il fixa la silhouette inanimée de cet homme durant de longues secondes, avant de lever les yeux vers la jeune femme qui semblait tout aussi choquée que lui.

Il aurait été tellement plus facile pour elle de juste partir en courant. L’autre l’aurait peut-être rattrapé mais au moins elle aurait pu prendre un peu d’avance et éviter le pire. Mais il avait fallu qu’elle se fasse du souci pour celui qui l’avait secouru, oui qui au moins avait essayé mais qui avait légèrement échoué. Comme si elle avait pu être capable de faire quoique ce soit qui puisse l’aider de toute manière. En tout cas, lé résultat était qu’elle se trouva de nouveau plaquer contre le mur, incapable de bouger. Elle entendait vaguement son agresseur qui parlait mais elle n’écoutait pas ce qu’il disait, elle sentait juste à quel point il empestait. Il la dégoutait, vraiment, elle en avait la nausée. Elle pensa vaguement que si elle lui vomissait dessus il serait forcé de la lâcher mais, comme s’il avait lu dans ses pensées et qu’il voulait lui faire regretter, il lui assena un nouveau coup qui arracha à la jeune femme un cri de douleur. Mais qu’était-elle donc venue foutre là ? Pourquoi est-ce qu’elle n’avait appelée personne quand elle s’était rendue compte qu’elle était perdue ? Elle ressassait ces questions en se disant à quel point elle était stupide aussi. Elle ne savait pas pourquoi mais elle était certaine que ça l’aidait, concentrer ses pensées sur autre chose que l’autre affreux était la seule chose qu’elle pouvait encore faire à présent.

Alors qu’elle n’attendait plus aucun secours de nulle part, qu’elle s’était résignée à se dire que plus rien de bien, l’étreinte disparut et l’homme la lâcha. Elle ouvrit alors les yeux, se rendant seulement compte à ce moment-là qu’elle les avait fermé depuis toute à l’heure. L’homme gisait sur le sol, étalé de tout son long. Une barre de fer était tombé par terre et celui qui avait tenté de la défendre un peu plus tôt était debout, juste à côté. Il était dans un piteuse était et avait l’air horrifié parce qu’il venait de se passer. Mais qu’est-ce qu’il venait de se passer en fait ? Le regard de la jeune femme se posa successivement sur la grosse brute, la barre de fer puis l’inconnu et elle finit par comprendre. Elle ouvrit alors la bouche, horrifiée à son tour. La seule chose qu’elle se demandait maintenant c’est si l’autre était encore en vie. Elle n’avait pas beaucoup d’expérience en la matière mais elle pensait bien qu’un coup de barre de fer et une chute sur le bitume pouvait être à l’origine de la mort de quelqu’un. « Est-ce que … » Elle ne finit pas sa question. Elle aurait voulut se pencher sur l’homme pour voir s’il respirait encore mais elle avait peur qu’il soit juste en train de feindre et qu’il lui saute à la gorge pour continuer ce qu’il avait commencé. Elle était pétrifiée et ne savait absolument pas quoi faire. « On devrait peut-être… s’en aller maintenant… » finit-elle par dire d’une voix tremblante.


Si tu savais comme j'ai galérer Et gosh quoi

Une minute ou deux passèrent alors qu'ils se tenaient debout et immobiles à se lancer des regards et à observer le corps inanimé de l'agresseur. Milo était incapable de dire quoi que ce soit. Il était littéralement pétrifié et ne sentait plus ses membres. « Est-ce que … » déclara enfin la jeune femme, sans pour autant terminer sa phrase. Et c'était mieux ainsi. Car Milo savait très bien quelle question elle pouvait se poser. Il se posait exactement la même. Mais une chose était sûre, il ne voulait pas de réponse. Il n'était pas prêt à cela. Il plongea son regard dans celui de la jeune femme et celle-ci sembla saisir son désarroi, n'ajoutant rien de plus. Peut être devait-il bouger enfin ? S'approcher du corps, voir s'il respirait encore ? Il savait qu'il devait le faire mais l'appréhension était trop grande pour qu'il puisse oser faire un seul petit mouvement. Et s'il ne respirait plus ? Et s'il avait tapé trop fort ? Milo sentit sa gorge se serrer encore plus et serra les poings, tentant de canaliser tous les sentiments infâmes et atroces qui l'envahissaient. Il y avait là un mélange de peur, de culpabilité, de dégoût et de soulagement, et le cocktail de tout cela était vraiment difficile à contenir. De nouveau, la jeune femme parla « On devrait peut-être… s’en aller maintenant… » Milo soupira longuement sans bouger, et le silence s'installa brutalement. La rue était terriblement calme et il faisait si sombre que Milo avait du mal à y voir discinctement. Elle avait raison. Ils devaient mieux partir. Après tout ils n'avaient fait que se défendre, légitimement. Justement, il ne fallait pas qu'ils partent comme des voleurs ! Milo songea qu'ils devaient appeller la police et vite. Et s'il était vraiment mort ? Le brésilien était perdu, tiraillé entre ces deux solutions. Subitement, un bruit sourd se fit entendre et une voiture passa tout près, dans la rue d'à côté, ce qui fit sursauter Milo. Sa respiration s'accéléra et en une seconde il s'emparra du bras de la brune et commenca à courir dans la direction opposée au bruit.

Il courrait à toute vitesse, s'assurant régulièrement que sa partenaire de crime le suivait. Milo ne se rendait pas vraiment compte de la distance parcourue, et il courrait toujours plus vite et plus loin, voyant défiler les immeubles sans essayer de se repérer. Il fallait qu'ils aillent loin, juste très loin et ne reviennent jamais là bas. A bout de souffle, Milo s'arrêta finalement, se postant au coin d'un mur et tira la jeune femme à ses côtés. C'était bien la première fois de sa vie qu'il lui arrivait une chose pareille. Milo n'usait jamais de la violence, il la repoussait systématiquement et préférait user de méthodes pacifistes. Mais là, ç'avait été son dernier recours. Et il ne regrettait rien, maintenant qu'il était sûr que la brune allait bien. Reprenant son souffle, Milo tenta tout de même de parler « Est ce que ça va ? Il ne vous a pas blessé ? » parvint-il à balbutier, regardant pour la première la silhouette de son interlocutrice avec précision. Elle devait avoir son âge, et il pensait l'avoir déjà vue quelque part. Peut être étudiait-elle à Columbia. Il lui fit un sourire rassurant même s'il était tout sauf rassuré. Puis il jeta un coup d'oeil à droite et à gauche et reprit « Je suis désolé .... De vous avoir emmenée ici, mais ... J'ai paniqué, je ne sais pas si ... Il .... J'ai peut être tapé trop fort, en fait je ... » Il baissa finalement la tête, incapable d'en dire davantage. Il se sentait terriblement mal, essouflé et accablé par une sensation horrible qui n'était autre que de l'incertitude. A présent il ne pouvait plus savoir si cet homme s'en sortirait bien ou pas, et pourtant il savait que pour aller mieux il aurait besoin d'en avoir le coeur net. Mais c'était trop tard. Il songea que le plus important était la santé de cette femme et qu'il finirait bien par oublier le reste. Mais il avait du mal à y croire ...

La jeune femme avait laissé sa question en suspens et elle n’attendait pas vraiment de réponse de toute manière. Elle savait bien que le garçon n’en avait pas plus qu’elle. Pour ça, il aurait fallu que l’un d’eux deux s’approche du corps et se penche pour vérifier. Mais il n’avait pas l’air plus près qu’elle à le faire et elle le comprenait aisément. Elle croisa son regard, il avait l’air encore plus effrayé qu’elle. En même temps, c’était compréhensible, c’était lui qui avait frappé. Si jamais l’autre était… Coleen frissonna. Non, elle ne pouvait pas penser à ça, il était forcément encore en vie. Il était juste assommé et même s’il était mort, il n’avait que ce qu’il méritait. Elle déclara alors qu’il faudrait mieux de partir. Si elle y avait réfléchie un peu plus, elle se serait sûrement aperçu à quel point cela pouvait être une idée stupide. C’était de la légitime défense, la réaction la plus sage dans ce cas-là, c’était plutôt d’appeler la police et d’attendre qu’il fasse leur boulot. Mais elle ne voulait juste plus être là. Elle voulait simplement rentrer chez elle et elle savait parfaitement que la police était bien trop lente pour qu’elle espère rentrer chez elle avant plusieurs heures si jamais ils l’appelaient. Elle le savait en connaissance de cause, elle les avait bien vu à l’œuvre lorsqu’elle s’était fait cambrioler. Encore une fois, le jeune homme ne répondit pas, il soupira juste et Coleen pensa qu’il était peut-être encore trop sous le choc pour pouvoir réagir. C’était bien sa chance. Elle resta donc là à l’observer en silence. Parfois, son regard se posait sur el corps au sol mais elle détournait vite le regard. Elle ne voulait pas faire attention. Au bout d’un moment qui lui paru très long, enfin il réagit. Tellement vite que Coleen ne comprit pas ce qu’il se passait. Elle avait juste entendu un bruit et une voiture passé et la seconde d’après, elle se retrouvait à courir avec la jeune homme qui lui avait attraper le bras.

L’australienne ne savait pas combien de temps exactement ils coururent. Sûrement pas très longtemps mais elle eut encore l’impression que ce fut pendant une éternité. Elle était fatiguée, et avait de plus en plus de mal à le suivre. Elle se demandait comment il trouvait encore la force de courir vu dans l’état où l’autre l’avait mis. Ca n’avait sans doute pas grande importance mais au moins, pendant qu’elle pensait à ça, elle évitait de se dire qu’elle ne pouvait plus tenir comme ça et qu’il fallait qu’elle s’arrête de toute urgence. Enfin, il s’arrêta et Coleen put faire de même. Elle n’en pouvait vraiment plus, ses jambes la faisaient souffrir et elle avait une pointe de côté. Et cela concernait juste les conséquences qu’avait eues la course sur elle. « Est ce que ça va ? Il ne vous a pas blessé ? » Coleen hocha la tête. Sa joue la faisait souffrir à cause des gifles qu’elle s’était prise mais c’était à peu près tout. Physiquement, elle s’en remettrait très bien. Après, pour ce qui était du reste… « Ca va aller. » fit-elle d’une voix qui se voulait assurée. De toute façon, s’il fallait surtout s’inquiéter pour quelqu’un entre eux deux, c’était pour lui. L’autre avait bien faillit le tuer quand même. Et puis, c’était tellement plus simple d’avoir à s’inquiéter pour le jeune homme. « Et vous ? … » Elle l’observa un moment, il était dans un sale état quand même. « Je suis désolé .... De vous avoir emmenée ici, mais ... J'ai paniqué, je ne sais pas si ... Il .... J'ai peut être tapé trop fort, en fait je ... » Coleen ne dit rien d’abord. Elle comprenait où il voulait en venir. Ca devait être horrible de se dire qu’on avait peut-être tué quelqu’un, aussi horrible soit-il. Ils ne sauraient probablement jamais ce que l’autre allait devenir. Enfin si, s’il était mort, il le saurait forcément. Il suffisait que la police trouve le corps et là, elle n’aurait aucun mal à remonter jusqu’à eux. Elle aurait voulu pouvoir le rassurer mais elle ne pouvait pas, elle n’en savait pas plus que lui. « Ca va aller… il était sûrement… juste assommé. Il devait bien respirer non. Ce genre de type s’en sort toujours. » Elle essayait de s’en persuader au moment où elle disait ça. Mais l’effet sur elle n’était pas très convaincant, ça devait sûrement être la même chose pour lui. « Il est toujours temps pour qu’on y retourne… » finit-elle par dire. En vérité, elle s’imaginait y retourner et c’était juste au dessus des forces. Et puis, s’ils arrivaient là-bas et qu’ils constataient que l’aitre était bel et bien mort, qu’est-ce qu’ils pourraient bien y faire ?

La jeune femme affirma que tout allait bien pour elle, même si Milo pouvait clairement constater que sa joue était marquée par les gifles qu'elle avait reçu. Il s'efforca de l'ignorer, ne voulant pas insister car après tout il pouvait très bien imaginer que la brune se sentait honteuse après un tel évènement. D'ailleurs elle n'était pas la seule à se sentir honteuse, il l'était lui aussi, depuis qu'il s'était fait lamentablement assommer par l'autre. Sa tête lui faisait encore très mal, et ce n'était rien par rapport à son nez qui devait être sacrément amoché. Elle l'interrogea sur son état, et il se contenta de passer une main sur son nez pour constater qu'il était toujours ensanglanté, mais à dire vrai, à cet instant précis c'était le dernier de ses soucis. « Ca ira pour moi, ce n'est vraiment pas grand chose ... » balbutia-il, tout en détournant les yeux. Il ne savait vraiment plus où il en était. Tout était arrivé si vite ! A mesure qu'il reprenait sa respiration, les choses prenaient de l'ampleur dans son esprit et il commençait à prendre réellement conscience de ce qu'il avait fait. Comment tout cela avait-il pu se passer ? Lui, Milo, c'était bien la dernière personne du genre à se mettre dans des galères pareilles. Ses pensées étaient si confuses qu'il avait un mal fou à s'exprimer, il parvint cependant à prononcer quelques mots sur ce qui était arrivé. A présent il n'était plus très sûr de pouvoir ouvrir la bouche à nouveau. Il était totalement, complètement abattu, et se sentait dépourvu de toute force. Il ne s'était jamais senti aussi mal de toute sa vie. Milo leva les yeux vers la jeune femme pour y chercher un peu de soutien, mais ne trouva que de la détresse. « Ca va aller… il était sûrement… juste assommé. Il devait bien respirer non. Ce genre de type s’en sort toujours. » déclara-t-elle, visiblement peu convaincue. Milo savait qu'elle disait ça avant tout pour se persuader, mais au fond ils étaient tous les deux conscients que rien n'était sûr et que cet homme n'avait pas semblé très vivant lorsqu'ils s'étaient enfuits. Ses paroles ne changèrent en rien l'atmosphère pesante qui s'était installée entre eux. Milo ne savait plus vraiment quoi faire, il ne s'arrêtait plus de penser, et tout était tellement désorganisé qu'il en avait perdu la raison. « Il est toujours temps pour qu’on y retourne… » ajouta la brune, ce qui fit frissonner Milo. Y retourner ? Il ne l'avait même pas envisagé. Il ne savait pas s'il en avait vraiment la force. Il ouvrit la bouche pour parler mais pendant quelques secondes il resta muet. C'était trop difficile, mais il fallait bien qu'il le dise. « Et si ... il ... » sa voix s'éteignit brutalement, et il tenta de reprendre son calme mais c'était vraisemblablement impossible. Non, il n'était définitivement pas capable de retourner là bas. « Je crois que ... C'est une mauvaise idée. On devrait ... s'en aller d'ici. » déclara-t-il, avec hésitation. Il n'était plus sûr de lui pour rien, ça en devenait vraiment difficile. Qu'allaient-ils faire maintenant ? Se séparer et rentrer chez eux chacun de leur côté ? Et garder ce souvenir dans un coin de leur tête sans jamais en parler à personne ? Cacher un possible meurtre ? C'était de la folie. Il fallait qu'il parle à la police. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas faire ça, s'il l'avait tué, il finirait sa vie en prison, il ne pouvait pas, c'était inimaginable.

Coleen prit appui contre le mur derrière elle. Elle n’avait qu’une envie à présent, rentrer chez elle au plus vite et effacer les évènements de la soirée de sa mémoire au plus vite. Elle savait néanmoins que seule la première chose serait possible. Le gars, dont elle ignorait toujours l’identité, s’inquiétait de savoir si elle n’était pas blesser et elle préféra lui retourner la question. D’eux deux, c’était lui qui était dans l’état le plus pitoyable. « Ca ira pour moi, ce n'est vraiment pas grand chose ... » La jeune femme posa un regard critique sur lui. Ils ne devaient pas avoir la même notion de pas grand-chose. Loin de là. Dans d’autres circonstances, elle aurait sûrement insisté pour qu’il se rende à l’hôpital, histoire de bien vérifier qu’effectivement ça irait. Mais ce soir c’était différent. Alors s’il disait que ça irait pour lui, elle voulait bien le croire. Elle était trop fatiguée pour s’essayer à le contredire.

La jeune femme chercha ensuite à le rassurer en disant que le mec n’était sûrement pas mort et qu’il allait sûrement s’en sortir. En vérité, elle cherchait surtout à se rassurer elle et à s’en convaincre. Elle avait besoin de se raccrocher au moins à ça mais elle n’arrivait pas à y croire une seule seconde. Ils devaient y retourner… Pour voir, en être assuré. Mais elle n’avait pas la force, vraiment pas. Et le jeune homme n’était pas très emballé par cette idée. Elle ne pouvait que le comprendre. « Et si ... il ... » Coleen soupira. Ouais, c’était quelque chose qui pouvait arriver mais bon, c’était comme ça. « Je crois que ... C'est une mauvaise idée. On devrait ... s'en aller d'ici. » C’était sûrement la meilleure chose à faire oui. Enfin, elle aurait aimé en être persuadée. Parce que là, elle était incapable de bouger, de prendre la moindre des idées. Elle pensait à là-bas, au mec étalé par terre, à la barre de fer. Son regard se posa sur ses pieds nus. Elle avait laissé ses chaussures sur place. Ce n’était qu’un détail mais quand même, c’était une chose de plus. « D’accord… faisons ça… » finit-elle par articuler. Elle espérait vraiment qu’il n’était pas mort, sinon on aurait aucun mal à remonter jusqu’à eux. Mais soit. Elle avait dit ça mais ne bougea pas pour autant. En même temps, elle était bien incapable de dire par où elle devait aller pour prendre la direction de chez elle. Elle ne savait même pas où ils étaient exactement. « On devrait appeler un taxi. » C’était ce qu’elle aurait du faire depuis le début. Appeler un taxi. Ou Tamsin à la limite. A la place de ça, elle n’avait rien fait et voilà où ils en étaient maintenant. C’était sa faute tout ça en fait. « Je suis désolée. »

« D’accord… faisons ça… » Et voilà c'était dit. En donnant son approbation, Milo décida que c'en était fini des questionnements, des doutes et des regrets. Il fallait qu'ils partent. Qu'ils laissent ça derrière eux. Plus question de faire demi-tour, de toute façon c'était trop tard, ils avaient déjà fuit. Malgré le réconfort qu'il trouvait dans le fait de partir, quelque chose n'arrivait toujours pas à se calmer dans le corps de Milo. C'était plus fort que lui, ça l'écrasait totalement. Il fallait qu'il sache. Il fallait qu'il en ait le cœur net, qu'il sache si cet homme était encore en vie, ou bien s'il était ... Peut être qu'il était déjà mort. Peut être qu'il était en train d'agoniser et qu'il avait besoin de secours. Mais de là où il était, Milo ne pouvait rien faire, rien voir, rien savoir. Il avait fuit comme un lâche et s'en mordait déjà les doigts. Pourtant et en dépit de cette culpabilité qui commençait à le ronger sérieusement, il était accablé par une peur démesurée, si importante que ça surplombait et écrasait tout le reste. Il n'y avait plus de place pour le courage, Milo n'en avait plus la force. Il se fit tout de même la promesse de revenir ici dès le lendemain, peu importe si cela était inutile, il le devait ... Il savait aussi qu'il aurait le nez dans les journaux dès six heures du matin. Cette nuit serait sûrement une nuit terriblement longue, sans sommeil, mais il n'avait pas le choix, il fallait qu'il assume ce qu'il avait fait. Il avait frappé un homme, mais il l'avait fait pour sauver quelqu'un d'autre, n'était-ce donc pas légitime ? Il n'avait rien à se reprocher au fond. Et il ne pouvait pas prendre le risque de retourner là-bas après s'être enfuit. Il ne pouvait pas prendre le risque de se trouver face à la police. Et s'il se faisait arrêter ? S'ils le renvoyaient dans son pays avec interdiction de revenir ? Il ne pouvait pas jouer avec le feu comme ça. De toute façon le choix était fait. Ils partaient. « On devrait appeler un taxi. » Milo hocha la tête, soupirant lentement pour reprendre ses esprits et surtout calmer son rythme cardiaque qui battait des records. Il fit un signe de tête à la brune pour qu'ils s'approchent de la route tout en déclarant « On va pouvoir en trouver un si on continue sur cette route. Là-bas. » Il désigna le bout de la route ou l'éclairage était plus fort et la circulation plus dense. Ils trouveraient un taxi sans aucun problème une fois là-bas. « Je suis désolée. » ajouta Coleen, ce qui fit frémir Milo. Il se tourna vers elle alors qu'ils marchaient. « Ne vous excusez pas, franchement, vous n'avez rien à vous reprocher ... Et je ne regrette pas une seule seconde d'être venu vous aider. Il marqua une pause, puis ajouta. Je m'appelle Milo. Et c'est moi qui m'excuse, je ... j'aurais du mieux contrôler la situation, je suis désolé de vous embarquer là dedans ... En tout cas vous pouvez rester chez moi si vous ne voulez pas rentrer seule, et si ça peut vous rassurer ... » Il esquissa un léger sourire, alors qu'ils atteignaient presque le bout de la rue.

La décision était prise. Ils partaient. C’était sûrement la meilleure chose à faire maintenant, le plus sage. La jeune femme suggéra qu’ils prennent un taxi et le jeune homme approuva. Il lui fit ensuite un signe de tête en direction de la route et l’australienne se décolla du mur, se décidant enfin à bouger. « On va pouvoir en trouver un si on continue sur cette route. Là-bas. » Coleen regarda dans la direction qu’il indiquait. C’était un endroit où il y semblait y avait plus de vie qu’ici. De la lumière. De la circulation. C’était assez étrange de voir qu’il y avait tout ça aussi près d’eux. La brune hocha la tête et ils commencèrent à marcher vers là-bas. Ils devaient vraiment offrir un curieux portait tous les deux. Sans savoir réellement pourquoi, elle le faisait, la jeune femme finit par s’excuser auprès de Milo. Elle venait simplement de réaliser que c’était elle la personne la plus en tord à propos de tout ce qui était arrivé ce soir. « Ne vous excusez pas, franchement, vous n'avez rien à vous reprocher ... Et je ne regrette pas une seule seconde d'être venu vous aider. Je m'appelle Milo. Et c'est moi qui m'excuse, je ... j'aurais du mieux contrôler la situation, je suis désolé de vous embarquer là dedans ... En tout cas vous pouvez rester chez moi si vous ne voulez pas rentrer seule, et si ça peut vous rassurer ... » Coleen secoua la tête. Bien sûr que si, elle avait des choses à se reprocher et il était bien trop gentil de ne pas le lui faire remarquer. Il avait peut-être tué quelqu’un ce soir, à cause d’elle et tout ce qu’il trouvait à dire c’est que c’était lui qui aurait du mieux gérer la situation. Et en plus, il lui proposait aussi de restez chez lui. Elle n'imaginait tellement pas rentrer chez elle là maintenant que sa proposition la soulageait. La jeune femme leva la tête vers le jeune homme, Milo, et réussit à esquisser un faible sourire. « Merci. » dit-elle juste. Ce n’était pas grand-chose mais elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait dire d’autres. Ils arrivèrent au bout de la rue et retrouvèrent enfin la circulation. Coleen se demandait s’ils n’auraient pas trop de mal à trouver un taxi. Ils allaient bien faire pitié à un ou deux chauffeurs. « fait, moi c’est Coleen. » déclara l’Australienne en se souvenant qu’elle ne s’était pas présentée. Ca n’avait pas grande importance mais bon, maintenant qu’elle savait que son sauveur avait un nom de chien, elle pouvait bien se présenter en retour. « C’est drôle, je pensais pas que les gens pouvaient vraiment donner des noms de chien à leurs enfants. Et puis, un jour, mon amie m’a dit qu’un de ses coloc s’appelait Milo. Et maintenant, il y a vous. Les gens sont vraiment cruels parfois. » ne put-elle s’empêcher de se faire remarquer. Maintenant qu’elle y réfléchissait, ce n’était peut-être pas très gentil de critiquer le prénom de quelqu’un qui venait de vous sauver la mise. Mais bon, il y avait trop de tensions, vraiment, elle devait dire un truc stupide. C’était presque une obligation. Un taxi s’arrêta finalement et Coleen soupira. « J’étais certaine que quelqu’un allait avoir pitié de nous. Vous croyez que y’a moyen qu’il nous fasse la course gratos tellement on a l’air pathétique ? »

« Merci. » Ce simple mot, ce simple son, fut un véritable soulagement pour Milo. Même s'il savait depuis le début qu'il avait fait le meilleur choix en décidant d'aller secourir cette fille, la notion de justice était très vite devenue floue dans son esprit, dès lors qu'il avait donné un coup brutal sur la tête de l'agresseur. Certes il avait fait tout ça pour la bonne cause, mais il avait du mal à distinguer les limites en le bien et le mal là dedans. Il était véritablement perdu, dépassé par les évènements et par ses propres actes. Tout cela était très dur à gérer, d'autant plus qu'il n'était pas le seul, il y avait aussi la jeune femme qui était loin de se porter comme un charme et qui semblait tout aussi effrayée que lui. En somme, Milo avait beaucoup de mal à savoir dans quel état d'esprit il se trouvait, mais entendre ce remerciement de la part de la jeune femme le confortait dans l'idée qu'il avait bien agi. Il ne regrettait pas ce qu'il avait fait, il avait sûrement évité le pire à cette fille et rien que pour ça il parvint à se vider l'esprit alors qu'ils marchaient jusqu'à un point plus fréquenté où ils pourraient trouver un taxi. « Au fait, moi c’est Coleen. » Milo se tourna vers elle durant un instant, observant les traits de son visage avec un peu plus de précision. Coleen. Il répondit « Enchanté, Coleen. Enfin je veux dire, on aurait pu se rencontrer dans de meilleures circonstances j'imagine, mais le destin en a voulu autrement ... » Il poussa un long soupir, se demandant s'il serait capable d'oublier tout cela un jour. Il n'en était pas très sûr. Milo regarda un peu partout dans la rue, espérant qu'un taxi ne tarderait pas à les remarquer. Ils étaient bien visibles et n'importe quel chauffeur réfléchi se douterait qu'ils n'étaient pas là pour rien. En attendant, Coleen parla de nouveau « C’est drôle, je pensais pas que les gens pouvaient vraiment donner des noms de chien à leurs enfants. Et puis, un jour, mon amie m’a dit qu’un de ses coloc s’appelait Milo. Et maintenant, il y a vous. Les gens sont vraiment cruels parfois. » Milo arqua un sourcil, soupirant à nouveau. « Ce sont les New-yorkais qui sont cruels, non mais vraiment, qu'est ce que vous avez tous à me comparer à un animal ? Le Brésil me manque vraiment parfois, au moins là-bas les gens me voyaient comme une personne et non pas comme un chien. » déclara-t-il sur le ton de la plaisanterie, bien qu'un peu agacé de souvent recevoir ce genre de remarque à propos de son prénom. Avant qu'il arrive aux États-Unis, personne n'avait jamais fait une quelconque remarque là-dessus, et il fallait avouer qu'il avait un peu de mal avec ça.

Puis Milo repensa à ce qu'elle venait de dire, reprenant la parole avec de la curiosité dans la voix « Vous avez dit une amie avec un coloc qui s'appelle Milo ? C'est drôle parce que ... Je vis en colocation avec plusieurs personnes ... D'ailleurs j'espère que ça ne vous embête pas, de toute façon je vous laisserais ma chambre cette nuit ... Je ne pense pas pouvoir dormir. » Alors qu'il terminait sa phrase, un taxi s'arrêta devant eux et Coleen déclara « J’étais certaine que quelqu’un allait avoir pitié de nous. Vous croyez que y’a moyen qu’il nous fasse la course gratos tellement on a l’air pathétique ? » Milo haussa les épaules tout en s'engouffrant dans le taxi. Puis il répondit en prenant soin de parler à voix basse « Il ne faut pas compter là dessus, les chauffeurs sont sans pitié ... Même si vous aviez des haillons et moi un œil au beurre noir, il nous ferait payer plein tarif. » Il porta sa main jusqu'à son nez après ce qu'il venait de dire, songeant que, si son œil était resté intact, ce n'était pas le cas de son nez qui lui faisait affreusement mal. Maintenant qu'il avait assommé un homme avec une barre de fer, il aurait pu menacer le chauffeur en lui montrant ses blessures de guerre, mais il doutait de l'efficacité de cette méthode. Et puis il n'avait plus envie d'avoir recours à la violence, plus jamais, de toute sa vie. Il sentit son cœur se serrer à nouveau en repensant à l'agresseur gisant sur le sol. Cette image était comme ancrée dans son esprit, et il soupira bruyamment tout en s'adressant au chauffeur « Au numéro 5, à Park Avenue, s'il vous plait. »

« Enchanté, Coleen. Enfin je veux dire, on aurait pu se rencontrer dans de meilleures circonstances j'imagine, mais le destin en a voulu autrement ... » La brune hocha la tête. Cela ne faisait aucun doute qu’ils auraient pu se rencontrer dans de meilleures circonstances mais d’un autre côté, il fallait voir les choses sous un bon angle et se dire que les choses auraient pu finir beaucoup plus mal. Leur situation n’était pas enviable certes mais elle était aussi loin d’être la pire. Coleen ne savait pas où elle trouvait la force d’arriver à voir les choses comme ça mais il fallait qu’elle le fasse là tout de suite. C’était ça ou se sentir totalement abattue et désespérée. Pour la jeune femme, le choix était vite fait. « Ouais mais bon… on aurait aussi pu mourir là-bas et ne jamais avoir cette conversation. Le destin nous a quand même épargné. Un peu. » Le destin genre. Elle ne croyait pas à ce genre d’âneries. Enfin, elle n’y croyait plus. La brune fit ensuite une remarque à Milo à propos de son prénom parce qu’elle trouvait vraiment que ça ressemblait à un nom de chien. Elle ne fut pas très étonnée de voir qu’il n’appréciait pas forcément d’être comparé à un chien. « Ce sont les New-yorkais qui sont cruels, non mais vraiment, qu'est ce que vous avez tous à me comparer à un animal ? Le Brésil me manque vraiment parfois, au moins là-bas les gens me voyaient comme une personne et non pas comme un chien. » La brune fit un petit sourire. Au moins, elle n’était pas la seule à faire le lien entre Milo et un nom de chien, ça la rassurait et puis ça prouvait bien qu’elle avait un peu raison quoi. « Pardon. » dit-elle, même si elle n’était pas vraiment désolée en fait, ce n’était pas de sa faute à elle après tout, il ne pouvait blâmer que ses parents. « Mais en même temps, je pense qu’il vaut mieux être vu comme un chien que comme genre un éléphant. Imaginez les pauvres gens qui s’appelleraient Dumbo. Eux, ils auraient de vraies raisons de se plaindre. » Elle n’était pas sûre qu’il existe vraiment quelqu’un sur terre répondant au nom de Dumbo mais c’était juste un exemple parmi d’autres quoi. N’empêche, ils avaient une conversation vraiment étrange pour les circonstances. Enfin c’était elle qui avait parlé de ça la première en fait.

« Vous avez dit une amie avec un coloc qui s'appelle Milo ? C'est drôle parce que ... Je vis en colocation avec plusieurs personnes ... D'ailleurs j'espère que ça ne vous embête pas, de toute façon je vous laisserais ma chambre cette nuit ... Je ne pense pas pouvoir dormir. » Coleen fronça les sourcils. C’était peut-être un des colocataires bizarres de Tamsin en fait. Enfin, elle ne les avait jamais rencontrés encore mais dans sa tête, ils étaient tous bizarres et Tamsin était juste folle d’avoir accepté de vivre comme ça avec des gens qu’elles connaissaient à peine. Elle lui avait confié ses inquiétudes comme quoi ils pouvaient tous être potentiellement de psychopathes mais la blonde ne l’avait pas vraiment prise au sérieux. Enfin, si ce Milo était bien le colocataire de Tamsin, Coleen comprenait un peu plus pourquoi son amie n’avait pas voulu l’écouter. Avant qu’elle ait put dire quelque chose, un taxi s’arrêta devant eux et ils purent enfin prendre la route. « Il ne faut pas compter là dessus, les chauffeurs sont sans pitié ... Même si vous aviez des haillons et moi un œil au beurre noir, il nous ferait payer plein tarif. » Coleen soupira. Ca ne faisait aucun doute. Ils auraient pu être à l’article de la mort qu’ils auraient quand même payé la course. Certaines personnes étaient vraiment dures quand même. « Dommage.» Milo indiqua ensuite l’adresse au chauffeur, montrant par la même occasion à Coleen qu’il était bien un des colocataires de Tamsin. Enfin, elle était certaine que son amie habitait à Park Avenue et même si elle n’était plus certaine du numéro, elle ne pensait pas qu’il puisse y avoir beaucoup de Milo habitant en colocation avec d’autres gens dans cette rue. « C’est là aussi qu’habite Tamsin. » déclara simplement Coleen. Elle espérait vraiment ne pas avoir à la croiser d’ailleurs, elle ne se sentait vraiment pas de devoir lui conter ce qui s’était passé maintenant. Elle lui en parlerait bien sûr mais juste, plus tard. « Ca va, vous avez l’air à peu près normal, ça me rassure un peu. » ajouta-t-elle alors.

« Ouais mais bon… on aurait aussi pu mourir là-bas et ne jamais avoir cette conversation. Le destin nous a quand même épargné. Un peu. » Cette phrase fit sourire Milo, qui pour la première fois depuis les évènements de tout à l'heure, se sentit un peu plus détendu. C'était sûrement parce qu'il se mettait à voir Coleen non plus comme une victime uniquement, mais comme une personne à part entière, drôle qui plus est. La brune l'amusait beaucoup, et même si elle devait être aussi terrifiée que lui au fond, elle avait le don de détendre l'atmosphère. Et Milo avait vraiment besoin de ça, si bien qu'il bénissait Coleen d'agir de la sorte. Un peu de dérision ne leur ferait pas de mal après la soirée éprouvante qu'ils avaient passé. Continuant dans ses remarques un peu moqueuses, Coleen s'interrogea sur la signification du prénom de Milo. Le fait qu'on l'apparente à un chien de plus en plus souvent commençait à énerver un peu Milo, mais il était loin d'être susceptible et il préférait prendre cela sur le ton de la plaisanterie. C'aurait été dommage de s'énerver pour si peu, après tout dans certains cas on donnait des noms absolument absurdes aux enfants et il ne pensait pas être le pire, loin de là. Coleen s'excusa tout de même pour ce qu'elle venait de dire, et Milo lui répondit pas un sourire. Il ne lui en voulait pas, au contraire. « Mais en même temps, je pense qu’il vaut mieux être vu comme un chien que comme genre un éléphant. Imaginez les pauvres gens qui s’appelleraient Dumbo. Eux, ils auraient de vraies raisons de se plaindre. » Milo arqua un sourcil, s'inquiétant de la tournure que prenait leur conversation. Le brésilien venait peut être de tuer un homme et ils étaient en train de débattre sur les gens prénommés Dumbo. Cherchez la logique. D'autant plus que Milo n'était pas très sûr de la véracité de son témoignage. Des gens aux prénoms bizarres, il en connaissait. Mais des Dumbo ? C'était un peu étrange, tout de même « Ca doit être dur à porter, oui, et encore pire si par malheur ils ont les oreilles décollées. »

Une fois installé dans le taxi, Milo prit le temps de soupirer, lentement, dans l'espoir d'évacuer toutes les mauvaises choses qui commençaient à le ronger de l'intérieur. Mais évidemment cela n'eut aucun effet. C'était comme s'il allait être hanté à jamais, hanté par ces images, par ces souvenirs et ces incertitudes. Mais heureusement, il n'était pas seul et Coleen était plutôt douée pour le distraire. Elle avait l'air étonnamment détendue et au final, ce n'était pas si mal pour le brésilien. Sans elle, il se serait probablement déjà tiré une balle dans la tête. Elle était bien la seule chose qui parvenait à étouffer un peu sa mauvaise conscience. Milo donna son adresse au chauffeur et il fut ensuite interpellé par la voix de la brune. « C’est là aussi qu’habite Tamsin. » déclara-t-elle, et Milo haussa les sourcils en tournant son regard vers elle. « Oh vous la connaissez ? Eh bien, j'avais vu juste alors, on parlait de la même personne. » se contenta-t-il de répondre alors que chauffeur démarrait. Cela rassura un peu Milo, qui songea qu'ils trouverait sûrement Tamsin à leur retour, à qui ils pourraient peut être parler de tout ça. Ca faisait toujours du bien de savoir qu'on avait des alliés commun, surtout dans des situations pareilles. Coleen devait être soulagée à l'idée de retrouver son amie après tous ces évènements. « Ça va, vous avez l’air à peu près normal, ça me rassure un peu. » ajouta-t-elle, ce qui fit sourire Milo. Normal ? Pourquoi n'aurait-il pas été normal ? « Oh ... Attendez, Tamsin vous a confié qu'on était tous des détraqués mentaux, c'est ça ? » rétorqua-t-il, songeant que ce ne serait pas très surprenant. Après tout, à eux sept ils formaient une bande un peu loufoque et ils étaient très certainement les colocataires les plus bizarres de New York. Si Tamsin confiait toutes leurs histoires à Coleen, il pouvait comprendre qu'elle les prenait pour des fous.

Coleen avait bien conscience de raconter un peu (beaucoup) n’importe quoi mais le fait qu’elle préférait faire ça plutôt que de laisser le silence s’installer entre eux. Le silence laissait beaucoup trop de place aux réflexions et aux pensées et c’était ce qu’elle voulait à tout prix s’interdire maintenant. C’était exactement comme ça qu’elle en était venue à parler de gens prénommée Dumbo, parce que, bien sûr, il y en avait à tous les coins de rues. « Ca doit être dur à porter, oui, et encore pire si par malheur ils ont les oreilles décollées. » La jeune femme se mit à rire mais c’était plus un rire nerveux qu’autre chose. Même si c’était quand même un peu drôle ce que Milo venait de dire. « Quand je dis qu’il y a vraiment des parents cruels… » soupira-t-elle. « Si j’ai un enfant un jour je jure que je ne lui donnerais ni un nom de chien, ni un nom d’éléphant parce que je suis gentille comme ça moi. » Elle haussa les épaules. Ca n’écartait aucun risque en fait, il y avait quand même des gens qui se trouvaient avec des prénoms parfaitement ridicule même si ce n’était pas celui d’un chien, d’un éléphant ou d’un cheval quoi.

Ils montèrent ensuite dans le taxi et Milo indiqua son adresse au chauffeur. Adresse qui n’était autre que la même que celles de Tamsin. Coleen venait donc de faire la connaissance d’un des colocataires bizarres de son amie. C’était étrange de constater qu’il n’avait pas l’air si bizarre que ça en fait. D’eux deux, c’était sûrement lui qui avait le plus de question à se poser sur la santé mentale de l’autre, vu la conversation de Coleen, il avait déjà du la prendre pour une folle. Enfin, à mois qu’il n’est mis sur le dos du choc mais bon. « Oh vous la connaissez ? Eh bien, j'avais vu juste alors, on parlait de la même personne. » Coleen hocha la tête. Evidemment qu’elle connaissait Tamsin, c’était tellement stupide comme question. Enfin ce n’était sûrement pas évident pour tout le monde mais soit, ça aurait du l’être quoi. « Ouais… » Elle se tut. Il n’y avait pas grand-chose d’autres à dire là-dessus. Elle s’étonna par la suite en constatant qu’il avait l’air parfaitement normal. « Oh ... Attendez, Tamsin vous a confié qu'on était tous des détraqués mentaux, c'est ça ?» Coleen eut un petit sourire. Elle aurait aimé pouvoir répondre que oui mais non, même pas, Tamsin avait été trop gentille avec eux et ça même quand elle le connaissait depuis quelques jours à peine. « Non, elle a juste dit que vous étiez cools et que c’était sympa de vivre à autant. Mais mon avis sur la question était qu’il y avait au moins l’un de vous qui était un psychopathe et que vous étiez tous dérangés. Elle n’a malheureusement pas beaucoup écouté ce que j’avais à dire là-dessus. » Elle avait pris un ton un peu ennuyé même si dans le fond elle s’en moquait un pue. Tamsin était toujours en vie depuis le temps, ça devait donc être la preuve que l’australienne se trompait dans les malheurs qu’elle avait annoncé. C’était vraiment bien dans un sens parce que Coleen fatiguait un peu à toujours avoir raison. La jeune femme posa son regard sur les rues qui défilaient dehors et elle sentit à nouveau la peur l’oppresser. Elle avait beau faire de son mieux pour cesser de penser aux évènements qui s’étaient passés ce soir, ils finissaient toujours par se rappeler à elle. Elle posa son regard sur Milo et faillit dire quelque chose à ce propos et puis son attention, se posa sur le chauffeur et elle choisit de se taire. Mieux valait ne rien dire devant lui.